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Critiques de Gaëlle Josse (1939)
Le dernier gardien d'Ellis Island

Un récit poignant et bien écrit.

Un sujet intéressant, un beau texte, mais bien trop noir pour moi. (J'absorbe tout comme une éponge, donc, je n’aime pas lire si triste, mon humeur extérieure s'en ressent trop).



Ellis Island, l'île où devait passer tous les immigrants, en attente d'être acceptés ou refusés sur le sol américain, depuis plus d'un demi-siècle.

John Mitchell, gardien et directeur, s'apprête à la quitter, le centre d'accueil ferme, il ne reste plus que lui ou presque pour le moment.

En neuf jours il va se remémorer, sous forme de journal intime, à la fois les moments importants de sa vie ici, et tous les anonymes ou presque qui sont passés là, qui ont souffert, espéré, attendu dans des conditions pas vraiment de rêve.



Le sujet m'a passionnée, et je m’interroge sur les sources de documentation de l'autrice.

L'écriture est agréable et le thème m'intéressait vraiment, je l'ai donc lu rapidement.

Mais j'ai trouvé certains événements tellement odieux que j'ai eu du mal à m'attacher au personnage principal, et j'ai ressenti une noirceur du début à la fin, une tristesse sans issue.
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Une longue impatience

Ca fait longtemps que je n'avais plus été autant agacée à la lecture d'un bouquin. Cette mère qui pleure et déprime et dépérit parce que son fils a quitté la maison, alors que par son inaction elle en est également responsable, m'a agacée à un point dont vous n'avez pas idée...
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Une femme en contre-jour

De Vivian Maier, photographe, je ne savais rien ; pas plus de la personne que de son travail. Il s’en est d’ailleurs fallu de peu pour que cette dame reste anonyme. C’est après sa mort que le mystère sera levé, et son œuvre développée et exposée.

Vivian Maier est une femme modeste, pour qui la photographie n’était pas un métier, mais une passion qu’elle exerçait après son métier alimentaire. Nourrice pour enfants, elle photographiait à tout va les humbles et anonymes qu’elle croisait sur son chemin.

A quelques exceptions près, jamais son travail ne fût révélé de son vivant.



Gaëlle Josse s’attache à dresser un portrait tout en finesse d’une artiste, d’une femme de cœur discrète et sans réelle ambition, mais talentueuse.



Si son modèle fixait à jamais le monde tel qu’il lui apparaissait, Gaëlle Josse a préféré donner du mouvement pour nous raconter Vivian Maier.



Ce texte n’est pas vraiment une biographie, ni vraiment un roman ; c’est un peu tout cela à la fois ; une sorte de tableau qui prend forme au fil de ces pages écrites avec la douceur, et l’élégance qui émaillent chacun des ouvrages de Gaëlle Josse. J’aurais envie de la suivre quel que puisse être l’objet de ses écrits.




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Nos vies désaccordées

Me voilà une nouvelle fois sous le charme des mots de Gaëlle Josse.

Un seul être vous manque... et tout est dépeuplé. Telle pourrait être l'état d'esprit de François Vallier, célèbre pianiste, quand il apprend enfin où est son grand amour Sophie. Pendant 3 ans, il a comblé le vide de son absence par des tournées dans le monde entier. A peine l'information lue, il plaque tout pour la retrouver. On suit en parallèle son arrivée au fin fond des Hautes-Pyrénées, l'histoire de leur rencontre et de leur relation. J'ai vibré au rythme des émotions François. J'ai suivi fébrilement l'évolution des ses sentiments, aimé la musique des mots de Gaëlle Josse, l'atmosphère rendue. Il est question d'amour, de musique, de tristesse, de douleurs, de peinture..., le tout dans un roman certes très court et en même temps tellement profond. Du grand art.
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Une longue impatience

Encore un livre lu grâce à une critique découverte sur Babelio. J'aimerais en remercier l'auteur/l'autrice mais je n'arrive plus à la retrouver.... Je m'en veux car c'est vraiment une belle découverte !



Un très beau roman ! Incroyable....

Un style qui se savoure, comme un chocolat qu'on laisse fondre en bouche. Pourtant l'histoire est dure, très dure (bon j'avoue j'ai pleuré)....



Je ne connaissais pas l'autrice. C'est décidé, je vais chercher ses autres textes dans ma médiathèque préférée.

Un magnifique roman.



PS : Merci NathalC, c'est ta critique qui m'a fait découvrir ce roman !!!
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Une longue impatience

Je termine avec beaucoup d'émotion le dernier roman de Gaëlle Josse, lisez-le il est sublime.



Nous sommes en Bretagne dans les années 50. Louis 16 ans, le fils d'Anne a disparu. Faut dire que les coups de ceinturon d'Etienne, son beau-père et les mots qui blessent bien plus encore y sont en grande partie responsables.



Etienne lui avait promis de le mettre en pension après l'avoir frappé très fort avec son ceinturon. Anne était arrivée juste à temps pour les séparer.. Mais Louis est donc parti en mer, celle qui l'attire depuis toujours.



Anne est donc confrontée à son chagrin, l'attente du retour de son fils. Elle est perdue entre l'amour d'Etienne son second mari, Gabriel et Jeanne ses deux autres enfants. Elle avait cru bien faire, elle la veuve Le Floch, quittant son milieu pauvre pour entrer dans le monde d'Etienne le pharmacien, celui qui fou d'amour pour elle depuis toujours lui proposait de devenir sa femme. L'occasion pour Louis pensait-elle d'être bien, de ne plus manquer de rien, de ne plus être seul avec l'arrivée de Jeanne et Gabriel.



Oui, mais voilà, le coeur d'Etienne était peut-être un peu trop étroit. La violence avait commencé et aujourd'hui, Louis est parti.



Elle est blessée, meurtrie, tiraillée entre l'amour qu'elle porte à son fils mais aussi à Etienne qui comprend l'ampleur du drame suite à son attitude.



Gaëlle Josse nous décrit magnifiquement avec beaucoup de douceur, la sensibilité et l'amour d'Etienne pour sa femme, mais surtout l'amour énorme d'une mère pour son fils.



Une prose qui frappe en plein coeur, on ressent les mots au plus profond de soi même. On ressent l'attente de cette mère, ses indicibles souffrances.



C'est poignant, tout en retenue, magnifique.



Un roman magnifique à lire absolument.



Ma note : un gros coup de coeur




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Un été à quatre mains

Je continue de découvrir les romans de Gaëlle Josse que j'apprécie depuis ma découverte du Dernier Gardien d'Ellis Island et qui à chaque fois me transporte dans un autre univers.



1824 : Frantz Schubert a 27 ans, il a l'opportunité de retourner durant un été dans la famille Estherhazy  où il a été maître de musique des deux fillettes de la maison 6 ans plus tôt. Il rêve de calme, d'un lieu où il pourra créer sans se soucier du quotidien, mais retrouve deux jeunes filles dont Caroline 19 ans, qu'il va ressentir comme son âme soeur, son double et le troubler. Sentiment partagé ?



C'est là que l'auteure intervient et imagine. Tout n'est que douceur, romantisme, frôlements. Frantz souffrant déjà de syphilis, retrouve Pepi, une servante, celle qui peut-être l'a contaminé lors de son premier séjour, voit autour de lui des signes du destin, le vert, couleur maudite etc....



Cette fois-ci il est question de musique et d'amour contrarié mais source de création.. Frantz Schubert, oui pourquoi pas. Finalement cela tombe bien car c'est un compositeur que je connais de nom, certaines de ses musiques mais dont j'ignore beaucoup sur sa vie. Voilà qui est intéressant. Je commence par aller m'informer de la vie de ce compositeur et en lisant sa biographie je réalise comment Gaëlle Josse travaille. Elle part des éléments de sa vie et elle imagine, elle comble des faits, elle brode, oui elle brode, lentement mais sûrement, point par point et nous fait pénétrer dans le travail de composition de ce musicien, comme elle était entrée dans un tableau pour Les heures silencieuses.

A nouveau, en quelques pages elle nous transporte dans un autre univers où les sentiments et les émotions sont exacerbés. C'est doux, précis, concis.



Le roman tient en moins de 90 pages : un travail d'orfèvre comme toujours. J'ai été un peu moins touchée par celui-ci même si je l'ai apprécié, je n'ai pas eu ce renversement auquel elle m'a habituée dans les précédents, ce petit moment où tout bascule, où elle vous bouleverse, où les émotions sont au bord des yeux et des lèvres.



Ici c'est une page de la vie d'un musicien blessé dans son corps, dans son âme, mal dans sa peau, dont la musique était la représentation de la beauté des choses, de la nature et des sentiments. Il fut le maître incontesté du lied, de la poésie faite musique.
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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Le dernier gardien d'Ellis Island

Et de trois, mais… quand on aime, on ne compte pas après tout. Oui, "Le dernier gardien d’Ellis Island" est le troisième roman de Gaëlle Josse que je découvre en l’espace de trois semaines, et à chaque fois le même ravissement.



Même si je ne me suis jamais rendue aux U.S.A., même si je ne connais pas le lieu, qui sert de décor au roman, j’ai beaucoup aimé cette histoire. J’ai beaucoup aimé John Mitchell, dernier gardien de ce centre d’immigration, personnage attachant. A la veille de son départ de ce lieu déserté, il repense à ce que fut son existence dans cette sorte de prison. Il nous raconte les gens qui ont croisé sa vie, ceux qui l’ont même partagée, cette vie de presque reclus. Il nous en dresse des portraits émouvants, superbement léchés, des attitudes magnifiquement traduites, des sentiments parfaitement restitués.



Parmi ces personnages, nous découvrons Liz, la femme qu’il a aimée et dont il parle avec tant de délicatesse, d’attention et de tendresse "Liz a été toute ma lumière. Rien de triomphal ni d’aveuglant comme celle que brandit pour l’éternité Lady Liberty. Pauvre Liz, cette idée l’aurait fait sourire. Non, une lumière douce, constante et sereine." Nous rencontrons également Nella une immigrante Sarde, qu’il aimera mais avec maladresse et son frère Paolo, intellectuellement diminué, le traducteur Luigi Chianese ou encore Francesco Lazzarini, homme mystérieux, sombre et pourtant serviable.

Comme dans chacun de ses ouvrages, en effet, Gaëlle Josse, utilise une écriture à la fois simple, travaillée, superbement maîtrisée. "Les voyageurs qui rencontraient le Sphinx sur la route de Thèbes n’étaient pas soumis à tant de questions ! * Et si les immigrants n’étaient ni dépecés vivants ni dévorés par le monstre ailé au corps de lion, le sort qui les attendait valait à peine mieux."



Le thème abordé d’une actualité brûlante partout encore de nos jours ne peut laisser indifférent, de même que l’empathie de l’auteur pour tous ceux qui ont vécu à Ellis Island. Il était vraiment temps que je découvre Gaëlle Josse !



Magnifique roman, véritable bijou.



* Les immigrants étaient soumis à vingt-neuf questions.


Lien : http://memo-emoi.fr/
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Une longue impatience

En France, près de la mer à partir de 1940. Je suis absolument bouleversé par ce roman et oserais-je le dire, je verse quelques larmes. C’est l’histoire d’Anne cette mère extraordinaire, qui comme Pénélope attends le retour, non pas du mari, mais du fils Louis, perdu trop tôt.

Elle attend son retour tout en nous distillant ses pensées les plus intimes, les drames de son quotidien, ses rêves de lui et tout en méditant elle déploie devant nos yeux le repas préparé pour son retour. Cette souffrance, cette désespérance qu’elle ressent me fait frissonner de nombreuses fois et je ne cesse de me dire pourvu qu’il revienne. L’égoïsme de ces hommes aussi bien le fils que le mari n’est vraiment pas à la hauteur de ce magnifique cœur de mère. Mais il n’y a aucun jugement, aucune caricature dans l’œuvre de Gaëlle Josse, juste des faits uniquement des faits.

L’écriture est si belle qu’il faudrait citer le livre dans sa totalité.

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Une longue impatience

"Comme la vie est lente et comme l'Espérance est violente" Apollinaire - Le pont Mirabeau



Quand on me demande quels sont mes auteurs préférés le nom de Gaëlle Josse vient rapidement dans ma liste. Découverte avec Le dernier gardien d'Ellis Island je ne l'ai plus quittée depuis et ses romans suivants L'ombre de nos nuits, et Un été à quatre mains m'ont enthousiasmée. J'aime les thèmes qu'elle aborde et surtout son écriture sensible et poétique, je n'aborde jamais un livre de Gaëlle sans un bon paquet de post-it... J'ai eu la chance de la rencontrer, je la suis sur les réseaux sociaux et j'apprécie autant la femme qu'elle est que l'auteure. J'ai lu "Une longue impatience" deux fois et ai mis des semaines à rédiger ma chronique car trouver les mots pour parler d'un tel livre ne m'était pas simple.



L'histoire se déroule dans un petit village breton et commence en 1950 dans la période si particulière de l'après guerre. Anne, la narratrice, est confrontée au départ brutal de Louis, son fils de seize ans, sans un mot d'explication après une terrible dispute avec son beau-père Étienne Quémeneur qui ne supportait plus "ce témoin encombrant d'une autre vie" depuis la naissance des deux jeunes enfants du couple. " Il a décidé de partir en me laissant l'absence et le silence pour seul souvenir." A force de violence physique et verbale, Louis s'est senti indésirable alors que sa mère était écartelée entre son fils et son mari, reconnaissante envers Étienne de l'avoir sortie de la misère alors qu'elle se battait pour survivre seule avec son fils après la disparition en mer de son mari.



Ce remariage avec le riche Étienne Quémeneur, pharmacien, a propulsé Anne, pauvre veuve d'un pêcheur, dans un autre monde. Elle vit dans une grande et belle maison qu'elle n'a jamais pu considérer comme la sienne, dans un village où les ragots vont bon train, où elle est jalousée pour son ascension sociale. "Je sens cette jalousie, cette acidité envers ceux qui ont échappé à leur condition".



Depuis le départ de Louis, Anne attend son fils avec pour seuls objectifs de ne pas perdre pied, résister à l'attraction des eaux tourbillonnantes du Trou du diable. Chaque jour elle monte sur la corniche au bout du sentier face à l'océan et guette les bateaux à l'horizon, car elle a appris qu'il a réussi à embarquer sur un cargo. Seule sur son avancée rocheuse au bord de la falaise elle guette... Tous les jours elle trouve ensuite refuge dans la petite maison de pêcheur aux volets bleus où elle vivait avec Louis et son père. Sa vie se résume à ce chemin, aux deux maisons et à l'obsession de tenir debout pour sa famille en accomplissant les gestes du quotidien.



" Son absence est ma seule certitude, c'est un vide, un creux sur lequel il faudrait s'appuyer, mais c'est impossible, on ne peut que sombrer, dans un creux, dans un vide."



Le roman raconte cette attente, les souvenirs que se remémore Anne et les lettres qu'elle écrit à son fils pour lui décrire le festin qu'elle prévoit pour son retour, un festin tout en couleurs et en odeurs de la Bretagne. Le tout se déroule sur une durée qui n'est pas précisée mais les saisons et les années défilent...



Gaëlle Josse a fait le choix de centrer son récit sur les sentiments d'Anne, son mari qui "l'a sauvée et détruite" reste à la périphérie du récit avec son silence, son remords et son impuissance. Les deux jeunes enfants du couple grandissent dans l'absence de Louis alors que les villageois "aux vies étriquées et aux regards envieux" observent derrière leurs rideaux.



Gaëlle Josse restitue à merveille l'atmosphère de la Bretagne qu'elle semble bien connaitre. La rigueur des éléments, le vent, les marées, la rude vie des pêcheurs, l'angoisse des femmes de pêcheurs, l'océan et son lot de malheurs, les chapelles et calvaires en granit, les mouettes, les hortensias, camélias, genêts et bruyère de la lande... Tout y est...



Gaëlle Josse a brossé un portrait d'une mère inoubliable "torturée par l'absence, par l'attente, par le silence, par l'inquiétude, par le remords" et a eu la très belle idée de ponctuer son attente par de magnifiques lettres adressées à Louis. Dans ce roman, chaque mot, chaque phrase sonnent juste pour retranscrire les ressentis d'Anne et son amour maternel. Le poids des différences sociales, la question des familles recomposées, la culpabilité, la dette, l'amour et le pardon sont également présents dans ce récit empreint d'une douce mélancolie qui se termine d'une façon bouleversante.

J'ai vécu la lecture de ce roman tout en délicatesse et sensibilité comme un pur moment de grâce.






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Le dernier gardien d'Ellis Island

Novembre 1954, le centre d'immigration d'Ellis Island, au large de Manhattan, va fermer ses portes. Son dernier gardien, John Mitchell, couche sur le papier ses souvenirs, drames et passions qui ont jalonnés sa vie dans ces murs.

J'avais visité ce site emblématique lors d'un voyage à New York (il y a déjà pas mal d'années !) et j'en avait gardé un souvenir marqué par une vive émotion. La lecture de ce roman, beau mais sombre, a évidemment ravivé les souvenirs que j'avais gardé de ces lieux chargés d'Histoire;

Gaëlle Josse écrit, en prologue : « en août 2012, je visitait à New York Ellis Island, aujourd'hui transformée en un musée de l'immigration, à quelques brasses de la statue de la Liberté. Comment expliquer la fulgurante émotion dont j'ai été saisie dans ce lieu chargé du souvenir de tous les exils ? » voilà exactement ce que j'ai ressenti, devant les fantômes de ces gens, migrants polonais, irlandais, italiens, hongrois, allemand, venus chargés de leurs rêves à défaut de bagages, qui attendent ici la décision administrative qui leur ouvrira la porte dorée du pays tant convoité. La chanson de Juliette Nouredine, « Aller sans retour », m'est revenue en tête pendant cette lecture, chanson dans laquelle elle parle de ces « étranges étrangers, humanité nue », avec ces mots terribles « ce que j'oublierai c'est ma vie entière », et le texte de Gaëlle Josse retranscrit bien ce sentiment de perte, de mise à nu, de renoncement à son identité culturelle, condition sine qua non à l'obtention de la nationalité américaine.

Car c'est bien ce drame de l'exil qu'elle nous raconte par le biais de John Mitchell, le dernier directeur de l'île, à la veille de son départ en retraite. A travers ses mémoires d'une vie entière passée dans ce lieu de transit, c'est l'histoire de cette ile, ses rouages, ses secrets qu'il dévoile mais surtout les heureux ou tragiques destins de cette immigration du début du 20ème siècle, venue tenter sa chance au pays de la liberté.

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De vives voix

Le temps qu'il fait Editions



Commencer une oeuvre (parce que c'est bien de ce dont il s'agit) de Gaëlle JOSSE est toujours un moment singulier, à l'image d'un moment de bonheur, fugace mais intense, qui exige une certaine disponibilité pour être apprécié. Chaque mot est pesé, il convient de savourer chacun individuellement et son rapport aux autres collectivement.



J'ai lu tous les romans de Gaëlle JOSSE (quand on aime on ne compte pas !), mais là, il s'agit d'un livre inclassable, de ceux qui ont une forme originale. Jusqu'où ira cette écrivaine ? Pour notre plus grand plaisir bien sûr !



Là, il s'agit de mettre des mots sur des tonalités, un exercice périlleux surmonté en beauté.



Tout commence avec cette citation de Joseph JOUBERT : "Ferme les yeux et tu verras".



Elle m'a rappelée une expérience vécue personnellement au Musée des Beaux Arts d'Angers, une visite et la contemplation d'une oeuvre picturale avec les yeux bandés. Reposant exclusivement sur les propos du conférencier, le cerveau prend le relais,visualise le sujet représenté, sa composition, ses plans, ses nuances... Le masque retiré, quelle surprise de découvrir un tracé et des couleurs extrêmement proches de ceux imaginés.



Cet exercice m'a permis de mesurer à quel point la concentration peut pallier un manque sensoriel, une véritable révélation !



Et bien, c'est un peu ce que nous propose Gaëlle JOSSE, une immersion au pays de la voix !



Alors, quand la vie est trépidante, faite d'urgences, parasitée par un bruit ambiant permanent, appréhender son environnement devient un véritable effort. Gaëlle JOSSE nous invite pourtant à le faire au quotidien.



Pourquoi donc ? Et bien, parce que



"Dans toutes les voix offertes, je ne cherche qu'à percevoir le monde qui bat, qui roule, qui tourne comme il peut. Et dans ces voix, à écouter la vie." P. 12



Vous voilà averti.e.s ! Comme je l'écrivais en début de chronique, cette lecture va nécessiter une disponibilité entière alors, choisissez votre moment pour l'aborder.



Mais qu'est ce que la voix ? Comment la percevons-nous ? Quels sont ses effets sur nous ?



Autant de questions auxquelles Gaëlle JOSSE va tenter de répondre au gré de situations glanées dans la vie quotidienne.



Mon émerveillement a commencé dès "L'avant lire" avec l'évocation de la toute première voix perçue, entendue, écoutée, celle de la mère pour l'embryon tout au long de la maternité. Et si le lien indéfectible qui unissait mère et enfants s'expliquait par la voix et non, comme souvent évoqué, par la chair ?



Il a touché son apogée avec ce rapport à l'autre, à l'étranger plus encore :



"Parfois l'accent est indéfinissable, c'est un fort accent étranger, comme on dit dans certains romans. Ce n'est pas l'accent qui est indéfinissable, c'est nous qui ne savons pas reconnaître la langue dont il habite le souvenir et qui en sommes étrangers." P. 69



Une citation à méditer tout particulièrement dans le contexte politique que nous connaissons !



Ce livre de Gaëlle JOSSE, en fait, je crois qu'il va trouver toute sa place dans le salon, bien en vu, pour pouvoir s'y replonger régulièrement, histoire de se remémorer cette nécessité à écouter la voix des autres et à mesurer les impacts de la sienne sur les autres !



N'oubliez pas ce livre, que je déclare de référence, nous aide à "percevoir le monde" et à en comprendre les mécanismes, qu'on se le dise !
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Le dernier gardien d'Ellis Island

Gaëlle Josse fait partit des auteurs qui m'emporte a chaque fois dans un nouvel univers. Pour le gardien d'Ellis Island j'ai découvert tout un monde qui m'était inconnu.

Au fil du texte on revit avec John Mitchell ces années durant lesquelles il a été le gardien de cette île qui ouvrait les portes de l'Amérique ou les fermait violemment au nez de qui n'avait pas le bon profil.

La confession du gardien est a la fois touchante et révoltante, elle nous entraîne dans les rouages de l’âme humaine.

Le sujet est difficile mais abordé avec beaucoup de sensibilité.
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Le dernier gardien d'Ellis Island

Aujourd’hui transformés en musée, les services d'immigration d’Ellis Island ont fonctionné de 1892 jusqu'en novembre 1954. Ils ont ainsi vu passer, «trié» et décidé du sort de plus de 12 millions de candidats à l’immigration.



Le 3 novembre 1954, neuf jours avant la fermeture définitive du centre d’Ellis Island, le directeur du centre, dernier maître à bord de l’île et qui a passé quarante-cinq années ici, commence l’écriture d’un journal, mû par une inexplicable nécessité.



«Neuf jours et neuf nuits avant d’être rendu à la terre ferme du continent, à la vie des hommes. Autant dire au néant, en ce qui me concerne. Que sais-je aujourd’hui de la vie des hommes ? La mienne est déjà suffisamment obscure à mes yeux, comme un livre que l’on croit familier et que l’on découvre un jour écrit dans une langue étrangère. Il me reste cette surprenante urgence à écrire, je ne sais pour qui, assis à ce bureau devenu inutile, entre les dossiers cartonnés, les crayons, les règles et les tampons, ce qu’a été mon histoire.»



Remontant le cours de sa vie, cet homme solitaire livre ici son histoire intime, sur cet îlot où l’on voit se dérouler en arrière-plan toute l’Histoire du vingtième siècle, et son naufrage autour des souvenirs intacts de deux femmes, Liz son épouse et Nella, candidate à l’immigration originaire d’une Sardaigne rurale et archaïque, et dont le souvenir n’a jamais cessé de le hanter.



«Depuis Ellis, j’ai regardé vivre l’Amérique. La ville, si près, si loin. L’île avait fini par en constituer pour moi le poste avancé, la tour de guet, le rempart contre des invasions dont j’étais la sentinelle.

Ensuite, l’activité du centre n’a cessé de décroître. Je suis aujourd’hui le capitaine d’un vaisseau fantôme, livré à ses propres ombres. Celle de Nella, arrivée sur ce maudit «Cincinnati» le 23 avril 1923, demande aujourd’hui justice.»



Paru en septembre 2014 aux éditions Noir sur Blanc, dans la collection Notabilia, ce quatrième roman de Gaëlle Josse est l’histoire profondément émouvante d’un homme emmuré dans un lieu et dans le souvenir douloureux de ses transgressions, pris dans cette collision tragique entre les règles administratives rigides de l’immigration américaine et l’espoir et l’angoisse des hommes débarquant sur les côtes américaines.



«Aujourd'hui, je ne commande plus qu'à des murs. L'herbe et les plantes transportées par le vent ou les oiseaux poussent librement. Il s'en faut peu pour que ce soit ici un grand parc, un parc en friche posé au ras de l'eau, surveillé au loin par une Liberté triomphale chevillée ferme à son rocher. J'ai parfois l'impression que l'univers entier s'est rétréci pour moi au périmètre de cette île. L'île de l'espoir et des larmes. Le lieu du miracle, broyeur et régénérateur à la fois, qui transformait le paysan irlandais, le berger calabrais, l'ouvrier allemand, le rabbin polonais ou l'employé hongrois en citoyen américain après l'avoir dépouillé de sa nationalité. Il me semble qu'ils sont tous encore là, comme une foule de fantômes flottant autour de moi.»

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Les heures silencieuses

Voici un délicieux roman (trop court à mon goût) qui est aussi un premier roman d’une auteur très douée assurément.

Il s'agit du journal intime qu'écrit, à 36 ans et pendant tout un mois, Magdalena, la jeune femme du tableau d'Emmanuel de Witte qui joue de l'épinette.

C’est un beau portrait de femme: Magdalena a eu toutes les chances de son côté à sa naissance: intelligente, riche, cultivée, musicienne, elle raconte avec plaisir les heures magnifiques passées avec son père sur les bateaux de sa Compagnie. Elle aimait cette vie active et se montrait douée dans les affaires commerciales mais la place de la femme dans cette société de Delft, au XVIIe siècle ne pouvait être qu' à la maison.

Magdalena a été une bonne épouse et une bonne mère. Elle a eu sa part de malheur avec la mort de plusieurs enfants mais elle est fière de ses filles et vit un peu à travers elles.



Les heures silencieuses sont celles de Magdalena qui se sent peu à peu disparaître. Ses espoirs de jeunesse s'effacent. Ses rôles de mère et d'épouse s'amoindrissent. Son époux a décidé d'interrompre leurs rapports après un accouchement difficile et ses filles sont en âge de se marier.

Que lui reste-t-il? Son importance s'affaiblit chaque jour. On ne la verra que de dos sur le tableau.

Son seul plaisir désormais est d'accompagner son mari à Rotterdam pour y accueillir un de leurs navires chargés de soieries du Japon et des laques de Coromandel

Une réussite, ce récit! Une vraie pépite!
Lien : http://liratouva2.blogspot.f..
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Nos vies désaccordées

Le personnage principal, Jacques Vallier, est un pianiste de renommée mondiale. Il nous parle avec une certaine précipitation. Dans un premier temps, il évoque sans s’appesantir son site Internet de musicien et les nombreux mails qu’il reçoit, dont un en particulier attire son attention. Il est envoyé par l’infirmier d’un centre psychiatrique. Une de ses patientes écoute, à longueur de journée, des CD de Vallier interprétant Schumann. Pour le pianiste, il n’y a pas de doute, cette patiente psychotique ne peut être que Sophie, son grand amour. Vallier se retrouve face à l’infirmier, il lui explique qu’il a bien connu Sophie, qu’il veut l’aider. L’infirmier est sceptique. Qui est ce Vallier ? Comment Sophie va-t-elle vivre leurs retrouvailles ? Elle pourrait plonger dans un état de torpeur ou de folie plus intense… Vallier va devoir rencontrer les médecins et les convaincre qu’il peut jouer un rôle dans la guérison de Sophie.



Mais comment Sophie et Jacques Vallier se sont-ils connus ? Pourquoi leurs chemins se sont-ils séparés si brutalement, vers la démence pour l’une, la gloire pour l’autre ? Pourquoi le pianiste est-il rongé de remords ? En dire plus serait dévoiler l’intrigue qui est bien plus profonde qu’il ne parait…Une sorte de magie opère lentement. Les personnages prennent de l’ampleur et de la consistance. Leurs tourments suscitent chez un lecteur sensible un véritable intérêt, une passion même. D’autant que d’autres personnes viennent donner du corps au récit, tel Zev, un vieux luthier reclus, à qui Sophie donnait toute son âme. Peu à peu, c’est toute une ambiance qui s’installe, un entrelacs de destins. Magnifique, cet amour qui se dissout dans les affres de la folie, mais reste ardent. Quelle magnificence dans ces destins meurtris, dans l’âme de ce pianiste qui bat sa coulpe avec déraison. Quelle beauté dans cette quête du pardon !



Voici un roman court, où tout est dit avec justesse et finesse, sans pathos et effets de style. Je suis rassuré, l’auteure mérite trois étoiles. Je n’ai pu le lâcher qu’au dernier mot, à trois heures du matin Il y a une sorcellerie littéraire qui nous maintient dans un monde secret, celui que seul un bon roman peut dessiner.
Lien : http://livrogne.com/2012/03/..
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La nuit des pères

Un roman noir, si noir que j'ai failli le refermer, le premier chapitre m'a tenu en apnée et m'a fait ressentir trop fort le mal être d'Isabelle, j'étais très mal à l'aise, et puis j'ai persisté, j'ai bien fait, j'ai pu ainsi comprendre, un drame personnel et puis les blessures de l'enfance qui poursuivent Isabelle. Quand à son tour, elle découvre ce que son père a vécu de traumatisant, d'une extrême violence, elle peut enfin pardonner. Les confidences du frère, en fin d'ouvrage sont aussi bienvenues, enfin on respire.

Un roman qui ébranle, une sacrée plume.
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À quoi songent-ils, ceux que le sommeil fui..

La nuit on se raconte des histoires

Des histoires pour se protéger

Des histoires pour se révéler

Des histoires pour rêver

Des histoires pour se réveiller

Briser les chaînes des ombres qui nous hantent

Fuir les cauchemars qui nous encerclent



Les insomniaques ne sont pas ceux que l’on croit



Des femmes, des enfants, des amoureux, des hommes, des voisins, des médecins, des gens.

Des gens ordinaires



Ces ombres

Qui marchent

Suivies par leurs ombres

Étranges

Terrifiantes

Consolantes



Aux heures sentinelles, leurs histoires s’animent

Et nous lecteur, on frisonne. De plaisir. De beauté. D’encore.



La nuit on se raconte des histoires
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L'ombre de nos nuits

Ce court roman est construit comme une alternance entre 2 époques, das un va-et-vient entre deux histoires qui n'ont aucun rapprt entre elles. Elles se rejoignent (aux forceps) à travers les 2 mots, ombre et nuits. Autant dire que cela ne m'a pas du tout convaincu.



D'un côté on a Georges de la Tour, peintre lorrain, qui entend se faire adouber par le roi de France. Il peint une toile faite d'ombres (sa marque de fabrique). Le récit est aussi une alternance entre les réflexions du peintre et celles d'un orphelins recueilli par bonté et qui travaille dans l'atelier du maître. De l'autre côté, on suit une histoire d'amour ou de sexe, c'est selon, banale à pleurer. Cette histoire est racontée par la maîtresse uniquement. Comme je le dis, c'est banal, je t'aime moi non plus, et hop on se quitte sans se dire adieu... Dans le dernier chapitre consacré à cette histoire, l'autrice lâche les mots-clés d'ombre et de nuits... afin de raccrocher le tout à l'autre récit et de lier le tout au titre... Le rapprochement est factice, au mieux. Au pire il est inexistant.



J'ai adoré le récit concernant Georges de la Tour. C'est vivant, tendu, haletant. Et j'aurais largement apprécié que ce volet soit davantage développé. J'aurais même admis que cela soit l'unique histoire du roman et que l'autrice développe plus et plus et encore plus de ce rapport entre le maître et son disciple (avec le fils qui fait la bamboche et peint comme mon pied gauche). Le second récit n'apporte rien à rien, mais je pense que vous l'avez compris...
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La nuit des pères

Un rendez-vous manqué, Isabelle retourne voir son père au crépuscule de sa vie. Il ne l’a jamais aimé, pire que cela il ne l’a jamais regardé.

Elle petite fille pleine d’espoir, qui crevait de voir son père fuir l’affection d’un foyer pour la froideur de la montagne.

Alors qu’il est malade, alors qu’il oublie sa vie, son père va enfin parler.

Traumatisme, manque d’amour, secret de famille, violence du silence … derrière la plume noir et poétique de Gaëlle Josse, tous ces sujets prennent racines et nous entraînent dans les Alpes, aux pieds des montagnes millénaires qui cachent et recueillent les souffrances des hommes.



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Sur un plat d’argent à l’achat duquel trois générations ont contribué, le saumon arrive, glacé dans sa forme native. Habillé de noir, ganté de blanc, un homme le porte, tel un enfant de roi, et le présente à chacun dans le silence du dîner commençant. Il est bien séant de ne pas en parler.

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