Citations de Gaëlle Josse (1852)
"Anna, vous avez commis quelque chose de très grave, et vous le savez. Vous avez ruiné la vie d'une malheureuse qui avait placé sa confiance en nous et dont nous sommes responsables. Ne laissez pas la haine ni la jalousie meurtrir et étouffer votre coeur. Soignez votre âme, c'est elle seule qui donne la beauté. C'est votre bonté seule qui vous rendra belle, plus sûrement et plus durablement que la fraîcheur de votre teint ou la finesse de votre taille. Nous sommes tous victimes de nos passions, elles nous égarent, nous blessent et nous anéantissent parfois."
"Si elle avait décidé d'être totalement sincère, peut-être aurait-elle dit qu'elle n'était pas certaine d'être amoureuse d'Enzo, enfin amoureuse comme on l'entend d'habitude, qu'elle le trouvait attentionné, à travers ses messages, romantique, avec sa façon de refuser le contact téléphonique, l'utilisation d'une webcam ou de Facebook, afin de se ménager la surprise d'une vraie première rencontre à la gare, une vraie surprise."
Malheur à celle qui s’aventurait, innocente ou non, au-delà d’une ligne invisible que je considérais comme tacitement acceptée, et dont le franchissement scellait aussitôt on sort. A dire vrai, je ne rompais presque jamais. Je me montrais évasif, lointain, injoignable, occupé. Très occupé. Je laissais à l’autre le soin de prendre la décision que lui dictait son amour-propre ou sa colère, ou sa déception. Quand j’y songe, je me dis que je n’aimerais pas trop rencontrer un type comme moi.
Quant à moi, la musique de Schumann m'oppressait, je ne pourrais dire autrement. Elle m'était comme une route sans repères, un paysage qui se transforme et s'efface à chaque pas, un pont qui s'effondre sitôt qu'on l'a traversé. D'insoutenables silences, de soudaines dissonances, déchirantes, des répits dont on sait qu'ils précèdent les gouffres. Des explosions de joie naïves et des moments d'une poignante douceur. je ne pénétrais qu'avec réticence dans ces espaces hantés, incertains, dangereux et sans retour possible. Je demeurais à la lisière de ces lieux dont je devinais la menace, et m'émerveillais de leur beauté. A la différence de Sophie, je voulais rester intact en y pénétrant.
Vit-on ailleurs qu'en exil ?
Trop de divertissement. Pas assez de bonheur. Elle disait cela, parfois. Désirance d'un instant parfait avant la chute. Son rêve est celui d'un espace transparent et clos pour y abriter le souvenir des caresses.
Le cercle des fées s'est brisé. Le cadran solaire s'est couvert de cendres.
Que murmurent les lettres effacées ?
Toutes blessent, la dernière tue.
Quelle est cette autre voix, à l'ombre du murmure ?
Toutes blessent. L'une frappe au coeur, la dernière éteint toutes les larmes.
Sa facilité à déchiffrer la musique me surprend toujours. Elle aborde une composition, aussi ardue soit-elle, comme on se glisse dans un vêtement taillé à son exacte mesure, s’ajustant au corps comme il se doit.
Sophie était trop présente dans cette musique qui nous avait, depuis le début, rapprochés. Elle en était trop intime, comme on découvre parfois des mondes en troublante correspondance avec le nôtre, à la façon d’un miroir inversé, et qui épouse très exactement notre reflet, bien au-delà de ce qu’on aurait cru possible.
A quoi tient une légende?Au talent, au génie? Parfois,pas toujours.C'est ainsi.A un moment donné,il se passe quelque chose avec le public.Question de présence,d'énergies.C'est souvent inexplicable.