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Pierre Deshusses (Traducteur)
EAN : 9782743619954
237 pages
Payot et Rivages (16/09/2009)
4.14/5   7 notes
Résumé :

Ces cahiers sont, à l'origine, de simples cahiers d'écolier où Kafka consigne indifféremment ses récits et ses rêves, sans souci de hiérarchie. Apparemment simple kaléidoscope de textes qui se bousculent et se heurtent, ils sont essentiels car ils sont la continuation de son Journal qu'il a pratiquement abandonné à partir de 1916, après la crise avec Felice. Cette relation lui a certes donné un n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Du cahier A au cahier H –du mois de novembre 1916 au mois de janvier 1918-, plusieurs hommes semblent s'être relayés pour écrire les Cahiers in-octavo. Pourtant, Franz Kafka est le seul à tenir la proue. Plus qu'ils ne témoignent de l'évolution d'une technique littéraire, ces cahiers prouvent l'adaptation continuelle de l'homme face à son destin. En effet, la période s'étendant de 1916 à 1918 apprend à l'écrivain que celui-ci souffre d'une grave maladie à laquelle il a peu de chances de survivre. Comme nous le rappelle l'avant-propos de Pierre Deshusses, nous avons trop souvent tendance à croire que Franz Kafka était l'homme angoissé et terrorisé du Procès ou du Château ; nous oublions qu'avant que ne survienne la maladie, jusqu'à ses trente ans, il était encore animé d'une force vigoureuse qui le faisait triompher correctement de ses névroses et qui l'encourageait aux voyages et à la bonne compagnie. En présentant les textes de Franz Kafka dans leur ordre chronologique, contrairement aux choix éditoriaux opérés par Max Brod en faveur d'une classification thématique, la métamorphose (plus subtile que celle du roman éponyme) s'inscrit progressivement dans la succession des cahiers.


Les premiers d'entre eux témoignent d'un travail d'écriture plutôt scolaire. Franz Kafka, élève modèle, semble s'exercer à développer différents genres et formes littéraires. Ce sont de courtes nouvelles, des ébauches d'histoires et des rêves arrangés qui se succèdent avec la plus grande liberté : celle de s'interrompre n'importe quand, de faire s'alterner plusieurs textes, de n'écrire qu'une phrase ou de s'enthousiasmer pour cinq pages compactes. Franz Kafka possède déjà le talent qui confère à ses textes une dimension universelle et symbolique mais l'intention pédagogique qui en régit l'écriture est bien trop voyante. A partir de la moitié de l'année 1917 –cahier E-, le lecteur commence à comprendre que Franz Kafka n'est plus le même que celui qui avait commencé la rédaction du cahier A : lui-même semble s'être lassé de ses exercices de style, de ses fictions parfois laborieuses qu'il n'hésitait pas à interrompre au milieu d'une phrase, sans égard pour leur devenir. Les sentiments d'un homme blessé se révèlent par hasard dans des formes très courtes qui témoignent de la pudeur de Franz Kafka. L'homme terrorisé par son père apparaît encore après l'écriture de la Métamorphose en 1915 («Lorsque mon père disait autrefois, brandissant des menaces aussi sauvages que vides : Je vais te déchirer comme on éventre un poisson –et effectivement il ne me touchait même pas du petit doigt- voilà que la menace se réalise maintenant, indépendamment de lui ») et regrette de n'avoir pas su s'affranchir, comme on gâche son potentiel (« Il était assis devant ses comptes. de grandes colonnes. Parfois il s'en détournait et cachait son visage dans sa main. Quel était le résultat de ces calculs ? Triste, triste calcul »). Les quatre derniers cahiers s'apparentent alors à des recueils d'aphorismes. Franz Kafka s'inscrit en lutte contre une maladie qui semble surtout morale et qui le menace d'effondrement. Il s'entretient avec lui-même, à l'homme encore préservé qui écrivait dans les premiers cahiers, pour exalter ses ressources d'énergie vitale : « Les arrière-pensées avec lesquelles tu accueilles en toi le mal ne sont pas les tiennes mais celles du mal ». La lutte inégale engendre courage et lassitude, espoir d'une vie unifiée et éternelle contre dégoût éprouvé envers un sort injuste.


« En théorie, il existe une parfaite possibilité de bonheur : croire à ce qu'il y a d'indestructible en soi et ne pas y aspirer » : cette pensée, qui est celle d'un homme ayant parcouru toute la hauteur d'un parcours spirituel et intellectuel allant de l'illumination à l'abandon, continuer à faire planer sur l'oeuvre de Franz Kafka un fardeau de tristesse –le sentiment d'une grandeur humiliée.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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brides, ébauches de textes, repris, entrecoupés, avec trois plus gros ensembles "rêve déchiré" (en partie forme théâtrale), "le chasseur Gracchus" (repris, re-écrit), "la construction de la muraille de Chine" (l'ensemble le plus homogène), de très brèves notations, des brouillons, la mort, les chambres etc..;
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critiques presse (1)
Bibliobs
07 juin 2012
Le livre tient à la fois du roman déjanté, du recueil de nouvelles, du journal intime et du cahier de brouillon intriguant qu'un ami a oublié chez vous.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
L’homme dispose d’une libre volonté, et ce de trois façons : il était libre au moment où il a voulu cette vie, maintenant il ne peut certes plus revenir en arrière, car il n’est plus celui qui voulait autrefois, sauf dans la mesure où, vivant, il accomplit sa volonté d’antan. Deuxièmement, il est libre dans la mesure où il peut choisir l’allure et le chemin de cette vie. Troisièmement, il est libre dans la mesure où, étant celui qu’il sera de nouveau un jour, il a la volonté de se laisser aller à travers la vie dans n’importe quelle condition, et ainsi d’arriver à soi, en passant même par un chemin qu’il a certes pu choisir mais qui est tellement labyrinthique qu’il ne laisse aucune parcelle de cette vie à l’écart. Telle est la trinité de la libre volonté, mais comme c’est concomitant, c’est aussi une unité, et c’est même tellement une unité au fond qu’il n’y a aucune place pour une volonté, qu’elle soit libre ou non.
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Il y a deux péchés humains capitaux d’où tous les autres découlent : l’impatience et la nonchalance. C’est à cause de leur impatience qu’ils ont été chassés du Paradis, c’est à cause de leur nonchalance qu’ils n’y retournent pas. Mais peut-être n’y a-t-il qu’un seul péché capital : l’impatience. C’est à cause de leur impatience qu’ils ont été chassés du Paradis, c’est à cause de leur impatience qu’ils n’y retournent pas.
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Si tu traversais une plaine, si tu marchais plein de bonne volonté et faisais malgré tout des pas à reculons, ce serait une chose désespérée ; mais comme tu es en train de grimper une pente raide, aussi raide peut-être que toi-même vu d’en bas, il se peut que les pas à reculons soient uniquement causés par la nature du relief, et tu n’es pas obligé de désespérer.
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Ah, la cohérence. Ces vieilles lunes ! Tous les livres en sont pleins ; dans toutes les écoles, les maîtres l’inscrivent au tableau, la mère en rêve pendant qu’elle allaite son enfant –et toi, mon gars, tu es assis ici et tu me parles de cohérence. Tu dois avoir eu une jeunesse bien dépravée.
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Nausée après trop de psychologie. Quand quelqu’un a de bonnes jambes et est tiré vers la psychologie, il peut, en un temps très bref et en zigzaguant autant qu’il veut, parcourir des distances impossibles à parcourir dans d’autres domaines. On en reste bouche bée.
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Vidéo de Franz Kafka
Leslie Kaplan - L'Assassin du dimanche - éditions P.O.L - où Leslie Kaplan tente de dire de quoi et comment est composé "L'Assassin du dimanche" et où il est question notamment de femmes qui s'organisent et de collectif, de littérature et de hasard, de Franz Kafka et de Samuel Beckett, d'une usine de biscottes et du jardin du Luxembourg, à l'occasion de la parution aux éditions P.O.L de "L'Assassin du dimanche", à Paris le 21 mars 2024
"Une série de féminicides, un tueur, « l'assassin du dimanche ». Des femmes s'organisent, créent un collectif, avec Aurélie, une jeune qui travaille en usine, Jacqueline, une ancienne braqueuse, Anaïs, professeure de philosophie, Stella, mannequin, Louise, une femme de théâtre…"
+ Lire la suite
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