Citations de Chrystine Brouillet (454)
L'écorce grège sentait moins fort qu'à Bubastis et la texture du papyrus lui semblait plus lisse qu'autrefois, mais comment savoir ? Il y avait si longtemps qu'il était mort sur son lit de papyrus tressé où Néfertari et ses fils l'avaient couché après s'être rasé les sourcils en signe de deuil.
J’ai le droit de faire ce que je veux avec mes ongles. Je vais essayer toutes les couleurs si ça me tente. La prochaine fois, ils seront noirs. Ce n’est pas elle qui va m’empêcher de…
Elle ne pouvait pas avoir souhaité que sa fille ne revienne jamais. Une bonne mère ne peut pas avoir ce genre de désir. Même quand son enfant la déteste. Même quand c’est réciproque.
que je sais aux enquêteurs pour les aider à le retrouver. Ce n’est pas le moment d’avoir des secrets, de mettre des gants blancs. Les histoires de famille, c’est toujours compliqué. Deux jours dehors… Qu’est-ce qu’elle fout, cette gamine ? Avec qui ?
Oui, tout pouvait arriver n’importe où. Elle avait appréhendé assez de criminels dans sa carrière pour être convaincue que le mal existait partout, mais elle ne pouvait s’empêcher de penser que la métropole était plus dangereuse que la capitale, qu’il y avait des gangs de rue, la mafia, des trafics plus importants.
Leurs jumelles ressemblaient de plus en plus à des femmes, mais n’en avaient pas la maturité. Il y aurait sûrement un mâle pour remarquer leurs poitrines plus généreuses, leurs longues jambes, l’éclat de leur teint. Elles plairaient aux hommes. Elles verraient une certaine lueur s’allumer dans les regards qu’ils poseraient sur elles, et elles s’en délecteraient, en joueraient, apprenties sorcières trop naïves.
Elle faisait des efforts pour soigner son apparence, se coiffait, se maquillait même si elle avait l’impression que toute féminité l’avait quittée à la naissance des jumelles, comme si elles se l’étaient appropriée avant d’être expulsées de son corps. Pourquoi s’entêtait-elle à bien paraître ? Elle savait parfaitement que ce n’était pas pour elle que Martin maintenait son poids, c’était pour donner l’image d’un homme dynamique, performant, d’attaque. Un homme pour qui on pouvait voter.
Avec ses cheveux courts, on voit mieux la délicatesse des traits d’Alizée, son teint de porcelaine. Et c’était sa décision, son désir. On ne peut pas continuer à tout décider pour elle. Elle veut se distinguer, c’est normal.
C’est normal d’avoir des secrets. Tout le monde a des secrets.
Ce sont avant tout des enfants qui ressemblent à d’autres enfants.
On tue toujours pour les mêmes raisons : pour de l’argent, par jalousie, par haine, pour éviter qu’un secret ne soit dévoilé ou pour liquider un témoin gênant…
Il était simplement un peu nerveux et c’était normal. Il devait se réjouir d’avoir un cœur qui battait si fort, alors qu’il y avait tant de cœurs usés, indécis, fragiles parmi les personnes qu’il croiserait dans la journée. Pourquoi imaginait-il toujours le pire ?
Parce que cela nourrissait son personnage ? Il sourit. Ses phobies n’étaient pas inutiles. Il savait dans quel recoin de son cerveau ou de son cœur il devait puiser pour donner vie à Arthur Papillon ou au Dr Grand V. Tout irait bien ! Ne se prénommait-il pas Auguste, un nom prédestiné pour un clown ?
Il y a des gens qui prennent des photos. Je préfère le dessin, le fait de reproduire ainsi le plat me permet de m’en souvenir. C’est plus sensuel qu’une photo, plus intime.
Irina refusait d’admettre que sa fille n’avait rien d’une séductrice, qu’elle n’avait pas voulu lui voler son amant, que cet homme n’était qu’un don Juan de pacotille qui s’était moqué d’elles. Irina avait besoin d’un coupable, il fallait que quelqu’un paie pour l’humiliation qui la brûlait : elle savait parfaitement que sa fille souffrirait beaucoup plus de donner son enfant en adoption que de se faire avorter.
Des années plus tard, Marie avait confié à Hélène qu’elle l’avait remarquée dès le premier jour de classe. Elle lui rappelait les mésanges par ses mouvements vifs, sa manière de pencher la tête d’un côté puis de l’autre très rapidement comme si elle voulait, non, devait voir tout ce qui se passait autour d’elle, comme si elle attendait, guettait ou craignait quelque chose.
- J'ai l'impression qu'on va rester aussi longtemps à Mirabel qu'à Paris, a dit mon cousin Pierre en regardant pour la centième fois le tableau électronique où sont affichées les heures d'arrivées et de départs des avions. Le nôtre avait maintenant deux heures de retard...
Je commençais à craindre de passer la nuit à Mirabel quand j'ai entendu: "Les passagers du vol Air Vacances numéro 013 à destination de Paris sont priés de se présenter à la porte d'embarquement numéro 88.
- Alexis est devenu fou! m'avait dit Pierre.
Je ne savais pas quoi lui répondre.
- Non, il est amoureux, avais-je commenté.
- C'est pareil, Natasha.
Quand mon père me dit qu'il peut compter sur moi ou que je suis raisonnable, je sais qu'il va m'annoncer ensuite quelque chose de désagréable. Sa tactique de flatterie est cousue de fil blanc.
J'ai écrit les lettres des élèves, car je voulais qu'on accuse la nouvelle. Si tout le monde se mettait à la détester, elle devrait quitter l'école.
Il les avait suivis et avait vu l’accident de loin.
Pourquoi n’en avait-il jamais parlé à Gabrielle ? Il s’était posé mille fois la question et avait fini par conclure qu’il avait préféré laisser passer un peu de temps. C’était une mauvaise idée. Gabrielle avait quitté le Québec sans prévenir personne. Des amis avaient interrogé sa mère qui était restée évasive au sujet d’un voyage en Inde.
Il s’était peut-être tu aussi parce que lui-même n’avait rien fait pour secourir la victime heurtée par Denis. Il avait ralenti quand il avait vu la voiture s’arrêter, Gabrielle en sortir, crier en courant sur la route. Il l’avait vue se pencher sur le corps, se relever, marcher comme une automate, courir, ralentir, puis courir de nouveau. Il l’avait suivie de loin, tous phares éteints, en roulant doucement sur le bord de la route, jusqu’à ce qu’elle monte dans le dernier bus.
Peut-être aurait-il dû se rendre en Inde pour retrouver Gabrielle, lui jurer qu’il ne trahirait jamais son secret. Elle aurait éprouvé de la gratitude.