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Critiques de Franz Kafka (1137)
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L'Amérique ou Le Disparu

Kakfa aime bien les K (K sociaux, K cliniques). Karl (le K de l'Amérique, le Disparu) est sur le point de disparaître à moins qu'il n'ait déjà disparu, dans les bas-fonds de la ville de New-York. Karl, expulsé, banni, honni de sa famille, débarque d'Europe. Karl, c'est le Kandide de Kafka. C'est qu'il a commis une faute - grave la faute - originelle. Il est, en conséquence de ses erreurs, condamné à rater à sa vie ; ayant pris un faux départ. Il rate absolument tout ; c'est ce qui fait de lui un raté. Il n'a pas posé le pied en Amérique qu'il commet déjà des erreurs, fatales. Il rate le débarquement du bateau parce qu'il se rend compte qu'il a oublié son parapluie derrière lui. Il laisse sa valise à quelqu'un, pour retourner chercher son parapluie, mais il perd, au final, son parapluie et sa valise et puis il se perd dans les couloirs du bateau. Il s'égare, sans cesse. Il cherche sa place. Il s'invente une vie. Il parle à tort et à travers, surtout lorsqu'il parle pour les autres, au nom des autres. Il perdra son chapeau, son costume, ses papiers d'identité, son identité, en somme, au fur et à mesure et il endossera les habits des autres. Tout ce qui lui arrive semble absurde, parce qu'il se comporte mal, ne connaissant pas les codes ou les outrepassant pour telle ou telle raison, et il se retrouve engagé de force, auprès de l'oncle Jakob ; qui lui laisse entrevoir les hautes sphères de la société mais là encore, il sera maltraité, séquestré, chassé. On se moque de lui, et il s'en rend à peine compte ; on ricane en le montrant du doigt, on l'humilie.

Ce roman d'apprentissage est marqué par la honte et par la dérision.



De mauvaises rencontres se font, des opportunités se présentent, qu'il saisit ou qu'il ne saisit pas (parce qu'il ne comprend rien à ce qui se passe) ; et il tente comme il peut, de manière assez maladroite, de manière malhonnête même, parfois, la malhonnêteté venant soit de Karl soit des autres parce que Kafka joue des malentendus, pour projeter Karl dans des situations incroyables, impossibles, sans issue. Et au lieu de faire ce qu'on attend de lui, ou ce qu'il attend de lui-même, c'est à dire de se faire une place dans la société, de progresser sur l'échelle sociale, en partant de l'échelon le plus bas, il descend toujours plus bas. Il prend pas mal de fois d'escaliers, pas mal de fois l'ascenseur, étant même embauché, plus tard, comme liftier (garçon d'ascenseur, émotionnel), avant d'être licencié. Il monte et il descend, il monte et il descend, comme les anges dans la Bible qui montent et qui descendent l'échelle du rêve de Jacob. Or, les anges, à la fin du roman, démesurément grands, perchés sur leurs piédestaux, plus ou moins en hauteur, s'avèrent être de vulgaires fantoches.

Il monte sur le piédestal de l'ange, pour le saluer, et il redescend.
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La métamorphose

La vie de Grégor ne se résume qu'à son travail et à sa famille. Une grande pression repose sur ses épaules. Il travaille constamment pour faire vivre sa famille qui dépend entièrement de lui. Cette dépendance l'enferme et le formate. A tel point, que lors de sa transformation, sa seule inquiétude est d'arriver en retard à son travail.



Sa métamorphose va l'exclure définitivement de la société et de sa propre famille. Il va se retrouver seul, enfermé dans sa chambre, personne ne le comprend et ne lui parle. Il s'accroche à ses souvenirs pour ne pas devenir entièrement une bête.



L'espoir de le voir redevenir lui-même s'amenuit et sa famille va progressivement se désintéresser de lui. Ils l'enferment pour le cacher des autres par honte et par peur. Il est devenu inutile à leurs yeux et ils arrivent désormais à subvenir à leurs besoins sans lui. C'est Grégor qui est maintenant un fardeau et un poids pour eux.



J'ai ressenti une certaine tristesse pour Grégor qui devient spectateur de sa propre existence. Cependant, il aurait pu s'enfuir mais il ne l'a pas fait malgré la tristesse et le dégoût qu'il procure à sa famille.



Cette nouvelle est prenante et il est impossible de la lâcher avant la fin.

Elle aborde différents sujets dont chaque lecteur aura sa propre interprétation.

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Le Procès

Difficile d'ajouter une critique sur un tel livre.

Je voulais juste ajouter que le souvenir le plus marquant pour moi de ce livre est le sentiment d'oppression, d'enfermement sur soi que j'ai ressenti comme le héros de cette histoire.



La lecture de ce texte m'a donné un réel sentiment d'enfermement presque physique alors que j'en étais la lectrice ! Impressionnant....
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La métamorphose

« La métamorphose » le livre le plus connu, certainement, de Franz Kafka. Devenu un véritable classique, j’étais impatient de me lancer dans cette lecture, d’autant plus en ayant parcouru de nombreux avis positifs.



Même si le sujet principal est la mutation d’un être humain en un insecte repoussant : un cancrelat – j’ai regardé sur le web en utilisant duckduckgo (une alternative aux yeux pervers de Google), c’est un gros cafard. Déjà que les insectes sont laids, bien qu’ils soient indispensables à la biodiversité. Mais, ce récit est bien davantage que la métamorphose d’un homme ordinaire, car dans son malheur, c’est une famille qui se voit par la même occasion évoluer.



J’ai beaucoup aimé le début. C’est très prenant. L’écriture est fluide et c’est très facile à lire. En revanche, malgré sa petite taille, j’ai trouvé quelques longueurs. Pourtant l’auteur démontre que même si un être d’une fratrie se voit devenir un être repoussant, il n’en reste pas moins un membre et que l’amour est plus fort. C’est un très beau message.



Un bon récit où l’élément Fantastique n’est qu’un prétexte pour aborder des sujets tels que la solitude, la peur de l’abandon, l’amour familial et bien plus encore, un peu comme Theodore Sturgeon le fait avec la Science-Fiction. C’est aussi un texte daté, puisqu’il fut paru en 1915. Ça se ressent.

À noter que mon édition présente de nombreuses annotations pompeuses se voulant une analyse du texte.
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Lettre au père

Il y a des écrivains qui font peur (à tort ou à raison), Kafka est de ceux-là pour moi. J'ai lu La Métamorphose au lycée , et n'y avait absolument rien compris, et puis, passé la trentaine, je vois et entends de plus en plus de choses intéressantes sur cette oeuvre et son auteur. Pourquoi ne pas lui redonner sa chance alors ? Mais avec des étapes !!



Et c'est là qu'intervient la Lettre au père. Ce petit ouvrage n'est pas une fiction. C'est une "véritable" lettre que Franz Kafka a écrit à son père, mais il ne lui a jamais donnée. ( Il paraît que cette lettre contiendrait des clés pour comprendre la si fameuse métamorphose du jeune écrivain tchèque !)



N'étant pas une fiction, le fil est parfois dur à suivre car Kafka couche sur le papier toutes ses peines à mesure qu'elles lui viennent.

Malgré cela, cette lettre à son père se révèle intéressante à plusieurs points de vue. Après sa lecture, plus besoin de lire une biographie sur l'auteur tant on ressent tous ses sentiments contraires vis-à-vis de son père qu'il décrit comme un stentor lui inspirant la peur autant que l'admiration. On sent bien aussi le désarroi du jeune Franz face au manque d'empathie que son père semble avoir pour lui. Et tout est sujet à désaccord entre le père et le fils ! Deux visions s'oppose, celle plutôt matérialiste et distante ("à l'ancienne") du père, et celle de Franz qui fait les études de droit comme on l'y oblige alors qu'il est passionné de théâtre yiddish et autres plaisirs artistiques dans la Prague effervescente au tournant du siècle. Mais aussi le rapport que chacun entretien à la religion (le judaïsme), etc

Ce qu'il dit de ses besoins de jeune garçon et de jeune homme sur le besoin d'encouragement mais aussi de celui de se démarquer est assez moderne pour une époque où les sentiments des enfants sont très peu (pour ne pas dire pas du tout) pris en compte.



Toutefois, malgré les petites bassesses, jalousies et déceptions, c'est tout de même le point de vue de l'homme "en maturation" qui se dégage, comprenant qu'aucun deux n'est totalement victime ou bourreau. Mais, à titre personnel, Franz se demande si la parentalité n'est pas , pour chaque individu, synonyme de sacrifice de bonheur personnel et épicurien ... et quand un autre être que soi-même compte, l'erreur est quasi inévitable. Alors, est-ce vraiment impardonnable ?
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Le Château

Ce livre fait partie de l’avis général des chefs d’œuvre de Kafka. C’est vrai que le travail de l’auteur est admirable, l’univers étrange dans lequel il nous plonge incroyablement construit. Sa vision métaphorique que beaucoup jugèrent prémonitoire d’une Administration hypertrophiée, monstre froid en perpétuelle expansion produisant toujours plus de règles et de contraintes n’est pas sans faire résonnance à la technocratie européenne. Toutefois, l’opinion du lecteur est plus mitigé, je n’ai pas vraiment accroché et suis resté en retrait, observateur d’une performance d’écrivain plus que happé par la cinétique de l’histoire.
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Récits 01 : La métamorphose - La sentence - Le ..

Une triste histoire, une terrible intrique qui nous pousse inévitablement à se demander sous quel sort l'auteur a-t-il écrit ce livre, et même quel a été son état d'esprit ? Dans quel chaos il se retrouvait lui-même pour pouvoir le transcrire inéluctablement dans la vie de Gregor? Un chaos sans cause, ni cheminement peut facilement faire penser à un simple caprice d'auteur.

En effet, Kafka place son héros dans un labyrinthe, et moi lecteur je me demande pourquoi cette pénitence et à quel fin, pourquoi le cercle doit-il rester fermer pour cet homme qui n'avait qu'un but travailler intensément et subvenir aux besoins de sa famille. C'est vraiment sans raison et presqu'injuste de la part de l'auteur, et même on se dit il joue bien son jeu, l'auteur, il se fait simplement passé pour un comédien qui a mal porté son costume...

Un homme qui se réveille un bon matin, et comme par coup de baguette magique se trouve métamorphosé en un insecte. ça commence trop fort, le livre! On ne peut s’empêcher de suivre Grégor dans son martyr, on s'attache à lui, on se voit à sa place puis on a l'impression de voir autrement le monde...

Evidemment, animée d'entrée de jeu d'une curieuse soif d'en savoir plus, on ne peut lâcher le vivre une fois qu'on l'a entamé. Chaque phrase, chaque pensée de Gregor, chaque détail de sa déplorable condition ressemble à une armée de poux qui trémousse sur votre tête...
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Cahiers In-Octavo (1916-1918)

Du cahier A au cahier H –du mois de novembre 1916 au mois de janvier 1918-, plusieurs hommes semblent s’être relayés pour écrire les Cahiers in-octavo. Pourtant, Franz Kafka est le seul à tenir la proue. Plus qu’ils ne témoignent de l’évolution d’une technique littéraire, ces cahiers prouvent l’adaptation continuelle de l’homme face à son destin. En effet, la période s’étendant de 1916 à 1918 apprend à l’écrivain que celui-ci souffre d’une grave maladie à laquelle il a peu de chances de survivre. Comme nous le rappelle l’avant-propos de Pierre Deshusses, nous avons trop souvent tendance à croire que Franz Kafka était l’homme angoissé et terrorisé du Procès ou du Château ; nous oublions qu’avant que ne survienne la maladie, jusqu’à ses trente ans, il était encore animé d’une force vigoureuse qui le faisait triompher correctement de ses névroses et qui l’encourageait aux voyages et à la bonne compagnie. En présentant les textes de Franz Kafka dans leur ordre chronologique, contrairement aux choix éditoriaux opérés par Max Brod en faveur d’une classification thématique, la métamorphose (plus subtile que celle du roman éponyme) s’inscrit progressivement dans la succession des cahiers.





Les premiers d’entre eux témoignent d’un travail d’écriture plutôt scolaire. Franz Kafka, élève modèle, semble s’exercer à développer différents genres et formes littéraires. Ce sont de courtes nouvelles, des ébauches d’histoires et des rêves arrangés qui se succèdent avec la plus grande liberté : celle de s’interrompre n’importe quand, de faire s’alterner plusieurs textes, de n’écrire qu’une phrase ou de s’enthousiasmer pour cinq pages compactes. Franz Kafka possède déjà le talent qui confère à ses textes une dimension universelle et symbolique mais l’intention pédagogique qui en régit l’écriture est bien trop voyante. A partir de la moitié de l’année 1917 –cahier E-, le lecteur commence à comprendre que Franz Kafka n’est plus le même que celui qui avait commencé la rédaction du cahier A : lui-même semble s’être lassé de ses exercices de style, de ses fictions parfois laborieuses qu’il n’hésitait pas à interrompre au milieu d’une phrase, sans égard pour leur devenir. Les sentiments d’un homme blessé se révèlent par hasard dans des formes très courtes qui témoignent de la pudeur de Franz Kafka. L’homme terrorisé par son père apparaît encore après l’écriture de la Métamorphose en 1915 («Lorsque mon père disait autrefois, brandissant des menaces aussi sauvages que vides : Je vais te déchirer comme on éventre un poisson –et effectivement il ne me touchait même pas du petit doigt- voilà que la menace se réalise maintenant, indépendamment de lui ») et regrette de n’avoir pas su s’affranchir, comme on gâche son potentiel (« Il était assis devant ses comptes. De grandes colonnes. Parfois il s’en détournait et cachait son visage dans sa main. Quel était le résultat de ces calculs ? Triste, triste calcul »). Les quatre derniers cahiers s’apparentent alors à des recueils d’aphorismes. Franz Kafka s’inscrit en lutte contre une maladie qui semble surtout morale et qui le menace d’effondrement. Il s’entretient avec lui-même, à l’homme encore préservé qui écrivait dans les premiers cahiers, pour exalter ses ressources d’énergie vitale : « Les arrière-pensées avec lesquelles tu accueilles en toi le mal ne sont pas les tiennes mais celles du mal ». La lutte inégale engendre courage et lassitude, espoir d’une vie unifiée et éternelle contre dégoût éprouvé envers un sort injuste.





« En théorie, il existe une parfaite possibilité de bonheur : croire à ce qu’il y a d’indestructible en soi et ne pas y aspirer » : cette pensée, qui est celle d’un homme ayant parcouru toute la hauteur d’un parcours spirituel et intellectuel allant de l’illumination à l’abandon, continuer à faire planer sur l’œuvre de Franz Kafka un fardeau de tristesse –le sentiment d’une grandeur humiliée.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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La métamorphose

"En se réveillant un matin après des rêves agités, Gregor Samsa se retrouva dans son lit, métamorphosé en un monstrueux insecte."

Un cafard! "Un peu terrifiant", "excessivement répugnant", cette tranformation à la fois physique et morale, Gregor Samsa, voyageur de commerce dont les revenus ont pour l'instant assuré le bien être de sa famille, la vit comme un véritable cauchemar jusqu'à la mort incontournable.

Ce sont les suites de cette métamorphose que nous relate ici Frantz Kafka (auteur tchèque né en 1883 qui a connu la notoriété post-mortem grace à son ami Max Brod qui a publié ses oeuvres).

L'angoisse monte crescendo, d'où le talent de Kafka: Gregor Samsa cesse de travailler (entravé par son corps pour se déplacer), son entourage réagit différemment ce qui le déstabilise (Sa soeur Grete, dévouée l'aide en déplaçant les meubles pour son confort puis prend conscience de la gravité de son cas, sa mère espère que la situation va changer et son père le siffle, lui assène un coup violent,le blesse, le bombarde de pommes), il fait des efforts (pour se redresser, ouvrir la porte avec sa bouche), il perd ses repères, s'enlise dans un monde obscur, jusqu'au huis clos final.

L'homme, selon Aristote, est un animal sociable et parlant.

En perdant la parole, c'est son humanité qui va disparaître peu à peu.

La métamorphose est une nouvelle fantastique, paradoxale, philosophique qui conte l'absurde de l'existence humaine.

Frantz Kafka, étranger dans son pays, à la fois juif et tchèque, dont le père était brutal et tyrannique, dont la mère était inexistante affectivement, dont le corps était mal vécu,dont la sexualité était animalité qui carapaçonne,dont les difficultés à la fois internes et externes étaien l'objet d'un écartèlement insolutionnable, a sans doute projeté beaucoup d'éléments personnels dans ce récit.

La métamorphose:un triste constat ironique sur le repli, la solitude, l'impuissance dans lesquels l'homme s'enferme ou se laisse enfermer parfois sans arriver à se détacher de ses liens mortifères.

Un classique incontournable!
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Lettre au père

De Kafka, j'avais lu La métamorphose, l'Amérique , Le procès, et le château, quatre oeuvres un peu hermétiques pour moi. Et puis un jour, je suis allée à Prague, j'ai visité le musée Kafka et j'y ai trouvé un petit volume noir que j'ai acheté et lu...

Ce petit livre c'est une lettre de Franz Kafka à son père. Un père dont il a toujours eu peur et dont il n'a pas ou bien peu senti l'amour. Un livre qui nous fait comprendre un peu l'oeuvre complexe de Kafka.
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La Colonie pénitentiaire et autres récits

Un inspecteur est délégué sur une île dont on ne connaît pas le nom (mais où il est question de Kommandantur) pour faire un rapport sur la manière dont sont traités les prisonniers coupables de manquements, indisciplines ou condamnés. Le "bourreau", gardien du lieu, a mis au point, avec le précédent commandant décédé, une machine diabolique qui imprime dans la chair, très progressivement, la condamnation.



Franz Kafka qui donna son nom au terme "kafkaïen", entré dans le langage courant, porte ici toute sa définition : absurde, torturé, compliqué dont on a du mal à définir le sens. L'auteur a imaginé une machine digne des plus grands bourreaux (mais faisons confiance à l'humanité pour faire preuve d'autant d'imagination dans les années qui suivirent) et donne la parole à son concepteur qui prend un plaisir non dissimulé à détailler, dans les moindres détails et avec une sorte de sadisme jubilatoire toute la machinerie et va même jusqu'à demander d'en préserver l'usage au péril de sa propre vie.



Je dois avouer que durant toute ma lecture j'ai senti le malaise monté, l'horreur de la situation, dans cette salle de tortures, écoutant avec le futur torturé qui n'a pas l'air de comprendre le sort qui lui ai réservé,  les explications fournies sur le déroulement de la sentence. J'ai tenté de déceler dans le récit l'arrière-pensée de l'auteur : une interprétation personnelle de l'usage fait de la torture et du plaisir que peut ressentir ceux qui la pratiquent, un délire sadomasochiste qui se voudrait absurde mais on sait que quand il est question de tortures les hommes, depuis la nuit des temps ont fait preuve d'imagination ? 



C'est un texte marquant (excusez-moi pour l'analogie sur la machine), qui m'a profondément troublée sans que j'en connaisse exactement la raison mais sans pouvoir lâcher ma lecture pour autant ou l'abandonner par dégoût. Je voulais savoir pourquoi, quel était le but de cet écrit. Et si finalement c'était simplement une fable sur les capacités de l'homme à faire du mal, à pousser la torture jusqu'à son paroxysme avec un bourreau presque en état second, convaincu des bienfaits de sa machine et préférant demander un faux témoignage de peur de la voir disparaître. Et puis la fascination du bourreau pour son commandant disparu, perpétuant sa volonté, ses souhaits au-delà de sa disparition, ..... Prémonitoire de ce que les hommes sont capables de faire au nom d'un idéal.



Le recueil comportait d'autres nouvelles, mais je dois avouer que je n'en saisissais pas le sens pour la plupart et ai abandonné le recueil. Il s'agissait plus de courts récits, de petites chroniques, tenant parfois en quelques lignes, certains textes comme des ébauches d'écriture, de notes sur des scènes vues, mais comme j'étais encore sous le coup de mon voyage dans la colonie disciplinaire, j'avais beaucoup de mal à y trouver un intérêt ou du sens.



Une expérience de lecture troublante et en plus un visage et des yeux sur la couverture qui à chaque fois que je prenais le livre me donnait l'impression de plonger au plus profond de moi, de me sonder, de chercher à trouver les failles et dont je ressentais à la fois toute la noirceur mais également une sorte de résignation à ne déceler que le négatif.



Je n'ose pas dire que j'ai aimé et pourtant oui j'ai aimé car cette lecture va rester en moi pour longtemps. Je ne sais pas si je lirai à nouveau Franz Kafka. Je ne suis pas sûre d'apprécier son univers, ses pensées et même de comprendre ce qu'il veut transmettre mais je suis ravie d'avoir participer à ce challenge Mai en nouvelles qui m'a permis de comprendre pourquoi Kafka a laissé son empreinte dans notre langage à travers un texte aux multiples interprétations.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Le Procès

"Le procès" est un roman qui a été publié contre la volonté de son auteur puisque Franz Kafka souhaitait la destruction de ses manuscrits après sa mort, dont ce texte en chantier. Max Brod son ami a bien fait de ne pas l'écouter car c'est devenu un chef-d'oeuvre de la littérature du 20ème siècle.

Il nous fait entrer dans l'univers Kafkaïen, un monde cauchemardesque où l'accusé Joseph K. est dans l'impossibilité de se justifier, ne sachant pas de quoi il est accusé.

L'histoire est connue car c'est une référence littéraire et cinématographique grâce à l'excellent film d'Orson Welles réalisé en 1962.

On ne comprend pas toujours tout ce qui se passe et pour cause.

Le plus drôle est que j'ai écouté une version audio lu par Michel Dodane, que je conseille (il y en a plusieurs et pas toujours de bonne qualité) et le mode aléatoire s'est enclenché sans que je m'en rende compte. Eh bien, ça fonctionne quand même ! Je me suis aperçue que les chapitres sont organisés comme un puzzle, on navigue dans un monde d'apparences, où K. employé de banque taciturne et célibataire qui n'a rien demandé à personne, va être confronté à une série de personnages, femmes ou hommes, après son arrestation et dans l'attente de son jugement. Il y a de quoi devenir parano.

Au fond, c'est comme si Kafka nous disait que l'existence n'est qu'un long procès dont de tribunal nous a condamné depuis le début.





Challenge XXème siècle 2021

Challenge Multi-défis 2021

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La métamorphose

J’éprouve de l’étonnement, un peu d’effroi, mais surtout de la répugnance envers ce cancrelat qui garde les pensées d’un jeune homme comme il faut. Un jeune homme dévoué pour sa famille. Plus le récit avance plus je ressens aussi de la pitié et de l’empathie envers ce même insecte abjecte. Franz Kafka réussit à créer ce mélange inédit de sentiments et de sensations. C’est le mélange qui est inédit, nous sommes bien d’accord. Quoique amour et haine parfois se rejoigne … Mais là n’est pas le débat, je veux à la fois aider cette créature repoussante à sortir de sa chambre et l’éradiquer, la dissoudre devant sa famille et moi-même.



Comment classer ce classique de la littérature ?

Un soupçon d’horreur populaire, une pincée de psychanalyse, un morceau d’autobiographie. Le tour est joué en moins de cent cinquante pages, bravo Monsieur Kafka !



Hypothèses et questions toutes personnelles :

Un infime délire schizophrénique visuel de l’auteur est-il à l’origine de ce récit ?

Ou comment Franz Kafka a-t-il fait pour imaginer et coucher sur le papier pareil situation confinée cauchemardesque ?

Le cancrelat est-il l’image de nous même quand nous ne sommes plus nous même ? Puisque nous serions alors aliénés par l’excès de travail ?

L’excès d’autres activités malsaines ?

L’excès de substances ou d’opiacés modifiant notre psychisme ?

Ou ce cancre est-il simplement la face sombre de chacun de nous ?



Avec le printemps revenu ça ne va pas, cette lecture convient beaucoup mieux pour la saison hivernale, ou décembre en France, quand il fait gris tout le temps, tant pis. Avec ce texte pour du sombre et du lugubre vous allez être servi. Si ce n’est ce que vous cherchez en ce moment, fuyez, attendez novembre …

J’ai finis ce texte un dimanche matin le ciel était déjà bleu … quel contraste …

Je lirai avec le même plaisir, je le souhaite, Le Procès du même auteur dans mes futures semaines littéraire. A plus tard.

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La métamorphose

Il m'a fallu un sacré moment pour comprendre ce livre et l'apprécier. Même au bout de la seconde lecture, je n'avais toujours pas compris ce que l'auteur avait derrière la tête. Tout en sachant que je passais à côté de quelque chose de majeur, je m'étais résignée à ne pas apprécier l'oeuvre.

Cependant, un beau jour, j'ai eu l'illumination: Kafka nous tient un miroir devant les yeux, et ne fait que montrer la dégradation des sentiments humains et de la société, face à l'adversité, ou tout simplement, face à l'inhabituel. Le sujet principal de cette histoire n'est pas le pauvre Gregor : on ne sait pas ce qui lui arrive, ni comment, ni pourquoi, et ça n'a pas d'importance. Le coeur de l'histoire, ce sont les autres, justement, sa famille, et le lecteur lui-même, dont le comportement se dégrade au fur et à mesur que le malaise grandit. La véritable métamorphose n'est pas celle de Gregor, mais celle du lecteur.
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Lettres à Milena

J'ai voulu lire les lettres de Franz Kafka à Milena pour connaître Milena. Mais la tâche ne fut pas si simple. A l'instar des Lettres à Felice, on y découvre un Kafka bien plus préoccupé par l'image qu'il se fait de sa correspondante que par la correspondante elle-même. Il dresse ici le portrait d'une Milena idéalisée et le reconnaît lui-même. Si l'aventure est moins perverse – j'ose le mot – qu'avec Felice, l'ambiguïté de cette correspondance est flagrante. Franz Kafka ne s'adresse qu'à lui-même et à ses propres fantômes.



J'ai choisi tout de même de mener à son terme cette lecture fastidieuse. Je me souviens par ailleurs d'abominables lettres à Felice, et de cette sensation magnétique, ce besoin – pervers aussi ? - de lire un discours qui me débectait sans comprendre le fondement de ce besoin. Je me souviens, quelques semaines après avoir refermé le deuxième volume des Lettres à Felice, d'une impression très marquée et marquante d'être entrée dans un univers obsessionnel qui me rappelait fortement Le château ou La métamorphose – qu'est-ce que cet homme qui tel un cafard rampe sous les portes des chambres des demoiselles pour les regarder écrire dans leur dos ? - et l'impression était dix fois plus vive à la lecture de ces lettres qu'à la lecture des romans. J'ai donc mené à son terme la lecture des lettres à Milena et je ne le regrette pas. J'y ai trouvé mon compte sur l'interlocutrice. Le volume des éditions Nous se clôt par la rubrique nécrologique de Franz Kafka rédigée par Milena elle-même. Elle y dresse un portrait de l'écrivain saisissant. Elle n'a visiblement pas lu les lettres qu'elle a reçues de la même manière que moi. Elle les a reçues entrecoupées de rencontres bien réelles avec Kafka, elle les a accompagnées de lectures et de son travail de traduction en tchèque des œuvres fictionnelles de Franz Kafka. Sans s'attacher aux névroses de l'homme, elle a été capable d'en saisir et retenir le meilleur. A tel point que j'en ai regretté de ne pas pouvoir lire finalement les réponses à ces lettres qui s'étalent sur près de 3 ans. Les réponses de Milena s'adressaient très certainement à Franz Kafka-le-vrai et non à un Autre idéalisé, elle connaissait son interlocuteur et accordait une grande importance à la sincérité de leur relation... à moins que la lectrice que je suis ai retrouvé son propre idéal de Kafka dans l'écrit de Milena Jesenská et s'en trouve immensément et maladroitement rassurée.
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L'Amérique ou Le Disparu

Karl a 16 ans lorsqu'il est envoyé par ses parents en Amérique : sa naïveté n'a en effet pas pu le protéger contre les avances d'une bonne entreprenante, mais le scandale n'en est pas moins grand. Il lui faudra dès lors prendre sa vie en main tout seul, malgré son inexpérience.



À peine arrivé à New York, Karl a la bonne surprise de rencontrer un de ses oncles, riche homme d'affaire qui le prend sous son aile. Son avenir paraît alors particulièrement radieux. Mais voilà, les personnages n'ont pas l'habitude de mener une petite vie tranquille. Au contraire, Karl est pris dans une spirale infernale : il se retrouve toujours au mauvais endroit au mauvais moment, ses valeurs et la logique qui guide ses choix paraissent déplacés et grotesques à tout autre que lui, et les rares fois où il prend les bonnes décisions, il trouve sur son chemin des gens qui l'entravent, le ralentissent, jusqu'à ce que son objectif lui glisse entre les doigts. Malgré sa bonne volonté, et la baisse de ses ambitions à chaque échec, le sort continue de s'acharner sur lui. Ses tentatives d'être le maître de son destin restent vaines : il n'est qu'un pion que d'autres déplacent selon leur bon vouloir.



On retrouve dans ce roman inachevé un thème majeur de Kafka, celui de l'individu qui se débat inutilement dans un système qui le dépasse. J'aurais bien aimé connaître la fin exacte, car ce roman s'achève par une note d'espoir, assez inhabituelle pour l'auteur.
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La métamorphose

Court roman à lire et à relire, légèrement teinté de masochisme (cf la dame à la fourrure sur le mur de Gregor Sampa) pour ses implications existentielles et métaphysiques en phase directe avec la vie de Kafka qui se sentait étranger dans le monde et sa propre famille.

Sans pour autant pouvoir être qualifié d'inadapté, loin s'en faut : seulement l'auteur pousse avec rigueur l'idée de l'exclusion jusqu'au point final de son aboutissement et en tire les conséquences ultimes : l'étranger sera éliminé et sa carapace jetée aux ordures comme un déchet ; La famille, dont le fonctionnement harmonieux fut un temps troublé, recouvrera toute sa cohérence.



Le bouc émissaire vu comme l'élu sacrifié pour la cohérence du groupe.
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Lettre au père

“Lettre au père” est un roman épistolaire, une longue lettre écrite par Franz Kafka adressée à son père dans laquelle il soulève leurs relations difficiles, mêlées à divers sentiments entre crainte et respect, amour et répulsion.



Cette lettre, parue à titre posthume en 1952, soit presque trente années après la mort du romancier, a été écrite en 1919. Elle n'a jamais été remise à son père.



L'auteur parle de son enfance, puis de son adolescence, de ses études, d'un mariage et de choix de vie.



Il parle d'un père dur, exigeant, autoritaire, une figure dominante que ce soit dans son éducation, dans sa relation, ou dans sa manière d'aimer son fils.



Il parle aussi de crainte, de manque de confiance, d'un père manipulateur et intolérant.



Cette figure du père dominateur et humiliant se retrouve aussi dans “La métamorphose” où le personnage principal se sent noyé, perdu dans une famille qui se détourne de lui progressivement.



Dans ce texte, on découvre aussi un homme sensible et fragile qui utilise l'écriture pour se libérer, on comprend les thèmes qui reviennent dans ces autres écrits, et surtout l'homme fragile qu'il était.


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La Colonie pénitentiaire et autres récits

Déception dans l'ensemble. "La colonie pénitentiaire" mérite d'être lue, mais je suis beaucoup moins conquise par les quatre autres textes parus sous le titre "Un champion de jeûne" (sauf le chapitre éponyme) qui sont d'une écriture confuse, tortueuse, alambiquée, ressemblant à un parcours psychologique compliqué. Je serais plus attirée par les deux derniers textes du recueil, "Le terrier" et "La taupe géante" mais suis arrêtée dans mon élan et excessivement frustrée car ces deux textes sont inachevés par l'auteur... Je ne vois d'ailleurs pas très bien l'intérêt de les publier et de les livrer aux lecteurs ainsi tronqués.
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La métamorphose

Gregor Samsa se réveille un beau matin métamorphosé en cancrelat. Comment ? Pourquoi ? Nous n’en saurons jamais rien, mais nous découvrirons ce que ressent le personnage dans ce nouveau corps, puisqu’il a gardé, dans le même temps, toute son humanité. Nous serons, avec lui, enfermés dans une seule pièce, ou presque, sa chambre ; nous assisterons aux venues ponctuelles de sa sœur pour le nourrir, et de la femme de ménage pour nettoyer son espace de vie ; nous serons aussi face à plusieurs confrontations, toutes plus violentes les unes que les autres, entre Gregor et ses parents, principalement. Car notre personnage, qui vit avec sa famille alors qu’il a déjà un certain âge, en est le chef incontesté : voyageur de commerce, il est celui, et le seul, qui part travailler, avant sa métamorphose, son père ayant des soucis de santé trop importants. Alors lorsqu’il ne peut plus, forcément, travailler, le quotidien confortable du reste de la famille bascule, et son regard sur Gregor avec lui…



Relire La métamorphose, même dans le cadre de l’agrégation, grâce à un chouette programme de littérature comparée sur les fictions animales, fait toujours quelque chose. Je reste en effet toujours aussi ébahie par la capacité de Kafka à nous conter un évènement critique d’une existence, menant ici sur un pan fantastique par cette métamorphose inattendue, sans nous en expliquer les tenants et aboutissants fondamentaux, sans que cela ne gêne le moins du monde à la compréhension et à l’intérêt du récit. Car ici bien sûr, plus que la raison de la métamorphose, ce qui intéresse notre auteur c’est l’incidence qu’elle aura sur Gregor, mais aussi, et plus encore, sur sa famille, qui compte exclusivement sur lui pour vivre. Cette métamorphose, c’est donc non seulement celle du jeune homme, mais aussi celle de ses parents et de sa sœur, qui vont être profondément transformés par l’évènement. Et c’est une métamorphose remarquablement écrite, pas forcément dans sa complexité ou dans sa recherche poétique, mais plutôt dans sa sensibilité, dans sa capacité à décrire, par l’intermédiaire de Gregor, et uniquement de lui – nous sommes en point de vue interne tout du long – le reste de sa famille.
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La métamorphose, de Kafka

Comme d'habitude, quel est le prénom du personnage principal ?

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