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Critiques de Erskine Caldwell (152)
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Le bâtard

« Ça n'a jamais été pour mon plaisir que j'ai pu voir des hommes, des femmes et des enfants naître, vivre et mourir dans la misère, l'ignorance et la dégradation. J'ai récolté le coton avec eux ; j'ai partagé leur pain ; j'ai creusé avec eux la tombe de leurs morts. Personne ne peut se considérer comme l'un d'eux à plus juste titre que moi. Mais je n’ai pas aimé du tout voir l’un de ces hommes attaché, fouetté par son propriétaire jusqu’à en perdre connaissance. Je n’ai pas aimé voir un politicard minable qui se faisait passer pour un homme d’affaires dépouiller l’un de ces hommes de son année de travail. Il ne m’a pas plu de voir un contremaître abattre de sang-froid un père de famille qui avait eu le tort de protester contre le viol de sa fille, commis sous ses propres yeux. C’est parce que je n’ai pas aimé toutes ces choses que j’ai voulu montrer que le Sud, non content d’avoir engendré une race d’esclaves, a soudain, ce qui est pire, fait volte-face pour lui lancer une ruade en plein visage. »



Ces quelques lignes de Caldwell furent publiées dans le New York Times en 1936 en réponse aux attaques d’un député de Géorgie. Caldwell a été l’écrivain le plus censuré des États-Unis. Le bâtard est son premier roman. Il a été interdit et saisi dès sa parution en 1929. Si vous ne supportez pas la littérature américaine pleine de violence et de sexualité, vous devez quand même lire Caldwell. Au moins pour comprendre d’où vient cette sauvagerie si typique de nombre de romans nord-américains. Je pensais que cela remontait à la fin des années 30, notamment avec Fante. Mais si Fante a mis un coup de pied dans la fourmilière, Caldwell y avait carrément foutu le feu dix ans plus tôt. L’héritage de Caldwell se retrouve chez D. Ray Pollock, chez Bruce Benderson, Joel Williams, Richard Price, Selby, E.M Williamson, Larry Fondation, Frank Bill, Benjamin Whitmer et tant d’autres. Tous ces gars-là ont lu Caldwell, pas possible autrement. Contemporain de Faulkner et Steinbeck, il ne joue, contrairement à eux, sur aucune intensité dramatique. Il ne cherche pas non plus à transformer le monde à travers la rhétorique. Son propos est celui d’un naturaliste. Des faits, uniquement des faits, sans aucune forme de jugement. Le discours devient forcément dérangeant car lorsque l’inhumanité côtoie le grotesque avec un tel réalisme, le lecteur ne peut qu’être mal à l’aise.



Le bâtard, c’est Gene, né de mère prostituée et de père inconnu. Après avoir pas mal bourlingué, il revient où il a grandi, à Lewisville, bled paumé de Géorgie. Il trouve un boulot à l’usine du coin, séduit quelques filles, s’installe chez un copain, rencontre celle qu’il pense être la femme de sa vie, part avec elle à Philadelphie. Ils ont un enfant, bébé monstrueux couvert de poils aux retards psychomoteurs irrécupérables. Gene finira par le noyer dans une rivière. Entre temps il aura violé une gamine en prison et il aura vu son ami John, patron d’une scierie, couper un ouvrier noir en deux sans motif véritable. Tous les personnages ont des conduites amorales, le bien et le mal semblent ne pas exister. Les choses adviennent, un point c’est tout. Forcément dérangeant…



Soyons honnêtes, l’écriture, sèche comme un coup de trique, n’a rien de transcendant. L’histoire elle-même ne casse pas trois pattes à un canard. Une succession de scénettes sans véritable lien pour lesquelles il est difficile de se passionner. Mais peu importe, l’intérêt est ailleurs. Il faut prendre Le bâtard pour ce qu’il est, à savoir un des romans fondateurs de la littérature américaine pleine de bruit et de fureur qui a caractérisé la seconde partie du 20ème siècle et qui est aujourd’hui encore une marque de fabrique pour nombre d’écrivains US. Pas certain que cela suffise à convaincre beaucoup de lecteurs mais je tenais quand même à vous en parler…
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Le petit Arpent du bon Dieu

Quel plaisir de découvrir près de 50 après sa parution ce célèbre roman qui connut un succès mondial retentissant

L'histoire se passe au fin fond de la Géorgie

Ty Ty Walden est un brave paysan qui cultive un peu mais surtout creuse des trous depuis 15 ans car il est sûr qu'un filon d'or se cache sous son terrain. Ce brave croyant garde toujours un arpent de terre pour le Bon Dieu : tout ce qui s'y trouvera sera destiné à l' Eglise

Il a deux fils Buck et Shaw , des filles Darling Jill et Rosamund , une magnifique belle fille Griselda

Will, le gendre , meneur d'hommes et séducteur, est obsédé par la reprise du travail dans sa filature

Bien sûr, il y a deux travailleurs noirs

Tout ce beau monde n'est pas bien riche, disons franchement à la limite de la faillite

Arrive Pluto, gros bonhomme mais qui veut épouser la fille qui n'en fait qu' à sa tête.Lui se veut homme politique toujours à la poursuite de ses électeurs qu'on ne verra jamais

Leur vient une idée géniale : aller capturer un noir albinos aperçu dans les parages.Car chacun sait que le noir albinos a le don inné de repérer les filons d'or

Et c'est parti pour cette chasse à l'homme loufoque

Erskine Caldwell a le sens de l'humour et aussi une façon très empathique de parler de ces gens tout au bas de l' échelle sociale

Mais il sait aussi glisser de façon implacable de l'humour vers le roman noir

Bien sûr, rien ne se passera comme prévu car les passions humaines existent partout : l'amour , la haine ,la jalousie , Éros et Thanatos

Le brave Ty Ty essaie de calmer tout le monde , patriarche désorienté

Inutile d'en raconter plus

C'est un livre qui n'a pas pris une ride

Partir d'une petite histoire familiale , de vies minuscules pour aboutir à une réflexion sur la nature humaine, c'est du grans art, c'est du génie

Si, comme moi, plus tout jeune, vous êtes passés à côté de ce livre ,dépêchez vous de le lire car, à coup sûr, vous vous en souviendrez
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Le petit Arpent du bon Dieu

Ty Ty Walden possède une ferme de cent arpents au fin fond de la Géorgie, il y vit avec ses deux fils Buck et Shaw, sa fille Darling Jill, sa belle fille Griselda et leur deux employés noirs. Nous sommes au début des années 1930, lors de la Grande Dépression. Son père lui a dit qu’il y avait de l’or sur le domaine avant de le lui transmettre, quinze ans auparavant. Depuis Ty Ty est saisi par la fièvre de l’or et creuse de grands trous dans son terrain à la recherche d’un improbable filon, car il n’a pas compris l’allégorie de son père. Pluto Swint, candidat au poste de shérif très paresseux est amoureux de Darling Jill et tous les prétextes sont bons pour se rendre à la ferme, même si elle aime le faire tourner en bourrique. Il y vient un après-midi pour avertir Ty Ty qu’il a entendu de source sûre qu’un Noir albinos vit dans le marécage près de la ville voisine et chacun sait que les albinos savent trouver à tous les coups les filons d’or. Le vieux paysan décide d’aller attraper l’individu avec ses fils et demande à Pluto d’emmener les filles dans une ville industrielle à deux heures de route afin qu’elles ramènent son autre fille et son mari Will, ouvrier dans une filature en grève. Puisqu’il est sûr désormais de trouver l’or, il faut du monde pour le déterrer. Ce qui avait commencé comme une farce va basculer en drame en quelques jours sous l’effet de la fièvre de l’or, mais surtout du désir suscité par Jill et Griselda, deux trop belles filles.



Caldwell nous offre un voyage chez les paysans et les ouvriers blancs du Sud, qui sont tout en bas de l’échelle sociale et profondément méprisés par leurs compatriotes, ils sont passés complètement à côté du rêve américain, ils sont incultes, naïfs et bigots. L’auteur parle de ces populations défavorisées sans jugement. Ty Ty est à la fois stupide et aveugle, il croit à l’existence de son filon en dépit du bon sens, et ne peut plus nourrir sa famille car il ne cultive rien sur sa terre ravagée. De même il encourage les hommes de son entourage à désirer Griselda et Jill par les compliments crus dont il les arrose sans arrêt. Si Jill est plutôt dévergondée et n’a pas besoin d’être encouragée sur cette voie, Griselda semble plus sage, mais Ty Ty finira par provoquer le drame. Griselda est un personnage ambigu, vertueuse et fidèle en apparence, mais qui se révèlera femme fatale au final. Malgré ses défauts Ty Ty ne veut que le bien de sa famille et rêve que tous soient unis dans l’amour, il est croyant à sa manière. Un de ses fils lui reproche son hypocrisie religieuse et le fait qu’il parle sans cesse de Dieu, mais ne va jamais à l’église et s’arrange pour que son arpent consacré au Seigneur ne rapporte jamais rien et surtout pas de l’or, mais Ty Ty se revendique d’une foi personnelle et son approche n’est pas telle que son fils la ressent. Ty Ty est finalement un personnage touchant, qui se résigne à la fatalité et n’arrive pas à endiguer les catastrophes qu’il a lui-même causé involontairement.



L’écriture de Caldwell est très agréable, il nous fait passer d’un roman amusant avec des personnages presque comiques de par leurs travers au roman noir, vraiment noir. Sa description de Will et des autres ouvriers de la filature, aussi aveugles que Ty Ty dans un autre genre est très intéressante aussi, tout comme le rôle des femmes mi-anges et mi-démons.



J’avais découvert ce livre il y a bien des années et j’ai eu grand plaisir à le relire pour voyager dans l’Amérique d’il y a près d’un siècle, immortalisée par de grands auteurs.
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Les Voies du seigneur

Quand on est un homme de Dieu, plus précisément prédicteur itinérant, et qu'on entend parler de Rocky Comfort, une petite ville dont le péché pourrait être érigé en manière de vivre, on n'a plus qu'une idée en tête : se rendre sur place et remettre tous ces mécréants dans le droit chemin. Et ça tombe bien, on a vaguement un prêcheur dans ce style en la personne de Semon Dye, depuis le temps qu'il parcourt les routes poussiéreuses du Sud profond pour ramener les brebis égarées dans le giron de Dieu, on dirait bien que Rocky Comfort a été crée juste pour lui, une sorte de mise à l'épreuve spirituelle si on veut. Et c'est comme ça que par un après-midi caniculaire, Semon Dye et sa vieille tire rouillée débarquent dans ce petit coin oublié de Dieu qui ferait passer Patpong pour l'antichambre du paradis. En fait de débauche, c'est surtout la grande paresse des habitants qui pave leur route personnelle vers l'enfer. Confiant tout le travail à leurs esclaves noirs, ils se retrouvent noyé dans une oisiveté et un ennui profond dont ils ne sont plus capables de sortir.

Une léthargie tellement manifeste, peut-on espérer porte plus largement ouverte quand on est une grande gueule sûre de soi, écrasant la médiocrité ambiante de son suffisant mépris ? Semon Dye ne s'y est pas trompé et retourner la cervelle atrophiée des gens du cru ne sera pour lui pas plus difficile qu'une partie de dés truqués, une de ses spécialités parmi d'autres, et il n'aura de cesse de dépouiller ces pauvres individus, de coucher avec leurs esclaves et de finalement disparaitre dans la nuit, le faisant – et ça c'est fort – amèrement regretter de ceux à qui il aura laissé à peine une chemise sur le dos.



De son habituel langage rude et truculent, Erskine Caldwell nous dépeint une fois de plus la vie d'une petite ville du Sud des États-Unis, peuplée de "poor whites" pusillanimes, sous-éduqués et pécheurs devant l'Éternel.

Lui-même originaire d'Atlanta, Caldwell sort vite de son rôle de romancier pour endosser le costume de sociologue et nous faire ressentir clairement l'amour-haine qu'il voue à ces pauvres hères imbéciles que sont ses paisanos parce que s'il aimerait les détester de tout son coeur, lui qui a réussi à se sortir de cet enfer surchauffé, ça lui est bien sûr impossible, après tout peut-on vraiment renier les siens ? Caldwell ne le peut ici avec les Voies du Seigneur, comme il en fut incapable dans La Route au Tabac et le Petit Arpent du Bon Dieu. Malgré l'ironie mordante et l'humour noir qu'il insuffle à son roman, finalement il nous raconte ces petites gens qui, s'il dénonce les conditions qui les ont fait tel qu'ils sont, n'en restent pas moins des personnages authentiques qu'il affectionne bien au-delà du tableau parfois féroce qu'il nous en brosse.

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Bagarre de juillet

Andrewjones, Georgie.

Le Sheriff Jefferson Mc Curtain, sa femme Corra, ses adjoints Bert et Jim ; un locataire dans la cellule 3 de la prison : Sam Brinson, un noir accusé d’avoir magouillé dans la revente d’une automobile…

Il fait chaud et le sarclage du coton se termine. A Flowery Branch, une jeune femme, Katy Barlow, la fille d’un riche métayer accuse Sonny Clark, un jeune noir de l’avoir violée. C’est très grave, et la « chasse au nègre » commence…

Et si tout ça n’était que la machination de Narcissa (Cissy) Calhoum, une illuminée écumant les routes du comté pour faire signer une pétition demandant le retour des noirs en Afrique… Et ces foutues élections qui approchent… Voilà bien une affaire qui pourrait compromettre la réélection du Sheriff Mc Curtain : agir ? Partir trois ou quatre jours à la pêche dans les marais de Lord’s Creek comme il le fait d’habitude quand une sombre affaire se présente ? Humm… Et ces foutues élections qui approchent…



Rien de tel qu’un Caldwell pour se plonger dans l’atmosphère du Sud des Etats-Unis au début du XXème siècle. La poussière, la chaleur, les champs de coton, tout y est.

Dans ce « Bagarre de Juillet », publié en 1940, quelques années après les deux romans les plus connus de l’auteur (« La route au tabac », et « Le petit arpent du Bon Dieu), les évènements décrits sont autrement plus graves que dans ces deux-ci : il y aura mort d’homme…

Fidèle à son habitude, Erskine Caldwell ne juge pas, il décrit ; sans complaisance. Et c’est ce qui fait la force de sa prose, épurée, triviale, parfois répétitive jusqu’à l’obsession. Remarquable !

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Le petit Arpent du bon Dieu

litterature des années 1950 sur la condition paysanne

un classique

dialogues crus et histoire simple
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Jenny toute nue

Jenny a un grand coeur et durant toute sa vie de jeune femme n'a pas hésité à le montrer à nombre de Messieurs pour son plaisir et le leur.



En vieillissant elle s'est offert un petit hôtel où elle loue des chambres : à Betty jeune et jolie qui après une déception amoureuse "s'envoie en l'air" un peu avec n'importe qui , puis un homme de très petite taille qui travaille dans les cirques les mois fastes de l'année.



Elle bichonne tout ce petit monde et aimerait bien qu'un homme prenne enfin soin d'elle pour ses vieux jours.



Arrive chez elle un beau jour une jeune femme à la recherche d'un emploi de secrétaire. Mais Lawana n'a pas la peau assez blanche pour habiter ce quartier blanc où le racisme est de mise.



La naïveté et la gentillesse de Jenny ne font pas oublier la cupidité de certains, la lâcheté et le racisme.



Mais Jenny femme au grand coeur le restera jusqu'au bout malgré les menaces.



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Nous les vivants

"Nous les vivants". Vivants ? Comme ces américains des années trente décrits par Caldwell, blancs, "nègres", "sangs-mêlés" selon la terminologie de l'époque, habitants de comtés ruraux paumés ou de la périphérie de petites villes oubliées. Du Maine ou du Vermont, de Géorgie ou de Caroline... Survivants pour certains. Entre récoltes aléatoires et champs incendiés, coca-cola et drug-stores miteux, l'arrière fond est à la crise et aux rapports de domination, hérités d'une société inégalitaire hantée par la violence du racisme. Ces rapports donnent leur tonalité d'ensemble aux vingt-sept récits du volume. Scabreux. Ici ne sévit que l'abus et ce qui en découle : méfiance, crainte, soumission avant que le désespoir ou la folie ne s'en mêlent quand ce n'est pas la mort (subite ou probable). Rien de serein à cette lecture qui fut cependant bonne. Panorama terrifiant de perversions banalisées où le cynisme le dispute à une forme de "candeur" et où seule la nature semblerait capable de régler son compte à la bêtise humaine (« Feux d'herbes sèches » montre assez bien son insondable épaisseur). Adeptes du zen s'abstenir.



Brièveté et grande force évocatrice seraient le fond commun de tous ces récits. Du moins cruel – il y en a peu ("L'invasion des Suédois" fait même rire) –, aux plus insupportables. Brutes épaisses et malpropres en tout genre, noirs exploités, humiliés et spoliés, filles faciles et fragiles, trop vite mariées, filles vendues, fous furieux et abrutis, charlatans se succèdent et se ressemblent à de rares exceptions. Dans un tel tableau la politesse courtoise du narrateur presque sentimental de « La Chambre vide » fait du bien. Si ce sont plutôt des contes, comme le souligne justement M. E. Coindreau dans la préface, alors c'est un fameux pied de nez que Caldwell, excellent narrateur au demeurant, adresse aux fées. Adoptant en effet un style presque « innocent » pour jeter en pâture au lecteur ce qui s'apparente dans presque tous les cas à l'infamie et qui n'est manifestement pas destiné à endormir les enfants. Rien ne finit jamais bien, parfois même tout reste en suspens et c'est peut-être pire, soyez-en sûrs. Une certaine Amérique la main sur le coeur et le doigt sur la gâchette.



Plaisir d'esthète ou de collectionneur pour ceux qui dénicheront, chez un bouquiniste ou dans une librairie plus spécialisée, cette édition cartonnée de Caldwell, Nrf 1948, au beau décor abstrait couleur terre brûlée, signé Mario Prassinos. Le volume rassemble deux recueils de nouvelles : « We are the living » écrit en 1933, l'année de l'interdiction par la censure de God's little acre (Le Petit Arpent du bon dieu) et « Kneel to the rising sun » (Prière au soleil levant) écrit en 1935. Belle préface (1937) aussi, de M. E. Coindreau.

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Un p'tit gars de Géorgie

Un p'tit gars de Géorgie, c'est William Stroup. C'est un bon gars mais son père Morris Stroup a toujours des idées qui peuvent leur faire gagner de l'argent ou d'aider quelque demoiselle en détresse. Il s'appuie quand il peut sur son garçon de ferme, Handsome Brown.

Première fois que je lis Erskine Caldwell, j'ai été un peu surprise du style : l'auteur présente une famille pauvre de Géorgie dans les années 30 à travers une dizaine de petites scènes. Vente de papier ou de ferraille, chèvres sur le toit... Il aborde avec humour des thèmes simples : la vie de famille, l'argent, l'infidélité et tant d'autres. Handsome Brown, le jeune Noir, doit obéir aux ordres de la famille, surtout à ceux du père, Madame Stroup ayant pitié de celui-ci. On n'attend évidemment rien de ce Morris, on plaint ce pauvre Handsome qui doit obéir quoi qu'il arrive à son maître et sa femme qui doit le supporter. On rit jaune à ces évocations grotesques puisqu'on y voit la misère sociale de l'époque et une certaine servilité de l'homme noir. La répétition de ces moments montrent la studipité et la cupidité de l'homme fainéant.

Premier roman d'Erskine Caldwell que je lis très convaincant, je vais sortir le petit arpent du bon dieu par la suite.



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La dernière nuit de l'été

Après du C. BUKOWSKI ,il me fallait un court roman ,plus " soft".

Retour à mes jeunes années où je lisais du Erskine Caldwell.

Récupéré ce petit roman dans ma P.A.L ,lu en peu de temps, ce n'est pas son meilleur ,c'est distrayant.

Comment un patron ,sérieux et fidèle à sa femme ,à cause de la déclaration d'amour de sa secrétaire, un soir,va voir son emploi du temps complètement bouleversé et va passer une nuit très angoissante.

Le patron se nomme Brooks, la bonne quarantaine,marié à une belle femme ,très riche,deux garçons, bref,une vie saine et bien réglée.

Nous sommes au mois d'août,il règne une chaleur torride,un soir,en quittant son bureau,sa secretaire: Roma,24 ans très belle femme aussi ,lui avoue son amour.

Brooks, "tombe des nues",jamais il n'avait envisagé cela.

Il n'a jamais découché,n'a jamais trompé sa femme.

Embarrassé,il appelle cette dernière en prétextant être retenu pour ses affaires.

À partir de là, toute une série d'accidents et de drames vont s'enchainer jusqu'à la tragédie finale.

Malgré un début un peu lent,j'ai trouvé agréable cette lecture .À emporter en vacances et à lire a la plage .⭐⭐⭐⭐



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La route au tabac

Classique de la littérature américaine, « La route au tabac » publié en 1932 nous raconte encore une fois la Grande Dépression. J’imaginais un roman à la Steinbeck mais j’ai vite vu que l’on avait affaire à autre chose. Le ton n’a rien à voir… Chez Caldwell les hommes et les femmes sont amoraux, menteurs, mesquins, racistes, obsédés par le sexe et parfois affublés de malformations physiques. Il raconte la tragédie de la misère par le burlesque et on ne sait plus s’il faut rire ou s’il faut pleurer.



Voici l'histoire des Lesters, la famille la plus pauvre, la plus blanche, la plus trash et la plus libidineuse de la Géorgie. Jeeter, le patriarche, est métayer mais il ne peut plus cultiver ses terres puisque personne ne lui fait crédit pour acheter les graines ou le guano nécessaires. Sa famille survit dans une baraque en ruine. Rien à manger, rien à faire. Ada, sa femme, dépérit à cause de la pellagre ; Ellie May, leur fille de 18 ans, est nympho et a un bec de lièvre ; Dude, leur fils de 16 ans, est simplet et Pearl, la petite sœur âgée de douze ans, est déjà mariée au voisin. Les autres enfants (parce que en tout il y en 12) ce sont fait la malle les uns après les autres et ont coupé les ponts.



Les aventures de ces moins-que-rien du trou du cul de l’Amérique font grincer des dents. Les Lester s'engagent dans des actions toujours plus absurdes. Ils ne sont préoccupés que par la faim, par leurs désirs sexuels et par la peur de descendre un jour à un échelon inférieur de la société (celle des noirs). On rit de leurs pulsions, de leur rapport à la religion mais c’est bien l’indigence qui les a ramené à un état presque primaire baigné d’ignorance et d’égoïsme.



C'est une histoire désagréable, pour sûr. Caldwell se livre à un examen brutal de la déshumanisation par la pauvreté. Il le fait par l’humour, le cocasse, le loufoque, le scandaleux. Ce sont ses armes pour souligner la cruauté de la société. C’est dérangeant et malsain mais ça imprime sa marque et on imagine sans difficulté le tapage provoqué par la sortie de ce roman.



Traduit par Maurice-Edgar Coindreau
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La route au tabac

Merci à Belfond et net galley de m'avoir permis de découvrir La route au tabac de Erskine Caldwell. Ce roman fait partie de la collection Vintage, qui nous permet de découvrir ou redécouvrir des romans oubliés. J'aime beaucoup cette collection, et je suis ravie d'avoir pu découvrir La route au tabac.

Ce n'est pas un roman gai, c'est le moins qu'on puisse dire, mais je l'ai beaucoup apprécié.

Nous sommes dans le sud des Etats-Unis, dans les années 20, où la crise frappe les gens de plein fouet.

J'ai découvert le fermier Jeeter Lester et sa famille : Ada, sa femme, malade ; la grand-mère ; la fille nymphomane au bec de lièvre, sans oublier le fils Dude et la petite sœur âgée de douze ans, déjà mariée au voisin.

Cette Amérique rurale est dépeinte de façon cruelle, c'est dur mais j'ai trouvé ce roman vraiment captivant.

Difficile de dire si je l'ai aimé, il m'a parfois mis mal à l'aise, il m'a parfois dérangé, mais c'est sur que je ne l'oublierait pas de sitôt.

C'est un bon roman, et je vais lui mettre quatre étoiles.
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Un p'tit gars de Géorgie

« Un pt'it gars de Géorgie ».

Il s'agit là un roman à épisodes (14) ou Erskine Caldwell retrace la vie quotidienne d'une famille misérable et déjantée de « petits blancs » dans le Sud des Etats-Unis, en Géorgie. le père, Morris Stroup n'a pas plus de morale que d'argent, un fainéant volage et rusé qui peut à l'occasion se faire voleur ; la mère, elle, Martha Handsome, se met en quatre pour faire bouillir la marmite ; et leur fils William Stroup, le narrateur. Au milieu de tout ce beau monde, Brown, le nègre à tout faire du foyer…

Erskine Caldwell est certes moins connu que Steinbeck et Faulkner, eux aussi écrivains du Sud, mais il décrit comme eux les États-Unis laborieux, avec en plus une touche de burlesque et de cocasse qui le caractérise.

Un petit roman… néanmoins, un chef d'oeuvre de la littérature « sudiste »… et d'humour.

Le coin du bibliophile : je viens d'acquérir à vil prix (2,70 €), un très bel exemplaire non coupé édition Gallimard 06/06/1949





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Toute la vérité

1ère critique de l'année : c'est avec joie que j'ai retrouvé l'univers bien spécial d'Erskine Caldwell,au travers ce roman.

Un univers que j'appréciais lorsque j'étais au lycée tout comme Steinbeck, Scott Fitzgerald,ou Richard Wright..

Malgré tout ,on ne s'en lasse pas.

Erskine Caldwell puise toujours son inspiration dans les côtés les plus noirs de l'âme humaine,et dans les tableaux qu'il nous dresse de cette Amérique des années 50 ,malgré quelques figures attachantes ,notre héros: Chism ici,est très sordide et antipathique.

Ambiance plombée, atmosphère lourde ,sans être moralisateur ,Erskine Caldwell nous brosse un tableau tres sombre de cette famille sous la coupe du père, qui apres la mort de sa femme,decide de vendre sa ferme ,de s'installer en ville et surtout de ne pas travailler,la famille composée de 3 filles et deux garçons et le grand père va donc s'installer en ville.

Une famille déchirée, malgré " grand pa" ,malade de chagrin,qui malgré tous ses efforts n'arrivera pas à " ressouder" cette famille.

Chism le père,déteste la campagne et le travail: une de ses filles travaille dans un bar et se prostitue pour subvenir aux besoins de la famille,une autre est mariée a un gredin qui la frappe violemment lorsqu'il n'a pas d'argent pour jouer,la petite dernière Jane est encore en études et est épargnée.L'aîné des garçons ne vit pas chez eux : Ross ,jeune employé chez un avoué, s'en est bien " tiré".

Quant au petit dernier Jarvis ,il prend modèle sur son père et n'a de cesse de le suivre lors des chasses à l'opossum.

C'est un tableau ,très noir, que nous décrit Erskine Caldwell au travers l'histoire de cette famille en dérive, une vérité : mise à nue,,sans concessions,dont le héros n'aura de cesse de nous rappeler les côtés les plus sombres et abjectes de l'âme humaine.⭐⭐⭐⭐⭐

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Le petit Arpent du bon Dieu

Ah les couvertures des vieux Livres de Poche, c'était quand même quelque chose !

Je vous ai re-scanné la couverture du mien, là-haut pour que vous admiriez. :)



Les Walden ont du être riches autrefois avant que « L'exécrable soif de l'or » comme le disait Virgile, ne s'empare de Ty Ty, le patriarche. Et toute une famille de ploucs de la Géorgie profonde creuse depuis quinze ans. Cela ressemble à une comédie mais c'est une tragédie sur fond de passions. Une tragédie ou bien un très belle allégorie sur le sens réel de la vie.

Car si au lieu de creuser, nous aussi, nous portions un peu plus d'amour et d'attention à nos proches, nous éviterions bien des drames. Ce petit arpent du bon Dieu est celui que nous repoussons sans cesse au fond de notre conscience jusqu'à qu'il n'existe plus. C'est la grande force de ce livre que d'atteindre par ce microcosme à l'universel.



Pour ceux qui auraient la chance de la voir, je signale l'excellente adaptation cinématographique d'Anthony Mann avec le grand Robert Ryan dans un de ses meilleurs rôles.
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Le bâtard

Gene Morgan a un sacré pedigree. Il est né d’un père inconnu et d’une maman péripatéticienne à Lewisville. Il vivote grâce à des arnaques montées dans des salles de jeux quand il décide brusquement de revenir dans sa ville natale. Cette ville cotonnière est typique du sud profond des Etats-Unis au temps de la prohibition. La chaleur y est étouffante, la violence est sans limite et la haine raciale est ordinaire.



Gene Morgan travaille dans un premier temps comme manœuvre dans une huilerie. Mais très vite ses instincts reprennent le dessus. Car Gene est un être primitif, dépourvu de tout sens moral. Il est prêt à tuer quiconque se met en travers de son chemin ou à prendre par la force une femme qui se refuse à lui. Il mène une vie dissolue et fréquente des prostituées. Un soir, il rencontre une jeune femme. Alors qu’il projette de la violer, il est séduit et promet de l’épouser et d’être un bon mari. Mais on n’échappe pas à la malédiction de son sang.



Le texte est court, concis et brut de décoffrage. Les récits d’un meurtre raciste ou d’un viol sont laconiques. La violence est gratuite et n’est jamais condamnée. Le roman souffre d’une construction chaotique. Je me suis demandé où l’auteur souhaitait en venir dans le récit de la vie erratique de Gene Morgan. Mais la partie qui se déroule à Philadelphie offre un final percutant au roman. Si ce n’est pas un grand roman noir, il n’en reste pas moins un roman précurseur du genre publié en 1929. Cette lecture m’a donné envie de découvrir des œuvres de la maturité de Caldwell. Pour finir, je remercie les éditeurs qui prennent le soin de publier à nouveau ces textes clefs sous une nouvelle traduction.

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La route au tabac

Fin des années 20 ; la ferme des Lester, une quasi ruine écrasée de soleil, ses champs laissés à l'abandon envahis par les ajoncs…

Les Lester ?

Le père, Jeeter , vieux métayer ruiné qui cherche à vendre à la ville du chêne noir dont personne ne veut ; et dont l’unique l’obsession est de faire repousser du coton sur ses terres.

La vieille Lester et Ada, respectivement, mère et épouse de Jeeter, toutes les deux atteintes par la maladie.

Ella May, la fille, nymphomane affublée d'un bec de lièvre.

Dude, le fils simplet et Pearl la petite sœur âgée de douze ans, déjà mariée au voisin.

« La Route au tabac », premier grand succès de l’auteur est en fait un récit sans réelle construction composé d’épisodes burlesques avec pour dénominateur commun la faim ; sur fond de modernisation et d’expropriation du monde rural avec, en filigrane, la chaleur du désir sexuel et de la sensualité animale ...

Erskine Caldwell nous offre ici une vision monstrueuse mais pleine de tendresse de l'Amérique rurale de la fin des années 1920 : tout dans ce récit est volontairement déformé, démesuré, accentué à l’extrême pour en devenir une caricature néanmoins drôle et grinçante ou les drames de la folie quotidienne sont décrits simplement, comme des faits anodins d'une banalité dérisoire.

Dans le fond, une grande œuvre même si la forme peu surprendre.



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Le petit Arpent du bon Dieu

On plonge dans le grand bain de l'art.

Ou plutôt on creuse.

De plus en plus profond.

Jusqu'à toucher le fond.

Jusqu'à ce que ça explose.



La tension monte.

Et l'on tourne les pages de plus en plus vite.



La fin, cependant sans surprise, est superbement écrite.



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Près de la maison

PRÈS DE LA MAISON d’ ERSKINE CALDWELL

Natif Hunnicutt est considéré par les habitants de Palmyra comme le plus chanceux de la ville, au jeu, à la pêche, quoiqu’il entreprenne. Tout le monde vient le voir gagner aux machines à sous. Personne ne fut donc surpris quand il épousa Maebelle, veuve, héritière d’une belle maison ainsi que 2000 hectares de forêts et de prairies. Mais au grand étonnement de Maebelle, Natif passe sa soirée et sa nuit de noces avec son chien pour chasser l’opossum désertant le lit conjugal. Amère discussion à son retour, incompréhension de Maebelle, étonnement de Natif qui, citant son père, lui répond qu’il lui faut un temps d’adaptation, que la chasse à l’opossum ne se pratique qu’à cette saison et qu’il ne voit pas de raison de changer ses habitudes. D’ailleurs il va continuer à faire des réparations pour ses clients, jouer et chasser, sans compter la relation charnelle qu’il a avec la belle Josene, une noire superbe amoureuse de lui depuis longtemps. Le ton entre les époux va monter, les menaces de Maebelle se faire plus précises et des jours plus tard, l’union n’est toujours pas consommée, Natif est un garçon très occupé par ailleurs et un peu lâche il faut bien le dire. La guerre se prépare…

Un des romans les moins connus de Caldwell qui reprend ses thèmes favoris, le racisme et la ségrégation, la destinée implacable qui semble empêcher les hommes de changer sans oublier l’obsession sexuelle. Un bon Caldwell qui n’atteint pas néanmoins ses meilleures productions.
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Jenny toute nue

J'ai préféré : Toute la vérité, lu dernièrement.Mais ,malgré tout on retrouve les thèmes de prédilection d'Erskine Caldwell.

C'est un roman ,presqu'un huis clos je dirai car l'action se déroule principalement au domicile de Jenny.( peut-être à t'- Il été adapté au théâtre ?).

Jenny,c'est la bonté même comme elle aime à se définir : "Jenny de nom et Jenny par nature",mais c'est avant tout une feministe qui ne conçoit pas le rôle de la femme tel qu'il est inculqué aux femmes américaines dans les années 1930.

Jenny loue des chambres à des personnages " hors normes " .

Un nain qui lorsque la saison s'achève et que le cirque ferme ,vient se faire " câliner " chez Jenny durant 3 mois.

Et puis une séduisante jeune femme : l'ancienne institutrice qui après une rupture amoureuse,aura un comportement très libre vis avis de la gente masculine ,soutenue en cela par Jenny,qui un jour,verra arriver le prédicateur ,rouge et écumant de colère lui ordonnant de chasser cette femme impure de chez elle;mais parfois : vous connaissez l'histoire de l'arroseur arrosé ?,je ne vous en dis pas plus ....

Et puis l'arrivée de Lawana va mettre le feu aux poudres: elle a la peau sombre ,ne serait -Elle pas métisse?

Jenny a ses convictions et fera face avec courage aux accusations des habitants de son quartier.

Sous des aspects vaudevillesques, on retrouve les thèmes chers à Erskine Caldwell :

-La rigidité et le puritanisme de l'église qui prêche la " bonne parole" mais qui.....

--La soumission des femmes contrastant avec la personnalité de Jenny et Betty.

Et on voit la ségrégation raciale à l'arrivée de la pauvre Lawana qui cherchera désespérément un emploi de secrétaire et à qui on proposera : bonne chez les Blancs.

Le tout traité avec ,c'est vrai ,une certaine truculence,c'est du Erskine Caldwell,qui ne se démode pas! .

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