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Critiques de Hermann Hesse (807)
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Gertrude

Kuhn, un jeune homme romantique, à la fin du XIX ème siècle en Allemagne. Romantique et amoureux, de surcroît… Un amour qui lui vaudra un accident de montagne et une infirmité à vie.

Romantique, amoureux, et… musicien : tous les ingrédients sont réunis pour que notre jeune homme soit non seulement compositeur à succès, mais aussi pour que sa vie ne soit pas un long fleuve tranquille.

Il rencontrera Henri Muoth, le ténor qui chantera son opéra. Mais aussi et surtout la belle Gertrude, qui deviendra vite sa muse ; mais pas plus car « les affinités » ne sont pas partagées…



Comme d’habitude chez Hermann Hesse, on se trouve très vite plongé dans une ambiance très particulière, du genre de celles que l’on rencontre également chez Knut Hamsun ou Stefan Zweig : une ambiance poétique qui n’a d’égal que dans la complexité des personnages. Beaucoup auraient pu, et se sont essayés à ce genre de sujet : un impossible amour, en résumé.

Beaucoup s’y sont cassé les dents. Il faut la maestria de Hermann Hesse pour ne pas tomber dans un sombre mélo, n’est pas Prix Nobel qui veut…



Un ouvrage que je classe très haut dans mon estime : probablement juste après « Le jeu des perles de verre » qui est et restera pour moi Le chef d’œuvre de Hermann Hesse.

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Siddhartha

Hermann Hesse a la capacité de créer des romans magnifiques, pleins des plus belles, des plus magnifiques, des plus fortes, des plus puissantes réflexions philosophiques dans un environnement magique, tout en nous racontant, de la façon la plus approfondie le parcours initiatique de ces protagonistes.

Ces récits sont à la fois des romans d'apprentissage, des contes philosophiques et des rêves, de beaux rêves qui se passent en Inde ou dans l'Allemagne du Moyen-Age, des rêves, des rêves à demi exotiques à un Etat réel, enchanté par l'imagination puissante du grand Hermann Hesse.

Et, voilà justement l'un de ces romans d'Hermann Hesse qui me plaisent tant !... "Siddhartha" m'a vraiment plu et même plus que plu.

Ce fut un plaisir grand et complet que la lecture du joli petit roman de "Siddhartha".

C'est un court roman, par la taille il tient presque de la longue nouvelle ; mais c'est un beau roman, bien écrit, puissant, plein de belles réflexions, un magnifique conte philosophique, d'une beauté que je ne saurais dire.

La quête initiatique du jeune Siddhartha, si elle en vaut certes pas celle du jeune Goldmund, n'en est pas moins belle et grande ; et ce fut un plaisir de suivre les aventures du jeune homme.

Ce roman est rempli d'interrogations puissantes sur le sens de l'existence, le contrôle de soi-même et de ses émotions et tant d'autres choses.

Un très beau roman d'Hermann Hesse.
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Siddhartha

Après les avoir suivis, Siddhartha, fils de brahmane, s’éloigne des préceptes de ses ancêtres, connait l’amour, la jouissance des biens matériels et les abandonne pour trouver seul sa voie qui est celle de la vie contemplative. Il est un héros à la recherche de lui-même et de la sagesse qui le conduira à un accord avec la création.



Issu d’une vieille famille protestante, petit-fils et fils de pasteur, Hermann Hesse a étudié les philosophies indoues et chinoises, un héritage de son grand-père maternel médecin, pionnier de la mission évangélique aux Indes, qui a travaillé pour une mission de Bâle à un dictionnaire de dialecte indou. Un héritage probablement à l’origine de son attirance pour la sagesse orientale et de son rejet de la civilisation moderne.



Mais si on retrouve ses interrogations spirituelles et existentielles dans le parcours initiatique de Siddhartha, bien qu’en désaccord avec le piétisme de ses parents, Hermann Hesse reste « protestant du fond de son âme » et éloigné du bouddhisme. Même si il dit que : « Le vrai protestant se défend contre sa propre Eglise aussi bien que contre les autres, car sa mentalité lui fait préférer l’évolution à la stagnation. Et, dans ce sens, je pense que Bouddha était, lui aussi, un protestant ». A méditer.

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Le Loup des steppes

C'est un livre dingue, qui aborde tous les aspects de la vie... et même au-delà : )

Alors, pourquoi seulement 3 étoiles pour "cette expérience spirituelle, ce récit initiatique, ce délire de psychopathe, bref, cette oeuvre phare du XXè siècle" ?

Parce que son style n'est pas un mon goût, n'est pas brillant et puissant comme peuvent l'être les plumes de Victor Hugo, d'Emile Zola, ou de Stephan Zweig.

Il n'empêche, le contenu est riche et fort intéressant.

Je ne vais pas tout analyser, il y en aurait pour des heures.

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D'abord, de quoi s'agit-il ?

Quelque part en Allemagne, Autriche ou Suisse, entre les deux guerres mondiales... Parce qu'il y a quand même une histoire. Il était une fois un loup des steppes solitaire, Harry Haller, philosophe et musicien, qui gémissait sur la vie. Son état dépressif le menait tout droit au suicide. Il pensait avoir deux personnalités, Harry, marginal civilisé et le loup, sauvage, solitaire et féroce. Je pense à Docteur Jekyll et Mister Hyde, au "surmoi" et au "ça".

Tard le soir, dans la brume d'une ruelle isolée, il rencontre un homme-pancarte bourru qui fait de la publicité pour son Cirque Magique, "réservé uniquement aux insensés", et il lui donne un livret intitulé " Traité sur le Loup des steppes ; réservé aux insensés"....

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Premier volet : les personnages.

Quelque part, Harry, c'est moi. Comme lui, j'ai perdu ma maison, je ne savais pas danser, je n'avais pas d'amis, j'étais en quête de connaissances intellectuelles et d'authenticité, et... j'aimais aussi le vin d'Alsace. Comme Harry, j'étais embringué dans une spirale ( voir ma critique de "Les Nuits Fauves" )...

Quelque part, Hermine, c'est ma Lisou, son étoile, sa lumière... qui le sort de ce guêpier : elle l'écoute, lui donne confiance, lui apprend à danser, lui parle de l’Éternité, et elle est clairvoyante.

Les romans où l'on peut s'identifier sont toujours intéressants.

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Deuxième constat : la vie terrestre et l’Éternité.

Dans le Théâtre Magique, Mozart, de par ses éclats de rire, montre à Harry, dans le prisme de la radio, invention permettant la reproduction imparfaite d'un concert de Haendel, qu'il ne sert à rien de se plaindre de l'existence, de la vie, de la temporalité, mais qu'il vaut mieux en rire comme lui, en attendant l'intemporalité, l’Éternité.

Hesse, c'est un peu la philosophie de Voltaire, mais en beaucoup plus lourd, à mon avis.



Troisième volet : la folie, les insensés.

On arrive à ma phrase favorite, celle de Nietzsche qui n'est pas citée dans ce livre :

"il faut porter encore en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. "

Il y a aussi celle de Michel Audiard :

"Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière."

Je pense que c'est dans ce sens là qu'Hermann Hesse envisage la folie, celle qui favorise la création, celle dont on peut faire l'éloge... et non pas dans le sens de la triste folie que j'ai vue dans le centre psychiatrique de Brienne-Le-Château.

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La folie créatrice, celle d'oser, peut laisser filtrer le génie... : )
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Le Jeu des perles de verre

J'ai essayé d'imaginer ce que pouvait être ce jeu des perles de verre.

D'abord un simple boulier chinois, mais encore un peu lourd pour que les pensées s'envolent au-delà des mathématiques. Puis une sorte d'arbre dont les feuilles seraient des perles qui bruissent au rythme de la mélodie du vent. Ou alors une cascade faite de perles d'eau étincelant au soleil, murmurant en descendant de la montagne, jusqu'à une petite clairière silencieuse.

Ou bien c'est le jeu de la vie et de la culture, qui s'égrène sans cesse sur une roue, de barreau en barreau, en tintant comme les étoiles dans l'univers, filant dans un univers sans fin.

Dans tout les cas, il s'apparente à une méditation, une contemplation, une tentative de tout rassembler en une phrase magique, une mélodie universelle.



Au cours de ma lecture, j'ai pensé à ce livre : « La formule préférée du professeur ». Ce roman de Yôko Ogawa qui mêle poésie, mathématiques et musique, et en fait une formule magique. Ce vieux professeur, maître d'un seul élève, jouait un peu lui aussi à ce jeu.



Un autre livre m'est venu à l'esprit. Celui des éveilleurs, de Pauline Alphen, avec la magie des nomades de l'écriture, entre méditation, émerveillement et spiritualité.



La lecture fait aussi partie de ce jeu des perles de verre, chaque livre est une perle, de perle en perle on avance, on fait des liens, et on partage ici sur Babelio.



Cette méditation faite de musique de l'univers, rassemblant toutes les connaissances en une formule magique, est réservée à une élite, l'homo ludens, celui qui joue, qui ne se frotte pas à la réalité, à la société, au siècle, avec son Histoire, ses guerres, sa misère, ses angoisses.



C'est là que cet homme nouveau se réfugie. Mais cet endroit est-il viable s'il ne fait que penser la vie, la jouer, sans la vivre vraiment, sans créer et partager? Toute organisation est éphémère. La vie n'est pas qu'un jeu. L'homme n'est pas qu'esprit, il est aussi nature.



Joseph Valet a gravi tous les échelons pour parvenir au poste suprême de Maître du jeu de perles, le ludi magister. À travers son parcours, on découvre les failles qui régissent ce monde castalien, un monde utopiste qui a oublié l'essence même du mot ludi magister.



Joseph se rend compte de la stérilité de cette aristocratie de l'esprit, de son orgueil, de son aveuglement, de sa fragilité.



Le maître du jeu de perles est avant tout et surtout un maître d'école. Il transmet, il éduque et passe le flambeau. Et ainsi tout recommence, le savoir s'étoffe, la roue tourne et s'embellit, en accueillant le plus grand nombre.



C'est un roman d'anticipation qui demande de la concentration. Mais cet effort est amplement récompensé. Je n'ai pas eu l'impression qu'il se situait à une époque lointaine. Il aurait tout aussi bien pu se situer à notre époque. On ne parle pas d'évolution technique. Les hommes ont peut-être pris peur et ralenti l'évolution, en se rendant compte que la science et ses découvertes mènent souvent à la destruction, au mal être, plutôt qu'à l'épanouissement.



Un roman si riche qu'il apportera à chaque nouvelle lecture toujours autant de plaisir. Il faut se laisser emporter par la musique, par la formule magique qui en émane.

Tellement riche que je ne peux en donner que quelques impressions sans en faire une critique approfondie, comme d'autres l'ont fait.



J'avais d'abord commencé ce livre par l'avant-propos et la préface de l'auteur. Je me suis sentie perdue. Alors, je l'ai posé et attendu quelques semaines avant de m'y remettre, en me plongeant directement dans l'histoire. C'était beaucoup mieux

En lisant l'avant-propos à la fin, cela m'a apporté un complément appréciable, et même indispensable, sans me noyer.

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Siddhartha

C'est donc avec un auteur allemand que j'achève mon Challenge NOBEL entrepris en janvier 2013 et qui m'aura donné un aperçu très enrichissant et éclectique du patrimoine littéraire international. Au cœur de la plupart des œuvres découvertes au cours de ce défi littéraire, l'Homme occupe la place d'honneur mais jamais autant, peut-être, que dans ce mince roman initiatique d'Hermann Hesse.



"Le Savoir peut se communiquer, mais pas la Sagesse"



A travers le parcours de Siddhartha, fils de brahmane, l'auteur fait passer à chaque être humain un message philosophique et spirituel fort : chacun sa route, chacun son chemin, passe le message à ton voisin*.



En effet, à chaque individu incombe de trouver une voie qui lui soit propre, celle de la connaissance, celle de l'épanouissement, celle de l'accord parfait et unifié entre le monde et soi-même. Pour y parvenir, il faudra d'abord se délester de la pensée unique transmise par ses aïeux, trouver l'audace de faire ses propres expériences, jouir, souffrir, profiter, regretter pour finalement n'apprendre qu'à aimer, de la meilleure façon qui soit.



C'est un beau texte qui, comme toutes les approches philosophiques et mystiques, n'est pas toujours parfaitement accessible. Lecture parfois ardue, occasionnellement poussive, globalement lénifiante pour l'âme et l'esprit, ce court récit offre l'avantage de tous les contes humanistes : il éclaire et il guide.



Une découverte enrichissante même si elle ne lève qu'incomplètement le voile recouvrant les mystères de l'âme humaine.



*Merci Tonton David.





Challenge NOBEL 2013 - 2014

Challenge ABC 2014 - 2015
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Siddhartha

Depuis mon séjour d'initiation à l'ayurveda, je n'ai de cesse de me documenter sur tout ce qui gravite autour de cette médecine indienne.

La philosophie du Bouddha en fait bien évidemment partie et c'est ce qui m'a conduit à la lecture de Siddhartha d'Hermann Hesse.

Ce jeune homme, fils de brahmane, est en quête du bonheur ou, en tout cas, de réponses au sentiment d'insatisfaction qui le dévore.

Pour se faire, il va tour à tour, se dépouiller de tous ses biens pour aller vivre avec les samanas dans la forêt, rencontrer le Bouddha revenir au confort matériel et à l'amour de Kamala et, enfin, trouver la paix auprès d'un passeur du fleuve.

Un parcours intiatique très joliment conté et plein d'enseignements.

Je retiens, notamment, qu'aucune doctrine ne détient le secret du bonheur mais que l'expérience seule est capable de nous faire progresser vers la sagesse.

Un livre qui fait réfléchir...mais pas trop, comme l'enseigne Siddhartha ;-)
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Narcisse et Goldmund

Narcisse est un jeune novice dont les qualités intellectuelles lui valent d’être déjà professeur. Entièrement tourné vers la science, capable de lire dans les âmes il est assez solitaire. Arrive un adolescent, Goldmund, amené là par son père qui désire en faire un moine afin d’expier la « mauvaise conduite » de sa mère, femme de la nature qui n’a pu se résoudre à vivre une vie réglée. Une amitié se noue entre les deux jeunes gens et au fil du temps, Narcisse permet à son ami de comprendre que sa vocation n’est pas l’étude et la prière. Lui ayant rendu la mémoire de sa mère, et donc une partie de sa personnalité tuée par le père, il l’encourage à suivre sa vraie nature.

Pour Goldmund la vie consiste à connaître le plus d’expériences, au jour le jour, à vivre une vie presque animale au sein de la nature, acceptant la faim, la soif, le froid. A contenter ses désirs, ce qu’il fait avec toutes les femmes qu’il rencontre, sans les forcer. Celles-ci séduites par son joli visage mais aussi sentant sans doute son caractère vagabond lui accordent un moment de leur vie, puisqu’il n’est qu’un passage dans leur vie. Cette vie errante très sensible à toutes les beautés, celles de la nature comme celle des femmes exacerbe sa sensibilité et le prédispose à l’art.

Si la sensualité est très présente à travers les nombreuses conquêtes de Goldmund, la nature est également omniprésente (la coquille d’escargot, le pivert…).

Roman sur l’opposition entre l’intellect (Narcisse) et les sens (Goldmund). Comme si Narcisse et Goldmund étaient les deux faces d’une seule personne. Hesse a toujours cherché à intégrer la spiritualité à la vie.

A noter qu'il s'est lui même enfui d'un séminaire protestant où ses parents l'avaient placé.

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Narcisse et Goldmund

Il y a des livres qui vous parlent, celui-ci dialogue avec moi. Il y a des livres qui vous "remuent", celui-ci me bouleverse. Hermann Hesse évoque avec poésie, élégance, réalisme, la difficulté d’être humain, de vivre les aspirations contraires qui sont rattachées à notre essence.

L’auteur a choisi de dissocier dans ce roman les deux inclinaisons majeures de l’homme, d’un côté l’aspiration vers l’intellect et le religieux, l’ordre et le scientifique, la méditation et la prière, et de l’autre, la jouissance de la vie dans toute son animalité, en un hymne à la mort et à la vie, à l’amour et à la tristesse, à la beauté et à l’ignominie, en les personnifiant en deux personnalités antithétiques mais complémentaires. Goldmund transcendera sa nature sensuelle en l’investissant dans l’art, qu’il revêt alors d’un caractère sacré.

Mais « Narcisse et Goldmund » est aussi une fable sur la dualité de l’être humain, dans laquelle les deux personnages représentent les forces contraires d’une même psyché. Tiraillé entre ses appétits, ses aspirations, ses nécessités, les exigences du monde extérieur, l’être humain est amené à faire des choix, et ce faisant, de renoncer, de s’amputer d’une partie de ce qu’il est. Mais Hesse nous apporte une solution à ce dilemme sans fin : on ne peut, au mieux, que devenir que ce que l’on est, et c’est en transcendant l’expérience des sens qu’on accède à la spiritualité. En ce sens, il rejoint la conceptualisation du sacré de Carl Gustav Jung, dont Hesse fut l’ami et le patient (d’ailleurs « Narcisse et Goldmund » présente tout au long de l’ouvrage la plus magnifique évocation de l’Anima qu’il m’ait été donné de lire).

A mon sens, « Narcisse et Goldmund » est un chef d’œuvre, plus abouti que par exemple « Siddharta » (qui m’a paru plus convenu, moins surprenant, dans son traitement), ou le « Jeu des perles de verre » dont le Maitre me parait trop intellectuel, pas assez humain… Il y a dans ce livre une idée de réconciliation, et de paix, que je n’ai jamais trouvé par ailleurs chez cet auteur.

C’est pour moi une œuvre à la fois majeure et magistrale, que je place sans hésitation tout en haut du panthéon des livres qui m’ont le plus marquée.
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L'ornière

Hermann Hesse vécut une expérience difficile dans sa jeunesse : peu à l’aise avec les règles strictes et les traditions vieillotes, il décida de s’enfuir du séminaire évangélique où ses parents l’avaient inscrit. C’est en quelque sorte cette expérience qui nous livre ici, dans L’ornière. Avec certaines libertés artistiques, bien entendu. Ce roman est une des toutes premières œuvres du grand auteur nobelisé, mais déjà on peu y reconnaître les caractéristiques qui feront sa renommée.



À la fin du XIXe siècle, en plein pays souabe, le jeune Hans Giebenrath vit sous l’autorité sévère de son père. C’est une âme sensible mais doué aussi d’intelligence. Et cette intelligence enthousiasme son maitre à l’école secondaire, tellement qu’il désire lui faire passer l’examen d’État, qui peut lui assurer une éducation gratuite dans un séminaire renommé, Maulbronn. Le jeune Hans le réussira haut la main, obtenant la deuxième place. Ce qui devait être une grande joie devient vite un fardeau. Pendant ses vacances, son professeur, le recteur de son école et même le pasteur le coercent à suivre des cours particuliers afin de briller et de faire honneur à son village. Au revoir les promenades en forêt, la pêche, le bonheur. Bonjour les longues et éreintantes heures d’études. L’automne arrivé, Hans Giebenrath fait son entrée à Maulbronn. Et il épate effectivement ses nouveaux professeurs. Mais sa nature sensible commence à prendre le dessus : il aime bien rêvasser, s’extasier devant la nature. La mort prématurée d’un de ses camarades (noyé dans un étang) et l’influence néfaste d’un autre (fugueur, qui fut éventuellement renvoyé) auront un impact marquée sur lui, tellement que son caractère devenu instable le mènera à une névrose et il devra récupérer chez lui. Mais ce n’est pas la fin de ses soucisL l’adolescence et un amour trouble viendront l’achever.



En tant que lecteur, on ne peut que s’apitoyer sur le sort du pauvre Hans Giebenrath. Et la magnifique plume de Hesse y est pour beaucoup. Il sait s’y prendre pour faire comprendre l’enfance et ses tourments sans tomber dans le mélodramatique. Des émotions, oui, mais avec sobriété. De plus, il sait y enjoindre une touche de romantisme tout à fait appropriée : l’évocation de la nature (tant à Maulbronn que dans son village natal de Souabe), la sensibilité du garçon, l’exaltation de ses sentiments pour Emma… Les rares fois où Hans a fait preuve de caractère, c’était d’avantage dû à une mauvaise influence qu’à un réel fond de rébellion, contrairement à l’auteur.



À cet égard, L’ornière, s’il n’est pas vraiment autobiographique, elle est partiellement inspirée par la vie de l’auteur. N’empêche, avec ce roman qu’on pourrait qualifier de roman d’apprentissage s’il se terminait surune note plus positive, on dirait que l’auteur règle ses comptes. Dans tous les cas, il semble dénoncer les revers d’un système d’éducation qui l’a déçu. Bref, L’ornière, c’est la vie manquée d’un garçon, écrasé par les attentes de son père et par celles de maitres aux méthodes rigides et conformistes, plus intéressés par le savoir froid qu’ils tentaient d’inculquer que par le développement des enfants placés sous leur tutelle. Pour Hesse, le séminaire devient une sorte d’usine, où on apprend aux enfants à ânnoner, à répéter par cœur les leçons apprises mais pas à penser par eux-mêmes, où il n’y a pas de place pour l’initiative ni pour la créativité. En d’autres mots, tout le contraire des institutions pédagogiques modernes.
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Le Loup des steppes

Harry est mécontent de sa vie, il la trouve plate et vide. Il ne trouve pas sa place entre le bourgeois et le loup qui sont en lui ; entre esprit et instinct. Lucide et intelligent, il ne supporte plus l’homme et la société moderne, il a un regard cynique sur le monde qui l’entoure, il dénonce la vacuité de l’existence, les plaisirs puérils auxquels se vouent les hommes, l’abandon des valeurs.



Il s’isole pour gagner son indépendance, pour ne plus faire partie de cette meute. Mais, sa solitude devient sa condamnation. Comme un loup a besoin de la meute pour vivre, l’homme ne peut pas vivre seul. Il ne peut pas se passer du côté bourgeois qui est en lui, de son confort, de la chaleur humaine. Il ne renonce donc pas facilement à la compagnie des hommes.

Il se livre à une lutte quotidienne pour trouver son équilibre entre le loup et le bourgeois. Grâce à sa rencontre avec Hermine, il chemine sur la route des plaisirs et des joies oubliées. Lui qui dénonce la vacuité de l’existence, l’abandon des valeurs, va reprendre, pour un temps, goût aux plaisirs simples.



Pourtant son opinion ne change pas, il sait que ces occupations ne sont qu’illusions, leurres. Elles servent à tromper l’ennui, à s’éloigner du bord du gouffre, à ne pas se morfondre.



« Pour celui qui veut de la musique au lieu du bruit, de la joie au lieu du plaisir, de l’âme au lieu d’argent, du travail au lieu de fabrication, de la passion au lieu d’amusettes, ce joli petit monde-là n’est pas une patrie… »



Pour échapper à cette mélancolie, il a une issue de secours, la mort.



« L’idée que le chemin de la mort lui était accessible à n’importe quel moment, il en fit comme des milliers de ses semblables non seulement un jeu d’imagination d’adolescent mélancolique, mais un appel et une consolation. »



Nous mourrons tous, ce qui rend la vie plate et bête, alors pourquoi se battre pour un idéal, la lutte semble vaine et sans espoir. Et pourtant , c’est la crainte de la mort qui rend la vie plus belle et plus précieuse, et qui vaut la peine qu’on se batte pour la rendre plus acceptable, plus digne.



Harry doit s’habituer à ne pas systématiquement critiquer la vie, mais apprendre à écouter, prendre au sérieux ce qui en vaut la peine, et rire du reste. Il vénère de grands hommes, des poètes, des grands penseurs, des musiciens, qui comme lui, ont souffert de leur lucidité face à ce monde frivole et violent à la fois. Mais il peut aussi trouver du plaisir parmi les hommes et femmes de la masse populaire, les plus faibles, les moins instruits.



Certains hommes savent saisir les moments de bonheur quand ils passent, ne s’empoisonnent pas l’esprit de pensées mélancoliques, ne cherchent pas à faire de leur vie des moments héroïques. Ils privilégient leur côté Nature.



Nous sommes tous des poussières d’étoiles, rien d’étonnant à ce que notre moi soit « un petit ciel constellé d’astres », aucun de nous n’est noir ou blanc. Ce chaos intérieur est une richesse, il nous permet de chercher un équilibre, entre le bien et le mal.



Les années qui ont suivi l’écriture de ce roman nous ont démontré que la société a sombré dans le mal, les hommes n’ont pas su utiliser toutes les facettes de leur personnalité. Le côté sauvage et barbare a fait surface. L’homme n’était même plus un loup, il s’est montré bien plus cruel.



Roman initiatique, philosophique qui nous entraine au plus profond de notre être. La société des hommes engendre beaucoup de Harry, de loups des steppes, en mal de vivre, au bord du gouffre.

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L'Art de l'oisiveté

Après « Coma » de Guyotat, les récits d'Hermann Hesse sont un véritable bol d'oxygène. On revit à l'évocation de ses pensées, de son sentiment océanique, de son attirance pour les philosophies orientales. Même lorsqu'il s'adresse aux soldats du front pendant la guerre de 1914/1918, il montre que la vie a un sens. C'est une lecture réjouissante. Lorsqu'il écoute de la musique, assiste à un concert, à un opéra, lorsqu'il voyage en Italie, il sait nous faire partager son plaisir. A un siècle de distance, ses écrits restent d'actualité. L'oisiveté selon Hesse a quelque chose d'épicurien. C'est savoir occuper son temps. Combien de nos jours, comme à son époque, savent le faire ? Le monde regorge de plaisirs en attente. A nous d'en profiter. L'opposé absolu de Guyotat.

Une lecture revigorante et bienvenue en nos temps incertains.
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Siddhartha

Hermann Hesse, auteur allemand a été récompensé du prix Nobel de Littérature en 1946. Il a écrit Siddhartha en 1922. Siddhatha est un jeune homme en quête de sens qui va parcourir l’Inde sur un chemin initiatique. Au fil de ses rencontres, il apprendra beaucoup néanmoins ne se satisfera jamais en s’installant dans une zone de confort. Il se rendra compte que la plénitude spirituelle ne peut pas se trouver en renonçant à la réalité ni en suivant des doctrines telle que celle de Bouddha mais en étant à l’écoute de ses sens.

L’ouverture au monde, l’amitié, l’amour lui permettront de se trouver lui-même et d’atteindre la symbiose entre vie et esprit.

Cette lecture est riche de sens, j’ai pris réel plaisir à lire et à relire ce beau livre.
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Le Loup des steppes

Entrer dans le monde du Loup des steppes, c'est un peu comme regarder la réalité à travers un kaléidoscope. C'est se perdre avec Hermann Hesse ou plutôt son alter ego Harry Haller, dans un monde protéiforme, où la réalité à la fois échappe, tout en étant un constant rappel des vécus antérieurs. Cette construction très mouvante est en même temps savamment orchestrée et les questionnements existentiels dont ce roman phare du XXème siècle se fait l'écho, sont repris et développés en boucle.

La première partie très introspective, les carnets de Harry Haller, et la deuxième, le traité du Loup des steppes, sorte de conte philosophique, sont construites en miroirs. Le fameux loup des steppes, omniprésent dans ces deux premiers temps du roman et reflet de la dualité douloureuse vécue par l'auteur, accède d'ailleurs dans la deuxième partie à la dimension d'un véritable personnage de fiction, ce qui lui donne une épaisseur et une profondeur tragique beaucoup plus marquée que dans la partie introspective. La troisième partie, celle du théâtre magique, avec la scène de bacchanales du bal masqué, apothéose du roman, et les superbes passages hallucinatoires qui suivent, est vraiment pour moi la plus marquante à fois par l'écriture mais aussi par la force des évocations ou des convictions affirmées. Dualité du rebelle en même temps petit bourgeois, refus d'un moi unitaire et d'une binarité réductrice entre loup et homme, plaidoyer pour un moi multiple qui permet de toucher à toutes les dimensions de l'humain, tous ces thèmes sont repris en boucle et se développent au gré des déambulations de Harry Haller dans ce fameux théâtre magique. La quête spirituelle, le besoin éperdu d'une dimension qui transcende l'humain sont également très présents et souvent évoqués grâce au recours de ces "paradis artificiels" dont l'auteur ne fait pas mystère. Qu'il s'agisse du vin ou des hallucinogènes, cela donne lieu à des descriptions somptueuses où se mêlent précision des ressentis et poésie.

Mais ce roman dépasse aussi largement le cadre d'une quête initiatique intemporelle, il jette un regard décapant et sans concessions sur le monde de l'entre-deux guerres où la montée du nazisme et le bruit des bottes vont de pair en Allemagne. Et Hermann Hesse n'a de cesse de condamner, soit sur le mode réaliste, soit sur le mode fantasmagorique, le retour des idéaux qui exaltent un patriotisme nationaliste en même temps qu'ils glorifient le retour d'une guerre libératrice. Ce pacifisme affiché et militant va de pair, dans la dernière partie avec de très beaux passages oniriques, où la vision d'un monde détruit par les ravages d'un capitalisme industriel incontrôlé est lié de façon prophétique, pourrait-on dire aux problèmes écologiques actuels. Non moins acerbe est la critique de la bourgeoisie. Là encore Hermann Hesse s'en donne à coeur joie et démonte avec une ironie mordante tous les mécanismes de domination que met en place ce groupe social pour assurer sa pérennité. Intellectuels, artistes dont il reconnaît faire partie, sont à ces yeux les otages des bourgeois qu'ils exècrent ! Seule échappatoire possible : l'humour dont il chante le côté décapant et démystificateur.

Ce roman m'a marqué par son côté subversif, prophétique, par la lucidité sans concession de l'auteur à la fois sur lui-même et sur son époque. Mais je n'ai retrouvé ni le côté solaire ni l'écriture flamboyante qui m'avait tant plu dans Narcisse et Golmund. Bien sûr les passages d'une noirceur et d'une désespérance absolue correspondent à un vécu très douloureux dans la vie de Hermann Hesse à cette époque. Mais je dois avouer que le romantisme échevelé de certains passages ou le côte héros romantique à la fois maudit et au-dessus de la mêlée de Harry Haller, m'ont un peu tenue à distance. Ce qui explique que je n'ai pas attribué la note maximale à ce roman.
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Le Loup des steppes

Waouh que de monde à avoir déjà parcouru ces steppes !





Au vu des circonstances il n'y aura pas de chronique proprement dite afin de protéger cette espèce de grands solitaires qui vit dans vos villes. Que vont-ils devenir portes des cafés et restaurants maintenant closes ?





Ici aussi c'est dans un Voyage aux confins de l'esprit, celui d'Hermann Hesse alias Harry Heller, que nous emmènent ses cahiers autobiographiques au parfum de conte psychédélique. L'exploration du moi, ce geôlier intraitable nous enfermant au fil des ans dans une prison de plus en plus étroite, en est le sujet essentiel. Seul remède : sa dissolution comme le montre sans équivoque la grande scène du bal masqué, qui n'est pas sans rappeler celle de Mikhaïl Boulgakov dans le Maître et Margueritte.





Ce n'est qu'après cette expérience de dissolution du moi qu'Harry acceptera de passer de l'autre côté du miroir dans le théâtre magique grâce aux mystérieuses substances du beau Pablo. Pas étonnant que le roman pressentant la grande crise de 1929 et la guerre à venir est finalement devenu culte bien plus tard dans les années 1960-70, par delà l'océan dans cette Californie en révolution Peace and Love.





Déjà je disparais, ne cherchez pas à suivre ma trace. D'ailleurs je dois aller apprendre à danser.



Et plus que tout gardez-vous de celles et ceux affolés qui crient au loup !

"Vous devez apprendre à écouter cette satanée musique radiophonique de la vie, à vénérer l'esprit qui transparaît derrière elle, à vous moquer de tout le tintamarre qu'elle produit." p.311
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Knulp

Quelle force dans ce personnage. Un brave homme, ayant choisi une vie libre à travers l'errance se voit finalement exclu de la société qui l'a créé. Mais quelle liberté ! A travers ce personnage, Hesse nous montre la possibilité que l'on a de choisir sa vie. Attention, rien de facile dans ce choix. Mais tout de même, refuser les conventions, le conformisme, c'est tentant. C'est aussi la vision de cette Allemagne au tournant du siècle, encore très rurale que nous fait partager l'auteur. J'ai beaucoup aimé la relation avec la jeune fille à la fête. Et puis, la relation à Dieu, à la fin, quand Knulp se demande, si finalement, il a fait le bon choix. Dieu lui explique qu'il lui a offert toute la palette de sentiments et d'émotions que peut offrir la vie. Une véritable leçon de vie !
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Narcisse et Goldmund

Après bien des années d’errance et de spiritualité douteuse, il fut un temps où mon âme et mon corps eut besoin de se recueillir dans un monastère. A l’ombre d’un grand châtaigner, les saisons défilent dans une quiétude toute particulière. Les moines prient, les enseignants enseignent et les moinillons font le mur pour se taper la gueuze au village d’à côté. C’était il y a bien longtemps, genre ère moyenâgeuse. Mais l’esprit n’ayant que faire de ces considérations temporelles ou mystiques, il tourne les pages de ce divin bouquin, d’un auteur qu’il a appris à aimer avec parcimonie. C’est donc en m’enfermant dans ce monastère, loin de toute tentation divine, pour la boisson on utilise les vieilles méthodes à savoir soigner le mal par le vin c’est divin, que je compte me ressourcer et entretenir une discussion intime et engagée avec mon esprit. Quel état d’âme que de vouloir ainsi se flageller pour essayer de s’élever spirituellement. La tentation spiritueuse est bien trop grande, les blondes allemandes bien trop tentantes. Alors mon esprit s’égarera volontiers avec Goldmund et Narcisse. L’un sera futur moine, futur abbé, futur pape peut-être, l’autre juste un étudiant abandonné aux portes de ce monastère pour lui permettre de rentrer dans les ordres.



Mais, le vouloir ne suffit pas. Il faut y être destiné. Et Goldmund a visiblement, avec ses boucles blondes aussi dorées qu’une pinte de Paulaner, d’autres desseins. Narcisse, son maître, petit scarabée un jour tu deviendras grand, le révèle à lui. Il n’est pas fait pour les ordres. S’ensuit alors une longue errance de pauvreté, de marche, et de baise. Oui, tu as bien lu, ton esprit ne s’égare pas dans de vils fantasmes. Goldmund a la passion, celle des femmes, des grosses, des belles, des laides et des paysannes, des vierges et des peu farouches. Il les aime toutes, à part égale, et ne s’égare pas dans les détails des mensurations. Il prend son pied, avant de reprendre la route. Les seins son dessein.



Quoi ? Ce ne serait pas ça la morale de l’histoire immorale. Désolé mais je ne philosophe qu’après la seconde pinte, et comme j’ai cassé ma bouteille dans le frigo de ma cellule de méditation, je me laisse plus guidé par le cheminement de Goldmund que par la compréhension de son patrimoine familiale, à savoir que la conduite de Goldmund est due à l’absence de figure maternelle dans ses souvenirs d’enfance. Comme tout Hemann Hesse, derrière l’histoire romancée, se cache de quoi méditer sur sa propre condition et sur ses errements et ceux de ses semblables.



Parce que lorsque Goldmund multiplie les frasques sexuelles dans les étables, les chambres de domestiques ou les suites de châtelaines pubères et encore vierges pas pour longtemps, il découvre l’art. La sculpture en particulier d’une statue d’un saint dont j’ai oublié son nom entre deux seins qui illuminera son chemin. Goldmund deviendra sculpteur pour reproduire ainsi l’aura et la lumière que Narcisse a su illuminer dans sa vie et sa voie. Les seins son dessin.



Sa tâche achevée, se pose l’éternelle question du recommencement. Le chef d’œuvre terminée doit-il le pousser à s’abaisser vers d’autres basses besognes ou reprendre la route. Une question que chaque être humain se pose. Se contenter de ce que l’on a ou partir découvrir de nouveaux horizons, de nouveaux culs ou de nouvelles raisons d’aimer. La longue errance reprend son chemin, et avec elle les horreurs de la peste, de la mort, des massacres, d’une vie de bison. Ainsi va la vie humaine et ses errements bestiaux. Mais si Goldmund peut compter sur la présence de Narcisse, sur qui moi puis-je compter pour trouver ma voie ?
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Le Loup des steppes

J’avais déjà lu quelques nouvelles de Hermann Hesse qui m’avaient beaucoup plu. Déjà, on était dans un monde semi-autobiographique. « Semi » parce que les frontières entre fiction, réalité et poésie sont toujours assez floues.

En même temps, j’ai toujours été un peu en retrait, je dois l’avouer, avec la littérature Germanique. J’y ai souvent trouvé un peu trop de romantisme, voire de nombrilisme (Oui, je sais que je vais choquer certains d’entre-vous).

Avec ce roman, on a tout : L’écriture est toujours aussi fluide et agréable, et les thèmes abordés vont nous entraîner vers des mondes qui nous sont à la fois inconnus et pourtant familiers. Paradoxal ! me direz-vous. C’est justement le qualificatif le mieux adapté à l’ensemble de ce beau texte.



Un homme, la cinquantaine, dans le climat très pessimiste de l’entre-deux guerres, après de nombreux événements dans sa vie, prend du recul et s’interroge face au climat au minimum réactionnaire qui s’installe.

A la fois attirant et rejetant toute relation avec ses semblables, un peu ermite (Loup des Steppes) il s’interroge sur lui-même.

Sa dualité (C’est à la mode) va le conduire à des réactions aux stimulis du monde qui l’entoure qui vont contribuer à le marginaliser, alors qu’il ne cherche qu’à nouer des relations avec ses contemporains (qu’il aime et qu’il méprise).

S’agit-il de l’auteur ? A chacun de répondre . De nombreux indices présents dans le texte pourraient le faire croire. C’est finalement sans grande importance.



Chez Hermann Hesse, l’écriture est fluide et par le miracle du travail de la traductrice ce style est rendu de façon très agréable, presque poétique en Français. Il y a parfois des longueurs, et pourtant on se sent bien dans ce texte.

C’est une sorte de roman à tiroir : Un éditeur positionne le récit après avoir trouvé les carnets d’un des locataires de sa tante. Locataire qui avait lui-même reçu un opuscule intitulé « Traité sur le loup des steppes ».

Le nombre de thèmes abordés dans cette réflexion est impressionnant (Je ne les ai pas compté). Cela représenterait certainement plusieurs dizaines de sujet de philo au Bac.

Exemple : Un homme peut-il se consacrer au religieux et à la débauche, à ses instincts le plus bas ? S’agit-il au départ de deux hommes différents qui agissent, ou de l’effet du destin double d’un seul et même homme ?

L’image que nous avons de nous-même influence-t-elle nos comportements de façon à nous faire correspondre à cette image ?



Cette lecture est un grand choc. On a l’impression que l’on pourrait relire de nombreuses fois cet ouvrage et y trouver toujours de nouveaux sujets de réflexion, d’introspection.

Il s’agit bien de l’interrogation sur sa vie d’un homme se rendant compte qu’il approche de l’issue , ses regrets (Jean d’Ormesson aurait pu dire « Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit ») – mais aussi sur la futilité des actions de notre vie, de nos travaux, de ce dont nous sommes fiers en général.

C’est à n’en pas douter un grand roman. Il est certainement plus difficile de l’aborder à certains moments de sa vie qu’à d’autres. Certains romans nous attendent-ils au tournant ? Quitte à les ouvrir à la bonne période. Mystère.

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Siddhartha

Un roman initiatique, philosophique comme je les aime !



J’ai un petit sentiment de déroute, au début, car je pensais qu’il s’agissait d’une histoire romancée de la vie du Bouddha : Siddhartha Gotama, d’autant plus que les destins se ressemblaient étrangement.



En fait, il s’agit d’un héros fictif, homonyme qui quitte sa famille pour aller à la quête d’une spiritualité. Sa famille est riche, tout le destinait à être Brahman comme son père. Mais sa vie ne lui convient pas alors il part avec Govinda son meilleur ami pour partager la vie de ascètes, les Samanas. Il comprend ainsi que la spiritualité ne s’épanouit pas dans les attitudes trop austères, ni dans le renoncement au monde.



Il rencontre une fois le Bouddha historique mais décide de vivre ses propres expériences, d’où ses errements dans le Samsara, où il rencontre l’amour, la richesse, la vie matérialiste, qu’il finit par quitter pour aider l’ami qui l’avait fait traverser le fleuve la première fois.



On retrouve tous les thèmes de prédilection du Bouddhisme auxquels Hermann Hesse a été sensibilisé très tôt par sa mère, thèmes qu’il a fort bien compris et qu’il décrit très bien : la ronde des existences, l’importance qu’on doit attacher à la nature : on trouve de très belles pages sur ses « dialogues » avec le fleuve, dans la notion d’ici et maintenant, l’écoute de l’autre, être humain ou végétal, minéral, l’harmonie entre tous les éléments de l’univers.



« Rien de tout cela n’était nouveau ; mais il ne l’avait jamais vu ; sa pensée l’en avait toujours tenu éloigné. Maintenant, il était près de ces choses, il en faisait partie. La lumière et les ombres avaient trouvé le chemin de ses yeux, la lune et les étoiles celui de son âme. » P 62



L’auteur met en évidence le cheminement de l’être humain vers la sagesse en insistant sur le fait qu’il y a l’enseignement certes, et c’est ce qu’acquiert son ami Govinda, qui a suivi les sermons du Bouddha, mais que rien ne vaut l’expérience personnelle pour comprendre la vraie nature de toute chose.



« C’est le Gotama, le Sublime, le créateur de la doctrine que tu sais. Chaque jour, des milliers de jeunes gens l’écoutent et, heure par heure, s’appliquent à suivre ses préceptes ; mais tous sont comme ces feuilles qui tombent : aucun d’eux ne porte en lui-même sa doctrine et sa loi. » P 85



La vie est une méditation dans la pleine conscience, même si l’auteur n’emploie pas ses termes, ils sont présents dans cette quête initiatique, ce chemin vers la sagesse, l’Éveil. Je baigne dans cette culture bouddhiste depuis longtemps et ce roman a été un moment de bonheur et de retour aux sources.



J’ai beaucoup aimé ce récit, tant le thème que la poésie de l’écriture ; c’est mon premier roman de Hermann Hesse, et j’ai hâte de continuer à explorer l’œuvre de cet auteur consacré par le prix Nobel (j’aime bien Bob Dylan, mais là il s’agit de Littérature avec un L majuscule). Dans ma PAL vertigineuse, se trouvent aussi depuis longtemps : « Le loup des steppes », « Demian »….
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Knulp

C'est mon genre de personnages préféré. Depuis mon enfance j'étais vraiment fasciné par Jerry la souris qui se lève le matin et regarde le calendrier pour voir quel jour c'était sans avoir de projets précis et qui vivait au jour le jour. Puis dans ma jeunesse en regardant le fameux Jack Dawson le vagabond dans la première classe du Titanic.

Alors, le personnage de Knulp avait tous les atouts pour me plaire, en plus c'était mon premier Hesse. Et chose bizarre ce n'était pas le livre par lequel je voulais connaitre cet auteur. Mais un hasard m'a fait connaitre ce roman éclipsé aujourd'hui par les grandes oeuvres de ce Prix Nobel. Je l'ai trouvé chez un bouquiniste et c'est le nom de Hesse qui m'a attiré surtout.



Hesse nous présente un paradoxe. Il nous illustre deux genres d'existence:



- vivre en vagabond amoureux des réflexions et des méditations, sans toit, sans famille ou femme, sans travail, au merci du mauvais temps ou l'hostilité de la société, mourir seul, n'avoir personne à ses côtés dans la maladie et la souffrance, n'avoir pas d'enfants qui attendent le retour du père, attendre que les autres le nourrissent, et tout cela pour être libre comme oiseau dans les airs (mais attention aux chasseurs); n'avoir aucune contrainte au prix de confronter "l'insoutenable légèreté de l'être"



ou



- vivre d'une manière assez simple et commune, avoir une famille et des enfants, se marier comme tout le monde, travailler laborieusement pour subvenir à ses besoins, supporter contraintes, fardeaux et responsabilité, appartenir à une société, vivre stable, au risque de s'ennuyer, de perdre sa liberté, de sombrer dans une vie monotone sans renouveau.



Le livre ne choisit rien, il présente seulement. Certes, Knulp nous paraît tour à tour comme un homme singulier et envié mais aussi comme un homme pathétique; tout le roman est fait de cette dualité, le bonheur de Knulp est-il vraiment complet après tout?



Un roman à lire sans doute.
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