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Critiques de Didier Decoin (547)
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Plus un chat ?

A la réception de ce titre gagné lors de la dernière opération Masse Critique (Merci à Babelio et aux Éditions Chêne d'avoir joué le Père Noël avant l'heure), d'emblée je me suis dit qu'il méritait vraiment de figurer dans la catégorie "beau livre". De belle taille, une première de couverture splendide et un grammage de papier luxueux, vraiment, à première vue, il a tout du cadeau idéal à mettre sous le sapin. Surtout si, comme l'illustrateur Nicolas Vial et moi, Venise vous a pris dans ses charmes et que vous vénérez les chats...



Ce qui attire l'oeil en premier, évidemment ce sont les dessins tous plus somptueux les uns que les autres qui servent de décor à l'histoire, un mélange d'ocres, de verts, de bleus qui souligne la beauté de la Sérénissime (celui qui a assisté à un coucher de soleil sur la lagune sait de quoi je parle). Et partout des silhouettes de chats, drôles, alanguies ou ébouriffées. Des chats à Venise, sans nul doute, mais des chats pilotant un hors-bord luxueux, des crocodiles émergeant dans les canaux, des rats ceints de bouée, il est facile de deviner que l'on va s'embarquer pour une virée extraordinaire.

Quant au texte écrit par Didier Decoin, j'en ai aimé le jeu des mots, la poésie et la couleur des phrases. Parfois il se fait instructif par le biais de petites anecdotes sur le Carnaval, sur les gondoles, sur l'introduction des chats au XIIIième siècle. La plume se fait également réaliste car l'auteur soulève le rideau de velours pour dévoiler brièvement la décrépitude de certains palais et l'ombre des paquebots géants frôlant la Place St Marc. J'ai juste un peu regretté que cette visite éclair d'une journée soit un peu décousue : j'ai eu parfois l'impression d'avoir sauté des pages de texte.



Si vous acceptez de suivre Arcangelo, Marco, Giorgio et Toffolo (les chats-ninjas ?), attendez-vous donc à une plongée dans un monde surréaliste où les humains auraient disparus et où les chats auraient pris le pouvoir (Ah, pardon, il paraît que ça, c'est déjà fait !). Mais on sait de toute façon qu'à Venise, il est difficile de rester "les pieds sur terre"... Un quatre étoile et un 16/20 pour un voyage fantastique.



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Le Bureau des jardins et des étangs

Quel beau livre ! J'en suis toute retournée.

Un roman odorant, sensuel, poétique, mais également pédagogique car on apprend une foultitude de choses concernant le Japon, au Xiie siècle.

L'histoire est magnifique.

Roman odorant donc, car l'auteur n'a de cesse de nous narrer des odeurs. Et il le fait merveilleusement bien. Que ce soient les odeurs de la nature, mais également les odeurs corporelles, notamment celle de Miyuki, odeur qui envoûtera un haut dignitaire.

Il y a deux, voire trois histoires dans ce roman, mais qui s'articulent entre elles. D'abord le périple de la jeune veuve qui l'aménera jusqu'au palais de l'empereur pour apporter les carpes sacrées au Bureau des Jardins et des Étangs. Elle affrontera bien des difficultés mais chut...

Deuxième histoire, celle de Miyuki arrivée au temple. Il sera question (encore une fois) d'un concours d'odeurs présidé par l'empereur lui même.

Le songe de ce monarque, encore une fois très poétique, lui a donné l'envie de faire renaître les senteurs de son rêve. S'en suit un concours. Mais là encore, chut..

On peut donc encore diviser le roman en une troisième partie, très courte, mais importante, la découverte de son village sinistré et la rencontre avec un enfant bien mystérieux...

Alors oui, j'ai adoré lire ce livre : sa poésie, son humour, son intrigue, l'amour de Katsuro (le mari) pour ses carpes, un vrai amour empreint de beaucoup de sensualité, mais également les us et coutumes du Japon à cette époque, le courage de la jeune veuve qui se donne de l'allant en pensant à son défunt mari, les jardins japonais, et même l'érotisme tout japonais, entre plaisir et douleur.

A noter, le parfum entêtant de Miyuki qui "sent la vie".

Magnifique livre donc, avec ce qu'il faut de poésie, d'action, de sensualité, de réflexion et finalement, d'une certaine douceur.

Un très grand et beau moment de lecture.

Merci Mr Decoin.

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Le Bureau des jardins et des étangs

Prenant la succession de son époux, une jeune femme doit entreprendre un épuisant et périlleux voyage chargée d'une lourde palanche pour amener des poissons, sur le confort et la vie desquels elle doit aussi veiller, jusqu'à la cité impériale. Ce voyage est aussi l'adieu d'une jeune veuve à son mari.

Miyuki doit effectuer un très dur périple, semé d'embuches, de cruels dangers. Cependant, j'ai trouvé la lecture de ce roman assez facile et agréable. J'ai particulièrement aimé sa richesse évocatrice. Didier Decoin nous décrit un Japon ancien, dépaysant, et ses multiples croyances populaires parfois amusantes ou inquiétantes, presque toujours surprenantes.

Un autre aspect marquant du roman est la sensualité à travers les souvenirs de la vie conjugale de Miyuki, mais surtout la mise en valeur, plus que tous les autres sens, de l'odorat. L'évocation des odeurs (bonnes ou mauvaises mais elles ne sont parfois pas si différentes) est d'une grande inventivité jusqu'au "concours des parfums". Le défi absurde étant de restituer l'odeur laissée par une jeune fille sortie de la brume et passant sur un pont. Ce qui est l'occasion d'un face à face surréaliste entre la jeune veuve, pauvre, sale, marquée par les épreuves subies mais digne et le directeur du Bureau des Jardins et des Etangs, imbu de sa personne et de sa position sociale.

Une roman dépaysant, à recommander.
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La promeneuse d'oiseaux

C'est un livre que j'ai dû lire au lycée. Mon professeur de français nous avait fait lire des livres en rapport avec la mer. Nous étions censés, à la fin de notre lecture, avoir saisi quel rôle jouait celle-ci dans la vie des personnages rencontrés au fil des pages.

Ici, la mer est l'élément qui sépare notre héroïne, Sarah, du jeune homme dont elle s'est éprise, Gaudion.



C'est une lecture très agréable, avec de nombreux décors. La quête de cette jeune fille est timide et délicate et j'ai apprécié le réalisme final. Bien joué Didier !
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Je vois des jardins partout

un merveilleux moment passé avec cet amoureux fou des jardins qui part leur rendre visite dans le monde ! le bonheur d'avoir un jardin ... il nous le fait partager
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La pendue de Londres

Ce roman choral nous emmène à la rencontre de la dernière femme pendue à Londres et de l’homme chargé d’exécuter la sentence.



Albert Pierrepoint se confie à nous, il nous parle de ses certitudes mais aussi de ses doutes. Il nous fait approcher ses motivations : comment peut-on devenir un bourreau ?



Pour la pauvre Ruth, son histoire nous est narrée avec pudeur, sans sensationnalisme.



Un excellent moment de lecture.
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Est-ce ainsi que les femmes meurent ?

En 1964, la jeune Kitty Genovese rentre tard chez elle après son travail. Winston Mosseley, prédateur, va l’attaquer au couteau dans la rue. Malgré ses cris, aucun des nombreux témoins de la scène ne va appeler les secours, et Mosseley aura largement le temps de tuer et violer la jeune femme.



C’est un voisin non présent le soir du drame qui raconte l’histoire et le procès du meurtrier. Il sera scandalisé, comme l’Amérique entière, de l’inaction des autres voisins, spectateurs passifs du drame se jouant devant leur fenêtre.



Cette tendance à la passivité sera étudiée par la psychosociologie et définit comme l’effet témoin, c’est à dire la diffusion de responsabilité dans le nombre de témoins, entraînant l’inaction de ces derniers.



Je connaissais l’histoire et le concept mais le récit n’en ai pas moins glaçant. La rédaction à travers les yeux de ce retraité, passionné de pêche à la mouche, rend la narration un peu plus originale qu’un simple récit ou chronique judiciaire.

Malgré tout, le roman ne rajoute pas de fioritures et reste assez près des faits, et tant mieux sans doute.



J’aurai apprécié en savoir plus sur la femme et les enfants du tueur, comment ont ils vécus le procès, comment ont ils (sur)vécus ensuite ?



Et vous, si vous aviez assisté à un tel drame, qu’auriez vous fait ? La réponse vous semble sans doute évidente, vous auriez agit ! Et pourtant, les études ont confirmé que plus le nombres de témoins était élevé, moins ceux ci alerter les secours.

A l’instar de l’expérience de Milgram dans laquelle des êtres humains envoient des décharges électriques à d’autres humains, simplement parce qu’une autorité supérieure leur a demandé de le faire, l’Homme est capable d’atrocités…
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John l'enfer

Didier Decoin n'est pas seulement un écrivain voyageur mais un grand romancier, qui part du réel pour nourrir ses fantasmes sur la ville des villes dont il fait un personnage de fiction.

Avec "John l'Enfer" et son précédent roman "Abraham de Brooklyn" Didier Decoin dédie un hymne à la ville nouvelle. Voici, deux volumes, la naissance et la mort de New York.



Dans le ciel, John l'Enfer, laveur de carreaux de gratte-ciel, le Cheyenne volant, super héros de bande dessinée et ange de cet Apocalypse. Les immeubles ne cicatrisent plus. Les vitres crèvent, les escaliers se désossent, les ascenseurs se paralysent, leurs occupants abandonnent les gratte-ciels.



En bas, dans la vallée sombre des immeubles, les politiciens refusent les prophéties de l'ange de l'apocalypse. De retour sur terre, Jon l'Enfer n'est plus qu'un laveur de carreaux au chômage



C'est alors qu'il rencontre dans le no man's land d'un hôpital, Dorothy, jeune enseignante en sociologie urbaine, rendue aveugle par un accident, et Ashton, marin polonais débarqué d'un bateau désarmé.

Ce trio de personnages en apparence hétéroclite observe la déchéance de New York sous le poids de la corruption et de la pourriture.



Dans quel conte Didier Decoin nous entraîne-t-il ?



Ce roman visionnaire nous livre avant l'heure la prophétie d'une ville attaquée par les airs qui voit s'effondrer la proue de l'Amérique.

John l'enfer est très certainement, le roman le plus fort et la plus tragique de sa génération.

Roman à lire !
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Louise

1er livre que je lis de Didier Decoin, que j'ai trouvé pour le Téléthon organisé par ma bibliothèque municipale.

Je me suis dit académie française, je vais me régaler d'une belle plume, de mots choisis et subtils ... mais pas tant que ça.



Le livre se lit très bien même si je n'ai pas accroché vraiment à l'histoire, je ne refait pas le résumé; quand vous lisez la 4ème couverture tout est dit.



60 - 70 ans avant Joanne, c'est Al Capone qui change la vie de son grand-père. A présent, c'est une oie, Louise qui va bouleverser le quotidien de Joanne , Denise et Manon.

Une oie, une fille mi-sauvage mi-casse-cou qui arrive dans une île toujours dans le brouillard, le vent ou la neige. Elles vont à elle-deux apporter un peu de changement, le droit de se libérer, d'oser.



Le message est beau mais lecture un peu poussive.
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La pendue de Londres

Ce roman est écrit à partir d'une histoire réelle : celle de Ruth Ellis, dernière femme exécutée au Royaume-Uni dans les années cinquante, à l'origine d'une polémique qui a abouti à la suppression de la peine de mort dans ce pays 12 ans plus tard.





L'auteur fait alterner le récit entre la jeune femme et le bourreau, Albert Pierrepoint, exécuteur britannique le plus actif de son siècle, avec 450 pendaisons à son actif des années trente à cinquante, dont des criminels de guerre nazis.





Le roman est très bien écrit et se lit d'une traite. Comme d'habitude chez Didier Decoin, le style est très visuel et l'atmosphère admirablement rendue : celle du Londres dévasté d'après-guerre, où Ruth Ellis finit par basculer dans l'interlope.





Toujours relatée avec humanité et sobriété, sans parti pris ni jugement, l'histoire de cette femme maltraitée et manipulée qui ne se défendit pas lors de son procès, fait froid dans le dos. Coup de coeur.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Le Bureau des jardins et des étangs

J'ai craqué pour ce livre rien qu'à la couverture. En lisant le résumé, j'ai été emballé et je l'ai acheté. Vous ais-je déjà dit à quel point je me méfiais des auteurs français qui écrivent sur l'Asie? Et bien, si cela continue, je vais changer d'avis.



Avec ce roman, je me suis vidée la tête complètement. J'ai oublié le monde dans lequel je vis et me suis retrouvée au Japon de l'époque Heian. J'ai suivi la vie de Miyuki comme si j'y étais. Ce n'est pas comme si je regardais un film. J'ai vraiment eu le sentiment d'y être. Je n'ai jamais eu cette impression aussi forte. J'ai vu une fresque défiée sous mes yeux. Aussi surprenant que cela puisse paraitre est que lorsque j'aurais du ressentir de la tristesse ou de la révolte, je ne l'ai pas ressenti tant ce roman est apaisant et écrit avec beaucoup de recul, de retenu. Bref, on est au Japon.





Que dire de l'écriture de Didier Decoin? Elle est très belle. Elle m'a rappelé l'écriture d'auteurs asiatiques et c'est un compliment. En parallèle de cette lecture, je lis "notes de chevet" de Sei Shonagon qui a vécu à cette époque. Sans le savoir, j'ai fait le lien entre ces romans. C'est dire la qualité de ce roman. On y trouve la poésie dont les japonais sont capables, la sensualité pleine de pudeur, ces peintures qu'ils dépeignent dans son écriture même si parfois j'avoue qu'à la fin du paragraphe, je voyais une métaphore qui me surprenait mais c'est rare. Tout le paradoxe du Japon. Autres choses, moi, la passionnée de culture asiatique que je suis, j'ai appris des choses sur des traditions ou des légendes de cette époque.





Concernant les personnages, je n'ai pas grand chose à dire. La question n'est pas de les aimer ou non mais juste de les accepter comme ils sont. Peu importe leur qualité et leur défaut, ils sont humains avant tout. Je pense que c'est que l'on doit retenir. Il n'y a pas de héros ou héroïne. Juste des êtres humains dont les chemins se croisent.





Alors me direz-vous, pourquoi ne pas mettre un coup de cœur à ce roman? Parce qu'il mérite plutôt une mention spéciale. Je ne sais pas encore comment nommer cette catégorie. Je cherche mais ne trouve pas. Si vous avez une idée, n'hésitez pas.





En bref, c'est une lecture que je vous recommande que vous soyez ou non passionnés de culture asiatique. Si vous voulez voyager dans le temps, vous couper du monde et rester encore un peu à l'écart suite à votre lecture, foncez. Vous aimerez.
Lien : http://lessortilegesdesmots...
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Abraham de Brooklyn

Simon a quitté la France pour New York. Peu de temps après avoir accepté de travailler sur le pénible chantier de construction du pont qui doit relier New York et Brooklyn, il épouse Gelsomina, dite Mina. « Travailler sous la mer, pourquoi pas ? Aux aurores, dans le froid, presque à jeun, le cri des mouettes était propre, il y avait tant de blancheur dans cet ouvrage qu'on vous proposait – dans ces précautions que l'on prenait avec vous. » (p. 16) Simon espère gagner de l'argent très vite et quitter la grande ville, échapper à sa boue et se sauver du mal des caissons. Un soir, il rencontre Kate qui court pour échapper à la police. Jeune et mystérieuse, la fugitive s'empare de son cœur. Simon décide de tout faire pour la cacher, puis pour la sauver.



L'amour qui lie Simon à Kate est étrange. « Je t'aime, Kathleen, et je me cache en toi... » (p. 128) Alors que la jeune fille ne pense qu'en termes de désirs – appétit, sommeil, sensualité –, Simon sublime le sentiment et aime Kate comme une enfant. « Moi, je te veux pour petite fille, tu comprends ? Mina est ma femme, je ne peux rien changer à cela. Toi, tu es ma fille. » (p. 74) En adoptant cette fille au crime inconnu, Simon cherche à préserver la pureté qui manque tant à son univers d'eau saumâtre. Mais sa recherche est illusoire. « Simon, dit brusquement Kate, la pureté n'existe pas. Ce pays n'est pas pur, les gens non plus. » (p. 75) Qu'importe Simon veut sauver Kate. Sur un cheval immense, il emporte sa femme et celle qu'il considère comme sa fille : vers les étendues sauvages du nouveau continent, c'est là qu'est la rédemption. La fuite, entre conquête de l'ouest et pèlerinage, est un nouvel exode, une nouvelle alliance. « Ne dites pas que je blasphème... C'était une nuit pleine de brouillard. Et soudain, Kate fut devant moi, et je l'ai prise par le bras, et je l'ai entraînée... L'annonce faite à Abraham, voilà ce qu'il en est, et rien de plus. » (p. 146) Hélas, dans la Bible, l'on sait bien que Dieu demande à Abraham de sacrifier son enfant...



Ce roman est beau et puissant : ses accents bibliques, voire mystiques, en font une légende des temps modernes. Il est question de culpabilité, de rédemption et de liberté. Il n'est pas important de connaître le crime et le passé de Kate : ce qui importe, c'est que Simon/Abraham accueille la fugitive telle qu'elle est en son présent, sans dimension temporelle superflue : Kate n'est qu'immédiateté et présence palpable. Et cette acceptation totale, faite d'amour et de pardon inconscient, permet à Simon d'embrasser pleinement sa nouvelle identité, celle qu'il ne pouvait pas endosser à New York, cette ville de béton et d'acier qui n'est déjà plus faite pour les miracles.



J'ai découvert Didier Decoin avec John l'Enfer, autre texte sublime et étrange qui parle d'amour, de vertige et de sacrifice. Je vous conseille aussi La promeneuse d'oiseaux, charmante romance désespérée.
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La pendue de Londres

Ce roman est basé sur des faits et des personnages qui ont réellement existé.

Les deux personnages principaux du livre se partagent les chapitres.

Albert Pierrepoint, exécuteur du Royaume-Uni jusqu'en 1956 raconte ses expériences d'exécutions par pendaisons à la première personne.

Il a au début le sentiment du travail bien fait et respectueux des coupables jusqu'à ce qu'une exécution modifie son avis.

Le cheminement malheureux de Ruth Ellis est raconté à la troisième personne.

L'auteur nous fait bien comprendre l'atrocité de la peine de mort par exécution capitale: la pendaison au Royaume-Uni, abolie en 1965.

Le style est journalistique, l'auteur établit donc une distance envers ses personnages.

Les états d'âme de l'exécuteur envers Ruth sont bien traduits.
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Docile

Quelle étrange histoire que celle de Docile, libraire qui exerce également un métier vieux comme le monde et de Blaise, un garçon de 12 ans d'une naïveté et d'une maturité déconcertantes. C'est bien écrit, évidemment, et ça se passe pendant la deuxième guerre mondiale. On rencontrera tout au long du roman de curieux personnages gravitant autour de ce "couple ".
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Est-ce ainsi que les femmes meurent ?

1964. Catherine Kitty Genovese 29 ans est retrouvée poignardée devant chez elle. Un fait divers tragique comme on en lit trop souvent. Le meurtrier Winston Moseley est arrêté peu de temps après. Mais l'horreur ne s'arrête pas là. car Kitty a agonisé pendant plus d'une demie heure, alors que trente huit personnes, des voisins du quartier ont à des degrés divers été témoin du meurtre. Didier Decoin nous interroge sur nos responsabilités,nos lachetés, notre indifférence, notre égoisme dans un récit glaçant et profondement troublant. Ces trente huit personnes n'ont t'elle pas une part de responsabilité dans la fin atroce de Kitty ? Une question que chaque lecteur se pose, et moi qu'aurai-je fait ? Sacrément dérangeant.

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Est-ce ainsi que les femmes meurent ?

L'histoire réelle d'un horrible assassinat, commis sans raison, par un psychopathe dans le New-York des années 60's, devant 38 témoins passifs.

Un scénario banalisé à notre époque, où quotidiennement des innocents sont massacrés en présence de témoins qui filment la scène avec leur téléphone potable.



J'ai trouvé l'histoire de ce drame très mal racontée.



De nombreuses digressions sont inintéressantes et totalement hors sujet, comme le mode de fabrication des mouches pour aller pêcher la truite en Alaska.



Je n'ai pas toujours compris qui raconte l'histoire à la première personne. Y a-t-il un ou plusieurs "je" ?

Lors des témoignages au procès, les trois lignes de dialogue avec le juge s'enchaînent avec la suite du récit du meurtre, sans lien avec le témoin.



L'un des principaux personnages du récit, interrogé comme temoin par le journaliste, était absent la nuit du crime ! Comprenne qui pourra...

L'auteur ajoute à ce drame réel une part imaginaire romancée, en faisant parler la victime (décédée sans témoin) de ses émotions...



En lisant la quatrième de couverture, j'avais cru comprendre que l'originalité de ce récit était l'absence d'intervention des témoins qui en faisait des coupables. Cette "originalité" n'occupe en fait que quelques dizaines de pages sur les 234 pages du livre.



Conclusion : Si, comme moi, ce dramatique fait divers vous intéresse, lisez plutôt son Wikipedia ! Et en prime, vous aurez les photos réelles des intervenants...

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Louise

Un Decoin de plus, mais un Decoin dans son versant intimiste, voire anodin.

Je ne suis pas sûr que cette tendance chez lui soit celle qui m'enchante le plus. L'absence du romanesque infusant " Une Anglaise à bicyclette" ou  " La Femme de chambre du Titanic" me laisse sur ma faim. Néanmoins, lire cet auteur n'est jamais totalement une perte de temps.

Car en effet, nous passons d'une visite d'Al Capone à Saint-Pierre en pleine prohibition à un envol spectaculaire d'oies sauvages depuis les vasières du Saint-Laurent, du suicide d'un comptable japonais à rien moins que deux résurrections.



Joanne, coiffeuse au bord de la liquidation, n'a jamais rien vu du monde que les berges battues par la houle de Saint-Pierre-et-Miquelon. Son amant américain, marié et représentant en articles de coiffure, vient lui offrir quelques jours d'amour à chaque solstice, la laissant le reste de l'année rêveuse et déçue, entre ses quelques clientes et sa mère Denise, fine mouche kleptomane de petites cuillères.

Arrive un jour une jeune sauvageonne, Manon, accompagnée de Louise, une oie sauvage à l'aile brisée.

À son corps défendant, irritée, bousculée, il est sans doute temps pour Joanne de prendre son envol.



Joanne/Manon, toutes deux marquées par des hommes bien anodins: " un vendeur de shampooings qui ne piquaient pas les yeux et un raconteur d'histoires qui ne remettaient rien en question". Joanne/Manon, seules à être à la hauteur l'une de l'autre sans le savoir, l'une revenant de loin et l'autre n'ayant jamais rien vu, mais encore faudrait-il oser prendre, donner sans frein.



On peut toujours compter sur Decoin et ses talents de raconteur d'histoires, sa manière de choisir des fils disparates pour les tisser en un univers et une intrigue particuliers, même si ici cela grince un peu plus qu'ailleurs. Louise sonne comme un alliage fondu à une température hasardeuse, avec des blocs de matières différentes dont l'amalgame ne coule pas totalement de source.



Et puis...

Sur la dernière ligne droite, le roman passe à la vitesse supérieure, le champ limité (géographique, sentimental) de Joanne semble s'ouvrir à de nouvelles possibilités. Le romanesque en sourdine s'exprime enfin, tel qu'on l'aime chez Decoin. Car l'auteur, incorrigible sensible romantique, aime ses personnages. Il n'y a aucune cruauté sous sa plume. Et cela fait du bien, parfois.



Ce roman, qui nous propose un verre de caribou avant de danser sur le parvis de la cathédrale Marie-Reine-du-Monde en chantant Somewhere de West Side Story,  ne peut pas etre totalement mauvais.

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Une Anglaise à bicyclette

Malgré mon goût pour certaines littératures coup-de-poing ou performatives, au fond de moi sommeille une rombière anglo-saxonne très XIXème, férue de tea time au coin du feu. Le Jeffrey Aspern de Henry James me met sur orbite, les Hauts de Hurlevent ont obsédé mon adolescence, les insupportables gamines de Jane Austen font ma délectation et peut être un jour oserai-je détailler à quel point Edith Wharton m'a transpercé avec Ethan Frome.

Bref, Une anglaise à bicyclette, oui. Forcément, je devais plonger.



Le charme, au sens d'enchantement, agit. Peut- être faut-il aimer se laisser seulement porter par une langue et une intrigue, sans savoir le bout du chemin. L'histoire nous file entre les doigts, déjoue nos attentes et le roman échappe à une définition trop simple et univoque.

Du massacre des Indiens à Wounded Knee jusqu'à la campagne du Yorkshire, ce roman semble écrit au fil des idées, au gré du hasard, prend des chemins surprenants voire déroutants pour certains lecteurs, pour au final faire de ces étapes en apparence disjointes le trajet d'une vie hors du commun, dans une composition très soignée.

Dans le même mouvement, l'enfant échappée de l'horreur devenue vraie demoiselle anglaise arpente les chemins de campagne en tous sens au gré de ses envies, finalement happée par des rencontres merveilleuses ou bien délicieusement mensongères, dans le bonheur simple de se faire raconter des histoires.



Decoin a la prose riche et pourtant limpide, la roublardise d'un vieux briscard et l'âme joueuse d'un enfant. En somme, Decoin est un véritable écrivain romanesque.
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La pendue de Londres

Aujourd'hui 08 décembre 2020, la vaccination anti-covid fait ses débuts outre-manche. Nos amis britanniques jouent ainsi les éclaireurs et force est de constater que ce n'est pas la première fois! Non contents d'avoir exécuté légalement; à l'issue d'un procès, le roi Charles Ier Stuart, le 30 janvier 1649, bien avant que la France ne mette à profit un autre mois de janvier pour faire de même quelque 154 ans plus tard....ils ont procédé à l'abolition de la peine de mort le 09 novembre 1965, précédant la France de seize longues années, 16 années pendant lesquelles la France a appliqué l'exécution capitale 11 fois, la mandature de Valéry Giscard d'Estaing, président moderne si l'on en croit les commentaires récents, en ayant autorisé trois. L'un des mérites du roman de Didier Decoin est de nous replonger dans l'abjection de ce crime social, à Londres en 1955, avec la dernière exécution capitale perpétrée à l'encontre d'une femme,( il faut dire que la dernière femme exécutée en France l'a été en 1949).

Nous voilà donc plongés dans la capitale britannique et sa grisaille d'après guerre, marquée encore par les petits trafics et les compromissions que plus de cinq ans d'un conflit porté souvent à bout de bras, ont pu générer. A la façon d' un Turner ou d'un Monet, Didier Decoin excelle à dresser un décor, porteur de bien plus qu'un paysage urbain dans le fog. C'est tout un climat, une atmosphère tendue et glauque qui prend forme au cours du roman et les personnages y inscrivent leur individualité avec la précision d'un Vermeer qui se serait réincarné au vingt et unième siècle siècle en troquant sa palette pour des mots. Le roman s'articule autour de Ruth Ellis, toute jeune femme de vingt deux ans qui fait ce qu'elle peut pour garder la tête hors de l'eau. Après enfance meurtrie et jeunesse trahie, il y a quelque part, un match point tendu, en équilibre, qui tombe du mauvais coté, pour une humiliation de plus, de trop. En, 1955, la morale a ses raisons, qui ont force de loi, n'a t-on pas exécuté ces criminels nazis qui distribuaient la mort, on continue dans la lancée, et Ruth n'y survivra pas. La force du roman est de déployer sans jugement, la vie de la jeune femme dans sa banale médiocrité. Loin de l'univers de Ruth, l'auteur nous fait entrer en parallèle dans le quotidien de l'exécuteur officiel du royaume, un homme comme un autre, bourreau pour 15 livres, comme son père le fut avant lui et menant entre deux exécutions la vie de Monsieur tout le monde. Honnête homme et professionnel de la mort propre , c'est quelqu'un qui ne se pose pas de question sur la peine de mort. Nous n'entrons pas avec le roman dans un débat philosophique. Les faits sont bruts et à eux seuls, ils font jaillir l'étincelle, celle qui interpelle qui interroge qui questionne quand jusqu'alors tout paraissait simple. Ce n'est pas simple de tuer une femme de sang froid en lui passant une corde autour du cou, même si elle est de la bonne taille assurant une mort rapide. Pas simple d'affronter le regard. Notre bourreau le sait pour avoir été confronté au lendemain de la guerre déjà à cette épreuve. Il n'y a pas de mauvais chemin pour remettre en cause la peine de mort, la force du roman est d'en convaincre le lecteur par la clarté d'une fiction qui s'appuie sur un fait réel.

Le bourreau de l'histoire vraie a démissionné de ses fonctions un an après l'exécution de Ruth Ellis.



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La pendue de Londres

Calmement et consciencieusement il effectue sa mission, pendre les condamnés à mort...Un travail qu'il effectue froidement sans aucun état d'âme..

Sauf une fois, quand il dut pendre Ruth Ellis, autre personnage principal de ce roman!

Mais est-ce un roman?

Ruth Ellis a vécu, et a été effectivement pendue à la suite du meurtre de son "ami".

Albert Pierrepoint, anglais au nom bien français était quant à lui le bourreau rémunéré par l'Etat britannique, bourreau comme l'était son père...il a pendu environ 200 criminels nazis, faisant la navette entre Londres et l'Allemagne, un travail qu'il fit parfois à la chaîne...plusieurs criminels étant à son programme de la journée et au total il exécuta, les dernières pages nous le précisent 435 condamnés, nazis ou criminels en tous genres.

Entre deux exécutions, il tenait un Pub : le Coach and Horses. Il mourut en maison de retraite, 37 ans, jour pour jour après la pendaison de Ruth Ellis. Discret, il n'avait jamais parlé de ce "travail" à son épouse.

Ruth était quant à elle une brave fille, un peu frivole, aimant la belle vie et les hommes, mais ce n'est pas un crime...Elle avait été régulièrement violée par son père et avait atterri, naturellement dans ce monde glauque de la nuit, bars louches, maisons de passe. Elle fréquentait des hommes tous plus louches les uns que les autres, des hommes qui profitaient d'elle et la battaient souvent. Violemment...

Un jour, elle en tua, qui n'était pas un ange...Il le devint

Deux personnages qui nous transportent dans ce Londres de l'après-guerre, dans ce monde de la nuit, glauque et violent.

Albert, le bourreau est un type consciencieux, calme qui effectue son travail méticuleusement, sans se poser de question, sans état d'âme. Ah si ! une seule question avant chaque exécution : quelle longueur de corde doit-il prévoir afin que la mort par rupture des vertèbres soit immédiate...? On en frissonne !

Ruth quant à elle est la brave fille, mal défendue lors de son procès, battue et tuméfiée par un maquereau, qu'elle tua le jour où il fut plus violent que les autres jours. Ruth, victime également d'un système judiciaire anglais qui lui aussi donne des frissons. Victime aussi de son système de défense et de sa franchise !

Ce n'est pas un roman, mais une partie de l'histoire (assez) récente de l'Angleterre, celle des années 50

Elle fut la dernière femme pendue en Angleterre

Un livre passionnant.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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