AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de François Garde (380)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Marcher à Kerguelen

Le problème quand on marche à Kerguelen, c'est qu'on n'y rencontre personne. Il n'y a que la nature et les marcheurs. Kerguelen est le pays de la pierre, du vent et de l'eau. Curieusement ici, les trois camarades de marche de l'auteur n'existent pas ou si peu. Dans ces conditions que raconter ? Les pierres, le vent, et l'eau ? La nature écrase tout et cela devient lassant.
Commenter  J’apprécie          90
L'effroi

Une histoire contemporaine.Opéra de Paris.Mozart.Cosi fan tutte. Un chef d’orchestre mondialement connu fait de façon incongrue et incompréhensible le salut nazi avant de commencer le concert . Un des musiciens, altiste brillant mais anonyme, se lève tourné le dos et refuse de jouer. À partir de cette entame, comment écrire un vrai roman en évitant tous les lieux communs.J’étais curieux de lire François Garde sur un terrain bien éloigné du remarquable Ce qu’il advint du Sauvage Blanc, roman savoureux et original .

Un bon point:le roman se lit très facilement.Comment la vie de cet altiste va se modifier à partir de son geste de refus perçu comme un acte de résistance.Comment l’entourage familial et personnel bien tranquille va être bouleversé par le maelström médiatique et politique ainsi créé

Bien sûr, tout cela m’a semblé un peu factice , l’analyse psychologique est intéressante, l’analyse politique un peu simple

Il reste ,malgré ces défauts, un roman plaisant mais qui ne marquera pas l’histoire de la littérature
Commenter  J’apprécie          90
Ce qu'il advint du sauvage blanc

J'ai beaucoup aimé ce roman qui raconte une histoire vraie. L'écriture est fluide et agréable. L'histoire de Narcisse Pelletier valait la peine d'être racontée. Ce marin se retrouve abandonné à l'age de 18 ans sur une île d'Australie. Il est retrouvé par un autre bateau 17 ans plus tard et on le ramène en France, sa patrie...

Mais pendant ces 17 ans, il a vécu avec une tribu dont il a adopté peu à peu les us et coutumes. Il prend alors le nom d'Amglo "le soleil".

De retour en France, il est pris en charge par un homme de la Société de Géographie qui s'est attaché à lui "le sauvage blanc". Il est l'objet d'études scientifiques. Mais lui, ne veut plus se souvenir de cette époque de sa vie et ne raconte pas "parler, c'est comme mourir".

A la fin du roman, on se demande, si on a bien fait de faire revenir Narcisse dans son pays. N'était-il pas mieux finalement dans sa tribu ? Jusqu'où peut aller la connaissance des autre peuples ? Notre civilisation est-elle vraiment meilleure ?

Très beau premier roman.
Commenter  J’apprécie          91
Ce qu'il advint du sauvage blanc

Depuis Daniel Defoe et son fameux Robinson Crusoé, les aventures d'un Européen abandonné soit sur une île déserte, soit dans une contrée inconnue, dite sauvage, n'ont cessé d'inspirer les écrivains.



Ici, François Garde signe un premier roman en s'inspirant d'une histoire vraie : un jeune matelot français, Narcisse Pelletier, âgé de 18 ans, a été abandonné sur une côte d'Australie, au milieu du XIXe siècle. C'est en allant chercher de l'eau pour le reste de l'équipage que notre jeune marin a été « oublié » par ses compagnons qui ont regagné le bateau à bord d'une chaloupe, sans lui ! Faim, soif, espoir, désespoir l'assaillent mais une très énigmatique vieille femme le sauvera avant de le conduire au village d'une tribu où tout le monde vit entièrement nu.

En alternance avec le récit des premiers mois de Narcisse Pelletier dans ce monde inconnu, l'auteur nous propose de longues lettres d'un certain Octave de Vallombrun, explorateur, qui a recueilli Narcisse dix-sept ans plus tard, à Sidney. Entendant parler d'un « sauvage blanc » ramassé par un équipage et mis en prison, il se rend chez le gouverneur. Nous lisons alors le récit détaillé du retour de Narcisse à sa vie antérieure. Dans ses rapports au Président de la société de Géographie, Octave de Vallombrun détaille tout ce qu'il entreprend en faveur de son nouveau protégé, jusqu'à son retour en France. Rien n'est simple car Narcisse doit tout réapprendre mais ce qui intéresse le plus, c'est le récit qu'il pourrait faire de ses dix-sept années de vie sauvage.

Petit à petit, avec beaucoup de souffrances et de frustrations, Narcisse a dû tout apprendre d'une vie en complète fusion avec la nature. Il a dû oublier sa langue maternelle pour pouvoir s'exprimer comme ses hôtes. À plusieurs reprises, la question se pose de savoir s'il n'aurait pas mieux valu laisser Narcisse, baptisé Amglo (le soleil) par ceux qui l'avaient adopté, dans cette nouvelle vie où il avait fini par s'adapter. Pour Narcisse, « Parler c'est mourir », et notre curiosité n'est pas satisfaite pleinement, mais est-ce possible d'expliquer l'inexplicable ?

Cette histoire est passionnante, intrigante, de bout en bout. François Garde a parfaitement réussi à nous captiver, faisant réfléchir aussi à ce que nous appelons la civilisation.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          90
Ce qu'il advint du sauvage blanc

Aventure extraordinaire et douloureuse aussi que celle vécue par Narcisse Pelletier au milieu du xixème siècle. C'est un jeune matelot lorsque sur ordre de son capitaine il débarque avec une chaloupe sur une plage d'Australie avec pour mission de découvrir un point d'eau afin de sauver les malades de la goélette. Désappointé et n'ayant rien trouvé il retourne vers la baie rejoindre son équipage mais il découvre qu'il est seul, le St Paul a levé l'ancre. Plusieurs jours durant, il fallut qu'il survive sur cette terre hostile avec toujours l'espoir d'être secouru. Peu à peu ses forces l'abandonnèrent quand il sentit de l'eau dégouliner sur son visage et dans sa gorge, un visage noir de vieille femme lui apparaît.



D'un autre côté à Sydney en 1861 Octave de Vallombrun de la société de géographie a le souhait de servir la science. Le gouverneur lui propose de s'oc cuper d'un homme appelé "le sauvage blanc" dont il ne sait que faire.

Octave accepte et souhaite ardemment le ramener en France auprès des siens dans l'espoir de le réintégrer dans son monde et puis surtout établir un lexique du parler des sauvages.



Plusieurs raisons ont fait que j'ai aimé ce livre :

La première fut la découverte de l'existence d'un personnage méconnu ayant vécu pendant 17 ans auprès d'une tribu de chasseurs-cueilleurs, société primitive somme toute non violente avec des codes sociaux et Narcisse a su s'y conformer pour ne pas rester isolé du groupe.

La deuxième raison est que je me suis attachée aux personnages grâce à l'écriture pleine de délicatesse de l'auteur. c'est le hasard qui a ramené Narcisse à la vie civilisée, vie à laquelle il désirait tant revenir. J'ai ressenti avec lui le choc du retour avec son lot de souffrances, j'ai partagé ses émotions, sa mélancolie, sa peur, son absolue solitude dans laquelle il fut plongé dès son retour.

Pour finir, je fus très émue de découvrir au fil des pages l'attachement d'Octave de Villombrun pour son protégé mais je laisse au lecteur le soin de lever le voile sur toute cette histoire pour y découvrir un belle aventure humaine.



Merci encore à François Garde d'avoir fait de cette histoire vraie un très beau roman.

Commenter  J’apprécie          90
Ce qu'il advint du sauvage blanc

Fait divers... Oui certes, peut être mais ....

L'arrivée en France d'un sauvage blanc ne peut pas se résumer à cette expression.

C'est une véritable aventure humaine que nous retrace ce livre. Une triple éducation...

Celle d'un petit vendéen, fils pas vraiment aimé, sans avenir et qui devient marin pas vraiment choisi comme destin mais plutôt vécu comme un pourquoi pas.

Celle d'un jeune homme qui n'a eu d'autre choix que de tout oublier de ses précédentes références morales pour essayer de survivre dans un milieu hostile et considéré par les autres, comme un enfant pas vraiment digne d'intérêt.

Celle d'un homme plongé dans une civilisation moderne avec des références qui n'ont plus rien à voir avec ses vies précédentes et qui doit une fois de plus suivre un itinéraire d'initiation à des valeurs qu'il a complètement oublié.

Nous suivons ce parcours par la description de la douleur d'un homme qui s'est donné comme but de survivre, description faite par un observateur qui nous amène à nous poser les questions sur notre morale, sur les valeurs qui nous semble aller de soi, l'argent, la propriété, l'entraide, la solidarité, .....

L'écriture est fort plaisante, un peu surannée peut être mais c'est un des charmes supplémentaires de ce récit. J'ai par contre eu du mal à partager les délires pseudo scientifiques du narrateur lors des dernières pages mais avec un peu de recul pourquoi pas vouloir vers le soir de sa vie proposer une méthode de pensée permettant aux générations suivantes de mieux comprendre les pérégrinations du cerveau humain. Nous cherchons nous aussi à connaître l'histoire non dite, à percer les mystères de l'âme humaine, et il nous semble aussi incompréhensible de ne pas pouvoir comprendre et expliquer les parcours des êtres qui ont marqués notre vie, et jusqu'à notre dernier jour, jusqu'à nos dernières forces nous chercherons à raconter la vie !
Commenter  J’apprécie          91
Pour trois couronnes

François Garde nous livre dans 'Pour Trois Couronnes', un roman extraordinaire de subtilité, d'intrigue et de mouvement. D'abors, il y a le narrateur qui s'invente un métier: Curateur aux affaires privées, c'est -à-dire celui qui procède aux classements des papiers inutiles dans une succession. Son 106ème dossier le met en face d'une intrigue historique: qui est le fils naturel de ce magnat des affaires maritimes sur lequel il enquête? De rebondissements en rebondissements, des Amériques à l'Europe et à une île fictive des Terres Australes, l'auteur nous plonge dans la vérité historique et les choix qu'elle impose. Faut-il tout dire à un peuple qu s'est révolté? A lire absolument, c'est LA pépite littéraire de l'été.
Commenter  J’apprécie          90
Ce qu'il advint du sauvage blanc

Parfaite quatrième de couverture, alors allons-y :

"Au milieu du 19ème siècle, Narcisse Pelletier, un jeune matelot français, est abandonné sur une plage d'Australie. Dix-sept ans plus tard, un navire anglais le retrouve par hasard : il vit nu, tatoué, sait chasser et pêcher à la manière de la tribu qui l'a recueilli. Il a perdu l'usage de la langue française et oublié son nom.

Que s'est-il passé pendant ces dix-sept années? C'est l'énigme à laquelle se heurte Octave de Vallombrun, l'homme providentiel qui recueille à Sydney celui qu'on surnomme désormais le "sauvage blanc".



J'ignore ce qui m'a le plus fascinée dans ce roman englouti en moins de deux jours, sans doute grâce à l'histoire hors du commun et à l'écriture fluide et belle. La relation de l'aventure de Narcisse, de son abandon sur la côte et ses premiers temps chez les Aborigènes. Ou, en alternance, les lettres d'Octave, relatant ses tentatives pour comprendre Narcisse et découvrir son passé. Ce choix de narration à dix-sept ans d'intervalle dope l'intérêt du lecteur, c'est évident.



Narcisse et Octave sont au départ des hommes du 19ème siècle et leur vision des "sauvages" est empreinte des préjugés et incompréhensions de l'époque (et d'autres ultérieures!), l'homme blanc étant bien sûr supérieur, et sa civilisation le but ultime à imiter et atteindre. Cela se ressent bien dans les réflexions et craintes de Narcisse au contact de la tribu qui le recueille, mais aussi au travers des lettres d'Octave, en dépit de la sympathie manifeste qu'il éprouve pour le "nouveau" Narcisse, calme et pacifique.



Le lecteur n'aura pas toutes les réponses aux questions légitimes sur la vie de Narcisse dans la tribu, son mutisme ou son indifférence actuels.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
Commenter  J’apprécie          91
Mon oncle d'Australie

J'ai beaucoup aimé ce livre, je suis rentrée très vite dans l'histoire au point de ne pouvoir lâcher sa lecture. L'histoire est bien construite avec une intrigue étonnante. Bien écrit et avec beaucoup de sensibilité. La fin m'a beaucoup touchée. C'est un coup de coeur pour moi. Bravo.
Commenter  J’apprécie          80
Roi par effraction

"Mourir à Pizzo ! Personne ne connaît Pizzo. Pizzo n’existe pas encore, et n’apparaîtra au monde que comme le lieu du martyre de Murat."





Roi par effraction est un roman historique retraçant la vie de Joachim Murat. 



Pizzo que nous avons visité il y a quelques années en vacances en Calabre. Sans cette visite, je ne me serais peut-être pas intéressée à ce Maréchal d'Empire et à sa carrière militaire  bien que la fréquentation de Balzac a renouvelé mon intérêt pour l'épopée napoléonienne. 



selon Wikipedia :



"Le 8 octobre1815, le maréchal Joachim Murat, ancien roi de Naples, débarque à Pizzo avec ses partisans pour tenter de reconquérir son trône. Capturé par la foule et emprisonné au château de Pizzo, il est exécuté à la suite d'un procès joué d'avance le 13 octobre."



Le roman de François Garde se déroule pendant ces 5 jours où Murat est prisonnier et revient sur sa vie, de son enfance, fils d'aubergiste dans le Quercy. Brillant cavalier, soldat intrépide de l'Empereur, il est remarqué par Caroline, la sœur de Napoléon qui en fera le Roi de Naples



"Roi par effraction" parce que Napoléon veut avoir le dernier mot et désavoue les initiatives qui feraient de lui un vrai roi et un champion de l'unité italienne.



"Il se prenait pour un véritable souverain ? Il reste le lieutenant de l’Empereur, voire le sous-lieutenant. Un simple délégué dépourvu de toute autonomie de décision."



Et pourtant, il s'est attaché à l'Italie et s'est vraiment cru une mission en règnant à Naples. Après Waterloo, tandis que Napoléon prisonnier fait route vers Sainte Hélène, Murat croit encore en son destin à Naples. Réfugié en Corse,



"Lui qui a commandé les plus grandes charges de cavalerie de l’histoire et triomphé sur tous les champs de bataille d’Europe ne peut accepter l’idée d’être pourchassé comme un contrebandier dans la montagne corse, et au final capturé. Il ne se laissera pas enfermer dans un destin aussi médiocre.



[...]

toute hâte Murat fait imprimer des milliers d’exemplaires d’une proclamation célébrant son retour sur le trône et appelant tous les Italiens à se réunir sous sa paternelle autorité."



Son destin s'arrêtera à Pizzo.












Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
Commenter  J’apprécie          80
A perte de vue la mer gelée

À perte de vue, la légende de Pythéas.

Quelle satisfaction de retrouver Pythéas ! Quel bonheur de le voir revivre sous la plume élégante de de François Garde (prix Goncourt du premier roman pour Ce qu'il advint du sauvage blanc en 2012) !

Dans son nouvel ouvrage À perte de vue la mer gelée, (Paulsen 2021) l'écrivain, familier des zones polaires, nous offre un long monologue à l'adresse du pionnier de l'exploration du grand nord, au IVe siècle avant notre ère. Ce choix narratif particulièrement habile lui permet d'imaginer une biographie fictive de Pythéas, tout en empruntant, sans anachronisme aucun, de nombreux détours vers d'autres périodes, antérieures ou postérieures à son personnage.

À travers ce récit richement alimenté par son expérience personnelle autant que par son érudition, François Garde nous conte l'aventure de Pythéas de manière très concrète.

Comme tous ceux – dont je suis - qui s'intéressent de près à Pythéas, François Garde déplore la disparition de son oeuvre et tout autant l'absence quasi complète d'informations historiques sur sa personne. Comme il l'écrit très justement : « une biographie de Pythéas avec les seuls éléments avérés tiendrait sur une demi-page ». Reste donc l'imagination. Jointe au talent de l'écrivain, elle nous réserve par exemple ces quelques belles pages d'une improbable rencontre à Babylone entre Pythéas le Marseillais et Alexandre le Grand. Là serait né le projet d'une grande bibliothèque à Alexandrie…

Entre histoire et légendes, Françoise Garde jouit pleinement de sa liberté de romancier pour nous faire cadeau d'un nouveau Pythéas, muet, certes, mais bien vivant ; un Pythéas explorateur, savant, navigateur mais aussi... marchand. C'est qu'on n'échappe pas à la légende de Pythéas. Elle s'étend, depuis vingt quatre siècles, à perte de vue.
Commenter  J’apprécie          80
Marcher à Kerguelen

Il est des noms magiques qui fascinent et entretiennent le rêve éveillé tout au long d'une vie. Kerguelen est de ceux-là.





François Garde, énarque, a été administrateur supérieur des Terres australes et antarctiques françaises. Avec trois compagnons, il a réalisé en 2015 la traversée à pied du nord au sud de l'île. le livre est issu des notes prises lors de cette expédition de vingt-cinq jours en milieu hostile.





le plaisir que l'on tire de la lecture d'un compte-rendu de voyages ne vient pas tant de la description des paysages traversés que des réflexions que le voyage lui-même inspire à l'auteur. C'est ainsi que je conserve un très agréable souvenir de "Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi" de J.-C. Rufin ou, pour une référence plus ancienne, des "Lettres d'Italie" du président De Brosses.





Alors Kerguelen ? Vent, froid, pluie, neige, épreuve physique : impressionnant, mais pas surprenant compte-tenu de la réputation de cette terre désolée et isolée. La description du terrain fera probablement passer à plus d'un l'envie d'aller vagabonder sur ces 7 000 km2 sans un arbre autre que mort, situés à plus de 3 000 km de la Réunion (la terre la plus proche) ; elle en surprendra beaucoup par l'incroyable toponymie de ce territoire où personne ne réside durablement.





La description de la vie partagée entre les quatre protagonistes est bien rendue : l'euphorie des premiers jours fait que "dans ce décor étranger à toute idée de civilisation et de civilité, et comme pour s'opposer à lui, fleurissent des courtoisies d'ambassadeur, des égards importés du salon de Madame Verdurin" ; mais cette euphorie est suivie en fin de parcours par la tension née de la fatigue accumulée et du comportement d'un des membres du groupe qui, parce qu'il emprunte un itinéraire différent sur lequel il risque de se perdre, les met tous les quatre en danger.



"Kerguelen est une île d'avant Caïn" : "aucun homme n'y a péri de la main de son frère". François Garde réfléchit sur la solidarité et l'interdépendance dans laquelle cette aventure a placé les quatre hommes : chacun est soutenu par ses compagnons sur lesquels, en retour, il veille comme sur des "frères d'armes".





L'analyse de la motivation de cette expédition est intéressante : ce n'est pas pour la recherche ou la science, ni pour la défense d'une cause telle que celle du changement climatique, non. C'est une "ascèse" dont le terme n'apparaît qu'en fin d'ouvrage. le lecteur, arrivé à ce stade, ne peut qu'apprécier le choix de ce mot, avec cependant quelque doute sur son caractère "uniquement physique".





Il m'a paru que la description des paysages et des difficultés rencontrées était un peu trop abondante par rapport aux réminiscences historiques, musicales ou littéraires ; mais ne faisons pas la fine bouche et remercions l'auteur de nous faire voyager au bout du monde dans ce sanctuaire minéral que l'homme, par la force des choses, a fort peu altéré.
Commenter  J’apprécie          80
Ce qu'il advint du sauvage blanc

Je suis toujours épaté par la maturité que certains écrivains peuvent déjà faire apparaître dans un premier roman. Dans le cas présent l’auteur n’est pas exactement un jeune premier, mais qu’importe !



J’avais lu le très agréable et intéressant ‘Pour trois couronnes’ du même auteur et m’étais déjà promis de lire son premier roman.



Avec une écriture dix-neuvièmiste, l’auteur nous conte les affres de Narcisse, un matelot abandonné parmi les ‘sauvages’ du Nord-Est de l’Australie. Enfin, nous conte au compte-gouttes car Narcisse ne veut pas se rappeler. Retrouvé 18 ans plus tard, il est recueilli par Octave de Vallombrun qui se targue d’être membre de la Société de Géographie et va passer sa vie à comprendre ce que Narcisse a vécu.



Mais : « Parler c’est comme mourir. » Parler, c’est parler de l’indicible de là-bas. Mourir de ne pas pouvoir être en même temps blanc et sauvage. Pour vivre avec les sauvages, il avait dû tout oublier de sa vie de matelot. Revenu parmi les Blancs, il s’était réfugié dans l’amnésie volontaire. Répondre lui était impossible.



L’auteur s’interroge sur l’humanité et le devenir d’une nouvelle science, l’anthropologie (ou Adamologie).



A lire sans modération.

Commenter  J’apprécie          80
Ce qu'il advint du sauvage blanc

Déjà 142 critiques sur ce livre. A priori toutes élogieuses. Donc je ne referai pas le "pitch". Sachez juste que c'est l'histoire d'un marin français abandonné sur la côte nord de l'Australie et retrouvé 17 ans plus tard par un navire anglais. Entre temps cet homme se vit obligé de vivre avec une tribu d' aborigènes qui prirent soin de lui et l'admirent en leur sein nonobstant la différence de culture. Voilà l'histoire.

François Garde s'est inspiré d'une manière assez libre de la véritable histoire d'un marin vendéen de Saint-Gilles. Pour un premier roman c'est plutôt réussi même si j'attendais plus de développement d'un tel sujet. Disons que ce livre peut fournir du matériau pour des réflexions ultérieures .En effet au delà de l'histoire anecdotique (au demeurant bien rendue) c'est surtout la confrontation de deux cultures qui importe ; et les questions afférentes : qu'est-ce être civilisé ? la "culture" de ces "sauvages" est-elle inférieure à la notre ? et les fameux Droits de l'Homme s'appliquent-ils à eux ? problèmes qui ne devaient pas empêcher de dormir les européens de ce temps scientiste où la "sauvagerie" des natifs était un prétexte tout trouvé pour les coloniser.

Dans un autre registre le livre pose la question de l'acculturation . Narcisse Pelletier ( c'est le nom de notre marin) a du se défaire presque totalement de sa propre culture pour adopter celle des aborigènes. De retour à la "civilisation" il dut faire le chemin inverse . Ce qui est à noter c'est que dans la vraie histoire Narcisse Pelletier ne désirai absolument pas revenir en Europe. Les marins anglais qui le trouvèrent l'emmenèrent de force et il s'échappa dès leur surveillance relâchée. Mais pour cette époque positiviste où existait une échelle "scientifique" des races, il n'était pas question de laisser un blanc dans une tribu de sauvages.

L'auteur a adopté pour narrer son histoire une disposition astucieuse . Entre deux chapitres racontant l'odyssée hasardeuse et angoissante de Narcisse Pelletier à la découverte de son nouvel environnement , est intercalée , sous forme de lettre , la relation de Mr de Vallombrun , voyageur dilettante se piquant de géographie. Cet aristocrate distingué bien représentatif de son époque, est en charge du marin retrouvé. Ses lettres relatant les progrès de son protégé au retour à la "civilisation" sont adressées au Président de la Socièté de Géographie dont il est un des correspondants. Contrepoint bienvenu qui permet de replacer l'évènement dans un contexte plus large et d'aborder ces fameuses questions soulevées plus haut.



Commenter  J’apprécie          81
L'effroi

Lors d’une représentation retransmise à la télévision, le chef d’orchestre fait le salut Nazi. Un altise se lève et lui tourne le dos dans un réflexe indigné.



De ces premiers instants télévisés, le livre suit la lente descente du musicien, enivré par sa soudaine renommée, apeuré par des menaces néo-nazies, déstabilisé par des pressions professionnelles, abandonné par le reste de l’orchestre et dépassé par les sur-interprétations de son geste, ne trouvant du réconfort qu’au sein de sa famille. A cet instant, sa vie avait basculé.



Un style magnifiquement maîtrisé dans une construction chronologique qui suit la chute et le désarroi d’un homme emporté dans l’élan de son effroi.
Lien : http://noid.ch/leffroi/
Commenter  J’apprécie          80
Ce qu'il advint du sauvage blanc

Roman basé sur l’histoire vraie d’un marin français échoué sur la côte australienne et retrouvé après dix-huit ans passés auprès des « sauvages ». Roman sans réel suspens, écrit dans un style propret mais sans surprise. Sur ce même genre de thème, j’ai préféré de loin « vendredi ou les limbes du Pacifique » du regretté Michel Tournier ou « Robinson Crusoé ».



Déception pour ce premier roman de François Garde. Je trouve son deuxième roman « pour trois couronnes » beaucoup plus réussi, tant en terme d’intrigue que de style.

Commenter  J’apprécie          81
Ce qu'il advint du sauvage blanc

Une lecture curieuse, qui me laisse une drôle d'impression.

On découvre simultanément l'histoire de Narcisse, jeune matelot, alors qu'il est abandonné sur une île déserte, et lorsqu'il est retrouvé de nombreuses années plus tard.

Octave, un noble en mal d'aventures, le prend sous son aile à son retour pour tenter de découvrir ce qu'il a vécu toutes ces années.

Autant le dire franchement, je n'ai pas du tout aimé le personnage d'Octave, même s'il me semble que l'auteur n'ait pas cherché à le rendre particulièrement sympathique.

Mais j'ai ressenti à la lecture une sorte d'exaspération, surtout les lettres dans lesquelles il s'offusque des traitements injustes qu'on lui inflige, quelle blague à côté du traitement de Narcisse !

Par contre j'ai beaucoup aimé la réflexion proposée par François Garde autour des notions d'homme sauvage/civilisé, de vie et de mort, et j'ai trouvé très réaliste et poignant son récit des premiers mois de Narcisse sur son île.

Un très beau roman, malgré ce personnage d'Octave légèrement insupportable.
Commenter  J’apprécie          80
Ce qu'il advint du sauvage blanc

Un sujet original pour ce livre largement salué par la critique et par les lecteurs à sa sortie en 2012. Je le lis avec un peu de retard sur l’actualité littéraire donc, et je ne sais comment tourner cette note de lecture et comment expliquer mon avis réservé.

Le style d’abord, car c’est le plus évident. L’écriture est efficace, trop même. Ce serait un livre américain que les critiques lui reprocheraient probablement d’utiliser les recettes standards des ateliers d’écriture que toutes les universités américaines proposent. Un sujet original, un mode de narration complexe mais pas trop (les deux déracinements, les deux changements de civilisation, décrits en parallèle, en alternance. C’est original et facile à suivre en même temps) ; un héros tourmenté mais pas trop (Octave de Vallombrun est un explorateur raté et tourmenté questions, mais toujours plein de grandes idées et de belles volontés)… Oui, toute la liste y est. Mais je n’ai pu m’empêcher d’être indisposée par cette trop grande efficacité, et je n’ai pas réussi à y trouver un peu d’âme, de personnalité dans l’écriture.

L’histoire ensuite. François Garde a pris de nombreuses libertés avec la réalité. Je lis même dans d’autres critiques qu’il se serait peu ou pas documenté sur le véritable Narcisse Pelletier et les « sauvages » qui l’ont recueilli. Cela ne me dérange pas en soi (même si j’aurais apprécié une note finale de l’auteur ou de l’éditeur pour permettre au lecteur intéressé de faire la part du romanesque et de la réalité). La nudité et les caractères qu’il a prêtés à ses sauvages me paraissent des choix tout à fait compréhensibles pour les besoins de l’histoire et pour explorer cette confrontation avec un monde entièrement différent et dont on n’a pas les clefs. Comment fait-on pour accepter peu à peu ce qui est tabou dans sa culture d’origine, comment s’adapte-t-on à l’inimaginable, comment comprend-on peu à peu un système social dont on ne savait rien ? Et finalement, comment fait-on, aussi, le chemin inverse ? Est-ce un retour ou un nouveau chemin, une nouvelle acceptation de la différence ? Dommage que ces questions ne soient qu’effleurées, avec seulement quelques réponses jetées pêle-mêle et trop rapidement dans les dernières pages du livre ?

Autant il y a quelques éléments intéressants dans les lettre d’Octave de Vallombrun, qui recueille Narcisse et l’assiste pendant son retour à la civilisation, même si j’ai trouvé que de temps en temps les idées exprimées sentaient un peu l’anachronisme et des réflexions beaucoup plus récentes de l’anthropologie. S’il n’y avait que cela, on pourrait penser à ce vicomte comme un esprit en avance sur son temps. Mais l’autre partie du roman, celle de l’adaptation à la culture des « sauvages » australiens, qui d’ailleurs à mon avis s’arrête trop tôt, laisse à désirer. La narration à la troisième personne ne m’a pas permis de véritablement rentrer dans le récit, et finalement je n’ai pas pu m’approcher de Narcisse pour comprendre ce qu’il pensait ou ressentait.

Au fond, la réflexion principale est sur la relativité des cultures et la remise en cause de la vision du XIXème siècle d’une échelle des valeurs, en haut de laquelle trône bien sûr la culture européenne. Mais cela est admis aujourd’hui par tous (au moins en surface, les stéréotypes et les réactions racistes ayant la vie dure). J’espérais pour ma part une réflexion sur l’adaptation à une autre culture, ce que cela signifie et le travail psychologique nécessaire pour cela. Le livre, à part quelques rapides passages, ne prétend pas s’intéresser à cela. Voilà donc un livre qui tient moins qu’il ne promet, mais dont la lecture est facile et rapide. J’ai donc passé un moment de lecture plutôt agréable, mais je n’ai pas trouvé les réflexions que j’aurais aimé y découvrir.
Commenter  J’apprécie          80
Ce qu'il advint du sauvage blanc

Un bon roman inspiré d'une histoire vraie. On découvre comment Narcisse Pelletier en plein XIXieme Siècle se retrouve abandonné sur une plage australienne qui semble désertique. Il ne sera retrouvé que 18 ans plus tard, comment a t-il vécu pendant toutes ces années ? C'est ce que va tenter de découvrir le Vicomte de Vallombrun chargé de ramener Narcisse devenu un sauvage dans son "monde", mais est-il toujours le sien? J'ai bien aimé la manière de raconter l'histoire de Narcisse en Australie entrecoupée des lettres du Vicomte adressées à son supérieur faisant état des comportements et progrès de Narcisse. On se demande à la fin lequel des deux mondes est le plus "sauvage".
Commenter  J’apprécie          80
Ce qu'il advint du sauvage blanc

Je trouve que ce roman doit être critiqué sous deux aspects : littéraire et historique.



Alors d'un point de vue littéraire.

Pour moi, déjà, ça n'en est pas. C'est une écriture agréable et fluide, mais "passe-partout". Pas de réflexion perturbante, pas d'émotions qui vous sautent à la figure, pas de sourire sur les lèvres. Rien. C'est un roman aussi froid qu'un acte de chirurgie (et encore, la chirurgie a sans doute plus de passion en elle). On dirait que c'est raconté par les yeux d'un observateur muni d'une longue vue et sur une autre île.

Les deux récits entremêlés donnent du rythme, mais entre les "sauvages" étonnamment froids, un Robinson paumé et pourtant pas attachant, et un "scientifique" qui raconte des scènes à une personne parfois présente au moment desdites scènes... j'ai trouvé ça plutôt limité. Tout "sonne" faux. Pourquoi un scientifique irait-il raconter à son président ce qu'il a vu par lui-même ?? Pourquoi des sauvages sauveraient quelqu'un avant de l'ignorer totalement ?



D'un point de vue historique, maintenant. L'auteur ne s'est pas documenté, quasiment rien n'est vrai.

Alors quel intérêt d'écrire une histoire "vraie" si... presque rien ne l'est ???



En conclusion : c'est un roman agréable à lire, sans plus. J'en attendais beaucoup, la chute a été à la hauteur. Pour un Goncourt, franchement...
Commenter  J’apprécie          80




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de François Garde (2242)Voir plus

Quiz Voir plus

Ce qu'il advint du sauvage blanc

Pour François Garde, ce livre est son

1er ouvrage
3ème ouvrage
5ème ouvrage
7ème ouvrage

8 questions
131 lecteurs ont répondu
Thème : Ce qu'il advint du sauvage blanc de François GardeCréer un quiz sur cet auteur

{* *}