AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Florent Oiseau (307)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les Magnolias

On peut se demander pourquoi les Ehpad portent si souvent le nom de plantes vivaces. Promesse de longévité, argument commercial pour attirer les amateurs de jardinage ou simple esprit taquin ?

Les maisons de retraite aux « magnifiques » volets roulants qui se dénomment ainsi Mimosas, Lys, Lupins, Edelweiss ou Magnolias, fleurissent dans nos impasses. C’est devenu aussi commun que de baptiser une école Victor Hugo ou Jean Jaurès. Les grandes avenues préfèrent encore les maréchaux d’Empire. Bizarrement, les Chrysanthèmes et les pissenlits ont moins de succès dans l’herbier de ces avant-dernières demeures.

La grand-mère du narrateur coule ses derniers jours malheureux aux Magnolias dans un quotidien maussade en forme de copié-collé, rythmé par des animations où l’on écoute des chansons qui parlent d’amour et d’hirondelles, de chagrin, de vent, et de frissons…

Alain, acteur raté, oscar du meilleur cadavre de séries TV et recenseur de noms de poneys, lui rend visite chaque dimanche entre deux sandwichs flageolets-beurre. Il crève à l’écran à défaut de crever l’écran.

Il passe son temps à laisser passer le temps. Il ne fréquente que son agent Rico, plus doué pour les magouilles que pour lui trouver des rôles et Rosie, une prostituée au grand cœur qui le reçoit avec ses fesses à confesse dans sa caravane.

Le journal intime d’un oncle acariâtre, trouvé dans la maison de la grand-mère, où Alain part se réfugier au volant de sa Fuego 1984, révèle que mamie Rosie a eu une vie beaucoup moins lisse qu’il l’imaginait, beaucoup moins terne que la sienne.

Ce roman dispense de l’humour noir en rafales, sans faucher le récit pour un bon mot. Derrière ces sourires de façade, cette histoire raconte avant tout l’infinie tendresse d’un petit-fils pour sa grand-mère. C’est le souvenir que je garderai de cette lecture. On s’aperçoit rapidement que les épisodes du récit, plus drôles les uns que les autres servent à voiler pudiquement les émotions, que la farce met le drame au régime et que le burlesque déguise une réalité bien glauque. Lire ce roman, c’est comme se réchauffer de la lumière diffusée par une toile de Pierre Soulages.

A la différence de la pandémie dépressive qui infecte beaucoup de romans, Florent Oiseau nous incite à retirer les masques de protection pour ne pas cacher nos sourires et il protège ses antihéros d'une éclipse totale en transfusant veines et varices d'une bonne dose de naïveté émotionnelle qui les rend sympathiques.

Seul bémol au Synthol, j’aurai aimé que le récit lève davantage le voile sur les secrets de la grand-mère. Néanmoins, il y a bien longtemps que je n’avais pas surligné autant de répliques et de citations dans un roman.



Commenter  J’apprécie          1043
Les fruits tombent des arbres

Le petit Oiseau est sorti !

Faut-il vivre en marge de la société pour être libre ? Vous avez deux heures si vous n’avez pas grand-chose à faire ou à lire. Un peu comme Pierre, un ravi du banal, qui s’accomplit dans une monotonie que l’auteur nous invite à autopsier.

Certains sont acteurs de leur vie. Pierre, lui, préfère la place du spectateur vautré dans son canapé. Un contemplatif de l’inutile.

Les personnages de Florent Oiseau sont toujours des oisifs assumés aux CV déplumés. Se serait-il appelé Lion, qu’il aurait peut-être imaginé des avatars plus féroces.

Pierre, rentier frugal, amateur de plaisirs simples, comme taper la causette avec les tapineuses du coin, suivre les programmes d’une machine dans une laverie automatique ou se faire réquisitionner par une actrice célèbre pour monter une mayonnaise, est témoin de la mort soudaine d’un homme à un arrêt de bus.

Cet évènement complique sa vie et bouscule son karma de koala. Quand il découvre que le bonhomme était son voisin et qu’il ne l’avait jamais vu, Pierre se sent pousser par un effet miroir ébréché à rechercher ce qui animait le défunt before son trépas. Il rencontre la veuve, les amis et tente de remonter le fil de son dernier trajet… à bicyclette ou en autobus. Ce poète de quotidien, qui a appelé sa fille Trieste, va en profiter pour interroger son inexistence et les caprices de la fatalité.

Ne fuyez pas. Le récit ne vous fera pas tomber du nid mais les bons mots de Florent Oiseau vous feront piailler de rire. Il a le sens de la formule pour magnifier l’ordinaire, le goût pour les dialogues imparables, des citations qui pousseraient Jean D’Ormesson à la résurrection pour compléter sa collection. C’est beau de s’émerveiller devant l’écoulement d’un caniveau. Pourquoi rechercher le sublime au bout du monde, quand un trajet en autobus mériterait un classement à l’Unesco ?

J’ai retrouvé avec plaisir la prose de son précédent roman, l’excellent « les Magnolias », mais cette histoire anorexique m’a vraiment laissé sur ma faim. J’ai eu la dalle côté rebondissements et je regrette aussi que les personnages secondaires traversent le roman comme des ombres chinoises, défilé de figurants, (riz) cantonnés à donner la réplique.

Les bons mots sont alignés, comme des idées recyclées et exhumées de vieux carnets, mais le fil qui les unit ne trouve jamais le trou de l’aiguille pour piquer ma curiosité.

L’humour maintient le héros et le lecteur en vie mais ce roman casanier aurait mérité de maturer. Les fruits tombent des arbres… quand ils sont mûrs.

Cueillette un peu trop verte à mon goût.

Commenter  J’apprécie          1039
Les Magnolias

Aux Magnolias, il y a comme une odeur d’eau de Cologne, un air morose où la jeunesse ne semble jamais avoir existé.

Alain, acteur sans rôle, rend visite régulièrement à sa grand mère. Une grand mère qui ne se rappelle plus vraiment de grand chose, qui est vieille et qui aimerait qu’on l’aide à mourir.



Alain nous fait ressentir de l’odeur jusqu’à la couleur de ces murs de prison. Le mouroir. Là où les vies attendent le dernier train.



Entre ces visites aux Magnolias, il rigole avec son meilleur pote Rico, il s’accorde un peu de plaisir charnel avec Rosie contre un billet que la demoiselle refuse. L’amour c’est compliqué. C’est peut-être Rosie ou pas.



On parle beaucoup de coup de cœur pour ce roman. De mon côté, j’ai eu quelques passages coups de cœur c’est vrai, surtout quant il s’agit de parler de ces vieux qui manquent. Et pas mal de passages à vide.

Il n’y a pas vraiment d’histoire ici, pas un réel fil conducteur. Pas de quête, pas d’action, c’est un coffre-fort rempli de petits trésors, réflexions, tendresse, espoir. Il y a des larmes aussi quand il s’agit pour un fils de se rappeler qu’un jour sa mère a été belle et libre.



J’aurai voulu me laisser prendre par cette danse à mille temps, mais un style un peu trop sectaire porté sur l’anatomie masculine un peu trop omniprésente, des personnages, vieux ou jeunes pas vraiment attachants, un peu trop barricadés hors des sentiments.

Commenter  J’apprécie          9812
Les Magnolias

Ça fait un moment que je devais m'y mettre à ce drôle d'Oiseau (jeu de mots bien pourri mais j'avais tellement envie…).



Ses deux précédents romans sont sur mes étagères, bien sages, pas envahissants, mais je ne sais pas pourquoi, je m'élance avec celui-là. J'avais débuté JE VAIS M'Y METTRE (justement…) sans le terminer. Y'a des bouquins dont c'est le moment. Ou pas.



Je débute donc LES MAGNOLIAS.



Et bordel, qu'est-ce que j'ai aimé !



C'est l'histoire d'un mec.



Alain, il s'appelle Alain, le type. C'est un acteur. Qui joue dans rien en fait. Un peu raté pour un futur oscar.



Le dimanche, il va aux Magnolias.



Et là, aux Magnolias, y'a des vieux. Par centaines … (Cloclo, si tu nous entends) …Normal pour une maison de retraite…



Mais celle à qui il rend visite, c'est sa mamie. Et voilà que la petite mémé lui demande de l'aider à mourir.



Bon, ben, autant te dire, que ce bouquin pue le coup de coeur, pour moi, à plein nez ! Tu vas dire, c'est normal, y'a une vieille mamie. Et Juju et les mamies … On commence à connaître la chanson. Pourtant, ça n'a rien à voir avec mes penchants gérontoaffectifs.



En fait, ce bouquin m'a épaté. M'a laissé un peu sur le cul. Parceque c'est vrai, fantastiquement vrai. Florent Oiseau n'y va pas avec le dos de la cuillère et le politiquement correct lui semble totalement étranger. Et pourtant, c'est tendre, c'est réel, et c'est souvent juste hilarant.



Florent Oiseau raconte la vie sans falbalas, sa plume est tellement juste, tellement forte que je ne m'en remets pas. Il posséde ce talent de la nonchalance non étudiée, une façon d'écrire qui n'appartient qu'à lui. Il n'imite personne et trace sa plume.



C'est sacrément lucide et je me suis fendu la poire, autant que je me suis parfois un peu décomposé. Je mesure toujours l'impact d'un livre à l'envie que j'ai de noter des extraits sur un carnet … Autant vous dire que j'ai souvent eu envie de copier des passages entiers …



Putain, voilà que je vais vite lire les autres en fait ! Il m'a embobiné le bougre ! Qu'est-ce que j'ai foutu tout ce temps sans Florent Oiseau !


Lien : https://labibliothequedejuju..
Commenter  J’apprécie          877
Tout ce qui manque

Piailler d’ennui !

Je n’ai pas été conquis par le cinquième roman de cet auteur au nom volatile dont j’avais humé « les Magnolias » avec délectation.

Un écrivain indolent au succès de peu d’estime, guère aidé par un « bouche à oreille » qui ne dépasse pas le murmure de son éditeur, est quitté sans préavis par sa compagne, Ana.

Eperdu d’amour et perdu tout court, l’anti-héros veut reconquérir sa belle. Poète, il aurait pu lui décrocher des étoiles, mais comme il n’est même pas astronaute, notre Thomas Pesquet dans la Lune décide de lui écrire un roman d’amour pour la convaincre de le reprendre sur le marché de l’occasion. Ou remettre le couvert pour les moins romantiques.

Pour noircir ses lignes, le citadin abandonné décide de se retirer dans sa maison familiale dans un village paumé de Dordogne. Sur place, le retour aux origines, l’aération de ses souvenirs et la fréquentation d’autochtones décalés vont doper son inspiration d’amoureux en transit.

Florent Oiseau n’a pas perdu son humour désenchanté, ses punchlines bien de chez nous malgré cet anglicisme paresseux, et ses anti-héros contemplatifs et glandeurs. Ses personnages souffrent toujours un peu du syndrome de Peter Pan, ils sont adultes mais agissent comme des enfants qui rechignent à grandir, ils préfèrent jouer avec les paquets cadeaux à Noel ou de céder au vertige d’une flaque d’eau. Joindre le futile à l’agréable. Il n’y a pas que le diable qui est dans les détails, les rêves y occupent aussi une place de choix.

Si la distribution et le ton sont donc au rendez-vous, sortez votre carnet de citations, l’auteur a négligé selon moi un léger détail : une bonne histoire à raconter. J’avais déjà regretté cette tendance à privilégier l’aventure intérieure à l’action de corps étrangers dans son dernier roman « les fruits tombent des arbres ».

Je sais, je suis un peu maniaque, pourquoi romancer son nombril, mais les romans qui racontent l’écriture d’un roman, c’est souvent comme baver devant un livre de recettes sans passer à table dans la foulée ou s’intéresser à la notice technique d’un appareil ménager quand il tombe en panne. Je n’ai peut-être pas la sensibilité suffisante pour me contenter du récit des affres d’une rupture amoureuse, des lèvres gercées d’un manque de baisers, de l’odeur renfermée de vieilles pensées et de la noblesse des combats perdus d’avance.

Pour animer un peu l’intrigue, Florent Oiseau glisse quand même une affaire d’empoisonnement de quelques chiens du village avec des gendarmes qui ne risquent pas d’intégrer le GIGN. C’est de la garniture, la feuille de salade pour faire joli qui reste dans le coin de l’assiette.

Je continuerai à suivre cet auteur car il n’est pas avare de bons mots mais son humour ne sauve pas ici cette histoire, petite vague sans écume.

Désolé de lui voler ainsi dans les plumes.

Commenter  J’apprécie          822
Les Magnolias

Florent Oiseau aime les perdants. Les laissés pour compte du système. Alain est un acteur, dont le seul rôle, dix ans plus tôt, était celui d’un cadavre, au début d’un épisode de série télé. Si l’étiquette lui est restée, et s’il la revendique, le succès ne vient pas et même pas l’occasion de faire ses preuves. Son agent court après le cachet, sans rien décrocher.





Son emploi du temps désertique lui permet de se rendre quotidiennement aux Magnolias, où sa grand-mère s’étiole avec la perte progressive de la trame de sa vie. Les odeurs, la mesquinerie de ceux qui gèrent le quotidien dans cette antichambre de la mort, tout cela est fort bien épinglé.



C’est la découverte d’un cahier intime appartenant à son oncle qui lui fait prendre conscience que sa grand-mère n’est peut-être pas celle que l’on croyait.



Une réelle tendresse transparaît entre les lignes chargées d’un humour parfois corrosif. Des scènes burlesques viennent alléger ce récit plutôt sombre : un femme au crépuscule de sa vie, un quadra seul, sans boulot, il faut de la dérision pour alléger le cadre déprimant.





Florent Oiseau s’en sort, bien, avec moins d’outrance que dans Je vais m’y mettre. Et c’est plutôt agréable.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
Commenter  J’apprécie          770
Je vais m'y mettre

Mais se mettre à quoi exactement Monsieur Oiseau ? À donner un sens à la littérature contemporaine ? À susciter l'émoi de ceux qui ne demandent qu'à sourire de tout, pour un rien ? Vous l'aurez compris, je sais désormais ce qu'éprouvent ces personnes ayant "un réel coup de coeur pour un livre si bon, si beau, si juste" qui, je l'avoue, me faisaient l'effet d'exagérer légèrement, la lecture étant pour moi vivante surtout dans le recul, la distanciation et enfin seulement dans l'appropriation.



Et voilà que, pour mon plus grand plaisir, un jeune écrivain se permet de me perturber dans mes habitudes de lectrice. Mais de quel droit ? Celui du talent visiblement, et d'un talent presque nonchalant, à la limite de l'arrogance. Florent Oiseau, de manière plus involontaire qu'engagée (il me semble) nous parle d'une certaine précarité de la vie, qui peut mener à certains glissements dramatiques que l'on envierait presque sous l'influence de ses mots cousus dans un patchwork de finesse, d'absurdité et juste ce qu'il faut de vulgarité pour témoigner d'un récit de vie, toute simple et tout simplement. Une familiarité en somme, sûrement celle qui donne envie de comprendre l'auteur (j'étais presque d'accord pour me faire fille de joie sans culpabiliser).



Mon seul (tout petit même minuscule) regret se tourne vers le potentiel poétique de cet écrivain qui, selon moi, aurait pu être davantage exploité (même si je n'ai pas pu retenir mon rictus de petite bourgeoise à l'apparition du myosotis à un moment précis de réminiscences qui fait écho à l'Aurelia de Nerval dans mon esprit).



Cela étant, après avoir été bien renseignée par mes compatriotes babeliotes, je sais que le deuxième roman de Florent Oiseau (Paris-Venise) a récemment pointé le bout de son nez et qu'il a apparemment tout ce qu'il faut de poésie pour combler mon côté "fille un peu niaise mais pas trop".

Commenter  J’apprécie          718
Les fruits tombent des arbres

Pierre, la cinquantaine, a été marqué par le décès brutal d'un voisin à l'arrêt du bus 69 qui passe en bas de son immeuble, et se retrouve à errer sur le parcours de cette ligne. Il rencontre une jeune femme, donne rendez-vous à sa fille Flore dont il apprend les amours, discute avec les prostituées de la rue Blondel, s'interroge sur la vie. ● Sur un sujet aussi mince, le livre pourrait être une vraie catastrophe. Or ce n'est absolument pas le cas. Florent Oiseau a le don de réussir des romans sans réelles intrigues, que d'habitude je fuis, et ce qui est à mon avis le plus difficile. ● le livre est parsemé de réflexions douces-amères, plein d'une drôlerie qui font rire jaune, beaucoup plus profond que sa désinvolture apparente ne le laisse penser de prime abord. ● Il est indéniable que l'auteur a le sens de la formule et que ses romans procurent un grand plaisir de lecture. J'ai aimé ses trois livres précédents et j'aime aussi celui-ci ! Un auteur que, bien sûr, je vais continuer à suivre et que je vous encourage à découvrir si vous ne le connaissez pas encore.● Merci à Babelio et aux éditions Allary de m'avoir offert cet ouvrage dans le cadre de l'opération Masse Critique.
Commenter  J’apprécie          652
Paris-Venise

J'ai découvert il y a quelques semaines déjà le jeune auteur Florent Oiseau par son Je vais m'y mettre, par son Fred. Et mes cinq étoiles parlent d'elles-mêmes quand on sait que j'ai eu l'outrecuidance de n'en mettre que trois à un Dostoïevski (pas le meilleur tout de même, vous en conviendrez).



Sans hésiter je me suis lancée dans la lecture de son second roman, Paris-Venise, avec en tête une petite voix qui fredonnait la rengaine des deuxièmes fois qui arrivent bien trop vite après la première mais (presque) jamais à son niveau. À partir d'aujourd'hui, c'est décidé, avoir tort est ma nouvelle première passion.



Non seulement Monsieur Oiseau nous propose une intrigue aussi bien menée que dans son premier opus, sinon plus, mais il y parvient sans perdre une miette de ses délicieuses formules (à volonté en termes de justesse et de drôlerie).



Un train-couchettes qui donne envie de tout sauf y dormir, des protagonistes aussi loufoques que touchants et l'homme de toujours, Roman, qui n'a pas de romanesque que son nom, loin s'en faut. Ayant lui-même officié à bord de cette liaison, Florent Oiseau semble jongler entre ses petits moments de vie et ceux qu'il a sûrement dû fantasmer les nuits où tous les passagers étaient en règle, où personne n'a cédé à la tentation d'un léger larcin et où il ne restait donc que les lumières des villes au loin qu'il nous décrit pour le tenir éveillé.



C'est là que tout son talent réside, une beauté désinvolte conférée aux recoins parfois sombres, qui en fait des non-lieux. Florent Oiseau ou la suggestion du plus beau par le sentiment parfois, par la dérision tout le temps.
Commenter  J’apprécie          653
Les fruits tombent des arbres

Il chantait si bien...:

Pour avoir si souvent dormi

Avec ma solitude

Je m'en suis fait presque une amie,

Une douce habitude.

Non, je ne suis jamais seul avec ma solitude.





Pierre, le narrateur, n'est en fait jamais seul mais il aime revenir a sa solitude apres chaque rencontre qu'il fait. Et il en fait…Desoeuvre par ideal de vie, il aime errer au hasard autour de chez lui, a Paris, prenant a rebours des itineraires modianesques. “La marche et l’attente sont des denrees precieuses, rien ne doit les galvauder, car le temps n’est important que s’il est possible de le gacher, de jouir de la liberte intellectuelle de le dilapider sans avoir le sentiment de le perdre, de flaner sans but, sans amour et sans haine”.



Et il y peche plus d'aventures qu'en franchissant les Andes et plus d’interet qu'a visiter la Galleria degli Uffizi. Parce que tout et rien l'interesse, les hommes et femmes qu'il croise au hasard de ses deambulations, surtout ceux qui semblent les plus perdus, qu'il a l'art d'ecouter, qu'il a l'art d’aider sans en avoir l'air, sans s'appesantir. Parce qu'il est oisif mais pas inactif, et dans ses errances il sait s'arreter quand il repere quelque chose, quelqu'un, interessant parce que se demarquant de l'entourage. “Je n’ai cherche, tout au long de ma vie, a ne m’entourer que de personnes qui ne faisaient pas grand-chose, car c’est, selon moi, l’essence meme de l’extraordinaire. Il faut un certain detachement, une forme de poesie pour se satisfaire du banal et en extraire le merveilleux. […] Or il n’y a rien de plus delicieux que l’ennui, c’est grace a ca que survient l’interet pour le petit, pour le deglingue, pour ce qui pue la merde. C’est l’ennui qui magnifie l’inutile, et vice versa”.



Chaque rencontre de ce flaneur pourrait etre une nouvelle, et toutes se lient entre elles par ses pensees, par ses reactions internes, par son parcours d'une annee plus particuliere qu'il n'ose se l'avouer. Et cela devient, touche apres touche, interessant. En plus l'auteur a l'art de la formule, on se prend a sourire a plus d'une page, et comme le livre n'est pas long, cela n'arrive pas a devenir lassant.





Somme toute un livre agreable a lire, que je conseillerais pour des journees oisives de vacances dans une plage perdue (le meilleur endroit pour se languir de Paris). Moi je n’ai pas attendu l'ete, aguiche par les compte-rendus de Berni et d'ODP, que je salue.

Commenter  J’apprécie          612
Les Magnolias

J'ai beaucoup aimé ce livre. C'en est même curieux car il ne s'y passe pas grand chose et les personnages n'ont rien de flamboyant. Ils sont même plutôt ternes et d'une banalité déprimante.

Pourtant, Florent Oiseau les fait vivre avec humour, dignité et tendresse. Il emploie juste ce qu'il faut de réalisme et de pudeur pour ne jamais sombrer dans le glauque ni le larmoyant.

Très touchant.
Commenter  J’apprécie          610
Les fruits tombent des arbres

Pierre.



Pierre, c'est un type normal. Un mec un peu banal. Qui fout pas grand-chose en réalité. Un peu largué, un peu seul sur la Terre ...



Pierre, c'est nous, dans nos petites contradictions, dans nos drôles d'habitude, dans nos aspirations perdues quelque part dans la vraie vie.

Un jour, parmi tant d'autres, il assiste à la mort d'un habitant du quartier, là, à l'arrêt du bus. Comme le fameux fruit qui s'éclate au sol. Comme une déflagration silencieuse qui ne bouleversera pas la marche du monde. Une vie qui s'arrête là, brutalement, sans préavis. Et Pierre, ça va le toucher. Ça va le faire réfléchir.



Commence alors une odyssée de l'inutile, un voyage vers l'essentiel, sur la ligne 69, dans ces rues, dans ces quartiers où nos contemporains se croisent, se délitent, s'ennuient, aiment parfois et courent après quelque chose d'incompréhensible. Galerie d'instants, de personnages, d'êtres humains, ceux qu'on croise tous les jours. Comme une salade de fruits, jolie, jolie, un tableau vivant de ceux qui s'accrochent aux branches pour ne pas tomber trop lourdement.



De restos un peu miteux, en parcs délabrés, le merveilleux s'immisce partout pour qui sait le voir. Florent Oiseau contemple l'ordinaire du haut de son infinie tendresse, avec une ironie mordante qui touche au tragi-comique.



Ce roman est un périple parisien dans tout ce que la ville a de plus ordinaire, de plus hors du commun. Florent Oiseau ouvre grand les yeux sur nos petits travers, nos existences si fragiles, comme le font les poètes.

Il y a de la mélancolie, il y a de l'aigre doux chez cet écrivain qui, de livre en livre, trace un sillon à la fois original et universel. Il y a de la vérité dans ce roman, encore une fois. de celle qui touche le lecteur, lui arrache un sourire, une grimace, une émotion.



Définitivement, je suis sous le charme de cet auteur, qui écrit comme nul autre les choses simples, donnant au banal ses lettres de noblesse et faisant de l'oisiveté un sport national, de la contemplation, une raison d'exister un peu plus.


Lien : https://labibliothequedejuju..
Commenter  J’apprécie          602
Je vais m'y mettre

On ne peut pas dire que le narrateur soit une figure attractive : c’est le type même du loser qu’on a envie de ne pas rencontrer.



Pourtant au début du roman , il semble décidé à « s’y mettre », à changer sa vie. Mais on comprend vite que renoncer à l’alcool n’est pas à l’ordre du jour, et que sa philosophie de la vie se résume à des brèves de comptoir, proférées par un cerveau embrumé.



La vulgarité de ses propos le classe sans état d’âme dans la catégorie gros beauf, et pire gros beauf qui s’ignore.

C’est une descente aux enfers qui s’annonce puisque lorsqu’il trouve un moyen de subsistance autre que les maigres émoluments du RSA, c’est dans le proxénétisme amateur, sous prétexte de protéger deux jeunes femmes de son entourage, qui lui assurera un revenu très correct!



Et malgré tout, on reste accroché au récit, un peu par curiosité, pour voir jusqu’où ce triste personnage ira dans la bêtise.



C’est l’écriture qui sauve le texte, et les qualités d’observation et de restitution du personnage.



De l’humour aussi, qui fait parfois rire un peu jaune.





A suivre pour confirmation ou pas .
Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          591
Tout ce qui manque

A la suite de sa rupture avec Ana, un écrivain sans grand succès, Laurentis, décide d'aller passer quelque temps en Dordogne dans la maison de campagne de ses parents décédés ; il pourra ainsi écrire son nouveau livre, un roman d'amour, qui, espère-t-il, lui donnera l'occasion de se réconcilier avec Ana. ● Pour son cinquième roman, Florent Oiseau ne change ni de style ni de genre. On retrouve sa désinvolture, sa nonchalance, son écriture des petits riens de la vie, mais aussi celle des grands problèmes réduits à de petites bulles d'humour qui éclatent mezzo voce. « Depuis plusieurs mois, notre couple ressemblait à un dimanche. » ● La mise en abyme de l'écriture lui permet de belles réflexions avec beaucoup d'autodérision (même si ce n'est pas l'auteur qui parle mais le narrateur Laurentis) : « Les écrivains rationnels, les mathématiciens du récit, les amoureux du plan, des fiches, ceux animés par des convictions, font toujours d'excellents commerciaux. Pour moi, écrire un livre est un jeu de hasard, de chance, de passages secrets dans lesquels on s'engouffre sans le faire exprès, d'atrophies, de greffes bancales et d'improvisation. » ● On remarque tout de même de nombreuses similitudes entre Laurentis et lui, y compris dans l'écriture : « J'aime le second plan, le détail oublié. C'est ce qui participe au fait que mes romans n'intéressent pas grand monde. […] Il y a des choses que je veux être le seul à dire, à écrire. » ● Comme le dit son éditeur à Laurentis : « de tous les écrivais sans intérêt, vous êtes le meilleur Laurentis » ! ● La séance de dédicaces dans le village donne lieu à des saynètes cocasses ; elle met aussi en scène un écrivain qui révèle que son dernier livre est « un dictionnaire pensé depuis le point de vue d'une vache », ce qui permet d'avoir ces définitions : « Humains : bêtes curieuses de l'autre côté de la clôture. Meuh meuh : discours officiel. Sabots : talons avec lesquels il faut bien apprendre à marcher. Végétariens : camarades de lutte. » ● On retrouve dans ce roman-ci les évocations poétiques et imagées comme : « C'est pour ça que les lendemains m'obsèdent. Pas parce qu'ils annoncent des drames. Ça, c'est le jeu à la rigueur. Mais parce qu'ils se succèdent, stoïques, implacables, ils balaient et normalisent tout. » ou les observations bien senties à propos desquelles on se dit « il a raison ! » : « Vera souriait en tenant sa tasse à deux mains comme le font les femmes tristes (ou frigorifiées) dans les films. » ● On croise des personnages hors du commun, souvent en marge de la société, comme la fermière et son fils alcoolique et « un peu con » mais « pas mauvais », l'ancien criminel « la Gâchette », la sexagénaire Véra amatrice de LSD… et surtout le chien Xavier, très attachant, dans ce village où trois puis quatre chiens ont été empoisonnés. ● Il faut beaucoup de talent pour réussir de telles oeuvres car elles ne prennent pas appui sur une tension narrative ; elles vivent par leur style, leur sens de la formule, leur puissance d'évocation, leurs images… ● Si Tout ce qui manque est digne d'intérêt et plein d'un charme à la fois lumineux et mélancolique, j'ai tout de même préféré Les Magnolias (2020) et Les fruits tombent des arbres (2021) du même auteur.
Commenter  J’apprécie          583
Les fruits tombent des arbres

Les fruits tombent des arbres est un roman d'un certain Florent Oiseau qui m'a cueilli au vol.

Déjà, s'appeler Florent Oiseau prédestine à une belle vocation lorsqu'on prend la plume. Mais cela ne suffit pas.

Le narrateur, un certain Pierre, la cinquantaine, nous invite à prendre connaissance d'un fait-divers banal. Cela s'est passé à une station de bus, sur la ligne 69. L'endroit est très précis, c'était devant le 112 de la rue de la Roquette à l'arrêt Popincourt, vous savez juste à côté de l'épicerie et en face du restaurant libanais. Je dis ça au cas où...

Un homme est mort là à cet endroit, sans doute d'une crise cardiaque, il est tombé par terre comme un fruit tombe d'un arbre.

Le narrateur a vu son cadavre peu après l'événement. Il n'y était pas préparé. On n'est jamais préparé à cela. C'est l'épicier qui lui a raconté la scène plus tard. Cet homme était un voisin de l'immeuble dans lequel vit le narrateur.

Des voisins, des amis, des proches se mobilisent auprès de la veuve éplorée. On découvre que l'homme était un fervent de la petite reine, alors en hommage à lui le convoi funéraire prend l'allure d'une course cycliste vers le cimetière, tranquille au départ et qui ressemble à l'arrivée à un sprint au sommet du col du Tourmalet où l'on voit la veuve éplorée sortir son épingle du jeu. C'est à cet instant que je me suis dit que ce roman était beau et génial.

Ensuite, je me suis posé une question banale, pourquoi la ligne 69, pourquoi pas la ligne 70 ou la ligne 68... ? C'est vrai, non ?

Pour moi, le chiffre 69, dans la génération à laquelle j'appartiens, me renvoie immédiatement à Serge Gainsbourg... Mais pas que... Et là, je diverge, oui oui je diverge et si je développe (au sens littéraire bien sûr), Babelio risque de me censurer... Dommage pour vous...

Plus tard j'ai compris qu'il n'y avait pas de hasard, justement lorsque le narrateur pose cette question existentielle : « Est-ce la vie qui crée le hasard, ou l'inverse ? » J'ai une petite opinion sur le sujet mais je me garderais bien d'y mettre mon grain de sel ici... Et puis il me faudrait non pas deux heures mais deux jours et une caisse de Côtes de Bourg à partager entre amis...

Je reviens au récit. Ici, faire une omelette aux champignons devient une problématique philosophique insondable. C'est vrai tout de même, que mettez-vous dans votre omelette aux champignons ? Des pleurotes ? Des girolles ? Thèse, antithèse... le narrateur tranche dans une synthèse qui ne permet aucune discussion : des shiitakés.

La ligne 69 de ce bus devient brusquement l'invitation à un voyage, une déambulation, un fil tendu au-dessus du vide, au-dessus de nos vies a priori dérisoires.

Florent Oiseau, au travers de quelques battements d'ailes nous démontre le contraire.

C'est à la fois drôle et touchant.

C'est une poésie de l'ordinaire, mais les jours ordinaires ne sont pas banals. C'est une poésie de l'absurde, car la vie est ainsi faite, idiote, intelligente et géniale...

Où le quotidien devient un théâtre inouï d'émotions.

Il y a quelque chose d'absurde, de profondément déjanté dans ce roman que j'ai adoré.

Qui évoque aussi le caractère éphémère des choses.

Qui parle d'amour.

J'ai souri lorsque le narrateur cite les commentaires sous les vidéos des sites pornographiques et qui pour lui tiennent lieu d'ouvrages sociologiques, de bouteilles jetées à la mer et parfois même aussi d'aphorismes furieusement poétiques.

J'ai adoré la rencontre de Pierre avec une actrice de cinéma célèbre un peu en déclin, à la laverie automatique du coin, celle-ci tente un sursaut dans sa carrière et cela tient à la réussite d'une mayonnaise. Sublime !

Il y a des plaies béantes dans les personnages de ce roman.

Dans ce récit, des femmes, des hommes tombent comme les fruits tombent des arbres.

Se relèvent aussi.

C'est un récit d'une infinie mélancolie où les jours ordinaires deviennent nos drames, nos doutes, nos failles, nos rebonds aussi parfois heureusement.

J'ai vu ici nos vies intimes.

Il y a de la fraternité dans des pages qui disent la terrible solitude vertigineuse de certains personnages, la vraie solitude, subie, terriblement.

Le monde bascule alors pour Pierre la narrateur vers une autre dimension.

Le roman est aussi l'éloge de la liberté, le droit de s'en aller, de partir, de larguer les amarres, vers l'ailleurs.

J'ai aimé apprendre qu'une seconde, c'est le temps qu'il faut à un fruit pour tomber de son arbre, à un homme pour tomber raide mort sur le trottoir devant le 112 de la rue de la Roquette, pour croquer dans un oeuf dur...

J'ai aimé le regard que le narrateur pose sur l'amour. Aimer l'amour, les femmes, leurs hanches, leurs peurs, le goût de leur salive, la façon dont elles prennent le café...

Il a une fille qui s'appelle Trieste, en souvenir d'une ville d'Italie et dans Trieste il y a le mot triste. Les moments de ces rencontres sont beaux et offrent comme un sens ultime à ce roman.

Il y a quelque chose d'extraordinaire dans les mots de ce récit.

L'oiseau fait son nid, les mots aussi dans ce texte où viennent se nicher les âmes d'Antoine Blondin ou d'Alexandre Vialatte...

Les jours ordinaires cachent des territoires insoupçonnés, d'une beauté douloureuse. Florent Oiseau nous le rappelle ardemment et c'est jouissif.

Quand les fruits tombent des arbres, je me garde bien à l'heure de la sieste de me retrouver en dessous. Et quand bien même...

Mais quand je lis Florent Oiseau, je m'envole...



♬ Gainsbourg et son Gainsborough

Ont pris le ferry-boat

De leur lit par le hublot

Ils regardent la côte

Ils s'aiment et la traversée

Durera toute une année

Ils vaincront les maléfices

Jusqu'en 70

69 année érotique

69 année érotique ♬



Lu dans le cadre de la sélection Prix CEZAM 2022.
Commenter  J’apprécie          5614
Je vais m'y mettre

Fred est un petit branleur, chômeur professionnel, spécialiste de l’allocation. Il vit à Paris dans un studio minable que lui loue à crédit son oncle. Toujours à la recherche d’une combine plutôt que d’un travail, il pointe tous les jours au balto.

Fred est un papillon qui butine d’une femme à une autre, pour peu qu’elles ne soient pas trop regardantes, d’une bouteille de côte du Rhône à une autre, pourvu que le prix ne dépasse pas les quatre euros zéro six.

Il est un aficionado de la procrastination, un professionnel du dilettantisme, jusqu’au jour où sonne le glas des deux ans de chômage…

« Je vais m’y mettre demain » est une histoire débordante d’humour que l’on aurait aussi bien pu titrer :« Les poissons panés, c’est avec le riz qu’il se marient le mieux. »

C’est une philosophie de vie que l’on pourrait résumer par :

« c’est ça, la vie, quelques espoirs en pagaille çà et là, des plaisirs simples, une grasse matinée, un éternuement libérateur. Un boulot pour payer le loyer, quelques convictions, une étreinte amoureuse de temps en temps, un pavé de saumon à l’estragon avec du riz bien cuit. Tout le reste n’est qu’un long chemin de croix, ponctué par des déchirures, des doutes et des chiasses verdâtres. »

Une belle histoire en quelque sorte…

Allary éditions, Pocket, 186 pages.

Commenter  J’apprécie          562
Les fruits tombent des arbres

Un drôle d'ouvrage qui ne vous tombe jamais des mains, qui prête souvent à rire ou à sourire, vous saisit par sa poésie et qui pourtant est porté par un rythme très lent, où l'inaction prévaut largement sur le reste. Un roman intéressant, dans lequel je me suis attachée à cet homme si ordinaire, si peu audacieux, si exempt d'ambition si ce n'est celle de déceler dans la banalité de son quotidien une magie qui enivre aussi surement que le vin. Finalement, à quoi ressemble le bonheur pour chacun d'entre nous? Pour vous, peut-être à une gigantesque pile de livres ;-)

Pour notre narrateur, le bonheur a le visage des passants observés depuis le siège du bus 69, le goût d'une séduction qui n'ira jamais plus loin que ses balbutiements (une relation, c'est un peu le début des complications), le parfum d'une enfant qu'il aime plus que tout mais à qui il ne sait pas parler et qui ne lui manque jamais, la consultation poétique des commentaires laissés sur les sites pornos par Biroute 66...cet homme ne fait pas rêver et pourtant il porte en lui certains aspects de notre humanité, dans lesquels tout un chacun peut se retrouver en partie : paresse intellectuelle parfois, forme d'oisiveté assumée, générosité presque accidentelle ou calculée, intérêt pour les autres mêlé paradoxalement de préjugés, amour des petits riens qui enchantent le quotidien, maladresse de la relation aux autres ou finesse d'analyse...étrange oiseau !
Commenter  J’apprécie          545
Les Magnolias

Alain, un acteur quadragénaire qui n’a jamais joué qu’un mort dans une série de l’été sur TF1, va régulièrement voir sa grand-mère dans la maison de retraite Les Magnolias, tout en faisant une liste de noms pouvant être donnés à des poneys et en allant chercher du réconfort auprès de Rosie, prostituée au grand cœur. Il apprendra des choses insoupçonnées sur la vie de sa grand-mère et peut-être son agent Rico, qui vit de combines illégales, lui obtiendra-t-il enfin un vrai rôle. ● Comme dans les deux romans précédents de Florent Oiseau, Je vais m’y mettre et Paris-Venise, on retrouve ici sa prose désabusée, désinvolte et surtout pleine d’humour. Certaines phrases font sourire, d’autres éclater de rire. La tendresse, la poésie et la sensibilité sont omniprésentes. Le récit construit touche après touche le superbe portrait d’un loser magnifique. Une voix tout à fait singulière qu’on ne se lasse pas d’entendre.
Commenter  J’apprécie          544
Les Magnolias

Je ne ferai pas un long commentaire car tout a été dit déjà .



Ce que je retiendrai surtout de ce court roman contemporain c’est une drôlerie : impertinence douce - amère, humour noir corrosif , mélancolie touchante, passage du temps, rire jaune ,…..



L’écriture jubilatoire est pétrie d’autodérision. ,de burlesque et de légèreté .



L’auteur avec poésie , un sens du tragi- comique aigu impose son humilité dans les relations entre une grand- mère sourde , presque aveugle , un petit fils errant , vivant au jour le jour , attendant le GRAND RÔLE d’acteur et un impresario doué pour les affaires pour le moins louches , haut en couleurs .



Certaines scènes incroyablement émouvantes dévident la médiocrité , la banalité , le cynisme , la cocasserie , la cruelle réalité de la perception des maisons de retraite , la grande solitude citadine , la vie de province .



Des héros ratés , touchants ou naïfs nous arrachent un sourire .



On aime cet auteur, que je ne connais pas , qui parvient à enchanter la précarité , la vieillesse et les secrets de famille .

Ah, l’oncle dépressif ! .



Une profonde HUMANITÉ , beaucoup de fraîcheur , un recul et une tendresse , une lucidité juste , une fantaisie débridée , jamais démentie brillent de mille feux à chaque page.

Un petit livre à prêter pour le plaisir !
Commenter  J’apprécie          532
Les Magnolias

Maintes fois je pouffai et gloussai et j'espère qu'il en sera de même pour vous à la lecture de ce délicieux petit roman qui avait pourtant des atouts majeurs pour me faire fuir sur mon appaloosa au double galop : il nous est conté les déboires magnifiques d'Alain, looser de premier choix, acteur dont la carrière n'a jamais décollé et qui git incrusté dans son canapé, hormis le dimanche où il se rend au mouroir de sa grand-mère, encore un thème à l'attractivité naturelle assez faible il me semble.





Et pourtant ! L'auteur a de l'esprit et il réussit ce fameux exploit de nous faire marrer avec des situations des plus sinistres . Il m'a semblé que ce qui fonctionnait, c'est cette présence de l'auteur en surimpression derrière son texte. Son hologramme déforme la peau des pages par son humour et son humanité. Il trouve toujours une facette de mica brillante dans la roche du plus sombre bougre, un charme inattendu dans la fourrure de l'australopithèque le moins fringuant.





Après avoir pulvérisé une couche d'acide sur une rangée de types particulièrement pathétiques, il exhume un trait de caractère craquant chez les uns, une onde radioactive de bienveillance chez les autres. Une collégienne de 13 ans cloue tout le monde au poteau par sa maturité. Alain lui même est transpercé par un éclair de dignité et fait d'une scène ringarde de natures mortes minables peut-être pas un tableau de maître mais au moins une belle bulle de sens.





Ce livre sans prétention littéraire extravagante a des vertus à la fois roboratives et émollientes, un bon pschitt d'huiles essentielles direct dans les tubulures pour voir la vie avec des yeux mentholés. Beh oui finalement ce voisin n'est pas si con que ça. En fait.



Un livre qui passe à la moulinette les raideurs psychologiques insidieuses qu'on accumule et qui nous surchargent la rate, les positions binaires , les certitudes à deux yen sur les autres et dont on est finalement la principale victime. Pivoter c'est vivre, nous dit avec force pirouettes cet élégant damoiseau.

Et au passage on aura bien rigolé !
Commenter  J’apprécie          516




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Florent Oiseau (962)Voir plus

Quiz Voir plus

Game of throne Tome 1 à 5 - Intégrale

Au début du tome 1, qui est sur le trône de fer ?

Aegon le conquérant
Aerys le roi fou
Robert Baratheon
Tywin Lannister

18 questions
359 lecteurs ont répondu
Thème : Le Trône de Fer - Intégrale, tome 1 : A Game of Thrones de George R.R. MartinCréer un quiz sur cet auteur

{* *}