Expérience littéraire, roman étrange et complètement décalé par sa forme, c’est un ouvrage d’une très grande violence qui justifie totalement l’encart présent sur la quatrième de couverture : Strictement réservé à un public averti. Âmes sensibles, passez votre chemin.
Pas de nom, pas de visage, puisqu’il pourrait être n’importe qui. Cette description sans image est perturbante, déstabilisante, car elle pousse le lecteur à s’e reconnaître dans certains aspects d’identifier au personnage principal.
Le chaos qui règne dans sa tête renvoie au désordre et à la sauvagerie sociale, à un monde où anonymat, mimétisme et nombrilisme sont des valeurs dominantes. Désemparé face à cette réalité, le personnage se positionne en Sauveur et dévore des foetus (après les avoir cuisinés) pour leur éviter de vivre une illusion de vie.
La plume de David Coulon, bien particulière et reconnaissable entre mille ne fait pas dans la dentelle. Pas d’enluminures, c’est trash, saccadé, oppressant, ce qui confère au récit un caractère unique et inoubliable, que l’on adhère, ou pas.
Comment vivre dans ce monde ? L’amour est-il la solution à toutes les souffrances ? Et si le monde idéal était à l’image de celui de la tribu des Sentinelles, coupé de tout et hostile à tout contact avec la civilisation ?
Bien plus qu’un roman, ce récit dresse le portrait du monde dans lequel nous vivons. C’est violent, extrêmement sanglant, effroyable, mais surtout réaliste.
Une lecture à deux niveaux qui pousse à réfléchir et à ouvrir les yeux sur notre société. Il ne faut pas s’arrêter aux termes employés. Ils provoquent des images heurtantes qui griffent la rétine certes, mais scandaliser pour marquer les esprits n’est-il pas un moyen efficace de faire passer un message ?
J’ai beaucoup aimé, mais il va sans dire que cette lecture ne peut pas être au goût de tout monde.
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