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Critiques de Hermann Hesse (809)
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Narcisse et Goldmund

Narcisse et Goldmund, ce sont deux facettes de l'existence : la spiritualité d'un côté et les passions triviales de l'autre. "Hesse aspire à une civilisation idéale où règnerait un équilibre entre spiritualité et animalité" peut-on lire en 4ème de couverture. Et c'est exact. Mais ne peut-on pas retrouver ces deux aspects de personnalité dans un même individu ? La vie se résumerait-elle à ce choix avec les regrets du manque de l'autre facette qu'éprouvent nos deux héros ? Je pense pour ma part que Narcisse peut se retrouver dans Goldmund et inversement. Une existence humaine pleine doit se confronter aux contingences, aux passions, mais aussi trouver en soi une force mystique qui les transcende et aboutit à un accomplissement. La problématique de Hesse me touche personnellement. A chaque livre quasiment, je retrouve ce questionnement qui m'amène à ces réflexions stimulantes pour l'esprit et trouver un sens à ma propre existence. Un livre que je recommande bien évidemment à tous ceux que cette réflexion intéresse, surtout en nos temps troublés.
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Le Voyage en Orient

Hermann Hesse écrit « Le voyage en Orient » en 1931. Il parait l’année suivante. L’Allemagne est au bord de la faillite, le parti nazi et Adolph Hitler font une percée foudroyante dans le paysage politique.

Le roman de Hesse narre la marche vers cet Orient, destination onirique, voyage initié par un mouvement spirituel, une secte, l’Ordre. C’est en fait pour l’auteur le prétexte pour une recherche de sa propre identité intérieure, de ses propres choix. Le mouvement est le révélateur des pérégrinations spirituelles de l’auteur et de son héros, H .H., de ses interrogations, de la recherche d’un sens à donner à sa vie et de sa propre place et du rôle qu’il joue dans celle-ci. C’est la migration d’un point A incertain et perdu dans le passé vers un point B inconnu et indéfinissable dans le futur. C’est la métamorphose de la chenille en papillon. C’est enfin le moment de la révélation sur la véracité des croyances, la remise en question perpétuelle des certitudes.

Les deux personnages principaux, H.H. et Léo, ne sont qu’une et même personne, Hermann Hesse lui-même, confronté à sa propre dualité, ses incertitudes, ses doutes par rapport à une organisation référente, l’Ordre. Peut-on y voir la position de l’auteur par rapport à la montée du nazisme, parti dont il condamne les thèses et pour lequel il comprend parfaitement les dangers ?

D’un côté une nation aux abois qui cherche un sauveur, Hitler, d’un autre côté les conséquences de l’adhésion et la soumission à ce nouvel Ordre et toutes les horreurs qui en ont découlées. C’est ce pacte avec le diable que dénonce Hermann Hesse dans ce récit et le combat intérieur dans la prise de décision. Il écrit : « C’est la loi de la servitude. Ce qui veut vivre longtemps doit servir. Mais ce qui veut dominer ne vit pas longtemps ».

La fulgurance de cette histoire, seulement 119 pages n’est qu’un leurre car la lecture est ardue et la compréhension complexe. L’histoire narrée entre rêve et réalité entraine des interprétations multiples. La relecture permet de découvrir d’autres sens cachés.

L’écriture est belle, poétique.

Traduction de Jean Lambert.

Préface d’André Gide.

Editions Calmann-Lévy, le livre de poche, 119 pages.

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Siddhartha

J'ai lu ce livre il y a pas mal de temps et il est en moi pour bien des raisons.Je l'ai étudié dans le cadre d'une formation litteraire spécifique,et contrairement à mes collègues qui voulaient en éviter le compte rendu face à un public,je me suis vu désigné pour mon plus grand plaisir.Un livre fondamental pour moi,de par son riche contenu et l'étude de l'évolution de l'homme vers un idéal dont il sera le principal acteur.

Pour la petite histoire,j'avais obtenu 16 sur 20 et les félicitations de mes copains.Pas si mal,non,quand un roman à un tel impact sur votre personne.C'etait il y a longtemps,je m'en souviens encore.

Un livre de réflexion dont je suis encore imprégné.
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Le Jeu des perles de verre

Un roman tout à fait original , inclassable. Affichant faussement le titre d' "Essai de biographie du Magister Ludi Joseph Valet" , il s'agit, au fond, d'un roman utopique , et d'anticipation, sensé se dérouler vers l'An 2200, alors même qu'il se présente sous la forme d'un essai biographique.



On y retrouve l'esprit puissant, subtil et torturé d'Hermann Hesse. le Jeu des perles de Verre, achevé en 1943 à l'âge de 66 ans, constitue l'aboutissement de toute une vie, de sa quête personnelle de « remplacer le culte des idoles contemporaines [.par.] les éléments d'une croyance à partir de laquelle il serait possible de vivre ". (Quel à propos que d'éditer cela en 1943 !).

Ainsi l'Amour, au sens bouddhiste, découvert dans Siddhartha, et l'esprit des Immortels, rencontré dans le Loup des steppes, préfigurent cette recherche.



Le scénario peut être résumé, tout en conservant le mystère lié au caractère "mystique" de l'écriture : ainsi, le lecteur ne saura jamais vraiment ce qu'est concrètement le Jeu des Perles de Verre, -variation intellectuelle et musicale du jeu de go, réalisant la synthèse pythagoricienne de la musique et des mathématiques, pour finalement englober tous les champs de la connaissance ?- .... il ne peut que s'en faire une idée personnelle fantasmatique, support à sa propre réflexion personnelle...



C'est pourquoi je me risque, pour un fois, à dire deux mots de l'intrigue de cette biographie fictive. Joseph Valet, repéré un jour par le Maître de musque, va être éduqué dans la Province protégée de Castalie, entièrement dédiée à l'apprentissage et à la culture. Joseph va assimiler très vite tous les enseignements, masquant une personnalité plus ambiguë, et si bien intégrer les règles et la hiérarchie stricte de cet ordre philosophico-pédagogique, quasi-religieux, qu'il finira au sommet de l'édifice... avant de s'en émanciper.



On croise au long du roman des personnalités -déguisées sous de faux noms- telles que Thomas Mann, Friedrich Nietzsche, mais surtout on y suit, au travers d'une narration élégante mais volontairement sèche, dans le style biographique, la quête spirituelle et, au final, la réalisation de soi du personnage.



Parfois, Hesse livre quelques considérations philosophiques et psychologiques guidant le lecteur. Les rencontres avec le "sage chinois" ou le "documentaliste bénédictin" renvoient bien souvent à la doctrine du devoir chère à Confucius, et viennent proposer, à partir d'une excellente connaissance de la philosophie bouddhiste et du "lâcher prise" , une correction aux philosophies hegeliennes et nietzschéennes, tout aussi chères à Hermann Hesse.



Néanmoins, le choix d'une transcription biographique crée une distanciation volontaire et place cet ovni littéraire bien loin d'un ouvrage de philo, le lecteur étant avant tout invité à se poser des questions et porter un regard critique à partir de l'expérience inédite de Joseph Valet.



Certains ont estimé que le Jeu des Perles de Verre, en tant que roman utopique et d'anticipation, avait pu inspirer Fondation, Dune ou le Maître du Haut Château, puisant lui-même ses racines dans l'évocation de la République de Platon ou dans l'Abbaye de Thélème rabelaisienne. C'est probable, et certaines pages pourront aussi faire penser aux romans de Eco.



Mais, pour moi, ce livre est avant tout la somme originale syncrétique de toute une vie, celle d'Hermann Hesse, penseur et essayiste sans doute autant , sinon plus que romancier. Son style riche et son désir de faire passer le message le rend parfois moins élégant que Zweig, par exemple. Ainsi, les "trois biographies de Valet" en fin d'ouvrage m'apparaissent comme un ajout inutile, les 550 pages du roman principal se suffisant à elles-mêmes.



La lecture du Jeu des Perles de Verre est un peu plus difficile que celle de Siddharta ou du Loup des Steppes, romans de facture plus classique. Mais cela vaut vraiment la peine d'approfondir le dialogue avec ce grand humaniste. Je ne peux que partager mon admiration. Il est pour moi inclassable, et ouvre au lecteur, avec une grande liberté d'esprit et de ton, des voies de découverte intérieure qu'il a lui-même explorées...
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Le Dernier été de Klingsor

Qu’ont en commun un étudiant en vacances qui découvre son premier amour, un jeune garçon qui dérobe un objet dans le bureau de son père, un homme dans la trentaine qui déraille un peu et un artiste qui essaie de produire son chef d’œuvre ? Hermann Hesse ! Ces quatre nouvelles ont été réunies dans le recueil intitulé Le dernier été de Klingsor. Même si elles traitent de sujets forts différents, voire diamétralement à l’opposé les uns des autres, leur dévelopement et la manière qu’a l’auteur de plongé au cœur de l’âme humaine reste presque inégalée. En ce sens, son écriture me fait penser à celle de Stefan Zweig. Peut-être un peu plus intellectuelle mais tout de même abordable. Et, avec des thèmes aussi universels que l’amour, l’angoisse et la peur, la folie, l’énergie créatrice, la mort, comment ne pas se sentir interpelé ?



Dans «La scierie du marbrier», le jeune narrateur, étudiant passant les vacances d’été à la campagne, s’éprend d’un amour fou pour Hélène mais il apprend qu’elle est promise à un autre. Les deux essaient de prendre des distances pour s’éviter les pleurs inutiles et la séparation inévitable mais, le premier amour – et tous les autres aussi, non ? – c’est toujours le plus terrible et le plus difficile à résister. L’évocation de la nature bucolique et des souvenirs d’enfance aident à entrer dans la peau de ce jeune homme de dix-sept ans, à vivre avec lui cet amour naissant, presque innocent.



« Ame d’enfant » nous ramène au petit garçon – ou à la petite fille – que nous avons été. Dans un moment trouble, sans trop savoir pourquoi, le narrateur de onze dérobe un objet dans le bureau de son père. Ce qui devait arrive se produit : le paternel découvre le méfait. Mais comment lu iexpliquer le désarroi dans lequel on était plongé, comment lui faire saisir qu’on avait besoin de lui ? C’est alors que l’enfant comprend que la figure paternelle n’est finalement pas à la hateur et que, malgré les liens de parenté, jamais il n’y aura de totale communion entre deux êtres. Pour toujours, nous sommes seuls avec nous-mêmes.



«Klein et Wagner» nous plonge dans l’enfer de folie. Un homme en fuite en Italie essaie de comprendre et de rationnaliser les crimes qu’il a commis. Surement une influence de la musique wagnérienne. Mais sa réflexion déborde : qu’en est-il de la responsabilité individuelle, de l’amour, puis de la vie et de la mort ? À trop se perdre dans ses débats intérieurs, on ne sait plus séprarer le réel et l’imaginaire. «Le dernier été de Klingsor» nous élève encore plus. Un peintre, à travers sa démarche de création artisite, recherche la beauté, la perfection. Et peut-être aussi du divin, l’immortalité. Il y parviendra mais à quel prix ?



Tous ces personnages, ils pensent, ils cogitent. Oui, ils sont un peu victimes des circonstances, mais leur expérience les enrichit. Et, à travers leurs monologues intérieurs, on suit leur raisonnement. C’est fascinant. Évidemment, un lecteur plus porté vers l’action risque de s’ennuyer un peu. Je l’ai écrit plus haut, l’œuvre de Hesse est intellectuelle et ça peut en agacer plus d’un. Au moins, les nouvelles sont variées et pas trop longues. Pourtant, les quatre personnages qu’elles mettent de l’avant, on semble les connaître aussi bien que s’ils nous avaient été décrits en long et en large dans un pavé. C’est ça, le talent. Dans tous les cas, il s’agit d’une lecture qui ne laisse pas indifférent, qui porte à la réflexion.
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Peter Camenzind

En publiant en 1904 , son premier roman "Peter Camenzind"

l 'auteur germanophone , Hermann Hesse , signe là un de ses grands romans .Ce livre préfigure déjà ce que seront ses

futurs ouvrages car on y trouve les grands thèmes qui seront abordés et développés ultérieurement .Au début de l 'ouvrage , nous apprenons ce que fut l 'enfance de Peter Camenzind sosie de l 'auteur .On remarque l 'amour de Peter pour la nature : les montagnes , les pâturages et autres éléments de la nature . Cette partie de la vie est douloureuse pour lui : il assiste au décès de sa chère mère .Ensuite ,il part pour la ville afin de continuer ses études .Il fit la connaissance de Richard qui fut son grand et meilleur ami .Ce dernier décédera lui aussi et Peter fut fortement touché et ébranlé par la perte de cet ami .

Ce dernier l 'a introduit dans la société et le cercle des amis de Peter s 'élargit .Il fit la connaissance de l'artiste-peintre ,Erminia Aglietti pour ne pas la nommer .Il éprouve pour cette dernière secrètement un grand amour .Ma cette artiste a déjà une relation avec un autre homme .Ce fut une grande déception pour Peter .Ayant vécu un temps dans cette ambiance , Peter est révulsé

par l 'hypocrisie des gens et il n 'arrive pas à s 'y intégrer à la société car il est en quête d 'une vie où il y aura pour l 'homme un équilibre entre la vie spirituelle et la vie matérielle .

Peter arrivera-t-il un jour à retrouver cette harmonie dans la vie où l 'homme sage alliera ces deux attitudes

dans la vie et enfin connaître la vrai bonheur .



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Demian

J'ai découvert Hermann Hesse avec Le loup des steppes – Histoire d'un homme qui tente, en vain, tel un loup solitaire, de fuir les autres et les futilités liées à la vie quotidienne jusqu'à ce qu'il trouve un équilibre entre lui et le monde extérieur –. Cet auteur (prix Nobel de Littérature en 1946) est, je crois, peu lu de nos jours et c'est bien dommage.

J'ai donc poursuivi mon exploration de l'oeuvre d'Hesse avec Demian, un roman d'initiation. Le lecteur suit le cheminement d'Emile Sinclair, tout au long de son adolescence, pour le laisser à l'aube de la première guerre mondiale.

A dix ans, le garçon se rend compte que deux mondes se côtoient en permanence : le monde du bien, lumineux et doux, confortable cocon, avec une famille rassurante et aimante, et celui du mal, sombre, violent, où il faut sans cesse se battre – avec les autres et avec soi-même – pour arriver à ses fins. Sinclair sent qu'il n'est jamais entièrement dans l'un ou dans l'autre monde mais qu'il passe de l'un à l'autre à tout moment. Il s'interroge sur la place qu'il tient sur cette planète, dans ces univers distincts ; est-il utile ? Que lui réserve son avenir ?

Il fera la rencontre de Kromer, Demian, Eve, Pittorius...chacun d'eux le guidera sur le chemin de la connaissance de soi et des autres. Introspection, psychanalyse et spiritualité sont abordés à travers des images fortes telles que le diable, Dieu, le signe de Caïn, Eve, Jacob, la figure du père, le sexe... L'adolescent a besoin de se représenter les choses, de les inventer parfois, pour donner du sens à sa quête de vérité, d'où l'accumulation d'images puissantes fantastiques, brutales parfois.

Demian demeurera jusqu'à la fin son éclaireur, son mentor. Apparaissant à ses côtés lors d'événements pénibles, il saura ouvrir la voie dans laquelle Sinclair s'insinuera, apprenant ainsi à ne pas suivre le troupeau mais tenter plutôt de se démarquer, de se révolter, de faire des choix judicieux, d'oser se battre pour ses idées.

Tout cela lui permettra d'affronter ses démons, d'aller de l'avant : être acteur de son existence.
Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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Knulp

Ha ! quel fainéant, pique-assiette, vagabond, ce Knulp. Ce pourrait être un sentiment bien légitime, après tout, dans un premier coup d’œil ; et après quoi, finalement, comment ferions-nous d’un seul l’amalgame d’un tout universel quand on nous dit que l’âme n’est pas à l’échelle du constructeur et qu’à chacun tient sa légende. Ça fait penser à la feuille blanche où naît, au fur et à mesure, le trait sous l’impulsion, la naissance, l’enfance et la finalité figurant l’état adulte. Knulp ne donne-t-il pas l’essentiel de sa personne si l’on considère comme évanescente, l’humanité, exclusivement employée à produire ? Altruisme et bonhomie cheminent en son cœur et nous attachent, un bel après-midi, dans un temps très court, en quelques cent pages seulement.
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Eloge de la vieillesse

Un message positif sur la vieillesse, ni idéaliste ni aigri, spirituel sans être ésotérique.



Des pensées, des poèmes et de courts textes portant sur l’âge et les saisons. De belles métaphores, des observations de la nature, des mots du quotidien et des sentiments humains.



L’auteur souffre dans son corps et ne nie pas les douleurs et les renoncements, mais il est riche de sa mémoire remplie de beautés, d’images et d’amitiés.



Un court recueil d’environ 150 pages, un livre à garder sous la main pour le relire dans quelques années…

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Siddhartha

Sidhartha ayant dépassé la sagesse de son brahmane de père n'en reste pas moins frustré quant à sa recherche du Nirvana que ne peuvent combler ni la compagnie des ascètes Samanas ni la rencontre avec le grand Bouddha.

Poursuivant son éveil en compagnie de la belle courtisane Kamala qui lui fait découvrir amour et cupidité, il en perd presque son âme et c'est en fin de vie au bord du fleuve qu'il trouve enfin la sagesse.



'Le Savoir peut se communiquer, mais pas la Sagesse. On peut la trouver, on peut en vivre, on peut s’en faire un sentier, on peut, grâce à elle, opérer des miracles, mais quant à la dire et à l’enseigner, non, cela ne se peut pas.'



Cette magnifique fable philosophique devrait être enseignée à tous nos jeunes. Son écriture, intemporelle, m'a surpris. Elle aurait pu être écrite ainsi il y a deux mille ans.
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Knulp

Je crois bien que je n'avais jamais lu d'écrits d'Hermann Hesse ...



Knulp , court roman en trois parties est sans doute une excellente façon de faire connaissance avec l'auteur .



A travers les choix ou , pour si on considère le point de vue de ses amis, les renoncements  et à travers les rencontres à différents âges de la vie qu'a fait Knulp , le vagabond , puis,    le face à face avec le créateur au moment où la mort s'annonce , la question essentielle posée dans ce récit est : que fait-on de sa vie ?



Choisit-on vraiment ou est-ce déjà déterminé par son destin ? la question se pose à chacun et le récit a beau être bref, il entraine rapidement une réflexion .



Homme complexe, érudit , qui a préféré une vie libre à une aisance matérielle  qu'il trouvait monotone, Knulp est un jouisseur de la beauté et de l'éphémère mais c'est finalement un homme seul.



Très beau texte .

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Siddhartha

Un petit livre initiatique pour un grand moment d'écoute que je dois au Masse Critique de Babelio et aux éditions Audiolib. Merci !

Écouter ce conte philosophique m'a replongée quelques années en arrière, quand je tournais les pages de ce livre qui m'avait tant marquée. Je me suis rendue compte que l'histoire de cette longue quête initiatique était encore très fraîche dans ma mémoire, de même que le message transmis par Hermann Hesse, entre autres, de cheminer par soi-même sur les sentiers de la vie, en expérimentant par soi-même, en ressentant, en vivant, vibrant de tout son être pour se découvrir et être en paix avec soi-même, trouver les voies de la sagesse et de la sérénité par son propre cheminement.



" Tu as réussi à t’affranchir de la mort. Cette délivrance est le fruit de tes propres recherches sur ta propre route ; tu l’as obtenue par tes pensées, par la méditation, par la connaissance, par l’illumination. Ce n’est pas par la doctrine que tu l’as eue ! Et voilà ma pensée, ô Sublime : personne n’arrivera à cet affranchissement au moyen d’une doctrine. [...] Je ne me reconnais pas le droit de porter un jugement sur la vie d’un autre. Je n’ai d’opinion que sur moi-même et sur moi seul, c’est à moi de me juger, à moi de faire un choix, à moi de refuser. "



Une écoute inspirante.

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Gertrude

Gertrude, c’est une histoire classique, presque aussi vieille que la littérature. Allemagne, fin XIXe siècle. Kuhn est jeune et amoureux. Il est surtout un talentueux musicien. Cet art est son univers. Mais un bête accident le prive de sa main, maintenant handicapée, et de son rêve de devenir un pianiste renommé. Mais bon, ses talents en musique, eux, ne disparaissent pas. Après un bref épisode de tristesse (et qui ne serait pas triste après un pareil drame ?), Kuhn se dirige alors vers la compisition et connaitra un succès certain. Même le ténor Henri Muoth chantera ses opéras, de même que la belle Gertrude. Le compositeur s’emmarouchera d’elle, elle deviendra sa muse. Malheureusement, le sentiment n’est pas réciproque, elle penche plutôt pour le ténor… En d’autres mots, un triangle amoureux qui n’en est pas un.



Comme je l’ai écrit plus haut, c’est une histoire qui a été mainte fois racontée. Sa particularité (et ce qui fait que ce roman mérite d’être lu) est d’être sortie de l’imagination de Hermann Hesse, qu’elle ait été rédigée par sa main. La plume du grand auteur allemand est remarquable entre toutes. Même dans un de ses premiers romans comme Gertrude. Rien de pathétique ni de larmoyant, les clichés du genre ont été évités. Hesse, à défaut de présenter une histoire originale, nous offre un moment de lecteur agréable. Il réussit à rendre sympathique ce jeune artiste en quête de bonheur. Et le narrateur, peu intrusif, fait en sorte qu’on découvre ce que l’avenir réserve à Kuhn en même temps que lui. Donc des petites surprises en perspective. Vraiment, on peut voir tous ces petits éléments qui étaient annonciateurs d’une grand auteur en devenir.
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C'en est trop - Poèmes (1892-1962)

Siddhartha, Demian, Le Loup des steppes, Le Jeu des perles de verre, Narcisse et Goldmund... Autant de titres, et bien d'autres sans aucun doute, que le lecteur assidu des grands classiques du XXème siècle connait au moins de nom, saura rattacher à un nom, prestigieux, celui de l'allemand Hermann Hesse. D'autres se souviendront peut-être avoir dévoré quelques unes de ses passionnantes nouvelles, l'un ou l'autre de ses essais vivifiants. Mais combien de ces mêmes lecteurs pourtant patients savent que ces œuvres en proses cachent une oeuvre poétique dense, importante. Essentielle ?



Pourtant, oui, la poésie a traversé la vie et l'oeuvre colossale du prix Nobel allemand, au point que c'est sans aucun doute par une composition poétique qu'il a dit adieu à la vie - bien qu'il ne l'ait évidemment su lui-même - par l'entremise d'un texte aussi épuré que puissant, où il est question de branche tordue, de longue agonie, du passage sans fin, des saisons, de cette vie qui s'accroche, par-delà toute raison. Un court texte d'une intense modernité :



Grincements d'une branche tordue

Branche tordue fendue

Qui pend déjà d'année en année,

Sèche, elle grince dans le vent sa chanson,

Sans feuilles, sans écorce,

Blême et nue, fatiguée de vivre trop longtemps,

D'une trop longue agonie.

Sa chanson sonne dure, et endure,

Sonne obstinément, sonne un secret effroi,

Encore un été,

Encore un hiver entier.



Mais cet univers poétique qui s'est construit une vie durant n'a pas, on s'en doute, que ces thèmes de fin d'une vie pour seuls objets. Dès les années de formation, le jeune Hesse souhaite devenir «poète ou rien» ! Bien entendu, cette période d'intense créativité entremêlée à une existence faite d'instabilité - familiale, financière, quotidienne - et de difficulté à vivre, revêt bien des thèmes propres à la fin de l'adolescence et au jeune âge adulte mais l'on sent déjà une grande maturité (le poème Mon frère, le buveur en est un exemple frappant) se cherchant malgré tout derrière les grands prédécesseurs, Heinrich Heine en tête, mais aussi Novalis, von Brenano ou encore Joseph von Eichendorff et la grande sensibilité parfois sensuelle de Hesse cache parfois mal les influences post-romantiques de ses inspirations.



S'ensuit la période de la grande guerre durant laquelle, Hermann Hesse sera la cible de la presse, de nombre de politiques ainsi que d'intellectuels allemands en raison de son attitude en appelant à la modération et au pacifisme. Ainsi, après s'être d'abord porté volontaire en 1914 par solidarité avec les jeunes écrivains qui tombaient au front (il avait alors déjà 47 ans), il se vit refuser son enrôlement pour inaptitude. Bien que participant, à sa manière (via son affectation à l'ambassade de Bern), à l'effort de guerre allemand, Hermann Hesse prit très vite des positions pacifistes qui lui furent très vivement reprochées. Très touché par ces attaques, cette période de fin de première guerre mondiale et de début d'entre-deux furent particulièrement lourdes dans l'existence du poète qui eut à endurer la mort de son père, la grave maladie de son fil et à soutenir la schizophrénie de sa première épouse... Lui même connut, au cours de ces années personnellement dures mais parallèlement géniales (c'est, bien évidemment, l'époque de Le Loup des steppes, son roman le plus connu et le plus lu, encore à ce jour), une longue période de profonde dépression que l'on retrouve de manière saisissante dans ses poèmes d'alors (Schizophrène, Un soir avec le docteur Ling, Pleurnicherie, etc)



La pluie tombe,

Le vent débite dans les branches avec lassitude sa chanson ;

Ça pue dans le monde,

Ça pue le vin renversé et les fêtes enfumées,

Ça pue la mort et la naissance, et cette cochonnerie d'existence,

La soupe et les excréments.

Au coin la mort attend,

Elle guette si je suis mûr pour la putréfaction.

Ça ne m'intéresse pas,

Je la regarde dans les yeux avec lassitude.

J'ai les oreilles qui déjà de ma tête se détachent,

Et je perds mes cheveux,

Je suis un pauvre bougre.

Il n'y a donc personne pour me ramener chez moi ?



Puis vint l'arrivée de Hitler et de ses Nazis au pouvoir. Ils s'empressèrent d'interdire l'oeuvre du futur prix Nobel, décidément trop pacifiste à leur goût. Ils ne peuvent que l'exécrer d'autant plus, lui qui aide comme il le peut ses amis juifs à s'exiler vers l'Angleterre. Hermann Hesse refusera tout contact avec la barbarie nazie, au point même de couper les ponts avec des connaissances ayant quelque admiration pour leur chef ! D'ailleurs, son plus grand roman - un véritable monument de la pensée - est une charge définitive contre ce pouvoir honni et les crimes qu'il commettait. Certains des poèmes de cette époque se ressentent de cette inspiration. L'un d'eux est même intitulé Le jeu des perles de verre.



S'il n'écrivit plus un seul roman après la fin de la seconde guerre mondiale, se consacrant en grande partie à son immense correspondance, résultante obligée de son statut de maître et de grand intellectuel, il ne cessa cependant jamais de composer des poèmes, d'une épure de plus en plus évidente, d'une fausse immédiateté, dans lesquels il semble à la recherche d'une relation symbiotique avec la nature, avec la Terre, avec l'infinité de la vie. Un des poèmes touchant peut-être à une certaine grâce est celui intitulé un air de flûte :



Un air de flûte

Une maison la nuit à travers les arbres et les buissons

Laissait passer la faible lueur d'une fenêtre.

Et là-bas dans la pièce invisible

Un flûtiste jouait de son instrument.

C'était un chant connu depuis longtemps,

Qui coulait aimablement dans la nuit,

Comme si tout pays était terre natale,

Comme si chaque chemin était accompli.

Le sens secret de la terre se révélait

Dans sa respiration,

Le cœur se donnait de bonne grâce,

Et le temps tout entier était le présent.



A parcourir les quelques cinquante textes (tous en présentation bilingue, ce qui est une gageure pour tout éditeur et traducteur/interprète du langage poétique, tant l'exercice requiert d'intelligence, de finesse et de sensibilité, et qu'ils s'exposent à une critique immédiate en raison de la proximité de l'original et de sa translation), on regrette vraiment la pauvreté et la frilosité de l'édition française en la matière. Un seul autre recueil propose un choix de textes poétique d'Hermann Hesse (chez José Corti en 1994). Remercions donc chaleureusement les très précieuses et vivifiantes éditions Bruno Doucey de nous permettre de pénétrer subrepticement, mais avec ravissement, dans les profondeurs de l'univers magistral de cet immense créateur.
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Siddhartha

Il y a des fragrances certaines de Mahâbhârata dans ce livre.

Hermann Hesse reprend l'esprit de la grande épopée hindoue dans ce court récit initiatique où on suit le parcours d'un homme, Siddharta, qui, de Brahmane devient Samana (mendiant), rencontre Bouddha, puis une courtisane qui lui apprend la vie et les passions humaines, lui donne un fils et meurt. Siddharta terminera sa vie auprès d'un fleuve, en tant que passeur, réconcilié avec le monde et avec la vie, ayant appris à comprendre et à aimer. Il lui aura fallu passer comme tout un chacun par les affres des possessions et de la souffrance pour parvenir à ce détachement parfait, qui n'est pas l'indifférence et le mépris de la condition humaine, mais bien plutôt son accomplissement par-delà les agitations et les troubles de l'âme.

Dans ce magnifique et court texte, aussi profond que le fleuve que Siddharta fait traverser, Hermann Hesse tente d'approcher la sagesse hindoue à travers la quête d'un homme épris de bonheur et de perfection qui finit par se dire, un peu comme Socrate, qu'au fond il ne sait rien et qui préfère la vie à toute doctrine et autre tentative de la réduire. Et c'est assez réussi, dans la mesure où l'esprit de l'Inde est tout de même difficile à exprimer par une mentalité européenne influencé par un rationalisme à tout crin. Les dernières pages du livre virent d'ailleurs à la synthèse dithyrambique de tout ce qui est dit auparavant, et c'est dommage, cela gâche un peu tout. Mais c'est tout de même un très beau texte apaisant et incitant à prendre du recul, qui peut enrichir tous ceux qui aiment à réfléchir sur le sens ou plutôt sur la façon de vivre la vie.
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Demian

« L’oiseau cherche à se dégager de l’œuf. L’œuf est le monde. Celui qui veut naître doit détruire le monde. »



Une plongée dans le cœur de la philosophie Nietzschéenne. Conte initiatique, roman d'apprentissage, les nombreuses questions que soulève ce livre incite à la réflexion.



La rencontre soudaine avec Demian va ébranler les certitudes d'Émile Sinclair, faisant s’écrouler la compréhension du monde qu’il avait jusqu’alors. Par ses phrases sibyllines, Demian va apprendre à Sinclair à s’émanciper, sortir du troupeau, à refuser les sentiers tout tracés pour prendre les chemins hors champ. Les petites graines que Demian va semer derrière lui, plongeront le jeune garçon dans une torpeur existentielle jusqu'à l'illumination. Mais pour cela, il faudra qu'il côtoie les ténèbres, danser avec les ombres, pour pouvoir avoir enfin cette chance de remonter et d'apercevoir la lumière.



C'est une leçon de liberté, et une ode à la quête de soi qu'Hermann Hesse nous livre ici.
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Le Loup des steppes

"Je me risque à prédire qu'on finira par découvrir que l'homme n'est en définitive qu'une sorte de régime politique administrant tout un peuple de citoyens divers, indépendants et incongrus", disait le docteur Jekyll sous la plume de Stevenson.

"There is someone in my head, but it's not me" répond Roger Waters...

On pourrait continuer à l'infini les mots inspirés de ces artistes qui ont exploré la psychiatrie avant ou en dehors des psychanalystes. Autant plonger directement dans l'expérience ultime que représente la lecture du Loup des steppes, bien que celle-ci ne soit pas de tout repos : ils sont tous là, dans la tête de Harry Hiller le lucide et fin esthète qui rejette sa place dans ce monde faute de comprendre qui il est. Quand, une fois passée la porte du théâtre magique sous la férule d'une femme qui est sa semblable, il se décide à se libérer et de fait à les libérer tous, jusqu'aux plus maléfiques, la déflagration qui s'en suit est à la fois jubilatoire et malaisante.

Sombre miroir que nous tend Herman Hesse dans ce roman immense et dérangeant.
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Le voyage à Nuremberg

D'une délicatesse vivifiante, Le voyage à Nuremberg est un pur concentré de Hesse. Deux mois de voyage pour un saut de puce du Tessin à Nuremberg avec quelques conférences littéraires en toile de fond et déjà tant de questions et si peu de réponses. Quand Hermann Hesse prend le train en égrenant villes, séjours, amis et paysages c'est pour mieux écouter comment le monde retentit en lui-même. Avec cette magistrale spécificité : parce qu'il est profondément humaniste, Hesse n'aime pas être dérangé.

Entre constante recherche de soi, quête de connaissance et farouche indépendance, dans un style d'une absolue limpidité, Hesse se met lui-même en scène, comme dans tous ses écrits, sorte d'aller-retour entre artiste et penseur, sans jamais dévoiler toute la profondeur de ses secrets. Maintenir ce fragile équilibre quasi musical entre moi profond condensé sur sa quête de sens et expansion de l'homme dans le monde. Armé de ses seules confidences à moitié offertes, Hesse l'émotif ne s'épanche jamais : il prend son temps, sa façon à lui de détourner lois et conventions, en rebelle tranquille. Quand il effleure ses déchirures, Hesse n'en donne jamais les dimensions.



Suivre les empreintes d'Hermann Hesse et ce retour à pas de velours sur son enfance Souabe où Hölderlin, sa lune et ses élans sont omniprésents. Merveille entendue, à l'adolescence, enchantement poétique, car Hesse est habité de poésie. Eternel chercheur d'instants de grâce, il se promène dans sa mémoire et ses tentations. Tentations du rêve.

Car la part du rêve est une part du chemin, et ce rêve est issu de l'écriture, mais sans jamais fuir la souffrance de vivre. Pour lui, toute route est élan initiatique où la béatitude suprême serait dans la sincérité mystique d'un paysage naturel, le temps d'une promenade, plutôt que dans un sacerdoce. Errance du regard pour suspendre la course du temps et capter un instant d'extase fécond de questionnement.



Mais aussi refus de la modernité industrielle et surtout de sa vitesse, car Hesse-le-rêveur exècre le monde pressé, la vie hâtive mécanisée, qui condamnent l'humaine promenade pour instaurer une course manufacturée peuplée de travailleurs inquiets. Exister prend du temps, comme l'amitié et ses fidélités autour d'un verre de vin nouveau, comme prennent du temps les voûtes d'une église ou l'angle fleuri d'un jardin.

Et enfin cet humour de Hesse qui exige d'avoir assez souffert pour s'ennuyer des vanités intellectuelles et ne pas prendre la littérature trop au sérieux, bien au contraire : écrire entre espoir et anxiété, expérimentant chute et plénitude, pour librement participer au monde mais sans la certitude de savoir d'où pourrait bien venir notre Salut.
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Le Loup des steppes

Le loup des steppes est un livre extraordinaire, au sens littéral du terme : il sort de l'ordinaire. On peut le lire et le relire vingt fois et découvrir à chaque lecture un nouveau point de vue sur son approche. On peut le voir comme un ouvrage philosophique (quête de sens), psychologique (névrose et schizophrénie), fantastique (hallucinations et délires). Les angoisses d’Harry Haller (héros du récit et double d’Hermann Hesse) empruntent des chemins tortueux pour l'esprit.

C'est un roman polymorphe, j'entends par là que le récit est d'une telle densité et d'une telle richesse, que le lecteur y puise selon son humeur, son savoir, son expérience, son imagination ; tous éléments qui composent une conscience humaine.

C'est aussi un livre rébarbatif et déroutant et mieux vaut l'éviter en période de déprime. Harry Haller/Hermann Hesse est loin d'être un joyeux luron. Par ailleurs, tenter un résumé de l'histoire donne une faible idée du contenu. Il s'agit d'un homme cultivé et misanthrope, dont l'enveloppe terrestre abrite deux entités, un être cultivé et sociable et une création sauvage et solitaire, qu'il appelle son "loup des steppes". Ces deux entités se livrent un combat sans merci, sont tour à tour victorieuses et vaincues. Elles peuvent symboliser la fuite en avant de l'espèce humaine qui a quitté son Eden en acquérant la connaissance. C'est sous cet angle en tout cas que j'ai relu l’œuvre d’Hermann Hesse. Depuis la révolution industrielle, chaque siècle s'alarme et condamne des techniques qui sont presque aussitôt obsolètes et remplacées par d'autres qui deviennent immédiatement indispensables et produisent autant de miracles que de calamités. L'angoisse existentielle de l'auteur, confortée par le climat délétère des années d'entre guerres européennes, de 1890 à 1930 explique sans doute la noirceur de ce roman pas comme les autres et l’écho que l’on peut y trouver aujourd’hui.
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Le Loup des steppes

Quel livre! Fascinant, brillant...et pourtant tellement sombre!



Impossible d'en dérouler vraiment la trame. Des récits qui s'enchâssent comme des poupées gigognes, un narrateur -témoin, un personnage central, Harry Haller, sans doute en partie double de fiction de l'auteur( les initiales sont les mêmes...) On nous en rapporte les carnets, et aussi un traité lui étant consacré...C'est foisonnant, prenant et cela m'a fait un peu penser pour ce côté complexe et débridé au roman de Boulgakov, " le maître et Marguerite".



Impossible aussi d'inscrire cette oeuvre dans un genre défini. On peut le considérer comme un conte philosophique...mais aussi comme une étude sociale, notamment de la bourgeoisie ou un récit initiatique. Il entremêle réalisme magique, introspection, spiritualité. Bref, c'est vraiment un livre atypique et puissant.



Les thèmes qu'il développe sont tout aussi passionnants. J'ai été sensible en particulier aux réflexions qui sont faites sur l'illusion qu'un être humain puisse atteindre une unité, étant par essence multiple. Le suicide, la lutte entre instinct de vie et mort, la recherche d'un idéal spirituel, le dépassement de soi, autant de sujets qui nous parlent.



Harry Haller, qui se voit comme " un loup des steppes", en raison de son comportement solitaire et sauvage, va connaitre des expériences étranges et déterminantes, qui le transformeront... peut-être.



Un livre marquant, assurément ! Et je suis tout à fait d'accord avec l'auteur lorsqu'il écrit:" L'homme n'est pas une création stable et durable. Il n'est rien d'autre qu'une passerelle étroite, périlleuse, entre la nature et l'esprit."



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