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Citations de François d` Epenoux (138)


Je sais que ça fait con et vieux et nostalgique et complètement naïf, mais du fond de mon cœur je suis triste, vraiment triste, car je ne comprends pas, je ne comprendrai jamais, jusqu'à mon dernier souffle, pourquoi après l'acmé, le sommet d'un possible bonheur de tous, l'homme a basculé sur un versant de mort, destructeur, pathétique. C'est à celui qui sera le premier à salir, le premier à tuer, à tout dégueulasser, à barbouiller la toile, à rendre cacophonique ce qui était harmonieux, et tout cela au nom de quoi, du progrès - mon cul -, de la rapidité qui tourne à l'hystérie, de la communication qui laisse les gens seuls, de la consommation qui les rend obèses, du moins ceux qui le peuvent. Car pour le reste, rien n'a changé, ça crève de faim, de soif et de maladie! Rien n'a changé, sinon qu'entre l'âge d'or et l'âge de l'argent roi où nous sommes, on n'aura réussi qu'à dévaster le buffet, à vider les bouteilles et, sur les victuailles de l'ancien jardin, à ne laisser que les traces de nos dents avides, que nos excréments, que nos salissures, que la dévastation de notre fuite en avant, celle qui conduit à l'anéantissement.
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Les papas du dimanche
Au parc d'attraction ou au jardin du Luxembourg
Les papas du dimanche
N'ont qu'un seul jour pour donner leur amour.

Pierre-André Dousset
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C'est d'ailleurs ça, le paradoxe de la paternité tardive. Ce monde aventureux que je ne parcourrai plus le pied léger ni sans entrave, c'est aussi toi qui m'en consoles, tant il se montre chaque jour un peu plus violent et désespérant. Et c'est d'une paume apaisée qu'en caressant ton crâne j'en épouse les contours, la douce rotondité, les forêts primaires, la chaleur soyeuse. Petite tête. Petite terre. Jamais je ne te conseillerai assez de l'explorer au plus vite, notre merveille de planète bleue. Faute de quoi tu arriveras à destination avec le regret de ne pas en avoir assez vu. Le cœur pesant de n'être certes pas encore vieux, mais plus tout à fait jeune. Loin du fondant crémeux qui a constitué le meilleur de ta vie. Ce sera alors presque fini. Pas de deuxième chance. Pas de deuxième tour. je sais de quoi je parle, tant ta vie même, je te l'ai dit, met la mienne en perspective.
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Cobra énorme englué dans la bile et les vapeurs d'alcool.
Le marteau cogne de plus belle dans mon coeur et mon crâne. Putain de gueule de bois.
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Gaby sent se porter sur lui tous les regards présents - des regards de crocodiles au ras de l'eau du marigot. Aussi vite qu'il peut, il traverse le grand hall d'entrée, ignorant tout des solitudes juxtaposées qui tiennent à l'œil ; tout des fausses grappes accrochées à des treilles pour rendre plus avenant le réfectoire couleur saumon ; tout de ce décor conçu pour être nettoyé aussi bien des bactéries que des grabataires. En fait, il a la rage autant que la nausée. C'est dire si la Martiniquaise postée à l'accueil lui parait soudain comme la plus belle des femmes du monde: jeune parmi ces vieillesses édenté, plantureuse parmi ces maigreurs, souriante parmi ces édentés, elle respire ces îles où il y a des plages, du rhum et du soleil. A ce moment précis, Gaby donnerait tout pour se jeter à ses genoux, [ ... ] et de le laisser sortir de cette prison dont elle est la gardien complaisante.
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Comme beaucoup d'histoires, celle-ci trouvera donc son terme dans le décor impersonnel d'un hôpital.
Par commodité.
Comme si les affres et les tendresses de l'existence devaient finir étouffées dans du coton, endormis dans l'éther, nappés de carrelage blanc, lisse, désinfecté.
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Aujourd’hui, tout se dilue et tout s’agrège dans une pâte uniforme qui nous colle à la peau. On nous a appris à avoir peur, à suivre, à nous montrer consensuel. Le monde est une ampoule suspendue dans le noir, avec sept milliards de mouches posées dessus. Demande t-on à une mouche si elle est pour ou contre l’ampoule qui l’attire ? Non. Elle s’accroche et attend de mourir au contact de ce qui est, malgré tout, chaud et lumineux.
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Des " like " , un " wall " !! Quel cauchemar ! J'avais oublié le gage indispensable d'appartenance au village global , la caution hype de l'échangisme verbal : l'anglais ! L'anglais obligatoire dont nous abreuvent tous ces reportersde leur propre destin , tous ces petits Pulitzer de leur propre cul , tous ces Albert Londres du moi. Comme ils sont fiers ,de nous montrer qu'ils savent manier le grand espéranto des modeux.
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Il me fait rire, le Vieux. De son temps, tout était plus net, on était pour, on était contre, avec ou sans Dieu, avec ou sans maître, on était soldat ou déserteur, d’un côté ou de l’autre d’un rideau de fer bien commode finalement. Aujourd’hui tout se dilue et tout s’agrège dans une pâte uniforme qui nous colle à la peau. On nous appris à avoir peur, à suivre, à nous montrer consensuel.
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Rien ne va bouger avant un bon moment. Le train-train a toujours le dessus. Il m'écrase. Il m'accable. Il y a même des jours où je ne retrouve plus ma voiture dans le parking, car je confonds son emplacement avec celui de la veille.
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Arrête ton ironie et regarde les choses en face! On crève incultes, ignares, en n'ayant vu du monde que le milliardième. C'est comme un palais dont on ne visite que les chiottes. Et le temps de comprendre ça, on est déjà vieux, de la bouillie sur le menton, en train de ruminer nos remords...
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— Pourquoi tu marches pieds nus ? t’a demandé Hugo un jour dans la voiture, alors que nous roulions vers la mer.
— Parce que j’suis un beatnik...
— Moi aussi je veux être beatnik ! a répondu ton petit frère.
À Lacanau-Océan, les braves baigneurs et les bons bourgeois se retournaient sur toi. Un zonard marchant pieds nus, indifférent aux mégots, aux chewing-gums écrasés et aux traces de pipis de chien, ça ne se voyait pas souvent par ici. Les mêmes me regardaient avec un mélange d’admiration et de commisération : avec mon short blanc, mon polo, mes espadrilles et ma bonne mine, j’avais tout du bon chrétien s’occupant d’un jeune en difficulté. Au premier coup d’œil, pas évident de savoir que nous étions père et fils. J’étais donc un type bien, consacrant une partie de ses vacances à remettre un délinquant dans le droit chemin. Chapeau.
Alors que nous attendions un panini en train d’être pr鬬paré, tu t’es assis par terre. Pourquoi ? Mystère. Je trouvais que tu en faisais trop. Sur cette promenade de station balnéaire, des bancs étaient installés tous les cinq mètres.
— Tu sais que tu as le droit de t’asseoir, t’ai-je dit en cachant mal mon irritation.
— J’aime bien le contact avec le sol.
Tania t’a imité. On ne voyait que vous. J’étais mal à l’aise. Le bon Samaritain commençait à voir rouge. J’ai réussi à me calmer. Tenir le coup. Ne surtout pas tout gâcher, tel était mon mantra.
— Et tu sais que je peux aussi t’acheter un pantalon neuf, ai-je insisté.
Tu as ricané sous ta tignasse.
— Plus tu me le diras, moins j’aurai envie de le faire.
Pas question de me décourager. J’ai continué sur un mode plus léger.
— Pas un pantalon fabriqué par des petits Asiatiques exploités, rassure-toi. Un pantalon cent pour cent éthique, biodégradable, recyclable, recyclé, tout ce que tu veux. Avec plein d’étiquettes vertueuses dessus. Ça coûtera ce que ça coûtera.
— Un pantalon de bobo, quoi. Un truc qu’on trouve dans le Marais.
— Juste un pantalon. Propre.
Toujours assis par terre, tu m’as regardé presque gentiment.
— D’occasion, je ne dis pas. C’est fabriqué, c’est là, ça existe, alors autant le porter. Mais pas un pantalon neuf, papa. Il y a largement assez de choses sur terre pour ne pas en rajouter. Les usines, faut arrêter. À peu près tout peut être recyclé, réparé, récupéré. Merci quand même.
— De rien.
Nous irions donc, quelques jours plus tard, à la Croix-Rouge du Porge te dénicher un pantalon en toile à dix euros. Il t’irait comme un gant. Aucun mérite, un rien t’habillait. Je devais me le tenir pour dit : seules ces seconde main, par ailleurs impeccables, trouvaient grâce à tes yeux. Ce qui ne t’avait pas empêché, une demi-heure après cette grande tirade, de faire un drôle de choix chez le glacier.
— Nutella, s’il vous plaît.
— Hein ?
Anna en avait avalé son cornet de travers.
— Nutella ? Toi, tu choisis Nutella, Niels ? Et les orangs¬¬outans ? Et la forêt primaire rasée pour cette saloperie d’huile de palme ?
— Booah...
Elle était estomaquée. Moi aussi. Manifestement, ta conscience écologique fondait d’un coup là où commençait le plaisir d’une boule de glace industrielle. Nutella, merde alors ! Nutella, pâte marron bien connue, symbole quasi scatologique de la boulimie capitaliste et du surpoids occidental. La dévastation, prix à payer pour devenir obèse en toute tranquillité. Si l’homme est pétri de contradictions, alors tu devais être sacrément malaxé. Pour penser à autre chose, nous sommes allés contempler le spectacle du soleil en train de décliner à l’horizon. Comme lui, j’avais envie de me coucher. J’étais fatigué.
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- Quelle est cette chose ?

- Je l'ai louée à Bordeaux, à la descente du TGV...du train à grande vitesse. C'est un Scénic. Très pratique.

- Un Scénic ? avant les voitures avaient de jolis noms : Frégate, Caravelle, Dyna, Floride...et des visages aussi : elles avaient des calandres qui souriaient, d'autres qui faisaient peur. Selon les phares, elles avaient des yeux ronds, des yeux bridés...

- Que veux- tu, du moment que çà roule.

- Avant çà roulait aussi, et en plus c'était joli.
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" -Je t'ai apporté des Figolu.
- Tu as bien fait.
- Je les trouves plus tendre que les autres biscuits.
- Ne t'inqiète pas pour moi... Contrairement à certaines, j'ai encore la dent dure...
- Je vois ça... Tu penses à qui ?
- A ma voisine de réfectoire, Gisèle Richard. Figure-toi qu'elle nous a perdu deux incisives en plein macaron avant-hier...
- Ils était peut-être trop cuit...
- Penses-tu, c'est elle qui est cuite ! Enfin, comme je dis souvent, les molaires des uns...
- ... Font le bonheur des autres... Elle te plaît, celle-là, pas comme Gisèle Richard..."
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C'est bon, c'est simple, ça croustille, ça rafraîchit, ça vient de l'enfance et des tablettes Poulain. Et ça me conforte dans cette certitude: qui n'a jamais enfoncé une barre de chocolat dans un tronçon de baguette fraîche ne sait pas ce qu'est la volupté. Il faut d'abord sentir la mie résister sous la poussée, se tasser, former une boule élastique pour finalement laisser sa place et émerger comme à regret à l'autre bout du tunnel de pain.il faut détacher cette mie compacte et l'avaler toute crue, prélude au festin; il faut mordre dans le quignon, sentir la croûte craquer, puis, sous la dent, tester la dureté du chocolat...jusqu'à le faire céder, le casser net à la jointure de deux carrés, en un petit claquement mat et satisfaisant.
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Un mec qui imagine son destin, mais sans vraiment le vivre.
Un presque bourgeois et en même temps un presque artiste, mollement satisfait de son sort.
Un peu tout, un peu rien… un à-peu-près, un pas loin… un touche-à-tout… bref, un Presque.
Vous pigez le truc, maintenant ? Depuis, c’est comme ça que je me surnomme moi-même : le Presque !
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Ca me tue de voir ce jargon tout envahir, ce franglais de bazar (...) bientôt un petit patois qui ne sera parlé que par une poignée d'universitaires érudits. Tous les autres n'auront à la bouche qu'elle nouveau sabir moderne â la sauce Mc Do. Des mots com mes des frites de menu n'est of : froids, sans goût, universels.
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Très bien. Je n'insiste pas. Mais tu le regretteras un jour. Je te laisse à ta petite vie, à ton petit mari, à tes petits enfants, à ta petite maison, à tes petits souvenirs, à ton petit album photo, à ton petit service à thé, à tes petits fantasmes. Pour toi va bientôt sonner l'heure du bilan. Un mari jamais là, trois enfants sur le départ et puis les premiers dessèchements du corps. Je te souhaite de crever tôt, dévorée par un requin ou écrasée par une Aston Martin, d'une mort qui ait plus de gueule que ta vie.
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« Moi, je voulais écrire. Je n'avais pas besoin de grand-chose. Pas d'une grande baraque. Pas d’une belle bagnole. Juste écrire. La vie d'artiste dans une grange retapée, même à quatre, cinq ou six, ç'aurait été parfait. Or j'ai fait exactement le contraire. Grand appart, voiture, confort matériel. Va savoir pourquoi, j'ai coché toutes les cases des attributs bourgeois. Et en faisant ça, j'ai lancé un train derrière lequel j'ai couru toute ma vie. »
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_ Si je comprends bien, tout le monde me ment dans cette maison?
Il aura donc fallu l'obscurité pour que Liz y voie plus clair. Il était temps. Éric ne résiste pas à la tentation de profiter de l'aubaine:
_ Évidemment que tout le monde vous ment. Sans le mensonge, on se serait déjà tous entre-tués.
_ Hein?
_ Je parle de l'humanité en général. Pas de cette semaine de vacances, bien entendu.
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