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Citations de Gonzague Saint Bris (133)


Longtemps plus tard,Chateaubriand écrira dans ses Mémoires d outre-tombe: Les hommes disparus jeunes sont de vigoureux voyageurs;ils font vite une route que les hommes moins forts achèvent à pas lents...Le voyage de Desaix s est terminé ce 25 prairial de l an VIII,c est à dire le 14 juin 1800.
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C'est une chose tres differente que d'aimer ou que de jouir;la preuve est qu'on aime tous les jours sans jouir et qu'on jouit le plus souvent sans aimer
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Pourquoi me pencher sur ce seigneur du mal qui vous attire dans ses trefonds,celui qui ne devie pas d'une ligne de sa religion personnelle,la volupte mortifere?
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Pas moins de trente-deux mille actes sont rédigés pendant les trente-deux années de règne de François 1er, soit mille par an. Un collège de notaires veille sur leur bonne application, ce qui assure une meilleure diffusion des rouages de la politique d'un Etat de plus en plus centralisé et absolutiste. Tous ne passent pas le seuil de la postérité, mais l'un d'eux peut être légitimement considéré comme le chef-d'oeuvre du règne, l'édit de Villers-Cotterêts, signé le 15 août 1539.

Non pas dans son ensemble, puisque celui-ci comporte cent quatre-vingt-douze articles ayant pour but de réformer la justice. Mais les articles 110 et 111 sont fondamentaux, ils stipulent que "les enquestes, contrats, commissions, sentences, testaments et autres actes et exploicts de justice, ou qui en dépendent, sont prononcez, enregistrez et délivrez aux parties en langaige maternel français et non autrement."

Qu'est-ce que cela signifie ? Que cet avatar du romain qu'avaient progressivement adopté les Gaulois conquis par César, et que, depuis le serment de Strasbourg conclu en 842 par Charles le Chauve et Louis le Germanique, on appelait vaguement le "franc", le "francien" ou le "français", est désormais l'unique langue administrative pour l'ensemble du royaume de France. L'usage du latin est relégué à l'Eglise et celui des langues régionales au bas peuple des campagnes, ces "gens de néant", chargés seulement de nourrir le royaume et non de le gérer.

L'édit de Villers-Cotterêts accélère brutalement l'unité linguistique du royaume de France et ouvre cette tradition glotophage qui, accentuée par le décret Barère sous la Révolution, va combattre les idiomes locaux de l'Oïl ou de l'Oc (breton, picard, wallon, normand, limousin, gascon, provençal) sans pouvoir cependant les éradiquer. Ce texte a aussi pour conséquence de favoriser non seulement le monde de l'édition, mais encore celui de l'Université, et d'enclencher un mouvement de restructuration et d'organisation du français, avec la construction progressive des règles d'orthographe, de prononciation, de ponctuation, de grammaire et de syntaxe. Ce sont ces règles qui, deux siècles plus tard, aboutiront à cette perfection de la langue de Racine, de Molière ou de Voltaire. Grâce à elles, le français servira de langue diplomatique commune à l'Europe jusqu'au congrès de Vienne, au début du XIXème siècle.


Pages 391-392
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Enfant, j’habitais Londres où mon père était un jeune attaché d’ambassade. C’était la vie rêvée. Hyde Park et son allée de fleurs violettes, les musées gratuits où l’on pouvait jouer avec des trains électriques, les magasins de jouets extraordinaires, les cantiques dans la brume, les policemen polis qui ne regardaient pas ma nurse avec insistance. Elle était suisse et s’appelait Nana. Le prince Charles enfant nous faisait parfois des signes du balcon de Buckingham. Je lui répondais. Après tout, nous avions le même âge et on nous coiffait de la même manière : de l’eau sur la tête et la raie sur le côté.

Tout cela aurait pu être une charmante histoire, avec les casquettes bleu et jaune de notre école, la St Philip’s School, les « bats » de cricket, des rues de Londres où l’on jouait avec de petites voitures Dinky Toys contre les murs gris en se salissant les mains. Je croyais vivre un « Nursery Rimes », mais je ne savais pas encore que c’était celui de Humpty Dumpty, le petit homme fragile à l’énorme tête d’œuf qui, assis, en haut d’un mur, n’ose plus bouger de crainte de se fracasser le crâne. Pour moi, l’omelette était proche, la catastrophe imminente. J’avais cinq ans, l’âge de l’innocence, l’âge où pourtant j’ai dit adieu à l’innocence. Pardonnez-nous nos enfances !

C’est vrai, j’avais un caractère difficile, je restais enfermé des heures sans jamais vouloir demander pardon. Je croyais que la colère était ma noblesse. J’explorais mes haines intérieures. Mais il faut bien avouer que j’étais très violent. Un jour mon père me surprit dans une lutte acharnée avec mon frère aîné, dont je croyais qu’il était le préféré de mes parents. J’étais en train de frapper sa tête contre les carreaux de la cuisine.

Pour apaiser la situation, mes parents décidèrent qu’un éloignement me serait profitable. On leur avait dit : « L’air de Brighton est bon pour les nerveux. » Aussi, un après-midi nous quittâmes Londres dans la belle Frégate grise qui faisait notre fierté, une vraie voiture française, et je ne compris pas pourquoi je partais seul avec mon père, sans mes frères, ni ma mère. Peut-être, au fond, me prenait-il pour un adulte. Voulait-il me parler ? Qu’allions-nous découvrir ? Je m’imaginais qu’il avait remarqué la grandeur de mon caractère et allait me confier à l’amiral Nelson qui, dans les jours à venir, me donnerait, peut-être, le commandement d’un « brick ». Mais, plus que du voyage, c’est de l’arrivée dont je me souviens. Brighton, une ville élégante mais qui fait peur par sa distinction froide ; des villas telles qu’on les imagine chez Agatha Christie, où les crimes se mitonnent dans la camomille, des gazons verts et tendres comme dans les films de Losey, où l’on ne tond que la surface de drames affreux et enterrés.

La voiture de mon père glissa dans une allée ombragée. Belle maison haute, sorte de manoir entouré d’arbres au-delà duquel on entendait le bruit de la mer. Je ne quittais pas ma petite valise dans laquelle j’avais rangé mes soldats de plomb. Nous étions arrivés. Une religieuse m’accueillit. Je laissai mon père sans émotion, tout intrigué d’abord par ce que je découvrais. Mais je ne savais pas encore l’horreur que cachaient ces murs. Le soir venait et l’on m’attribua un lit dans le grand dortoir. Vastes parquets glissants et sombres, odeurs d’encaustique et d’urine, de linge pourri et de fin de vie. O surprise, j’étais dans un asile de vieillards ; j’allais connaître le bout de la nuit.

A l’heure du goûter on m’avait déjà couché. Puis, ils vinrent et le cortège des vieillards défila sous mes yeux. Ils se déshabillaient lentement, je voyais leur peau parcheminée, lambeaux de chair, leurs chemises de nuit jaunies, leurs gestes comme livrés à l’éternité. Ils ne me regardaient pas et je sentis combien j’étais seul au milieu d’eux. Ils étaient les fantômes d’un autre monde qui surgissaient dès que le jour finissait. Mary Shelley, reine de l’effroi, avait-elle assisté au même spectacle quand petite fille, le soir, elle défaisait ses nattes ?

Comment ai-je réussi à jouer l’indifférence ? La terreur m’étreignait, mais je compris que je ne devais pas le montrer. Aussi, j’installai tranquillement sur la table de nuit mes petits soldats, « Horse Guards », « Queen’s Horses », « King’s Men »... Leurs vestes rouges étaient le témoignage éclatant de la vie. Mais, soudain d’un geste brutal, mon voisin, vieillard irritable, les balaya de la main. Ils tombèrent à terre. Bouleversé, j’éclatai en sanglots. Je les ramassai et je ne sais où je trouvai le courage de les ranger, tant bien que mal. Je me recouchai et pleurai dans mon lit. Je ne savais plus où j’en étais. Ma vie allait-elle se rétrécir et s’achever ou ne faisait-elle que commencer ?

Le lendemain matin, le soleil par la fenêtre ouverte et l’odeur des feuilles me redonnèrent du courage. Les morts ressuscitaient, mais plus humains que la veille. Ils faisaient leur toilette, et il me sembla que leurs visages étaient différents ; l’un d’entre eux m’adressa la parole. C’était un jour nouveau. Je me mis à croire à l’espoir, mais à midi au réfectoire le cauchemar recommença. Nous étions par table de six. Et j’étais assis en face d’une dame effrayante aux yeux d’un bleu intense, « Faïence-Folie ». Ses longs cheveux gris mal soignés pendaient en désordre de son front comme des mèches d’étoupe. Elle me regardait fixement et fit ce geste que j’aurais du mal à oublier ; avec sa cuillère, elle raclait bruyamment le fond de l’assiette vide, sans que la soupe nous ait été servie. Elle ne mangeait rien, et s’appliquait à ce geste absurde comme un automate. J’entends encore le bruit martelé de sa cuillère contre le fond de l’assiette vide. Je crois que j’en ai toujours peur.

Les jours passaient et je ne savais plus où j’étais. Parfois la religieuse m’emmenait avec elle, faire une promenade, regarder le ciel. Devant les devantures d’un magasin de jouets où étaient exposés les soldats de mes rêves, elle proposa de m’en offrir mais j’avais déjà sombré dans une sorte d’hébétude et je me souvenais qu’il fallait répondre poliment « Non, merci ». Le soir venu, je le regrettai amèrement. Si j’avais réagi de la sorte, n’était-ce pas la preuve que je n’étais plus un enfant ? En quelques semaines, j’avais changé de statut. Comme ceux avec qui je vivais, j’étais devenu un petit vieillard.
Quelques jours plus tard, j’eus l’impression de m’être fait un copain du même âge.

Le dimanche suivant, il m’emmène en promenade au golf de Brighton. Je vois passer d’autres enfants mais je les ignore. Ils ne peuvent pas comprendre. Quand le soir nous rentrons à l’hospice, je me retrouve en robe de chambre comme les vieillards. Un petit mouchoir sale, en guise de pochette, pour faire chic. Je me sens très à l’aise et il m’arrive même de plaisanter avec les sœurs. Je suis devenu assez vite un habitué de la maison et je me veux propret et distingué. J’ai des chaussons. Il m’arrive de sortir, mais cela m’ennuie un peu.

Je n’attends rien et je sais tout. J’ai cinq ans et je suis vieux.
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Desaix,Desaix,articule péniblement le mourant,c est l attitude du vieux roi Fingel pleurant son fils Ossian et racontant sa légende telle qu elle fascinait Napoléon dans le tableau qu il avait spécialement commandé à Girodet.C est l irrésistible appel de la dernière heure vers le compagnon de jeunesse et par là même d éternité,la certitude de le retrouver bientôt au Panthéon,lui avec qui,de l Italie à l Orient,il avait trouvé la gloire et avec qui,en Égypte,il avait frôlé,sous l éclatant soleil,l immortalité.
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Elle se nomme Anne d'heily, compte parmi les quelques quinze rejetons des trois mariages d'un petit seigneur de Pisseleu, dans la Beauce. Il semble évident que le souverain, en la vyant pour la première fois, en est tombé immédiatement amoureux....
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Le 02 mai 1519, Léonard (De VINCI) rejoint, à l'âge de soixante-sept ans, celui qu'il appelle "l'opérateur de tant de choses merveilleuses".
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Cet enfant né au bout de vingt ans de mariage de stérilité ou d'abstinence comme Louis XIII est plus porté vers les hommes que les femmes et qui deviendra un grand Roi .
Louis XIV devenu Roi à 4 ans formé par le cardinal Mazarin et qui à un peu plus de vingt ans prends les rênes du Pays - La France va passer à une ère de modernité , l'industrie se développera grâce à Colbert et surtout les arts . La France va connaître la prospérité pendant quelques années . Hélas le Roi est affublé d'un égo surdimensionné , tout passe par lui , on doit honorer sa personne en permanence nuit et jour et son appétit du toujours plus va le pousser à envahir les Pays voisins , ce qui provoquera des guerres incessantes et ruineront le Pays , la pauvreté s'installe , les gens meurent de froid et de faim comme le climat dans ces années là est très froid .Il tombe dans le piège des dragonnades et s'en prends aux protestants , bohémiens etc. et les plus grands cerveaux fuient la France . C'est le début du déclin de la France . On peut toutefois admirer encore maintenant tout ce qui a été créé pendant son règne . Une seule chose va le différencier de son père , l'amour des femmes et il ne faisait pas dans ce cas là la différence entre ses favorites et les femmes de chambre , tout était bon pour lui. Pauvre Reine Marie Thérèse il fallait qu'elle est l'esprit large pour accepter de partager avec toutes ces dames . Etait-ce vraiment un grand Roi ?
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l'inventaire de Croisset ne mentionne pas moins de ... mille bouteilles dans la cave des Flaubert.
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La nature n'a cree les hommes que pour qu'ils s'amusent de tout sur la terre.C'est sa plus chere loi,ce sera toujours celle de mon coeur
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Il est beaucoup moins drole d'etre vertueux que vicieux.Le vice amuse et la vertu fatigue?Or je crois que tout ce qui sert a nos plaisirs doit toujours l'emporter sur ce qui n'est bon qu'a nous donner des vapeurs
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Ne pas prévoir, c'est déjà gémir.
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"Chaque fois que le roi crée un office, Dieu crée un sot pour l'acheter"
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[Relax67] Preuve que l'on peut cumuler génie et gaucherie dans des domaines différents:
"Ainsi est Machiavel: un pacifiste qui ne traite que de la guerre et un stratège dérouté par les surprises de la vie privée. Incapable de se servir lui-même, il est un collaborateur d'exception pour les autres."
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Oui, oui, tu le savais, et que, dans cette vie,
Rien n'est bon que d'aimer, n'est vrai que de souffrir.
Chaque soir dans tes chants tu te sentais pâlir.
Tu connaissais le monde, et la foule, et l'envie,
Et, dans ce corps brisé concentrant ton génie,
Tu regardais aussi la Malibran mourir.

Alfred de Musset, "A la Malibran"
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Constamment présent sur le terrain, toujours disponible pour ses sujets et impatient, surtout, de faire ses preuves en matière administrative, comme il l'a fait dans le domaine militaire avec les routiers, il va, en effet, modifier en profondeur la vie quotidienne de ce territoire et achever de l'ancrer dans la terre de France, comme en témoigne son sceau associant les lis et les dauphins. A peine installé il se comporte en souverain, faisant d'abord savoir à tout le pays que son chef est là, le visitant ensuite en détail, quels que soient l'éloignement et la difficulté d'accès des populations, recevant tout ceux qui viennent lui porter leurs doléances ou prodiguer leurs conseils - paysans, artisans, bourgeois, nobles et prêtres -, les écoutant attentivement et leur promettant de se consacrer exclusivement au bonheur de tous, ce à quoi il ne faillira jamais.
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Mais la forme, l'âme , la finesse de la Renaissance, c'est à la souveraineté de la femme que nous les devons. Elle est à la fois signée par l grâce de l'intelligence et l'intelligence de la grâce. A l'avant-garde, Christine de Pizan, fille d'un médecin et astrologue italien, entrée au service du Roi Charles V et première femme de lettres. C'est elle qui a ouvert la voie. Anne de Bretagne, qui possédait une galiote sur la Loire et une meute de vingt-quatre chiens, était surtout une lectrice d'élite. Elle se plongeait avec passion dans les ouvrages que son mari Charles VIII avait rapportés d'Italie. (...)
Que dire encore des trois dames du Clos-Lucé, ces égéries royales aux talents multiples : Anne de Bretagne, duchesse en sabots, Louise de Savoie, mère de François Ier, et Marguerite de Navarre, notre premier grand écrivain français.

Avant-propos
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François 1er répondant aux admonestations de sa mère pour sa relation avec la comtesse de Chateaubriand :
"ma mère, j'ai conviction que vos intentions sont les meilleures du monde quand vous portez de mauvais jugements sur certains de mes actes, mais je répondrai qu'un roi, fut-il, comme vous le dites, promis à un destin supérieur, est aussi un homme. Comme tel, il lui appartient de se délasser des affaires de l'état en sacrifiant, quand il le peut, à son bon plaisir...."
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il (François 1er) éclata en sanglots et prononça la plus belle des oraisons funèbres : "pour chacun de nous, la mort de cet homme est un deuil car il est impossible que la vie en produise un semblable".
(en parlant de léonard de VINCI).
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