Citations de Gaëlle Nohant (823)
On est un temps dans notre vie, se dit-elle, où tout nous semble possible.
...c'est lorsque nous avons réalisé notre impuissance que nous devenons vraiment libres.
Mes clichés sont des gifles dans la lumière crue, je vois le corsage déchiré, la jouissance de salir, les crachats, les insultes. Je vois la peau rétractée de la bête marquée, exposée en place publique. C'est toujours le même regard traqué, la même fièvre. Et cette clameur des propriétaires, ce roulement de tambour des foules sauvages. S'absenter de soi, abandonner aux chiens sa chair expiatoire. Se perdre dans ces ténèbres qui vous recrachent en morceaux.
L'exil est un poison tenace, tu le sais mieux que moi. j'avais rendez-vous avec les lambeaux de ma vie.
e m’étonne que mon choix, au moment de sauver ma peau, se soit porté sur cette ville où je n’avais jamais mis les pieds. Comme si l’esprit de mon père, qui me désertait depuis des années, m’avait adressé un signe à travers le brouillard. Il aimait tant Paris que son évocation toujours recommencée remplaçait les bedtime stories. Elle était ce havre des réfugiés et des artistes, cœur de la Bohème et de l’intelligence, capitale des droits de l’homme et de ces Français qui nous avaient offert Lady Liberty, pour éclairer de son faisceau bienveillant la porte de l’Amérique.
Pour les hommes, le risque infectieux venait de la luxure. Pour les femmes, de ce christianisme qui ordonnait d'aimer les pauvres. Plus la peur des pauvres asphyxiait le haut de la société, creusant l'abîme entre les hôtels particuliers et les taudis, et plus l'injonction de charité se faisait impérieuse, tyrannique.
J'aime l'éclat que laissent aux yeux profonds les larmes intérieures.
Robert Desnos
Il songe que les corps sont faits pour aimer, et qu'on ne devrait pas avoir à choisir entre la liberté et l'amour.
Ils savent crever de faim avec élégance. A contrario, ils partagent sans réserve le peu qu'ils ont, invitent tout le monde dès qu'ils ont une bonne fortune, et rien ne les met plus en joie qu'une grande tablée où le vin coule à profusion.
Les êtres les plus endurcis se brisaient aussi facilement que des tessons de verre si on les frappait au point névralgique.
Dans les années soixante, la majorité des policiers étaient d'anciens nazis actifs...Comme la moitié des juges. Autant dire qu'ils manquaient d'impartialité pour juger les criminels de guerre...
Stefan acquiesce, chaque pays impose un roman national.Le choix de ses héros et de ses victimes est toujours politique. Parce qu'il entretient le déni et étouffe les voix discordantes, ce récit officiel n'aide pas les peuples à affronter leur histoire.
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La mémoire est aussi un enjeu économique. Chaque victime représente une dépense supplémentaire sur le budget de l'État.
( p.215)
Pourquoi votre incarnat est-il devenu si terne, petite fille, dans cet internat où votre oeil se cerna ?
Desnos
A Chicago, je me promenais au bord d'un lac qui avait les dimensions d'une mer. Ses eaux froides me parlaient de Jean-Baptiste Pointe du Sable, le mulâtre français qui avait fondé sur ses berges la première colonie, où Français et Indiens vivaient en parfaite harmonie.
Nous, on veut faire réfléchir les gens à la continuité de l'histoire, aux nouvelles formes du fascisme. Aujourd'hui, On brûlé des foyers de migrants et les caravanes des Roms.
On rejette les transgenres, les homosexuels, les Juifs, tous ceux qui dérangent... Il est temps d'ouvrir les yeux.
L’inconnue était donc la duchesse d’Alençon, princesse en Bavière, petite sœur de l’impératrice d’Autriche et épouse d’un membre de la famille royale de France ! Cette femme qu’on disait secrète et détestant les mondanités était la clé qui pouvait ouvrir à Violaine de Raezal les portes du Bazar de la Charité. Et voilà qu’elle se tenait devant elle, droite et simple comme une prière exaucée.
J'ignore pourquoi nous sommes assises à boire de l'alcool frelaté derrière ces vitres embuées. Ce whisky rappellerait à Al Capone le bon vieux temps de la prohibition... Il ravage tout sur son passage et libère des sanglots.
Un large sourire lui fendait les yeux.
La probité et la vertu sont une façade derrière laquelle s'affairent les ombres.
Désormais, je me raccrochais à l'espoir que si j'étais assez patiente, je trouverais le moyen de rentrer chez moi. Ce chez moi n'était pas la maison de mon mari. Plus vaste et imprécis, il épousait les contours de ma ville natale, du lac qui la bordait, de ses frontières mouvantes. La ville où mon fils, Martin Timothy Donnelley, était venu au monde par une journée froide et grise de novembre 1942, réveillant de ses premiers cris notre rue engourdie par les prémices de l’hiver. p. 49