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Citations de Delphine Minoui (327)


Le 28 août 2016 l'enclave s'est réveillée dans le silence.
P 137
Le 12 septembre Bachar Al-Assad parade dans les rues désertes de la ville fantôme.
P 142
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Après tout, "la vie, c'est peut-être ça, un rêve terrifiant", écrivait Joseph Conrad.
(page 256)
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Page 147
… - Tu sais, je ferai tout pour mon pays…

J’avais déjà entendu cette phrase quelque part… Ses paroles se confondaient étrangement avec celles de Mahmoud, le bassidji. En apparence, ces deux-là n’avaient pourtant rien en commun. Elle, l’occidentalisée polyglotte, toujours tirée à quatre épingles. Lui, l’Islamiste aux pantalons informes, en jurant qu’en persan et rêvant de devenir martyr. Ils se seraient certainement détestés s’ils s’étaient rencontrés. Et pourtant, un lien profond et invisible les unissait envers et contre tout : l’amour inconditionnel pour leur pays, ce nationalisme quasi charnel qui constitue le socle le plus solide de l’identité iranienne, celui que toi, Babai, tu m’avais transmis et qui, au fil des années, allait finir par m’habiter.
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-Et ils n'ont pas peur ? demande-t-elle en fixant le cordon des policiers, mitraillette en bandoulière, trois fois plus nombreux que les protestataires.
-Peur ? répète Azad. Il y a dans la solitude un sentiment de perte absolue qui vous donne des ailes.

(p. 207)
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La guerre est perverse, elle transforme les hommes, elle tue les émotions, les angoisses, les peurs. Quand on est en guerre, on voit le monde différemment. La lecture est divertissante, elle nous maintient en vie. Si nous lisons, c'est avant tout pour rester humain.
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Les murs aussi chantent le renouveau. Au détour d'une rue, au bord d'un trottoir éventré, parfois au pied d'une façade dentelée, surgissent des pétales de poèmes, des constellations de pochoirs, des boucliers de mots... Avec ses tubes de peinture, Abou Malek al-Chami, le graffeur de la bande, arpente la ville pour y peindre l'espoir en couleurs. Sur une façade déchirée par le souffle d'une explosion, il a croqué une fille de 4 ou 5 ans en robe bleue et jaune. Perchée sur une colline de têtes de morts, elle inscrit de sa main potelée le mot "HOPE", en lettres capitales. Cette fresque est une leçon d'optimisme. Une empreinte contestataire sous forme de pied de nez à la guerre.
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Le 7 décembre 2015, je reçois un nouveau message d'Ahmad. Cette fois-ci, c'était un éclat de phrase, tranchant comme un fragment de balle. Il tient sur une seule ligne :
- La bibliothèque a été attaquée.
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Après une concertation générale, un projet de bibliothèque voit le jour. Sous Assad, Daraya n'en a jamais eu. Ce serait donc la première. "Le symbole d'une ville insoumise, où l'on bâtit quelque chose quand tout s'effondre autour de nous", précise Ahmad. Il s'interrompt, pensif, avant de prononcer cette phrase que je n'oublierai jamais : - Notre révolution s'est faite pour construire, pas pour détruire.
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Les livres, ces armes d'instruction massive qui font trembler les tyrans.
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Mais la porte s’est fermée. Et la plume s’est tue avant l’heure. Brisée par la guerre.
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Le livre ne domine pas. Il donne. Il ne castre pas. Il épanouit.
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lire pour s'évader, lire pour se retrouver, lire pour exister ...Le livre ne domine pas. Il donne. il ne castre pas. Il épanouit
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Le court métrage du jour s'appelle 2 + 2 = 5. L'histoire d'un instituteur qui force ses élèves à répéter l'addition mensongère, sous peine de sanction. Cette fable sur la fabrication du mensonge par la force fait écho à la "fausse formule" évoquée dans l'incontournable 1984 de Georges Orwell. Le film, signé Babak Amiri, un réalisateur iranien en exil, a été téléchargé sur internet. Il porte un message d'espoir : à la fin de la leçon de mathématiques, un écolier blotti au fond de la classe défie l'ordre établi en rayant d'un coup de crayon le chiffre imposé pour le remplacer par un "4" sur son cahier. Tonnerre applaudissements dans la salle. Bercée par l'inaudible brouhaha, je lis cette phrase, rédigée en arabe, qui inonde le mur blanc : "Si tout le monde croit en quelque chose, est-ce vrai pour autant ?"
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Pour la première fois il est à court de mots pour raconter Daraya.

Ses émotions sont aphones.
Sa ville est en danger.
Ses espoirs, assassinés.
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J'aime citer cette récente étude de la Banque mondiale qui signale que les personnes qui lisent des livres vivent plus longtemps et sont plus heureuses. Les livres détiendraient-ils la clef du bonheur, du moins le pouvoir d'y faire croire ?

Page 30
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Face aux bombes, la bibliothèque est leur forteresse dérobée. Les livres, leur armes d'instruction massive
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J'aime citer cette récente étude de la Banqur mondiale qui signale que les personnes qui lisent des livres vivent plus longtemps et sont plus heureuses. Les livres détiendraient ils, sinon la clé du bonheur, du moins le pouvoir d'y faire croire ?
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Au milieu du fracas, ils s'accrochent aux livres comme on s'accroche à la vie. Avec l'espoir des meilleurs lendemains. Portés par leur soif de culture, ils sont les discrets artisans d'un idéal démocratique. Un idéal en gestation, qui brave la tyrannie du régime. Qui défie, aussi, la brutalité des soldats au drapeau noir, destructeurs d'antiquités à Palmyre, auteurs du terrible incendie de la bibliothèque de Mossoul, en Irak en 2015. Des mercenaires de la paix face à la destruction prédicatrice.
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En fait, dans l’Iran d’Ahmadinejah, les étoiles ne visaient pas les juifs. Elles visaient les étudiants. Sur les campus, des sanctions moyenâgeuses se mirent rapidement à lapider la moindre pensée critique. Un étudiant chahuteur, une étoile. Un slogan désobligeant, deux étoiles. Un signe de dissidence, trois étoiles. Au bout de la quatrième étoile, imprimée noir sur blanc dans leur dossier, que mettait régulièrement à jour le comité disciplinaire, c’était l’expulsion garantie, pour cause d’ »atteinte à la sécurité nationale ». Les professeurs n’étaient pas épargnés par cette chasse à la pensée critique. Il suffisait d’être un peu trop bavard pour être remercié sur le champ, en échange d’une retraite anticipée. Les mois suivants, le tableau s’assombrit encore. Des jeunes furent arrêtés, leurs journaux censurés, et leurs amis menacés au même sort s’ils osaient se révolter contre les nouvelles règles en vigueur. Au nom de l’islamisation des programmes, certains cours furent également remaniés, d’autres éliminés. Dans cet Iran castrateur, le contrôle de la pensée alla de pair avec une reconquête de la sphère publique. Une nuit d’été, le nouveau directeur de l’université Amirkabir fit détruire au bulldozer le siège de l’Association des étudiants pour le remplacer par une salle de prière. Avec la disparition de ce symbole du bouillonnement intellectuel des campus, c’était tout un pas de la mémoire estudiantine qui s’effaçait.
(page 219)
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Aéroport Mehrâbâd, un petit matin d'hiver. L'avion en provenance de Paris, qui vient d'atterrir avec du retard, déverse ses nombreuses passagères au foulard d'imitation Chanel et Vuitton. Elles ont l'air fraîches comme des roses. de quoi agacer les femmes flics de la sécurité, engoncées dans leur tchador. A tous les coups, les plus peinturlurées vont se faire pincer. Eh bien non : leurs grosses valises, passées sous rayons X, retrouvent sans encombre les chariots rouillés qui glissent péniblement
jusqu'aux coffres des taxis jaunes. C'est en revanche mon humble sac gris, assorti à mon discret voile, qu iretient l'attention. Je m'attends à ce qu'on m'interroge, une fois de plus, sur le matériel de travail que je transporte : enregistreur, appareil photo, ordinateur. Mais c'est un autre objet qui provoque, cette fois-ci, la foudre des douaniers :
"Elle is no good ! Elle is no good !" rugit un garde en uniforme kaki en brandissant le magazine féminin préféré de mes copine iraniennes, que je rapporte traditionnellement à chaque retour de Paris. Muni d'un gros marqueur, le voilà qui se met à dessiner des bourqas noires sur la tête des jolis mannequins, à déchirer les publicités pour lingerie fine et à couper au ciseau les seins qui dépassent.
"No gooooooood ! " insiste-t-il, furieux.
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