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Critiques de Hermann Hesse (809)
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Le Loup des steppes

Challenge Nobel 2013-2014

3/15



Harry Haller va mal. L'impression de n'être à sa place nulle part, et surtout pas dans cette époque superficielle. S'il avait le courage de glisser le rasoir sur sa jugulaire... Sa rencontre avec la mystérieuse Hermine va tout remettre en cause.

Portrait d'une époque, qui annonce bien des malheurs dans l'insouciance générale, qu'est Le loup des steppes ? Un homme ? Une hallucination ? Un songe de drogué ? Une affabulation ? Au fond peu importe.

Cet homme de 50 ans va enfin se prendre en main, prendre en main sa vie. Surmonter ses peurs, sa culpabilités, ses préjugés. Et c'est bien ce qui compte. Dans le théâtre qu'est la vie, il apprend son rôle, et apprend à l'apprécier, si ce n'est à l'aimer. A rejeter enfin son conformisme bourgeois, à paraître sans cesser d'être. A vivre avec toutes ses facettes réconciliées.
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Le Loup des steppes

"Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir" semble être la pensée obsédante de Harry Haller, la cinquantaine, peinant dans les escaliers et exaspéré de la compagnie de ses contemporains qu'ils soient futurs nazis va-t-en guerre, bourgeois placides, ou les deux. Mais son propos dépasse le cadre des années 20 et pourrait s'adresser tout aussi bien au lecteur atteint de "bourgeoisisme" d'aujourd'hui.

Le sujet du bourgeoisisme est d'ailleurs très détaillé dans le manuscrit, au coeur du livre, et touche souvent les sommets (de la philosophie) que j'ai parfois eu du mal à approcher. La lecture de cet essai-récit demande une certaine attention.





Tout d'abord une fausse préface sert d'introduction au propos. Le fils de la logeuse nous décrit ce personnage étrange qui habite une chambre de l'immeuble dans laquelle il trouve le manuscrit du "Loup des steppes". Cela constitue la seconde partie, très étoffée, et le coeur du récit (déjà dit).



Ensuite la fuite de Harry Haller vers l'abîme s'achève dans un endroit improbable pour lui, l'austère, un estaminet branché où il rencontre son alter ego féminin tout aussi désenchanté, mais autoritaire pour son bien.



La dernière partie est celle que je préfère. Elle touche le genre fantastique ou halluciné et se passe dans "le théâtre magique". La leçon donné au Loup des steppes, et ainsi au pessimisme ambiant, mobilise des génies de la littérature ou de la musique classique dont je tairais les noms (pour le suspense).



Alors ce personnage peut-il évoluer après cette fameuse nuit hypnotique?

Allez....un peu d'optimisme.
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Le Loup des steppes

Harry Haller un intellectuel, la cinquantaine, est désabusé par l’absurdité d’une société exploitée, enracinée dans la culture occidentale, une société à l’esprit bourgeois où l’Homme se laisse gouverner par des règles politiques et économiques qui endorment leur âme.

Harry décide donc de quitter ce conformisme, cette vie de bourgeois, tout à la fois attirante et méprisable.

Il erre dans les rues de Paris tel un « loup des steppes » habité par deux personnalités, mi-homme mi-loup, solitaire et sauvage.

L’homme révolté s’enivre, souffre et l’idée de suicide lui effleure l’esprit mais la peur de la mort le dissuade de passer à l’acte.

Un soir, il croise un individu portant une pancarte affichant « Boite de nuit anarchique, Théâtre magique, Tout le monde n’entre pas... ». Ce dernier lui offre une brochure intitulé «Le traité du loup des steppes ...seulement pour les fous ». Etrangement, le récit du fascicule reflète sa propre image, le personnage se nomme Harry et se compare à un loup des steppes en total contradiction avec lui-même. Intrigué l’homme part à la recherche de ce théâtre magique.

Un soir d’errance, Harry entre dans une auberge et rencontre Hermine une jeune prostituée. Il se confie et la jeune femme, à son écoute, semble le comprendre. Harry voit en elle son double féminin.

Hermine l’initiera aux plaisirs sensuels et spirituels, l’aidera à vivre avec ses contradictions et à réveiller les multiples âmes qui sommeillent en lui.

Le destin mènera Harry au théâtre magique aux effets hallucinatoires...!



Récit d’un chemin initiatique et spirituel, les réflexions philosophiques foisonnent mais l’essentiel de cette quête se concentre sur le « Moi », est-on habité par une multiplicité d’être ou n’avons-nous qu’une seule âme ?

Mon intérêt se porte sur la réflexion du narrateur : « on considère fou celui qui divise en morceaux l’unité apparente de sa personne... et que la science appelle schizophrénie ». La science a certainement raison, si un schizophrène n’arrive pas à organiser et dominer ses nombreux « Moi » cela entraîne des comportements incohérents et délirants. Harry Haller (pseudo d’ Hermann Hesse) explique que c’est une erreur de la science de croire que les nombreux « sous-Moi » ne peuvent être organisés et considère que la folie, dans un sens élevé, est le commencement de toute sagesse et la schizophrénie le commencement de tout art, de toute imagination... Difficile d’inculquer cette réflexion dans notre culture occidentale mais peut-être que cela vaut la peine d’y réfléchir !



[...] « On considère comme « normaux » et même comme très estimables au point de vue social bien des hommes irrémédiablement fous et, inversement, bien des génies sont considérés comme fous ».



Ce petit chef d’œuvre nous éclaire sur certains points de notre personnalité et nous incite à faire notre analyse intérieure.

Mais notre éducation, notre culture et notre société nous figent dans un système matérialiste. Il est vrai qu’un peu de folie comme le dépeint l’auteur pourrait modifier nos comportements, il faudrait trouver parfois le courage de s’évader de cette vie domestique... et se laisser emporter par la douce folie d’Hermann Hesse !

« Personne ne le commandait, il n’avait à se soumettre à personne, il disposait librement de lui ».

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Le Loup des steppes

Qui es-tu Harry Haller : humain ou animal, Harry ou Loup des steppes ? Harry ou Hermann ? Récit fictionnel ou récit autobiographique ? Quand vous ouvrez ce roman vous êtes accueilli par Hermann Hesse lui-même, en tant qu'éditeur, qui dans une préface revient sur les conditions dans lesquelles l'ouvrage que vous allez découvrir est arrivé entre ses mains..... Mais Harry Haller existe-t-il ou n'est-ce pas Hermann Hesse lui-même (mêmes initiales, Harry évoque régulièrement son meilleur ami Hermann...) et n'est-il pas finalement dans chacun de nous ?



Ce roman, si l'on peut le définir ainsi, est une longue introspection de l'âme humaine, de sa dualité partagée entre ce qu'elle est et ce qu'elle voudrait être, de ce que notre milieu, notre éducation, nos préjugés font de nous, les barrières que l'on s'impose, le jugement que l'on porte sur ce qui nous entoure et sur les règles que l'on s'impose. Tout cela a conduit Harry au bord de la folie et du suicide ne trouvant plus aucun plaisir dans la vie qu'il mène.



Sur sa route il va faire de bien étranges rencontres, en premier lieu un homme qui va lui remettre un Traité du Loup des steppes, un ouvrage sur lui, Harry, sur ce qu'il est devenu et comment il en est arrivé là. Un traité philosophique implacable "réservé aux insensés". Ensuite il y  aura Hermine, la belle et douce Hermine, qui va lui faire découvrir le monde des plaisirs à condition qu'il la tue à la fin, Pablo, le saxophoniste, Maria, l'amante charmante, Gustave et Rosa, fantômes de son enfance. Tous vont lui permettre d'ouvrir des portes pour comprendre l'homme qu'il est : solitaire, pacifiste, sombre, taciturne, qui rêve du bonheur mais ne s'ouvre à aucun plaisir. Ils vont lui faire découvrir le lâcher-prise et il va devenir un de leurs semblables mais jusqu'à quel point ?



Harry oscille en permanence entre vie bourgeoise qu'il critique pour tout ce qu'elle engendre de négatif et vie dissolue dont il va découvrir tous les plaisirs : sensualité, rire, danse, musique moderne et même substances illicites qu'il critiquera dans un premier temps pour en savourer ensuite toute les saveurs.



Dans ce roman il est question d'identité mais d'identité psychologique, identité de l'âme, de qui nous sommes, nos dualités, nos mal-êtres. A travers Harry Haller nous plongeons dans ce que l'homme a de plus secret : lui, son fonctionnement, comment il devient celui qu'il est ou devient au fil du temps. Pour Harry il se reconnaît dans deux identités : Harry est l'image publique, 48 ans, divorcé, taiseux, sombre, solitaire. Mais rôde en lui celui qu'il nomme Le loup des steppes, sa part animale, violent, celui qui apparaît à chaque remise en question de son être. Il est arrivé à ce moment charnière où ne s'offre à lui que le changement ou le suicide avant ses 50 ans.



Le roman est sorti en 1927 et l'auteur pressentait l'arrivée d'un nouveau conflit mondial, d'une guerre inévitable, violente et destructrice, l'évoque régulièrement tout au long du récit comme il évoque la face sombre de l'être humain, sa volonté de toujours avoir plus, trop, plus haut, plus fort, d'afficher sa suprématie. J'ai été surprise de lire a presque un siècle d'écart la manière qu'avait Hermann Hesse d'envisager le futur, qui est notre présent, et sa justesse :



"Pour finir, je déclarai que, tout comme les débuts actuels de la radio, cela permettrait uniquement à l'humanité de fuir face à elle-même, face à ses buts ultimes, et de s'environner d'un réseau de plus en plus serré de distractions et d'occupations vaines.(p156)"



"Oui, la terre est vraiment surpeuplée. Autrefois, on ne le remarquait pas ainsi ; mais maintenant que les hommes, non contents de respirer, veulent également posséder une voiture, maintenant, on le remarque. Naturellement, ce que nous sommes en train de faire est déraisonnable ; c'est un enfantillage, à l'instar de la guerre qui en est un de dimension gigantesque. Un jour, l'humanité devra apprendre à contenir son accroissement par des moyens raisonnables. Pour le moment, notre réaction face à cette situation insupportable ne l'est pas vraiment, mais au fond , elle est juste : nous faisons diminuer la quantité. (p272)"



Hermann Hesse à travers Harry Haller mais aussi Hermine (Hermine/Hermann) traite de sujets tels que les apparences et la représentativité des êtres (Goethe), ce que nous voulons être et ce que nous sommes, d'instinct ou devenus, du contrôle de nos vies par nous-mêmes, de la solitude, de la mélancolie pouvant aller jusqu'à la folie ou au désir de suicide. Il ne se cache d'ailleurs pas vraiment derrière ses personnages avouant lui-même (en parlant d'Hermine) :



"(...) elle avait bien un visage de jeune garçon. Puis au bout d'une minute, ce visage se mit à me parler. Il me rappela ma propre jeunesse et mon ami d'alors qui se prénommait Hermann. L'espace d'un instant, il semble s'être entièrement transformé pour devenir celui de Hermann. - "Si tu étais un garçon, dis-je tout étonné, tu devrais t'appeler Hermann. (p161)"



C'est une narration d'un seul tenant, une sorte d'épopée dans laquelle le héros va côtoyer ce qui peut faire penser à la douceur d'un paradis mais parfois plonger dans des abîmes, avec des rencontres réelles ou imaginaires : Maria, Mozart, Pablo jusqu'à Gustave, l'ami d'enfance jamais revu.



Ce roman est un voyage initiatique d'un être pour découvrir qui il est, découvrant des territoires jamais abordés qui vont le révéler à lui-même, pour un instant, un moment ou pour toujours. Comment ne pas se retrouver parfois dans ses questionnements, dans sa recherche, dans son regard sur lui-même et sur le monde qui l'entoure. Les questions qu'il se pose nous sommes parfois amenés à nous les poser, c'est un récit aux multiples facettes que l'on peut lire et relire et en découvrir à chaque fois un nouveau sens....



La vie, l'homme ont différents visages, l'auteur les aborde dans une écriture fiévreuse, presque dans l'urgence de trouver des réponses.



"C'est exactement comme lorsqu'on est affligé à l'idée que la mort viendra un jour immanquable, malgré tous les efforts déployés pour la contrer. La lutte contre la mort, mon cher Harry, est toujours magnifique, noble, merveilleuse, respectable ; par conséquent, la lutte contre la guerre l'est aussi. Toutefois, c'est en même temps un éternel combat de Don Quichotte, qui n'a aucune chance d'être remporté. (p175-176)"



Vous l'avez compris j'ai aimé cette lecture, par les thèmes évoqués, par le pouvoir qu'elle a eu de m'interroger sur moi-même mais aussi sur le monde qui nous entoure, sur l'image que nous reflétons mais aussi grâce à l'écriture, sur l'enchaînement des idées. Un récit mais aussi une réflexion philosophique.




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Siddhartha

Ce petit livre de 200 pages m'a transporté dans un voyage incroyable au cours duquel ma vision du monde a changé. Divisé en trois parties, l'histoire suit le jeune Siddhartha qui, au fil des pages, acquiert des modes de vie très différents les uns des autres, toujours à la recherche de son "moi" profond.

Cette lecture m'a permis de remettre de nombreuses choses en questions, et j'ai été littéralement charmée par l'écriture parfois difficile à suivre mais très envoûtante de l'auteur.

C'est un bouquin avec lequel il faut prendre son temps, car tout digérer d'un coup semble impossible ! Magnifique ouvrage, je le conseille.
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Narcisse et Goldmund

Philosophe presque autant que poète et romancier Herman Hesse ,aspire à une civilisation idéale où il y ait équilibre entre spiritualité et animalité .L auteur est lauréat du prix Nobel en 1946 .

Ce désir de conciliation des contraires se retrouve dans toute l ' oeuvre de cet écrivain ,comme ici dans ce livre : Narcisse et Goldmund .

l''auteur a situé l ' histoire allégorique du moine Narcisse et de l ' artiste Goldmund ,au temps de l 'Allemagne du Moyen-Age .

Ce roman nous montre que novice au couvent de Mariabronn , Narcisse se distingue par son intelligence et sa culture .On lui confie Goldmund ,écolier que son père destine à l ' état monastique pour expier le passé tumultueux de sa mère .

Narcisse s 'attache à cet enfant bien doué .Il sent que sa vocation n 'est pas le cloître et l 'aide à choisir sa vie .

C 'est alors pour Goldmund la vie errante : aventures galantes dont il attend éperdument qu ' elles manifestent le visage idéal de la femme .Une heure de sagesse le décide à se faire sculpteur : l 'art sera une façon de chercher le beau .

La double quête ,de Narcisse et Goldmund ,reflête les préoccupations de l ' homme ,écartelé entre les exigences de l'âme et du corps .
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Narcisse et Goldmund

Ce roman est un petit bijoux, mieux, une perle rare…

Mieux que « le jeu des perles de verres », premier texte que j’ai lu de H.Hesse, juste avant celui-ci. (clin d’œil)

Perle de délicatesse, de finesse dans l’écriture,

Perle dans la peinture des émotions, également toute en subtilité,

Perle dans le rendu de l’atmosphère médiévale, qui m’a fait penser à la magie et au mystère que j’ai ressenti en voyant le film « au nom de la rose » tiré du roman de U. Eco. Avec moins d’étalage d’érudition, plutôt une grande modestie.

Bref ! vous l’aurez compris, j’ai beaucoup apprécié cet ouvrage.



Pour donner une idée du contenu :

Roman d’apprentissage, réflexion sur la condition humaine et la condition

d’artiste, hymne à la vie sous toutes ces formes, c’est une histoire riche, dense, pleine de péripéties qui enseigne la tolérance et qui, en plus, est racontée avec l’élégance de langue de H.Hesse. ( également présente dans « le jeu des perles de verre », mais peut-être ici, en plus, le traducteur est-il un excellent écrivain)



L‘histoire :

Au cours de la première partie assez brève, nous assistons à la rencontre, puis à la naissance et au développement d’une noble et indéfectible amitié entre deux personnalités charismatiques, d’une part Narcisse, jeune homme au caractère affirmé ; Il est novice et très jeune professeur de grec et d’autre part, Goldmund, adolescent hypersensible au psychisme fragile, confié par son père au monastère pour y être éduqué. Le premier à la vocation, il choisira la claustration, l’ascétisme, la vie vouée à l’obéissance aux dogmes religieux, le second, encore une glaise fraîche, est indéterminé, il finira, sous l‘influence de Narcisse, par choisir la vie au milieu des hommes, le libertinage, et d’être son propre maître, pour autant qu'on le soit jamais. C’est l’occasion pour H.Hesse, d’évoquer l’apparente dichotomie chair/esprit, au travers du destin aventureux de Goldmund qui part à la recherche de son identité et d’une raison de vivre.



Puis est développé une seconde partie, très importante en terme de nombre de pages. Elle est consacrée aux choix de vie de chacun des deux protagonistes, et essentiellement aux errements de Goldmund au travers de cette contrée. Aujourd’hui le jugement de Goldmund serait vite fait, un parasite et un fainéant, il serait condamné pour avoir choisi la condition inconstante et sans responsabilités de clochard. On le suit dans ses pérégrinations sans but, laissant libre court à ses instincts et ses plaisirs avec une candeur effarante, au gré des opportunités de son vagabondage. S’enrichissant et apprenant la complexité de la nature humaine à chaque aventure ou mésaventure. Jusqu’au moment où, confronté à la peste noire, il prend subitement conscience de sa nature profonde.

Apparaît alors sa volonté de devenir sculpteur. En effet, il désire être capable d’immortaliser, non seulement ce qu’il a vu mais ce qu’il a ressenti, en terme d’émotions.Un désir fort de synthétiser du beau.

C'est alors la dernière partie de l'ouvrage. Nous suivons son cheminement et son accession au statut de sculpteur, l'accomplissement de l’œuvre de sa vie et son retour au monastère, auprès de son ami, pour y vivre ces derniers jours.



Les thèmes :

Un des thèmes de prédilection de H.Hesse, semble être la conquête de soi – mais plus encore, je dirais, la conquête d’un « équilibre de soi » - se connaître, connaître ses dispositions ou talents aussi bien que ses besoins et leur singularité - et la nécessité d’opérer des choix de vie forts, en fonction de cette connaissance, pour ne pas gaspiller son existence, la rendre utile.

A chacun la vie qui lui convient. Le courage réside dans le ‘choisir’ pas dans le choix. L’essentiel semble être de considérer qu’il y a pour chacun à trouver son propre équilibre entre spiritualité et exigences de la chair. Il n’existe absolument pas de solution universelle. C’est un travail constant, un combat sans fin, et chaque jour à recommencer.



J’aime H.Hesse car c’est un humaniste, il n’y a pas de jugement de valeur chez lui, il donne à voir et à réfléchir.

H.Hesse aurait-il donc toute sa vie, cherché à atteindre cette fameuse ataraxie, cette tranquillité de l’âme si chère à certains philosophes. Peut-être… peut-être l’a-t-il trouvé, peut-être aussi a-t-il simplement atteint son propre équilibre, un état de bien être, de satisfaction générale. Et peut-être, finalement, a-t-il atteint durant les dernières années de sa vie, sa propre harmonie.

En tout cas, le résultat de son travail est ici une délectation.











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Narcisse et Goldmund

Un roman littéraire et philosophique dont le point de départ est un monastère du 15e siècle.



Dans un monastère allemand, Narcisse possède un esprit scientifique. D’une grande intelligence, il est devenu professeur avant même d’avoir terminé son noviciat. Il a aussi une étonnante perspicacité pour « lire » ses semblables et deviner leurs tourments.



Goldmund est un nouvel élève. Doté d’une sensibilité différente, il réagit à l’art plutôt qu’à la science. Encouragé par Narcisse, il quittera le monastère pour parcourir le monde comme un vagabond. Il deviendra un véritable Casanova, toutes les femmes lui tomberont dans les bras (un fantasme de l’auteur?). Il travaillera aussi dans un atelier d’artiste pour réaliser des œuvres qui survivront au temps.



Un excellent roman, avec une écriture riche, un niveau spirituel et philosophique, une réflexion sur la nature humaine, sur les voies de l’esprit.



(Un bémol personnel en tant que lectrice. On y valorise d’une part la pensée pure et la science dans un monastère et d’autre part l’art, qui permet l’émotion et la sensualité. Cependant, les deux excluent les femmes. On peut avoir de brèves relations avec elles, mais elles ne semblent pas incluses, ni dans la science, ni dans l’art, peut-être même un obstacle pour l’artiste qui pourrait abandonner ses grandes œuvres pour des commandes nourricières…)

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Peter Camenzind

Un magnifique roman où le Jardin d'Éden trouverait bien sa place! Véritable éloge à la nature! Véritable ode à l'homme solitaire! Quel effort, Peter Camenzind, n'a-t-il pas exercé pour s'intégrer en société! Il n'y est pas parvenu! Attaché à son enfance de campagnard, une enfance bercée par la beauté de la nature, Camenzind veut retrouver cette beauté dans l'homme. Or l'homme n'est pas constant, il n'est pas immuable, ses sentiments varient d'un moment à l'autre mais notre héros est tellement sensible, exigeant, vulnérable, délicat qu'il exprime avec douleur son incapacité à jouir pleinement de sa vie au milieu des autres. Deux occasions dans sa vie ont accentué ces échecs,! La mort de son véritable ami Richard, celui-là qui lui a permis de vendre ses premiers écrits. Et la déception amoureuse avec Erminia Aglietti, il en était secrètement amoureux. En voulant prendre pour témoin la nature, il l'embarque dans un canot et l'entraine sur un lac, dans le but de demander sa main, c'est alors qu'il découvre qu'elle entretient une relation avec un homme marié...O déception à vie!

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Histoires médiévales

Ces histoires médiévales choisies par Hermann Hesse ont été tirées du "Dialogus miraculorum" de Caesarius de Heisterbach, un moine cistercien né à Cologne à la fin du XIIème siècle, des "Gesta Romanorum" qui puisent leur inspiration dans la matière antique, et des "Vieilles histoires allemandes en vers". Ces récits sont certes édifiants, dans un monde à la fois naïf et violent, où le surnaturel et les arts de la magie étaient omniprésents, où la nature, à travers ses immenses forêts, était encore pleine de puissance et de mystère : il s'agissait de montrer non sans facétie et truculence les excès de l'avarice et de l'orgueil, de la luxure, etc. Mais, sur bien des aspects, ils appartiennent aussi à un registre profane et débordant d'imagination, celui du récit amoureux ou d'aventure avec ses longs voyages en mer le plus souvent périlleux et rocambolesques.
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Siddhartha

Hermann HESSSE est avant tout une prose qui j'apprécie, c'est aussi un auteur qui nous ouvre la voie vers des chemins multiples.

Pour ce livre, sous forme de conte philosophique, l'auteur met en scène deux jeunes garçons, amis qui partent sur le chemin de la "sagesse". L'un , Govinda, prendra le chemin le plus simple en devenant le disciple de gotama et l'autre Siddhartha, prendra le chemin qui mènera d'expérience en expérience sur la voie de la sagesse, car pour lui, elle ne s'enseigne pas, ne s'apprend pas, elle se "gagne" en acquérant l'expérience d'une vie, en passant par toutes les étapes nécessaires.

Les deux amis finiront par se rejoindre au bout de leur périple.

C'est une lecture un peu particulière qui se lit doucement, mais toujours avec grand plaisir.
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Knulp

De Hesse Hermann je n'en connaissais que le nom, jamais eu la chance de croiser l'un de ses romans. C'est chose faite par un heureux hasard de circonstances, je me suis retrouvée à fouiner dans un rayon d'une petite librairie et ô merveille, la couverture d'emblée m'a séduite, et le résumé encore plus. Je suis assez vagabonde dans l'âme, et le personnage de Knulp ne pouvait que me plaire.

Aussitôt acquis, j'ai commencé la lecture de ce petit bijou de littérature. J'aime l'ambiance, le style, et la philosophie qui s'en dégage. Faut-il regretter les choix de sa vie ? Quand arrive la fin du chemin, il n'est plus de faire marche arrière. C'est un peu cela que Knulp tente d'éclaircir et avant de tirer sa révérence, il a ce besoin de revoir une dernière fois le décor de ses jours anciens, de ses bonheurs, et amitiés, mais aussi ses erreurs, et bien sûr tous les paysages, bosquets et autres petites chose de la nature qui charment tant Knulp et moi même. Et la belle , la plus précieuse de toute : sa liberté, fidèle compagne de toute une vie ! Diantre, aurait-il été aussi jovial si Knulp s'était établi dans les conventions, avec femme et enfants ? C'est parfois la question que ses amis lui posent ou lui-même.

C'est une belle histoire, un beau personnage aimable, poli, propre, et honnête loin de l'image qu'on pourrait avoir d'un vagabond. Son errance ne lui a jamais ôté son côté coquet ni sa bonne humeur.

En résumé, je suis très heureuse de cette trouvaille, et je vais poursuivre la lecture de cet auteur sans aucun contexte.

Il n'y a pas à dire, les auteurs de cette époque savaient nous offrir un certain charme, une certaine teneur qu'on a parfois du mal à retrouver dans les auteurs actuels, du moins c'est mon ressenti. Ou est-ce cette période qui correspond à mes affinités littéraires ?
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Siddhartha

Siddhartha d’Hermann HESSE

(Le Livre de Poche – Ed. 1995)





4e de couverture : Un jour vient où l'enseignement traditionnel donné aux brahmanes ne suffit plus au jeune Siddhartha.

Quand des ascètes samanas passent dans la ville, il les suit, se familiarise avec toutes leurs pratiques mais n'arrive pas à trouver la paix de l'âme recherchée. Puis c'est la rencontre avec Gotama, le Bouddha. Tout en reconnaissant sa doctrine sublime, il ne peut l'accepter et commence une autre vie auprès de la belle Kamala et du marchand Kamaswani. Les richesses qu'il acquiert en font un homme neuf, matérialiste, dont le personnage finit par lui déplaire.

Il s'en va à travers la forêt, au bord du fleuve. C'est là que s'accomplit l'ultime phase du cycle de son évolution.



Mon avis : Publié en 1922.

Siddhartha, c’est le récit d’un jeune homme qui cherche sa voie. Il quitte la maison paternelle car il pense que chaque être doit trouver seul son chemin et faire ses apprentissages. Il va donc se confronter plusieurs doctrines, mais aucune ne le convaincra vraiment. Ensuite, il va fonder une famille avec Kamala, mais il va se lasser d’une vie d’opulence qui ne lui donnera pas satisfaction. Il doit continuer à chercher et c’est dans le dénuement le plus total qu’il va trouver la plénitude.

Hermann Hesse n’a pas écrit un livre initiatique sur la religion, mais un texte qui condamne les doctrines, le pouvoir et l’argent ; il rejette la société moderne et fait l’éloge d’une vie plus contemplative.

C’est un roman court, bien écrit dans un langage très simple. Un adolescent peut le lire comme un conte, un adulte comme un récit philosophique.

C’est un roman sidérant par sa simplicité et sa complexité en même temps (je sais ça paraît antinomique, mais il faut lire Siddhartha pour comprendre)

Bref, il serait dommage de ne pas lire ce chef-d’œuvre qui s’adresse à tous les publics.



À lire installé assis(e) jambes croisées (genre bouddha) sur un tapis en buvant un thé d’Assam et en dégustant des Nan Khatai, en fond sonore du Khayal…



Instagram @la_cath_a_strophes
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Narcisse et Goldmund

Mariabronn un monastère qui ressemble à celui de l’Orniere C’est la 2ème fois que je lis ce livre traduit par Fernand Delmas. J’ai beaucoup aimé la critique de Nastasia -B concernant ce livre. Je retrouve le style roman de l’abbaye Sainte Sauve en Aquitaine. Les animaux mythiques ou sauvages. Julie, Lydia , Rebecca et moi. Maitre Nicklaus . J’aime beaucoup Hermann Hesse
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Demian

L'introduction au livre donne un aperçu de qui était Hermann Hesse, et le décrit notamment comme un romantique et un pacifiste, ayant fui son pays pour se réfugier en Suisse dès 1914.



Le récit que l'auteur donne ici est une sorte d''autobiographie de son enfance et sa jeunesse jusqu'au conflit mondial de 1914, ou plutôt, une analyse de sa propre personnalité. Au hasard de ses rencontres heureuses ou malheureuses comme Kromer, Demian, Pistorius et Eve, Emil Sinclair (c'est ainsi qu'il se nomme dans ce récit) va constamment chercher en son moi intérieur la signification des choses mais surtout du pourquoi de ses aspirations.



C'est magnifiquement écrit mais je n'ai pas aimé ce livre. Il m'a dérangé et le narrateur m'a été antipathique. Et bizarrement, contrairement à ce que j'ai lu à l'introduction, j'ai vu dans ce récit une apologie de la supériorité malsaine du narrateur. Tout empreint de mysticisme, Sinclair et son ami Demian parviennent à la conclusion, avant de s'engager dans la guerre, qu'ils font parti d'une élite qui balaiera l'ancien monde, chose absolument indispensable.

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Siddhartha

Un ami m'a téléchargé sur une clé USB plusieurs documents ayant pour objet la spiritualité et le développement personnel, regroupant tout cela sous le titre de « Sagesses ». Le magnifique film documentaire « Samadhi » en fait partie, ainsi que plusieurs textes de Satprem, Sri Aurobindo, Eckhart Tolle… Le « Siddhartha » de Hermann Hesse s'y trouvait aussi. C'est donc sous sa forme audio que j'ai rencontré ce roman. Pas toujours très bien lu, il faut bien le dire. De plus, je ne suis pas toujours très à l'aise avec cette forme de « lecture ». Écouté sur ma tablette, le soir en m'endormant à moitié, le reprenant le lendemain sur mon ordi plus assidûment en prenant des notes… Tout ça pour situer le contexte de ma découverte du roman. Un livre n'est, pour moi, jamais à séparer du contexte de sa lecture. Je suis actuellement moi-même dans une quête spirituelle me permettant de réfléchir sur notre époque, ce moment troublé qu'une grande partie de la planète traverse simultanément. Ce n'est pas rien ! Je suis loin d'être le seul. Les cours de méditation, de yoga… et autres , diffusés par « visiomachin »… sont tout ce à quoi on peut se raccrocher. La vie, la vraie, celle du contact physique, de la contemplation, du contact avec la nature, la liberté fondamentale, celle d'aller et venir à sa guise, disparaît peu à peu sous les coups de boutoir d'un état de plus en plus autoritaire. Même toucher un arbre, le fameux Shirin Yoku des Japonais devient risqué et peut tomber sous le coup d'une contravention. C'est donc dans cet état d'esprit que j'ai abordé le texte de Hermann Hesse. C'est peu dire ! Je ne connais pas les conditions d'écriture du roman, mais écrit dans l'entre-deux guerre, en Allemagne, Hesse devait également ressentir le trouble de son époque. La mode était à la découverte de l'Orient et du Bouddhisme et beaucoup d'auteurs se sont tournés vers ces philosophies. Siddharta est un peu le parangon de Gautama/Bouddha. D'ailleurs, les deux personnages se rencontrent, ou plutôt se croisent. Siddharta est un Brahmane mais sa condition ne lui suffit plus. Vague sentiment que la vérité n'est pas seulement dans les Vedas ou les Upanishads, mais surtout à l'extérieur de ce cercle protégé. Il va donc, tout comme Gautama, lui de la caste des guerriers, partir à la rencontre de la « vie ». Et, après avoir suivi des samanas, ces mendiants errants, Siddhartha va tour à tour connaître la richesse, l'amour, abuser de toutes les bonnes choses de la vie, s'y complaire jusqu'à satiété, jusqu'à l’écœurement, pour s'apercevoir que la « connaissance », la « vérité », sont ailleurs. C'est tout simplement auprès d'un fleuve et d'un passeur que ses pas vont le conduire et l'arrêter. Là, il va connaître enfin la sagesse de l'instant présent, du détachement, de l'impermanence, de l'amour universel, de la non-dualité… Contrairement à Gautama/Bouddha, ce n'est pas à travers des mots, des sermons, qu'il va appréhender et diffuser cette sagesse mais par la pleine conscience personnelle du « Tout », de « l'Indivisible » de toute chose. Siddhartha dira d'ailleurs à la fin du roman que les mots ne veulent rien dire. (Bouddha y arrive par d'autres expériences.) L'exemple de la pierre à la fin du texte est très bien choisi. Inerte et vivant se rejoignent. Cette pierre rassemble en quelques sorte la conscience de l'Univers. C'est également un texte fortement initiatique, qui n'est pas sans rappeler « Knulp », le clochard errant qui finira par rencontrer Dieu, après avoir goûté touts les plaisirs de la vie également. Je connais moins bien « Le loup des steppes », mais il me semble me souvenir que le personnage vit aussi en marge de la société. Hesse affectionne ce genre de personnages. Sa problématique initiatique me touche particulièrement. Ma quête rejoint celles de ses personnages ; son livre me permet une profonde réflexion sur l'Humain, la société, le Divin, et reste un guide dans lequel je peux puiser des éléments de réponses à mes interrogations. Je ne m'en lasse pas.
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Le Loup des steppes

Lu quand j'avais 20 ans. Ce livre m'avait bouleversé par sa noirceur, par le désespoir qui en émanait. Voilà un être qui ne peut plus faire face au monde réel, et qui ne veut plus en faire partie. Pas étonnant, après la Première Guerre mondiale et le manque de repère par rapport à "l'humanité". Finir par être effrayé par la race humaine au point de ne plus désirer être comme eux. Il faut être solide pour lire ce livre, qui est un chef-d'oeuvre de la littérature allemande.
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Romans et Nouvelles

L’écriture de Hesse nous entraîne au fil de divers récits, présentés sur fond de poésie, où les passages de ses personnages principaux au travers d’épreuves initiatiques nous entraînent à toutes sortes de réflexions politiques, religieuses ou philosophiques.

Ce recueil est certainement le meilleur moyen d’y accéder à diverses époques et d’en apprécier la maturation en langue française.

Peter Camenzind. Ce roman plein de charme permettra à Hesse de se faire un nom en littérature. On s’attache facilement à ce villageois montagnard dont les capacités d’expressions lui attirent un succès qu’il n’attend pas plus qu’il ne désire. Succès qui en fera bien vite un solitaire, isolé entre le monde de son enfance, où nul de possède sa culture, et celui où il produit son activité de critique littéraire, milieu où personne ne sait vivre à la manière simple et pure de sa campagne natale dont une part de son être demeure irréductiblement constituée.

L’Ornière. Le mot qui fourni l’intitulé du livre y est présenté comme le concept philosophique phare d’une appréhension très sombre de l’existence humaine. Ici, l’homme naît avec plein de possibilités que la société annihile, extermine, détruit.

Rosshalde. Le désespoir de l’existence artistique bourgeoise est formidablement exposé, en long et en large, par ce regard porté ici sur l’activité et le mariage d’un peintre. Difficile de s’en sortir le nez avant de l’avoir terminé.

Knulp. Chef d’œuvre de la période de production romantique de Hesse. Ce roman est une véritable poésie en prose, pleine d’une belle mélancolie dont le charme provient des sphères de la moralité et de la spiritualité.

Demian. Voilà, à mon sens, le premier vrai grand roman où le style de Hesse prend forme. Cette aventure spirituelle encore très sombre d’un jeune homme tourmenté est franchement haletante.

Le dernier été de Klingsor. Ce recueil de quatre nouvelles est, à mon avis, ce qui se trouve de plus faible dans l’ensemble présenté ici. Si je me suis laissé attendrir et divertir de manière superficielle par La scierie du marbrier et Ame d’enfant, j’ai trouvé plutôt lourd Klein et Wagner et, comme Rosshalde présentait déjà de manière bien plus fine et profonde l’existence artistique, j’ai trouvé franchement ennuyant Le dernier été de Klingsor.

Siddhartha. Les romans mystiques sont généralement le fruit d’un prosélytisme qui ne peut que dégoûter tout lecteur sérieux. Or, ce n’est absolument pas le cas ici. Hesse cherche à présenter la quête de spiritualité qui accompagne nécessairement toute existence consciente de sa finitude et il le fait par le biais de l’horizon indien d’une manière parfaitement réussie.

En effet, bien que le lecteur qui espérerait trouver dans ce livre une représentation authentique de l’esprit indien n’arrivera certainement pas à satisfaction, Hesse nous y fait si bien rêver et réfléchir qu’il me semble que ça vaut le coup de suspendre nos exigences de vérité historico-culturelle pour suivre simplement le fil de cette belle histoire.

Enfance d’un magicien. Ce roman raconte avec une tendre dureté les tribulations d’un jeune homme dont l’authenticité l’entraîne à actualiser quelques doctrines idéalistes qui ont su le séduire.

Sans que je puisse dire pourquoi, ce livre n’a pas su me laisser une impression aussi forte que les précédents et les suivants.

Le loup des steppes. La structure de ce récit a une forme très kierkegaardienne puisqu’il présente le récit d’un pseudonyme au sein duquel on trouve le pamphlet écrit par un personnage qu’un pseudonyme de Hesse observe.

D’autre part, son fond est très nietzschéen puisqu’on y trouve des critiques incendiaires de la société bourgeoise dans une atmosphère existentielle d’intellectualisme narcissique décadent. Il faut dire que l’auteur partage avec Nietzsche aussi bien le fait d’être fils de pasteur protestant que la volonté de trouver des possibilités supérieures pour l’humanité. Or, dans le cas présent, la possibilité sur laquelle on tombe, et qui enflammera la civilisation occidentale une cinquantaine d’année après, correspond, pour reprendre les idées du jeune Nietzsche, à un délire dionysiaque auquel manque la contre partie apollinienne...

Narcisse et Goldmund. Ici Hesse atteint à mon sens le sommet de son art. L’horizon historique du Moyen-Âge, en commençant avec ses monastères, où s’épanouissent religiosité et philosophie scolastique, pour passer par ses corps de métiers, ses pestes, ses brigands et surtout ses artistes vagabonds, y est parcouru de long en large, aux cours de nombreux chapitres qui pourraient bien contenir à chaque fois un roman complet.

Le voyage en Orient. Entre rêve et réalité, nous voyons, au cours d’un trop court nombre de pages, s’entrecroiser toutes sortes de personnalités appartenant à diverses époques. On appréciera d’avantage après avoir lu Le Jeu des Perles de Verre...

Le Jeu des Perles de Verre. Sublime couronnement d’une carrière littéraire hors du commun, voilà sans aucun doute l’un des récits de science fiction les plus étonnants qui soient. Considéré par plusieurs comme le chef d’œuvre de Hesse, on y trouve une critique (plus que jamais d’actualité aujourd’hui) de la culture des « pages de variété » et une contre-position positive qui n’a rien d’une utopie, aussi bien du fait qu’elle paraît parfaitement réalisable, que parce que ses défauts sont mis à jour par le personnage principal.
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Demian

« Demian » paru en 1919, ou le parcours initiatique d’Emil Sinclair, un jeune garçon élevé dans une famille bourgeoise que la transition adolescent-homme perturbe et rend plus sensible aux tiraillements qui l’assaillent entre un monde sécurisant en grande partie bâti pour lui par son milieu social en général et sa propre famille en particulier, et un monde extérieur dont, finalement, il ne connait que fort peu de choses…



Un parcours qui le mènera métamorphosé, avec l’aide de son ami Max Demian, à l’aube de la première guerre mondiale. Un développement qui s’effectuera - et le thème est très présent dans l’œuvre de Hermann Hesse - contre les conventions, plus ou moins tacitement acceptées, du milieu, mais aussi et surtout contre ses propres inhibitions et ses propres peurs, celles qu’on éprouve, souvent par veulerie ou lâcheté au moment de l’affrontement. Plus que la recherche de la voie extérieure, la quête est ici celle de la voie intérieure qui mène de l’enfant à l’homme…



Un roman où transparaissent de larges pans autobiographiques et dont le thème fera l’objet de variations , au sens musical du terme, dans l’œuvre de Hermann Hesse jusqu’à l’apothéose finale du « Jeu des perles de verre » qui lui vaudra le Prix Nobel.



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Contes

Hermann Hesse reste fidèle à lui-même à travers ces contes. On retrouve la fragilité de l'humain ainsi qu'une certaine morale. Dieu n'est jamais très loin. On sent bien que l'auteur éprouve une immense tendresse pour son prochain. Certains de ces récits font référence à l'Allemagne et à la guerre de 14/18. Hesse nous invite alors à une réflexion sur le sens de l'existence individuelle mais aussi collective. Ces contes sont de longueur et d'importance inégales mais raviront ceux et celles qui apprécient cet auteur.
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