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Critiques de Franz Kafka (1137)
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La métamorphose

Gregor Samsa est représentant de commerce itinérant, une activité professionnelle prenante et fatigante dans laquelle il ne trouve pas grand épanouissement. Il subvient aux besoins de sa famille, ses parents et une sœur afin de combler progressivement leurs dettes. Gregor doit s’accrocher bien malgré lui, l’aliénation qui le lie à ce travail ne lui laisse pas le choix. Sous la pression de son employeur qui ne lâche rien en termes d’objectifs de vente, Gregor est coincé dans sa vie !



Et puis un jour, à son réveil, il se trouve transformé, métamorphosé en insecte type cafard. Cafard, Kafka, nous ne sommes pas trop loin phonologiquement !

Pas moins emprisonné dans sa vie, le voilà coincé sous une carapace !

Rejeté par sa famille qui comprend vite qu’il ne pourra plus assumer leur oisiveté et lâché aussi cruellement par son employeur, Gregor n’a plus d’espoir…



Ce petit roman est bouleversant à plusieurs niveaux, il a généré en moi une sorte de malaise durant sa rapide lecture. Rien que l’image de l’insecte sur la couverture n’invite pas à la regarder, et la sensation dérangeante relative à la représentation du phénomène est désagréable voire oppressante.



Ce récit fantastique nous renvoie à la morale qu’il suscite. Une fois hors de la course, le rejet se fait rapidement ressentir même de ses plus proches. La société nous enferme souvent dans un système dont la spirale ne nous ramène jamais vers le bord ou alors au prix cher à payer !

Cette lecture m’a tenue quelques temps dans la réflexion de ce que Kafka avait comme message à nous faire passer. Une lecture intéressante.

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La métamorphose

On peut bien sûr lire l'histoire étrange de ce roman en profitant des quelques traits d'humour qu'elle renferme.

On peut aussi se laisser aller à quelques interprétations parmi celles qui viennent à l'esprit: l'image de la famille, chaque membre derrière sa porte ou l'exclusion progressive ou la honte de la différence ou l'autorité déshumanisée ou .... il parait que le nombre d'interprétations possibles dépasse la centaine ... Kafka avait-il pensé à toutes ?

Rechercher une partie d'entre elles peut constituer un beau challenge.

Cet étrange roman sera donc ce que le lecteur voudra en faire..
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La métamorphose

Après une deuxième lecture de ce si court et si célèbre roman, je suis persuadée de deux choses :

- il y a des livres qu'on ne devrait pas lire trop jeune ,

- La Métamorphose est tout simplement un tour de force littéraire.



Après avoir lu La lettre au père de Kafka avant de lire son chef-d'oeuvre, je vois et comprends des choses à côté desquelles j'étais complètement passée lorsque je l'avais lu au lycée.

On retrouve bien sur le père tyrannique, méprisant les arts et adulant le commerce. Et surtout, un père qui entend à ce que tout se passe comme il le veut.



La Métamorphose réussit aussi à allier beaucoup d'humour (de situation, mais pas seulement) et tragique. Etant maintenant adulte, je vois d'un tout autre œil ce que dépeint Kafka du monde du travail et surtout le sentiment d'aliénation que l'on peut ressentir lorsque, comme Gregor Samsa, on se réveille coincé dans une vie que l'on a pas choisi.

Kafka a retranscrit , semble-t-il , avec beaucoup de fidélité l'ambiance fin de siècle/début de siècle dans le milieu de la bourgeoisie de Prague, où chacun a une place et un rôle bien précis à tenir et un avenir tout tracé par ses pères.



Et c'est tout simplement formidable!
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Le Procès

Un matin, Josef K. est arrêté par deux hommes de main : on lui fait savoir qu’il y a désormais un procès. 300 pages plus loin, Josef K. est exécuté par deux autres hommes de main. Que s’est-il passé entre temps ? À vrai dire rien, si ce n’est des rencontres.

Dans la vie normale, le crime cherche le châtiment (cf. Dostoïevski), ici le châtiment (l’arrestation) cherche désespérément le crime, si bien que K. n’oppose aucune résistance à son exécution. Pourquoi ?
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La Muraille de Chine et autres récits

Le Terrier, la nouvelle de Franz Kafka est un monument de paranoïa, d'angoisse et de solitude. Cette magnifique nouvelle que je lis pour la deuxième fois me fait avoir une pensée reconnaissante à Max Brod ne n'avoir pas écouté Kafka, qui voulait qu'il détruise tous ses écrits après sa mort. Que nous aurait-il privés de ce magistral cheminement dans une âme tortueuse, fantaisiste, mélangeant si habilement la réalité et l'imaginaire ! Avec une écriture compliquée, construite et déconstruite dans une apparente facilité. Une beauté tourmentée.

Le Terrier, donc, écrit peu de mois avant sa disparition met en scène un animal ou plutôt une créature. Les réflexions humaines de cette bête ajoutent à la dimension dramatique de l'histoire.

Le Terrier, métaphore morbide de la fin proche de Kafka est un hymne à l'impuissance face à l'adversité de la vie et de la mort.

« Il », le narrateur est obnubilé par son terrier ; à la fois refuge, piège, idéal et cauchemar. La solitude dressée en étendard, en revendication, résonne à la fin du récit (qui est inachevé) comme un glissement sans fond vers la folie. Cette bête qui se sent à l'abri dans son terrier, amoureusement construit, entretenu, élaboré avec un luxe qui confère à la maniaquerie ; est soudainement agressée par un bruit étranger. Redoutant le monde extérieur peuplé d'ennemis invisibles, la créature voit peu à peu l'effondrement de son sanctuaire ; car le bruit vient de l'intérieur du terrier et impossible d'en trouver l'origine. La paranoïa étant de plus en plus prégnante, notre bête en vient (après une presque déconstruction de son édifice) à considérer cette « place forte » qu'est son refuge en objet d'hostilité. A la fin c'est « seul contre tous ».

Dans ce grand monologue qui n'en est pas un, plutôt une longue réflexion ou le récit que la créature adresserait à un auditoire absent, Kafka nous enferme dans une forme de délire cérébral où les réflexions se succèdent, s'annulent, se contredisent, se chevauchent. Nous souffrons avec cette bête. Nous cherchons avec elle ce « bruit » qui vient peut-être de son esprit tout simplement.

Comme avec le Château ou ses autres nouvelles, l'inachevé du récit fruste en même temps qu'il ajoute une forme de mystère et d'interrogation. Les aurait-il toutes terminées ces histoires s'il en avait eu le temps ?

Description d'un combat et Les Recherches d'un chien font partie du livre « La muraille de Chine ». Écrites comme le Terrier à la première personne, elles interrogent sur l'intime, sur l'intériorité. Peut-être Kafka nous fait-il nous approcher plus près de lui. Mais comment en être certain ? Il y a toujours dans ses récits la grande, l'immense solitude ; une forme d'appréhension du monde extérieur pour ne pas dire une méfiance accrue. La peur des autres, le jugement des autres est un leitmotiv. Description d'un combat est le récit d'une nuit d'errance entre le narrateur et un jeune homme rencontré lors d'une soirée. Les prémices d'une amitié qui ne veut pas en être une. Un affrontement moral et sentimental.

Les recherches d'un chien sont les réflexions d'un vieux chien sur sa vie passée, sur la vie de ses congénères ; s'adressant à des lecteurs canins, il serait un peu facile de trouver cela presque ridicule si le questionnement de ce vieil animal ne finissait par nous émouvoir.

Dans ce recueil des bribes de nouvelles, à peine une page, beaucoup d'inachevé. Parmi toutes ses pépites une petite nouvelle savoureuse sur Poséidon, gérant des mers du Monde entier. Une autre qui s'intitule « le voisin », un homme persécuté par deux billes blanches. Toujours la bizarrerie, le décalage, l'appréhension du monde extérieur et de son propre monde.

La muraille de Chine est à part. Discours politico-philosophique que certains voient comme une métaphore de Prague à moins que cette muraille de Chine soit une vision de l'élaboration intellectuelle de Franz Kafka.

Je termine par une petite nouvelle qui s'intitule « La taupe géante ». L'animal chez Kafka. Toute une histoire…. Un villageois a soi-disant vu une taupe géante à l'abord de son village. Cela entraîne une suite de tracasseries administratives qui rappelle un peu l'atmosphère « du Château » L'étrangeté combattue par l'absurde.

« Que son âme soit liée au faisceau de la vie. » dernière phrase de l'épitaphe sur la tombe de Kafka.

Cette vie ….

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La métamorphose

Une triste histoire, une terrible intrique qui nous pousse inévitablement à se demander sous quel sort l'auteur a-t-il écrit ce livre, et même quel a été son état d'esprit ? Dans quel chaos il se retrouvait lui-même pour pouvoir le transcrire inéluctablement dans la vie de Gregor? Un chaos sans cause, ni cheminement peut facilement faire penser à un simple caprice d'auteur.



En effet, Kafka place son héros dans un labyrinthe, et moi lecteur je me demande pourquoi cette pénitence et à quel fin, pourquoi le cercle doit-il rester fermer pour cet homme qui n'avait qu'un but travailler intensément et subvenir aux besoins de sa famille. C'est vraiment sans raison et presqu'injuste de la part de l'auteur, et même on se dit il joue bien son jeu, l'auteur, il se fait simplement passé pour un comédien qui a mal porté son costume...



Un homme qui se réveille un bon matin, et comme par coup de baguette magique se trouve métamorphosé en un insecte. ça commence trop fort, le livre! On ne peut s’empêcher de suivre Grégor dans son martyr, on s'attache à lui, on se voit à sa place puis on a l'impression de voir autrement le monde...



Evidemment, animée d'entrée de jeu d'une curieuse soif d'en savoir plus, on ne peut lâcher le vivre une fois qu'on l'a entamé. Chaque phrase, chaque pensée de Gregor, chaque détail de sa déplorable condition ressemble à une armée de poux qui trémousse sur votre tête...



Bien que j'aimé le livre, je l'avoue, mais je l'ai trouvé peu convaincant ou peut-être insuffisant!





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La métamorphose

La Métamorphose est un roman poignant qui traite de la psychologie humaine. Un matin, Gregor Samsa se réveille dans la peau d’un énorme cafard répugnant. Mais son seul souci lorsqu’il réalise qu’il a pris l’apparence d’une blatte est de se demander comment il va se rendre à son travail. Il n’est pas choqué par sa métamorphose soudaine et reste obnubilé par la réaction que pourrait avoir son patron s’il n’allait pas travailler.



J’ai l’impression d’avoir été présente lors des scènes décrites dans ce roman tellement elles étaient racontées avec perfection et concision. Franz Kafka a une plume qui nous plonge dès le départ dans son récit mêlant horreur et absurdité.



Je suis vraiment mitigée quant à ce roman. Je ne peux pas dire que je ne l’ai pas aimé parce-qu’il était vraiment très original – je n’en avais jamais lu de tel auparavant et c’est vraiment cette excentricité des thèmes qui m’a plu. J’ai aimé les métaphores dont faisait part Franz Kafka : la représentation de l’homme renfermé sur lui-même et obsédé par le travail symbolisé par le cafard – en effet, petit à petit Gregor se comporte vraiment comme un animal, ce n’est plus une simple apparence – et donc également l’idée de rejet de sa propre famille à cause de son ignoble corps et de sa passivité face aux événements. Alors nous vient la réflexion « Qui est le plus animal entre Gregor et sa famille? »



Mais pour ma part, l’histoire fut trop répétitive. Les descriptions répugnantes telles que « Il lui coulait des lèvres un liquide brunâtre qui se répandait sur la serrure, puis s’égouttait sur le tapis » nous permettent certes de s’immiscer dans la peau de Gregor et d’accentuer le mal-être et l’horreur qui se dégagent du récit – mais il y en a beaucoup trop ! De plus, la fin n’a rien d’exceptionnel, on la devine dès même le début du récit : un homme transformé, rejeté et qui finit par mourir. C’est un coup bien trop classique, on sent ce qui va se passer et j’aurais préféré être surprise sur la conclusion.



Malgré tout, La Métamorphose n’en reste pas moins un bon roman avec une très belle écriture triste et extrêmement glauque. Mais je n’ai malheureusement pas su saisir et apprécier le message qui est ressorti de ce roman.
Lien : https://unparfumdelivre.word..
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La métamorphose

Pas étonnant que la terrible et dérangeante histoire de Gregor et de sa lente transformation en insecte soit devenu l'un des classiques les plus plébiscités : Sous des airs de science-fiction pure et malgré le sentiment d'inquiétante étrangeté qu'évoque en nous ce récit, ce roman nous touche peut-être plus près qu'on ne croit... Cet homme qui se réveille un jour en n'étant plus tout à fait lui-même et qui va petit à petit devenir une vermine, incapable de prendre soin de lui-même et haï par sa famille ne symboliserait-il pas en effet la chute dans la dépression, la monstruosité du regard des autres, la déshumanisation qui mène à la mort, le rejet de la différence, l'absurdité du monde... ?



Plus de 130 analyses différentes de "La métamorphose" ont été recensées! C'est dire si ce récit allégorique est puissant pour avoir tant posé question et surtout pour avoir inspiré tant de réponses différentes. Je ne tiens pas à donner ici la 131ème interprétation, à vrai dire je ne m'en sens pas capable, mais je peux quand-même dire que j'ai été moi aussi fascinée par cette œuvre kafkaiesque et qu'elle m'a beaucoup fait réfléchir, et sans pouvoir l'expliquer, je me permettrais juste une question : Et si avec cette œuvre magistrale le grand Kafka ne cherchait qu'à nous mettre en garde : attention Messieurs Dames à la vie alentour, prenez soin de ce que vous êtes, de la vie que vous menez et de ceux qui vous entourent, car vous pourriez, qui sait, un beau matin, au sortir d’un rêve agité, vous éveiller dans votre lit en une véritable vermine....
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Le Procès

L'univers de Kafka est un mélange d'absurdité, d'étrange, d'oppression et d'onirisme. Ce livre est une pure merveille qui reste gravé dans notre mémoire longtemps après l'avoir lu.
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La métamorphose

Récit relativement court mais fort dynamique et prenant.



Le lecteur suit, à travers ce roman, l’histoire du jeune Gregor Samsa qui se réveille un beau jour métamorphosé en un « monstrueux insecte ». Cette métamorphose bouleversera sa vie mais aussi celle de sa famille qui finira par devenir austère et même cruelle à son égard.



Ce court récit pousse le lecteur à se questionner sur les diverses métaphores que l’auteur met en lumière, notamment sur les thématiques centrales du récit tel que la lourdeur de la solitude, la dépendance au travail, la famille et la mort.



J’ai beaucoup apprécié la lecture de ce récit car elle laisse place à de nombreuses interprétations et fait se questionner le lecteur sur sa propre existence.



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La métamorphose

Un matin, Gregor Samsa se réveille transformé en un gros insecte. Étonnement, ses premières pensées sont pour son travail. Petit à petit, le comportement de Gregor devient celui d’un insecte, il se cache sous le canapé, grimpe aux murs…

L’absurde de la situation permet de montrer les différentes réactions après cette métamorphose. Sa famille elle-même va se transformer : ils étaient dépendants de l'argent que ramenait Gregor, chacun va alors chercher de quoi gagner de l’argent, ils n’étaient pas vraiment invalides avant.

La métamorphose continue : Gregor devient un être inutile puis indésirable, l’adoration et le respect, qu’éprouvaient sa famille, se transforment en haine. Qu'aurais-je fait à sa place ? A leur place ? Avec La métamorphose, Franz Kafka nous fait nous poser la question, qui de Gregor ou de sa famille a vraiment perdu son humanité ? Qui se métamorphose ?

Une nouvelle qui fait réfléchir...

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La métamorphose

C'est un roman essentiel pour comprendre Kafka, pour se poser des questions sur la vie et l'existence. Il faut le lire quand on est adolescent, quand sa carapace se développe, s'ouvre ou se referme, et on ressent mieux les souffrances du personnage, coincé sur son lit par cette transformation.

On a l'impression que chaque mot a été pesé pour montrer la lenteur des déplacement, la pesanteur de la situation et l'impossibilité de changer. Le plus surprenant, c'est la réaction de la famille, aucune émotion ou compassion, on reproche cette existence larvée au pauvre personnage principal qui aimerait tant être ailleurs.

Les premières lignes sont un vrai délice de lecture et font lire le roman en entier sans interruption. Un vrai plaisir de lecture.
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Le Château

Le Château est une émotion.

La première fois, je l'ai lu sans m'en rendre compte.

L'ai-je seulement lu ?... Je n'en suis pas sûre, je vivais ma propre histoire..

Comme je n'ai rien noté, tout a disparu

Mais il m'a bien semblé qu'il était question d'un Château ; c'est même tout ce que j'ai retenu, ce vers quoi je tendais... (Attirance qui suscite aujourd'hui encore une "lecture")

Je me rappelle aussi du chemin censé y mener ; chemin dans un rêve, chemin indéfini associé à la perte



K. est un étranger, mandaté sans recommandation, au milieu des habitants du village. L'ébauche du "Château" paraît être la "Tentation au village", début d'une nouvelle rédigée huit ans auparavant où la situation de départ est la même (mais n'est-ce pas la situation de départ de toute l'œuvre de Kafka ?..)



Si l'auteur considère que "Le Château" n'existe "que pour être écrit, non pour être lu", c'est peut-être parce que sa tentative doit nécessairement échouer pour être retenue.

Car il tente, en effet (selon l'idée rêvée par Caillois) d'écrire un rêve qui ne soit pas un récit de rêve. Il doit rester au niveau de l'intraduisible, ne pas dormir, lutter contre la pente narrative (le nivellement) ou au contraire, s'y abandonner quand elle arrive sans qu'on s'y attende "à ce moment précis"

Comme en rêve, tout se passe normalement et inexplicablement



On repère des détails, des invraisemblances, on les note quelque part... Puis on s'abandonne, toujours "déplacé" ; ailleurs et au même endroit, en des temps incertains ressemblant à notre enfance



Mais le rêveur, où est-il ?... Dans quelle administration ? C'est véritablement le point fascinant de l'affaire, l'inconnu.



Le côté "automatique" du rêve fait croire à un dieu fou en nous, un ange, un démon, autre chose qu'un homme qui se mettrait à nous lire, s'installerait à la place du vigile mais au lieu de veiller, se prenant au jeu, finirait par croire qu'il est l'homme vivant cette vie, feuilletant, revenant en arrière, comprenant mal ou épelant un passage



(Note à moi-même... Je me suis encore laissé aller... À relire donc !)



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La métamorphose

Si un jour nous changeons au point de ne plus être le même que celui que nous étions, comment pourrons-nous nous accepter nous-mêmes ? Mais, surtout comment serons-nous perçus et tolérés par les autres dans notre vie familiale, professionnelle, relationnelle ?



Franz Kafka a poussé ce raisonnement à son paroxysme, avec Gregor Samsa, qui se réveille un matin transformé en énorme cancrelat. Etonnamment, il accepte facilement son nouveau statut, mais le regard et le comportement des autres, et surtout de ses parents et de sa sœur, qu’il a pourtant entretenus les cinq dernières années avec un travail acharné, va progressivement se modifier, de l’amour à la haine, en passant par beaucoup de phases intermédiaires.



Une belle étude sur les liens humains, même si l’auteur les voit de manière très pessimiste ! C’est ma deuxième lecture de Franz Kafka après Le procès. Quelle réflexion dans ces récits abordés par l’absurde ! A lire absolument !

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La métamorphose

"Un beau matin, Gregor Samsa se réveille en gros scarabée. Cet état l'afflige, il se désole de ne pouvoir se lever, s'habiller, attraper la poignée de sa porte de chambre... impotent, handicapé de fait. Que faire, et qui l'aidera? Son parler strident est incompréhensible. Son corps de coléoptère risque fort de susciter la défiance... Il broie du noir, perclus d'angoisse, engoncé dans sa carapace. Il espère, à tout le moins, la clairvoyance de ses proches."



On lira de-ci de-là "littérature de l'absurde", ce qui peut sembler déplacé. Par absurde on entend des enchaînements dépourvus de logique, des rapports de cause à effet faussés. L'absurde est un rapport à la logique, non pas un rapport au réel. Or, tout dans la mécanique fictionnelle de la nouvelle de Kafka est bien logique, irrépressiblement, "logique", épouvantablement logique... La Métamorphose atteint en fait le point culminant de la non-absurdité. Passé un point de départ irréaliste au possible, d'accord, mais le réalisme n'est pas la logique. De multiples éléments de l'intrigue sont irréalistes, pour autant leur articulation dans le texte fait parfaitement sens. Le récit contracté par Kafka présente une cohérence extrêmement rigoureuse, le déterminisme est implacable, les suites logiques... impérieuses.



Récit irréaliste, oui évidemment, mais "absurde", NON, cela ne convient pas. Pas en première approche, pas en première analyse. "Parabole", oui, "récit métaphorique", oui, "fable psychanalytique", oui ! Laissons aux Ionesco et autres agents becketiens le plaisir de fomenter des récits tarabiscotés, au petit bonheur d'une écriture faisant fi de la raison. A l'inverse, ce récit est plein de sens, il est même saturé par le sens. Kafka s'agrippe à sa raison, à "ce qui ne pourrait pas ne pas être raisonnable".



Le trop-plein de sens est pourtant pour lui une sorte de déni appuyé, semi-conscient. Kafka a la lucidité de son déni. Il appose sur son récit une logique qui n'est qu'apparente, pour sauver l'intellect de ce qui ne peut pas ne pas être sa seule destinée : un scepticisme aigu vis-à-vis du monde tel qu'il est, tel qu'il va. Ce scepticisme, Kafka se complait douloureusement à l'enfouir sous un récit "logique".



Dit en une phrase: il faut se défendre du monde (angoissant, imprévisible) en en pénétrant la logique; or, le monde est fou; il faut donc s'approprier une logique folle, pour se prémunir de la folie du monde.



Il semble bien que cette hyper rationalité ne soit qu'un tapis rassurant pour la psyché kafkaïenne. Une rumination sans véritable objet, pour patienter encore un peu. Car sous le tapis : un abîme, le vertige de la perte du sens (qui viendra immanquablement, lorsque le monde l'emportera).



Divers états cohabitent en fait chez Kafka, dans la majeure partie de la nouvelle. La logique combat l'angoisse tout en jouant avec elle. L'ironie kafkaïenne, en sourdine, souligne combien ces tentatives d'appréhension par la raison ne sont pas dupes d'elles-mêmes. Kafka hystérise la logique en riant amèrement. Il l'hystérise jusqu'à un point de folie (raccordant les deux bords extrêmes de l'axe de la raison). Rempart à la folie, la logique pourrait bien devenir le fondement même de la déraison. Folie de la lucidité: c'est à ce moment ultime de notre compréhension finale des vérités dernières (d'un monde fou)... que tout peut basculer.



En bout de course, l'absurde (ressenti comme tel) de la condition du héros ne présente pas d'échappatoire. Il le repousse par la porte, à grands coups de logique salvatrice, mais il n'y échappera pas.



(Je parle ici de l'absurde vécu par un individu paranoïaque, à la pensée en spirale, en cercles concentriques de plus en plus resserés. Une paranoïa effectivement excitée par l'"absurde" de la bureaucratie, ou de divers dispositifs/ institutions qui jugent et condamnent l'individu... Non pas un absurde terminal, ontologique, métaphysique, que je n'ai jamais vraiment ressenti chez Kafka).



Bref, à quoi se fier? À sa "raison"?... Non... à ses risques et périls. A ses contemporains? Encore moins. Les épines du jugement extérieur triturent les fibres hautement paranoïaques du jeune Franz/Gregor. Que lui reste t-il?... Mettre sur le papier une fable, en forcer fictionnellement la logique (comme un clin d'oeil désabusé à soi-même: "je ne suis pas dupe") ; rire un peu pour conjurer son angoisse personnelle; et la métaphore comme refouloir névrotique.



Au titre de la fable, quelques évocations :



"Je me réveille autre, et le comportement de mes proches envers moi change complètement."

On imagine un malade grave dont le traitement lourd devient un poids. Les proches seraient secrètement soulagés que ça s'arrête. Tandis que le malade ressent une culpabilité par rapport à son état qui oblige son entourage.



"Mon patron débarque chez moi et me somme de me rendre au travail."

La conscience privée s'imbibe de la pensée du travail. La figure d'autorité n'est jamais loin. Souriante et pleine d'attention, elle viendra jusque chez nous s'enquérir de notre capacité productive.



... Ne sommes-nous pas nous-mêmes chargés de notifications mentales?

N'avons-nous pas en permanence la conscience au travail?



"Mon père, ma mère, ma soeur ne me reconnaît plus."

Où l'on se retrouve désavoué pour nos choix personnels, y compris au sein du cercle le plus étroit.



On peut faire la lecture d'une somatisation de la souffrance au travail. "Je me méprends en me persuadant que je souhaite me rendre à mon boulot; je me donne bonne conscience en m'oubliant dans des activités professionnelles énergivores, nocives pour mon équilibre, j'entretiens ma propre aliénation... C'est mon corps, un jour où ça ne tient plus, qui décide finalement et me retient au lit".



La version Livre de poche propose un texte de Nabokov, qui mentionne l'influence de Flaubert sur Kafka par le refus de l'écriture affectée ; aussi la distance critique de Kafka par rapport à Freud, que Nabokov partage et qu'il souligne donc avec plaisir. Enfin Nabokov pose la question cruciale, à savoir, qui sont les vrais insectes? Gregor, coincé dans sa carapace? Ou sa famille, son patron... le monde entier, en dehors de sa chambre.



(Critique actualisée)
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Le verdict

"Le Verdict" est une courte nouvelle de Franz Kafka, dans laquelle l'auteur du "Procès" montre son art pour créer de terribles crescendos.

L'histoire est extrêmement simple, elle peut se résumer en une phrase ; mais l'intérêt n'est pas celui de l'histoire ; l'intérêt est de voir comment, de faits anecdotiques, Kafka fait surgir les questionnements, les rebondissements, comment il construit ( magistralement ) ces récits, comment il confère à ces nouvelles l'effet et le caractère marquant qu'elles ont.

Et, à cet égard, cette courte nouvelle est passionnante.

Il est d'ailleurs étonnant qu'à partir d'un sujet moins angoissant, a priori, que celui du "Procès" ou celui de "La Métamorphose", Kafka n'en réussit pas moins à produire un texte puissant et riche en émotions.

Une excellente nouvelle !...
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La métamorphose

Un jour, j'ai trouvé un insecte qui se promenait parmi les assiettes et les couverts, au fond de l'évier, alors que je faisais la vaisselle. Emportée par une espèce de pulsion maniaque, de névrose obsessionnelle, à force de frotter pour que tout soit propre, et soulevée par le dégoût, face à cet être répugnant qui se promenait parmi les restes de notre repas, j'ai voulu le faire disparaître parce qu'il me gênait, tout simplement. J'ai attrapé une arme, un ustensile de cuisine quelconque, et, refusant tout contact tactile, avec lui, je l'ai accompagné, jusque sous le robinet d'eau, jusqu'à une flaque d'eau. Et puis, je l'ai laissé se débrouiller dans cette flaque où je l'ai longuement regardé se débattre dans l'eau, tentant misérablement de nager avec ses multiples pattes. Cette vermine, tenace, se débattait, cette bestiole faisait preuve d'esprit de survie ! Ma répugnance s'intensifiant, j'ai fait couler l'eau, en augmentant la pression, pour qu'il soit emporté par le maelstrom de l'évier de la cuisine. Il a disparu, mais je ne me suis pas sentie mieux. En effet, j'ai eu honte. Et puis j'ai repensé à cette nouvelle : La Métamorphose de Kafka. N'ai-je pas agi comme la bonne qui balaie Gregor, ce déchet de l'humanité ? Comme la famille de Gregor Samsa, le rejetant, prise de dégoût par son apparence, scandalisée de son comportement anormal ? De quel droit ai-je condamné cet insecte qui, au fond, ne faisait rien d'autre que me "gêner", sachant que je n'avais pas, comme le lézard, l'intention de le manger, qu'il ne s'agissait donc aucunement d'une question de survie, pour ma part mais que c'était un acte gratuit, un meurtre, gratuit ? Certes, il y a des questions d'hygiène à prendre en considération, mais est-ce une raison suffisante dans la Métamorphose de Kafka, ces substances douteuses, cette apparence quelque peu dérangeante, de se débarrasser de cette vermine, de ce parasite, qu'est Gregor Samsa qui rampe à même le sol ou sur les murs, qui grimpe au plafond ?

N'ai-je pas moi-même une araignée au plafond, au fond ? N'ai-je pas pris plaisir, un jour, à regarder une araignée, une de mes congénères, se faire déguster, patte après patte, par un lézard, qui s'est réservé le corps de l'araignée pour la fin ?
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La métamorphose

La Métamorphose est vraiment une très jolie nouvelle de Franz Kafka, un espèce de drame social et familial, des mieux écrits et des plus travaillés.

On y sent tout le drame de la situation de Grégoire ( ou Gregor, selon les traductions ) Samsa. Humain par toutes ces caractéristiques, hormis l'apparence physique et la faculté du langage, il sera châtié, parce qu'il n'a pas été humain en tout…

Le plus étonnant dans cette oeuvre dramatique, c'est son réalisme : hormis la transformation du héros en insecte ( en "vermine", dit le texte ), tout est représenté avec un grand réalisme, tout sonne juste, jusque dans les passages les plus terribles ( et parfois presque tragiques ).

Qu'en conclure ? Que l'homme ne se fie qu'à l'apparence ? Que tout ce qui n'est pas tout à fait humain, ne fut-ce que par des caractéristiques peu importantes, peut être exterminés par les hommes ? La question, comme toujours avec Kafka, reste en suspens et sujette à controverse.
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La métamorphose

Tzvetan Todorov défini le fantastique comme l’arrivé de l'étrange dans un récit. le fantastique est l’entre-deux, le décor est perçu comme naturel et s’y introduit des marques du surnaturel, et donc l'hésitation.



Là le fantastique est posé dès le départ. Gregor est déjà un insecte. La métamorphose a déjà eu lieu. Alors quelle métamorphose décrit la nouvelle ?

Qui sont ceux qui vont se métamorphoser tout au long de celle-ci ?

Je me demande si ce n’est pas celle du lecteur, moi-même qui assiste impuissant au cheminement vers l’idée du meurtre de Gregor par les membres de la famille. C’est nous même, lecteur qui devons faire le choix moral.

A la fin, en tant que lecteur nous ne pouvons plus nous cacher ? Quel coté avons-nous choisis ?

Il s’agit de la métamorphose du lecteur que Kafka provoque.

Nous sommes responsables de notre morale, comme dans le procès « K » était coupable de ne pas se savoir innocent !
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Le terrier



Quelque part, on ne sait où dans la forêt, un être ni vraiment homme ni vraiment animal vit dans un terrier. Pas un vulgaire trou de renard. Un immense réseau souterrain qu’il a creusé de ses mains, dont il a durci les parois en tapant dessus avec son front. Il l’appelle avec orgueil « sa forteresse ». Il se nourrit de la vermine qui, en creusant ses propres tunnels, atterrit dans le sien. Parfois, pris d’une folle frénésie, il se risque à l’extérieur, tuant et dévorant tous les animaux qui croisent son chemin.



Cet être vit dans une étrange et perpétuel paranoïa. Il craint de mystérieux « ennemis » ; c’est pour se cacher d’eux qu’il a réalisé ce refuge. Qui sont-ils ? Existent-ils ailleurs que dans son imagination ? Lui-même n’a pas l’air de le savoir. Un jour, il entend un bruit étrange...



Voici un texte très inattendu pour Kafka. Contrairement au Procès ou à la Métamorphose, le héros est maître de son destin, il ne subit pas passivement des événements inéluctables - même si la fin va peut-être en ce sens. Contrairement à la Métamorphose, la monstruosité est cette fois un atout. Il n’y a qu’un seul et unique personnage. Personne pour l’écraser ou le torturer – à part les être sortis de son imagination, et un son bizarre.



Il est couramment admit qu’il s’agit d’une métaphore. Cette forteresse dont parle Kafka serait donc intérieure. Une carapace où il se retire pour se protéger du monde extérieur, qu’il perçoit comme une agression. Ses mystérieux ennemis sont la grossièreté, la rudesse, la vulgarité. Et dans ceux qu’il évoque, les rares ennemis suffisamment puissants pour détruire sa forteresse en un jour, peut-être compte-t-il son père...
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