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Citations de Fabrice Nicolino (197)


Ne jamais oublier les éleveurs. Meure la planète, mais ne jamais oublier les éleveurs.
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Le MSRA […] est au départ une bactérie, une simple bactérie dont le nom français est hélas bien connu : staphylocoque doré. Mais c’est une bactérie mutante, qui résiste désormais à l’antibiotique qui la terrassait, la méthicilline. Des chiffres américains officiels montrent que le MSRA a tué aux Etats-Unis près de 19 000 personnes en 2005, soit davantage que le sida.
Et l’on ne trouve pour l’heure aucune parade. S’agirait-il d’autre chose, on peut penser que la presse en ferait d’énormes titres, car simplement à réfléchir on peut légitimement parler d’une épidémie mondiale, peut-être hors de contrôle, du moins dans l’immédiat.
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En quelques années, la relation millénaire entre l’homme et le veau s’est transformée en une opération industrielle surveillée de près par un donneur d’ordres. L’animal est un produit commercial dans lequel un technicien injecte quelque chose, non sans effacer derrière lui toutes les traces. Le paysan est devenu un ouvrier salarié, qui a grand intérêt à rendre service à son patron en certifiant des factures qui ne sont pas les siennes. C’est bien simple : on se croirait dans le Meilleur des mondes d’Huxley. Ce qui n’a rien d’étonnant, puisque c’est le cas. Rappelons que, dans l’Etat mondial créé par le romancier, chacun prend sa dose de soma pour oublier le reste. Remplacer soma par billets de banque, et faire passer avec un verre d’hormones.
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Autre péripétie d’une tragédie que personne ne veut considérer en Europe, où les supermarchés débordent de viande « nourrie » avec le soja transgénique débarqué à Brest, Lorient, Anvers ou Rotterdam : le cas Agripina. […]

Agripina Britez vit avec ses onze enfants et ses deux nièces sur une propriété agricole de dix hectares, dans le département paraguayen de San Pedro. Elle y cultive, à la manière ancienne, sésame et maïs. Au milieu de 3000 hectares de soja transgénique. Chaque mois, à quatre reprises, un avion largue des fumigations chimiques, dont nul ne sait rien précisément. Agripina, en tout cas, rapporte qu’elle a le côté droit à moitié paralysé. Deux de ses gosses, Carolina (18 ans) et Carmén (6 ans), se plaignent depuis deux ans de nausées et de maux de tête. Ce doit être psychologique.
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[A propos d’Adisseo, « cette entreprise modèle du secteur où certains ouvriers tombent mystérieusement malades »] :

[…] le patron en titre d’Adisseo, Gérard Deman, déclare : « Depuis de nombreuses années, Adisseo est engagé dans le développement durable au travers des politiques de progrès en matière de qualité, de sécurité, de product stewardship et d’environnement. Nos plans d’action sont basés sur les principes fondamentaux de prévention, de responsabilisation, d’élimination permanente des risques ». Comme on dirait chez le Winston Smith d’Orwell, « la guerre c’est la paix », « la liberté c’est l’esclavage, « l’ignorance c’est la force ». Le mot de cancer n’est pas prononcé une seule fois dans ce texte écrit en pure novlangue. Ainsi va la vie dans l’univers impitoyable de l’alimentation animale.
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« La gestion avisée des ressources zoogénétiques n’a jamais été aussi cruciale. Le changement climatique et l’émergence de maladies du bétail virulentes soulignent la nécessité de préserver la capacité d’adapter nos systèmes de production agricoles. […] Le changement climatique signifie que nous entamons une phase d’incertitude et de crise sans précédent qui touchera tous les pays. »

Alexander Müller
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Si l’on n’y prend pas garde, un problème survient immédiatement avec la zootechnie qui, justement, cherche à tirer parti de la variabilité biologique pour classer les individus animaux en vue de les « améliorer » : l’amélioration génétique, branche de la zootechnie, interprète les différences en introduisant un classement, et donc de l’inégalité. Le vocabulaire zootechnique, comme les notions qu’il recouvre, le traduit bien ; mais pour des utilisateurs peu vigilants de ce vocabulaire […] il y a grand risque d’une véritable « pollution » de l’esprit en matière d’hérédité.

-Roland Jussiau, Louis Montméas, Jean-Claude Parot-
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La « seconde domestication » […] vise à offrir à l’humanité la complète « maîtrise » de l’organisme animal, de sa physiologie. Voix off : « Tous les actes de leur vie biologique [celle des animaux] devront correspondre à nos besoins et à nos heures. » Bizarre ? Le mot est faible pour qualifier le plan que détaille devant la caméra un autre responsable de l’Inra, Charles Thibault. L’objectif est désormais, grâce à la pilule que découvrent à la même époque les femmes, de décider du moment où les vaches seront fécondées. Puis, à l’aide d’autres mixtures, du moment exact où elles mettront bas. La naissance des veaux, Charles Thibault en est convaincu, ne se produira plus, bientôt, « pendant la soirée, pendant les week-ends, pendant les vacances, pendant les ponts ». Voix off en apothéose : « Le bovin devient ce qu’on espérait. Un produit industriel. »
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Comme l’on sait, l’Europe a des principes. Dans une proposition effective le 1er janvier 2000, la Commission de l’Union a interdit sur son territoire l’usage d’une hormone qui augmente la lactation des vaches jusqu’à 25%. Les « producteurs » américains adorent cette hormone, on les comprend. L’Europe ne l’aime pas, pour des raisons où le commerce joue un certain rôle. Officiellement, l’hormone est donc interdite chez nous pour des motifs de « bien-être animal ». Prière de ne pas rire. Les produits importés qui contiennent du lait dopé aux hormones ne sont pas pour autant refusés. Car le lait n’aurait aucun effet sur la santé des humains. On allait le dire.
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En cette triste occurrence [l'épidémie de fièvre aphteuse dans les élevages industriels anglais], la leçon morale nous viendra d'un peuple d'éleveurs du Sud, du Kenya précisément : les Masaï. Chez ces "oubliés" du progrès, la vache demeure un être. Et, curieusement, la langue masaï, le maa, ne dispose que d'un mot pour désigner la grippe et la fièvre aphteuse.
Au printemps 2001, lorsqu'ils découvrent que la Grande-Bretagne brûle ses bovins, les Masaï, qui se considèrent comme les gardiens de tous les troupeaux du monde [...] adressent à Londres un message étonnant. En un mot comme en cent, l'idée de tuer des animaux légèrement malades leur tourne l'âme et le coeur, et ils proposent de soigner eux-mêmes les troupeaux, pour peu qu'on les leur envoie. Réponse de notre Nord civilisé : davantage de bûchers.
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Le reste est un beau rêve américain. Malgré de graves intoxications chez les ouvriers qui industrialisent le procédé, on fonce. Standard Oil et General Motors déposent des brevets commerciaux qui vont leur assurer un monopole et une rente colossale, les deux entreprises prenant garde, dans leurs publicités, de ne pas parler de plomb. Eh non, le produit s’appellera Ethyl. Il y a bien un substitut, moins cher, sans toxicité avérée, qui est l’éthanol. Mais les marges étaient moindres, et n’importe qui ou presque pouvait en produire. Les firmes n’auraient pas disposé du monopole garanti par le plomb.
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On connaît aujourd’hui – ceux qui le veulent en tout cas – la suite. L’énorme industrie de guerre américaine, qui a craché des avions et des chars par milliers, se reconvertit dans le civil. Le char d’assaut devient tracteur, l’industrie chimique fournit le reste : des engrais et, bien entendu, des pesticides. C’est le plan Marshall, qui reconstruit l’Europe – loué soit-Il – et détruit progressivement ses sols et ses eaux.
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Il existe sur internet un film de moins de quatre minutes [www.midwayfilm.com] dans lequel on voit un ornithologue se promener sur une plage de l'atoll Midway, situé à 3000 kilomètres de tout territoire habité par les hommes. On y trouve peut-être 2 millions d'oiseaux, mais ceux qui meurent sur place, visiblement nombreux, contiennent une invraisemblable collection d'objets plastiques. Des bouchons, des filaments, des tubes et des canules. Toute l'île est jonchée de débris de ce monde lointain qui est le nôtre. Il n'y a plus d'ailleurs. Nulle part.
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En 1962, la messe est dite. Les pesticides sont des poisons qui attaquent la structure même des vivants.
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Leur baratin, car c'en est un, consiste à pleurnicher chaque matin sur la destruction de la planète, avant d'aller s'attabler le midi avec l'industrie, dont le rôle mortifère est central, puis d'aller converser avec ces chefs politiques impuissants, qui ne pensent qu'à leur carrière avant de signer les autorisations du désastre en cours.
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L’histoire de ce colossal désastre technocratique reste à écrire, et ne le sera peut-être jamais. Où sont les sources ? Mortes sans laisser la moindre adresse à ceux de l’avenir. À l’arrivée, 17 millions d’hectares – 170 000 km2 ! – sur 29,5 millions d’hectares de Surface agricole utile (SAU) ont été remembrés. Sur les cartes les plus fines, celles au 1/25 000, le tracé des parcelles est méconnaissable. Bien sûr ! bien sûr, le remembrement a aussi, au passage, amélioré quantité de situations injustes, parfois infernales. Ce n’est pas le principe du mouvement qui est en cause, mais ses objectifs et son déroulement en Blitzkrieg. Prenons l’exemple affreux de Geffosses, dans la Manche. En octobre 1983 – car cela a duré et dure encore -, Georges Lebreuilly, petit paysan, apprend qu’un remembrement est prévu. Jusqu’ici père peinard, avec ses 25 vaches et ses 20 hectares de prairies naturelles, il va se transformer en activiste.
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Une étude (...) montre la présence de quatre pesticides en moyenne dans chaque domicile (de Rég. Parisienne) Parmi eux les produits interdits depuis plus de trente ans comme le DDT ou la dieldrine. Mais aussi (...) des insecticides ménagers - d'ailleurs interdits en agriculture - comme le propoxur ou le lindane, utilisé dans les shampoings antipoux Chaque personne directement testée avit des traces de plus de six pesticides sur les mains ! D'avantage que dans l'air ambiant ! Au total, la popoulation générale serait exposée à une varitété plus grande de pesticides(...) que les vétérinaires ou les fleuristes.
(p26)
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[…] des chercheurs assurent enfin qu’il sera bientôt possible de cultiver des cellules animales de manière à produire, à terme, de la viande qui ne viendrait pas d’une bête mais d’un tissu capable, théoriquement, d’assurer les besoins en viande de l’humanité entière. Le principe est connu de (presque) chacun. Des cellules d’un quelconque animal peuvent se multiplier à l’infini à la condition d’être placées dans une solution nutritive. Les « chercheurs » créeraient donc de la « viande » par prolifération de cellules autour d’une microstructure.
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La viande vient de changer de statut, sans que personne le soupçonne encore. Ce n'est plus un aliment tiré d'un animal existant, vivant et souffrant. Ce sera désormais un morceau, un produit, l’élément d'un chaîne de fabrication et de distribution. Il n'est pas abusif d'y voir une rupture de civilisation. Petite cause technocratique, immense collapsus anthropologique. Le reste n'est que politique, et ivresse de pouvoir.
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Le 20 mars 2008, le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc), organisme prestigieux et célèbre, publie les résultats d’une étude qui décoiffe. Les Français ne s’hydrateraient pas assez. Et feraient donc bien de boire davantage d’eau, mais aussi de sodas. Ah. Mais le journaliste William Reymond, fouineur, découvre quelques étrangetés. Notre déjà vieille connaissance, France Bellisle, participe à la conférence de presse du Credoc en sa qualité de chercheuse à l’Inra, mais sans expliquer que c’est l’entreprise Coca qui l’a empruntée quelques instants pour donner un coup de main à cet organisme, dont l’étude est sponsorisée par… Coca, bien sûr.
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