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Citations de Evgueni Zamiatine (377)


Il paraît même, selon certains historiens, que, à cette époque, la lumière brûlait toute la nuit dans les rues, toute la nuit il y avait des passants et des voitures.
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Des glaciers, des mammouths, des étendues désertiques. Des amas de roches sombres qui, la nuit, ressemblent à des maisons ; au milieu des roches, des cavernes. Pas moyen de savoir qui barrit la nuit, sur le sentier empierré passant entre les rochers et, reniflant tout du long, y fait flotter une poussière de neige : peut-être un mammouth du genre roi des mammouths. Une seule chose est claire : c'est l'hiver. Et, pour éviter de claquer des dents, il faut les serrer fort, aussi fort qu'on peut ; et il faut détacher des copeaux de bois avec une hache de pierre ; et toutes les nuits, il faut transporter son feu dans une autre caverne, toujours plus profondément ; et il faut s'envelopper de toujours plus de peaux de bête velues...
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Bien entendu, cela n’a rien à voir avec des élections désordonnées et désorganisées des anciens, lorsque – il y a de quoi rire ! – on ne connaissait même pas à l’avance le résultat des élections. Construire un Etat sur des hasards absolument impondérables, à l’aveuglette – quelle ineptie ! Et pourtant, il a fallu des siècles pour qu’on le comprenne.
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Elle s’assied, elle joue. C’est sauvage, convulsif, bigarré, comme toute leur vie d’alors – pas l’ombre d’un principe mécanique rationnel. Et, bien entendu, tout autour de moi, avec juste raison, tout le monde rit. Quelques-uns seulement … mais pourquoi moi aussi, moi ?
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L’écriture est la mienne. Mais désormais – c’est bien la même écriture, mais seulement elle. Plus de délire, plus de métaphores ineptes, plus de sentiments : rien que des faits. Parce que je suis en bonne santé, absolument, complétement. Je souris, et je ne peux pas ne pas sourire : on m’a retiré une épine de la tête, et ma tête est légère et vide. Ou plutôt non, pas vide. Disons qu’on n’y trouve rien d’étranger qui empêche de sourire (le sourire est l’état normal d’un homme normal).
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Le ciel désespéré a recouvert son visage de nuages sombres. Lourds, ils se serrent et affluent comme une boule de larmes, et ils sont prêts à chaque instant à éclater en sanglots.
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Les enfants sont les seuls philosophes qui soient hardis. Et les philosophes
hardis sont nécessairement des enfants. Il faut être comme des enfants, il faut toujours demander : “Et après, quoi ?”
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Délivrer l'humanité ! C'est extraordinaire à quel point les instincts criminels sont vivaces chez l'homme. Je le dis sciemment : criminels. La liberté et le crime sont aussi intimement liés que, si vous voulez, le mouvement d'un avion et sa vitesse. Si la vitesse de l'avion est nulle, il reste immobile, et si la liberté de l'homme est nulle, il ne commet pas de crime. C'est clair. Le seul moyen de délivrer l'homme du crime, c'est de le délivrer de la liberté. Et à peine venons-nous de l'en délivrer (à peine est bien le mot quand on songe à l'âge du monde), que quelques misérables esprits arriérés...

Note 7, page 45
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Je ne fais ici que recopier – mot pour mot – ce que publie aujourd’hui le Journal Officiel :

Dans cent vingt jours, la construction de l’Intégrale sera achevée. Proche est l’heure historique où la première Intégrale s’élèvera dans l’espace universel. Il y a mille ans, vos héroïques ancêtres ont soumis le monde entier au pouvoir de l’État Unitaire. Vous avez devant vous un exploit encore plus glorieux : la résolution de l’équation infinie de l’Univers grâce à l’Intégrale, cette machine électrique de verre qui souffle le feu. Vous êtes destinés à soumettre au joug bienfaisant de la raison des êtres inconnus qui habitent d’autres planètes et sont peut-être encore en état de liberté primitive. S’ils refusent de comprendre que nous leur apportons un bonheur mathématiquement exact, notre devoir sera de les obliger à être heureux. Mais avant de recourir aux armes, nous essayons la parole.
Au nom du Bienfaiteur, à tous les Numéros de l’État Unitaire nous déclarons :
Que tous ceux qui s’en sentent capables composent des traités, des poèmes, des manifestes, des odes ou autres œuvres célébrant la beauté et la grandeur de l’État Unitaire.
Ce sera la première charge que transportera l’Intégrale.
Vive l’État Unitaire, vive les Numéros, vive le Bienfaiteur !

J’écris – et je sens : j’ai les joues qui brûlent. Oui : résoudre la grandiose équation de l’Univers. Oui : redresser sa courbe primitive, en faire – asymptotiquement – une droite. Parce que la ligne de l’État Unitaire, c’est la droite. La grande, la divine, l’exacte, la sage ligne droite – la plus sage des lignes…
Moi, D-503, Constructeur de l’Intégrale, je ne suis que l’un des mathématiciens de l’État Unitaire. Ma plume accoutumée aux chiffres ne sait pas créer la musique des assonances et des rythmes. Je ne ferai qu’essayer de transcrire ce que je vois, ce que je pense, ou plutôt, ce que nous pensons (oui, nous, et ce « NOUS » sera le titre que je donnerai à ces notes). Mais ce sera le produit de notre vie, de la vie mathématiquement parfaite de l’État Unitaire, et s’il en est ainsi, cela pourra-t-il, de soi-même, sans que je l’aie voulu, être autre chose qu’un poème ? Un poème : je le crois et je le sais.
J’écris et je sens : j’ai les joues qui brûlent. C’est sans doute ce qu’éprouve une femme quand pour la première fois elle perçoit en elle le cœur qui bat d’un petit être minuscule et aveugle. C’est moi et en même temps ce n’est pas moi. Et de longs mois il me faudra le nourrir de mon suc, de mon sang, puis l’arracher de moi dans la douleur, pour le déposer aux pieds de l’État Unitaire.
Mais je suis prêt, comme chacun d’entre nous – ou presque. Je suis prêt.
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Evgueni Zamiatine
Qui suis-je moi-même : « eux » ou « nous » ?
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Evgueni Zamiatine
Vous avez certainement raison, je ne suis pas normal, je suis malade, j'ai une âme, je suis un microbe. Mais la floraison n'est-elle pas une maladie ? Le bouton qui éclate ne fait-il pas mal ? Ne pensez-vous pas que le spermatozoïde soit le plus terrible des microbes ?
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Evgueni Zamiatine
Pourquoi parles-tu de la dernière révolution ? Il n'y a pas de dernière révolution, le nombre des révolutions est infini. La dernière, c'est pour les enfants : l'infini les effraie et il faut qu'ils dorment tranquillement la nuit…
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Evgueni Zamiatine
Elle appuya son épaule contre moi et nous ne formâmes plus qu'un bloc, elle coulait en moi. Je le savais, c'est comme cela que ça devait être. Je le savais par chaque nerf, par chaque poil, par chaque battement de cœur, doux jusqu'à faire souffrir.
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Si la vitesse de l'avion est nulle, il reste immobile, et si la liberté de l'homme est nulle, il ne commet pas de crime. C'est clair. Le seul moyen de délivrer l'homme du crime, de le libérer de la liberté.
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Pourquoi la danse est-elle belle ? " Parce que c'est un mouvement contraint, parce que le sens profond de la danse réside justement dans l'obéissance absolue et extatique, dans le manque idéal de liberté.
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L’autre, à côté, a entendu, courtaud-pataud il déboule de son cabinet, son œil perché de limaçon évalue mon tout mince docteur, moi aussi il m’évalue.
— Quésaco ? Une… âme ? Vous dites, une âme ? Et puis quoi encore ? Avec ça, nous aurons bientôt le choléra. Je vous l’ai dit (il évalue le tout mince) – dit et répété : en cas d’imagination – systématiquement, il faut pratiquer une ablation… extirper l’imagination.

(p. 94) / traduction de Hélène Henry
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Et je cours, je cours de plus en plus vite, et, derrière mon dos, je le sens : une ombre court encore plus vite. Et s’en défaire – impossible, impossible…
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La liberté et le crime sont aussi étroitement liés que ... disons, le mouvement d'un aéronef et sa vitesse. Si sa vitesse = 0, il ne bouge pas; si la liberté de l'homme = 0, l'homme ne commet pas de crimes. C'est clair. Le seul moyen de libérer l'homme du crime, c'est de le priver de liberté.
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Mais vous n’êtes pas coupables - vous êtes malades. Et cette maladie a un nom : l’imagination. C’est un ver rongeur qui creuse des rides noires dans nos fronts. C’est une fièvre qui nous pousse à courir toujours plus loin – quand bien même ce « plus loin » commencerait là où finit le bonheur. C’est – la dernière barrière sur sa route. Réjouissez-vous : elle vient de sauter. La voie est libre. La dernière invention de la Science de l’Etat : le centre de l’imagination – un pauvre petit noyau dans la région du pont de Varole. Une triple irradiation de ce noyau, et vous êtes guéri de l’imagination … A jamais !
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Et n’était-il pas absurde que l’Etat (oser se dire « Etat », quel front !) laisse sans le moindre contrôle la vie sexuelle ? Avec qui, quand et autant qu’on le voulait … Absolument ascientifique, carrément bestial. Et pour les naissances, c’était pareil : au hasard, comme les bêtes. N’est-ce pas risible : s’y connaitre en jardinage, en pisciculture, en aviculture (nous avons des preuves précises que tout cela leur était connu), et être incapable d’aller jusqu’au sommet logique de l’échelle : la puériculture. D’avoir l’idée de nos Normes, maternelles et paternelles.
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