Citations de Frédérique Deghelt (1585)
Les nuits ne sont belles qu'éclairées d'un rayon de lune, la pénombre n'est sensuelle qu'à la douceur d'une clarté qui la rend possible. Nous n'aimons le noir absolu que lorsqu'il s'éclaire. (p. 319)
Il ne faut rien regretter, cela empêche de bien vivre.
La mauvaise foi, ce n'est pas se tromper de croyances, c'est faire penser aux autres qu'on n'a rien compris.
Tu n'es pas ce que tu es. Tu es en devenir.
Elle est de Sartre,a-t-il dit. Je ne sais plus si je la découvre ou la connaissais déjà mais elle ne m'a jamais paru plus vraie qu'aujourd'hui ...
Et, juste pour mémoire, la définition d’un mot. Le mot « oubli » : « Perdre le souvenir de quelqu’un, de quelque chose, manquement aux règles, à des habitudes. Défaillance de la mémoire. Oublier, c’est aussi pardonner. »
Ce qui rend les choses réelles, c'est de les vivre plus intensément au présent sans penser à l'avenir. (p. 158)
Ma vie est parsemée d'écrits abandonnés dans de jolis cahiers que j'oublie et qui révèlent, quand je les retrouve, une toute autre version de mon vécu, parfois à l'opposé de mes souvenirs si bien que ma mémoire me fait l'effet d'une sorcière qui saupoudrerait mon cerveau de philtres divers pour transcender l'oubli ou travestir le réel. (p. 68)
- Et comment avez-vous choisi de devenir agent immobilier ?
La question est sortie presque à mon insu. Est-ce que l'on est ce l'on fait ? (...)
- Les maisons et leurs propriétaires me fascinent. Qu'ils la cherchent ou qu'ils la vendent, les hommes et les femmes que je rencontre investissent en elle tout un univers. (p. 23)
"Les livres furent mes amants et avec eux j'ai trompé ton grand-père qui n'en a jamais rien su pendant toute notre vie commune."
Il y a une phrase d'Albert Londres qui dit qu'un journaliste doit porter sa plume dans la plaie. Rien n'est plus vrai que cette phrase-là pour le reporter de guerre que je suis. C'est ce que j'essaie de faire avec mes images. Je mets la réalité des conflits sous le nez de ceux qui sont en paix. Juste pour qu'ils sachent. Et plus encore quand mes photos concernent des atrocités perpétrées sur des alibis de guerre. Ces génocides sont des crimes et, si on ne les montre pas, ces crimes n'existent plus...
Tout de même, quelle histoire cette grand-mère qui se planquait derrière sa bible pour lire et parcourait la montagne avec ses amants de papier !
Jade se souvint d'un jour où elle avait parlé à Mamoune de ce roman, La case de l'oncle Tom. Elle avait été fascinée par ces Noirs qui se battaient pour apprendre à lire en cachette et accéder à ce que leur refusaient les Blancs.
Avant mon départ, Hélène m'a offert "Gatsby le Magnifique" [...]. « Il n'y a rien de mieux que le destin des personnages de la littérature pour nous réconcilier avec notre propre destinée », a-t-elle dit. (p. 98)
Ce confort caustique qui laisse croire qu’on est honnête parce qu’on sait rire de soi-même.
Pas une parcelle d'humain n'est intouchable et, certains jours, je me dis même que je ferais bien de me dépêcher de mourir avant qu'ils n'inventent et n'appliquent des folies diaboliques pour maintenir les vieux dans un état surnaturel.
Aimer, c'est ne rien exiger.
Au milieu d'un silence, Lola s'exclame: Ma maman, elle est partie. C'est une autre maman qui est venue. Pablo me jette un coup d’œil. Les enfants disent de drôles de choses parfois, non ? J'acquiesce la gorge nouée.
J'essaie juste de suivre ce conseil que donnait ma grand-mère : ne jamais s'endormir sans penser que demain tout ira mieux.
On ne devrait jamais revenir dans ces lieux où nous fûmes heureux avec ceux qui ont aujourd'hui disparu. Ceux qui vous manquent ont le talent de faire d'une rue, d'un village, un endroit surpeuplé de gens que vous aimeriez voir disparaître pour rester seule avec vos souvenirs. (Actes sud, Collection Babel, 2018, p.38)
"Il s'est produit quelque chose qui a grandi, qui de livre en livre s'est mis à accaparer mes yeux, mon souvenir et toutes les parties de mon corps. Je me souviens d'avoir été fascinée par le miracle des bons livres qui arrivaient au bon moment de la vie. Ceux qui parfois tombaient des étagères pour venir répondre à des questions que me posait l'existence. J'ai récupéré ainsi la patience à une époque où je serais partie dans l'exaspération, découvert les vertus de l'amour rêvé, abandonné le voyage à d'autres vies, rangé le meurtre au rayon de l'impossible. J'ai tout vécu, j'ai mille ans et je le dois aux livres."
La vie est à l'intérieur de soi, tapie comme une évidence, recroquevillée au fond d'un océan de doutes. La vie est à portée de notre émotion, il suffit de s'en saisir.