AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Claudie Hunzinger (379)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Un chien à ma table

Claudie Hunzinger – Un chien à ma table – aux éditons « J’ai Lu » – 288 pages – 2023| Recommandé par @Fandol & @Cancie

Bonjour les Phoenix en Chocolat !! : -)… Comment ça va ?! J’espère vous trouver bien chez vous & en bonne Santé.

C’est l’histoire d’un vieux couple qui va peut-être pouvoir se renouveler... Alors qu’ils se trouvent en Voiture, Grieg et son épouse, Sophie, tombent sur un chien qui semble n’appartenir à personne, qu’ils adoptent et appellent "Yes". Parce qu’ils on entendu quelque chose à la radio ou un fait à consonance similaire… Ces personnes sont âgées, et le texte ne raconte vraiment pas grand-chose d’extraordinaire, dans le sens « qui sort de l’ordinaire » c’est l’amour fou de Sophie pour « Yes » Le Chien, d’ailleurs le Livre s’appelle bien « Un chien à ma table » donc le sujet du livre définit par le titre c’est « Un chien » (« Yes »). Qui plus est, un chien qui prend une place folle « Sur la table » Moi, je trouve ça un peu bizarre/disproportionné. A vous de voir si vous avez envie de vous taper presque 300 pages sur les aventures d’Un Chien et de sa vieille Maîtresse (moi je l’ai fait pour vous !! xd). Sauf si bien sûr, vous êtes une vieille maîtresse et que votre Chien est tout pour Vous… C’était déjà relou (Mais plus larmoyant ? Cela dépend des auteurs…) avec un chat, mais avec un chien… Le chat est un animal plus profond, il nous fait passer par tout un panel d’émotions. Après, le chien, voilà, il est gentil, plein d’énergie, affectueux et fidèle et voilà pour les trois quarts des chiens on a tout dit x-)… Cependant je conçois qu’on puisse trouver ça mignon, et ça « compense » un peu pour celles et ceux qui ne peuvent pas avoir d’animaux (propriétaire, allergie… Ou tout simplement pas d’argent !!)…

Bon Jeudi à tout.e.s !!

Phoenix
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
Commenter  J’apprécie          3324
Un chien à ma table

Sophie, la narratrice, et Grieg se sont retirés depuis trois ans aux Bois-Bannis, à la montagne, à l’écart de la fureur du monde, dans leur nouvelle maison, abri dans le chaos. Sophie, au plus proche de la nature, Grieg, au plus proche de ses livres.





Un jour, une petite chienne de 2 ans arrive chez eux après avoir brisé ses chaînes, au sens propre et au sens figuré. Ils la recueillent, la prénomment Yes. Elle entre par effraction dans leur vie de vioques, terme affectionné par la narratrice, et va s’employer à adoucir la vieillesse de ce vieux couple soudé.



Plume hachée, elliptique, mitraillant des parataxes, d’où un rythme effréné à la lecture alors que l’action est lente, quasi inexistante. C’est très introspectif, contemplatif, et pourtant ça vibrionne, ça palpite !



J’ai adoré le style narratif, l’écriture imagée, les perceptions sensorielles qu’elle nous donnent à vivre, j’y étais dans cette maison-abri, dans les Buffalos de Sophie, sa petite Yes gambadant à ses côtés, truffe à l’affût.



Mais un malaise, presqu’un mal-être, m’a habitée tout au long de la lecture, je n’ai pu m’en départir malgré les tentatives d’optimisme glissées dans le récit. D’ailleurs, fallait-il s’en défaire ? Pas sûr, alors j’ai lâché prise, me laissant pénétrer par ces émotions peu agréables, car utiles, et suscitant la réflexion.



Dois-je retirer des étoiles alors que ce livre m’a beaucoup touchée, même si les flèches plantées dans le cœur sont douloureuses ?



J’ai perçu cette lecture comme un manifeste pour le bien-être animal, pour la lutte contre la destruction quasi-inéluctable de notre planète, contre l’ère de l’anthropocène progressiste mais souvent indigne et irrespectueuse, contre nos modes de vie délétères.



En conclusion, c’est finalement un cinq étoiles,… d’autant que j’ai appris du vocabulaire intéressant dont j’ai glissé quelques mots dans ce billet. Mais mon prochain livre sera léger et divertissant !

Commenter  J’apprécie          3319
Un chien à ma table

Sophie et Graig , elle écri-vaine et lui, lecteur compulsif , ont décidé de vivre isolés dans une maison en pleine forêt des Vosges , lieu dit Les bois bannis ...

C'est un vieux couple qui a appris à respecter le besoin de solitude de chacun et à supporter leurs manies . Un arrangement qui leur permet de vivre dans une certaine harmonie mais chacun de son coté...



Lors d'une de ses longues promenades solitaires, Sophie découvre une chienne enfuie avec un bout de chaine autour du cou et visiblement maltraitée . Elle parvient à l'attirer jusqu'à sa maison et à la soigner, la chienne qu'elle dénomme Yes, acceptant de rester dans ce nouveau foyer , son arrivée entraine une modification du motus vivendi dans le couple qui se rapproche partageant une tendresse complice autour de la chienne.



Les premières pages de ce récit m'ont vraiment enthousiasmé par leur style et la profondeur de ce que j'ai ressenti me demandant pourquoi je n'avais encore rien lu de cet écrivain , j'étais en parfaite osmose ...



J'ai un peu décroché ensuite car le récit glisse peu à peu sur des considérations plus philosophiques , certes empreintes de poésie, de considérations sur la vieillesse, sur le couple , sur les rapports de Sophie se distanciant des humains pour se rapprocher de la nature . Toutes pensées dont je me suis pourtant sentie plutôt proche mais j'ai perdu étonnement le fil petit à petit de mon plaisir initial .

Lu en Aout 2022.
Commenter  J’apprécie          337
L'incandescente

Emma rencontre Marcelle à un bal. Adolescente Emma n'ose la regarder, Marcelle est en dehors des codes de l'époque. Pourtant elles s'aimeront. D'autres jeunes filles graviteront autour de cette étoile double, quelques garçons aussi. Amour et désamours en ces temps d'insouciance au détour de la fin des années vingt.

La narratrice, la fille d'Emma, retrouve les lettres de Marcelle au fond d'un placard. La tuberculose les a séparées, Marcelle se retrouve en sanatorium à l'autre bout de la France. Emma s'entiche de Thérèse. Marcelle, elle se désespère, avec ces lettres, elle essaye encore d'ensorceler, d'envouter, de retenir Emma.

Avec des mots bien choisis, emplis de poésie, Claudie Hunzinger, nous fait revivre au travers de leur correspondance la vie de ses femmes. Leurs quotidiens, leurs espoirs, leurs coups de gueules, leurs déprimes …

Dans ce placard au secret, Claudie n'y trouvera pas que des lettres, s'y trouve aussi un uniforme. Un uniforme surgit du passé. Un uniforme chargé de secret.

La lecture est un peu déstabilisante au début, l'auteur nous livre les événements pas forcément dans un ordre chronologique. Elle les écrits comme les lettres viennent et nous révèle par petite touche une histoire de famille.

Ce tableau prend tout doucement forme, comme un puzzle avec une myriade de couleurs ou les asphodèles se balance tout doucement dans le vent protégeant une couleuvre verte endormie à leurs pieds.

Commenter  J’apprécie          330
La Survivance

Un très joli livre sur un couple vieillissant, bohème, qu´on imagine au Larzac il y a une quarantaine d´années, et qui est rattrapé par son incompétence matérielle au seuil de la retraite.

Cet état d´esprit et cet état de fait vont en faire des Robinsons Vosgiens, dans une masure en altitude, en pays sioux, j´ai nommé le clan du Grand Balafré.

Ils sur-vivent d´amour des livres, d´Amour pour l´Autre, d´eau très fraîche.

Le style est très poétique (appréciation sujette à caution, disons que je crois y voir de la poésie....) et compose par petites touches un tableau qui oscille entre le bucolique et la dureté de la vie dans la nature sans concession.

Les nombreuses références littéraires ont failli me laisser sur le bas-côté en début de livre.

Elles m´ont semblé moins nombreuses par la suite.

Une très jolie parenthèse.



Commenter  J’apprécie          320
La Survivance

Certes ils ont l’âge de la retraite mais ce n’est pas par choix que Jenny et Sils ferment leur librairie, non c’est plutôt un truc du genre coup du sort, adversité, faillite si vous préférez.

Le moment où il ne vous reste que les dettes, où vous n’avez même plus de toit car la librairie était aussi logis et les libraires sont rarement des riches imposés à 75% !

« Qu’est-ce que tu fais de ta vie au moment où la société te lâche pour te balancer à la rue ? » et bien il faut vider les lieux, faire les cartons avec les livres qui échappent aux huissiers, rassembler chienne, l’ânesse Avanie au nom prédestiné et se tourner vers d’autres cieux.



La montagne n’est pas loin et là une maison leur appartient, la Survivance, dans le Brézouard « montagne des merveilles » C’est le gîte assuré, pour le reste on verra.

Une maison ? plutôt une ruine à 1000 mètre d’altitude car en la regardant bien on remarque tout de suite « Un trou béant dans sa toiture, l’air d’avoir été fendue d’un coup de hache, en deux.»

L'eau de la source pas de facteur ni d'électricité.

Il va falloir se faire charpentier, menuisier, maçon, Sils « était devenu un bloc d’énergie » Il allait falloir s’inventer une nouvelle vie.

Les années communes ont tissé une complicité forte car c’était maintenant une « vie de pionniers », tenter de vivre en autarcie, cueillette, potager et frugalité. le mot confort est à rayer du vocabulaire, un coq et des poules sont venus tenir compagnie à l’ânesse et à la chienne Betty.



Printemps, été, c’est possible mais tiendront ils l’hiver venu ?

L’hiver est long et dur dans les Vosges, Sils a fait du bûcheronnage et il y a les livres fidèles compagnons « On a du bois, des livres, du riz, beaucoup de riz…». Il faut apprendre à vivre « violemment ».

Les cerfs magnifiques observés de loin doivent être chassés quand ils s’en prennent au potager. Quand rien ne va plus, Jenny, comme on se défait d’un bijou de prix, vend un livre rare ce qui permet de prolonger un peu la survie.



Quelle belle lecture, c’est un livre à ranger sur le rayon des indispensables. Il transforme l’adversité en une rude mais belle expérience. Hymne à la lecture, à la littérature, à la nature. On ne peut s’empêcher de fredonner la chanson de Brel en les regardant vivre.



En voyant le nom de Claudie Hunzinger ma mémoire s’est mise à carburer à cent à l’heure.....mais oui c’est l’auteur de Bambois la vie verte, ce livre qui m’a tant fait rêver dans les années soixante dix. En lisant Claudie Hunzinger j’ai eu l’impression d’un seul coup d’enjamber les années.


Lien : http://asautsetagambades.hau..
Commenter  J’apprécie          320
Les grands cerfs

Excellent moment passé avec Claudie Hunzinger, un de plus, dans ses forêts alsaciennes. Cette auteure me donnerait presque envie de tout plaquer pour aller vivre en forêt, moi la fille des plaines et des montagnes, qui se nourrit d’horizons lointains.



Claudie et les grands cerfs … Quel magnifique animal, fascinant et mythique .. Il est d’ailleurs présent dans toutes les mythologies du monde (j’exagère peut-être, disons qu’il est présent dans beaucoup de civilisations), probablement à cause du renouveau annuel des cors, ou de la forme de ceux-ci, qui semble faire le lien entre la terre et le cosmos, ou encore peut-être à cause des sons graves et envoutants de leur brame (qui personnellement me rappellent le chant du violoncelle), qui ont le chic de me remuer les entrailles.



L’auteure partage avec nous les heures séances d’affût, dans la brume automnale, et sa joie intacte d’enfant de trouver une ramure abandonnée. Elle réussit à écrire un récit, mêlé de suspens (avec même une intrigue) et d’opinions (bien tranchées, les opinions d’ailleurs). Bref le bouquin idéal pour s’informer, se distraire et surtout réfléchir sur le monde en devenir…



Puissions-nous faire en sorte que ce monde enchanteur et merveilleux continue longtemps encore après nous car je crois cette témoin privilégiée qui nous dit « On constate que le monde se passe de nous. Et même davantage : il va mieux sans nous. »

Commenter  J’apprécie          310
Un chien à ma table

"Le mauvais temps ne me faisait rien. J'aimais la pluie, le vent, la neige. Notre temps c'était autre chose. Je ne l'aimais pas. Il s'était effondré, tous ses murs porteurs effondrés. Production de marchandises, destruction du monde, grèves, promesses, mensonges, production accrue de marchandises. Violences. Surveillance. Bizarreries. Toutes ces bizarreries. Ça n'arrêtait pas, nous atteignant jusqu'aux Bois-Bannis".



Dans cet endroit reculé et montagneux la narratrice, Sophie Huizinga, vit avec son compagnon, nommé Grieg et une petite chienne errante qu'ils ont sauvé d'une mort certaine, tant elle était mal en point. Elle l'a appelée Yes. Un peu comme "oui à la vie", qui continue à la surprendre et à l'émerveiller, malgré le poids de l'âge et les décrépitudes du corps. La vie qu'ils mènent là est proche de la nature et, aux yeux de beaucoup, presque entièrement dénuée de confort. Pourtant ils y sont bien.

Sophie, c'est l'extérieur qui l'attire. Elle est toujours attentive à ce qui se passe dans les quelques kilomètres autour de sa maison et n'a pas renoncé à les arpenter, parfois jour et nuit, qu'il vente, qu'il pleuve ou qu'il gèle.

Grieg est son contraire : perdu dans ses livres, il est avant tout un casanier, immergé dans ses livres pendant une bonne partie de ses nuits.



Claudie Hunzinger possède un ton tout à fait à part, fait d'appétit de vivre, de digressions sur l'état de notre société mais aussi de révolte contre les souffrances que l'humain inflige, notamment aux animaux. Dans ce nouvel exemple de son talent, couronné cette année par le prix Fémina, j'ai retrouvé le style de "Les grands cerfs". Mais si les personnages ont un air de famille, ils sont quand même différents dans cette nouvelle narration. Claudie Hunzinger s'inspire probablement beaucoup de ce qu'elle vit pour en faire la matière de ses romans. Mais ce n'est pas de l'autofiction pour autant. Ce livre, peut-être parfois un peu trop décousu, surprend et enchante par ses fulgurances sur les rapports entre humain et nature, vus comme s'inscrivant dans un tout.



Commenter  J’apprécie          310
Un chien à ma table

Après une vie de clochards célestes, Sophie et son compagnon Grieg,tombent sous le charme d'une vieille maison dans " les bois- bannis", " un fragment d'holocène négligé par le capitalisme ", perdu au cœur d'une prairie, aux pieds des moraine des Vosges,et s'y installent en prenant bien soin de ne garder que l'essentiel : lit,table et chaises,poêle mais aussi plume et livres!

Il ne s'agit pas de lâcheté mais plutôt de protection. S'éloigner d'un monde qui a perdu la tête au point de se détruire, et profiter avant de mourir, d'un havre de paix. Avant de mourir ,Sophie veut cependant " déguerpir " une dernière fois, accrochée à sa plume " comme à la queue d'un renard", écrire un livre " qui parlerait d'elle,la forêt sombre et velue".

Rapidement, une petite chienne s'invite à leur table. Le titre n'est pas anodin car il contient toute l'effronterie de Sophie et sa volonté d'abolir les frontières entre l'humain et les autres vivants.

Pourquoi un chien ne pourrait- il pas se joindre au festin? Et plus encore partager leur lit et leurs rêves ?! Pour Sophie "... on n'est pas emmurés dans notre espèce, une espèce séparée des autres espèces, différente mais pas séparée, et que faire partie des humains n'est qu'une façon très restreinte d'être au monde".

Mais ce titre est aussi un remerciement à Janet Frame,cette sœur de cœur et d'esprit qui lui a permis de se sentir moins seule lorsqu'elle s'interrogeait sur sa " normalité ". Quel choc merveilleux lorsqu'elle a lu " Un ange à ma table " et découvert leur façon si proche d'être au monde.

Ce roman dont la fiction reste à prouver,nous parle de cette osmose avec la nature,du chagrin de voir le monde s'effondrer à l'image de son corps et celui de Grieg,mais aussi de la joie effrontée de faire comme si de rien n'était, et défier ses forces en co tinuant à se fondre à la moraine corps et âme.

Mais Sophie (Claudie ?) n'est pas que cette sauvageonne qui se goinfre de myrtilles à quatre pattes avec sa chienne, qui observe de loin les humains pour se régaler de leur étrangeté. Son écrit témoigne bien qu'elle n'est pas que nature mais, ô combien culture!

Si elle passe son temps à s'engouffrer dans la nature avec "Yes",alors que son compagnon s'enfouit plus que jamais sous sa montagne de livres,elle n'éprouve pas moins de plaisir à intellectualiser ses ressentis,à trouver les mots les plus savants pour peindre la nature comme une chercheuse de pépites.

Pour lui rendre hommage je voncluerai par cette phrase de Julien Gracq " tant de mains pour transformer le monde,et si peu de regards pour le contempler". Car vous,Sophie et Claudie, non seulement vous savez contempler le monde mais vous savez vous y mêler et nous en faire profiter!

Vous n'aurez aucun regret lorsque vous abandonnerez ce corps dont vous parlez à la troisième personne du singulier comme si vous étiez différenciés, pour rejoindre le grand tout !

Lecture qui sort des sentiers battus et qui m'a permis de faire connaissance avec Claudie Hunzinger,une femme bien singulière !
Commenter  J’apprécie          290
Un chien à ma table

Sophie est une écri-vaine vieillissante qui vit dans une maison isolée avec le compagnon de sa vie.

Un jour une chienne égarée se réfugie chez eux.

Et les voilà partis pour une vie à trois.

Ce n'est pas à proprement parler un roman.

Je pencherais plutôt pour une autobiographie adaptée.

Et quelle belle vie ils mènent ces trois là.

Sophie, proche de la nature, si proche que chaque jour elle fait des kilomètres dans les bois.

Grieg, plus casanier, plus solitaire, entouré des ses livres.

Chacun sa chambre, chacun son domaine.

Un respect total de l'autre.

Yes, la chienne, folle d'amour pour ses nouveaux compagnons de vie.

Oui, c'est vraiment une belle vie avec la nature pour compagnie à la place des humains.

Sophie est une très belle personnalité, authentique, originale.

Leur vieillissement n'a rien d'un naufrage, malgré les inconvénients qu'il entraîne.

Il est au contraire doux, tendre, complice, apaisant.

Un vrai bonheur d'avoir partagé le temps d'un livre avec eux et d'avoir fait la connaissance de Claudie Hunzinger.
Commenter  J’apprécie          294
Un chien à ma table

J’ai eu l’occasion de rencontrer Claudie HUNZINGER lors d’une soirée à ma librairie. Je l’ai trouvée vraiment passionnante. Chaque fois que j’ouvre un de ses livres, je ne sais pas à quoi m’attendre. C’est toujours surprenant. Est-ce que j’aime, est-ce que je n’aime pas ? C’est le 4ème livre que je lis de cette romancière.



Comme pour ses autres romans, les thèmes de prédilection de Claudie sont abordés : la nature, le débordement de la société, le couple, les amours, et aussi la vieillesse.



Le fil n’est jamais linéaire. Là tout part de l’apparition d’une chienne au sein d’un couple qui vit éloigné de tous voisins, au fin fond d’une forêt dans les Vosges. Oh, ils ne vivent pas en ermite pour autant. Ils sont connectés au monde par le biais d’internet et restent informés.



Ce sont des bouts de vie qui sont racontés, des réflexions sur la société, des atrocités faites à la gente animale, des promenades en forêts qui se font moins longues, vu l’âge, du retrait de la vie tout doucement, et surtout de cette petite chienne qui surgit par hasard dans leur vie et qui vient bouleverser leur train-train habituel.



Cela tourne un peu en rond, mais on comprend à la fin pourquoi l’écriture est si décousue… Mais ça, je ne le dévoilerai pas. Lu depuis un petit temps déjà.

Commenter  J’apprécie          292
Les grands cerfs

2015 : je découvre par je ne sais quel hasard (mais les hasards existent-ils vraiment?) le livre de Claudie Hunzinger : La Survivance. Coup de foudre ABSOLU. Je profite de quelques vacances pour trimbaler toute ma petite famille en Alsace et tenter de retrouver la fameuse « Survivance », une vieille métairie perchée dans la montagne. Livre ouvert dans une main et bâton de marche dans l'autre, j'ouvre la route tandis que mes quatre gamins s'égaillent joyeusement dans le massif du Brézouard, à six heures à cheval, comme le dit l'auteure, du couvent d'Issenheim, au bord de la plaine du Rhin.

J'ai pris des notes, consulte régulièrement mon bout de papier, nous perds, nous reperds et à chaque virage, je crois voir au loin la vieille maison en ruine que mes deux Robinson-libraires, personnages du roman La Survivance, ont décidé d'acheter après avoir vendu à contre-coeur leur librairie-maison de la vallée. Ils sont partis avec leur âne, leur chienne, leurs bouquins de Kafka, Walser, Bolano et Sebald, oui, ils sont partis au bout du monde, loin de la société de consommation et des Black Fridays en veux-tu en voilà. Loin. Près des cerfs, des hérissons, des chenilles dévoreuses et des buses aux serres jaune d'or. L'eau pénètre parfois dans la maison. La température peine à grimper. Ils ont froid. Mais tant pis.

Ils sont heureux. Ils lisent le De natura rerum de Lucrèce et c'est bien là l'essentiel.

Mes enfants finissent par oublier le but de notre grande balade. Ils ont soif et faim et froid. Des gosses, quoi. Quant à moi, je sens que je ne suis pas loin de cette vieille métairie du 18e siècle, qu'elle est là à la lisière de cette forêt, cachée derrière ces arbres que je vois au loin. Elle est là, j'en suis certaine...

Quel immense plaisir j'ai eu à retrouver « La Survivance » (appelée « Bambois » dans un précédent livre, puis « Hautes-Huttes » dans Les grands cerfs…) Il faut dire que les mots et les phrases de Claudie Hunzinger, je les goûte comme parmi les plus beaux écrits actuels : ils disent la nature, les plantes, les animaux, l'air, les arbres, la neige comme on ne sait plus les nommer.

Ils nous montrent ce que l'on ne sait plus voir. Et moi-même, ancienne citadine mutée depuis fort longtemps dans le fin fond du bocage normand et vivant maintenant à l'orée d'une immense forêt, ces mots m'apprennent à voir la beauté qui m'entoure, ce que j'ai refusé de faire pendant longtemps, perdue que j'étais d'avoir été parachutée au bout du monde… Maintenant, je SAIS que je vis au coeur de cette beauté mais il m'a fallu les mots de Claudie pour VOIR le monde où je vis et l'aimer…

Revenons à ce merveilleux livre Les grands cerfs. Il m'est arrivé, il y a quelques années de cela, tandis que je me promenais en forêt avec Onyx, mon chien, de me retrouver nez à nez avec un cerf, certainement poursuivi par des chasseurs. Il était resté immobile à quelques mètres de moi. Nous nous étions regardés, puis il avait repris son chemin. Mon pauvre chien vieillissant n'avait fort heureusement rien vu du spectacle. J'en ai gardé un souvenir puissant comme si j'avais assisté à une apparition. Depuis, j'aime retrouver dans les textes littéraires l'image du cerf. Cela me fascine. Du Saint Julien l'Hospitalier de Flaubert à Tiens ferme ta couronne de Yannick Haenel, l'animal s'est emparé de mon imaginaire.

Dans son dernier roman (oui, je sais, j'ai encore fait un petit détour) la narratrice, Pamina, qui vit dans la montagne avec son compagnon Nils, s'est liée d'amitié avec un certain Léo, photographe animalier. Celui-ci passe tout son temps, jumelles au cou, à guetter des cerfs dans une cabane d'affût.

« À l'approche, on se glisse dans les forêts, on avance, on dérange, on surprend, on fait fuir. À l'affût, on attend. »

Initiée, guidée par cet homme, et affrontant des températures peu clémentes, elle va découvrir tout un monde qui lui était jusque là étranger : celui des cerfs, des clans, des traces, des excréments qui disent tant de choses, des odeurs, de la repousse, de la perte des bois, du brame, du vent qu'il faut avoir pour soi, de leur larmier qui n'a rien à voir avec des larmes… Un monde nouveau et fascinant s'ouvre à la narratrice...

Seuls les mots de Claudie Hunzinger sont capables d'exprimer avec autant de justesse et de poésie toute la beauté d'une horde de cerfs, de leurs folles ramures aux 12 ou 18 cors, de leurs terribles rivalités. Les voir, les observer, les nommer… Comment s'appelle celui qui a l'oreille gauche coupée net ? Est-ce le Vieil Apollon ? Et l'autre et son double maître andouiller ? Est-ce Wow, Arador ou bien Pâris ?

La narratrice se fond dans la nature, devient la nature, devient le cerf.

« C'était ça le but. Le but et le délice. Le délice de ne pas me sentir assignée à résidence dans le genre humain, mais de m'en affranchir pour m'élargir, m'augmenter dans une sorte de bond vers la nuit, y affronter un air si âpre que j'en tremblais. »

« Je découvrais à quel bord j'appartenais. À celui des proies. Étrangeté amplifiée par le genre qui m'incarnait, comme si depuis toujours le féminin et l'animal allaient ensemble, passionnément, dans le même qui-vive. »

Allez, je ne résiste pas à l'envie de vous livrer la page 73, si belle, la voici : « C'était devenu une obsession. Contempler des cerfs. J'aurais aimé approcher leurs présences, connaître leurs pensées, pénétrer leurs méditations, dormir dans leurs yeux, écouter dans leurs oreilles, me glisser dans leur mufle, être leur salive verdie du suc des herbes, frémir sous leur pelage, bondir dans leurs muscles, m'enfoncer profondément dans leurs sabots, dans leur fonds d'expérience, parcourir le temps qui existe et le temps qui n'existe pas, nager dans les vapeurs qui montent des prairies ou dans celles qui montent des grottes, cinq cerfs nageant dans la brume aux parois de Lascaux, porter le poids de leur couronne, connaître une seconde, une seule, leur souveraineté, la mêler aux branches des forêts traversées, ne plus savoir si je suis cerf ou forêt en train de nager, de bondir. D'exister. »

Silence...

Mais ce dont nous parle l'auteure, c'est aussi des oiseaux qui disparaissent. Et des insectes. Elle se rend compte qu'elle est témoin de la fin d'une époque. Un témoin impuissant. Et terrifié.

« En dix ans. Ça s'est passé en dix ans. Sous nos yeux. Et j'en ai pris conscience seulement cet été-là. En dix ans, quelque chose autour de nous, une invention, une variété de formes, une extravagance, une jubilation d'être qui s'accompagnait d'infinis coloris, de moirures, d'étincelles, de brumes, tout ça avait disparu pour laisser place à un monde simplifié, appauvri, uniformisé, accessible aux foules et aux masses où les goûts se répandaient comme des virus. Et ce n'était pas un phénomène cloisonné mais un saccage général. »

Et puis, il y a les chasseurs et les gardes forestiers de l'ONF... Et ce Léo, l'initiateur, le guide. Quel est son camp ? Le sait-il lui-même ?

Un texte sublime qui dit toute la beauté du monde.

Celle que l'on peut admirer.

Pour combien de temps encore ?
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          293
L'incandescente

C'est un roman singulier que nous livre Claudie Hunzinger, un roman-immersion dans l'histoire de sa mère, Emma, la belle Emma qui fascine tant, un roman-plongée dans ses amours avec Marcelle, cette relation débutée à l'adolescente et qui se prolongera dans le temps. L'auteure, au gré de la lecture de lettres que sa mère écrivait à/ recevait de Marcelle, va exhumer le passé pour tenter de comprendre sa personnalité insaisissable.



Claudie Hunzinger flirte avec les genres littéraires, autobiographie, biographie, autofiction, elle dialogue avec le passé et restitue une époque, des moments de vie à partir d'extraits de lettres, de photos ou même de ses propres interrogations. Elle intervient régulièrement dans le récit et interpelle Marcelle, cette fille au désir si brûlant et qui elle aussi a souffert de l'abandon de la belle Emma. Marcelle finit d'ailleurs par occuper totalement l'espace du récit, l'on vit avec elle cette maladie qu'il ne faut pas nommer -la tuberculose-, son amour pour Emma, et la perte de ses amies.



Les premières pages de ce récit m'ont beaucoup déstabilisée et auraient pu me faire sortir de ces mots. Il y règne une certaine confusion, celle de la mémoire qui tente de se souvenir, celle de ces lettres qu'on lit, qu'on ne comprend pas tout de suite, mais qui finissent par s'imbriquer pour compléter le puzzle. Mais le contraire s'est produit. Je me suis plongée moi aussi dans cette découverte d'Emma, dans cette rencontre avec Marcelle sans pouvoir m'arrêter, et cette Marcelle tourmentée, je l'ai énormément appréciée. J'ai eu le sentiment que Marcelle -l’aimée-, celle qui a vécu dans l'ombre de Marcel-l'élu- était soudain libérée et prenait vie dans ce qui, en plus d'être une sorte d'enquête sur une femme, est aussi le fidèle reflet d'une époque. Le récit est vraiment très efficace et nourri par une plume travaillée, portée par la simplicité du cœur.



D'ailleurs, je n'espère qu'une chose, que viendra aussi celui de Marcel, le père de Claudie Hunzinger, ce fantôme qui flotte entre deux lignes et qui ressurgit ponctuellement pour nous rappeler sa présence. Il m'a réellement interpelée, ma curiosité est piquée.



Ce roman est le deuxième volet d'une trilogie, je vais vite me procurer le premier.
Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
Commenter  J’apprécie          290
Un chien à ma table

Ils ont quatre-vingt ans, dont ils ont vécu les trois dernières dans une maison qu’ils ont découverte abandonnée dans une clairière, et rendue assez sommairement habitable en lisière du monde.



Elle est « écri-vaine », et se retrempe de temps à autres dans le monde des hommes à l’occasion d’un salon littéraire par exemple ; quant à lui, l’on ne sait trop de quoi il a vécu sauf qu’il n’a jamais eu d’employeur. Ils se connaissent depuis l’âge de cinq ans, il y a toujours eu beaucoup de liberté entre eux, et l’on apprend en quelques lignes qu’ils ont « semé deux enfants au coin d’un bois et dont les enfants ne lisent pas de livres. » Le roman quant à lui tire son titre de l’arrivée d’une chienne apparemment victime de sévices, enfuie à travers bois et finalement recueillie par le couple enfui lui aussi de « la Société ». « Comme j’avais lu Donna Haraway, je servais Yes [la chienne] avec toutes les excuses qu’un être humain doit à son chien, tandis que Grieg [le compagnon de cabane au fond de la clairière] en rajoutait, affirmant qu’en effet une théoricienne féministe, au XXI siècle, ne mange pas sans que son chien mange lui aussi. Que l’essentiel du combat se situait exactement là. Et il ricanait comme un sale gamin » [165].



Certes, il est difficile de ne pas partager la tristesse mêlée de colère devant l’état du monde ruiné par l’humanité, en particulier le sort qu’elle réserve au vivant. C’est plus difficile d’ériger la commensalité avec le chien en paradigme essentiel du combat de l’homme contre ses propres aberrations. Les postures contradictoires s’accumulent au fil des pages, avec ces deux congélateurs que l’on continue à remplir avec des produits achetés, et alimentés en électricité nucléaire alors que le potager de la clairière est à l’abandon ; l’on fait ces incursions dans la société méprisée mais quand même nécessaire à l’aide d’un 4x4 (puisque la marque est citée, un Toyota RAV quand même, là où l’on eût attendu une antique Lada Niva ou un modeste et contemporain Duster assemblé en Roumanie ou au Maroc) bien utile par ces chemins boueux. Et « puisqu’en bas la société fonctionnait comme toujours, j’ai appelé le service qui se chargeait des bêtes mortes »[160] quand meurt la vieille ânesse qui a traversé une partie de la vie du couple au gré de ses pérégrinations.



On finit par se trouvé gavé par ce mélange mild-crypto-punk saturé de références culturelles au détour desquelles l’on parvient même à connaitre la marque de la bouffarde préférée de Jean Giono (la page 273 nous apprend qu’il s’agissait d’une Butz-Choquin, s’il vous importe de fumer en référence). Et la page 162, mêlant l’Edit de Nantes, Youtube, Kathia Buniatishvili, la Rhapsodie hongroise n°2 de Franz Liszt, piliers d’un temple entre lesquels s’égare cette pauvre « Betty Boop née des doigts de Grim Natwick le 9 août 1930 », n’est qu’un des nombreux sommets d’une trop longue crête...



La chute du roman est bâclée : Grieg semble bien près de s’éteindre après un sérieux coup de mou, mais il reprend finalement sa trajectoire antérieure. Le livre s’achève lorsque la chienne disparaît : « depuis, j ‘ai un trou à la place du coeur, et mon corps, lui, ne veut plus rien entendre, tandis qu’autour de nous, le monde continue sa course vers le pire. De temps en temps, assise à ma table, je murmure son nom » [283 ème et dernière page]. Grieg s’en fout, il est retourné dans sa thébaïde aux murs de livres.



Le prix Femina, le dithyrambe paru dans Le Monde du 30 octobre 2022, ne peuvent à mes yeux masquer l‘alliage de complaisance, de démagogie et de snobisme dans lequel est coulé ce roman. Sans oublier l’oxymore d’une revendication de liberté critique prisonnière d’autant de clichés !
Commenter  J’apprécie          284
Un chien à ma table

Lu avec talent par Marie Christine Barrault

ce texte de Claudie Hunzinger m'a réjouie.

Je découvre cette femme libre, cultivée, drôle

qui tient la chronique de sa vie loin de Tout.

En fusion avec la Nature, elle partage

sa connaissance aiguisée du végétal

comme de l'animal.

Vous apprendrez entre autres choses

que colchique est masculin et... toxique.

Elle essaie d'apprivoiser la vieillesse

qui l'assaille et la contraint.

"La vioque" comme elle se nomme vit

avec son vieux compagnon bougon

depuis plus de 60 ans.

Ce livre est un régal de tous les instants,

Hunzinger frondeuse, aborde mille sujets ,

appelle toujours chat un chat

et préfère les chemins de traverse.

L'auteure fuit ce monde

qui l'inquiète, ne lui va pas.

Très belle lecture.



Commenter  J’apprécie          272
Un chien à ma table

J'ai attendu plusieurs jours avant de pouvoir écrire mon ressenti,et même maintenant,je n'y arrive pas.J'ai lu et relu vos critiques ,et je dis : oui,c'est ça,mais j'ai tellement aimé ce livre qui m'a totalement " déconnecté"de la réalité ,que je ne trouve pas les mots justes pour en parler.

Il y a cette petite chienne ,baptisée " Yes",qui surgissant de nulle part va trouver sa place ,au milieu de Grieg et Sophie: Un couple âgé, qui a fait le choix de s'isoler,et de vivre en hermitte dans un coin reculé des Vosges,dans un lieu dit : Les Bois-Bannis".

Ma sensation première : Épurée Epurée, oui,Sophie a un lien très fort et étroit avec la nature,la vie,le sens de la vie,de sa vie : un recul et un refus pour tout ce qui touche au matériel.

Symbiose entre le monde végétal et l'humain.J'ai adoré la poésie,dont l'auteure nous abreuve dans ses descriptions de la nature.

Tous deux,sont arrivés à un point de non-retour,mais au delà des mots ,il y a ce regard que porte Sophie sur ce monde,et avec beaucoup de finesse,la façon qu'elle et son compagnon ont de l'appréhender ce monde ,dans leur façon de vivre.

Un roman,intimiste ,tout en goûts,odeurs,en sensations étranges au contact de cette nature sauvage.

Un cheminement parfois douloureux mais un lien tissé si fortement entre ces trois personnages,que j'en ressors apaisée après ma lecture,en me disant :" N'est-ce pas cela la vraie vie,face à notre avenir si menacé?"

Vous l'aurez compris ,un gros ,gros coup de coeur qui me suivra longtemps,un prix bien mérité.

Un livre qui nous fait réfléchir en nous ouvrant d'autres chemins de réflexion que ceux habituellement utilisés.

A RECOMMANDER ⭐⭐⭐⭐⭐

Commenter  J’apprécie          270
Un chien à ma table

Tout m'en donnait envie, et babelio et le prix Femina et les premières pages que j'avais envie d'écrire et réécrire dans un carnet. " Ses pieds restent sûrs et même révoltés, je n'ai jamais vu des pieds aussi révoltés, à déformer toutes les chaussures" p40. Waouh cette bonne femme de la terre mère, anar, poète avec ses chaussures lunaires complètement décalée va me plaire, que va t elle me raconter de son personnage, comment va t elle évoluer se mouvoir dans son histoire? Le chapitre 7 sur les adieux aux choses révolues, sur la vieillesse qui s'installe est juste suffisant à lui même, magnifique si simple et si plein, une page et demie lovée de surcroit dans la forêt. Cette écri-vaine est fabuleusement attachante : "Je n'imaginais pas à quel point ces pompes, tels deux éléphants gris, se proposaient de m'emporter sur leur dos explorer encore les montagnes" p65. Si tout le livre est comme ça bon sang, je vais le relire 50 fois.

Ce personnage, cette écri-vaine, femme vieillissante (qui a tout pour nous faire croire à l'auteure), vit avec un homme, aussi marginal l'un que l'autre semble t elle dire, retiré du monde. Une chienne va compléter le duo, et voilà. Et voilà! C'est presque tout.

Un peu de confusion s'immisce après ce charme dévastateur. Et j'adhère moins au contenu parce que je me perds, je ne sais plus ce que je lis : comme une intro usurpatrice qui tend vers le roman et tourne à l'essai, au cahier de croquis d'auteur. Les phrases sont parfois jetées dans un grand tout, entre carnet de confession, souvenirs d'ado, soixante huitards, combat contre les chasseurs, les violeurs, les hommes des villes, toutes les pensées y passent avec parfois de belles envolées poétiques, des engagements militants, féministes, écologistes, des lieux communs aussi, parfois des mots accolés, des idées un peu étriquées, parfois des paragraphes de début de scénario qui nous ramènent vers le roman. Le personnage semble de plus en plus s'effacer pour laisser toute la voix à Claudie Hunzinger elle même. Je crois que c'est ça qui a pris le dessus sur ma lecture et m'a lassée. Les pages passant, je me suis sentie conviée à rentrer dans une intimité qui n'aurait pas eu besoin d'être aussi extravertie, la narration du début nous proposait une vie recluse, une maturité, une réflexion solaire sur la vie.

Désillusion, j'ai fini par traverser le dernier tiers en courant d'air.

Commenter  J’apprécie          268
Un chien à ma table

Le livre commence par une très belle description de la rencontre de la narratrice avec une chienne errante qu'elle surnomme immédiatement "Yes". Une belle écriture poétique.

On poursuit toujours avec un beau texte sur la description du couple qu'elle forme avec son vieil ami Grieg (ainsi surnommé lui aussi). Sauf, que là rien d'extraordinaire si ce n'est le fait qu'avec le temps, ce couple s'est retiré du monde dans un endroit appelé tristement Les Bois Bannis.

Pour finir, n'étant pas assez captivé par cette histoire, j'ai complétement décroché ...

Commenter  J’apprécie          263
Un chien à ma table

Ma PAL fait plusieurs mètres sans compter le nombre de livres non lus dans ma liseuse. Qu'à cela ne tienne, je suis dans une librairie... il me faut de nouveaux livres.



Cette fois je vais acheter celui ci recommandé chaudement par la libraire. Bien m'en a pris. Car c'est un livre étonnant. L'écriture est saccadée. Les phrases sont brèves. Les références culturelles sont multiples, tout comme les descriptions de la nature et de ses merveilles.



"... je veux bien être devenue vieille, d'accord je prends la vieillesse et son corps déglingué, mais je prends aussi l'inconnu qui va avec elle! J'avais oublié l'inconnu. Et j'ai longuement pensé à l'inconnu devant moi, et la vieillesse m'a semblé devenir une sorte d'expédition en zone inconnue. Je l'ai pris comme ça."



Et effectivement c'est ce voyage que nous narre l'écri - vaine.



Un voyage avec ses joies et ses bas... Je ne sais si ce livre intéressera aux lecteurs / lectrices jeunes mais pour une cinquantenaire, c'est parlant.



Ce fut une bien belle expédition.



Commenter  J’apprécie          250
Un chien à ma table

Un soir d'automne, une petite chienne bien mal en point, vraisemblablement victime de sévices de la part de ses anciens maîtres, vient se réfugier et bousculer le quotidien monotone d'un vieux couple de soixante-huitards. Elle, c'est Sophie, écri-vaine, double de l'autrice et lui, son compagnon, son vieux grigou, son gredin, c'est Grieg.



Tous deux ont choisi, depuis de nombreuses années, de vivre en marginaux, loin du premier village et de la civilisation, dans une ancienne maison nichée dans une clairière, au fond de la forêt, un endroit nommé Les Bois-Bannis. Les livres et la nature rythment leur existence de tous les jours. Pas complètement ermites, ils sont connectés à Internet et s'informent régulièrement, mais ils se méfient des gens et observent avec horreur notre univers qui bascule irrémédiablement et où tout peut arriver d'un moment à l'autre.



Dans ce roman sensible mais assez désordonné, Claudie Hunzinger as mis beaucoup d'elle-même et de sa vie atypique et libre auprès de son compagnon depuis plus de soixante ans. Elle nous fait partager son amour absolu et ses connaissances de la nature, également son angoisse devant le chaos d'un monde en déclin. Il est question de la vieillesse, de la décrépitude et de la mort mais aussi de la vie et de la liberté à tout prix. Tout un élan de joie !



J'ai aimé ce livre, le premier que je lis de Claudie Hunzinger. Néanmoins il ne m'a pas enthousiasmée malgré son résumé accrocheur et ses thèmes prometteurs. Je pense que cela est dû au style de l'autrice, auquel je n'ai pas adhéré. Une belle écriture précise, poétique, recherchée, passionnée, truffée de références culturelles (peut-être trop pour des lecteurs non initiés). En même temps, des sauts inopinés dans le temps, des réflexions et des notes personnelles, des phrases parfois trop longues, des envolées lyriques incontrôlées et des énumérations scientifiques interminables qui m'ont lassée et un peu perdue. Je le regrette.



#Challenge illimité des Départements français en lectures (68 - Haut-Rhin)









Commenter  J’apprécie          250




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Claudie Hunzinger (1503)Voir plus

Quiz Voir plus

Un chien à ma table

Comment s’appelle le lieu-dit où habitent Sophie et Grieg ?

Les Bois-Bannis
Les Bois-Damnés
Les Bois-Maudits

12 questions
14 lecteurs ont répondu
Thème : Un chien à ma table de Claudie HunzingerCréer un quiz sur cet auteur

{* *}