Citations de Edgar Morin (954)
C'est toujours ce qui éclaire qui demeure dans l'ombre.
L'Ouest demeurait informe. Son artère principale, le Kurfürstendamm, exhalait la décomposition. Les prostituées faisaient le trottoir, du néon s'accrochait aux ruines, indiquant boîtes et cabarets.
J'y voyais non seulement la corruption du capitalisme, mais aussi son impuissance à résoudre les problèmes de reconstruction, alors que les premiers labeurs fourmiliers de l'Est m'apportaient la preuve tangible de l'aptitude du socialisme à édifier un nouveau monde.
C'est plus tard que l'Ouest commença sa reconstruction, et avec une vélocité extraordinaire. Tandis qu'inversement à l'Est tout se ralentissait, se sclérosait, se durcissait.
1946, p. 40
L'homme cache sa mort comme il cache son sexe, comme il cache ses excréments. Il se présente bien boutonné, semblant ignorer toutes souillures. On dirait un ange. Il fait l'ange pour refuser la bête. Il a honte de son espèce : elle lui est obscène.
Il faudrait aussi savoir méditer et réfléchir afin de ne pas subir cette pluis d’informations nous tombant sur la tête, chassée elle-même par la pluie du lendemain et ainsi sans trêve, ce qui ne nous permet pas de méditer sur l'événement présenté jour après jour, ne nous permet pas de la contextualiser et de le situer.
L'individualisme possède une face illuminée et claire : ce sont les libertés, les autonomies, la responsabilité. Mais il possède une face sombre, dont l'ombre s'accroît chez nous : l'atomisation, la solitude, l'angoisse.
Le baiser sur la bouche, que l'occident a popularisé et mondialisé, concentre et concrétise la rencontre inouïe de toutes les puissances biologiques, érotiques, mythologiques de la bouche. D'un côté , le baiser qui est un analogon de l'union physique, de l'autre, la fusion de deux souffles qui est une fusion des âmes.
"[...] il faut coperniciser la mort." p. 96
L'aptitude au bonheur, c'est l'aptitude au malheur.
L'individualisme possède une face illuminée et claire : ce sont les libertés, les autonomies, la responsabilité. Mais il possède une face sombre, dont l'ombre s'accroît chez nous : l'atomisation, la solitude, l'angoisse.
Homo est aussi demens : il manifeste une affectivité extrême, convulsive, avec passions, colères, cris, changements brutaux d'humeur ; il porte en lui une source permanente de délire.
Le hasard est enfant de chaos demeuré dans le cosmos.
p. 54
Seule une pleine conscience, une grande sensibilité nous permettent de savoir que la vie est merveilleuse et horrible.
p. 99
La connaissance devenue problématique rend la réalité elle-même problématique, qui rend tout autant problématique l'esprit producteur de la connaissance, lequel rend aujourd'hui énigmatique le cerveau producteur de l'esprit. (...) Autrement dit, tout ce qui élucide devient obscur sans cesser d'élucider. p.10
Chacun contient en lui des galaxies de rêves, des élans inassouvis de désirs et d'amours
l'Europe, comme toute notion importante, se définit non par ses frontières, qui sont floues et changeantes, mais par ce qui l'organise et produit son originalité.
Qu'est-ce que l'amour? C'est le comble de l'union de la folie et de la sagesse.
Nous vivons à la surface de nous-mêmes. Nous sommes possédés par des forces obscures, nos Daimon intérieurs et extérieurs à nous. Nous sommes possédés par les mythes, les dieux, les idées. Nous sommes des manipulants manipulés, nous sommes possédés par ce que nous possédons, vivre est comme une ivresse et comme un somnambulisme.
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Répétons les mots d'Héraclite : "Eveillés nous dormons".
La finalité apparemment dépourvue de sens - « vivre pour vivre » - comporte la possibilité de faire le choix de vivre poétiquement.
Nous faisons alterner nos vie entre pression et dépression, un mot banalisé, galvaudé et profond.
Nous sommes machines, mais machines non triviales.
Machines non triviales : car l'imprévu, l'inattendu, la folie, l'invention peuvent sortir de nous.