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Citations de Henri Michaux (1637)


EMPORTEZ-MOI

Emportez-moi dans une caravelle,
Dans une vieille et douce caravelle,
Dans l'étrave, où si l'on veut, dans l'écume,
Et perdez-moi, au loin, au loin.

Dans l'attelage d'un autre âge.
Dans le velours trompeur de la neige.
Dans l'haleine de quelques chiens réunis.
Dans le troupe exténuée des feuilles mortes.

Emportez-moi sans me briser, dans les baisers,
Dans les poitrines qui se soulèvent et respirent,
Sur les tapis des paumes et leur sourire,
Dans les corridors des os longs, et des articulations.

Emportez-moi, ou plutôt enfouissez-moi.
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PENSÉES

Penser, vivre, mer peu distincte;
Moi - ça - tremble,
Infini incessamment qui tressaille.

Ombres de mondes infimes,
ombres d'ombres,
cendres d'ailes.

Pensées à la nage merveilleuse,
qui glissez en nous, entre nous, loin de nous,
loin de nous éclairer, loin de rien pénétrer;

étrangères en nos maisons,
toujours à colporter,
poussières pour nous distraire et nous éparpiller
la vie.


(extrait de "Poèmes") - p. 88
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Souvent il arrive que je me jette en avant comme la mer sur la plage. Mais je ne sais encore que faire. Je me jette en avant, je reviens en arrière, je me jette à nouveau en avant.
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Si un contemplatif se jette à l'eau, il n'essaiera pas de nager, mais de comprendre l'eau et il se noiera.
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Henri Michaux
Je ne sais pas faire de poème, ne me considère pas comme un poète, ne trouve pas particulièrement de la poésie dans mes poèmes et ne suis pas le premier à le dire. La poésie, qu'elle soit transport, invention ou musique, est toujours un impondérable qui peut se trouver dans n'importe quel genre, soudain élargissement du monde. Sa densité peut être bien plus forte dans un tableau, une photographie, une cabane. Ce qui irrite et gêne dans les poèmes, c'est le narcissisme, le quiétisme (deux culs-de-sac) et l'attendrissement assommant sur ses propres sentiments. Or, la poésie est un cadeau de la nature, une grâce, pas un travail. La seule ambition de faire un poème suffit à le tuer.
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Le vide

Il y souffle un vent terrible.
Ce n'est qu'un petit trou dans ma poitrine,
Mais il y souffle un vent terrible.
Dans le trou il y a haine (toujours), effroi aussi et impuissance,
Il y a impuissance et le vent est dense,
Fort comme les tourbillons,
Casserait une aiguille d'acier,
Et ce n'est qu'un vent, un vide.
S'il disparaît un instant, je me cache, je m'affole.
Qu'est-ce que le Christ aurait dit s'il fait été fait ainsi?
Les frissons ont en moi du froid, toujours prêt.
Mon vide est un grand mangeur, grand annihileur.
Il est ouate et silence,
Un silence d'étoiles.

Et quoique ce trou soit profond, il n'a aucune forme...
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Depuis toujours, je compte sur mes nuits pour éclairer mes jours... notablement.
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Il s'est oublié dans une fourmi. Il s'est oublié dans une feuille. Il s'est oublié dans l’ensevelissement de l'enfance.
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Non, non, pas acquérir. Voyager pour t’appauvrir. Voilà ce dont tu as besoin.
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VIII

Sur la toile blanche du Monde,
il va faire quelque chose.
il est décidé.

Pour le moment,

il marche,

quoique indubitablement oiseau et fait pour voler
Mais le vol n’est pas à l’horizon,

pas pour lui.
Sur sa droite,

en l’air,

un insecte à deux paires d’ailes

l’asticote d’idées d’ascension.
Vraiment ?

Est-ce qu’une petite sauterelle,

ses leçons de vol pourraient profiter à une outarde ?
Non.
Aussi ne tourne-t-on pas la tête.
On va plutôt prendre conseil d’un arbre

(plus réaliste un arbre, plus à l’essentiel,

à tenir d’abord,

à s’enraciner) d’un arbre, pour qui,

sucer la terre et le dur gravier,

c’est déjà la vie en rose.


LECTURE PAR HENRI MICHAUX DE HUIT LITHOGRAPHIES DE ZAO WOU-KI
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Henri Michaux
Une fois de plus, venez
venez, mots misérables
pour exprimer plus misérable encore
pour exprimer le tombé, le dévasté, le méconnaissable
le trois fois plus redoutable qui dans l'ombre se prépare
Pour exprimer les monts de honte subitement surgis
barrant les horizons
la cage partout, pour exprimer Judas,
pour exprimer Judas multiplié, Judas tient compagnie
les deniers n'ont pas longtemps à courir après les judas
Pour exprimer les feuilles tombent
les fronts craquent
les gares s'éteignent,
les chemins tarissent
l'hiver à coups de lanière frappe le grand troupeau
Pour exprimer bras, estomacs, jugements dans l'étau
et millions par millions d'hommes entiers dans l'étau
et millions et millions rongés dans la plaie
de la plaie, de la plaie de la chute
ou cloués, silencieux, contemplant les reins cassés de leur avenir
Contemplant surtout la Statue haute, qui, à la défaite des siens
sur son socle s'est effondrée
ses débris font mal. Ses débris torturent. On est poursuivi de ses débris.
La nuit vient. Les échos s'éloignent. Le froid grandit.
Un grand corps à griffes, de tout son pesant, sur soi est
étendu.
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On ne voit pas les virgules entre les maisons, ce qui en rend la lecture si difficile et les rues si lassantes à parcourir.

FACE AUX VERROUS ( 1954 ) - Tranches de savoir
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Je suis habité : je parle à qui-je-fus et qui-je-fus me parlent. Parfois, j'éprouve une gêne comme si j'étais étranger. Ils font à présent toute une société et il vient de m'arriver que je ne m'entends plus moi-même.
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La cathédrale gothique est construite de telle façon que celui qui y entre est atterré de faiblesse. (...)
Les religions hindoues au contraire ne dégagent pas la faiblesse de l'homme, mais sa force. (...)
L'intérieur des temples (même les plus grands extérieurement) est petit, petit, pour qu'on y sente sa force. (p.31)
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Si tu traces une route, attention, tu auras du mal à revenir à l’étendue.
*
Il faut un obstacle nouveau pour un savoir nouveau. Veille périodiquement à te susciter des obstacles, obstacles pour lesquels tu vas devoir trouver une parade… et une nouvelle intelligence.
*
L’homme qui sait se reposer, le cou sur une ficelle tendue, n’aura que faire des enseignements d’un philosophe qui a besoin d’un lit.
*
La pensée avant d’être œuvre est trajet.
*
N’aie pas honte de devoir passer par des lieux fâcheux, indignes, apparemment pas faits pour toi. Celui qui pour garder sa « noblesse » les évitera, son savoir aura toujours l’air d’être resté à mi-distance.
*
Dans une époque d’agités, garde ton « andante ». En toi-même redis-toi toujours : « Davantage, davantage d’andante », tâchant de t’amener où il faut que tu arrives. Sinon, précipité, tout devient superficiel. Les indignés du moment n’y échappent guère, pressés comme ils sont, afin de n’être jamais en retard d’une indignation. Leurs voix aussi ont trop d’aigu.
*
Communiquer ? Toi aussi tu voudrais communiquer ? Communiquer quoi ? tes remblais ? – la même erreur toujours. Vos remblais les uns les autres ?
Tu n’es pas encore assez intime avec toi, malheureux, pour avoir à communiquer.
*
Si tu arrives à dormir, c’est que le spectacle, la présence du réel tu en as assez, tu n’en peux plus.
[...] En effet le lendemain tu te réveilles avec à peu près les mêmes sottises que la veille, quand pourtant tu n’en pouvais plus de tenir ensemble les pièces, structures ou débris, toutes ces illusions en forme de réalité, que tu reprends maintenant grosso modo et pas fâché de les retrouver pour faire face à ce qui va se présenter.
Mais ne serait-ce pas que chaque soir tu voudrais plutôt seulement t’éloigner, t’éloigner en voguant de l’insatisfaisant monotone qui persiste à se présenter ? Ce serait là ton désir.
*
« Cinq notes suffisent, est-il dit d’une musique, pour détacher l’âme du corps. » Un sage arabe parlait ainsi d’une mélodie, primitive assurément, peut-être d’une flûte de berger entendue dans la campagne.
*
Les oiseaux, eux, la plupart, utilisent leur pouvoir de sonorisation avec sobriété, bref appel ou courte délivrance, pour la fuite à quoi ils restent tout prêts. Signaux sans insister, décochés dans la savane ou la clairière. Signaux pour une petite place dans le ciel.
Les rapaces généralement ne s’attardent pas à la musique.
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Que d’océans de lumière tremblent inaperçus de par le monde.
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Paris , le 5.6.77

(...)
La distance est nécessaire à mes écrits. C'est une illusion que de vouloir les rendre publics et en public. Ils y perdent leur retenue. C'est perdre leur nature.
Sans transgression, on ne peut aller à un certain public. Et je n'ai nulle , nulle envie de plus de public. Et si jamais j'en avais , ce ne serait que de lecteurs et non de spectateurs. Je n'en dis pas plus. (p. 136)
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Je mets une pomme sur ma table. Puis je me mets dans cette pomme. Quelle tranquillité ! Ça a l’air simple. Pourtant il y a vingt ans que j’essayais ; et je n’eusse pas réussi, voulant commencer par là. Pourquoi pas ? Je me serais cru humilié peut-être, vu sa petite taille et sa vie opaque et lente.



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Poteaux d'angle.

Pour se délivrer d'incertitude, ils défilent, pensant qu'ils déferlent, coeurs d'enfants dans un corps de foule.
Et toi ?
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MAIS TOI, QUAND VIENDRAS-TU?

Mais Toi, quand viendras-tu?
Un jour, étendant Ta main
sur le quartier où j'habite,
au moment mûr où je désespère vraiment;
dans une seconde de tonnerre,
m'arrachant avec terreur et souveraineté
de mon corps et du corps croûteux
de mes pensées-images, ridicule univers;
lâchant en moi ton épouvantable sonde,
l'effroyable fraiseuse de Ta présence,
élevant en un instant sur ma diarrhée
Ta droite et insurmontable cathédrale;
me projetant non comme homme
mais comme obus dans la voie verticale,
TU VIENDRAS.

Tu viendras, si tu existes,
appâté par mon gâchis,
mon odieuse autonomie;
sortant de l'Ether, de n'importe où, de dessous
mon moi bouleversé, peut-être;
jetant mon allumette dans Ta démesure,
et adieu, Michaux.

Ou bien, quoi?
Jamais? Non?
Dis, Gros lot, où veux-tu donc tomber?
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