AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Edmond Baudoin (311)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les Rêveurs lunaires : Quatre génies qui ont ch..

Merci à Babelio et à l'Opération Masse Critique pour m'avoir offert ce superbe ouvrage !



Ce livre présente quatre personnages historiques ayant joué un rôle important dans la seconde guerre mondiale, le plus souvent scientifiques : Werner Heisenberg, responsable du programme atomique allemand, Alan Turing, qui a décrypté les codes allemands, Leo Szilard, qui a découvert la réaction en chaîne, et Hugh Dowding, organisateur de la Bataille du ciel en Angleterre.

Elle prend le personnage à un moment-clé de sa vie - à l'explosion de la première bombe, au suicide de Turing, au traitement expérimental du cancer de Szilard, au film tourné sur la vie de Dowding - et les fait méditer sur leur vie, leurs idéaux, leur science, leur rôle.



Le tout est très bien documenté. Certains choix sur leurs pensées sont parfois subjectifs, mais une postface de Cedric Villani explique les choix de façon très intéressante ; c'est elle qui a valu au livre, pour moi, sa cinquième étoile.

Cela m'a rendu tous ces gens sympathiques et humains, et j'aurais pu en être méfiante, si je ne savais par la biographie de Turing que au moins dans un des quatre cas rien n'est biaisé. C'est donc dû au choix du sujet, pas seulement à la narration.



J'ai trouvé ce livre un peu difficile d'accès, mais pas négativement. Je l'ai lu lentement, peu à peu. La science est simplifiée mais reste un peu ardue.



Les dessins de Baudoin sont très intéressants, avec des images qui répondent au texte sans le répéter. On peut ne pas apprécier le trait - personnellement, ce n'est pas mon préféré - mais c'est bien fait, et je suis impressionnée par la façon dont les styles de dessins sont subtilement différents les un des autres, pour les quatre personnages présentés comme pour les dialogues entre Baudouin et Cedric Villani qui ponctuent le livre. Par exemple, les pages sur Turing sont tout en aplats, celles de Szilard en hachures nerveuses.



Je ne pense pas que ce livre plaira à tout le monde. Il a un côté, comme je disais, difficile. Mais si vous aimez soit le dessinateur soit l'auteur, si vous aimez la science ou l'histoire de la seconde guerre mondiale ou les livres qui font réfléchir, tentez le coup !

Commenter  J’apprécie          90
L'Arleri

Un vieil homme peint une très jolie jeune fille qui pose nue devant lui. Un dialogue s’instaure entre le peintre et son modèle :



- Elle : Vous êtes vieux.

- Elle : Quel âge avez-vous ?

- Elle : A quoi vous pensez ?

- Lui : Tu me fais penser à ma mère.

- Elle : Votre… ?



Leur conversation les conduit inéluctablement vers les souvenirs du vieil homme, ses premiers amours, sa façon de voir la vie, d’envisager les relations avec les femmes. Le vieil homme dit qu’il a passé sa vie à tenter de « mesurer la distance qui sépare l’homme de la femme ». Tout deux vont cheminer par un habile jeu de questions / réponses vers une approche de ce qui parfois ressemble à un fossé ou peu paraître tout aussi imprécis.



Edmond Baudoin joue avec ses personnages et entraîne ses lecteurs dans une valse colorée et chatoyante. Il dévoile l'intimité de chacun d'entre eux, comme il aime aussi se dévoiler lui-même, mais toujours avec pudeur, sensibilité, tendresse et intelligence, nous invitant ainsi à sonder notre propre intimité, à sonder nos secrets, à chercher nos propres réponses.

Son dessin accompagne merveilleusement les tâtonnements du peintre et de l’auteur, leurs découvertes communes de la sensualité, révélant la beauté des femmes, leur complexité et leur ambivalence. Une maîtrise parfaite de la couleur, des richesses chromatiques, font de ce maître du Noir et Blanc, un artiste joyeux, heureux de ses dessins, de sa peinture. L’arleri devient une nouvelle œuvre intimiste, qui donne à Edmond Baudoin l’occasion de continuer à questionner ses racines, fussent-elles familiales, intellectuelles, culturelles ou artistiques. L’homme, l'artiste, aime à se confondre avec ses personnages de fiction, jusqu’à devenir lui même jeune, vieux, homme, femme, peintre, modèle. La diversité des points de vue offre une illustration complète de l’humain dans toute sa complexité. L’amour, l’amitié, la rencontre entre deux êtres est le carburant de son œuvre créatrice… et de sa vie toute entière.



Merci monsieur Baudoin, pour le plaisir que vous partagez si chaleureusement.
Lien : http://legenepietlargousier...
Commenter  J’apprécie          90
Le premier voyage

Manifeste poétique…



À Nice, un homme décide de faire le travail buissonnier, une journée à errer dans les rues, au hasard des rencontres… Un récit étrange et hypnotisant, servi par un coup de pinceau vif et débordant de vie, d’énergie. Edmond Baudoin représente le haut de la tête de son personnage ouvert, s'enchaînant sur ce qui se passe au dessus de lui, les oiseaux semblent sortir de son crâne, les arbres et les architectures sont la continuité du personnage, qui ne fait plus qu’un avec la ville, avec la nature, et le bruit d’arrière plan semble étouffé, l’activité de la ville se perd dans une frénésie inutile et vaine.



Le premier voyage, c’est un rêve éveillé, c’est une ode à la liberté, à l’inutile et au futile, un manifeste poétique, une merveille…
Commenter  J’apprécie          80
Le Chingom

Baudoin et Philippe Chartron

nous offrent un livre pour enfants.

Les magnifiques illustrations de Baudoin

en double-page, grand format

claquent dans des variantes de bleu.

L'histoire d'une petite fille, après la guerre

en vacances chez sa grand-mère

dans la Provence..

Elle a droit à un chingom par jour

avec deux impératifs :

Le garder toute la journée

Ne surtout pas l'avaler.

Et puis un jour...elle l'avale!

C'est un joli texte, plein de tendresse

qui accompagne cette enfant

dans cette terrible aventure.







Commenter  J’apprécie          80
Nam

Je découvre la collection

"patte de mouche" de l'Association .

Un minuscule livret d'une dizaine de pages

où Baudoin nous plonge dans son univers.

De l'humanisme à tous les étages !

Il entremêle l'histoire de Michel SDF

et d'une aïeule xxl de Nelson Mandela

La cruauté, la mémoire, la douleur..

les destinées aux ailes brisées

celles qui réussissent à s'envoler..

à changer le monde!



Commenter  J’apprécie          80
Journal du voleur

Journal du Voleur, publié par @editionsfolio , est un livre partiellement autobiographique de Jean Genet. L’auteur y décrit sa vie d’errance et de misère, entre les vols dont il devient spécialiste, ses amours avec des hors-la-loi ténébreux ou encore ses péripéties à travers l’Europe. Il porte un regard singulier sur le monde, notamment sur le concept du vol, du mal, des classes sociales, de la hiérarchie, de l’amour et la trahison.



La plume de l’auteur est très belle, et nous transporte totalement dans cet univers déroutant. Sa manière de décrire cette vie ne donne pas un sentiment de crainte, d’angoisse, mais plutôt d’étrangeté, comme s’il s’agissait là d’un monde complètement différent du nôtre. Tout ce qui pourrait nous sembler sombre et sinistre est sublimé par l’auteur, créant un contraste entre un langage brut et des envolées lyriques touchant parfois au domaine du mystique.



Bien que je n’ai pas adhéré à toutes les réflexions traitées, et ai trouvé que le livre avait quelques longueurs, je garde un bon souvenir de lecture, celui de la vie d’un voleur racontée de manière talentueuse et poétique.


Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          80
Les enfants de Sitting Bull

Baudouin nous raconte la vie aventureuse de son grand-père, né en 1963 dans l'arrière-pays niçois. Parti jeune sur un bateau, il a traversé le monde pour se retrouver aux Etats-Unis à l’époque de Buffalo Bill et de Sitting Bull. Baudouin utilise des graphismes différents, parfois au crayon, parfois en aquarelle, ou agrémentés de photos, le trait est brut, façon carnet de voyages et prises de notes sur le vif, ce qui nous immerge parfaitement dans la vie de Felix. Cette bande dessinée oscille entre la fascination pour ce personnage et point de vue critique sur la situation des indiens, sur cette colonisation violente. Dans la seconde partie de la bande dessinée nous quittons ce grand-père pour revenir plus profondément sur ce problème. La balance entre fascination et indignation est subtilement présentée, mais le lien entre les deux parties est un peu trop brusque, j’ai eu l’impression de lire deux bandes dessinées différentes, et la seconde partie en 25 pages est un peu brève pour soulever un aussi vaste sujet. Hormis ce petit défaut, Baudouin parvient avec son graphisme fort et poétique à émouvoir et émerveiller, le mélange des styles rythme son récit, certaines illustrations suffisent à elles même pour raconter un histoire entière, c’est beau et puissant.
Commenter  J’apprécie          80
Le marchand d'éponges

Après avoir baladé toute la journée à travers la ville son caddie rempli d'éponges, le SDF s'affale sur une bouche de métro pour profiter d'un peu de chaleur pendant la nuit. Un taxi s'arrête. Une femme en fourrure blanche en sort. Quelques instants plus tard, un homme jaillit d'une voiture et tire sur elle.

Si j'aime beaucoup la bande dessinée, j'avoue que je ne connaissais pas du tout Edmond Baudouin, « célèbre dessinateur, scénariste et illustrateur », si j'en crois la quatrième de couverture du petit volume qu'on m'a prêté.

En revanche, j'ai lu quelques romans de Fred Vargas et son commissaire Adamsberg est un de mes personnages préférés. Je ne savais pas qu'il apparaissait aussi dans des nouvelles. Ce « Marchand d'éponges » est l'adaptation de « 5 francs pièce » paru dans le recueil « Coule la Seine ».

A la fin du volume, Edmond Baudouin explique qu'il n'est pas habitué à représenter des paysages urbains. Ce travail lui pose des problèmes : « Comment "dire" les toits, la banlieue, les rues ? » faire entendre les bruits : motos, voitures, métro, « peindre la solitude ». Il me semble qu'il les a brillamment résolus. La première chose qui m'a frappée dans cette lecture, c'est l'atmosphère, rendue par des traits parfois nerveux, parfois lourds, épais, à l'encre de Chine. Et puis, c'est justement la solitude. Le personnage central est un SDF. Il n'a même pas de véritable nom. Abandonné à l'assistance publique à la Toussaint alors qu'il était bébé, il a perdu jusqu'à son prénom. Sa mère l'avait noté dans un registre, mais, en posant sur la feuille sa tasse de café, l'employé l'a partiellement effacé. Ainsi, il est devenu Toussaint Pi. Après une dégringolade le long de l'échelle sociale, il se retrouve à sillonner les rues de la ville avec un caddie chargé d'éponges qu'il essaie de vendre. Une vignette représente son rêve, alors qu'il erre entre conscience et sommeil. Monté sur un âne, il galope dans les nuages, jetant l'argent par poignées. C'est vrai : « un euro par éponge vendue, total 9732 euros », car il a découvert ces articles dans un hangar abandonné de Charenton, la cité des fous. Parce que son rêve est celui d'un fou ? Un fou qui voit son caddie comme un baudet qu'il nomme Martin et sur lequel il veille comme s'il s'agissait bel et bien d'un animal de chair et de sang.

Sa solitude, c'est aussi celle d'un être que la misère dépouille de son humanité. A tel point qu'on le prend pour un tas de hardes abandonnées dans un coin. Mais cette misère est aussi sa chance. La belle femme en fourrure blanche ne baisse même pas l’œil sur lui. Elle l'a contourné comme un tas d'ordures. Mais l'assassin non plus ne l'a pas remarqué. Pourtant, ce tas de chiffons pourrait bien l'envoyer en prison.

Une seule personne va lui redonner sa dignité. C'est Adamsberg qui ordonne qu'on l'escorte à pied jusqu'au commissariat, parce qu'il ne veut pas abandonner Martin. Il fait garer le chariot entre deux voitures et le fait surveiller comme un véhicule important. Il ne se permet pas de tutoyer Pi, il s'intéresse à son nom, à son « métier », à sa manie des chiffres. Il pense qu'une vie en vaut une autre, qu'on soit vêtu de haillons ou de fourrure. Il refuse de céder aux ordres de cet envoyé du ministère, pressé, pour qui seules deux voies sont possibles : la force ou la corruption.

J'ai aimé la justesse de certaines observations, telles que : « son foutu chariot de supermarché n'était pas un instrument de précision. Il fallait toute la force des poignets pour le maintenir dans le droit chemin. C'était buté comme un âne, ça roulait de travers, ça résistait », l'humour : « Vaut peut-être mieux avoir 9732 éponges sur le dos que trois balles dans le corps », les explications de Pi sur les circonférences, celle d'un bouton ou du cœur jaune d'une pâquerette. Et, à ce moment, les publicités du métro sont remplacées par des affiches évoquant des problèmes mathématiques. J'ai aimé la déambulation d'Adamsberg seul dans la nuit, le long de la Seine. J'ai aimé la suggestion qu'il fait à Pi pour écouler sa marchandise. Oui, j'ai tout aimé. Bien plus que cela, cette histoire, je l'ai adorée.
Commenter  J’apprécie          85
Les enfants de Sitting Bull

L'auteur sait bien qu'il a parfaitement retranscrit le témoignage de son grand-père Félix, un récit d'aventure romanesque aux États-Unis à l'époque du far West et de Buffalo Bill.

On est déjà impressionné par cette histoire et l'album pourrait s'arrêter là, mais dès le départ, il y a un problème : « Félix ne disait pas que Buffalo Bill était un boucher payé par les États-Unis pour affamer les indiens ».

Alors il faut comprendre que lorsque le Buffalo Bill Wild West show passe à Nice en 1906, ça ne fait pas rêver l'auteur, même pas le fait que Buffalo Bill lui-même y ait accueilli son grand-père venu en ami pour assister au spectacle.

De toute façon, pour Félix, ses petits-enfants n'existaient pas.

En fait on voudrait que le spectacle s'arrête et entendre à la place la réalité du massacre des indiens, du viol des indiennes, ou ne serait-ce qu'un brin d'humanité.

Puisqu'on ne refait pas l'histoire, l'auteur veut entreprendre une relation avec ce qui reste des communautés indiennes du côté d'Ottawa à travers la culture et peut-être la Bd. Après 4 années il tourne lui-aussi la page.

Quand je pense que j'ai dû assister moi-même au Buffalo Wild West Show !

Ca se passait dans le cadre d'un séminaire d'entreprise où j'avais déjà été sidéré par la violence verbale des dirigeants. le soir nous étions convié à cette sinistre farce à Disney Land.
Commenter  J’apprécie          80
Piero

L'auteur a un frère dont il a toujours été très proche. Ces deux-là se passionnent très tôt pour le dessin et ne cessent de créer à coup de crayon des mondes imaginaires...



Une très belle bande dessinée sur le lien très fort pouvant exister entre deux frères mais aussi sur le dessin et son pouvoir d'imagination.
Commenter  J’apprécie          80
Piero

Dans la famille Baudouin, je demande le frère cadet, Pierre dit Piero.

Le frère ainé d'un an et demi, Edmond dit Momon.

Prenez ces deux personnages dans les années 1950, dans un petit village près de Nice, et donnez leur le don du dessin ...

Tous les deux atteints d'une coqueluche, ils n'iront pas en école maternelle, auront quelques difficultés en primaire, jusqu'à l'entrée du lycée. Mais ils ont découvert le pouvoir du dessin sur leurs camarades … L'un entraînant l'autre, l'autre remplaçant l'un ...



Bienvenue dans une lecture autobiographique très tendre. Le récit de deux frères, une relation étroite, la passion commune pour le dessin.



Lecture petit format pour un grand moment de sensibilité. Le noir et blanc de Baudoin est talentueux, expressif et touchant.



Avec Piero, c'est entrer dans le parcours, leur histoire, la connaissance de l'auteur, respectueusement, tel un apprentissage d'une autre vie, je partage !



Retour sur son enfance, grandir, faire face aux autres, avec ses différences ... dessiner et ainsi donner libre cours à son imagination, pour une vie presque ordinaire.



Un lien fraternel, le goût du rêve, un banc d'école, le prof de sport, les premiers amours, l'accident de voiture, les choix professionnels, le temps qui passe, tout est là, dans ce temps de lecture avec Piero ... tout pour se retrouver !



Une ballade où deux frères grandissent et dont le dessin sert de refrain. C'est chouette !


Lien : http://alamagie-des-yeux-dol..
Commenter  J’apprécie          80
Au pied des étoiles

Une rencontre entre 3 hommes : Jose Olivares, professeur de physique, idéaliste, Emmanuel Lepage et Edouard Baudoin, dessinateurs de BD. L'idée de José les avait séduit : participer à un voyage vers le désert d'Atacama au Chili avec quelques élèves de José pour voir les étoiles. Sauf que nous sommes en 2020, le voyage est prévu dans l'année et devra être reporté plusieurs fois à cause de la pandémie. Emmanuel tombera malade. Le premier voyage n'ira pas jusqu'au désert, le second se fera sans Edouard, en famille en France. Alors par petit bout, nos 3 compères vont se rencontrer, vont discuter, vont visiter le Chili, revisiter son histoire mouvementée au travers la vie de José, qui a vécu la dictature avant l'exil en France mais dont une partie de la famille est restée. Parfois contrainte, parfois pro gouvernementale. En paralléle Edouard et Emmanuel revivent leur propre histoire commune car cela fait des années qu'ils se côtoient, ont une relation de maitre à élève puis se fâchent à cause d'une femme, se retrouvent. Et enfin il y a les jeunes gens, les élèves de José. Différents de leurs ainés, sensibles, qui vivent leur jeunesse différemment, qui se posent des questions autres. Leurs conversations qui se croisent font le sel de ce one shot, touffu qui alternent les dessins d'Edouard, épais, symboliques par moment et ceux d'Emmanuel, fin, précis et détaillés/

Un one shot exceptionnel sur un groupe d'hommes matures et de jeunes gens, qui parle d'un pays, le Chili, des étoiles, et de leurs vies. Et ce mélange qui alternent le je des écrivains, le je du professeur et celui des éléves est singulier, un objet surprenant toujours, qui parle de la transmission, de la beauté d'échanger tout le temps sur tout, la richesse de la parole. Parfois un peu chaotique comme les dessins d'Edouard, parfois d'une fluidité maitrisée comme ceux d'Emmanuel. Un livre à part, qui peut ne pas plaire, mais qui ne laisse pas indifférent. Un vrai coup de coeur!
Commenter  J’apprécie          70
Un Rubis sur les lèvres (Hic et nunc)

Le démarrage, avec l’aspect politique radical, avec une référence au mouvement anarchiste violent “Action directe” n’est pas très digeste, daté années 70/80, avec une présentation d’article de presse découpés, c’est assez fouillis, il n’a pas été évident de me lancer dans cette histoire. La suite est bien plus belle et élégante. La fuite de Simon et Marc en direction de la frontière italienne, un récit sous tension, une histoire d’amitié, de sacrifice et de montagne absolument troublante, une tragédie de noir et de blanc, transcendée par les coups de pinceau énergiques, volontaires et péremptoire. Edmond Baudoin, c’est une agression du papier blanc pour en faire ressortir toute les tensions, les forces, c'est la révélation d’une dramaturgie à chaque coup de pinceau.
Commenter  J’apprécie          70
Un Flip Coca !

J’avoue que cette bande dessinée d’Edmond Baudoin m’a un peu déconcerté, il n’y a pas vraiment d’intrigue, c’est assez décousu, tout cela semble une improvisation, une tranche de vie désarticulée, un couple d’artistes, à Nice, il se croisent et essaient d’élever leur enfant, il revient de Paris et elle part pour Naples, elle est danseuse et part là-bas pour une création. Des rencontres, de la sensualité, c’est une succession de scènes qui se déroulent autour d’eux, des moments de grâce côtoient les moments sordides, ou les plus ordinaires. J’ai eu un peu plus de mal à entrer dans cette histoire, pourtant elle nous réserve quelques petits bijoux à dénicher entre les pages. Les quelques passages de danse sont traité avec vivacité, mouvement, le pinceau d’Edmond Baudoin semble participer à la chorégraphie, agressif et léger à la fois, j’ai si souvent été déçu du traitement de la danse en bande dessinée que je ne peux qu’applaudir au Flip coca.



Un peu trop impromptu, mais le talent d’observateur d’Edmond Baudoin nous offre des moments d’extase.
Commenter  J’apprécie          70
Humains, la Roya est un fleuve

J’ai beaucoup aimé cette bd qui explique le parcours difficiles des migrants ayant fui les atrocités de leur pays, et l’aide que leur fournissent des bénévoles qui suivent ce que leur dictent leur cœur et leur conscience. J’ai trouvé cet ouvrage magnifique car il questionne le lecteur sur son propre engagement quant à cette question. Il est beaucoup question de morale intérieure et d’humanité dans cette bd. Pour ma part, j’ai repensé aux Justes de la deuxième guerre mondiale. On s’est tous demandés un jour ou l’autre ce qu’on aurait fait à cette époque. Et on espère se dire qu’on aurait résisté, parce que c’est toujours plus valorisant pour l'ego de le penser. Mais honnêtement, combien d’entre nous tendent réellement la main à ces réfugiés aujourd’hui? N’a t-on pas tendance à détourner les yeux, en s’agrippant fermement à notre confort et notre chance de vivre dans un pays en paix? C’est de cela que parle cette bd. Elle engage la réflexion et quelle que soit la réponse qu’on y donne, elle vient titiller nos consciences. C’est donc très réussi. A noter aussi les superbes planches avec tous ces magnifiques portraits. Je la recommande vivement.
Commenter  J’apprécie          70
Les Rêveurs lunaires : Quatre génies qui ont ch..

L’ouvrage s’ouvre sur une rencontre : celle de Cédric Villani et d’Edmond Baudoin. Les deux hommes font connaissance, Cédric Villani – mathématicien, directeur d’Institut et professeur d’Université – parle de son enfance et la discussion glisse peu à peu sur leurs activités professionnelles respectives. Villani confie son envie de réaliser une bande dessinée avec Edmond Baudoin, ce dernier est flatté et ils en viennent immanquablement à parler de leur rapport à l’écriture, à la construction d’un ouvrage, de leur collaboration à venir sur le projet des « Rêveurs lunaires » et de construire sous nos yeux la trame de ce que sera ce livre… celui que nous tenons maintenant en mains.



« Dans ce récit, nous allons rencontrer quelques-uns de ces héros dont l’histoire parle si peu. Leur pouvoir individuel, démultiplié par l’action collective, a fait basculer ou aurait pu faire basculer le destin de la guerre. Pourtant, leur rôle n’est pas dit dans les cours d’histoire, leur action est connue seulement des initiés. Le monde peut tourner sans eux. Mais ils ont encore un dernier combat à mener. Le dernier combat d’après la guerre, le Ragnarök des dieux nordiques. Celui d’avec leur conscience ».



Cet album est découpé en quatre grandes parties et aborde tour à tour Werner Heinsenberg (Prix Nobel et créateur de la mécanique quantique), Alan Mathison Turing (père de l’informatique moderne), Léo Szilard (physicien) et Hugh Dowding (militaire).



Tour à tour donc, le temps d’un chapitre, les auteurs (essentiellement Villani qui dirige la narration) donnent la parole à ces quatre grandes figures de l’Histoire. Cédric Villani va même jusqu’à se fondre totalement dans ces hommes puisque ce sont eux qui – sous le contrôle de Cédric Villani – vont prendre la parole et raconter leur parcours.



Le travail au pinceau réalisé par Edmond Baudoin montre les tourments qui ont traversé ces hommes. En même temps, il permet au lecteur de comprendre l’euphorie et l’excitation qui leur a permis de se vouer corps et âme à leurs recherches scientifiques (Heinsenberg, Turing, Szilard) et à leur combat (Dowding). Le dessin est à la fois fluide et imposant.



Malheureusement cela ne suffit pas. On est face à des monologues souvent égocentriques et pompeux. Et même si ces témoignages mettent en lumière certains événements historiques, même si – quelle que soit la tournure du récit – nous mesurons l’impact qu’ont eu leurs interventions respectives… même… le lecteur se frotte à un récit des plus ennuyeux. Et si habituellement les passionnés savent captiver leur auditoire, ce n’est pas le cas de Cédric Villani qui nous fait une démonstration des plus magistrales de ses connaissances. Certains passages sur l’enfance de ces idoles, certaines facettes de leur vie (je pense notamment à l’homosexualité de Turing)… la présence de tous ces longs monologues durant lesquels les principaux intéressés font mine de raconter leur vie en saupoudrant le tout de quelques confidences. Ces passages les rendent souvent pathétiques. Un constat : leur folie les isole.
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
Commenter  J’apprécie          70
Le marchand d'éponges

Une adaptation en BD d'une nouvelle de Fred Vargas que j'ai trouvée très réussie. Plus que l'intrigue policière, c'est le portrait de Pi, ce clochard vendeur d'éponges, et sa rencontre avec le commissaire Adamsberg, qui marquent le récit. Les dessins de Baudoin ne sont pas forcément faciles d'accès, très sombres, ils pourraient paraître peu soignés si on les regarde de (très) loin mais ils sont en réalité fascinants d'expressivité. Les paysages nocturnes parisiens, l'humanité des regards d'Adamsberg et du sourire de Pi me touchent particulièrement.
Commenter  J’apprécie          70
Le marchand d'éponges

« Un meurtre vient troubler le quotidien de Pi, clochard et vendeur d’éponges à ses heures. Interrogé comme témoin, il fait la connaissance d’Adamsberg, un commissaire aux méthodes déroutantes. La vérité sur l’affaire se dévoile peu à peu, en même temps que se dessine le portrait d’un homme brisé par la vie. » Voilà ce que nous dit la quatrième de couverture.







Petit format version Librio, Le Marchand d’éponges est le fruit de l’adaptation d’une nouvelle de Fred Vargas (que vous connaissez de nom ou pour en avoir déjà lu) par l’illustrateur Edmond Baudouin. Il suffit d’ouvrir le roman graphique pour se retrouver propulsé dans l’atmosphère parisienne. La rue parisienne. Gigantesque. Sombre. Solitaire. Surprenante. Inquiétante. La rue, c’est où vivent Pi et son caddie Martin. Pi, c’est un vendeur d'éponges. 1 euros l’éponge. Il en 9 732. Le calcul est rapide. Mais ce soir, à vingt-trois heures, il sait qu’il ne vendra plus une seule éponge. C’est ainsi que commence l’histoire de notre héros moderne. Si le roman graphique traite de la rue et d’un de ses habitants, nous ne sombrons pas dans le triste, la misère, la compassion issue de la bienséance. Pi, c’est un vendeur d’éponges et non un arnaqueur. Il fait ses journées de boulot comme tout le monde tout en ayant conscience de sa condition. Un homme brisé par la vie qui est parvenu à se trouver un but, une raison pour se lever chaque jour. A chaque éponge vendu, il obtient un euro, un regard peut-être et un contact humain … car c’est ce qu’il lui manque le plus : n’être qu’un tas de fringues posé dans la rue … Il souhaiterait exister aux yeux des autres. Juste un instant.



Et puis, il y a ce meurtre dont il est le seul témoin. Car, après tout, qui prête attention au tas de fringues posé dans la rue ? Si personne ne le regarde, lui il a tout vu. Et le commissaire Adamsberg attend bien de tout savoir pour résoudre cette affaire. Le commissaire et Pi se rencontrent et quelque chose se passe. On le sent à la lecture ou en posant notre regard sur les dessins. Quelque chose s’est passé entre ses deux hommes profondément humains. Et, c’est ce qui va nous intéresser : leur interaction et non l’affaire policière qui peut être bouclée en deux bulles.







Edmond Baudouin et ses illustrations servent à merveille la plume de Fred Vargas et nous dévoile un Paris réaliste où l’on peut mourir sur un trottoir face à l’indifférence la plus totale … où l’on peut rencontrer l’incroyable au coin d’une rue … où il y a encore un peu d’humanité. Bref, un roman graphique qui ne laisse pas indifférent.
Commenter  J’apprécie          70
Piero

Vous ne lirez pas le prénom de Baudoin, Edmond, sur la couverture. La raison est belle. Il s'agit de l'histoire de Piero, Baudoin, qui, en passant, a dessiné la jolie couverture.



L'artiste dévoile avec générosité et pudeur une partie de son enfance, qui est aussi celle de son frère, Piero. C'est un hymne à la fraternité, au dessin qui scelle leur lien, à l'innocence des premières fois.



Le trait a la fraîcheur de l'enfance, on sent les bonbons d'antan, on entend le sac de billes, ça frémit, ça pétille, ça palpite d'émotion !



La fragilité de l'existence, l'éternel balancier qui se jouent des frères ou sœurs, le crayon comme bouée de sauvetage, une ode solaire à un frère.
Lien : http://www.audouchoc.com/art..
Commenter  J’apprécie          70
Viva la vida

Octobre 2010, grâce à la bourse culturelle Stendhal, nous voici donc avec Baudouin et Troubs sur un projet d'auteur, un carnet de voyage à quatre mains à Ciudad Juarez, ville du Mexique située au bord de la frontière avec les Etats-Unis, en face d'El Paso...



Après la lecture du roman 2666 de Roberto Bolaño, Edmond Baudoin est frappé par l’importance donnée à Ciudad Juárez comme une ville des plus dangereuse au monde !



Depuis près de quinze ans, des meurtres de femme horribles s’y multiplient, tandis que sévit également la guerre entre les cartels de la drogue et que la police, corrompue, ne choisit pas toujours son camp...



Un road trip à travers des paysages désertiques, des restaurants d’autoroutes miteux, mais aussi ponctué de belles rencontre.



Baudouin et Troubs sont partis avec une idée noble dans leurs cartons : donner un visage aux damné(e)s de Ciudad Juárez. Ils dessinent les portraits des habitants qu’ils croisent et leur demandent quel est leur rêve !



De cette démarche candide se dégage, page après page, une étonnante leçon d’espoir.



Au-delà d’un constat alarmant, glauque et sanguinaire, ainsi qu'un tabloïd local qui présente immanquablement la photo de "la" victime de la nuit ... Ciudad Juárez vit bel et bien !!
Lien : http://alamagie-des-yeux-dol..
Commenter  J’apprécie          70




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Edmond Baudoin (1308)Voir plus


{* *}