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Critiques de Herbjørg Wassmo (461)
Ces instants-là

« Ces instants-là », le dernier roman d'Herbjorg Wassmo, porte bien son titre. Par touches successives, la romancière norvégienne réussit une oeuvre impressionniste dont le motif est une vie de femme, sur fond de Grand Nord, avec ses lumières blanches, ses nuits sans fin, ses printemps pluvieux, la neige et le froid.


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Un verre de lait, s'il vous plaît

Il faut lire ce livre, absolument, car il raconte, sans pathos inutile, sans manichéisme outrancier, la réalité de l'exploitation sexuelle des femmes des pays de l'Est en Suède et en Norvège.



L'héroïne est particulièrement attachante.
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Ces instants-là

"Ces instants-là" sont ceux d’une vie.



Une vie dévoilée petit à petit, image par image, par petites touches à travers des phrases tronquées.



Un ton rugueux, âpre, façonné par un environnement géographique proche du Grand Nord, où rien n'est facile.



La femme a vécu dans une île au Nord de la Norvège.



On ne connaît pas son nom, on sait d'elle qu'elle est petite, que jusqu'à son mariage, elle avait une longue natte.



Derrière ce "Elle" qui résonne à chaque page, c'est probablement l'auteur qui tisse sa propre histoire.





De l'adolescence à l'âge adulte, on prend connaissance de morceaux de vie.

Un père qu'elle méprise, pour qui elle n'éprouve que du dégoût, une petite soeur qu'elle adore, une mère énigmatique.





Mère adolescente, entre rêves et épisodes épileptiques, cette femme va conquérir son autonomie et sa liberté grâce à l'écriture .



"En écrivant, elle cherche à explorer ce qu'elle ne comprend pas dans la vie; dans la vie , elle se laisse décontenancer et oublie toute référence à la réalité".





Elle fait preuve d'une singulière capacité à tomber sur des hommes minables, très souvent autiste sans parvenir à intégrer les signaux du monde extérieur.



"Qui diable est-elle donc, qui ne peut s'abandonner, simplement être libre?"



Ses chemins de traverse, "cette honte de ne pas être. De ne pas être vraiment.Elle ne fonctionne pas. Pas toute seule. N'a aucun contrôle. Elle est l'étrangère.Invisible."





On perçoit le non-dit car ...laisse entrevoir... comment une vie peut en garder des séquelles...?



L'acquisition de la liberté, la décision de n'appartenir qu'à elle-même!



Mais à quel prix?

Il y a des sacrifices et des dommages collatéraux.



Un récit intime, poignant et lumineux, la destinée d'une femme forte à l'apparence si fragile mais qui se surpasse dans l'écriture.





Un roman brut mais plein de délicatesse.



Une écriture abrupte.



Mais que d'émotions, de sentiments!





Un livre lu dans le cadre des Matchs de la rentrée littéraire 2014
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Ces instants-là

Avec Ces instants-là, deux choses sautent aux yeux:

-on a droit à une écriture vive rendue par le style de l’auteure: très souvent, on nous présente une phrase typique (avec sujet, verbe, complément, point) relativement courte et qui aurait pu être longue si elles n’avaient eu pour séparation un point plutôt qu’une virgule, commençant la phrase suivante par le verbe alors que le sujet est dans une des phrases précédentes. Dans un premier temps, j’ai trouvé ça très déstabilisant mais étonnamment, ça donnait un rythme rapide et malgré tout agréable.

-aucun des personnages dans ce livre, si ce n’est des célébrités, ne porte de noms. L’héroïne, c’est Elle, son fils est Le garçon, etc… J’ai trouvé cela très original mais aussi particulièrement déroutant au début mais on s’y fait très bien. Le seul souci, c’est qu’au bout d’un moment, elle rencontre d’autres personnes, notamment des hommes et n’ayant pas de noms, j’ai fini par me mélanger les pinceaux entre le père du garçon, le copain qu’elle a eu avant ou après, on ne sait pas trop, son mari, etc… Ça finit par devenir très confus au bout d’un moment et moi qui adore les détails, c’était plutôt perturbant et m’a déplu au bout d’un moment.



J’ai adoré la première moitié. J’ai beaucoup aimé le personnage principal, on avait un bon équilibre entre les événements qui la frappaient, ses sentiments, ses pensées, son imagination. J’ai trouvé cette partie vraiment dépaysante que ce soit de par le pays, le climat ou par l’époque, j’ai vraiment été transportée.

Le troisième quart a commencé à décliner: on se concentre beaucoup plus sur Elle qui est devenue plus ennuyeuse, elle a continué d’avancer mais son imagination ou sa folie, on ne sait pas trop, a pris doucement le dessus et j’ai trouvé cette partie plus confuse et moins intéressante.

Quant au dernier quart, j’ai détesté. Ça a été un calvaire pour le terminer. Cette partie est entièrement tournée vers elle et j’ai trouvé ça plus superficiel, elle stagne et ça tourne en rond au final, c’est dommage. Quelques passages m’ont vraiment plu notamment un paragraphe sur l’écriture mais c’est tout et pas assez. Ça m’a un peu gâché le plaisir des premières pages.



Donc une lecture assez mitigée en conclusion avec un excellent début, un milieu moyen et une fin pénible.
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L'héritage de Karna

Une petite fille singulière qui lit et relie l'histoire de sa famille au travers de ses yeux vairons : de sa grand-mère femme libérée pour l'époque à son père médecin de campagne dont le coeur hésite entre deux femmes.

J'ai découvert avec plaisir cet auteur et ce roman. Il ne me reste plus qu'à lire les 2 premiers tomes!
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Le Livre de Dina, tome 2 : Les Vivants aussi

Encore une superbe histoire de Dina, un peu plus vieille que dans le premier tome, mais toujours aussi fascinante, imprévisible et sauvage. J'adore toujours autant ! Je crois que ça restera ma saga préféré jusqu'à nouvel ordre. J'ai bien sûr encore mis une tonne d'extraits ! Vous verriez mon livre, à chaque fois il se retrouve avec plein de bouts de papier pour chaque citation que j'aime.
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Le Livre de Dina, tome 3 : Mon bien aimé est ..

(Tome 3 de la trilogie Le livre de Dina) Véritable saga nordique: La destinée d'un personnage charismatique et profond, Dina. Portrait de cette femme et de ses différentes facettes tout au long de sa vie : la fillette, la jeune fille, la femme d'affaire, la mère et la maitresse. ôde à la femme sauvage Récit très romanesque propice à l'évasion --> contexte grandiose ( Fjords... nuits polaires...)
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Le livre de Dina, tome 1 : Les Limons vides

(Tome 1 de la trilogie : La le livre de Dina) Véritable saga nordique: La destinée d'un personnage charismatique et profond, Dina. Portrait de cette femme et de ses différentes facettes tout au long de sa vie : la fillette, la jeune fille, la femme d'affaire, la mère et la maitresse. ôde à la femme sauvage Récit très romanesque propice à l'évasion --> contexte grandiose ( Fjords... nuits polaires...)
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Cent ans

Un très beau roman sur 4 générations de femmes en Norvège du Nord.



De celle qui fonde la famille à celle qui est obligée de déménager à la capitale car son mari est malade - rencontrant ainsi le racisme anti-habitants du Nord - sans oublier celle qui s'enfuit avec son futur mari.



A ce propos, j'ai appris qu'Oslo ne s'est pas toujours appelée Oslo, mais Christiana au moment de la narration.



Leurs vies de femmes, leurs amours, leurs enfants, leurs tracas mais aussi leurs joies. Leurs destins, quoi.



Que dire de plus sur ce très beau roman ? Rien, si ce n'est lisez-le.



L'image que je retiendrai :



Celle de l'omniprésence de la mer et de la neige.
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Cent ans

Partant du postulat que si les traits physiques peuvent se reproduire indéfiniment au sein d’une même famille, peut-être en est-il de même pour les idées, ces erreurs que l’on répète au fil des générations sans en tirer de leçons.



La petite Herbjorg tient un journal, cinq petits carnets, dans lequel elle y consigne son quotidien, ses pensées, l’histoire de sa famille, surtout celles des femmes en remontant jusqu’à son arrière-grand-mère. Elle tente de comprendre leurs choix pour trouver une explication à sa condition, celle d’une enfant qui passe son temps à « lui » échapper. « Lui » qui leur pourrit l’existence et les oblige à vivre en apnée. Elle retrace leur épopée de 1848 à 1985 en donnant force détails sur les rudes conditions de vie dans ce nord norvégien, terre arride, inhospitalière, chiche, soumise aux intempéries, n’excusant pas la faiblesse d’un homme dépourvu des qualités nécessaires pour la survie. Outre les détails sur ces destins blessés, ces vies qui auraient pu être autre si choisir représentait une alternative pour un avenir meilleur, du moins s’il pouvait se rapprocher de leurs désirs, l’auteure dresse un portrait de ce pays: l’antagonisme qui règne entre les gens du sud et du nord saupoudré d’une xénophobie exacerbée, les conséquences de l’invasion allemande, les luttes syndicales, les progrés techniques et industriels……… Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce livre un ovni littéraire mais il y manque cette petite flamme, cette étincelle qui vous chamboule à la fin. Ce livre-bilan est pourvu de toutes les qualités romanesques mais je n’en suis pas sortie bouleversée. Très bien écrit mais pas de poésie.



Dans le même genre, j’ai nettement préféré LA PLACE d’ Annie Ernaux qui retrace avec une infinie tendresse l’histoire de ses parents, petits commerçants, et sa propre ascension sociale, celle d’une future agrégée de lettres modernes. Ou COMPARTIMENT POUR DAMES de Anita Nair qui réunit cinq inconnues qui partageront pendant un voyage leurs points de vue sur leur vie, la société, l’héritage culturel, la terrible condition des femmes en Inde et le peu de choix à disposition pour s’en sortir. LE CHAGRIN de Lionel Duroy surfe aussi sur cette vague et à l’instar de Herbjorg Wassmo, il tente désespérément de comprendre pourquoi il continue à être prisonnier de l’histoire de ses parents. Quand le passé affecte tellement le présent, l’avenir ne s’entrevoit pas, il se subit.



Malgré cette petite déception, CENT ANS est agréable à lire, sans plus. Un bon divertissement.
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Cent ans

[...]je savais qu’il fallait de la concentration et un moment d’intense bonne humeur pour apprécier la prose si particulière de l’auteur norvégienne. Mais dès la première page, bien sûr, la magie a fonctionné de nouveau. Je me suis immédiatement sentie emportée par ces vies de femmes sur quatre générations,[...]
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Le Livre de Dina

Dina est un livre comme je les aime : un livre qui vous emporte, un livre que l’on empoigne, un livre qui vous attrape, et ne vous lâche qu’à la dernière ligne.

Dina est une histoire comme je les aime : des personnages, une belle portion d’anticonformisme, un peu dépaysement, une once d’étrange, quelques notes de musique, le tout littérairement bien arrangé, un petit « je ne sais quoi » qui vous entraine inexorablement page après page sans temps mort, et sas lassitude.

Sans rien dévoiler de ce que fut la vie de Dina, j’ai aimé cette atmosphère un peu surannée, cette ambiance désuète, ce climat rempli de référence bibliques, dans une Norvège pétrie par la religion Luthérienne. Et pourtant, on ne peut pas dire que Dina soit la rigueur morale. Elle rebelle sauvageonne, forte comme personne ne l’est autour d’elle, redoutablement intelligente. Dina veut vivre Sa vie, et se donne les moyens de la vivre, assume pleinement ce qu’il y a de viril, et bestial en elle.

« L’jour où Dina fera sa demande, celui auquel elle s’adressera aura pas besoin d’poser de questions ! Il aura qu’à répondre ! »



Dina a à bien des égards, un côté aussi attachant que repoussant. Comment ne pas être attendrie par cette musicienne dans l’âme.

« Savoir jouer les notes ne veut pas dire qu’on a le pouvoir d’émouvoir. La musique a une âme, comme les gens. Il faut aussi la faire entendre… »

Quand Dina joue du violoncelle, c’est son corps entier qui s’empare de son instrument. J’imaginais parfaitement Dina et le violoncelle ne faisant plus qu’un.

L’étrange dans ce livre représente une part non négligeable. Dina, est entourée des fantômes de son existence qui ne la laissent jamais tranquille bien longtemps.

« Le chagrin c’est toutes les images qu’on ne peut pas voir, mais qu’il faut porter quand même. »

J’ai aimé l’importance que l’auteur accorde à son environnement naturel, en insistant sur l’extrême solitude des régions septentrionales, et de la nécessaire adaptation à la nature des habitants.






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Le Livre de Dina, tome 3 : Mon bien aimé est ..

L'illustration choisie "Idle moments (détail) de Georgina Iserbyt (*) correspond parfaitement à l'image que l'on se fait de Dina. Inquiétante, effrayante, lointaine, femme indépendante assumant sa part de virilité, déesse et diablesse, extrême lucidité la plaçant au-dessus de tous, rage contre elle-même et contre les autres, carapace ou folie? Le premier tome (billet du 24 janvier 2008) avait suscité mon enthousiasme, les deux suivants ne l'ont pas diminué. Le tout forme une épopée romantique où chaque personnage prend vie et devient familier au point de se fondre en nous. Je me suis laissée prendre à ce jeu de l'ailleurs, à ces êtres entiers, bons et laids, taciturnes et pudiques, allant jusqu'à l'extrême. J'ai palpité comme lorsqu'adolescente, je lisais "Wuthering Heights" ou "Les gens de Mogador" et ne pouvais me détacher de leur histoire pleine de souffrances, d'élans, d'émois, d'injustices, de pardons, de non-dits... J'ai pénétré un monde du nord que je ne connaissais pas, à travers un fragment de son Histoire et de son histoire sociale. Je me suis précipitée sur une carte de Norvège pour situer les lieux et voir de mes propres yeux qu'ils existaient. J'ai découvert des us et coutumes, des atmosphères lourdes d'isolement, de repli sur soi interrompu par l'arrivée d'un bâteau et de "l'étranger". Bref, je me suis laissée piéger (et sans effort) par le tragique romantique nordique d'un XIXe siècle qui nous parle encore. Cette après-midi, je me précipite et achète la suite, "Fils de la Providence " et "L'Héritage de Karna"...



* Artiste belge, née à Bruxelles en 1915. Peintre figuratif et au symbolisme personnel. Son oeuvre se compose de figures, de nus, de paysages et de portraits.



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Cent ans

C'est le premier roman de cette autrice que je lis et, pour en avoir beaucoup entendu parler, je m'attendais à une lecture beaucoup plus fluide qu'elle ne le fut. Cette idée d'aborder une saga familiale par l'angle de la vie des femmes me paraît très intéressante et les les personnages sont riches et attachants. Mais quel est ce procédé qui consiste à perdre la lecteur en ne respectant aucune chronologie d'un chapitre à l'autre et parfois même en ne précisant pas tout de suite de qui on va suivre les péripéties. Peut-être, comme certaines critiques le laissent entendre, ce roman parle-t'il en filigrane et sans jamais la nommer d'une autre histoire, celle subie par l'autrice elle-même. Si tel est le cas il n'est pas surprenant que la fluidité n'ait pas été au rendez-vous car un texte sous-jacent se cache sous cette saga familiale.
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La Véranda aveugle

Dans les années 1950 Tora grandit dans une petite île située au nord de la Norvège. La prospérité n'est pas encore passée par là, la vie est rude, la famille pauvre qui vit bien souvent des seuls revenus de la mère, Ingrid, employée à la conserverie de poisson locale. Le beau-père, Henrik, est un invalide de guerre et un alcoolique, incapable de garder longtemps un travail. Surtout il est le péril, celui qui viole Tora quand Ingrid travaille de nuit. Herbjørg Wassmo dit très bien et sans voyeurisme l'horreur et les sentiments de l'enfant : la honte, le dégoût, la façon dont elle dissocie corps et esprit lors des agressions.



"- Tora... appela-t-il d'une voix incertaine et hésitante.



Elle ne répondit pas. Il n'y avait plus personne au monde à s'appeler Tora. Elle s'était envolée dans le néant. Il n'y avait plus qu'un grand silence. (...)



Lorsqu'il la quitta, les vêtements en désordre, il n'avait toujours pas de visage. Seul un ricanement figé vint traverser l'air entre lui et le ballot qui était sur le lit."



Comme son personnage, l'autrice est une victime de l'inceste. Autre point commun : Tora, comme l'autrice, est une "fille de Boche", née des amours de sa mère avec un soldat allemand pendant l'occupation. Ingrid a été tondue à la libération et certains camarades de classe se moquent de Tora à cause de son origine.



Malgré toute cette noirceur Tora peut aussi s'appuyer sur quelques femmes positives. Il y a la tante Rakel, forte et dynamique; Gunn, la gentille institutrice, et Randi, la mère de Frits, un jeune sourd-muet et un des seuls amis de Tora. Tora se protège aussi en se réfugiant dans le rêve. Elle s'invente des histoire où un père revient d'un pays lointain pour chercher sa fille, où elle voyage jusqu'à Berlin pour faire connaissance avec sa grand-mère. La lecture de Bonjour tristesse, offert par Randi, est une révélation : dès lors qu'il s'agit de décrire la réalité il n'y a pas nécessité d'avoir des personnages gentils dans un livre. "A partir du moment où l'on écrivait des livres sur des gens qui vivaient réellement, il fallait précisément que ce fût comme ça : laid !" J'ai trouvé très bien vue cette découverte de la littérature et de son pouvoir.



J'ai trouvé ce roman excellent, excellemment écrit. Je découvre qu'il s'agit du premier tome d'une trilogie. Je commande aussitôt les deux autres.
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L'Héritage de Karna, tome 3 : Les femmes si b..

"L'héritage de Karna", divisé en trois livres, s'inscrit dans la vaste saga familiale des Gronelv, propriétaires du comptoir maritime de Reinsnes dans le Nordland norvégien, et dont le récit débute avec " Le livre de Dina", composé lui-même de cinq parties. C'est dire si Herbjorg Wassmo est une auteure prolifique, mais pas seulement, car sa narration est précise, méticuleuse, alliant la poésie et la dureté, et n'est jamais redondante. Une écriture puissante qui relate les soubresauts de l'intime, qui parle de culpabilité ou de l'idée qu'on peut s'en faire, de la coexistence du Bien et du Mal, mais aussi de l'emprise des paysages sur ceux qui les côtoient, de l'importance des sons et de la musique; celle-ci est omniprésente tout au long du roman et elle est notamment symbolisée par l'existence d'un violoncelle et, plus tard, d'un piano à queue, auprès des " femmes si belles" que sont Dina, Anna et Karna Gronelv.

En insérant peu à peu dans les faits relatés des indications en apparence mineures, des suppositions, des sous-entendus, l'auteure dresse magistralement le portrait d'êtres complexes, touchants dans leurs contradictions, en même temps qu'elle évoque un monde en mouvement, celui de la fin du XIXème siècle en Europe du Nord.

Plus précisément, ce volet du roman raconte l'enfance et l'adolescence de Karna, née à Copenhague lorsque son père, Benjamin Gronelv, y faisait des études de médecine, à l'issue desquelles, en 1872, il rentre en Norvège dans sa région d'origine du Nordland. le récit s'achève en juin 1890; Karna a 16 ans et s'apprête à partir avec son ami à Bergen pour y faire des études. Entre ces deux époques, le lecteur découvre une fillette, puis une adolescente, attachante, observatrice scrupuleuse de ce qui l'entoure.

Mais, en ce jour de fête familiale prévue le jour de la Saint-Jean à Reinsnes pour redonner vie à ce domaine vidé de ses habitants depuis longtemps, rien ne se passe comme prévu. de révélations en révélations, la journée se termine par une tragédie qui provoque la destruction accidentelle du domaine et deux décès, dont celui de la maîtresse des lieux, la fascinante Dina Gronelv. C'est alors Karna qui aura la charge, mais aussi la force, de lire, le jour des obsèques de sa grand-mère, la révélation finale de cette femme hors du commun. Un "héritage" lourd à porter pour une toute jeune fille que l'auteure introduit alors, non plus comme une simple observatrice, mais comme une actrice; elle annonce ainsi le dernier volume de cette intense fresque familiale, titré " le testament de Dina".

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Fils de la providence, tome 1

"Fils de la Providence" s'inscrit dans la vaste saga familiale du "Livre de Dina". Ce volet, consacré à Benjamin, le fils de Dina, est lui-même composé de deux tomes, le tout constituant un foisonnement de personnages et de lieux qui confirme la prodigieuse aptitude de Herbjorg Wassmo à la narration.

Le prologue de ce 1er tome s'ouvre sur deux récits, le premier évoque l'image d'un petit garçon de 11ans qui assiste impuissant à la mort non accidentelle de Leo zjukovskij, l'amant russe de sa mère. La scène se passe dans le domaine familial de Reinsnes au Nord de la Norvège, et il va profondément affecter l'enfant.

Le 2ème récit, raconté quelques années plus tard par Benjamin lui-même, enjambe les distances et propulse le lecteur à Berlin où, à la demande de sa mère, il est à la recherche d'un violoncelle qu'elle avait laissé là, avant de repartir ailleurs.

Entre ces deux moments, le roman évoque l'enfance et l'adolescence solitaires de Benjamin sur les terres septentrionales de la Norvège, une période marquée par le poids d'un secret et par l'abandon de sa mère partie à l'étranger après avoir confié son enfant et la marche du comptoir maritime à Anders, son second mari; C'est une "grande dame" qui s'en va en emportant avec elle son violoncelle et le livre de sa mère, disparue alors qu'elle n'avait que 5 ans. Le lecteur mesure à nouveau l'ambivalence de cette femme capable d'abandon mais aussi de fidélité et de mémoire.

Malgré la sollicitude de son beau-père, ce sont des années de mal-être qui attendent Benjamin; mais ce sont aussi des années de formations intellectuelles solides. A l'issue de brillantes études secondaires, le jeune homme semble avoir trouvé sa voie en prenant alors un chemin qui va l'emmener loin de Reinsnes.
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Le Livre de Dina



Herbjorg Wassmo est une autrice norvégienne reconnue et récompensée par de nombreux prix.



Elle excelle dans les sagas familiales. « Le livre de Dina » est la première partie de la trilogie « le cycle de Dina ».



Dina n’est encore qu’une petite fille curieuse quand, intriguée par la lessiveuse remplie d’eau bouillante, elle en actionne la manivelle de vidange, déversant ainsi accidentellement sur sa mère Herjtrud des litres du liquide bouillant.



En quelques secondes, Dina est devenue la « meurtrière » de sa mère qui a agonisé pendant de longues heures des suites de ses brûlures.



Son père, qui a de hautes fonctions dans le village puisque commissaire, éprouve un profond ressentiment vis-à-vis de sa fille unique et s’en désintéresse totalement.



Dina, livrée à elle-même, grandira loin de toute tendresse, passant son temps à grimper dans les arbres ou à chevaucher.



Certains villageois la trouvent bizarre, d’autres en ont peur.



A l’âge de 16 ans, son père la marie avec son meilleur ami Jacob, veuf et âgé de 30 ans de plus qu’elle.



Dina devient alors maîtresse du Domaine de Reinsnes, comptoir réputé qui vit du commerce maritime.



Mais la jeune femme entend bien mener sa vie de façon indépendante et ne pas se laisser enfermer dans les conventions sociales que l’on voudrait lui imposer.



Dès les premières pages, j’ai adhéré à l’histoire de la petite Dina, hantée par son acte et le fantôme de sa mère. Suivre son parcours de femme a été passionnant.



Herbjorg Wassmo dresse un portrait de femme hors du commun avec ses forces, ses faiblesses, ses outrances parfois tout en nous racontant la vie au nord de la Norvège au XIXème siècle.



Un grand roman à découvrir.

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Ces instants-là

Ces instants-là ou le portrait d’une femme défendant sans cesse ses droits et l’égalité hommes-femmes.

Personne n’est nommé dans Ces instants -là

Phrases courtes. Coupées. Les points semblent être la règle. Rythment le roman telle une musique. Trouble. Inhabituel. Peu importe. Continuer quand même.

Un bon souvenir lecture.
Lien : https://eleonoreb.wordpress...
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La Véranda aveugle

J’ai lu la Véranda aveugle à la suite du livre de Dina, de la même auteure.

Cette fois-ci on y suit Tora, mais on y retrouve les éléments saillants qui imprégnaient l’univers de Dina :

- la Norvège et le froid, bien sûr (même si ce n’est pas exactement la même époque, puisque le roman commence dans l’après-guerre ; et ce n’est pas non plus exactement le même décors : ce n’est plus l’isolement de Dina au-delà de Tromso et du cercle polaire, jusqu'aux îles Lofoten, mais les replis d’un triste et pauvre village de pêcheurs, avec ses non-dits, ses rumeurs, ses solidarités et ses haines cachées)

- les conditions innommables de la naissance (Tora est une  « bâtarde », née de la relation honteuse entre sa mère et un officier allemand pendant l’occupation. Elle est marquée au fer rouge par la rumeur, les ragots, et vit le regard suspicieux des villageois dans sa chair.)

- des hommes faibles, qui doivent faire face à des femmes puissantes (comme le beau-père de Torah, qui a des pulsions incestueuses et peine à les réfréner)

- la beauté de la plume de Wassmo, capable de décrire toute cette violence, mais d’une manière si fine, si dentelée, que c’est en définitive surtout d’humanité qu’il s’agit.

 

J’avais déjà beaucoup aimé Le Livre de Dina, mais je trouve qu’ici il y a quelque chose de presque plus fort : Wassmo n’a plus besoin du côté pittoresque (même si hostile, terrible) de la région isolée dans laquelle se déroulait Le Livre de Dina : elle déploie la même terrible faculté de percevoir des êtres souffrants sans le « folklore » de la grande nature révoltée (je précise malgré tout que Le Livre de Dina est à mes yeux un très grand livre !)
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