Citations de Françoise Sagan (1667)
La littérature m'a toujours donné cette impression qu'il y avait un incendie quelque part, et qu'il me fallait l'éteindre.
Il est très difficile d'être paresseuse, car cela suppose d'avoir assez d'imagination pour ne rien faire, ensuite d'avoir assez de confiance en soi pour n'avoir pas mauvaise conscience de n'avoir rien fait, et enfin d'avoir assez de goût pour la vie. Afin que chaque minute qui passe semble suffisante en elle-même sans qu'on soit obligé de se dire : j'ai fait ceci ou cela.
Ils savaient aussi que ce moment était exceptionnel et que rien de mieux ne pouvait être donné à un être humain que la découverte de son complément. Imprévisible, mais à présent inéluctable, la passion physique allait faire, de ce qui aurait pu être, entre eux une passade - une véritable histoire.
Vous pensez peu au futur, n'est-ce pas? C'est le privilège de la jeunesse.
Elle tourna vers lui un visage si doux, si désarmé qu'il prit peur. Mais trop tard.
"Tu m'as énervée ? Oui. Je suis "énervée". je ne veux plus te voir, Kurt."
Il se mit à rire. Il était un peu lent, Kurt.
"Tu veux dire que tu me congédies ? Comme ton maitre d'hôtel ?
- Non. Je tiens beaucoup à mon maitre d'hôtel."
"... J'ai eu peur de vivre à côté, ajouta-t-elle confusément.
- À côté de quoi?
- De la vie. De ce que les autres appellent la vie. Charles, faut-il vraiment aimer, enfin, avoir une passion malheureuse, faut-il travailler, gagner sa vie, faire des choses pour exister?
Ce n'était plus l'ennui en soi, mais l'ennui de quelqu'un.
« Sur ce sentiment inconnu, dont l’ennui , la douceur m’obsèdent , j’hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse » .
« Il préférait avoir été malheureux pour une bonne raison qu’heureux pour une mauvaise » ...
- Vous avez quel âge ? dit-il.
A ma grande stupeur, je m'entendis répondre la vérité :
- Quarante-cinq ans.
- Vous avez de la chance, dit-il.
Je le regardais ahurie. Il devait avoir vingt-six ans, peut-être moins.
- De la chance ? Pourquoi ?
- D'être arrivée jusque là. C'est une bonne chose de faite.
La Fourmi, ayant stocké
Tout l'hiver
Se trouva fort encombrée
Quand le soleil fut venu :
Qui lui prendrait ces morceaux
De mouches ou de vermisseaux ?
Elle tenta de démarcher
Chez la Cigale sa voisine,
La poussant à s'acheter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison prochaine.
" Vous me paierez, lui dit-elle,
Après l'août, foi d'animal,
Intérêt et principal. "
La Cigale n'est pas gourmande :
C'est là son moindre défaut.
" Que faisiez-vous au temps froid ?
Dit-elle à cette amasseuse.
- Nuit et jour à tout venant
Je stockais, ne vous déplaise.
- Vous stockiez ? j'en suis fort aise ;
Eh bien ! soldez maintenant. "
Françoise Sagan
Et tant la passion se nourrit de tout, y compris les signes les plus contraires à ses désirs.
Nous étions passés dans la vie l'un de l'autre obstinément parallèles, obstinément étrangers.
Vous pensez peu au futur, n'est-ce pas? C'est le privilège de la jeunesse.
La mémoire est aussi menteuse que l'imagination et bien plus dangereuse avec ses petits airs studieux.
Pour la première fois, j'avais connu ce plaisir extraordinaire : percer un être, le découvrir, l'amener au jour et, là, le toucher. Comme on met un doigt sur un ressort, avec précaution, j'avais essayé de trouver quelqu'un et cela s' etait déclenché aussitôt. Touché ! Je ne connaissais pas cela, j'avais toujours été trop impulsive. Quand j'avais atteint un être, c'était par mégarde. Tout ce merveilleux mécanisme des réflexes humains, toute cette puissance du langage, je les avais brusquement entrevus. Quel dommage que ce fût par les voies du mensonge.
La gloire, l’immortalité après moi… Si l’on me disait que, dès l’instant où je serai dans la terre, il n’y aura plus un article sur moi, plus rien, cela me serait – m’est – complètement indifférent
On s'habitue aux défauts des autres quand on ne croit pas de son devoir de les corriger.
Il savait qu'en amour il y en a toujours un qui finit par faire souffrir l'autre et que quelquefois, rarement, cette situation est réversible.
Elle se redressa alors, décomposée. Elle pleurait. Alors je compris brusquement que je m'étais attaquée à un être vivant et sensible et non pas à une entité. Elle avait dû être une petite fille, un peu secrète, puis une adolescente, puis une femme. Elle avait quarante ans, elle était seule, elle aimait un homme et elle avait espéré être heureuse avec lui dix ans, vingt ans peut-être. Et moi... ce visage, ce visage, c'était mon œuvre. J'étais pétrifiée, je tremblais de tout mon corps contre la portière.