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Critiques de Claire Fuller (251)
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Terre fragile

Je ne suis pas près d'oublier le début de ce livre tout rose : L'incipit décrit une scène de neige qui recouvre de sa blancheur immaculée une chaumière que nous devinons assez précaire, comble les creux et les fissures, dissimule la végétation ainsi que le portail moisi, le poulailler, les cabinets, situés donc à l'extérieur, elle cache tous les signes de pauvreté mais aussi le précieux potager qui permet de se nourrir. Quelques pages plus loin, nous assistons au malaise et à la chute d'une vieille femme qui vit dans cette chaumière, chute qui lui sera fatale. Elle aussi sera recouverte de blancheur, d'un drap, qui va, comme la neige au dehors, ne laisser paraitre que les reliefs et les saillies, cacher les affres d'un corps vieillissant.

J'ai beaucoup aimé ce parallèle et ai trouvé cette entrée en matière exceptionnelle. Les derniers instants de la vie de Dot nous sont racontés avec pudeur et beauté. La découverte de son corps par ses deux enfants, deux jumeaux de cinquante et un ans, une fille, Jeannie, et un garçon, Julius, tout aussi prenante et touchante.



Immédiatement c'est la précarité et la marginalité de cette famille qui imprègnent l'atmosphère du livre. Les deux « enfants » n'ont jamais quitté leur mère. C'est elle qui décidait de tout et tenait les cordons de la bourse. Aucun des deux n'a fondé de famille, aucun n'a d'enfant. Nous comprenons que Jeannie ne sait ni lire ni écrire, ne travaille pas, surprotégée depuis son enfance du fait d'une grave maladie au coeur, et Julius trouve toujours quelques petits boulots à droite, à gauche, permettant de ramener un peu d'argent. Pour ne pas abandonner sa soeur malade, il n'a jamais quitté le cottage lui non plus. Au moment de la découverte du corps, depuis peu, l'électricité est coupée faute d'avoir été payée. Cette maison, dans laquelle ils ont toujours vécu, même après la mort accidentelle de leur père lorsqu'ils étaient enfants, est dans son jus, délabrée, à peine salubre, et en ce mois d'avril enneigé, particulièrement froide et humide. Pourtant c'est chez eux, une maison dans laquelle il y a tous leurs souvenirs et leurs habitudes, une maison dans laquelle ils aiment jouer de la musique et chanter, jardiner et chasser. C'est une vie certes simple mais heureuse, une vie saine et rurale.



« le jardin remonte peu à peu la pente de la colline, de telle sorte qu'en s'asseyant sur le banc qui la domine on contemple l'ensemble des bandes de terre, toutes les plantations, jusqu'aux pommiers et aux cerisiers derrière l'ancienne laiterie, et vers le chemin et le bois de hêtre au-delà. du romarin et du thym poussent près de la maison, de la livèche et de l'angélique, et en été du basilic et de l'estragon. En bordure ouest du jardin se trouve la cage de fruits remplie d'anneleurs du framboisier, de cassissiers et de groseilliers. le jardin est orienté au sud, à l'abri, et les plantations, qui n'ont jamais été aspergées de fertilisants chimiques ou d'insecticides, prospèrent dans ce sol limoneux ».



Livrés à eux même désormais, aussitôt la mort de leur mère va faire émerger d'angoissantes questions financières : alors qu'ils découvrent la petite caisse, dans laquelle leur mère déposait l'argent du foyer, vide, comment vont-ils payer le cercueil, la cérémonie de l'enterrement alors qu'ils sont sans le sou ? Et comme les soucis n'arrivent jamais seuls, les jumeaux découvrent que leur mère a des dettes, notamment vis-à-vis du propriétaire du cottage, ce qui est curieux car la famille a un « arrangement » avec lui, ils n'ont pas à payer de loyer.



C'est alors la dégringolade, l'expulsion, la débrouille, la honte…et ce fut un peu la baisse de mon propre intérêt de lectrice pour ce livre également, je dois avouer.

Autant j'ai aimé la façon de narrer leur vie dans une sorte de caravane trouvée dans un terrain vague, j'ai été touchée par les angoisses de Jeannie qui se bat pour trouver un travail, sa honte dans cette société où ne pas savoir lire et ne pas avoir de compte en banque marginalisent et stigmatisent, sa dignité et son courage, les dangers de ce mode de vie, j'ai été marquée également par Julius, déchiré entre la loyauté qu'il éprouve pour sa soeur et son désir de liberté et d'amour. Autant les secrets, lourds, de Dot, qui refont surface, ne m'ont pas du tout convaincue, j'ai eu du mal à leur accorder du crédit et cela a douché mon enthousiasme pourtant réellement éprouvé jusqu'à la moitié du livre.





Au moyen d'une écriture subtile et pudique, sans pathos ni sensationnalisme, sans manichéisme aussi, Claire Fuller nous raconte la très grande précarité dans l'Angleterre de l'après-Brexit. Si j'ai aimé l'ambiance du livre et les personnages auxquels je me suis attachée, je n'ai pas été pleinement convaincue par les secrets qui se révèlent au fur et à mesure du livre. J'ai trouvé qu'ils manquaient de subtilité étonnamment. Je termine ainsi ma lecture avec un avis quelque peu en demi-teinte. Néanmoins, pour l'ambiance, pour l'écriture, pour la façon de décrire la précarité et la marginalité, se livre vaut le détour !





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Un mariage anglais

Comment ne pas être sédui(e) à la lecture de ce beau roman entêtant que l'on gardera longtemps en mémoire tant pour la qualité de sa narration que pour l'histoire ?

J'ai tout aimé , l'histoire de la rencontre improbable , et pourtant! , entre Gil, ce séduisant professeur d'université-----devenu plus tard écrivain à succès --------et sa jeune étudiante -----de vingt ans sa cadette-------en 1976.

Ils s'aimérent passionnément ........Combien de colères et d'agacement vains, de quotidien banal, de mensonges et faux- semblants, sournoiseries, renoncements, déceptions , pour que ce grand amour s'étiole et se fane ?

Un jour de juin 1992, Alors que Gil, drôle , charmant , coureur de jupons,, égoïste et fantasque, exclusivement préoccupé par ses livres, inconséquent et désargenté , absent depuis plus de huit mois , encore une fois, de la petite maison de nage où l'attendent Nan et Flora, leurs filles 15 et 10 ans et leur mère Ingrid ........

Celle- ci lui écrivit alors, lui contant l'histoire de leur couple, telle qu'elle l'avait vécue :

"Une lettre qui mettrait à plat les choses que je n'ai pas réussi à te dire en face , la vérité depuis le début sur notre mariage ," une longue série de missives jamais postées par Ingrid à son destinataire .........

N'en disons pas trop .....

L'écriture est travaillée avec un talent exquis de peintre ou de portraitiste, de paysagiste ? décrivant aussi bien un sentier côtier, l'odeur sucrée des primevères , la clarté de l'air chaud de l'été , les ajoncs au parfum de noix de coco, la force brouillonne d'une tempête ou les murs couverts d'étagères submergées de livres entassés dans tous les sens , dans une maison de mer !

Lire ce roman est extraordinairement enrichissant, un très bel ouvrage entêtant , pétri d'amour, de l'amour passionnel , dans sa forme pleine et entière, inconséquente, nourri par la culpabilité, le regret et la douleur , la trahison et les malentendus, tissé de deux fils conducteurs , des piles de lettres glissées dans des ouvrages dont la liste est indiquée en fin de récit -------en 1992, et -------2004, au printemps où Nan et Flora, devenues adultes, de retour dans leur maison de mer , d'où leur mère a disparu depuis douze ans , au chevet de leur père .........

Un livre sensible doté d'une narration subtile, délicate , jamais négative, sans pathos, au souffle romanesque indéniable, élégante et précise , qui touche au coeur , révèlant la complexité et la fragilité des sentiments et leurs miroitements, autour des relations familiales et l'enigme de la disparition d'une épouse, aux cheveux couleur de miel , spontanée et fragile , mère et épouse à vingt ans !

Aimer trop vite, trop tôt, trop fort peut tuer l'amour et gâcher la vie !

Un agréable moment de plaisir littéraire !

Merci à Marie , ma fidèle libraire.......

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Un mariage anglais

Tourner la dernière page d'un livre est toujours un moment particulièrement émouvant, l'heure d'une rupture définitive avec une histoire qui,pendant quelques heures est devenue notre histoire.Lorsque ma libraire m'a proposé cet ouvrage,elle m'a dit,"c'est une belle histoire d'amour mais,vous me connaissez,ce n'est pas une histoire d'amour ,comme on dit,à l'eau de rose"

Et donc me voici parti pour cette aventure qui,je dois l'avouer,m'a vraimemt transporté, touché, troublé ,ému .

D'abord,il y a cette construction,les lettres d'Ingrid alternant avec le récit des

derniers jours de son mari,Gil.Une histoire d'amour qui ,peu à peu,s'ouvre à notre regard,s'offre à notre sagacité au point qu'on ne voit plus que les pages se tournent toutes seules.

Il y a les autres personnages,peu nombreux,mais garants d'un équilibre fragile que l'on sent vaciller de page en page,plus que des faire valoir ,des piliers...

Et puis les livres,les livres,des milliers de livres,ceux qu'on lit,ceux qu'on écrit ,ceux qui dévoilent l'histoire de Gil et Ingrid et des autres.

J'ai adoré ce roman et je remercie encore ma libraire pour ses conseils toujours très avisés .

Je ne veux pas en dire plus,chacun a sa part à découvrir ,rien de plus désagréable qu'un commentaire trop complet qui ne flatte que l'ego de son auteur et décourage un éventuel lecteur. Je ne résiste pas pourtant et je vous conseille de lire le beau commentaire de "motspourmots" et celui,non moins digne d'intérêt de"mollymon"qui traduisent parfaitement mon sentiment et que je salue respectueusement.

Ce livre m'a vraiment transporté mais,c'est vrai,certaines situations...

Bonne lecture,amis babeliotes et à bientôt.
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Un mariage anglais

Elle avait d'abord cru que leur passion durerait sans fin. Mais Gil le séducteur, son ancien professeur de littérature de deux fois son âge, s'était éloigné repris par son envie de liberté. Alors Ingrid lui avait écrit pour lui dire sa souffrance : « tu n'es plus là pour réparer quoi que ce soit ». Avait caché ses lettres dans des livres, car impossibles à envoyer. Avait disparu, laissant Gil et leurs filles, hantés. Inconsolables.



Un mariage synonyme d'absence, de déception, de résignation, la belle affaire ! Chaque jour par amour des femmes renoncent à leur liberté, des êtres qui se sont aimés se séparent. Mais ici le fait banal est transcendé par une écriture juste et élégante qui comme une respiration va et vient. Elle raconte d'une même voix douce, vies, sentiments et paysages, peignant un tableau gracieux et nostalgique.



Une belle lecture où les lettres d'Ingrid dans les livres de Gil, fils conducteurs de la recherche du temps perdu, portent une réflexion appropriée sur le sacrifice des femmes, la désillusion amoureuse et le poids du passé.



Merci à NetGalley et aux Editions Stock
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Un mariage anglais

Il est peu de dire que j’ai aimé ce roman. J’y ai trouvé tout ce qui transforme une lecture en moments d’intense plaisir littéraire.

L’écriture est précise, addictive et élégante. L’intrigue, entre thriller psychologique, saga familiale et autopsie d’un mariage est passionnante.



Tout commence lorsque Gil aperçoit dans la rue Ingrid, son épouse disparue depuis plusieurs années. Voulant la rattraper, l’homme a un accident et se retrouve à l’hôpital.

A partir de là, l’auteure donne la parole à Ingrid à travers des lettres qu’elle écrit à son mari, sans jamais les lui envoyer, à travers lesquelles elle fait le bilan de son mariage.



Lorsqu’elle épousa son prof de fac, Ingrid était follement amoureuse de cet homme beaucoup plus âgé et tellement séduisant.

Quinze ans et deux enfants plus tard, que reste-t-il des rêves de jeunesse d’un amour éternel ?

De désillusion en désillusion, Ingrid écrit des lettres qu’elle n’enverra pas à son mari, choisissant de les cacher dans les livres qui envahissent les étagères.

Lorsqu’elle pense en avoir terminé, Ingrid disparaît mettant un point final à son histoire.

S’est-elle noyée comme tout porte à croire ?



Dans ce roman, Claire Fuller tisse une intrigue subtile et convaincante qui livre le portrait d'une femme piégée par le mariage. A travers ses lettres, elle en évoque la dynamique complexe, entre amour et frustration, trahison et secrets.

Il y a tout cela dans ce livre et tellement plus encore qu’il est je crois urgent de le découvrir.

Pour ma part c’est un coup de cœur. Merci à NetGalley et aux Editions Stock.

#ChallengeNetGalleyFR
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Un mariage anglais

Un mariage anglais, ou l'autopsie d'une passion aveugle.

1976. Ingrid, étudiante de 20 ans, tombe follement amoureuse de son professeur de littérature. Gil a deux fois son âge mais cela ne l'empêche pas d'être pris lui aussi dans les filets de la passion. La foudre a frappé, la relation est brûlante, les tourtereaux se marient. Ingrid tombe enceinte et envoie définitivement valdinguer ses rêves et ses certitudes d'adolescente. Elle qui voulait voyager, voir le monde, être libre et surtout pas coincée dans une vie étriquée de ménagère, se retrouve sans diplôme, sans emploi, sans argent, complètement dépendante de son mari, coincée dans leur maison isolée. Mais qu'importe, l'amour triomphera de tout…

1992. Ingrid a déchanté depuis longtemps. Mais elle est toujours mariée à Gil. Celui-ci est devenu un grand écrivain (mais de quelle manière…), et est très souvent absent du domicile conjugal, courant de réceptions mondaines en jupons retroussés. Avec ce mari volage et prodigue, Ingrid n'a toujours ni travail, ni argent, et pas davantage d'instinct maternel malgré ses deux filles, Nan et Flora. Alors du fond de son isolement dans leur maison en bord de mer, elle écrit son amertume à Gil, dans des lettres qu'elle ne lui envoie pas, mais qu'elle cache entre les pages des innombrables livres qui colonisent leur « pavillon de nage ». Et un jour, Ingrid part nager et se volatilise…

2004. Gil, désormais vieil homme, croit apercevoir Ingrid dans la rue. Il se lance à sa poursuite, et fait une chute qui le conduit à l'hôpital. Nan et Flora lâchent tout et accourent au chevet de leur père. Une réunion de famille où les comptes du passé se soldent pour, peut-être, délivrer, libérer l'avenir…

Le récit n'est pas aussi linéaire que dans ma description, il alterne les époques, construisant peu à peu les portraits de Gil et Ingrid. Le premier apparaît comme un colosse d'égoïsme, dont les pieds semblent s'être fragilisés à la disparition d'Ingrid. Celle-ci est un peu plus complexe, mais pas beaucoup plus attachante pour autant. Elle a renoncé à tous ses principes, s'est enfermée dans une vie dont elle ne voulait pas, faisant systématiquement les mauvais choix quand la voie de la liberté s'ouvrait devant elle : enfant, mariage, être femme au foyer et cocufiée, elle accepte tout cela alors que les échappatoires existent. Et quand elle se décide à prendre la sortie (radicale), elle laisse ses deux filles (10 et 15 ans) sur le carreau. Il y a des anti-héroïnes plus sympathiques.

Un mariage anglais est un roman porté par une belle écriture, tout en finesse psychologique, sensuel quand les corps s'expriment, pudique quand les sentiments se dévoilent. Le portrait un peu déprimant d'un homme, d'une femme, de leur couple, et l'histoire de ce que devient le feu de la passion quand il a consumé la paille qui le nourrissait.

Et, last but not least, un bel hommage aux livres, qui protègent, libèrent et font rêver.

En partenariat avec les éditions Stock via Netgalley.


Lien : https://voyagesaufildespages..
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L'été des oranges amères

J’avais beaucoup aimé «  Un mariage anglais ».



J’attendais beaucoup de cet ouvrage , je reconnais le réel talent de conteuse de l’auteure :

L’héroïne, Frances,à 39 ans, délivrée de l’emprise tyrannique de sa mère , devenue grabataire ——dont elle a pris soin nuit et jour durant dix longues années ——s’apprête à passer , en cet été 1969, un vrai premier moment de liberté.



Jeune femme classique , rangée et discrète , elle a été mandatée par le propriétaire américain , afin d’établir l’état des lieux d’une belle demeure ,délabrée,le domaine de Lyntons , au cœur de la campagne anglaise .





Elle s’attelle à la tâche en se documentant sérieusement, notamment à propos des ponts de style palladien .....

En même temps , elle fait connaissance avec un couple hors normes , aussi séduisant que mystérieux: Peter,bel anglais féru d’antiquités et Cara , au passé tourmenté.

. Ils vont lui faire vivre des expériences extraordinaires qui chambouleront à jamais le cours de sa vie entre bouteilles de vin vidées , chaleur écrasante , cendres de cigarettes répandues sur un mobilier antique .....



L’auteure décrit longuement les jardins en ruine, le grand escalier, les douzaines de pièces , les chemins envahis par les buis et les ifs, les entrelacs d’une roseraie , les statues en décrépitude , les parterres de fleurs ravagés , le parc, le mausolée et divers ouvrages d’architecture conçus pour relier frontons , colonnades , balustrades , rives opposées.....



Nous plongeons délibérément au cœur d’une atmosphère sombre, déroutante , enivrante , complexe , une construction originale qui se veut mystérieuse, nostalgique , dans un aller et retour entre entre passé et présent .

La co - location entre Frances , Peter et Cara s’avère révélatrice de mensonges, souvenirs oubliés , secrets, mensonges, vérités cachées , non — dits jusqu’à l’absurde .



Les langues vont se délier , les souvenirs ressurgissent ...



La vie de Frances , sans expérience vitale , ni aspérité , habituée à la solitude basculera de la vérité aux mensonges , du réel au monde fantasmé

Jusqu’au pire ..

La fin est séduisante , un peu tardive , au terme d’une analyse psychologique des protagonistes assez complexe, difficile à cerner : Cara raconte sa vie à Frances sous forme d’épisodes , l’intrigue traine un peu en longueur , l’ambiance est délétère, épineuse mais fascinante .

Un huit clos psychologique très anglais, à lire en période de grande chaleur.









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Terre fragile

On a d’emblée de l’empathie pour les jumeaux Seeder, Jeanie et Julius deux grands enfants de 51 ans.

Ils mènent une vie simple et heureuse dans le fin fond de la campagne anglaise avec leur maman Dot. Sous l’aile maternelle, les journées coulent doucement entre culture du potager, chasse pour subvenir à leurs besoins puis se retrouvent tous les trois pour jouer de la musique et chanter. Cette existence frustre leur convient, bien qu’ils ressentent leur marginalité et le regard extérieur.

Plus de papa ? Le voile se lève progressivement, il est décédé il y a environ trente-huit ans accidentellement ; de ce drame nait un accord tacite entre Rawson le riche fermier, propriétaire du cottage qu’ils habitent, et la maman, mais sur quelle base et pour quel motif ? Toujours est-il que même après la disparition du père ils peuvent continuer à habiter la demeure à titre gratuit.

Les deux femmes ont une santé délicate, le cœur fragile ; Jeanie se ménage, évite les efforts prolongés, de peur que la créature qui habite son cœur ne s’affole, quant à la maman, elle refuse de se soigner, car elle n’aime pas déranger, dépendre des autres, mais est-ce la seule raison ?

Un beau jour, ou plutôt un mauvais, Dot fait une attaque et chute lourdement sur l’angle en pierre de la cheminée. La mère poule n’est plus et les oisillons, bien qu’adultes, se trouvent bien dépourvus.

La carapace de leur œuf cassé, le cocon brisé, ils se retrouvent seuls à faire face aux vicissitudes de la vie.

Et les nuages noirs ne tardent pas à s’accumuler. La misère financière, les-non-dits, les secrets entretenus par Dot tombent au même rythme que les factures. Julius trouve bien, par-ci, par-là, quelques petits boulots juste bons à payer un peu d’alimentation, même Jeanie trouve à s’employer à l’entretien de l’espace vert du bungalow d’une jeune femme, Saffron, qui malheureusement la rétribue en chèques, intouchables sans compte en banque et elle n’ose rien dire.

Jusqu’au jour où les propriétaires du cottage leur demandent 2.000 livres d’impayés pour les loyers, car il semble que le consensus entre Rawson et la mère ne soit que du vent. Nos deux grands-enfants

sont incrédules, jusqu’au jour où une bande de petites frappes vient les intimider et les menacer d’expulsion. Menaces qui se concrétisent, de plus sans ménagement.

Ils se retrouvent à la rue sans l’aide inopinée de Bridget, une des seules amies de sa maman, et son mari Stu. Mais ce ne peut être que temporaire car la promiscuité et les modes de vie sont trop différents.

Julius finit par trouver une caravane, au fond d’un taillis boisé. Habitat sordide duquel Jeanie, de guerre lasse, s’accommode. Mais là encore, les soucis les rattrapent.

Claire Fuller sait nous mettre mal à l’aise, installé dans notre confortable fauteuil, on a vite mauvaise conscience en tournant les pages de son roman. La misère et la vie précaire, dans lesquelles nos deux héros se débattent, deviennent presque palpables. Cela nous donne à réfléchir aux malheureux sans-abris, que de courage et de résilience pour vivre au jour le jour cette situation. L’auteure nous interroge, également, sur les non-dits au sein des familles qui peuvent se révéler dévastateurs et conditionner une existence.

Edifiant.

Merci aux Editions Stock de m’avoir permis cette lecture.

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Un mariage anglais

Ce Mariage anglais aurait tout à fait pu être américain, tant le thème des amours illicites entre une étudiante et son professeur est récurrent dans les romans d’outre-atlantique. Mais non, nous sommes bien en Angleterre et Ingrid, qui est passée outre les avertissements de son entourage a accepté d’unir son destin à celui de Gil, un serial-séducteur impénitent, qui fut son prof de fac, jusqu’à son renvoi de l’université pour les raisons que l’on connaît, et qu’il devienne un potentiel écrivain, autant dire que des années de galère attendent le couple.



Lorsque débute le roman, Ingrid a disparu. Sans laisser de traces, ce qui prive ses enfants d’un deuil authentifié et laisse malgré le temps qui passe l’espoir d’un retour. Gil a beaucoup vieilli, il est tombé en poursuivant une silhouette entrevue par la fenêtre, persuadé qu’il s’agissait de son épouse. C’est l’occasion pour les deux filles du couple de revenir sur ce qu’elles savent de la vie de leurs parents, ce qui sera adroitement complété par les lettres qu’Ingrid a cachées au hasard parmi les milliers de livres qui envahissent la maison où vit Gil.



L’empathie est immédiate pour la femme qui s’est laissée séduire et a sacrifié sa jeunesse et ses ambitions professionnelles pour tenter de donner à Gil, les six enfants qu’il désirait . D’autant que la maturité lui octroie une clairvoyance sur ses erreurs passées.



Quant au play-boy qui lui sert de mari, on pourrait penser qu’il n’y a pas d’autre issue que de le détester immédiatement et pour toujours. Et pourtant non. Parce qu’on succombe aussi à son charme? Parce qu’un homme qui aime autant les livres au point de les laisser littéralement envahir sa maison ne peut être foncièrement détestable? Parce que malgré tout il est sincère et semble être mu par quelque chose qui le dépasse et même si malgré toutes ses bonnes résolutions , il trahit conquêtes après conquêtes ses serments.



Les personnages secondaires, essentiellement les deux filles du couple sont également très intéressants : elles se sont construites chacune à leur façon dans cette famille particulière et c’est très adroitement que l’auteur en dresse le portrait à travers des échanges ordinaires.



Excellent roman qui parvient à élaborer dans la trivialité du quotidien une étude de moeurs fine et subtile, dans la droite lignée des récits de Wilkie Collins, dont les personnages principaux sont souvent des femmes, prisonnières d’un statut social inique, revu et corrigé version années 2000.

#LaMèreParfaite #NetGalleyFrance




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Terre fragile

Ils viennent de perdre leur mère, brutalement, dans le cottage vétuste qu’ils habitent depuis toujours. Ces orphelins décontenancés par cette disparition ont pourtant la cinquantaine ! Loin d’être autonomes, ils découvrent peu à peu l’ampleur de leur précarité. D’autant que le propriétaire du cottage leur réclame des arriérés considérables de loyers impayés. Sans le moindre sou vaillant, se pose même la question pratique de l'enterrement de leur mère.



Que leur a caché cette femme pendant toutes ses années? Que signifient les dettes qu'ils découvrent ? La misère les guette avec l’expulsion de cette maison qu’ils ont toujours connue et dont le jardin leur fournissait une maigre source de revenus. Jeanie a de plus une santé fragile, et toutes ses émotions risquent bien de lui être fatales. Alors que leur déchéance grandit de jour en jour, le passé de leur mère se dévoile peu à peu…





Dans une ambiance que ne renierait pas Ken Loach, on vit avec compassion la cruauté des événements qui détruisent peu à peu les illusions de ces deux personnages qui, bien qu’adultes sont toujours restés dépendants de leur mère. Jeanie ne sait pas lire et Julius n’a pas réellement de compétences professionnelles. Il n’y a que la musique, les instruments et les chants qu’ils interprètent ensemble qui suscite l’admiration de ceux qui les écoutent.



J’ai énormément aimé ce roman, dont l’atmosphère angoissante et le mystère qu’il cache maintiennent une tension sans relâche et une frénésie d’en connaître le dénouement. Sans compter la compassion suscitée par la malchance des personnages.



J’avais aimé Un mariage anglais, mais mais ce nouveau roman de Claire Fuller m’a encore plus séduite.



Merci à Netgalley et aux éditions Stock



448 pages Stock 10 janvier 2024

Traductrice (Anglais): Mathilde Bach

#TerreFragile #NetGalleyFrance


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Un mariage anglais

Gil croit voir son épouse Ingrid disparue depuis plusieurs années passer devant la librairie où il achète un livre. Il court à la suite de cette ombre, tombe sur la digue. Ses deux filles Nan et Flora le retrouvent dans la maison familiale avec Richard, le petit ami de Flora qui sert de témoin révélateur au passé qui ressurgit.

Ce huis clos étouffant permet à l’auteur de dérouler en parallèle le regard porté par Ingrid sur sa vie, son couple grâce à des lettres qu’elle écrit à son époux volage sans jamais lui envoyer et qu’elle glisse dans les livres qui tapissent les murs de la maison de la nage.

Encore un roman d’amour, un roman sur le couple formé par Gil et Ingrid, puis par Flora et Richard. Comme le titre en français Un amour anglais nous le laisse penser. Oui, probablement. Même si le livre va bien au-delà. Les sentiments sont lentement disséqués et le lecteur n’est jamais gagné par l’empathie pour les différents protagonistes. Alors pourquoi Claire Fuller a-t-elle choisi Swimming lessons ? Peut-être parce que le personnage principal est cette maison près de l’océan où vont sans cesse nager Ingrid et Flora. Cette plage où Ingrid a décidé de disparaitre à tout jamais. Cette maison couverte de livres du sol au plafond, ces livres annotés qui révèlent les états d’âme de leur lecteur. Comme nous lecteurs qui projetons en creux notre vie dans les livres.

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Les jours infinis

Menu du soir; «  Ragoût d'amanita rosa et grillage d'écureuil, racines de bardanes bouillies et purée d'orties sauvages, salade de nielles des blés ? » Au choix .....



Voici un ouvrage prenant, original , inattendu....entre manipulation, survie, jusqu'au délire, folie destructrice qui m'a fait penser à «  Sukwann Island » en ce qui concerne la survie...



James Hillcoat , adepte du survivalisme avait transformé sa cave en abri antiatomique ...



Il discutait sans cesse avec ses quatre amis : ils portaient tous barbe fournie et cheveux longs , sûrs d'eux, posés et détendus comme des chrétiens illuminés fraîchement convertis .



Ils disent fièrement : « Nous avons vu l'avenir et ce n'est que le chaos, mais nous sommes les ÉLUS ... »

Ils se retrouvent une fois par mois et débattent fiévreusement des stratégies pour survivre à la fin du monde.....

Durant l'absence de Ute ,retenue à l'étranger, elle est Concertiste de renom ....James et Peggy leur fille âgée de huit ans s'amusent à camper dans le jardin avant que celui- ci , fantasque, fanatique et inconséquent ne l'emmène en voyage dans une forêt lointaine , vivant ses délires de grand enfant dérangé .....

Une espèce de kidnapping qui entraînera Peggy dans une vie de Robinson, piégeage de lapins et d'écureuils, ragoût de champignons .et de sureau ...pêche à la rivière.... ce grand voyage se transforme en cauchemar, se mue en éternité ...



Ils sont gelés et affamés, James lui annonce que le reste du monde a disparu.. « .il n'y a plus rien et Londres n'existe plus....plus rien ni personne ....seul notre petit ROYAUME existe ,.. »



Douleur, terreur, cet ouvrage ( un premier roman ) glaçant , effrayant, dérangeant ,déconcertant , entre délire psychiatrique, fantastique et conte initiatique est une vraie réussite.



L'auteur dont j'avais lu « Un-mariage anglais" il y a quelque temps, analyse avec une infinie sensibilité, finesse, doigté les rapports père - fille complètement faussés, détournés par la folie et la manipulation, ,les mensonges, les désordres , les obsessions mortifères du père ,l'isolement et l'étendue de la solitude....



Un père malfaisant et dangereux qui devient fou dans la forêt .



La musique occupe une place importante dans ce roman.

L'écriture est soignée et élégante .



Après neuf ans d'absence , en 1985, Peggy sera de retour à la maison....

Comment a- t- elle survécu mais surtout comment est- elle revenue?



Une fiction intelligente et fine, prenante et âpre, bouleversante qui ne peut laisser personne indiffèrent ....



Mais ce n'est que mon avis bien sûr !



Merci à Marilyn , mon amie de la médiathèque.
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L'été des oranges amères

L'été de toutes les découvertes et de tous les dangers.

Frances, 39 ans, vient de perdre sa mère avec laquelle elle vivait à Londres. Afin de se changer les idées, elle accepte une mission dans le sud de l'Angleterre. Sa tâche va être de répertorier un pont et d'étudier les éléments architecturaux d'une vieille demeure qu'un riche américain vient d'acheter. Sa surprise est de taille quand elle constate qu'elle va devoir partager la maison avec Peter, un spécialiste en antiquité, en charge de l'inventaire, et son épouse Cara. Une étrange cohabitation s'installe entre ce couple extraverti et la jeune femme timide et inhibée...

J'attendais beaucoup de ce texte, ayant adoré un mariage anglais de la même autrice (si ce n'est pas fait, lisez-le, c'est un roman passionnant par sa construction et ses personnages détestables !). Je n'ai pas été déçue même si ce récit m'a moins fait vibrer que ce précèdent opus (j'avais adoré détester Gil). J'ai retrouvé avec grand plaisir la plume minutieuse de l'écrivaine et son talent à créer une atmosphère et des personnages complexes. Ici, la part d'ombre de chacun se dévoile au fur et à mesure des grands crus dégustés et les premières pages primesautières laissent rapidement la place à une ambiance pesante, presque malsaine, où la folie rôde et où il est difficile de déterminer ce qui relève du fantasme et/ou de la réalité. Le tout au service d'un roman ambigu, huis clos étouffant, parfait pour cet été. A dévorer les pieds dans l'eau. Merci à Netgalley et aux éditions Stock pour l'envoi de ce roman. #Létédesorangesamères #NetGalleyFrance
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L'été des oranges amères

C'est le premier livre que je lis de Claire Fuller et il m'a laissée perplexe et mitigée. Je m'explique.



Le début m'a bien plu. Frances, une femme en fin de vie , se souvient de cet été 1969, où elle a pour la première fois éprouvé ce sentiment si nouveau, si grisant, de liberté. En effet, alors qu'elle a consacré de nombreuses années à sa mère, qui vient de décéder, elle est chargée par le propriétaire d'un domaine anglais en ruines de rédiger un rapport sur l'état des lieux.



Mais sur place se trouve aussi un couple qui va vite la fasciner: Peter et Cara. Lui est aussi là pour évaluer les biens. Sa jeune compagne révèle un caractère instable, fantasque. Frances va s'attacher à eux, cela deviendra une relation vénéneuse, troublante.



L'auteure rend bien l'atmosphère particulière, ambiguë, créée par ce trio improbable, dans la chaleur estivale, alanguie, de la campagne anglaise. Voyeurisme, évitements, désirs refoulés, tout est délétère, prêt à exploser.



Mais le récit s'essouffle au milieu du livre, j'ai commencé à m'ennuyer un peu. Et surtout, quel agacement face à cette perpétuelle oscillation entre vérité et mensonges! Le lecteur finit par s'y perdre et ne sait plus vraiment qui invente, qui dit vrai, entre les délires de Cara, les non-dits de Frances, les silences de Peter. Même la fin pose questions.



Sans doute est-ce voulu par l'auteure, mais cela m' a dérangée. Son premier roman "Un mariage anglais" semble avoir davantage remporté de suffrages, mais comme j'ai cru comprendre qu'on y trouve le même style d'ambiance, je ne sais pas si je le lirai...
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Les jours infinis

Peggy, âgée de 17 ans est de retour chez elle après près de dix années loin des siens. À l'âge de 8 ans, son père adepte du survivalisme et persuadé d'une guerre imminente entre les Américains et les Russes décide de tout abandonner et de partir avec sa fille se réfugier au fin fond d'une forêt dans une cabane miteuse et isolée. Au travers de flash-bask entre vie actuelle et vie passée, Peggy dévoile petit à petit son histoire...





Après cette lecture, je reste sans voix. Nous avons un récit poignant et plein de candeur relatée au travers du regard de Peggy. Nous découvrons au fil des pages des moments de poésie magique comme les chants entre James et sa fille, les cours de piano et le mal que se donne le père pour fournir à sa fille un semblant d'instrument, la naissance d'un faon... A contrario, nous découvrons un homme sombrant de plus en plus dans une psychose où sa fille subit : un huis clos inquiétant....





La puissance de ce roman est apportée par la candeur et l'innocence des faits relatés via le regard de Peggy, qui ne semble pas tout comprendre et dont le subconscient par moment semble adapter les faits, les édulcorer... Nous découvrons avec ses mots d'enfants la descente dans la psychose paranoïaque du père , sa cyclothymie, ses mensonges... et le moyen qu'à trouver son esprit pour lui faire supporter tout cela et plus. Quand la réalité se fait jour dans les dernières pages, le lecteur comprend enfin les raisons qui ont poussé cet homme à partir avec sa fille et .... les sources du malaise ressenti lors de la lecture.





Un récit fort sans contexte mais qui me laisse un goût désagréable en bouche notamment par le final... Je suis quelque peu abasourdi lorsque les révélations ont lieu du détachement des protagonistes.
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Un mariage anglais

Ingrid à 20 ans lorsqu'elle rencontre Gil et qu'elle en tombe éperdument amoureuse.

Le hic, c'est que Gil, c'est son professeur de littérature à l'université...

Quand leur amour éclate au grand jour, Ingrid est contrainte à renoncer à ses projets.

Mais que ne ferait-elle pas par Amour ?

Ils quittent tout, pour s'installer près de la mer. Au Pavillon de nage.

Se marient et fondent une famille.

Mais 15 ans plus tard, le tourbillon qui les a emporté, la passion qui les a submergé n'ont plus rien d'idyllique.

Gil est devenu écrivain et se réfugie plus qu'il ne faut dans son atelier.

Pas que pour l'écriture, si vous voyez ce que je veux dire...

Alors, Ingrid écrit des lettres à son mari, qu'elle cache dans l'immense collection de livres de la maison. S'occupe de son foyer et tente de justifier les absences de leur père, à ses filles.

Et elle nage aussi... Puis disparaît.



J'avais très envie de découvrir ce roman pour son côté épistolaire.

J'aime le pouvoir qu'ont les mots pour exprimer des sentiments, des émotions, dans ce genre.

Mais ici, j'ai ressenti que les lettres n'étaient qu'un prétexte pour revenir sur des événements du passé. Il y a des dialogues retranscrits tels quels, par exemple.

Cela m'a gênée, parce que ça ne correspondait pas à mes attentes...

L'écriture est, elle, vraiment belle, élégante, mais peut-être un peu trop sophistiquée pour moi.

Les personnages sont forts, touchants par leurs tourments.

Leur histoire est douloureuse, saisissante, tragique...



Un mariage anglais, c'est l'histoire d'une femme piégée dans le mariage et d'un homme rongé par la culpabilité.

Une histoire d'amour, qui n'a rien d'un conte de fées...

Trahisons, mensonges, secrets et tragédies.

Un roman qui parle aussi de livres, de bouquins qui ont vécu, qui ont une histoire eux aussi. Et ça, c'est plutôt très plaisant pour des amoureux de la lecture comme vous et moi.

Une histoire qui n'aura pas réussi à combler toutes mes attentes, mais qui satisfera les amateurs du genre, j'en suis sûre.



Merci beaucoup à Netgalley et aux Editions Stock pour cette découverte.

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Un mariage anglais

Si je ne l'avais pas déjà lu, je crois que je tiendrais avec ce roman le parfait compagnon pour mes prochaines vacances, avec son ambiance aquatique (mais attention, frisquet, on est au sud de l'Angleterre...), ses embruns tempétueux et les bourrasques de vent qui font autant vaciller les personnages que leurs illusions. Ajoutez une intrigue taillée au cordeau qui délivre un implacable suspense, au fur et à mesure que se dévoilent les rouages de ce mariage anglais, au-delà des apparences. Et voilà... vous êtes ferré !



Ce mariage anglais c'est celui de Gil et d'Ingrid. Un mariage qui a éclaté un beau matin de 1992 lorsque Ingrid a brutalement disparu alors qu'elle était partie se baigner comme elle en avait l'habitude. L'enquête a conclu à une noyade par accident même si aucun corps n'a été retrouvé. Cela fait donc douze ans que cet événement s'est produit lorsque Gil, en regardant pas la vitre de la librairie d'occasion où il a l'habitude de s'approvisionner croit apercevoir sa femme... Visions dues à son mauvais état de santé ? Influence des lettres qu'il trouve périodiquement dans des vieux volumes, des lettres écrites par Ingrid et disséminées au gré des livres qui encombrent leur maison ? Alors que ses deux filles, Nan et Flora s'installent à son chevet, le lecteur est invité à lire les lettres d'Ingrid, des lettres qui racontent leurs douze ans de vie commune, depuis leur rencontre. Un schéma classique, le professeur de littérature charismatique et le jeune étudiante éblouie qui va laisser tomber ses projets émancipateurs, tomber enceinte et se retrouver rapidement coincée dans ce village du sud de l'Angleterre, loin de ses ambitions. Mais au fur et à mesure que nous entrons dans l'intimité de ce mariage, s'ouvre un abîme d'hypocrisie, de trahisons et de mensonges...



Le mot addictif est assez faible pour décrire le plaisir du lecteur à cheminer dans le labyrinthe des relations entre Gil et Ingrid que cette dernière décrypte peu à peu sans jamais se donner non plus le beau rôle, consciente de son propre aveuglement. Il faut dire que l'approche de Claire Fuller est intéressante dans le sens où elle fait du lecteur un personnage à part entière de son histoire en l'invitant dans ce subtil jeu littéraire. Car il est beaucoup question d'écriture (Gil est également écrivain à succès) et de livres, ceux qui tapissent les murs de leur maison. D'ailleurs Ingrid ne choisit pas au hasard les volumes dans lesquels elle glisse chaque missive...



Ne soyez pas inquiet, en disant tout cela, je n'ai rien dévoilé de l'histoire. D'ailleurs, ce sera votre lecture et votre propre histoire car, comme tenait à le proclamer Gil aux étudiants de son atelier d'écriture : "Tout ce qui compte dans le roman, c'est le lecteur. Sans le lecteur, le livre n'a aucun intérêt, par conséquent le lecteur est au moins aussi important que l'auteur, si ce n'est plus. Mais souvent, la seule façon de savoir ce qu'un lecteur a pensé, ce qu'il a traversé pendant la lecture, est d'observer ce qu'il a laissé derrière lui. Tous ces mots (...) parlent des lecteurs."



A vous de lire à présent, à vous d'entrer dans le jeu, vous ne vous ennuierez pas !
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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L'été des oranges amères

Clair Fuller nous propose une histoire prenante, à l'atmosphère trouble, qui m'a beaucoup plu.



Il y est question d'une femme âgée et mourante qui se rappelle l'été 1969, déterminant pour elle : engagée pour expertiser le jardin d'une propriété à l'abandon, elle y rencontre un couple haut en couleur avec qui elle nouera des relations ambiguës, une sorte de triangle amoureux mal équilibré alors qu'ils vivent comme enfermés à Lynton, une vaste demeure vidée de ses meubles. Ils évoluent en vase clos, perdant peu à peu pied avec la réalité, jusqu'au drame.



Le roman est assombri par des allusions à un forfait, à une mort qui laisse présager un drame à venir et ajoute une tension à l’atmosphère étrange qui règne dans le manoir, où se déroulent des faits inexpliqués qui donnent au livre des airs de romans gothiques.



Le roman paraît encore plus nébuleux du fait des récits qui s’enchâssent les uns dans les autres comme des poupées russes, avec des mensonges qui viennent encore brouiller les cartes, alors que tous les personnages paraissent équivoques, y compris le vicaire, quatrième personnage de cette histoire (même s'il reste plus en retrait), dont le comportement au chevet de la mourante semble également suspect.



Et malgré l'atmosphère délétère et tout ce qu'on a pu soupçonner au fil du roman, le dénouement reste surprenant...
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Un mariage anglais





Deux jeunes femmes arrivent au chevet de leur père. Il a fait une chute après avoir aperçu son épouse dans les rues de la petite ville balnéaire du sud de l’Angleterre. Le problème c’est qu’Ingrid a disparu il y a presque douze ans et que la police à classée l’affaire en pensant à une noyade. Flora la cadette n’a jamais pu se résoudre à cette hypothèse. Pourquoi une mère de famille, épouse d’un écrivain célèbre disparaitrait du jour au lendemain en abandonnant ses deux enfants ? Cela semble inconcevable.



Juin 1992, onze années et dix mois plus tôt, quelques jours avant sa disparition, Ingrid écrit à Gil son mari. Ingrid raconte l’histoire d’une jeune étudiante séduite par son professeur et expose son ressenti sur la vie quotidienne auprès d’un écrivain devenu célèbre.



Un homme égoïste et égocentrique dont elle n’aurait jamais dû tomber amoureuse. Chaque lettre sera soigneusement cachée dans les livres de la grande bibliothèque du pavillon de nage où le couple et ses deux filles vivent depuis leur mariage. Fort jolie manière de s’expliquer avec quelqu’un qui a toujours préféré les livres à son épouse.



Deux époques et trois beaux portraits de femmes pour une saga familiale à l’habile architecture. Claire Fuller dessine l’histoire d’un renoncement en une subtile déconstruction de la vie domestique.



« Un mariage Anglais » un récit follement romanesque, mais aussi un document historique très seventies et un manuel de savoir vivre à lire avant de passer devant monsieur le maire. Un page turner matrimonial.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Terre fragile

Lorsque meurt leur mère, le monde de Julius et Jeannie s'effondre. À 51 ans ces frère et sœur jumeaux vivent encore avec leur maman. Une vie entière auprès d'elle pour exploiter et protéger la terre nourricière du vieux cottage qui leur tient lieu d'habitation. Ce n'est pas un taudis mais celle-ci reste figée dans le temps, 50 ans en arrière.



Ils vivaient en vase clos pour conserver ce lopin de terre qu'ils considéraient comme leur paradis. Mais après le départ de la cheffe de famille, l'argent manque vite. Alors comment appréhender ce monde extérieur qu'ils ne connaissent pas ? La recherche d'un emploi, les formalités administratives, l'hyperconnexion actuelle : tout leur est étranger.



Sûrement parce qu'il est un garçon, Julius a été habitué à sortir et autorisé - même si rien ne leur a jamais été officiellement interdit - à avoir des relations extérieures ; ne serait-ce que pour ramener un peu d'argent en exerçant des petits boulots. Une initiation qui, maintenant que leur mère est partie, lui donne des velléités d'indépendance et de liberté.



Jeannie, quant à elle, ne souhaite qu'une chose : rester dans cet état d'isolement qui protège sa santé fragile. De toute façon, pour elle, ils n'ont pas les moyens financiers de voir plus loin que leur campagne anglaise.



Mais l'enterrement va déterrer des secrets bien enfouis et faire exploser les limites de ce cocon aussi protecteur que mensonger.



Un roman éblouissant de tendresse grâce à la plume sensible de Claire Fuller qui se fait sociale avant de se muer en intrigue psychologique. Une construction qui nous tient en haleine et nous impressionne par sa justesse.

Terre ou mère, qui est la plus fragile ?
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