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Critiques de Franz Kafka (1137)
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La métamorphose

Un matin, Gregor se réveille transformé en insecte. Ce n'est pas un rêve, d'ailleurs il essaie de se sortir de son lit au prix de grands efforts dans ce nouveau corps. Sa famille et son patron s'inquiètent...





Pourquoi les préjugés et a-prioris littéraires existent-ils ? Combien de fois ai-je entendu parler de cette nouvelle en pensant que c'était trop alambiqué, compliqué et bizarre pour moi ? Combien de fois suis-je passée devant dans une librairie, une mine de dégoût se formant sur mon visage ? Combien de fois ainsi donc ai-je été bête et cruche, sans parler d'une imbécile de première ??

Ce récit est admirablement écrit, on ne peut s'arrêter de le lire avant la fin. Il y a un quelque chose, ce fameux je-ne-sais-quoi qui rend cette histoire touchante, originale, puissante et profonde. Sa portée réelle est matière à débats, j'y ai personnellement reconnu la métamorphose de la famille en même temps que celle de Gregor, qui doit s'effacer pour redonner une place à ses parents et sa soeur dans la société. Lui qui avait pris leur sort sur ses épaules, se révélait en fait une enclume à leur épanouissement. Ce que je regrette par contre et comprends moins, c'est leur façon d'oublier leur fils et frère si rapidement. Peut-être parce qu'ils ressentaient eux-même sa présence comme un poids, se sentant plus légers une fois celui-ci envolé ?

Kafka ne devrait pas faire peur, au contraire. Et je suis ravie d'avoir enlevé mes oeillères.
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Lettre au père

C'est en écoutant Laurent Seksik récemment au festival de correspondance de Grignan parler de son dernier livre sur Kafka qu'il m'a donné envie de lire cette lettre au père de Kafka.

D'après lui, dans les familles juives, ce ne serait pas la "maman juive" dont on a l'habitude de nous abreuver de commentaires qui seraient l'élément déterminant pour un fils, mais le père.

Il faut tout de suite préciser que pour Laurent Seksik,la relation filiale: père/fils est déterminante.

A tel point qu'il dit lui-même qu'à travers ses différents livres, il pointe toujours le père juif, notamment dans Romain s'en va t-en guerre.

C'est un point de vue intéressant, d'autant que lecteurs ou non de Romain Gary, la seule chose qui domine , c'est cette mère formidable pour certains ,castratrice et destructive pour d'autres.

Pour en revenir à la lettre de Kafka, Laurent Seksik considère que cette lettre est déterminante pour comprendre l'univers Kafkaïen, accordons nous de le dire assez souvent opaque et difficile d'accès.

Laurent Seksik affirme que le père de Kafka était un homme tyrannique mais aimant.

Peut-être, néanmoins après la lecture de cette lettre, je n'aimerais pas croiser ce père . cet homme.

Je suis incompétente pour savoir quelle part aura pris le père de Kafka dans l'œuvre de ce dernier.

Néanmoins, le père de Kafka était un homme , à la lecture de cette lettre, un homme autoritaire sans équivoque et on peut comprendre sans peine la crainte, pour ne pas dire la terreur qu'il a engendré toute sa vie pour Kafka.

La culpabilité est le point culminant qu'on retrouve à maintes reprises dans cette lettre, Kafka se sent coupable sans savoir exactement de quoi.

Laurent Seksik parle d'établir un lien entre cette culpabilité et le roman de Kafka : Le procès.

Un petit bémol pourrait être apporté à cette lettre.

Il s'agit de placer le père de Kafka dans la religion juive et ce lien même ténu d'après Kafka pourrait nous faire comprendre que pour le père certaines choses ne se faisaient pas, n'étaient pas envisageables.

Récemment, j'ai vu une pièce au festival d'Avignon qui s'appelle : Je m'appelle Asher Lev, d'après un livre d'un roman de Chaïm Potok.

Si j'y fais référence, c'est que le fils Asher veut devenir peintre et que sa peinture, son art engendrera l'incompréhension pour son père, une zone interdite qu'il ne pouvait franchir et de ce fait accepter son fils tel qu'il était.

Peut-être que le père de Kafka ne pouvait tout simplement pas comprendre son fils.

Car , au final, cette longue lettre n'est qu'un épouvantable cri d'incompréhension !

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La métamorphose

Kafka fait partie de ces écrivains qui vous parlent avant même qu'on ait ouvert un de leurs livres, parce que leur monde a depuis longtemps contaminé le nôtre. Kafka, pour moi, a donc été très longtemps l'incarnation du cauchemar éveillé, avec des histoires d'êtres humains broyés par des logiques implacables et incompréhensibles jusqu'à l'absurde. Kafka était à mes yeux le maître d'une palette improbable, maîtrisant toutes les nuances du blême et du blafard pour dépeindre l'horreur routinière du totalitarisme. En cela, j'étais très influencé par le cinéma, à commencer par Le Procès de Welles et Brazil de Terry Gilliam, qui ont tous deux été de grandes claques dans ma petite face d'adolescent, il y a vraiment longtemps.

Il fallait que je me mette enfin au texte, et j'ai suivi en cela les conseils de Lutopie et LaSalamandreNumérique ici présents, qu'ils en soient mille fois remerciés. Inutile de dire que découvrir La Métamorphose à mon âge m'a déjà donné l'impression dérangeante d'avoir à repasser mon bac de français... (pourquoi n'ai-je jamais étudié Kafka au lycée, ça me paraît bizarre après coup ; en revanche je me souviens avoir souffert avec Racine et Corneille... heureusement il y avait eu aussi Les Chroniques martiennes, rayon de soleil salvateur à travers la grisaille pédagogique mais je m'égare).

La Métamorphose, donc, c'est au sens propre le cauchemar éveillé (comme quoi on ne se fait pas toujours de fausses idées des livres qu'on n'a pas lus...) : Gregor s'éveille un beau matin dans son lit ; il est représentant de commerce et doit aller prendre son train. Sauf qu'il s'est transformé à la faveur de son sommeil en un monstrueux insecte évoquant la blatte géante.

On ne saura rien des raisons de cette métamorphose. En revanche, Kafka ne nous épargnera rien de la suite : comment Gregor ne parvient pas à renoncer à son humanité tandis que sa famille, elle, y renonce très vite. Gregor n'est plus le fils de la maison ; ce n'est plus qu'une créature abjecte à qui l'on jette sa pitance sans lui adresser un mot. Gregor n'a pas un problème : il est un problème.

On le renie par étapes, en laissant croire hypocritement que l'on attend son rétablissement, c'est à dire en somme le rétablissement de l'ordre normal des choses : un fils prisonnier de ses parents, qui travaille dur pour les nourrir, leur payer un logement et rembourser leurs dettes, un fils qui a pris à sa charge toutes les responsabilités, tous les espoirs, et qui maintenant, il faut bien le dire, ne sert plus à rien.

Alors on l'enferme, et tout l'espoir de Gregor n'est désormais que de savoir si on laissera le soir sa porte entrouverte, afin qu'il profite encore un peu du spectacle de cette famille dont il est exclu. On vide sa chambre de ses objets personnels, lui arrachant ce qui reste de son humanité. On ne nettoie plus rien. Il vit dans un cube nu dont il peut parcourir librement les murs et le plafond, comme le gros cafard qu'il est devenu. On le frappe, on le tue. Et quand il est mort, tout va enfin mieux. Rétablissement de l'ordre normal des choses.

Le père est grotesque et sans amour, la sœur est perverse, la mère laisse tout faire en prétextant d'étouffer sans cesse (mais de quoi exactement ?)... Pas difficile de deviner qui sont les véritables monstres de l'histoire. Une lecture qui met mal à l'aise, d'une noirceur à peine tempérée par un humour grinçant. Kafka brosse un monde où le quotidien est tout à la fois banal et atroce, et dont je retire une morale parmi d'autres : mieux vaut ne pas habiter trop longtemps chez ses parents.
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Journal

Le journal de Franz Kafka est assez sombre. L'auteur y révèle un mal être qui sera accentué par la guerre et la maladie. Son quotidien s'avère des plus mornes et il se replie de plus en plus sur lui même et la littérature. Kafka nous plonge également dans ses rêves tortueux où se reflètent son angoisse et son sentiment d'indignité qui imprégneront toute son oeuvre. Le judaïsme occupe une place importante dans ce journal. Le judaïsme et la situation des juifs à travers l'Europe à cette époque. Il se passionne, par exemple, pour le théâtre Yiddish. Bref, dans ce journal aussi, Kafka s'impose comme un auteur poignant et singulier.
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Le Château

Sur les pavés luisants des ruelles de Prague, l’ombre s’allonge, à peine découpée par le peu de lumière suintant des lampadaires. C’est une pénombre idéale et silencieuse. Des façades colorées, immobiles, des fenêtres sombres, des rues désertes ; une scénographie de théâtre oublié. Prague soupire ou chuchote, rien de bouge pas même la Vlata; dans ce décor qui n’en est pas un, s’évapore la silhouette de Franz Kafka. Ce profil aigu à quoi pense-t-il ? Au château ? Métaphore obsédante de la persécution ? Mais jusqu’où va ce sentiment d’oppression ? Jusqu’où vont le jeu et la réelle angoisse ?

Il y a une belle part de divertissement dans ce livre comme si Kafka s’était dit « jusqu’où aller le plus loin dans la loufoquerie, l’absurde, la bêtise et l’angoisse.

Qui est K ? Pourquoi s’obstine-t-il à vouloir rester dans ce village où l’hostilité à son égard va grandissante ? Que peut-il espérer dans cette contrée inconnue dominée par un château, Paradis inaccessible et vain. Cet Eden qui par le peu de description qu’en font les protagonistes de cette histoire – ceux qui arrivent à pénétrer à l’intérieur – ressemble plutôt à une aberration infernale.

Ce livre est un maelström touffu d’écriture, belle et trompeuse. Car que lit-on vraiment ? Suivant l’angle de perspective l’histoire change. K commente les faits et les villageois font de même. Dans un même paragraphe une idée est interprétée deux ou trois fois différemment. Est-ce une série de malentendus ? De déformation pathologique de la pensée, des faits ? Un mot peut tout changer.

Les « Messieurs » - l’administration – sont tellement ridicules que leur pouvoir en est glaçant. Le sentiment amoureux apparaît comme un « moyen » pour obtenir des miettes. La réputation, l’attitude, se détricotent et se re-tricotent à l’envers suivant le moment. Les personnages de cette histoire sont des marionnettes, toujours en porte à faux avec K. D’ailleurs on finit par songer que K. affabule, travesti la vérité. Mais cela peut-être aussi le cas des villageois ! Comment en parler et les décrire avec justesse puisqu’ils sont si….. multiples dans leur psyché. L’écriture de Kafka est en équilibre et c’est un réel plaisir de se sentir funambule.

Le village est un lieu clos et obscur. Les règles qui le régissent peuvent paraître impénétrables, sans fondement réel. Ce village pourrait faire écho au village du N°6, une résonnance faible soit, mais une résonnance quand même.

D’ailleurs ce château existe-t-il ou n’est-il qu’un fantasme ou une vision ? Notre propre folie ou notre propre absurdité ? A la fin (même si ce livre n’a pas été achevé) il y a le Néant. K est énigmatique, le village, les villageois aussi et le Château est une ombre dans la brume. L’histoire de K n’a pas de fin, ni de solution ; c’est une spirale s’enfonçant dans les limbes de l’inconscient.

La statue de Franz Kafka pointe du doigt rue Dusni. Le château sommeille sur les hauteurs de Prague.

L’ombre de K n’a pas fini d’arpenter les rues du quartier Josefov ; dans le labyrinthe de son esprit il crie.

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La métamorphose

Vision cauchemardesque

Un monstrueux insecte

De sa chambre prisonnier

Grégor s'est transformé

En scarabée infâme

Seule reste humaine l'âme.



En ce récit d'effroi

le chiffre trois est roi:

Se déroulent trois moments,

Dans la famille trois membres

le père, la mère , la soeur

Pitié, rancoeur, fureur.

Trois servantes sont passées

Trois locataires clonés

Trois portes ouvertes fermées ...



Les interprétations

Ont fleuri à foison

Image allégorique

D'enfermement social?

Ou psychanalytique

D'aliénation mentale?

Métempsychose, névrose

Que cette métamorphose ?



C'est en tout cas, je crois,

Une histoire qui dérange

Cruelle absurde étrange

Où s'asphyxie le Moi...
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La métamorphose

Ce livre m'avait été recommandé par un ami qui l'avait fortement apprécié. Nous découvrons ici Gregor Samsa, un jeune voyageur de commerce qui se réveille un matin transformé en un monstrueux insecte. L'atmosphère est étouffante mais le style est d'une limpidité admirable. C'est une petite nouvelle courte mais réellement percutante. Le jeune Gregor se fait rejeté par sa propre famille, je pensais vraiment beaucoup de bien de sa sœur mais au final elle dévoile son vrai visage. La vie familiale est tout simplement horrible, on ressent peu à peu de l'empathie pour le protagoniste qui souffre de la solitude et du rejet des autres face à sa différence. Kafka est un écrivain passionnant, il faut prendre le temps de lire ce petit livre pour bien le comprendre. LISEZ LE !
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La métamorphose

Cancrelat.



Après une nuit agitée Gregor se réveille. Mais le cauchemar ne fait que commencer. Il est devenu un immense insecte.



J'aime lire des classiques de temps en temps. Je sens une profondeur et une réflexion qui m'accompagnent tout au long de ma lecture, mais également longtemps après celle-ci. La Métamorphose ne déroge pas à cette règle. Au premier sens, il s'agit d'un récit fantastique, l’irruption de l'irrationnel dans le rationnel. Au second sens, cette situation permet une réflexion plus large.



La Métamorphose, c'est avant tout celle de Gregor, petit commis de commerce subvenant aux besoins de sa famille. D'individu intégré et respectable, il devient un parasite rejeté par sa famille et la société dans son ensemble. D'abord soutien de sa famille, il devient un fardeau pour cette dernière.



La Métamorphose, c'est aussi celle de sa famille, d'abord aimante et reconnaissante, elle devient froide et menaçante. Une fois toute communication coupée, plus rien ne va. Celle-ci se déshumanise de plus en plus. Elle ne reconnaît plus l’humanité de Gregor et veut s'en débarrasser.



La Métamorphose, c'est également celle de son appartement, d'abord lieu chaleureux, il devient une prison oppressante. Sa chambre passe d'un lieu agréable à un taudis qui sert de débarras. De lieu privé pour sa famille, l'appartement devient ouvert à des inconnus.



J'ai aimé cette lecture. Elle fût oppressante et terrible, mais marquante. J'ai ressenti une empathie grandissante pour Gregor au fur à mesure de ma lecture. La fin en fût d'autant plus amère.



Au final, un immense classique à lire.
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Le Procès

Cette oeuvre majeure de 1925, lue en 1995 en même temps que L'Insoutenable légèreté de l'Etre, est pour moi indissociable de ma rencontre avec la belle Lucia. Lucia, Lucia... si tu me lis, cet été là restera toujours une magnifique, sensuelle et poétique parenthèse dans ma vie... et mon appréciation de ces deux livres, que tu m'as offerts avant de repartir en Italie, t'est donc dédiée...



Le Procès de Kafka, comme le furent nos échappées nocturnes dans les rues lyonnaises, n'a pas de sens unique, est inclassable. le Procès, réaliste dans son écriture, est surréaliste, absurde, existentialiste tout à la fois.



Profondément pessimiste, s'ouvrant sur l'arrestation du condamné, il n'est qu'un long questionnement que l'on sait d'avance voué à l'échec sur les causes de la condamnation. Joseph K. , torturé psychologiquement par un système totalitaire anonyme et par sa recherche d'un sens insaisissable à ce qui lui arrive, glisse doucement vers une résignation, proche de celle du Horla ou du Dernier Jour de Hugo.



Mais Kafka va plus loin. Derrière la critique du système judiciaire, de la bureaucratie, c'est l'absurdité et l'inhumanité de la raison pratique et de systèmes sociaux broyant l'individu surréaliste que dénonce Kafka, ce qui le rapproche de B. Vian, de Sartre, et de Nietzsche.



Face à la sur-rationalisation du monde et à la condamnation de l'Etre par le regard d'autrui -comme dans le Huis Clos sartrien- , le Procès offre un récit décousu, volontairement illogique. K., antihéros dont on ne sait que peu de choses, anonyme porteur de ses doutes et souffrances, se laisse finalement tuer dans un terrain vague, comme un animal.



Derrière la vision pessimiste d'un réel vide perce cependant chez Kafka un côté ésotérique et magique, dans la tradition allemande. Une vie intérieure relevant du fantastique anime, au moins un temps, son personnage, et la résignation se trouve en partie tempérée par une rébellion ricanante face à l'absurde, ce qui me rappelle Ionesco, Vian, et Gabriel Garcia Marquez.



Jolie Lucia, toi qui me guidait dans des soirées sans mesure, et repartit pourtant sagement, toi qui masquait sous la passion d'un masque vénitien une fragilité et de profondes interrogations sur le vide des choses, grand merci donc de m'avoir laissé comme souvenir de toi cette oeuvre majeure et énigmatique. le roman kafkaïen, écheveau venant casser les codes et l'ordonnancement du roman classique comme de la morale des hommes, questionne et interpelle et, à ce titre, reste d'une cruelle actualité en ce début de XXIème siècle.
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La Colonie pénitentiaire et autres récits

Cette lecture m’a fait penser à certaines visites que j’ai pu faire aux musées d’art moderne. Face à certaines œuvres, j’avoue ne pas avoir saisi ni l’intention ni l’essence du travail de l’auteur.

Il y a clairement un problème d’interprétation face à des écrits aussi complexes que ceux de Kafka. Alors afin de comprendre, soit on fait le bon élève et on fait des recherches soit on se fie à son flair de lecteur et on choisit l’interprétation basée sur le ressenti en extrapolant dans les théories.

J’ai choisi la deuxième option.



Le sentiment d’oppression est à nouveau présent, la description de la machine de torture remplit l’espace nous acculant dans un coin, terrassés par la barbarie et l’inimaginable capacité des hommes à obéir aux ordres sans se poser des questions et sans culpabilité. Les descriptions insoutenables de la souffrance des condamnés nous écrasent comme une chape de plomb.



On pourrait même interpréter cette nouvelle comme étant une œuvre visionnaire des horreurs qui seront commises bien plus tard pendant les guerres. Les pratiques barbares et la déshumanisation y sont déjà.

D’une écriture sobre et avec beaucoup de distance Kafka sème encore et toujours des interrogations sur la condition humaine.

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Le Château

Voilà bien des mois que Le château siégeait au sommet d’une pile de livres à lire gigantesque et vacillante. Encore une fois, le challenge ABC Critiques est l’occasion de le remettre à portée de main.



L’histoire débute lorsque un arpenteur – que l’on qualifierait de nos jours de topographe ou de géomètre – nommé ici simplement K. – à l’image d’un certain Joseph K., personnage principal du Procès – débarque au « village », tard, un soir d’hiver. Il choisit de passer la nuit dans une auberge et d’attendre le lendemain pour se rendre au château où il a rendez-vous, croit-il, pour sa prise de fonction. Débute alors pour lui un enchainement d’évènements tous plus absurdes les uns que les autres.



Avec ce roman inachevé, publié en 1926 à titre posthume par le philosophe Max Brod, proche de l’auteur, je me retrouve à nouveau plongée dans ces ambiances typiques de Kafka. Absurdité, vacuité de l’existence, répétitions incessantes et infernales de faits similaires, acharnement vain, tentative échouée de rébellion, renoncement parfois, paranoïa aussi : tel est le lot de l’arpenteur.



Les quelques cinq cents pages du roman ne relatent finalement que quelques jours de l’existence de K. Cette contraction du temps, loin de l’accélérer, au contraire, semble le ralentir à l’extrême. En quelques heures des processus qui s’étaleraient sur plusieurs années dans une vie « normale » sont acquis et intégrés par les personnages comme des faits établis : les fiançailles de l’arpenteur en sont l’exemple le plus frappant.



Ce roman propose plusieurs niveaux de lecture et je ne sais pas toujours où me situer. Les personnages semblent tour à tour prisonniers d’eux-mêmes et de leurs propres pensées, incapables ou si peu de communiquer réellement et sincèrement entre eux, ou soumis à une autorité supérieure et indéfinie, celle du château. Pourtant, paradoxalement, si le château est au centre du roman et influence tous les faits et gestes des villageois, jamais la relation n’est véritablement établie avec lui ou ses employés. Masse imposante et informe, à qui ou à quoi puis-je identifier ce château ? A mon propre esprit auto-censuré ? Au « système », à la société ou à toute forme d’autorité politique extérieure à moi et qui viendrait contraindre mes choix ? La question du choix est centrale : absence de choix ou mauvais choix sont fréquents dans la vie des différents personnages. Y-a-t-il seulement un bon choix possible ?



De manière récurrente, je me suis demandée pourquoi l’arpenteur ne quittait pas les lieux tout simplement. Pourquoi ne continue-t-il pas sa route vers d’autres contrées plus heureuses ? Plusieurs réponses sont apportées, l’arpenteur se justifie de rester pour sa fiancée, pour l’emploi qui lui est promis, mais aucune ne me convainc réellement, contribuant à renforcer ce sentiment de réflexions en vase clos et de barrières imposées par une autorité créée de toutes pièces par ceux qui la subissent.



Je pourrais continuer longtemps cette liste de questions. Une fois de plus, Kafka décrit à merveille l’absurdité de notre condition humaine sans jamais la résoudre. Il met en évidence les constructions mentales erronées de l’individu retranché sur lui-même. Il démontre la vacuité de ses sursauts de rébellion voués à l’échec en vue d’accéder à un idéal abstrait et sans doute inexistant. Il me laisse avec mes interrogations et m’invite, vainement sans doute, à le lire et le relire encore, à travers son journal, ses correspondances, romans et nouvelles, en quête d’une réponse intime qu’il ne m’offrira pas. Car c’est bien à moi, et au lecteur intimement, que Kafka s’adresse avec toute l’implacable et froide distance dont il sait faire preuve.
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La métamorphose

Lire Kafka c'est toujours une avanture dans l'étrange, le non sens, le bizarre.. et pourtant on en sort toujours en se disant que tout ça c'est du réel.

Un pauvre homme se voit évoluer et se métamorphoser au fur et à mesure qu'il se découvre il prend conscience qu'il est autre.

de l'humour, du désespoir, une belle écriture avec plein d'imagination.

Si vous n'avez jamais lu du Kafka commencez donc par la métamorphose!
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Journal

On ne sort pas indemne du voyage au pays de Franz Kafka. Qu'on se laisse embarquer ou qu'on saute du train en marche, quelque chose en nous est remué du plus profond. Accompagner Franz sur le chemin de sa vie, d'accord, mais sur la pointe des pieds, tout en délicatesse, pour ne pas effaroucher l'extrême sensibilité de cet être humain si particulier, ne pas interrompre ses longs monologues parfois tortueux et parfois d'une simplicité enfantine. C'est aussi assister à l'éclosion de l'écriture comme tentative de survie, survie à la famille assassine, aux conventions sociales meurtrières, aux amours contrariées et impossibles, à l'amitié insuffisante. Entendre la plainte d'un homme en souffrance, en proie à ses cauchemars. En lutte avec le sommeil, antichambre de la mort. Et pourtant... Franz était drôle, faisait rire sa soeur par ses lectures théatrales, ses dessins, sa vision aiguë des choses et des êtres qui l'entouraient. On pourrait penser que, pour citer Georges Perec, Franz Kafka était un être pour lequel "vivre c'est passer d'un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner". L'âme et le corps de Franz étaient remplis d'ecchymoses.


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Le Procès

La fine limite du réel



Un matin, Joseph K. est arrêté. Qui l'accuse ? De quoi ? Quand aura lieu son procès ? À ces questions, une réponse implacable: "C'est la loi." L'erreur est donc impossible. Ainsi, lentement, au rythme de l'administration, la vie de K. tourne au cauchemar. Avocats désabusés, juges peu scrupuleux, tribunal déserté... la justice n'est plus qu'absurdité, simulacre d'une liberté déjà perdue.



En lisant ce résumé, nous sommes tout de suite portés à penser qu'il s'agit d'un roman policier. Ce classique chef-d'œuvre n'en est pas un. Nous pourrions même le classer comme roman psychologique puisqu'il nous met constamment en réflexion face à nous-mêmes. Il s'agit donc d'introspection grâce à un bouquin qui tend vers le fantastique.



Qu'est-ce que la liberté et la loi? Qui sont véritablement les juges de notre société ? Ne sont-ils pas partout ? Ne sont-ils pas nos voisins et amis ? Car, un jugement est définitif. Nous sommes tous juges ainsi que victimes.



Franz Kafka écrit d'une plume très accessible et navigue entre le réel et l'imaginaire d'une façon de maître. L'acteur principal ouvre une porte située dans une chambre, il est immédiatement dans les bureaux d'administration de la justice. Ne voilà t-il pas une forte image que la justice est partout ? Peut-elle être oppressante et omniprésente à ce point ?



Nous sentons dans ces lignes une angoisse profonde, une douleur interne par l'écrivain. Un cercle qui gravite infiniment. Plus l'action avance, plus nous nous retrouvons au point de départ. Ce sentiment est figé dans le livre. Plus K. (le héros) tente de se sortir du pétrin, plus il s'engouffre.



Ce bouquin est inachevé. Il n'aurait même pas dû être publié, selon les désirs de Kafka. Par chance, Max Brod, son ami, ne l'a pas écouté. Un pur délice pour l'intellect.



Point négatif ? Il vous faudra mettre de côté les notions de romans ayant une structure intro-intrigue-dénouement. Ici, c'est tout autre chose. Pas accessible à qui veut, mais vaut la peine que vous tentiez l'expérience.



Ma note: 4 étoiles sur 5



James W. Pack 
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Le Château

Fraîches impressions de lecture du "Château" de Franz KAFKA (début de composition supposé en plein hiver : janvier et février 1922) et dans la traduction d'Alexandre Vialatte (1938).



Kafka a alors 39 ans, connait sa maladie depuis cinq années (noté dans son "Journal", début août 1917 : "Les trompettes d'alarme du néant" - première hémorragie pulmonaire durant l'une de ces nuits estivales suffocantes de Prague) et ne sait pas forcément qu'il n'a plus que deux années d'agonie christique à vivre : impossibilité de parler... puis impossibilité de manger... puis impossibilité de respirer (décédé des suites d'une laryngite tuberculeuse, le 3 juin 1924).



"Das Schloss" (inachevé ou inachevable - et délaissé en septembre 1922) n'était pas destiné à être publié... plutôt "écrit pour soi", comme on dit...



On y sent le froid dans les corps et les pièces basses, la lumière aveuglante du dehors : la neige étouffante et à perte de vue.



Tout d'abord un sentiment d'étrangeté totale : la logique du rêve, que l'on retrouvera plus tard à l'oeuvre dans la fameuse nouvelle de Bruno SCHULZ, "Le Sanatorium au Croque-mort" (1935) : un homme - dont nous ne savons rien arrive dans un lieu inconnu pris sous le lourd manteau des neiges, dans une forêt d'Europe centrale.



Le héros restera prisonnier du lieu retiré - isolé du reste du monde par la seule dureté des Eléments.



Ce monde qu'il découvre est un "Autre Monde", ressemblant au nôtre par de bien étranges caractéristiques...



Réminiscences du "Nosferatu" [1922] de Friedrich-Wilhelm MURNAU : le fameux intertitre : "Une fois passé le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre. "



Ici, les premières figures fantomatiques sont "seulement" deux humains : un gras aubergiste surpris par l'arrivée si tardive d'un vagabond épuisé par sa marche dans la neige à la tombée de la nuit... puis, réveillant sans ménagement notre anti-héros" K.", le fils du portier "au visage d'acteur" (un nommé "Schwarzer" dont le nom le place sous le signe des "forces obscures" - ou "du côté obscur de la Force", selon la citation habituelle de "Star Wars", célèbre saga cinématographique un rien empesée de Georges LUCAS).



Les personnages se placent (comme les spectateurs dans les gradins d'un théâtre grec), s'ajoutent, s'évanouissent ou réapparaissent, se flairent, s'apprivoisent (parfois et temporairement), se répondent et s'opposent (parfois et durement).



Sur la scène ou dans les coulisses (tout en bas des gradins) : la Tragédie des jours ou "Le Destin en marche" (comme l'écrivait Julien GRACQ, à propos des livres de C.-F. RAMUZ).



Seuls demeureront, au final, comme on le devine : la neige et le mystère du Château ("das Schloss") que les brumes dissimulent tel un Astre noir au-dessus du village ("das Dorf") ; et ce côté tranchant et insaisissable des "Gens du Château".



Seuls quelques jours passeront : tels des croassements de corbeaux au-dessus d'arbres décharnés au faîte d'une colline de Bohême parmi d'autres... ) : une courte saison noire.



Le "héros" est un anti-héros qui "en a vu d'autres", semble-t-il : l'arpenteur (ou "pseudo-arpenteur" ?) "K." n'est plus le "Joseph K." (victime désignée d'un véritable cauchemar) de "Das Prozess", encore moins le jeune "Carl Rossmann" (naïf et imperturable) de "Der Verschollene" ("Le Disparu" ou "L'Amérique") : il est un homme roué qui pressent en quel monde de faux-semblants et de fausses politesses il doit se débattre pour y survivre, "au jour le jour"...



Repensant également au gentleman-vagabond Joseph Marti, ce grand solitaire de "Der Gehülfe" ("Le Commis", 1908) de Robert WALSER, dont nous suivrons les jours (heureux ou malheureux) pendant six mois (du début de l'été à l'arrivée de l'hiver...).



Il est également passionnant de deviner au travers des corridors neigeux, des soupentes et des salles de classe de "Das Schloss" l'ombre portée - la trace fraîche dans la neige craquante - des vicissitudes sentimentales qui amenèrent aux changements d'orbite affective de Franz, comme durant ces années 1919 et 1920 où il passa de l'étoile Julie Wohryzek, "la seconde fiancée" enjouée et solaire, à l'astre fascinant que fut pour lui Milena Jesenska... Ce roman-rêve rédigé en 1922 semble ainsi contenir quelques "clés" de personnages et de psychologies qu'il serait bien sûr passionnant de pouvoir déchiffrer, un jour... Quelles sont les femmes-source des personnages de Frieda, Amalia et Olga ? Et quelle est cette étrange "famille de Barnabé" ? (L'on en sait toujours si peu sur la famille Wohryzek...)



Franz Kafka (ou "Kavka" : dit "Le Choucas" en tchèque...) était un être dérangeant, plein d'humour et un écrivain étonnant - Géant (sans doute très tôt cassé par Hermann Kafka, "Le Père") qui doutait si fort de lui-même... Aux Temps (d'ailleurs pas tant "heureux" que ça... ) où l'on n'aurait jamais osé écrire pour dire autre chose que "deux ou trois mots des touchants mystères de l'existence"...



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La métamorphose

Franz Kafka est immortel.

Comme tous les grands écrivains,son propos reste universel et d'actualité... Comme le regard d'un portrait qui vous suit, à quelqu' angle que vous vous teniez face à lui.

Kafka, avec cette métamorphose, rend la situation de Grégor banale et ordinaire. Le message de l'auteur passe par l'absurde, quand d'autres utiliseront des animaux ou des phylactères.

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La métamorphose

J'ai écouté la Métamorphose (1912) sur un podcast gratuit de Radio-France (2022)*. La lecture de Micha Lescot est captivante. On imagine facilement la gestuelle de la bestiole et celle de son impitoyable famille. Bien que la narration soit à la troisième personne, c'est bien toujours Gregor Samsa qu'on entend jusqu'à sa mort. La voix posée du comédien et la limpidité du texte donnent à percevoir ou ressentir ce que Gregor lui-même perçoit et ressent. J'ai souri car tous les personnages sont grotesques, très bêtes et certaines situations bien cocasses. J'ai éprouvé bien sûr du dégoût, de l'horreur et puis de la pitié. La fin est d'une rare cruauté. J'ai adoré et j'ai pleuré.



Le texte suivant contient des spoilers.







*Le podcast :



https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/samedi-fiction/la-metamorphose-de-franz-kafka-3356289
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La métamorphose

Un classique : un homme ordinaire, un représentant de commerce, se réveille un matin pour s’apercevoir que son corps est celui d’un insecte.



Subir une infestation de coquerelles dans sa maison, c’est l’horreur. Mais imaginez que vous deveniez vous-même un cancrelat répugnant…



Sa famille est embêtée, car c’est le salaire de Gregor qui fait vivre la famille.



Sa mère a le cafard et a bien du mal à l’accepter. Cet insecte, est-ce encore notre fils Gregor?



Son père est en bibitte et ne veut rien savoir de la blatte.



Sa sœur ne cherche pas la petite bête, mais avec répugnance, elle lui donne à manger.



Le pauvre Gregor ne sera jamais plus le même et la vie de ses proches subira aussi une métamorphose.



Et attention, la métamorphose absurde guette peut-être aussi ses lecteurs imprudents…

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L'Amérique ou Le Disparu

Adolescent projeté dans un monde en perpétuel mouvement, par la volonté de ses parents, Karl Rossmann, immigré non consentent, doit désormais prendre les habits de l'homme adulte pour survivre dans son exil new-yorkais. Inexpérimenté, candide, pétri de bonne éducation et épris de justice, il se heurte à l'âpreté de sa condition. Rempli de bonne volonté et d'une ambition certaine, mais d'une naïveté confondante, dans une ville qu'il ne connaît pas, dans une langue qu'il maîtrise à peine, Karl Rossmann tente de déjouer tous les pièges que la misère, la faim, les mauvaises rencontres peuvent lui tendre. Il est persuadé que sa droiture et son abnégation seront récompensées. Il n'en est pas moins ballotté de situation en situation désastreuses et il faut au jeune Karl, une vigoureuse volonté de corps et d'esprit pour se hisser au-dessus d'un quotidien marqué par la fatalité, l'arbitraire et la malchance. Après avoir réussi à échapper à trois personnages magnifiquement répugnants : Brunelda, ancienne cantatrice qui ressemble à un gros insecte dans sa chambre-capharnaüm, et Robinson et Delamarche, deux voyous, sangsues sans conscience, nous le quittons à bord d'un train, en route pour son nouveau travail, dans une atmosphère à l'angoisse diffuse, après un recrutement surréaliste et drolatique. Que devient-il ? Franz Kafka suspend le destin de son héros..

En dehors de Karl Rossmann, il y a les autres.

C'est avec une force minutieuse que Kafka décrit les migrants s'entassant dans les arrière-cours et les quartiers populaires de New-York. Les pages sont d'un réalisme, et d'un lyrisme froid. Un réservoir de nationalités venues chercher des jours meilleurs, un espoir de futur où se mêlent les réussites et les échecs, les désillusions et les joies, le malheur et la chance. Tout se côtoie sur cette terre d'asile, pour le meilleur et pour le pire.

Et puis il y a le monde du travail, surtout le travail des « sans-grade ». Un univers à la fois grotesque, brutal, empreint d'une certaine solennité et grandeur. L'individu y subit un sort qu'il ne comprend pas ou si peu. D'ailleurs Karl Rossmann employé comme groom dans un hôtel frôle le burlesque ; c'est une marionnette exploitée, soumise à une hiérarchie sans fin, implacable et ridicule ; jamais à l'abri d'une « faute » qu'il pourrait commettre et que ses supérieurs attendent de lui comme un fait inéluctable.

Ce premier roman de Franz Kafka a déjà cette sous-jacente « persécution » nimbant la plupart de ses écrits. Les thèmes de l'aliénation et de la fatalité sont aussi présents comme un puits sans fond où l'humain ne peut sortir vainqueur.

C'est un beau livre "clinique" ; Kafka y déploie ses obsessions, ses peurs, ses angoisses mais aussi ses rêves et une forme d'empathie désespérée et sombre pour le genre humain.



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La métamorphose

Grégoire Samsa se réveille un beau matin (beau ? le mot est mal choisi). Étonné de ne pouvoir bouger comme il le souhaite, encore dans les brumes d’une fin de nuit, il se demande ce qui se passe. Un mauvais rêve, sans doute ? Hélas non, il s’est transformé en une nuit en une vermine, une carapace en guise de dos, un ventre bombé avec une multitude de petits points blancs et des jambes qui ne sont plus que des petites pattes frêles, collantes en leur extrémité. La question que je me pose concerne la transformation. Il s’est transformé ou il a été transformé ? Y-a-t-il une action, une volonté de sa part ou de quelqu’un d’autre ayant conduit cet homme à devenir ce cancrelat ? N’était-ce que la suite logique de la négation de l’existence de cet être humain? Ce fils de petits bourgeois n’était pas heureux. Il étouffait et faisait ce qu’il fallait. Non pas pour lui mais pour sa famille, pour la société, pour les autres. Sa liberté n’existait pas dans ce monde fermé de la petite bourgeoisie qui vivote. N’est-ce pas un moyen de montrer qu’il n’en pouvait plus de sa vie étriquée ? Une manière de révéler à chacun des membres de la famille qu’ils ne l’ont jamais aimé ? Selon moi, la réaction des parents et de la sœur (bien que cette dernière fut tolérante au début, elle ne le resta pas bien longtemps avec l’accumulation des difficultés financières) montre qu’il était un pion à leur service et que s’il ne pouvait plus leur être d’aucune utilité, rien ne les empêchait alors de le bombarder de pommes qui finiraient encastrées dans son abdomen pour assurer la putréfaction de son abdomen et au-delà, de son existence même, déjà pourrie alors qu’il était si jeune. Un roman difficile où l’on cherche l’amour... l’amour qui devrait normalement unir ou réunir une famille dans une lutte pour vaincre les difficultés, accepter les différences, ne pas avoir honte de son frère, de son fils…
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