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EAN : 9782868536129
88 pages
Le Temps qu'il fait (22/09/2016)
4.39/5   14 notes
Résumé :
« La voix. Quelle voix ? Celle qui parvient à nos oreilles distraites, agressées, saturées ? Ou celle qui nous parle, au-delà des mots qu’elle prononce ? Comment entend-on ? Et qu’entend-on ? Quelle voix perdue poursuivons-nous ? Quelle place pour elle dans un environnement où les images traquent chacun d’entre nous sans répit ?
Ni essai, ni récit, ni roman, ni autobiographie, simplement quelques perceptions, personnelles, intimes, de la voix humaine. Des voi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Une voix chantante. Basse. Saisie. Murmurée ou conviviale. Criarde. Douce ou bourrue. Fragile. Plate ou sifflante. Gutturale ou haut-perchée. Perdue parfois. Exotique. Celle qui zozote ou celle de notre enfance.
Une voix qui nous rappelle ce que l'on a aimé ou détesté, vécu ou été. Une voix qui émeut, qui agace, qui apaise, qui interroge. Celle qui s'apprivoise, qui s'improvise. La voix du tonnerre, de la raison. Voix multiples. Voix uniques.

Réflexions, souvenirs personnels, instants saisis ou volés, la voix est au coeur de cet objet littéraire inclassable. Gaëlle Josse, dans ces courts éclats de voix, donne à penser, à voir, à écouter. Chacune de ces voix comme témoin du monde qui entoure l'auteur. Des paragraphes comme autant de variations, harmoniques ou rythmiques. Des pensées intimes qui mettent en avant la voix, trop souvent oubliée. Un recueil pour le moins surprenant, sensible et intense.
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Je n'ai pas encore beaucoup lu de cette auteure, mais j'avais été captivée, enthousiasmée et bouleversée par la lecture du "Dernier gardien d'Ellis Island"; je suis tombée par hasard sur cette deuxième lecture, en fouinant à la Librairie Tschann. J'en ai fais l'acquisition avec joie, pour son sujet des plus attrayants mais également pour l'excellente maison d'édition qui le publie, "Le Temps qu'il fait"..., dans un volume à la maquette fort élégante, et sobre...

Je débute cette mini chronique par cet extrait magnifique: "Dans toutes les voix offertes, je ne cherche qu'à percevoir le monde qui bat, qui roule, qui tourne comme il peut. Et dans ces voix, à écouter la vie" (p. 12)

Un moment de plaisir intense; 80 pages d'émotions multiples autour de souvenirs, réflexions intimistes, personnelles autour de ce "sens" humain, unique : La Voix... avec des mises en avant d'expressions très évocatrices: - Une voix d'outre-tombe, une voix sépulcrale, avoir voix au chapitre, avoir le verbe haut, etc.

Une grande place est faite à la musique, au chant...

Gaëlle Josse alterne les souvenirs de l'enfance, le présent, le bruit et les voix assourdissantes, stéréotypées des médias, la voix des castrats, les voix uniques de la Callas, Billie Hollyday...

L'auteure nous fait naviguer du domaine collectif, sociétal à la part intime de chacun de nous J'ajoute deux passages significatifs de l'éventail élargi de ces évocations:

"Chants de naissance, de mariage, de deuil, de fête, de travail, de labour, de moisson, de marche, de guérison, de guerre, d'amitié, de départ, de veillée. On chantait autrefois ensemble pour accompagner la vie. La voix fédératrice d'une identité, d'une communauté. La voix héritage. La vibration partagée. Que partageons nous aujourd'hui ? "(p. 75)

Pour cette deuxième transcription d'émotion, je l'ai ressenti violemment, comme tant d'entre nous. Venant de perdre mon compagnon en 2012, je me suis "obsédée" à enregistrer et vouloir conserver son dernier message , laissé sur mon téléphone portable, ce que j'ai réussi à faire... mais au moment fatidique de l'écoute, je ne suis jamais parvenue à réentendre "sa voix"...Dans un état second de panique, et de sensation d'explosion émotionnelle intérieure, impossible à "contenir"...

"Il est éprouvant de revoir en photo un proche disparu, mais entendre sa voix, fût-ce une seule exclamation dans une mauvaise vidéo,est insoutenable. Douleur de reconnaître une voix aimée qui ne peut nous entendre; illusion de croire, un instant, revenu quelqu'un qui nous a été cher.
Trop de présence, trop d'absence."

Comme le quatrième de couverture le souligne exactement: "Ni essai, ni récit, ni roman, ni autobiographie, simplement quelques perceptions, intimes de la voix humaine. (...)
Evocations d'instants saisis, d'émotions, que les mots prolongent.
Et dans chaque voix, écouter le monde. "

Un très, très beau texte à savourer...doucement. J'avais la sensation un peu prétentieuse d'"écouter" assez attentivement autrui... mais après cette lecture, je suis convaincue que mon écoute des voix que mon oreille "croisera", désormais sera démultipliée, ou du moins très différente, et sans nul doute plus affinée !!...



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« Simplement quelques perceptions, personnelles, intimes, de la voix humaine. » Voilà en quelques mots, en quatrième de couverture, résumé le propos de ce court recueil de Gaëlle Josse.
Quand on a tant apprécié comme moi ses romans - le dernier gardien d'Ellis Island ou encore Les heures silencieuses -, son écriture enlevée, poétique et sincère, sa justesse de ton, sa finesse d'analyse, on ne peut qu'avoir l'envie de prolonger la découverte de sa voix ( sa voie aussi ), de son univers personnel.
Sur le thème de la voix, ces courtes variations, de quelques lignes à une page, composent un kaléidoscope d'observations, de ressentis, fort réussi.

Et pour conclure, l'envie de partager quelques éclats :
« J'aime vivre au creux de sa voix. »
« C'est une voix perdue. La voix protectrice de mon enfance, celle de mon grand-père. »
« Shéhérazade, mille nuits dans sa voix. »
« Le cri dans la peinture de Francis Bacon. La distorsion des corps sur la toile, distorsion des bouches, ouvertes sur le cri, entaille vive dans le silence, et rien d'autre. »
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Le temps qu'il fait Editions

Commencer une oeuvre (parce que c'est bien de ce dont il s'agit) de Gaëlle JOSSE est toujours un moment singulier, à l'image d'un moment de bonheur, fugace mais intense, qui exige une certaine disponibilité pour être apprécié. Chaque mot est pesé, il convient de savourer chacun individuellement et son rapport aux autres collectivement.

J'ai lu tous les romans de Gaëlle JOSSE (quand on aime on ne compte pas !), mais là, il s'agit d'un livre inclassable, de ceux qui ont une forme originale. Jusqu'où ira cette écrivaine ? Pour notre plus grand plaisir bien sûr !

Là, il s'agit de mettre des mots sur des tonalités, un exercice périlleux surmonté en beauté.

Tout commence avec cette citation de Joseph JOUBERT : "Ferme les yeux et tu verras".

Elle m'a rappelée une expérience vécue personnellement au Musée des Beaux Arts d'Angers, une visite et la contemplation d'une oeuvre picturale avec les yeux bandés. Reposant exclusivement sur les propos du conférencier, le cerveau prend le relais,visualise le sujet représenté, sa composition, ses plans, ses nuances... le masque retiré, quelle surprise de découvrir un tracé et des couleurs extrêmement proches de ceux imaginés.

Cet exercice m'a permis de mesurer à quel point la concentration peut pallier un manque sensoriel, une véritable révélation !

Et bien, c'est un peu ce que nous propose Gaëlle JOSSE, une immersion au pays de la voix !

Alors, quand la vie est trépidante, faite d'urgences, parasitée par un bruit ambiant permanent, appréhender son environnement devient un véritable effort. Gaëlle JOSSE nous invite pourtant à le faire au quotidien.

Pourquoi donc ? Et bien, parce que

"Dans toutes les voix offertes, je ne cherche qu'à percevoir le monde qui bat, qui roule, qui tourne comme il peut. Et dans ces voix, à écouter la vie." P. 12

Vous voilà averti.e.s ! Comme je l'écrivais en début de chronique, cette lecture va nécessiter une disponibilité entière alors, choisissez votre moment pour l'aborder.

Mais qu'est ce que la voix ? Comment la percevons-nous ? Quels sont ses effets sur nous ?

Autant de questions auxquelles Gaëlle JOSSE va tenter de répondre au gré de situations glanées dans la vie quotidienne.

Mon émerveillement a commencé dès "L'avant lire" avec l'évocation de la toute première voix perçue, entendue, écoutée, celle de la mère pour l'embryon tout au long de la maternité. Et si le lien indéfectible qui unissait mère et enfants s'expliquait par la voix et non, comme souvent évoqué, par la chair ?

Il a touché son apogée avec ce rapport à l'autre, à l'étranger plus encore :

"Parfois l'accent est indéfinissable, c'est un fort accent étranger, comme on dit dans certains romans. Ce n'est pas l'accent qui est indéfinissable, c'est nous qui ne savons pas reconnaître la langue dont il habite le souvenir et qui en sommes étrangers." P. 69

Une citation à méditer tout particulièrement dans le contexte politique que nous connaissons !

Ce livre de Gaëlle JOSSE, en fait, je crois qu'il va trouver toute sa place dans le salon, bien en vu, pour pouvoir s'y replonger régulièrement, histoire de se remémorer cette nécessité à écouter la voix des autres et à mesurer les impacts de la sienne sur les autres !

N'oubliez pas ce livre, que je déclare de référence, nous aide à "percevoir le monde" et à en comprendre les mécanismes, qu'on se le dise !
Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
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"Dans toutes les voix offertes, je ne cherche qu'à percevoir le monde qui bat, qui roule, qui tourne comme il peut. Et dans ces voix, à écouter la vie."

La vie à travers la voix. La vie à travers ces fragments qui sont autant d'instantanés et de sensations fugaces. Voilà ce que nous offre Gaëlle Josse avec une belle générosité. Générosité de se dévoiler ainsi, de partager avec nous une partie de sa sensibilité, de nous donner à voir - ou plutôt à entendre - une facette plus intime de sa personnalité.

A travers ces fragments, des situations reconnaissables, des moments que nous aurions pu partager, Une invitation également à être plus attentif à ce qui passe dans la voix, par la voix. Gaëlle Josse met des mots (et quels mots) sur des sensations peut-être déjà éprouvées et touche juste.

"Au regard répond le regard. La voix, elle, demande d'abord à être reçue, accueillie et nécessite l'interposition d'un autre médium, l'ouïe. Et à quoi bon dire si l'on est ni entendu, ni écouté ?"

Percevoir la voix, c'est une question d'attention, à l'autre et à son environnement. Tout le monde n'y est pas sensible de la même façon. On parle de mémoire visuelle, olfactive... pourquoi pas la mémoire des sons et des souffles, des tons et des tessitures ? Cette alchimie complexe, ces savants assemblages qui aboutissent à l'aigu ou à la raucité, à la douceur ou au rythme saccadé. La signature d'un être, d'une personnalité, l'empreinte d'une vie marquée par l'origine, par les épreuves ou par la maladie. Voix qui rassure, qui inquiète, qui apaise ou qui énerve. La voix raconte une histoire, bien plus réelle que des mots choisis avec soin.

Au fil de ces fragments, c'est un voyage dans le monde auquel nous convie Gaëlle Josse, un voyage les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes, attentives aux moindres intonations, variations, pointes d'accent, fêlures ou musicalité. le monde à travers la voix. La voix qui transmet le monde.

"Contes, fables, mythes, légendes, épopées, sagas, ont vécu de la voix, par la voix. Plus tard écrites. Immobilisées. Préservées et appauvries. Sauvées et figées. L'écriture, tombeau de la voix ? J'aime imaginer ce souffle qui les a transportées sur la peau du temps."

Réflexion de l'écrivain héritier d'une longue tradition de transmission des histoires, et qui cherche à préserver cette oralité même à travers ses écrits. A transmettre un souffle, une voix. Il est vrai que les romans de Gaëlle Josse se savourent et s'écoutent avec bonheur, ils possèdent un son, une musique, une voix. Désormais, on sait sait pourquoi.

De vives voix est un petit livre délicat, sensible et élégant que l'on picore avec plaisir, une certaine gourmandise et toujours cette envie d'y revenir. Après sa lecture, vous n'écouterez plus tout à fait comme avant.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
À l'heure du déjeuner, rue de Grenelle, je croise une femme en larmes. La poitrine soulevée de sanglots qu'elle ne cherche pas à contenir. Elle marche vite. Je me retourne. De dos, on ne soupçonne rien. Je songe combien cet abandon est rare. Combien sont-ils, ceux devant qui nous nous autorisons à pleurer ? À nous laisser aller, sans crainte d'être jugés, mal vus ? Hoquets, sanglots, soupirs, gémissements, objets de censure sociale, dont la transgression est dérangeante. Elle signifie l'irruption dans la sphère publique d'une blessure intime. Ils impliquent le témoin dans un drame qui lui est étranger. Qu'est-ce qui nous perturbe le plus : une comparaison impossible à offrir, ou le rappel brutal de tragédies qui pourraient un jour devenir nôtres ?
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Saturée. Écoeurée par tous ces sons parasites, envahissants, ces pseudo ambiances sonores. Indigestion auditive. Je rêve de la voix qui se tait. De la parole qui s’abstient. Pourquoi est-il indésirable, le silence, dans nos vies ? On le croit gêné, gênant, ou hostile. On s’enferme dedans. C’est de l’absence, du manque. Il interroge, il inquiète. L’heure est à remplir le vide, l’espace, à le combler, à le calfeutrer, à l’étouffer. Plus un lieu, une boutique, un restaurant, une gare, qui ne se croie tenu de déguiser le silence de désolantes mélodies rebattues, assassinées par des orchestrations accablantes.
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Paris, gare Saint-Lazare. Je descends du wagon derrière cette jeune femme et je l’entends, malgré moi, alors que nous avançons sur le quai, au milieu de la foule. Une voix d’oiseau. Légère, gaie, bavarde. Ailée. Un buisson au printemps. Elle adresse un monologue à son téléphone portable. (..) Elle a rencontré quelqu’un, elle veut se faire la plus belle possible. Belle à mourir, dit-elle. Enjouée, évaporée. Frivole, futile, insouciante. Amoureuse.
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Il est éprouvant de revoir en photo un proche disparu, mais entendre sa voix, fût-ce une seule exclamation dans une mauvaise vidéo, est insoutenable. Douleur de reconnaître une voix aimée qui ne peut nous entendre ; illusion de croire, un instant, revenu quelqu'un qui nous a été cher. Trop de présence, trop d'absence.
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Il parle fort. Trop fort. (...) il a le verbe haut. Qui veut-il sans cesse convaincre ? est-il si rassurant d'entendre ainsi sonner sa voix ? (...) parfois, je lui demande de parler un peu moins fort. Je n'ose pas toujours. (...) C'est moi qui ne parle pas assez fort. J'ai du mal à faire entendre ma voix. Je m'aperçois que j'ai toujours cherché des hommes à la voix douce. J'aime qu'on me parle doucement. (p. 36)
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Vidéo de Gaëlle Josse
Dans son dernier ouvrage, Gaëlle Josse nous invite à plonger dans les méandres de la nuit intime de chacun. À travers une série de microfictions minutieusement ciselées, elle explore les vicissitudes de l'existence, les petites victoires et les grandes défaites qui marquent nos vies. Dans cet univers littéraire, les personnages prennent vie, chacun portant en lui son lot d'émotions lancinantes.
Que ce soit le père éloigné de sa fille, l'homme solitaire repensant à son amour de jeunesse, ou la femme attendant en vain son compagnon promis, tous ces individus traversent des moments de doute, de désir et de désillusion. Gaëlle Josse capte avec finesse les décalages entre les êtres, leurs espoirs et leurs regrets, offrant ainsi un reflet fidèle de la condition humaine.
Parmi ces protagonistes anonymes ou nommés, il y a le pianiste renommé qui sent son art l'abandonner, le petit garçon témoin des tourments de ses parents, et bien d'autres encore. Chacun est saisi à un instant crucial de son existence, révélant ainsi toute la complexité de l'âme humaine.
À travers les pages de son livre, Gaëlle Josse donne vie à ces personnages, les rendant éclatants dans leur vulnérabilité. Son écriture aérienne, teintée de mélancolie et de lumière, nous transporte dans un univers où se mêlent les voix de Billie Holiday et les mélodies de Bach. "Chacun de nous a sa nuit" se révèle être bien plus qu'un simple recueil de récits ; c'est une ode à l'humanité, à ses luttes et à ses rêves, magnifiquement capturée par une plume sensible et poétique
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