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Citations de Fabrice Nicolino (197)


Que n’apprend-ton pas à la lecture du journal professionnel Stratégies en date du 12 février 2009 ? Sous un titre inquiétant – « Le Centre d’information des viandes contrôle le buzz »-, l’hebdo du marketing révèle que le CIV « veille à tout ce qui se dit dans les forums, les blogs ou les commentaires d’articles des sites médias. Bras d’information d’Interbev, le syndicat chargé de la promotion de la viande (hors charcuterie), le CIV pondère sur la toile certains arguments développés par les lobbies végétariens. » Un système d’alerte automatique permet à Louis Orenga de prévenir toute situation de crise. Il reçoit « des rapports hebdomadaires avec verbatim et analyses, et fait le point chaque mois dans des réunions de pilotage ». Mazette, c’est la guerre.
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70% de note surface agricole ! Pour des poulets, des vaches et des veaux, des porcs dont les consommateurs ne veulent plus. 70% ! L’alimentation animale est de très loin le principal débouché de l’agriculture française –et européenne- mais ce fait ahurissant semble l’un des secrets les mieux gardés de la place publique. On notera au passage la supercherie qui consiste à clamer, dans les campagnes publicitaires, que l’agriculture européenne a vocation à nourrir les hommes. La vérité est différente : l’agriculture est au service de la viande.
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Une étude menée par le réseau Epic (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition) sous la direction d’Elio Riboli a été publiée en 2005. Impressionnante par son ampleur -521 000 individus suivis-, elle montre sans détour que la viande rouge est un facteur important de la survenue de ce cancer [colorectal], qui touche 36 300 Français de plus chaque année. Un français sur 25 a ou aura un jour un cancer du côlon, ce qui n’est pas rien. Or, dans l’étude Epic, les plus gros consommateurs de viande rouge de l’échantillon augmentent de 35% leur risque de développer cette maladie par rapport à ceux qui en consomment moins.
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[…] selon des estimations officielles rapportées par le journaliste américain Eric Schlosser dans un best-seller, 20 000 Américains sont chaque jour contaminés par des bactéries présentes dans la nourriture. Par jour ! En un an, plus d’un quart de la population souffre d’une intoxication alimentaire. Chaque jour, 900 personnes sont hospitalisées et 14 meurent. Chaque jour !
[…] L’étonnant est peut-être qu’il n’y en ait pas davantage.
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Encore un point notable : ne jamais oublier le rôle des déchets dans l’alimentation des poulets industriels. Rien n’est jeté, ce serait trop bête. On garde les plumes, la crotte, les lisières les plus souillées, que l’on transforme en une joyeuse farine qui servira à engraisser un peu plus vite les animaux pénitentiaires. Or l’on sait que H5N1 peut survivre jusqu’à 35 jours dans les excréments du poulet. Le virus a donc tout le temps qu’il lui faut pour circuler d’un bout à l’autre de la terre, en se moquant, comme il se doit, des rarissimes contrôles vétérinaires.
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Revenons donc au H5N1. Ou plutôt à la douteuse théorie qui fait des migrateurs l’une des causes majeures de la dispersion du virus. […]

Pendant trois ans, de 2002 à 2005, ces scientifiques ont multiplié les prélèvements chez des oiseaux migrateurs fréquentant des sites asiatiques. Au total, 13 115 échantillons ont été examinés sous tous les angles. Et combien de souches de H5N1 au total ? 6. Oui, 6 !

Au même moment, […] des études concordantes, chinoises, démontrent que le virus est bien plus présent dans la volaille domestique : on le trouve dans 1% des 5 000 volailles –apparemment saines- étudiées sur des marchés du sud de la Chine, de même que 5% d’autres types viraux. C’est énorme !

Au total et en résumé, tout indique que les oiseaux sauvages jouent un rôle parfaitement marginal dans le drame. Et que la cause essentielle, massive, repose sur une industrie concentrée qui reproduit sans cesse les conditions du malheur en expédiant sans précaution, chaque jour, des millions d’animaux qui n’en sont plus réellement. Les routes commerciales de l’élevage intensif sont le vecteur principal de la dissémination.
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En 1970, l’universitaire Jean Boichard livre, dans la revue Géocarrefour, l’une des clés d’un possible décollage de la « production » : l’alimentation. Selon lui, un jeune bovin doit pouvoir « prendre, en moyenne, 1200 grammes par jour pendant quinze mois, de telle manière qu’il atteigne à cet âge le poids vif de 580 kilos ». Seulement, il faut rompre radicalement avec l’herbe, cet éternel aliment de l’animal. Il ne faut pas « encombrer son estomac avec des aliments grossiers et aqueux ». pardi ! Or l’herbe est grossière. Or elle est absurdement aqueuse. Songez que, traduits en unités fourragères (UF) de base, 7 kilos de céréales –dont ce beau maïs qui a méthodiquement détruit la moitié de la France- équivalent à 60 kilos d’herbe !
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Question : « Mais ce pouvoir, ne pourrait-on envisager que quelqu’un l’extrapole à la société des hommes ? » Février, avec une moue dubitative : « Rien n’est impossible, mais il y a des obstacles. […] Il faudrait une continuité extraordinaire dans une politique pour modifier la société des hommes comme on modifie aujourd’hui la société des poulets, des porcs et des bovins. […] Il faudrait compter je pense un siècle au moins pour parvenir à un tel résultat. »
Ultime question : « C’est-à-dire que le régime hitlérien, s’il avait vécu un siècle, aurait pu réaliser en quelque sorte grâce à vos travaux, ce qu’il n’a pas pu faire ? » Dernière réponse de Février : « Des gens comme Hitler auraient pu faire ceci, mais l’expérience prouve qu’ils ne vivent pas assez longtemps pour faire tout ce mal. »
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« Au lieu de laisser les enzymes agir dans nos estomacs, eh bien on peut injecter les enzymes dans la carcasse de l’animal et leur laisser faire le travail d’attendrissement avant consommation. […] On pourrait, si on le désirait, prédigérer l’animal, en quelque sorte, et rendre les morceaux plus tendres dans l’assiette. Ceci n’est pas encore appliqué. Cela ne dépend que de nous de le faire. »

Raymond Février
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99,5% de la viande consommée en France provient de systèmes industriels. Le reste se partage entre la viande bio, laquelle assure d’autres conditions de vie aux animaux, en théorie du moins, et les races locales. Oui, il y a des races locales un peu partout en France, mais elles sont en voie de disparition. Qui irait s’embêter avec trente vaches bazadaises ? Qui perdrait son temps avec des poules courtes-pattes ou gauloises dorées ? Qui mettrait son argent dans des cochons cul noir limousin ou pie noir du Pays basque ? Fort logiquement, toutes ces merveilles se rapprochent peu ou prou de l’extinction. 99,5%. Demain, 99,8% ?
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Il n’est pas indifférent, à ce stade, de savoir d’où provient au fond la prospère industrie bovine. Car, au moment où ce livre est écrit, le sperme est encore nécessaire pour obtenir ce type de viande. Mais pas l’acte sexuel, qui joint deux organes et transporte le fluide d’un point à un autre. Heureusement.
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N’oublions pas tout de même que, sans veau, pas de lactation. Pas de lait, pas d’industrie du lait. Pas de Yoplait, numéro deux mondial des « produits ultra-frais ». Pas de déclaration du président actuel de l’entreprise : « Aujourd’hui, plus de 15 000 produits Yoplait sont consommés par minute dans le monde. Cette réussite, nous la devons à notre savoir-faire et à la recherche d’authenticité et d’innovation que notre marque a toujours tenu à privilégier depuis sa création. » Pas de Danone, « l’un des rares acteurs de l’agroalimentaire totalement recentrés sur la santé. » Cela fait songer.
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Comme on dirait chez le Winston Smith d'Orwell, "la guerre, c'est la paix", "la liberté, c'est l'esclavage", "l'ignorance, c'est la force". Le mot de cancer n'est pas prononcé une seule fois dans ce texte [de l'entreprise Adisseo] écrit en pure novlangue. Ainsi va la vie dans l'univers impitoyable de l'alimentation animale.
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En 2007 : 6 millions et 73 300 agneaux, brebis, béliers et chèvres ont été tués dans les abattoirs, ainsi que 17 800 chevaux, 25 millions de porcs, 917 millions de volaille (poulets, canards, pintades, oies, dindes)… bref un milliard et 562 800 animaux tués dans des abattoirs contrôlés.
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Chapitre 1: Vivre vite, mourir jeune, faire un affreux cadavre
Terriblement frappant. D'une quasi-carnivore, ce livre est en train de faire de moi une omnivore qui doute de tout ce qu'elle trouve dans son assiette! Percutant et inquiétant.
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99,5% de la viande consommée en France provient de systèmes industriels. Le reste se partage entre la viande bio, laquelle assure d'autres conditions de vie aux animaux, en théorie du moins, et les races locales.
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"L'environnement place l'homme au centre de la vie sur terre et s'intéresse à ce qui peut nuire à ses projets grandioses de bâtisseur. L'écologie considère, elle, l'équilibre des écosystèmes, dont dépend tout le reste, dont le sort de l'humanité."

[Du gouffre de perception séparant environnementalistes et écologistes]
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D'abord : " le consommateur rêve encore d'un produit qui aurait été fait spécifiquement pour lui." Oh ! Le pauvre imbécile ! Ensuite : "la référence du goût devient la référence industrielle." Miam.
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La vraie grande question reste bien : les tests réglementaires sur les pesticides nous protègent-ils contre les perturbateurs ? C’est non.
[...]
Beaucoup, parmi les instances officielles ou les sociétés savantes – elles jouent un grand rôle dans la supposée innocuité des pesticides –, considèrent l’alerte comme étant sans fondement. Les mots d’« irrationalité » ou même d’« obscurantisme » sont bien souvent utilisés pour disqualifier ceux qui se plaignent.
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Parmi les différences flagrantes, la vitesse. On marchait. Tu as toi-même fait plusieurs fois le tour de la Terre à pied, dans les limites de ton foutu canton. Sans beaucoup cesser de porter quelque chose sur le dos. Une bête. Des branches. Un outil. Tout était beaucoup plus lent, car le transport était assuré au rythme de l'âne, ou du cheval, ou du boeuf. Ce sont de sacrés costauds, mais avec eux jamais tu n'aurais remporté une course de vitesse. Et même quand le train a commencé à se répandre, on aurait parfois gagné sur lui en allant à pied par la lande, le bois de la Sauvagère ou le Vallon perché. Tu vois ce que je veux dire ? Même fin 1914, avant ta naissance, quand les wagons ramenaient au village les cercueils des premiers tués de la guerre, ils allaient au pas d'un cheval fourbu. Comme les autocars de la génération suivante, ils s'arrêtaient au milieu des champs, auprès du moindre hameau.
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