Fleur Hana

Elle a cette faculté d'occuper tout l'espace alors même qu'elle n'utilise que trois mètres carrés tout au plus.

– Vous avez fait peur à Jolly Jumper.
Je le fixe, incrédule, attendant qu’il me demande si je vais bien ou… je ne sais pas, n’importe quoi mais pas la mention du cheval de Lucky Luke ! Il m’entend hurler comme un orang-outan qu’on épilerait à la cire et il s’inquiète pour le canasson ? Il observe toujours le poney, je reporte moi aussi mon attention sur la bête et constate qu’il s’éloigne tranquillement vers le champ voisin.
– Jolly Jumper ? Quelqu’un a donné à ce poney rachitique et sûrement nain le nom de la monture du plus célèbre cow-boy français ?
– Vous l’avez effrayé, répète-t-il comme si c’était l’information la plus importante de notre discussion.
Alors que moi, au bout du rouleau émotionnel, je bloque sur le nom saugrenu du Passe-partout équestre. »

Je n'ai pas besoin de compter, j'y suis déjà, au pays du bonheur. Et pourtant, je suis réveillée. Je ne me suis jamais sentie aussi éveillée...

- Ce n'est pas un chagrin d'amour.
- Tu appelles ça comment ?
- Une désillusion post-adolescente avec effet boomerang.

Peut-être que je suis endommagée des sentiments, à présent. Handicapée émotionnelle. Victime du syndrome du membre fantôme, en version "sentiment fantôme".

- Et vous, mon petit, vous avez quelqu'un dans votre vie ?
- Non... Vous savez, je suis plutôt du genre à ne pas me caser.
- Vous caser ? Je suis toujours étonnée de voir les termes que les jeunes de nos jours emploient pour parler du mariage. Vous voyez ça comme une prison, une entrave, la fin de la liberté... Alors que lorsqu'on trouve la bonne personne, c'est tout le contraire.

Lola est en train de danser et chanter. Le son est vraiment... curieux. Bon sang, est-il possible d'être si petite et mignonne et de chanter aussi faux? Aussi mal? Je crois que je viens de découvrir une nouvelle arme de torture et je suis sûr que si je la vendais au gourvernement je pourrais en tirer un prix intéressant. Sérieusement, il n'existe pas une loi quelque part pour interdire de chanter aussi mal?

Je suis toujours étonnée de voir les termes que les jeunes de nos jours emploient pour parler du mariage. Vous voyez ça comme une prison, une entrave, la fin de la liberté... Alors que lorsqu'on trouve la bonne personne, c'est tout le contraire.

—    Les femmes ont des besoins physiques, les gars. On le sait mieux que vous, je pense. D'ailleurs, je me pose en chef de file du mouvement de libération du vagin!

Ben oui, j'avais encore trop bu et tous mes efforts pour rester en dehors du conflit furent annihilés dès l'instant où j’ouvris la bouche pour faire autre chose que boire. Certains ont l'alcool triste, d'autres l'ont euphorique. Pour moi, la boisson donne lieu à une logorrhée abrutissante pour tout le monde, y compris pour moi. Surtout que les connexions neurologiques censées imposer la censure à la parole étaient en train de cuver dans un coin obscur de mon cerveau. Isabelle et Mélodie levèrent leurs verres en signe d'encouragement pour que je ne m'arrête pas en si bon chemin. Il ne m'en fallut pas plus pour continuer.

Tout va bien, Sarah ?
Il lança un regard assez agressif à Sandro par-dessus ma tête. Alors là, si en plus j’avais deux mâles qui se battaient pour moi, vibro ou pas, j’allais exploser. Mais non, Marc est gay et son mec était à côté de lui… J’étais trop excitée pour réussir à penser correctement.
— J’ai avalé de travers, ça va, merci.

Tu m’offres un vibro ?
— Plus ou moins…
— Comment ça « plus ou moins » ? Soit c’est un vibro, soit ce n’en est pas un !
J’ouvris l’emballage qui indiquait le contenu comme étant un œuf vibrant. C’était donc bien un vibro, tout rose fushia, super girly, j’adorais !

J’ai besoin d’argent, de protection, et pas seulement pour moi.

« Prouver qu’on a toujours de la valeur et qu’on est pas juste bonnes à être confinées, comme il n’y a pas si longtemps, reste une priorité, à nos yeux. Peu importe si c’est une bataille personnelle, elle est capitale. »

— Suis-je la seule à trouver notre assemblée étrange ? Un métamorphe,
une nécromancienne, un Urna et une faucheuse. Là, on tient le début d’une blague. Dommage qu’on n’ait pas de nain sous la main, on aurait pu se faire un remake du Seigneur des anneaux. Un rire m’échappe et toute l’attention se concentre sur moi, dans un silence religieux.
— Elle a les élastiques qui lâchent... commente Léandre. Je crains qu’il ait raison.

Je fixe très sérieusement ce candidat, ce qui n’est pas compliqué étant donné mon degré de contrariété, et je lâche :
— J’ai eu un hamster, il y a quelques semaines.
Léandre me regarde sans se départir de son air sympathique. Je poursuis donc :
— Je pensais être capable de m’en occuper. Il a tenu deux jours. C’est vingt-quatre heures de plus que le poisson rouge, me diras-tu. Tu crois pouvoir résister plus longtemps, le bleu ?

Est-ce qu’il sent que je perds patience ou il n’a juste aucun instinct de survie ?

Manque à déterminer si le fait qu’un ange se pointe à mon domicile est considéré comme une raison de planter ma dague dedans. Je pourrais éventuellement dire que j’ai glissé ?

— Le yoga te ferait sûrement du bien, faucheuse.
Je lui tends mon majeur en souriant et lâche :
— Tiens, c’est la posture du « va te faire cordialement foutre », je la gère à la perfection.

Un ancien archange vole des bonbons à un ange guerrier dans une grotte au milieu de nulle part après avoir donné un demi-cookie à un renard sous amphétamines... Tout est normal.

— Tu les imagines faire quoi, là-haut, toute la journée ?
— Jouer de la harpe, courir dans les prairies et tirer des petites flèches sur les humains afin qu'ils tombent amoureux. Entre autres.
— Entre autres ?
Il me semble entendre un ricanement du côté du guerrier.
— Ben je suppose qu'ils doivent aussi cueillir des feuilles de vigne pour s'en confectionner des strings et faire la lessive. Ils se fringuent tous en blanc, non ?