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EAN : 9782825121054
L'Age d'Homme (05/02/1990)
4.64/5   7 notes
Résumé :
Écrite en 1920, cette nouvelle prémonitoire n'a jamais perdu de sa pertinence alors même que la glasnost autorise à voir, que derrière le miroir, l'URSS est au bord du chaos...
Dès 1917, Zamiatine ne se faisait aucune illusion sur les méthodes bolchevikes appliquées à la réalité. C'est Lénine lui-même, baptisé Fita, qu'il tournait en dérision dans l'organe des socialistes-révolutionnaires de gauche. II ne cessa de rappeler, comme beaucoup d'adversaires des bo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Guerre du feu
Des glaciers, des mammouths, des gens en peaux de bête qui transportent du feu de caverne en caverne...Serions-nous chez Rosny Aîné ? Non, c'est bien pire, nous sommes là où fut jadis Petersbourg, après la catastrophe. Un petit couple se terre dans une caverne-appartement. Bientôt il n'y a plus de bois pour se chauffer...
La nouvelle a été écrite en 1920. Zamiatine a été désillusionné par la Révolution d'octobre. Il utilise ce fantastique préhistorique pour décrire la situation. Il dresse déjà un tableau très sombre de la vie quotidienne après la terrible guerre civile qui suit la Révolution de 17 : pénuries de nourriture, de charbon, de bois, coupures d'électricité. On meurt de froid et de faim à Pétrograd. Il évoque à travers la petite histoire du couple et de ses voisins, la débrouillardise, la mesquinerie, les compromissions , la lâcheté mais aussi l'oppression, la surveillance . A un autre niveau, il parle de la Russie révolutionnaire, ce qu'elle espérait, ce qu'elle est devenue à travers le personnage de Macha. L'hiver glacial a succédé à octobre. Les gens sont de moins en moins humains, deviennent des hommes lézards, sournois ou des hommes mammouths à trompe grise qui écrasent la liberté, l'art et fusillent les intellectuels. Au lieu d'avoir un homme nouveau, on a un homme mammouth, au lieu du progrès, on a un retour à l'ordre ancien.
L'écriture est formidable, très dense, très précise, les descriptions particulièrement impressionnantes.
Je vous encourage vivement à découvrir Zamiatine, si ce n'est déjà fait.
Lu gratuitement sur le site de la bibliothèque russe et slave.





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1920 en Russie. À l'approche de l'hiver, l'ère des soviets est comparée à une nouvelle glaciation. Un mammouth métaphorique s'avance dans les rues de la future ex-Pétrograd. Dans son sillage, des instincts préhistoriques resurgissent. L'homme nouveau est l'homme d'antan. Le ciel s'étrécit en des parois de roches. Au sein de cette caverne, chacun veut maîtriser le feu. Et le héros mélomane essaie de tromper la fuite du temps. Mais dans sa nouvelle oreille d'homme des cavernes résonnent les martèlements du mammouth. Avec ou sans majuscule, l'histoire est en marche vers la disparition.
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J'ai trouvé ce récit fantastique car terriblement simple et efficace. Un homme et une femme sont en train de mourir de froid et leur vie s'articule autour d'un vieux poêle en fonte au fond d'un appartement soviétique.
"La caverne" est aussi une belle métaphore d'un monde qui change, d'un monde où la culture a disparu, où les Hommes sont réduits à une existence minable et animale. le titre évoque ce retour si terrible à l'âge de pierre et à une vie dépouillée de toute frivolité où la survie est le maître mot.
En ce qui me concerne, j'ai beaucoup aimé la poésie et la symbolique du message porté par Zamiatine et je recommande chaudement son récit.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Tu te souviens, Mart : ma chambre bleue, avec le piano et sa housse, et le petit cheval de bois — un cendrier — sur le piano, et je jouais, et tu étais venu derrière moi…
Oui, ce soir-là avait été celui de la création de l’univers, avec la lune montrant sa face d’une admirable sagesse, et le carillon de la sonnerie dans le couloir, comme un trille de rossignol.
— Et tu te rappelles, Mart : le fenêtre ouverte, le ciel vert — et, en bas, créature d’un autre monde, le joueur d’orgue de Barbarie ?
Où es-tu, merveilleux joueur d’orgue de Barbarie ?
— Et sur la berge… Tu te rappelles ? Les branches encore dénudées, l’eau vermeille — et le dernier bloc de glace bleutée, flottant comme un cercueil. Et ce cercueil nous paraissait seulement comique — parce que nous étions immortels. Tu te rappelles ?
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En octobre, lorsque les feuilles ont déjà commencé à jaunir, à se faner, à se recourber-surviennent des jours aux yeux bleus ; par une pareille journée, en rejetant la tête en arrière pour ne plus voir la terre, on peut encore y croire ; la joie est là, c'est encore l'été...il en va de même avec Macha, en fermant les yeux et en l'écoutant seulement-on peut s'imaginer qu'elle est celle d'avant, qu'elle va se mettre à l'instant à rire, se lever, vous enlacer, alors qu'une heure plus tôt, comme un couteau raclant une vitre-sa voix n'était pas la même, elle n'était pas du tout la même.
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Des glaciers, des mammouths, des étendues désertiques. Des amas de roches sombres qui, la nuit, ressemblent à des maisons ; au milieu des roches, des cavernes. Pas moyen de savoir qui barrit la nuit, sur le sentier empierré passant entre les rochers et, reniflant tout du long, y fait flotter une poussière de neige : peut-être un mammouth du genre roi des mammouths. Une seule chose est claire : c'est l'hiver. Et, pour éviter de claquer des dents, il faut les serrer fort, aussi fort qu'on peut ; et il faut détacher des copeaux de bois avec une hache de pierre ; et toutes les nuits, il faut transporter son feu dans une autre caverne, toujours plus profondément ; et il faut s'envelopper de toujours plus de peaux de bête velues...
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Videos de Evgueni Zamiatine (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Evgueni Zamiatine
Evgueni Zamiatine (1884-1937) : Une vie, une œuvre (1991 / France Culture). Par Françoise Estèbe. Avec Jean-Pierre Morel (critique aux Nouvelles Littéraires), Leonid Heller et Bernard Kreise. Réalisation : Annie Flavell. 1ère diffusion sur France Culture le 30 mai 1991. Peinture : Portrait de Ievgueni Zamiatine par Boris Koustodiev, 1923. En 1988, la publication pour la première fois en URSS du roman anti-utopiste prophétique de Zamiatine, “Nous autres”, oeuvre politique-fiction, fut l'événement littéraire de la Perestroïka. Esprit lucide et courageux, Zamiatine qui avait pris parti pour la Révolution en 1905, fut un des premiers à analyser la nature profonde du totalitarisme bolchevique et à dénoncer le despotisme nouveau jusqu'au terme de sa vie, en dépit des persécutions. Dans les années 20, Zamiatine, mathématicien, ingénieur naval et écrivain, ami des peintres et des musiciens, est la figure centrale du champ littéraire russe. Prosateur, dramaturge, critique, journaliste (il écrivit notamment dans la revue de Gorki), il est l'auteur de nombreux récits, de nouvelles : “L'inondation”, “Le pêcheur d'hommes”, “La Caverne” ; de romans : “Le fléau de dieu” ; de pièces de théâtre et de scenarii. Rattaché à la tradition de Gogol dans ses premiers récits, il devient le symbole de la culture occidentale au sein des lettres russes et le maître de toute une génération d'écrivains nés après la Révolution. Il s'oppose à la montée du conformisme révolutionnaire en art :
« Il n'est de vraie littérature que produite non par des fonctionnaires bien pensants et zélés, mais par des fous, des ermites, des hérétiques, des rêveurs, des rebelles et des sceptiques. »
Trotsky le désigne comme un émigré de l'intérieur et “Le diable des lettres russes”, après une lettre célèbre à Staline, est contraint à l'exil. Il mourra oublié à Paris en 1937, à l'âge de 53 ans, ignoré des intellectuels occidentaux fascinés par le modèle soviétique, qui n'ont pas su percevoir dans le cri solitaire de Zamiatine l'oracle de la dissidence.
Des extraits de “Seul”, des “Ecrits oubliés”, des “Actes du colloque de Lausanne”, de “Nous Autres”, de “Le pêcheur d'hommes” et de “L'Inondation” sont lus par Jacqueline Danaud et Michel Derville.
Sources : France Culture et Wikipédia
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