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Critiques de Gilles Perrault (133)
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Le Pull-Over rouge

Contre la peine capitale.

Passionnante enquête sur l'une des affaires criminelles les plus mystérieuses de ces dernières années. Gilles Perrault en fait un récit captivant, qui pousse à la réflexion, car Christian Ranucci sera l'un des derniers guillotinés.



26/09/2009
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Checkpoint Charlie



Gilles Perrault, qui a entretemps 88 ans, m'a procuré au fil des années de nombreuses heures de lecture passionnante. Peut-être un peu trop, car "Checkpoint Charlie" m'a en revanche un peu déçu. Probablement que j' attendais tout bonnement trop de ce livre. Il est vrai que Daesh a renvoyé cet endroit mythique de Berlin entre Est et Ouest (avec majuscules) à un endroit presque nostalgique du passé.



L'auteur est à la fois un homme enthousiaste et honnête. En 1967, Gilles Perrault avait écrit son merveilleux ouvrage relatif à la résistance communiste au nazisme, "L'Orchestre rouge", dans lequel, emporté justement par son enthousiasme, il avait commis quelques erreurs et imprudences d'interprétation. L'historien français, Guillaume Bourgeois, a, en 2015, dans une analyse approfondie, intitulée "La véritable histoire de l'Orchestre rouge" , corrigé des fautes factuelles et interprétations erronées de notre grand conteur. Une mise au point certes méritoire du point de vue historique, mais décevant du point de vue romantique. Quoique dépité par cet ouvrage, j'en ai fait une critique la plus objective possible le 2 décembre 2017.



Dans cet ouvrage, de 2008, Gilles Perrault revient sur cette affaire. Très consciencieusement il note : "Longtemps j'ai cru que le réseau avait joué un rôle essentiel, sinon crucial, dans la victoire sur l'Allemagne hitlérienne." Et avec une certaine grandeur d'âme ajoute à la page 95 : "Sans doute une sorte de vanité d'auteur me poussait-elle aussi dans cette voie : si l'on a travaillé trois ans sur une affaire de ce genre, il faut qu'elle présente une importance et un intérêt exceptionnels."



Personnellement, j'admire cette attitude et franchise de la part d'un écrivain fort réputé et populaire après des succès comme son ouvrage courageux "Le Pull-Over rouge" sur le kidnapping et meurtre de la petite Marie- Dolorès Rambla de 8 ans, le 3 juin 1974, par Christian Ranucci, originaire d'Avignon, qui fut l'avant-dernier décapité en France, le 28 juillet 1976 (âgé de 22 ans). L'auteur d'une kyrielle de livres qui ont trouvé beaucoup de lectrices et lecteurs, tels "La longue traque" en 1998, "Un homme à part" en 2006 et il y a 2 ans "La justice expliquée à ma petite-fille".



Comme je me suis longuement expliqué dans mon billet du livre de Guillaume Bourgeois, je ne vais pas me répéter ici. Je vais juste me limiter aux grands espions français, Eugène et sa fille cadette Monique Rousseau, accusés d'avoir été à la solde de l'UDBA, le service de contrespionnage yougoslave ! Une histoire tellement incroyable que même Gilles Perrault aurait eu des difficultés à imaginer, mais qui illustre, à sa façon, la méfiance maladive entre services secrets à l'époque de la Guerre froide, qui, comme l'auteur note en fin de volume, en 4 décennies a fait après tout moins de morts "qu'un ouragan aux Caraïbes ".



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Le Pull-Over rouge

A 100 pages, il est coupable!...

Puis les avocats entrent en jeu puisque jusqu'alors les aveux avaient été passés sans eux - aujourd'hui, la loi a changé et oblige à la présence de l'avocat dès la garde à vue -.



Ce livre est le procès du procès, de l'enquête et de l'instruction. Comment déforme-t-on les faits, comment les témoignages sont fragiles et changeants et comment les recherches complémentaires tournent court à partir de la conviction de criminalité de celui qui a avoué. Qu'en est-il de l'homme au pull-over rouge ?

Ce livre est aussi l'histoire d'un homme qui ne "colle" pas avec les faits, décrit comme intelligent mais qui s'est pris les pieds dans le tapis si près d'une guillotine.

Gilles Perrault chronique au plus près les faits et la narration est passionnante. Tous les éléments sont en place pour la nouvelle plaidoirie.



300 pages plus loin, il est innocent !...

Mais le crime de Patrick Henry est en fond de procès, la foule est oppressante contre les assassins d'enfants, "la France a peur" et celui qui a "tiré le gros lot du malheur sans avoir pris de billet" sera l'antépénultième guillotiné. Edifiant !

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Les jardins de l'Observatoire

Un très bon témoignage, un regard tendre sur des parents résistants a limite de l'inconscience par moment. Un apport historique sur les agents britaniques infiltrés. Un livre instructif et agréable a lire .
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Le cabinet des dépêches

Quand un Cabinet noir prend la parole.

C'est le 17 juillet 1738 que le Cabinet des Dépêches conçu par l'ébéniste Antoine-Robert Gaudreaus fut installé au Château de Versailles. Ravissant secrétaire de bois violet à placages doté de 13 compartiments il fut le témoin des amours de Louis XV, de ses lectures, de ses décisions et surtout des tractations les mieux gardées de France. Ce secrétaire caché aux yeux de tous dans une pièce du château sut tout des secrets d'alcôve et des secrets d'Etat, des relations diplomatiques avec la Russie, la Pologne, l'Autriche, et des agents du roi. Il eut ses préférences. Charles de Broglie, ambassadeur à Varsovie, était son champion, la comtesse du Barry avait ses faveurs. Il bouda le comte de Vergennes, ambassadeur à Constantinople, qualifié d' «assommant » et la marquise de Pompadour.

Pendant 36 années, le Cabinet des Dépêches vit se mettre en place les traités avec les grandes puissances européennes et le Secret du roi, véritable diplomatie parallèle avec agents secrets opérant à l'étranger. Il nous le conte avec verve jusqu'à sa disgrâce en 1774. La mort du roi Louis XV et le couronnement de Louis XVI marquèrent la fin de son existence: "Son petit-fils Louis XVI, gros garçon de vingt ans, n'avait reçu en héritage ni ses qualités ni ses défauts. Il ne partageait point son inclination pour les menées occultes. Découvrant avec effroi les complexités de la machine d'Etat auxquelles Louis avait négligé de l'initier, il ne souhaitait certes pas les compliquer encore par un appareil clandestin. Aussi, l'une de ses premières décisions fut-elle la dissolution du secret. « Ces correspondances secrètes, déclara-t-il, ne servent à rien et même pourraient être nuisibles au bien de mon service. Cela barre toujours le ministre des affaires étrangères, s'il n'est pas au fait »

On trouve à la fin de ce récit historique décalé des annexes, des portraits des différentes personnalités du royaume, un Prélude pour une restauration, ainsi que des plans de l'appartement intérieur de Louis XV.



Le Cabinet des Dépêches. Histoire de la pièce la plus secrète de Versailles, est un charmant complément à la trilogie passionnante de Gilles Perrault Le Secret du Roi (trois volumes), véritable saga consacrée la diplomatie secrète sous Louis XV, qui contrôla les différents ministères pendant plus d'une vingtaine d'années et qui vit passer des personnages aussi illustres que le chevalier d'Eon, Beaumarchais ou le comte de Broglie.
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Le Pull-Over rouge

Un excellent livre retraçant l'affaire qui a défrayé la chronique à la fin des années 70.

Gilles Perrault nous livre un état des lieux redoutable de précision. Je n'étais pas née lorsque cette affaire a éclaté mais j'ai eu l'impression de la vivre en temps réel tant le récit est documenté, chaque détail fouillé, tourné et retourné pour ne rien laisser passer. Un travail de fourmi qui malheureusement laisse peu d'espoir puisque la fin sera celle que Christian Ranucci a connu.

En m'extirpant de la tentation de donner une conclusion personnelle (c'est lui, c'est pas lui) et avec du recul, Christian Ranucci aura tout de même joué de malchance du début jusqu'à la fin. Le coup de téléphone accordant sa grâce aurait pu être passé si une autre affaire n'avait pas éclaté au même moment...

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Le dérapage

Le dérapage s'ouvre tambour battant. Maître Durand, le narrateur, 49 ans, est avocat pénaliste. Il attend le verdict pour son client, Frédéric Chapelin-Tourvel, 29 ans, accusé de l'assassinat de ses deux parents. Gilles Perrault place d'emblée le suspense très haut.



Son narrateur n'est pas un petit nouveau dans la cour d'assises. Pourtant en quelques heures, il va aller de surprises en ahurissements. Rude soirée pour cet homme revenu de la justice et de ses méandres plus ou moins éthiques. Et la nuit s'annonce pire. Je m'en tiendrai là pour ne pas déflorer un récit riche en soubresauts.



Ce court roman (environ 160 pages) se lit d'une traite, les doigts comme collés à la couverture. Gilles Perrault, célèbre pour Le pullover rouge et ancien avocat, connaît bien l'univers des tribunaux. Sa prose est nette et incisive. Les réparties entre le narrateur et son client ne font qu'amplifier l'envie de savoir enfin le fin mot. Le texte ne manque pas d'un certain humour noir et cynique, en particulier à propos de la justice ou de la presse à sensation spécialisée dans les faits divers.

Le rendu a un côté hitchcockien; on retrouve un peu l'ambiance du film La corde, une réussite cinématographique.



 Heureuse trouvaille dans la boîte à livres de ma ville!
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Le Pull-Over rouge

La terrible histoire de Christian Ranucci, accusé d'avoir kidnappé et tué une petite fille en 1974, emprisonné, puis guillotiné en 1976, alors qu'il était très certainement innocent.

Ce livre retrace son histoire, depuis la disparition de la fillette, en passant par son interrogatoire, puis son procès, baclé, où la plupart des témoins importants seront écartés ainsi que toutes les preuves de son innocence, jusqu'à sa mise à mort en juillet 1976.

Toute cette enquête est baclée, menée au pas de charge par une juge d'instruction qui ne pense qu'à boucler cette affaire bien embêtante qui tombe en même temps qu'une autre affaire sordide de tueur d'enfant : celle de Patrick Henry.

Amalgame sera fait avec ce vrai tueur. D'autant plus que, Ranucci, personnage étrange et antipathique aux yeux de l'opinion publique, très influente à l'époque, sera passé aux aveux lors de sa garde à vue... pour se rétracter quelques jours plus tard, accusant la pression policière.

Etrange et terrible affaire donc, qui se termine très mal, car seul Giscard d'Estaing, président de l'époque, aurait pu le sauver par sa Grâce présidentielle, qu'il lui refusera.

Patrick Henry, véritable tueur lui, ne sera pas exécuté grâce à un certain Badinter...

Ce livre est un classique du genre : le récit documentaire journalistique.

Il fit grand bruit à l'époque de sa sortie, les gens étant toujours divisés quant à son innocence...



Adapté brillamment et sobrement au cinéma en 1979 par Michel Drach.
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Le Pull-Over rouge

J'avais vu le reportage sur Christian Ranucci à Faites entrer l'accusé.. et j'avais trouvé cette histoire passionnante. Si bien que, quand j'ai vu qu'il existait un bouquin sur le sujet, je l'ai ajouté à ma PAL.. La lecture fut tout aussi passionnante que le reportage. Et même plus... j'ai eu l'impression que le sujet était traité beaucoup plus en profondeur... J'ai appris beaucoup plus d'éléments et je dois dire que mon opinion sur lu culpabilité de Ranucci en a pris un coup... Je ressors de cette lecture encore plus mitigé. Difficile pour moi de trancher... Je n'aurai pas aimé être à la place des jurés... Mais ce livre me conforte dans mon opinion sur la peine de mort. Je suis complétement contre... Ce livre démontre que nous sommes à jamais complétement certain... Une lecture passionnante...
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L'orchestre rouge

Chef de l'Orchestre rouge, le plus important réseau du service de renseignements soviétique durant la Seconde Guerre mondiale, connu de la Gestapo sous le nom de Jean Gilbert, fiché à la Sûreté française sous le pseudonyme de Dom, codé par les Soviétiques sous celui de Otto, Léopold Trepper est mort à soixante-dix-sept ans à Jérusalem le 19 janvier 1982. c'est son histoire et celle du réseau que nous restitue Gilles Perrault dans ce témoignage historique. Quelques longueurs dans le récit, on se perd parfois dans les descriptions mais cela reste un monument de la littérature de la seconde guerre mondiale du point de vue russo-germanique même si la plupart de l'action se déroule en Europe de l'Ouest..
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Notre ami le roi

Pour votre serviteur qui a connu, mais très jeune, "les années de plomb" sous Hassan, c'est assez bien documenté... Mais excessif et trop caricatural par moments. L'évocation d'un Oufkir mitraillant lui même de son hélicoptère à Casa, une foule de manifestants tient du "roman". Les deux attentats contre le roi, sont eux, fidèlement racontés. Le reste est secret de polichinelle : tout le monde savait... mais n'a pas osé dire, le roi avait ses "employés" jusqu'à notre bon pays !



Reste que ce brûlot eut quelques conséquences bénéfiques quant aux droits de l'homme, là-bas.



Les "jardins secrets" de Hassan, la corruption du régime, la fonction cérébrale de ce roi - dont l'intelligence et la cruauté nous semblent très proches de celles qui habitèrent Louis XI - ainsi décrites, emportent davantage notre conviction.

A lire. Pour ne pas en finir...
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Le Pull-Over rouge

Ce livre reprend une des affaires judiciaires les plus controversées du XXe siècle, l’affaire Ranucci. En juin 1974, une petite fille de huit ans, Marie-Dolorès Rambla, est enlevée à Marseille alors qu’elle jouait avec son petit frère, au pied de la cité où elle vivait. Son corps sera retrouvé deux jours plus tard, lardé de coups de couteau. Un homme sera arrêté, Christian Ranucci. Condamné à la peine de mort par la cour d’assises d’Aix-en-Provence, il sera guillotiné le 28 juillet 1978.

Cette affaire, intervenue dans un contexte social et politique particulier, à savoir la disparition et l’assassinat d’enfants et le débat sur la peine de mort, a déchaîné les passions. Bien des années plus tard, un doute subsiste : Ranucci était-il coupable ou innocent ?



Gilles Perrault fait partie de ceux qui croient à l’innocence de Ranucci. Son livre, paru deux ans après l’exécution de Ranucci, est également un manifeste contre la peine de mort dont l’abolition sera prononcée en 1981. L’auteur tend donc à démontrer que Ranucci était innocent en soulignant une enquête et une instruction bâclées, des contradictions dans les témoignages et la présence centrale d’un pull-over rouge, retrouvé non loin de la scène de crime et appartenant selon des témoins à un homme qui rôdait autour d’enfants dans la cité de Marseille.



Lorsque je me suis plongée dans la lecture de ce livre, je n’avais aucun parti pris. Ranucci était-il coupable ou innocent, je n’en savais rien mais pour me faire ma propre opinion, j’étais déterminée à lire les deux thèses, tout comme cela se passerait dans un procès. Pour ne pas être influencée, j’ai commencé par la thèse de l’innocence. Titulaire d’un Master 2 de droit pénal et de sciences criminelles, c’est donc avec un regard de juriste que j’ai parcouru “Le Pull-Over rouge”. Et je dois dire que je suis sortie abasourdie de ma lecture. Comment peut-on croire à des arguments aussi peu crédibles et aussi creux ?? Tout le long du livre, l’auteur se contente de remettre en cause la forme et n’aborde que très peu le fond, c’est-à-dire les faits. Il se lance dans une vaste opération de remise en cause d’absolument tous les protagonistes de la partie adverse : policiers, magistrats, experts, comme s’il s’agissait d’un vaste complot contre Ranucci, pauvre victime de terribles coïncidences et de la force du destin. Certes, le climat de l’époque était peu propice à la sérénité de la Justice et des raisons politiques sont intervenues, principalement sur le prononcé de la peine et surtout concernant la grâce présidentielle mais de là à remettre systématiquement en cause le professionnalisme des différents intervenants, je trouve cela révoltant. Et non seulement, il remet en cause leur professionnalisme, mais en plus de cela, il spécule sur ce qu’aurait été leur attitude si Ranucci s’était comporté de telle façon ou avait dit telle chose, un comportement assez inacceptable car relevant de l’imaginaire et non des faits concrets. Ces agissements ont d’ailleurs valu à Gilles Perrault une condamnation pour diffamation.



Lorsque l’auteur aborde enfin les faits, ce qui peut tenir en quelques pages, les trois quarts du livre étant du remplissage et n’apportant aucune pierre à l’édifice de la défense, il les remet en cause quand cela l’arrange et utilise ces mêmes faits lorsqu’il en a besoin mais curieusement épurés de tous les éléments compromettants, attitude qu’il dénonce précisément en ce qui concerne la partie adverse.

En ce qui concerne les éléments les plus accablants pour Ranucci, à savoir le couteau ensanglanté retrouvé à l’endroit qu’il a indiqué précisément et le plan du lieu de l’enlèvement qu’il a spontanément dessiné, on sent que l’auteur coince. En effet, comment un innocent peut-il indiquer où se trouve l’arme du crime, qui lui appartient qui plus est et qui est couvert du sang du même groupe sanguin de la victime mais aussi de celui de Ranucci sauf qu’il ne présentait aucune blessure dont aurait pu provenir le sang ?



Je passe sur les nombreuses autres contradictions de l’auteur qui m’ont souvent contraintes à relire en vain certains passages pour comprendre comment il parvenait à ses conclusions pour passer directement à son hypothèse finale, qui est pour moi le summum de toutes ses aberrations.



Un des éléments essentiels du dossier est un accident de la circulation à un carrefour situé à 25 km de Marseille. Il s’agit d’un accrochage entre le véhicule d’un couple, les Martinez et de celui de Ranucci, une Peugeot 304 immatriculée 1369 SG 06 qui venait de la direction de Marseille. Ranucci a toujours reconnu cet accident et être reparti dans la direction d’où il venait, sans s’arrêter, commettant ainsi un délit de fuite.

Un autre couple d’automobilistes qui passait par là, les Aubert, se sont lancés à sa poursuite. Lorsqu’ils l’ont rattrapé, ils ont témoigné l’avoir vu entraîner un enfant sur un talus et disparaître dans les broussailles. Comme Ranucci ne faisait pas mine de revenir, les Aubert ont relevé la plaque d’immatriculation pour la donner aux Martinez.



Après cet épisode arrive celui de la champignonnière où la voiture de Ranucci s’est embourbé tout au fond d’une galerie sinueuse. C’est aussi sur le chemin qui y mène que Ranucci s’est débarrassé de son couteau en l’enfonçant dans un tas de tourbe. C’est aussi là qu’a été retrouvé le fameux pull-over rouge, dans la galerie, derrière des planches.

Ranucci a également toujours reconnu ces faits, sa présence dans la champignonnière, comment il s’était débarrassé de son couteau et comment il a eu besoin d’aide pour dégager sa voiture. En revanche, il a toujours nié posséder de pull-over rouge.



Selon la théorie pour le moins surréaliste de Gilles Perrault, il y aurait eu comme par magie une substitution de personnages entre le moment de l’accident et celui où les Aubert ont rattrapé le fuyard. Le “vrai” meurtrier selon l’auteur, l’homme au pull-over rouge, serait l’homme qu’ont vu les Aubert. Ce dernier serait tombé après son crime sur Ranucci, effondré au volant de sa voiture et comateux suite à l’accident et à la nuit de beuverie à laquelle il s’était livré la veille. Saisissant sa chance, il serait monté dans la Peugeot à la place de Ranucci, l’aurait conduit dans la champignonnière et aurait procédé à diverses manoeuvres pour le faire accuser. C’est complètement absurde car :

- il est avéré que c’est Ranucci au volant de sa Peugeot 304 qui a eu l’accident au carrefour. Il le reconnaît lui-même et l’a toujours confirmé ;

- ce dernier était poursuivi par les Aubert, le temps que ces derniers le rattrapent, c’est devenu l’homme au pull-over rouge dans une autre voiture, non accidentée alors que la plaque relevée par les Aubert lorsqu’ils sont arrivés à sa hauteur était celle de la Peugeot 304 de Ranucci, la 1369 SG 06 ;

- ensuite, après son crime, l’homme au pull-over rouge aurait tranquillement conduit un Ranucci évanoui dans la champignonnière et aurait procédé à toutes les manoeuvres pour l’accuser en dépit de ce qu’affirme et réaffirme Ranucci dans ses aveux.



N’importe qui avec un minimum de bon sens peut comprendre que ce n’est pas sérieux. Encore une fois, comme il en a l’habitude tout au long du livre, Gilles Perrault déforme la réalité et tord les rouages de la procédure pénale pour les faire coller à sa théorie. En refermant ce livre, j’ai eu l’impression que tout cela n’était qu’une vaste fumisterie sans la moindre cohérence. Il y a d’ailleurs une question essentielle à se poser avant de se baser sur un document, celle des sources. Il se trouve que Gilles Perrault n’a jamais eu accès au dossier et qu’il ne s’est basé que sur les différents articles de journalistes qu’il a soigneusement sélectionnés car de nombreux articles de presse comportaient un paquet de variations et d’erreurs d’un journal à l’autre.

En définitive, je n’ai pas été convaincue par ses arguments et donc de l’innocence de Ranucci. Il me reste donc à lire la thèse adverse, celle de Gérard Bouladou dans “Affaire Ranucci : Autopsie d’une imposture” pour voir si elle me convainc mieux.



Qu’on adhère ou non à la théorie de l’auteur, sur la forme, c’est un livre qui se lit très rapidement, aussi fluide qu’un roman. Mais c’est peut-être cela son défaut, relever d’avantage du roman que de la réalité...




Lien : http://serial-reader.over-bl..
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Le Pull-Over rouge

Ce livre rapporte des faits qui se sont déroulés en 1974. Christian Ranucci est accusé d'avoir assassiné une fillette, est jugé, condamné à mort et exécuté au court de l'été 1976. Il sera le dernier condamné à mort en France avant que Mitterrand n'arrive au pouvoir en 1981 et n'abolisse la peine de mort. Ce livre, écrit par Gilles Perrault, reproduit dans ce livre une description du crime tel qu'il a «été reconstitué, l'accusation de Christian Ranucci, son procès, sa condamnation et enfin son exécution.

Une chose est sûre, vous ne pourrez pas sortir indemne après avoir lu ce livre et vous ne vous sentirez pas rassuré car si il y a bien une chose dont Gilles Perrault est persuadé, c'est que Christian Ranucci est innocent. Il démontre dans ce livre toutes les incohérences qu'il y a eu au cours du procès et essaie d'être toujours au plus près de la vérité. La France aurait-elle commis une erreur irréparable en condamnant à mort un jeune homme qui était peut-être innocent ? À vous d'en juger...
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Le Pull-Over rouge

J'ai lu ce livre à l'âge de 14 ans... Ce fut une révélation pour moi !

Non seulement j'ai été convaincue de l'inadéquation dans une société démocratique moderne de l'application de la peine de mort, mais j'ai fait choix, à ce moment-là, des études que j'allais entamer et du métier que je voulais faire...

A ce jour, je ne l'ai pas relu... Mais il faudra vraiment que je le fasse à la lumière de l'expérience que j'ai aujourd'hui acquise.
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Le secret du roi, tome 1 : La passion polon..

Le XVIIIe siècle dans tous ses états sous la Régence et le règne de Louis XV soit trente ans de politique intérieure et étrangère au royaume de France racontées dans le style bondissant de Gilles Perrault. Guerre de succession d'Autriche (1740-1748) et guerre de sept ans (1756-1763) racontent comment un noyau de quelques hommes, dépêchés en Pologne dans un contexte politique très particulier, devint l'outil de visées stratégiques parallèles à la diplomatie officielle française et constitua l'ébauche d'un véritable service secret organisé. C'est le sujet de ce tome : La passion polonaise.



Premier volet d'une triloge ("Le secret du roi") qui s'ouvre sur les turpitudes politiques de Stanislas Leszczynski partant à la reconquête du trône de Pologne et soutenu par la France (à l'époque, la Pologne est la seule monarchie élective existante et suscite de ce fait toutes sortes de convoitises en Europe). Contre cette entreprise hasardeuse, la Prusse, l'Autriche et la Russie ne vont pas manquer de former des coalitions de circonstances à géométrie très variable. Les renversements d'alliance et les rebondissements politiques de toutes sortes se succédent tout au long de la période. Ce premier volume s'achève à la fin de la Guerre de sept ans sur un traité de Paris (1763), très défavorable à la France.



L'histoire du "Secret", premier service du genre, est charpentée autour de la personnalité des deux frères de Brogglie, issus d'une famille du Piémont venue s'installer en France un siècle auparavant dont le père ambassadeur à Londres était devenu maréchal. Il avait emmené ses deux garçons en campagne lorsqu'ils étaient adolescents ce qui les avait rompu au milieu des armes. Excellents cavaliers, on les remarque par leur très petite taille qui fait aussi leur complexe, construit leur psychologie. le plus jeune, Charles, va devenir le véritable pivot du "Secret", surtout après la disgrâce de Conti, cousin du roi Louis XV. L'aîné, Victor François, officier intrépide, se distingue dans l'armée.



Les deux frères ont servi sous le commandement du prince de Conti. A Varsovie, où il est envoyé, Charles doit mettre en oeuvre une diplomatie d'endiguement de la Russie qui est la puissance montante de la région et favoriser l'élection de Conti au trône de Pologne. On voit également tout au long du livre comment les intrigues de cour menées de Versailles par le clan Pompadour interféreront non seulement dans la diplomatie officielle mais se heurteront aussi aux visées secrètes et souvent contradictoires du Roi, de son cousin et de Charles de Brogglie.



La personnalité de Charles est attachante. Esprit et vivacité le caractérisent. Lui et son frère sont totalement à contre-courant de la mentalité régnant à Versailles. Francs, loyaux et sans langue de bois, dirait-on aujourd'hui, dans une époque où règnent la morgue des grands, le cynisme et le goût de l'intrigue, où tout le monde trompe tout le monde. Tous deux très liés, ayant des ambitions raisonnables pour des hommes de leur condition et de leur époque. L'un écrit, chiffre et déchiffre des correspondances secrètes, adresse des mémoires au roi, quand l'autre manie les armes avec bravoure pour la gloire de la France. Parfois tous deux combattent et c'est Victor-François qui fait remporter de nombreuses victoires à la France là où d'autres, distingués pour leur appartenance au clan Pompadour, ne font qu'abandonner les places ou se déshonnorer dans les retraites. Cependant, une forme de rigidité de caractère, de susceptibilité, de fierté, leur sera souvent reprochée par le roi et de nombreux contemporains, ce qui leur vaudra beaucoup d'inimitiés à la cour jusqu'à leur disgrâce.



Un des nombreux autres charme du livre est de s'y faire croiser des personnages tel que Frédéric II de Prusse, Charles VI et Marie Thérèse d'Autriche, Catherine II de Russie etc. et d'autres comme Casanova (toujours magnifique), Voltaire (décrit en pingre, trempant dans des histoires financières douteuses et empêtré dans une relation tumultueuse avec Frédéric II), Beaumarchais (horloger inattendu), ou encore plus surprenant le chevalier d'Eon (rempli de l'assurance culotée de la roture). Toute pesanteur historique est évitée grâce au déroulé quasiment romanesque des événements qui donnent lieu parfois à une réflexion clairvoyante sur cette période troublée mais oh combien aventureuse de l'histoire.



Le roi Louis XV, qui fait partie de la galerie de portraits, l'un des principaux acteur du "Secret", apparaît sous un jour insolite. Intelligent et lucide mais timide, avec un goût prononcé pour la dissimulation, il n'a pas la volonté réelle de faire appliquer ses décisions, s'en remettant trop souvent à son Conseil. En privé, fidèle 8 ans à la reine dont il aura 10 enfants, il mène ensuite une vie débauchée, entrecoupée de chasses qui sont sa vraie passion, entouré de ministres plus ou moins efficaces, de nombreux cardinaux avariés et de maîtresses fort nombreuses. Les documents sont multiples et passionnants le concernant (lettres ou extraits, témoignages, mémoires). Frédéric II de Prusse disait de lui : "son seul défaut est d'être roi".



Passionnante fresque européenne au Siècle des Lumières formidablement documentée comme sait le faire l'auteur. A recommander à tous les amoureux du XVIIIe. Relire Gilles Perrault fait aussi aimer l'histoire (chronique du 10 mai 2014).
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Le Pull-Over rouge

Il n'y a encore pas longtemps de cela, on m'aurait demandé : - Tu connais l'histoire du pull over rouge ? J'aurais peut-être répondu "C'est pas une vieille histoire de meurtre ?" mais ma connaissance du sujet se serait sûrement arrêtée là.

Mais maintenant que j'ai lu Le pull over rouge, je suis presque intraitable sur le sujet, car ce livre écrit par Gilles Perrault cherche à prouver l'innocence de Christian Ranucci, et cela reste à voir. J'ai terminé ce livre, et pour moi, le doute reste et restera, car certains faits restent quand même très suspicieux, par exemple, les aveux de Christian Ranucci, le fait qu'il dise aux enquêteurs où l'arme a été cachée et quelle type d'arme il a utilisé. Gilles Perrault nous dresse un scénario qui pourrait faire penser à un livre policier avec une fin inattendue, mais qui a raison ? Seul Christian Ranucci et éventuellement "le véritable assassin" si ce n'est pas Christian Ranucci ont pu le savoir.

Je ne suis pas partisane de la peine de mort (surtout la guillotine, quelle atrocité que de procéder au lâcher de la lame et au ramassage du corps et de la tête séparés, il y a vraiment des métiers étranges), mais dans ce style d'affaire où apparemment un doute a quand même un existé, j'aurais plutôt plaider pour une condamnation à perpétuité. Pour moi, la peine de mort aurait dû être maintenue pour des affaires vraiment avérées et sordides, mais par contre la mise à mort aurait dû être plus "propre".

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Notre ami le roi

Je suis arrivé au Maroc lors de la Marche Verte en 1975 et j'ai exercé à Rabat pendant 15ans . Je connais donc un peu le pays et les circonstances m'ont amené à connaître des acteurs de cette histoire proches du palais ou opposants) .J'ai lu cet ouvrage à sa parution (sous le manteau , il était interdit au Maroc) et j'ai pu le confronter à ma propre expérience. Beaucoup de faits rapportés sont indéniables ,la dureté du pouvoir est avérée ,les inégalités au coeur de la population absolument scandaleuses.Mais Gilles Perrault ne fait pas oeuvre d'historien mais de journaliste engagé voire militant ce qui l'amène à une partialité exagérée et à accueillir pas mal de faits douteux voire de légendes. Un ouvrage pas inintéressant mais à équilibrer par d'autres points de vue.Je concluerai en réaffirmant mon immense amour pour ce pays et ses habitants.
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Le Pull-Over rouge



" Le pull-over rouge" relate l'histoire d'un d'un fait divers qui a marqué les esprits, celui du meurtre sauvage d'une petite fille, et de l'arrestation et de la condamnation à mort d'un jeune niçois.

Sur cette affaire très médiatisée, chacun a son avis et Gilles Perrault le premier.

Ce livre est bien écrit, les recherches sont poussées, le style journalistique agréable à lire.

Cependant, le livre est clairement en faveur d'une erreur judiciaire, on y trouve des informations sur l'enquête, certes, mais tout est tourné en faveur de l'innocence de Ranucci.

Si vous voulez en apprendre plus sur l'enquête et vous forger une opinion par vous même, je vous conseille de trouver un autre ouvrage ou de visionner certains documentaire sur le sujet, parce qu'après avoir lu " le pull-over" rouge, vous serez convaincu de l'innocence du jeune homme.



Le pull-over reste un livre documentaire très intéressant, j'ai apprécié la passion qui y a mit l'auteur, notamment dans la description des actions mais aussi dans l'histoire des personnages, L'auteur nous décrit avec tendresse un jeune homme qui c'est certainement trouvé au mauvais endroit au mauvais moment,tout en contant avec émotion l'histoire d'une petite fille dont on a arraché la vie bien trop tôt;



Avec ce livre, Perrault nous livre son aversion non seulement pour les erreurs judiciaires, mais aussi pour la peine capitale et le climat populaire hostile à la vie d'un homme.
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Le Pull-Over rouge

j'ai lu ce livre, j'en suis sortie révoltée...

j'étais déjà contre la peine de mort, cela a confirmé mes opinions... il vaut mieux un coupable dehors qu'un innocent la tête coupée...

je ne sais pas à 100% si cet homme était innocent... ce que je sais c'est que de nombreuses zones d'ombre existent... qu'il a eu contre lui différents évènements... et qu'il n'était pas sympathique... est ce suffisant pour être exécuté ? perso, je ne le pense pas... bref, un livre qui ne laisse pas indifférent !!!!!
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Le Pull-Over rouge

C'est un livre qui a marqué ma jeunesse. Je devais avoir 16 ou 17 ans quand je l'ai lu. Cette enquête m'a considérablement effrayé, était-il coupable ou non ? Y a t-il eut injustice ou pas, nul ne le sait, mais la possibilité d'un doute fut effrayante pour l'ado que j'étais. Ce livre m'a conforté dans mon choix d'être contre la peine de mort. J'ai vu que des livres furent écrits pour démontrer qu'il était réellement coupable mais mon idée était faite.



A l'époque l'on parlait beaucoup plus de Patrick Henri qui lui a sauvé sa tête.

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