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Critiques de Donald W. Winnicott (44)
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La nature humaine

Les médecins ne l'ont encore jamais avoué : ils sont fascinés par la maladie. Ça semble évident : pour traiter la maladie, il faut connaître la maladie. Donald propose autre chose : pour retrouver la santé, il faut connaître la santé. L'approche positive, c'est cool.





« Avec l'hypothèse d'une absence de maladie corporelle primaire, on peut examiner l'entrelacement progressif du corps et de la psyché d'une personne, et formuler certains principes fondamentaux. »





Ce livre est issu de nombreuses années de réflexion made in années 60-70. La thèse centrale repose sur le lien entre la psyché et la soma. Qu'est-ce que c'est que ça, et comment que ça se lie, et qu'est-ce que la mauvaise santé, et qu'est-ce que la bonne santé ? Winni the poo avait déjà fait oeuvre charitable auprès des mères anxieuses en leur disant qu'elles arrêtent de se prendre la tête avec les conseils sous lesquels on les ensevelit : en vrai, si elles écoutent leur bonheur d'être mère (ce qui se produit dans des circonstances suffisamment bonnes), elles s'occupent alors suffisamment bien de leur bébé, et celui-ci n'a besoin ni de plus, ni de moins. C'est un genre de télépathie bébétique.





Pour la santé, c'est pareil. On demande pas aux gens de vivre éternellement, d'être beaux, de faire du footing tous les jours et de ne jamais se choper un rhume ou une allergie. « L'être humain en bonne santé est affectivement mûr en fonction de son âge au moment considéré » : voilà, c'est une question de mener sa barque dans les temps impartis, sans anticiper ni régresser.





Par exemple, le complexe d'Oedipe, ça a l'air chiant et vilain, oh, la, la. En vrai, « la castration symbolique amène un soulagement » et permet de contrôler la pulsion dans le cadre de la première relation triangulaire rencontrée par l'enfant. Un mauvais accomplissement de ce stade se remarquerait plutôt par le refoulement des représentations et l'inhibition des fonctions qui dérivent du conflit ambivalent, ce qui nous renvoie plutôt au faux-self dont nous parle si souvent Donald. Prenons encore l'angoisse : l'état de santé ne consiste pas en son absence mais en la capacité d'utiliser au bon moment certaines défenses psychologiques pour dépasser le conflit. Tout cela est très nuancé et le principal, c'est de pas trop se prendre la tête tant que l'énergie circule, tantôt en bas, tantôt en haut, tantôt riante, tantôt pleurnicheuse, parce que l'être en bonne santé a besoin de tout ça pour se sentir vivre, et c'est ça la santé : se sentir vivre.





« Un développement sain requiert, de façon essentielle, une certaine concentration, un doute concernant le self, le besoin de périodes de recueillement en soi-même, et une disposition à des phases provisoires de désespoir. »





L'esprit (ou intellect) est un peu laissé de côté parce que cette fonction est secondaire et résulte de l'adaptation de la mère aux besoins de l'enfant. Dans le cas où la mère est trop présente et étouffe les initiatives du bébé, celui-ci risque de devenir mou et passif (pour ne pas dire con). Au contraire, si la mère ne fournit pas les soins suffisants, le bébé devra apprendre à se materner tout seul et il sera obligé de faire turbiner son intellect à un âge précoce. On retrouve ce phénomène chez certains adultes lorsqu'ils se mettent à bouder : avec cette régression, un clivage s'instaure entre leur moi mature et leur moi infantile, le premier essayant de materner le second avant de refaire surface pour aborder, en bons caliméros, ce monde qui les malmène.





Et en philosophie, ça donne quoi tout ce merdier ? Donald résume à gros traits :

- Les bébés qui ont été fortunés donneront des adultes qui savent bien que le contact entre réalité extérieure et intérieure n'est pas direct mais procède d'une illusion, mais comme ça marche, ce problème philosophique les indiffèrera, ou les amusera.

- Les bébés qui ont été moins fortunés donneront des adultes qui sont déjà un peu plus emmerdés par l'idée de n'avoir pas de contact direct avec la réalité extérieure et ils se sentiront tout le temps menacés par la perte de la capacité de relation. Ils trouveront que c'est un problème philosophique crucial.

- Les bébés encore moins fortunés donneront des adultes qui n'ont aucune capacité d'illusion de contact. Ça pourra les rendre fous, jusqu'à la schizophrénie si affinités.





Encore une fois, la santé est une question de souplesse : reconnaître que le monde n'est pas parfait, mais s'en amuser et trouver suffisamment de créativité en soi pour s'en accommoder, et progresser.





Terminons enfin sur quelques phrases magiques :

- « le cerveau fonctionne silencieusement et ne cherche pas à être reconnu. »

- « [Pour l'enfant], un sourire ou un geste minime a le même effet qu'une journée de travail accomplie par l'adulte. »

- « L'être humain dans sa maturité n'est ni aussi gentil, ni aussi mauvais que l'immature. L'eau dans le verre est boueuse, mais ce n'est pas de la boue. »





Parce que ça fait toujours plaisir, des pensées sauvages.


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L'enfant et sa famille

Vous connaissez l'étude de Thomas Nagel ? Elle s'appelle : « Quel effet cela fait-il d'être une chauve-souris ? ». Tout le monde en parle, pas grand-monde ne l'a lue. En général, on préfère s'en tenir au titre qui est bien drôle. Dans les cercles psychanalytiques, Donald D. Winnicott s'est posé une question à peu près similaire, seulement qu'il a utilisé des termes différents, et ça se présente à peu près comme « Quel effet cela fait-il d'être un nourrisson qui vient de se faire expulser de l'utérus ? ».





Imaginez un peu ce que ce pédiatre a dû endurer comme expérience de retour vers les vies antérieures pour élaborer une théorie autour de cette question. C'est très convaincant. A fermer les yeux, à le lire et à imaginer, on y croit immédiatement. L'état de fusion maternel, l'indistinction entre le moi et le non-moi, la satisfaction des besoins –miraculeuse ! Imaginez, vous sentez pour la première fois la sensation faim, sans savoir ce que c'est, comment ça se résout, et vous sentez aussi pour la première fois la sensation avoir envie de quelque chose. Et là, votre mère vous tend son sein (sans savoir que c'est là un sein, ni que c'est ce qu'on appelle mère qui le possède) pour que vous vous abreuviez, et cette mamelle tombe là, à point nommé, au moment où vous l'attendiez, et vous le happez sans vraiment savoir pourquoi, et il en tombe une manne qui apaise votre faim et vous procure une agréable sensation de chaleur dans l'estomac. Vous cherchiez quelque chose sans savoir quoi, et la chose surgit comme si vous l'aviez créée. Omnipotence divine, extase de l'illusion –ainsi Donald conçoit-il cette première étape de l'existence. A condition que tout se passe bien. Et les choses, nous le savons, se déroulent rarement bien. Imaginons maintenant que la satisfaction se produise trop tôt ou trop tard, que la mère ne soit pas disponible, qu'un sevrage intervienne brutalement : que se passe-t-il ? On se penche presque passionnément sur ce malheureux cas comme un démiurge observerait la manière dont se débrouillent ses créatures pour faire face aux émanations nucléaires qu'il fait ruisseler sur leur surface poreuse.





Dans le temps, Donald est passé pour le toubi qui te réconforte les mères angoissées du monde moderne. Lui, il dit que c'est pas la peine d'écouter les conseils des médecins, des magazines et des belles-mères si on sent que ça ne répond pas à un besoin naturel du bébé et que c'est là juste pour vendre de la science, du papier ou de la violence symbolique. Il dit donc : mères, soyez vous-mêmes et surtout, ne soyez pas parfaites car votre bébé n'apprendrait jamais à se débrouiller seul et à se construire solidement. Déjà, c'est un peu bizarre parce qu'être soi-même, pour la plupart des mères, c'est être névrosée voire pire et Donald parle plus souvent des cas foireux que des cas normaux dans ses livres. Mais en fait, quand Donald parle de se laisser aller à la maternité, il entend par-là qu'il existe comme un métier d'être mère qui survient peut-être dans l'état authentique de la société. A la fin de sa grossesse et pendant les premières semaines qui suivent l'accouchement, il décrit l'état de préoccupation maternelle primaire et la qualifie de « maladie », mais une maladie très bénéfique qui se résorbe spontanément lorsque l'état de fusion avec le mioche n'a plus de raison d'être. Non seulement on retrouve un peu le mythe du bon sauvage de Rousseau, mais on retrouve également ces machines animales décrites par Descartes qui agissent parfaitement, dans l'ordre que doivent suivre les choses, sans savoir pourquoi ni comment cela se passe. « Parmi les choses courantes que vous [les mères] faites, vous accomplissez tout à fait naturellement des choses très importantes ». Oh ! quand on lit ça, toute mère qu'on soit ou pas, on se dit qu'on a quand même de la chance de naître femme et d'être si savante, LOL. Même que Donald nous dit que le mépris que la société crache au visage de la femme n'a pas d'autre source que ce souvenir cuisant (et inconscient) d'avoir été soumis à une femme si jeune dans la vie. Mais voyons un peu la suite de la phrase de Donald : « Ce qui est beau ici, c'est qu'il n'est pas nécessaire que vous soyez savante ; vous n'avez même pas besoin de penser si vous ne le désirez pas ». Je ne sais pas vous mais là, je trouve que ça fait un peu flipper.





Enfin bon, moi ça ne m'a pas empêchée d'aimer lire Donald. Mes poupons, souvenez-vous que nous sommes peu de choses, quelques grammes de neurones et beaucoup de bidoche autour, faut pas s'en faire s'il se passe des choses qui semblent parfois hors de notre contrôle. C'est peut-être ce qui nous a sauvés jusqu'à présent. Considérons plutôt que Donald est un homme plein de sagesse qui ne se laisse pas duper par des préceptes éducatifs –modes d'une décennie- ou par l'autorité du toubi qui, croyant bien faire, prodiguant des conseils pour des situations qu'il n'a jamais expérimentées, vient foutre son propre crottin dans un bourbier déjà bien fumant.





Selon Donald, l'enfant est un être humain comme un autre : arrêtez de le prendre pour jojo lapin et d'essayer de l'entuber avec vos mythologies d'adultes.





Selon Donald, l'adulte est un enfant parvenu à une maturité très précaire : arrêtez de prendre les choses au sérieux lorsqu'elles ne le méritent pas.





Donald, tu mérites qu'on te fasse un bisou.


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Jeu et réalité

Carl Gustav Jung, les décennies bien tassées, se plaisait à faire des petites constructions dans la terre et la boue, avec des cailloux, pour renouer avec son côté enfantin et son esprit de jeu. Donald Winnicott se fiche lui aussi d’avoir l’air sérieux et on le voit souvent ramper par terre et babiller avec les bébés. Il ne les méprise pas, il sait qu’ils ont quelque chose à lui dire, à leur façon.





Donald Winnicott ne s’incline pas seulement devant les bébés. Il commence son livre en remerciant plus généralement ses patients pour tout ce qu’ils lui ont appris, bien loin de ce qu’il pouvait imaginer connaître avant de commencer sa carrière. En cela, il se rapproche des chantres de l‘anti-psychiatrie, Ronald Laing et David Cooper en tête, qui affirmaient que du patient ou du médecin, le malade n’était pas toujours celui que l’on croyait. Etendant son humilité à l’étendue de ses pratiques, Donald Winnicott interroge ses certitudes pour les remettre en question à chaque fois que l’occasion se présente à lui de réviser ses acquis, et lorsqu’on lui dit que l’individu se définit par ses relations interpersonnelles externes et sa réalité intérieure, il propose une troisième zone d’existence : l’aire intermédiaire d’expérience, à laquelle contribuent simultanément la réalité intérieure et la vie extérieure.





Cette aire intermédiaire d’expérience se constitue chez le nourrisson dans son rapport avec sa mère (rappelons que la mère peut être n’importe quel prototype protecteur, à la limite un robot bien programmé ferait l’affaire, voire un hologramme si celui-ci avait un peu de consistance), puis dans son rapport avec son environnement. Un seul critère pour ceux-ci : être suffisamment bon, c’est-à-dire ni trop ni trop peu. Trop peu et l’enfant, livré à lui-même, n’aurait pas la confiance nécessaire pour élaborer cette aire intermédiaire d’expérience. Trop et l’enfant n’en ressentirait pas le besoin, se retrouvant ainsi bien dépourvu lorsque l’hiver affectif viendra un jour ou l’autre frapper à sa porte.





« La mère (qui n'est pas forcément la propre mère de l'enfant) suffisamment bonne est celle qui s'adapte activement aux besoins de l'enfant. Cette adaptation active diminue progressivement, à mesure que s'accroît la capacité de l'enfant de faire face à une défaillance d'adaptation et de tolérer les résultats de la frustration. […]

En fait, pour que les soins soient bénéfiques, c’est le dévouement qui importe, non le savoir-faire ou les connaissances intellectuelles. »





Rien de bien sorcier, mais il fallait oser le dire. Donald Winnicott se montre proprement génial et réaliste en proposant que la perfection n’existe pas, qu’il faut arrêter de se prendre la tête avec des dogmes conçus une fois pour toutes, qu’on aimerait appliquer à tout le monde et surtout à n’importe qui. A chacun selon ses besoins.





« [Le phénomène ou l’objet transitionnel] est une défense contre l’angoisse, en particulier contre l’angoisse de type dépressif. »





Et hop, une petite angoisse pas trop longue et supportable, et le bébé investit l’objet transitionnel (qui peut être un bout de ficelle, une peluche, un rituel ou un visage). Celui-ci va subir plusieurs phases de tests : prise de possession, amour et haine, constance, aptitude à survivre à la destruction, vitalité. L’objet est condamné dès le début à connaître un désinvestissement progressif qui témoigne du bon développement de l’enfant. Winnicott résume très bien ce processus dans son hallucination auditive du discours qui pourrait relier le bébé à l’objet, si tous deux parlaient comment vous et moi :





« Le sujet dit à l’objet : « Je t’ai détruit », et l’objet est là, qui reçoit cette communication. A partir de là, le sujet dit : « Hé ! l’objet, je t’ai détruit. » « Je t’aime. » « Tu comptes pour moi parce que tu survis à ma destruction de toi. » »





Dans ce rapport avec l’objet transitionnel s’élaborera l’aire intermédiaire d’expérimentation :





« L'aire intermédiaire à laquelle je me réfère est une aire, allouée à l'enfant, qui se situe entre la créativité primaire et la perception objective basée sur l'épreuve de réalité. »





On comprend que ces observations permettent à Winnicott de mieux comprendre les problèmes des enfants, sans exclure les problèmes des adultes qui ont morflé dès les premières années de leur vie, et qui ne s’en sont jamais vraiment remis. Plus étonnant encore, la réflexion peut se transposer également au processus thérapeutique en lui-même. Winnicott ne s’illusionne pas. Freud et compagnie ont beau prendre leur petit air sérieux, au fond, ils s’amusent toute la journée. Le thérapeute est la maman, le patient est le bébé, et la séance qui les réunit est une belle aire de jeux dont les règles s’établissent progressivement.





« En psychothérapie, à qui a-t-on affaire ? A deux personnes en train de jouer ensemble. Le corollaire sera donc que là où le jeu n'est pas possible, le travail du thérapeute vise à amener le patient d'un état où il n'est pas capable de jouer à un état où il est capable de la faire. »





On comprend l’excitation réciproque : à quel jeu allons-nous nous frotter ? Le thérapeute espère bien sûr ne pas devoir perdre la partie, mais les jeux les plus diaboliques sont ceux qui ne se terminent jamais. Ceux-ci restent dans la mémoire du thérapeute comme un souvenir des plus cuisants échecs. Pour éviter cela, il ne faut pas tricher avec les interprétations toutes prêtes qu’on passe au four à micro-ondes, et qui se décomposent sitôt servies dans l’assiette.





« Le patient a été incapable de se reposer en raison d’une défaillance de l’apport de l’environnement qui a annulé le sentiment de confiance. Le thérapeute a, à son insu, abandonné son rôle professionnel et il l’a fait en revenant au rôle de l’analyste intelligent qui veut mettre de l’ordre dans le chaos. »





Enfin, Winnicott étend également ses observations à ces grands nourrissons que sont les adolescents. A la pulsion de mort qui imprègne les plus jeunes succède alors la pulsion de meurtre. Qui est visé ? Les parents, la famille, l’environnement le plus immédiat, dans la tourmente de la crise d’adolescence. Winnicott fournit alors des conseils précieux aux parents dépourvus de la société moderne lorsque celle-ci, usant de sa plus cruelle coercition douce, leur enjoint de se montrer cool à outrance. Au fond, le gosse n’a pas vraiment envie d’aller en boîte à quatorze ans (de toute façon, il n’a pas encore de quoi se payer une bouteille de vodka) et il trouve ça beaucoup plus excitant de lutter pour réclamer ce droit. Il brandit son désir comme une arme, pour tuer ses parents, espérant moins qu’ils n’abdiquent qu’ils ne résistent.





« On peut estimer que [laisser tomber votre responsabilité d’adulte], c’est laisser tomber vos enfants (à un moment critique). A ce jeu de la vie, vous abdiquez précisément au moment où ils viennent pour vous tuer. Y a-t-il alors quelqu’un d’heureux ? Certainement pas l’adolescent qui devient celui sur lequel on s’appuie. L’activité de l’imagination se perd, la lutte de l’immaturité cesse. Se rebeller n’a plus de sens, l’adolescent qui remporte trop tôt la victoire est pris à son propre piège.»





Libre à chacun de ramper devant ses gosses si cette éducation doit les conduire à une destination précise, mesurée, réfléchie, mais s’il s’agit seulement de paraître détendu, en accord avec les injonctions contradictoires d’une société qui veut faire croire qu’elle a bien digéré son mai 68, cessez le massacre. Soyez adultes, osez représenter une figure que l’enfant pourra respecter et sur laquelle il pourra se reposer jusqu’à ce qu’il ait atteint sa vraie maturité. En attendant, permettez-lui encore d’être un peu fou, fou de cette manière particulière qui lui est concédée. « Cette folie ne deviendra véritable folie que si elle apparaît plus tardivement ». Et là, autant dire que le jeu sera bien plus laborieux.


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Les objets transitionnels

Mais pourquoi rangent-ils ce bouquin, à la bibliothèque, dans la catégorie réservée aux éducateurs spécialisés d’enfants ? Un professionnel du gosse, s’il ne sait pas qu’il ne doit pas lui niquer son doudou à l’enfant, il aura beau lire toute la collection du petit Donald, il ne sera jamais bon à rien. Ça ne va pas lui servir à grand-chose de concret de savoir ce qu’est un objet transitionnel, à l’éducateur. Ça ne sert à personne, en fait, sinon à celui qui aura envie de changer sa grille de lecture des événements anodins. Tout ça parce que Donald avait envie d’infliger une nouvelle blessure narcissique à l’humanité, une de plus depuis les plus connus d’entre les contempteurs de la fierté humaine : Galilée, Darwin et Freud -mais il y en eut d’autres bien sûr, les blessures se succèdent depuis des millénaires et on essaie de les oublier tant bien que mal.





Donald, lui, il dit que les plus grandes créations de l’art, de la religion, de la philosophie et tutti quanti ressortent de l’aire intermédiaire dans laquelle s’agitent les objets transitionnels. C’est-à-dire, rien de concret dans tout ça les mecs, même si vous essayez de nous faire croire que vos créations sont plus vives et carnées que la réalité, non, ça résulte seulement des petits compromis que vous vous arrangez dans le dos du vrai pour supporter vos angoisses de séparation et d’unité. Mais c’est déjà pas mal, ce n’est pas à la portée de n’importe qui.





Alors, l’objet transitionnel, parlons-en. Quand il naît, le gosse, il ne se distingue pas de la mère. Maman = moi, moi = maman. Au début, ça marche, parce que la mère subit la « maladie naturelle » de la maternité. Donc, elle ne vit plus que son gosse, lorsque tout se passe bien (ce qui est, en fait, plutôt rare, non ?). Ensuite, la mère devient suffisamment bonne, c’est-à-dire qu’elle commence à se dire que c’est pas si mal que ça le monde finalement, que le gosse, on va le laisser se démerder un peu tout seul. Et progressivement, le bébé se voit confronté à des séparations, des trucs qui le rendent fou de flippette, et c’est là qu’apparaît l’objet transitionnel qui permet de faire le lien entre moi et le reste du monde, qui atténue les angoisses quand l’objet réel visé n’est pas là, occupé à batifoler dans les pâquerettes pendant que bébé flippe sa race. Dans l’aire intermédiaire, le bébé développe son imagination, fantasme un peu la piquenaude, développe son intellect, ça permet de faire un bon petit humain bien préparé pour délirer plus tard.





De l’inadaptation de ce phénomène en découlent plein de malformations mentales amusantes. Par exemple, la plus répandue d’entre toutes c’est lorsque l’objet transitionnel comme moyen se transforme en objet transitionnel comme fin. C’est-à-dire que, mettons que maman me manque, ou n’importe quoi d’autre qui m’a satisfaite à un moment donné : je me mets à illusionner comme une tarée, ma créativité s’épuise à engendrer des jeux, des histoires, la bombe atomique et « Guerre et paix », si bien que j’en oublie l’objet d’origine. Et lorsque maman revient je me dirais : « oh bordel ! c’est pas du tout comme je l’avais imaginé ! ça se passe jamais comme prévu, ô monde cruel ! », c’est-à-dire que mon aire intermédiaire m’aura fourni des satisfactions bien supérieures à celles que peut me fournir la réalité. Qu’est-ce qu’on fait alors dans ce cas ? Ben rien, on peut bien vivre dans son aire intermédiaire après tout, regardez Van Gogh, Antonin Artaud, Gérard de Nerval, hein, ils ont tous bien fini pas vrai ?





Bravo Donald pour ce concept prometteur et stimulant, digne d’un bon taré mental comme je les aime.

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Processus de maturation chez l'enfant

Passer de Jacques Lacan à Donald Winnicott, ça fait mal au cul. Faut abandonner la logorrhée folle et les paroles délirantes pour un mec bien pâle à côté –mais n’importe qui d’autre le serait à sa place. Ne croyez pas que les types qui allaient écouter Jacques le faisaient pour s’instruire. Que nenni. C’est éclatement des neurones qu’ils cherchaient. Pour Winnicott, préparez la dope.





Winnicott donne des conseils aux individus qui souhaitent donner au fruit de leurs entrailles les possibilités d’arriver à une maturation équilibrée -pas comme ces poires pas mûres qu’on trouve dans les grands magasins, ou comme ces oranges moisies de l’intérieur qui s’éclatent sur les pavés des rues publiques un jour de marché. Donc, il s’intéresse beaucoup aux mioches et à la relation que chacun d’entre eux tisse avec sa daronne. On connaît tous son concept de mère suffisamment bonne et si ce n’est pas le cas, je me demande bien ce que vous foutez là. Il rajoute en outre qu’à la naissance du gosse, la mère fusionne automatiquement avec lui. Pas qu’elle le veuille particulièrement. C’est plutôt instinctuel, elle n’y réfléchit pas. Ça se fait, dans la majorité des cas, comme si la nature, encore une fois cette salope, dont Schopenhauer nous a déjà bien assez causé dans « Le monde comme volonté », abusait à nouveau de notre crédulité pour nous faire agir n’importe comment, s’emparant du cerveau de la mère de façon telle que plus rien d’autre ne l’intéresse que passer ses journées à pouponner, porter le gosse, le torcher, lui donner le nibard. Le mari dans tout ça ne peut pas faire grand-chose et ne devra pas espérer trop niquer, mais il a toutefois son rôle à jouer dans le sens où on attend de lui qu’il soit là pour donner la tune dès que besoin et pour dire à mémère qu’il l’aime toujours malgré sa chatte ravagée par la parturition. La maman sera rassurée et pourra kiffer son gosse tranquillement. Peu à peu, ensuite, elle reprendra ses esprits et recommencera à pouvoir vivre en-dehors de son gosse. C’est le moment où celui-ci prendra conscience de l’existence de moi et non-moi par une séparation progressive et adaptée d’avec la mère. Cette distinction se produit de façon inadéquate dans le cas des maladies psychotiques.





Cette relation primaire est cruciale et en fonction de ses modalités, il peut se passer plein de trucs qui rendront le gosse complètement dingue, maintenant ou plus tard. Si la mère est une saloperie dépressive, toujours pleurnichante, qui rumine ses idées noires ou ses rêves de grandeur déchus pendant qu’elle s’occupe du petit, elle forcera le bébé à lui faire de la séduction. Parce que le bébé, il n’a pas envie d’avoir une daronne qui chiale tout le temps intérieurement, non : il a besoin d’un modèle identificatoire, comprenez-vous cela ? Ça marchera peut-être, ça fera peut-être rire la maman quand le bébé se forcera à déborder de vie ou, plus tard, quand il sera enfant, à adopter un comportement qui suscite l’approbation, même s’il est obligé pour cela de reléguer sa véritable personnalité aux oubliettes. Se crée alors un faux self qui vient occulter le véritable. Selon les relations que ce masque entretient avec le vrai self, s’il s’y substitue totalement, partiellement, ou s’il permet au vrai self de s’envoyer vers la gloire, toute une panoplie de troubles graves ou bénins s’établira.





Donald a failli me gaver quand, prenant ses petits tons adlériens, il nous parle du bénéfice que doit apporter la psychanalyse au bon fonctionnement de la société. Pour lui, le critère absolu de la santé consiste en une bonne intégration sociétale passant par l’assurance de la descendance. Une perspective qui ne donne pas envie d’être sain d’esprit et de corps. Toutefois, il ne fustige pas l’individu malade ou antisocial parce que celui-ci subit une saloperie d’ironie du sort qui veut que l’on taxe d’inadapté le gosse qui, au contraire, sait ce que devrait être une société qui fonctionne, parce qu’il n’a justement jamais réussi à trouver dans son environnement des conditions favorables de développement.





Voilà, outre le style chiant de Donald, ce livre est très intéressant à lire parce que forcément, chacun d’entre nous pensera à son enfance pendant sa lecture et se dira « oh putain, c’est ce que j’ai vécu aussi ! ça explique pourquoi j’ai une vie de raté maintenant ! », et en plus il y a des coupables désignés : la maman, la société, le papa. C’est franchement cool. Et puisque la compréhension donne une base carrément stable à l’action qui doit normalement lui succéder, on peut même essayer de s’améliorer après ça. Mais pas pour entrer dans la société, ah ça non -mieux vaut encore torcher les murs de merde avec Ronald Laing.

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La famille suffisamment bonne

Un jour, un clochard un brin taré est venu prendre la paire de ciseaux sur le comptoir du bar pour m'inviter à lui filer de la bouffe rapidement. Je lui ai donné une barre de chocolat qu'on vendait une balle –ce sera pris sur le compte de la maison. Non, je n'ai pas bon coeur, j'avais juste envie de pas me faire planter le mien par les lames des ciseaux. le taré n'avait sans doute pas vraiment faim, gras comme un phoque, et les poubelles des alentours débordant de bouffe pas terminée. Même moi je pourrais récupérer leur contenu et inviter mes potes pour un apéro si je m'en donnais la peine cinq minutes.





Vous avez donc d'une part le taré qui recherche sans le savoir quelque chose de bon qui a été perdu à un stade précoce : cette disparition suscite en lui de la colère. C'est comme quand vous perdez vos clés de voiture alors qu'on vous attend à l'autre bout de la ville pour prendre l'apéro. Et vous avez d'autre part la menteuse (moi) qui sait ce qu'il faut céder de sa personnalité pour donner à l'autre ce dont il a besoin. On appelle ça le faux self, c'est comme transformer de l'or en plomb. En plus de ça, la menteuse agit avec le sourire, comme si elle était heureuse de faire du gâchis. Dans le fond, ça peut faire naître la haine. Mais ça ne se verra pas tout de suite.





Les tarés, en agissant comme ils le font, témoignent de leur espoir de retrouver une mère suffisamment bonne, un environnement familial suffisamment bon, des relations suffisamment bonnes. C'est comme ça qu'on travaille en société. Donald dit que la société démocratique c'est pas trop mal, à condition que ça ne concerne que des individus sains d'esprit ayant atteint la maturité psychologique (c'est rare). Mais aux autres, on ne devrait pas leur imposer la démocratie « puisque le simple fait d'entreprendre cette tâche suppose d'appliquer de l'extérieur une force qui n'est efficace que si elle vient de l'intérieur, de la bonne santé mentale de chaque individu ». Pas vraiment de solution proposée. On leur fait quoi aux insanes ? Puisqu'ils ne méritent pas la démocratie, on les pend à des crochets et on joue à la boxe avec ? Donald ne dit rien de tout ça mais suggère une réponse avec finesse, en se concentrant uniquement sur le cas des gosses. Selon lui, on a vu une forte amélioration de l'équilibre psychologique des enfants antisociaux lorsqu'on les a placés dans une structure d'accueil privilégiant un grand nombre d'individus, une hiérarchie qui sait imposer de l'autorité et des règles strictes. Bref, le bagne.





Moi, je n'irai pas au bagne. Je suis gentille comme tout, je donne des barres au chocolat aux gens qui veulent me planter des ciseaux dans le coeur, comme à l'école maternelle. En fait je suis juste conne mais chut. Jésus Christ aimait bien faire pareil. Ce que veut révolutionner Winnicott avec son concept de « suffisamment bon » c'est que, peut-être, ce taré n'a pas subi de déprivation de la part de son environnement lorsqu'il était gosse. Peut-être que sa mère était trop parfaite et l'a submergé, peut-être était-elle dépressive ou psychotique, peut-être ce taré a-t-il été élevé par une louve et, quoiqu'en disent Rémus et Romulus, ça suffit à peine à remplacer une figure maternelle. Quand on y réfléchit bien, presque aucun individu n'a réussi à grandir sainement dans une famille et pourtant, il le faut bien. Et pourquoi ? Parce qu'un début aussi calamiteux dans la vie, c'est presque comme une maladie qu'on aura envie de guérir par la suite, en fondant à notre tour une famille. Ainsi se suivent les générations. Fonder une famille, c'est l'espoir de guérir d'être né dans une famille. le gosse apparaît là comme un fantasme, comme un espoir, comme un leurre, comme un gadget. le gosse permet à un des parents (aux deux pour les plus chanceux) de devenir fou, de régresser ou de vivre par substitution. Tous ces parents-là sont des raclures. Ils attendent quelque chose de leur enfant, quelque chose qui les excède. « C'est une chose terrible [genre] et pourtant vraie qu'il n'y a parfois pas d'espoir pour les enfants tant que les parents sont en vie ». C'est pour ça que Donald nous dit : famille, soyez seulement suffisamment bonne. N'oubliez pas votre gosse au fond d'une poubelle mais ne le placez pas non plus sur le trône lorsque vous mangez la choucroute en famille.





Ainsi, après avoir calmé le taré avec sa barre au chocolat, ai-je appelé les molosses du coin pour qu'on le vire à nouveau dans la rue à coups de pieds dans le cul. Un peu de paix, bordel !


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La crainte de l'effondrement et autres situ..

Souvent, les gens ont peur. Ils font tout pour éviter de se confronter à des situations qui les terrorisent rien qu’à y penser (et souvent, d’ailleurs, ils ne font jamais rien d’autre que d’y penser). S’ils mettaient autant d’énergie pour les affronter, ces situations imaginaires, ça s’arrangerait peut-être, on ne sait pas. On se demande parfois comment dépasser ces peurs, comment éviter la crainte de l’effondrement. Winnicott a la réponse : en reconnaissant que l’effondrement a déjà eu lieu.





Ça n’a pas eu lieu n’importe comment. La preuve, vous ne vous en souvenez plus. Pas que vous ayez refoulé l’événement, non. Si vous l’aviez refoulé, il resterait quand même là, dans votre petit inconscient puant, et vous seriez simplement névrosé, ce qui n’est pas forcément cool non plus. L’opération relève plutôt de ce genre de forclusion dont parle Lacan: le traumatisme s’est produit mais personne dans la tête n’était là pour le reconnaître, c’est-à-dire que le système psychique n’était pas encore assez mûr pour comprendre vraiment ce qui se passait.





Winnicott en a vu des patients de ce genre-là dans son petit bureau de toubi. Il nous raconte quelques exemples marrants. Il met à jour la psychonévrose, située entre la névrose et la psychose. Les individus qui en sont touchés sont les plus emmerdants à rencontrer. Souvent, ils se dissimulent derrière une surface lisse et donnent l’impression de n’avoir aucun problème. C’est leur faux self qui parle à leur place et le vrai self peut finir par se désagréger totalement derrière cette figure de cire fondue. Pour dégommer cette mascarade, le toubi doit accepter de devenir un peu fou lui aussi et de participer au transfert délirant, seul moyen d’actualiser l’expérience de l’effondrement dans le présent. C’est pour ça qu’on dit que la psychonévrose (l’état-limite) se situe entre psychose et névrose. Ce sont toutes sortes de défenses de type névrotique qui ont été dressées pour juguler le noyau psychotique de l’expérience traumatique vécue originellement sur le mode de l’absence. Sans doute faut-il avoir été soi-même un peu absent toute sa vie pour comprendre ce genre de truc. La psychonévrose, c’est pas la vraie vie. Il faut l’abattre. Il faut permettre au type devant soi, tout bien coincé du cul dans son rôle de mec parfait, de devenir fou, dépressif, manique, obsessionnel, parce que c’est dans ce genre de folie ponctuelle que l’individu peut se montrer véritablement vivant.





« Ce que je désire suggérer c’est que, du point de vue clinique, l’individu qui est réellement en bonne santé est plus proche de la dépression et de la folie que de la psychonévrose. La psychonévrose est ennuyeuse. C’est un soulagement quand l’individu est capable d’être fou et d’être sérieux et de prendre plaisir au soulagement qui est offert par le sens de l’humour et d’être capable pour ainsi dire de flirter avec la psychose ».





La véritable santé, le copain Nietzsche nous en avait déjà causé, ce n’est pas de cette moyenne basse dont nous parlent les instituteurs pour forcer les gamins à faire la ronde sagement alors que tous rêvent de se transformer en satyres et de brûler l’instituteur au centre du cercle. Winnicott nous dit qu’il est important parfois de faire naître l’individu à la haine. Selon lui, c’est l’agressivité qui crée la réalité. En exerçant son agressivité, l’individu prend conscience de la nature de l’objet sur lequel il exerce ses pulsions destructrices. Si l’objet survit à ces assauts (c’est-à-dire, s’il ne fait pas de représailles), alors l’objet peut véritablement exister aux yeux de l’individu et celui-ci peut naître à des relations vivantes avec les autres autour de lui. Avant le véritable amour, la haine. Souvent, cette étape n’a pas pu être franchie avec le premier objet rencontré par l’individu (la figure maternelle, on s’en serait douté), soit qu’elle n’ait jamais été vraiment là, soit qu’elle n’ait pas survécu à l’agression, soit qu’elle se soit montrée trop vulnérable pour que l’enfant ose l’agresser. Il a alors fallu refouler l’envie de la buter, et ça ne se fait jamais au prix d’un vulgaire croissant chaud du dimanche matin.

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La mère suffisamment bonne

Excellent petit ouvrage De Donald Winnicott sur l'importance de la relation primaire de la mère à son nourrisson dans le développement psychique du tout-petit. Ses théories, passionnantes, nous sont présentées avec beaucoup de clarté et d'humanité. On parle beaucoup de la période de la petite enfance, déterminante pour l'être en devenir qu'est le petit enfant, mais il est plus rarement traité, surtout de manière aussi argumentée et scientifique, de cette toute première période de vie, lorsque l'enfant passe progressivement du nourrisson qui "ne fait qu'un" avec sa mère, au petit être humain doué de son propre "self". Je n'hésiterai pas à continuer sur ma lancée Winnicottienne, dont l'approche à la fois médicale (il était pédiatre) et psychanalytique offre une vision fascinante du développement de l'enfant !

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Jeu et réalité

Une petite perle à mettre entre toutes les mains, et surtout entre celles qui ont affaire aux enfants et aux familles. Très abordable et agréable à lire, cet ouvrage reprends les idées ô combien importantes dans le développement de l'enfant autant que dans sa vie d'adulte, d'aire transitionnelle, de créativité et de jeu.

Alliant théorie psychanalytique et études de cas, "Jeu et réalité" est un essai d'une grande richesse qui permet d'éclairer de nombreux aspects de la pensée de Winnicott, et croyez-moi, celle-ci est à découvrir et à redécouvrir! A lire sans hésiter!
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La mère suffisamment bonne

Quand on devient parent on a un milliard de livres qui nous disent comment faire, de gens pour toujours savoir mieux que nous ce qui est bon pour l'enfant. On se sent souvent tiraillés entre les différents sons de cloches, les règles qu'on nous donne. Ce livre à ça de vraiment bon je trouve : il nous en libère. Comment? Tout simplement en nous disant qu'on ne peut qu'être le parent qu'il faut à l'enfant qu'on a, puisque c'est l'interaction qu'on a avec notre enfant qui fait qu'on est le parent qu'on est. Dès lors si 'lont écoute son enfant et qu'on s'écoute on est à peu près sûrs de faire ce qu'il y a de mieux pour son enfant.
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Conseils aux parents

« Conseils aux parents » est un ouvrage théoriques d’un intérêt variable analysant ce qui souvent se traite dans l’instant de manière instinctive par les parents.



Winnicott donne la part belle aux témoignages de ces dames qui se soulagèrent sur les ondes de la BBC en de nombreuses anecdotes certes toujours d’actualité mais plutôt envahissantes à la lecture du livre.



Au final, que retiendra-t-on des analyses du psy des années 60 ? L’importance du rôle des parents dans les premières années de vie de l’enfant et leur portée bien au delà des plus pur aspects nutritifs, la montée progressive de l’intégration des règles/interdits avec l’importance du modèle parental et surtout la nécessité de prendre en compte les facteurs des changements environnementaux auxquels l’enfant est ultra sensible dans la construction du sentiment de confiance et de sécurité.



Compte tenu des années ou ont eu lieu les conférences de Winnicott, ce n’est sans doute déjà pas si mal !
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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La consultation thérapeutique et l'enfant

Même si nombre de ses idées sont aujourd'hui passées dans le savoir commun, c'est toujours un plaisir que de relire le bon D. W. Winnicott, et sur ce thème de la consultation thérapeutique avec l'enfant, il faut dire qu'il est inimitable! Nous présentant une vingtaines de consultations et nous offrant son analyse et ses interprétations, il souligne certains points primordiaux comme l'importance du jeu et du dessin dans le travail avec l'enfant, la manière dont on peut créer au mieux un cadre analytique au sein de la consultation et la nécessité d'un holding dans le transfert.

Qu'on soit un professionnel de l'enfance avide de savoir ou un amateur curieux de découvrir les coulisses d'une séance de thérapie, cet ouvrage pourra toucher chaque public car il est à la fois riche, instructif et très agréable à lire!
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L'enfant et sa famille

Quel plaisir pour une jeune maman que de lire Winnicott ! Avec « L’enfant et sa famille» qui porte sur les premières années de vie de l’enfant, il s’adresse aux mères à la manière d’une conversation informelle avec pour objectif principal de les informer au mieux afin qu’elles ne soient pas angoissées et se sentent libres de se faire confiance et de se fier à leurs instincts dans l’éducation de leurs enfants.



Avec des mots simples et l’air de rien, Winnicott nous offre son regard de psychanalyste sur la maternité et la prime enfance. Pas de grandes théories ici, non, la relation mère-enfant est abordée avec la plus grande simplicité, comme quelque chose de naturel, allant de soi, et qu’il faut juste laisser s’épanouir dans les meilleures conditions possibles.



C’est de manière très originale qu’il donne des informations sur le fonctionnement physiologique et psychologique de l’enfant, car à la différence des guides de puériculture, il ne se borne pas à donner des conseils mais explique en profondeur ce qui se passe dans le corps et la tête d’un tout petit, et à la différence des ouvrages de psychanalyse, qui eux sont profond mais souvent difficilement abordables, il n’évoque pas de théorie abstraite mais reste complètement dans le concret de l’observation et du vécu maternel.



Plus que d’un point de vue de professionnel, il se met tour à tour à la place de la mère et de l’enfant pour expliquer ce qui se joue dans cette relation toute particulière. Ce changement de perspective est très intéressant et souvent touchant aussi. Je ne peux pas le recopier ici mais il faut lire par exemple le passage où il se met à la place d’un bébé et décrit toutes les étapes du moment où il voit un objet à celui où il le porte enfin à sa bouche. Drôle et brillant !



Très agréable à lire, instructif, touchant et rassurant, je conseille vivement « L’enfant et sa famille » à toutes les jeunes mamans et à tous ceux que la prime enfance et les premières relations de l’enfant à sa famille intéressent. Il me faut ajouter un seul petit bémol : si j’ai trouvé la première partie du livre, portant sur les relations mère-bébé, absolument géniale, j’ai été moins séduite par la deuxième partie portant sur la famille car certains chapitres sont carrément datés et ne font plus tellement sens aujourd’hui, ou en tous cas pas pour moi (je pense notamment à ceux qui mentionnent la mère comme femme au foyer et reine du logis).
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La capacité d'être seul

Une découverte. J'ai pioché dans une bibliographie de psychologie du développement ce bouquin au titre assez inspirant. D'abord séduit par l'idée que la capacité d'être seul est un aboutissement, un signe important de la maturité affective, j'ai un peu tiré la langue en découvrant qu'évidemment la bonne Mére, ô bonneeee mère, allez occuper une place centrale dans cette histoire. Car l'expérience de la solitude et la capacité d'être seul se développent à partir du moment où le nourrisson arrive à être seul... avec sa mère. Et oui les amis, on ne peut être seul qu'avec un autre et cet autre, c'est la mère ou un substitut maternel. L'idée (malheureusement) se tient. On pourra par la suite être vraiment seul (notamment pour pouvoir se branler si j'ai bien compris). Dans le second article (de la communication et de la non communication), Winnicott développe l'idée que la santé mentale dépend du respect du noyau central du self qui est par nature seul et silencieux, impénétrable et doit le rester. Bon je dis impénétrable mais je dis ça comme ça, laissez ma mère en dehors de cette histoire.



Bref, une première rencontre avec Winnicott assez intéressante bien que le type soit carrément malpoli. Il me parle de ma mère et de branlette alors qu'on ne se connaît pas. Je trouve ça limite limite.
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Jeu et réalité

Excellent recueil d'articles.

Winnicott part de sa clinique pour présenter sa conception de l'appareil psychique. Il présente également les incidences de ses élaborations sur le cadre thérapeutique qu'il met en place.

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La capacité d'être seul

Cet ouvrage est très beau et constitue un pilier dans la psychanalyse. Winnicott a fait un grand nombre de découvertes, et celle-ci est l'une de celles à laquelle reviennent souvent les psychologues et psychanalystes. On a cela en tête en recevant les patients, en les accompagnant, en les prenant psychiquement dans nos bras (holding).
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Les objets transitionnels

Les objets transitionnels et les phénomènes transitionnels ou comment l'enfant gère l'angoisse d'un environnement familial défaillant voire absent. C'est une bonne approche pour tenter de comprendre les psychoses infantiles et les psychoses de l'adulte, surtout les délires chroniques quand le sujet souffrant ne distingue pas le réel du monde extérieur et l'imaginaire du monde intérieur mental qu'il se crée. Ce serait parce qu'il n'a jamais pu s'approprier un objet ou un phénomène qui représentent sa mère pour calmer son angoisse, qu'il aurait donc été empêché de développer son imaginaire lui permettant de distinguer l'intérieur de l'extérieur.

L'objet transitionnel, un objet qui appartient aux deux mondes. Idées intéressantes
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La mère suffisamment bonne

Livre exemplaire à mettre entre les mains de toutes les futures mamans afin de se tranquilliser sur le fantasme de la bonne mère et pour éviter de courir après l’inatteignable en oubliant conséquemment d’être à soi et dans la relation mère enfant en toute authenticité et responsabilité. Je suis et reste une inconditionnelle de cet auteur
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La relation parent-nourrisson

Cet ouvrage relativement bref est constitué de trois articles écraits par D.W. Winnicott sur la relation bébé-mère, et sur le développement psychologique du bébé au cours de ses tous premiers mois de vie. Y sont abordés trois thématiques principales : "Le développement affectif primaire", "Psychose et soins maternels", et "La théorie de la relation parent-nourrisson".

J'ai apprécié cette lecture, relativement facile d'accès pour les novices, qui permet de mieux appréhender le développement psychologique du tout petit. On y apprend qu'il s'agit d'une période cruciale, qui peut conditionner le petit enfant en devenir à éventuellement développer différents types de problèmes psychologiques, s'il ne la traverse pas dans des conditions sécures et saines.

Une bonne première approche du travail du psychanalyste anglais Winnicott, avant d'avant d'aborder son célèbre ouvrage "La Mère suffisamment bonne".
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La mère suffisamment bonne

C'est plus en tant que mère qu'analyste que j'ai abordé ce petit ouvrage. Mais attention, sa petite taille comme son contenu sont trompeurs. Sans notion de psychologie (comme le fait de connaître les topiques freudiennes...) il est difficile de se saisir de ce corps dense.
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