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Citations de Isabel Allende (736)


Bien plus d'un demi-siècle s'est écoulé depuis lors, mais j'ai encore gravé dans la mémoire l'instant précis où Rosa est entrée dans ma vie comme un ange distrait qui, en passant, chaparda mon âme.
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La situation politique s'était stabilisée après la Guerre Civile, qui avait mis fin à des années de gouvernements libéraux. Les révolutionnaires obtinrent les changements pour lesquels tant de sang avait été versé : auparavant le gouvernement imposait son candidat en employant la corruption et l'intimidation avec l'appui des autorités civiles et militaires ; maintenant les suborneurs étaient à part égale les patrons, les curés et les partis politiques. Le système était plus juste parce que la corruption des uns était compensée par celles des autres, et elle n'était pas financée par des fonds publics. On appela cela la liberté électorale.
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Le teint de sa peau aux doux reflets bleutés, comme le ton de sa chevelure, la lenteur de ses gestes et son caractère taciturne évoquaient un habitant de l'onde. Elle avait quelque-chose du poisson et si elle avait été dotée d'une queue écaillée, c'eût été manifestement une sirène, mais ses deux jambes la campaient sur une frontière imprécise entre la créature humaine et l'être mythologique.
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Alex était sûr d'avoir le chien le plus bête de la terre, le seul labrador de quarante kilos à se faire mordre par un cerf. Au cours de ses quatre années de vie, Poncho avait été attaqué par des carcajous, par le chat du voisin, et à présent par un cerf, sans compter toutes les fois où les moufettes l'avaient aspergé de leur liquide infect et où il avait fallu le baigner dans de la sauce tomate pour atténuer l'odeur.
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Esteban acquiesça. Il s'agenouilla au chevet de sa mère et enfouit son visage dans sa main boursouflée, mais l'odeur le fit battre en retraite. Férula le prit par le bras et le conduisit hors de cette chambre de désolation. Une fois sorti, il inspira profondément, les narines encore pleines de l'odeur, et il sentit alors la rage, cette rage si familière monter en lui comme une vague brûlante, lui injecter les yeux, lui mettre des blasphèmes de boucanier à la bouche, rage de tout ce temps passé sans penser à vous, mère, rage de vous avoir abandonnée, de ne pas vous avoir assez aimée, assez choyée, rage de n'être qu'un misérable fils de pute, non, je vous demande pardon, mère, ce n'est pas ce que je voulais dire, et puis merde, vous êtes en train de mourir, toute vieille, et je ne peux rien y faire, pas même apaiser vos souffrances, pas même vous épargner cette pourriture, vous débarrasser de cette odeur à faire fuir un régiment, vous sortir de ce bouillon de mort où vous mitonnez à petit feu, maman.
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Cette nuit-là, je crois que j'avais définitivement perdu la faculté de tomber amoureux, que jamais plus je ne retrouverais le goût de rire ou de poursuivre une illusion. Mais plus jamais, ça fait beaucoup de temps. J'ai pu le vérifier tout au cours de cette longue vie.
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En mourant, tout comme à l'instant de venir au monde, nous avons peur de l'inconnu. Mais la peur est quelques chose d'intérieur à nous-mêmes, qui n'a rien à voir avec la réalité. Ainsi mourir est comme naître : un simple changement.
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Il comparait à présent le corps de sa grand-mère – sec, plein de nœuds, à la peau flétrie – aux douces courbes dorées du docteur Omayra Torres, qui portait un discret maillot de bain noir, et à la grâce encore enfantine de Nadia. Il considéra les changements du corps aux différents âges de la vie et pensa que les trois femmes, chacune à sa manière, étaient également belles.
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La lune se reflétait dans l'onde avec une luminosité de cristal, la brise berçait doucement les joncs et la cime des arbres. Le silence le plus complet régnait et il eut un instant l'impression de vivre un rêve de somnambule où il marchait et marchait sans cesse sans jamais progresser, dans le même paysage enchanté où le temps s'était arrêté et où, chaque fois qu'il voulait atteindre les arbres qui paraissaient à portée de main, il ne rencontrait que le vide.
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- Je connais une veuve qui vient de passer les six dernières années à faire des croisières. Dès que le bateau jette l'ancre pour la dernière escale, sa famille lui offre un billet pour un autre tour du monde.
- Comment se fait-il que mon fils et sa femme n'aient pas songé à cette solution? demanda-t-elle en riant.
- C'est d'autant plus avantageux que, si tu péris en haute mer, le capitaine jette le cadavre par-dessus bord et la famille peut s'épargner les obsèques.
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Le père Valdomero avait même fait un voyage au Vatican pour dénoncer les abus commis contre les indigènes, mais ses supérieurs ecclésiastiques lui avaient rappelé que sa mission était de porter la parole du Christ en Amazonie, pas de s'immiscer dans la politique. L'homme était revenu vaincu, se demandant comment on pouvait prétendre sauver les âmes pour le ciel si on ne commençait pas par sauver les vies sur terre. D'autre part, il n'était pas convaincu de l'opportunité de christianiser les Indiens, qui avaient leur propre forme de spiritualité. Ils avaient vécu des milliers d'années en harmonie avec la nature, comme Adam et Eve au Paradis, quel besoin avait-on de leur inculquer l'idée du péché ? pensait le père Valdomero.
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Le vieux fut si interloqué qu'il en resta sans réaction et il comprit combien il était au bout du rouleau en cherchant en lui-même sa haine et sa rage et en ne les trouvant nulle part.
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Le sage est toujours gai parce qu'il accepte la réalité.
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Nous ne sommes pas vieux parce que nous devenons septuagénaires. Nous commençons à vieillir à l'instant même où nous naissons, nous changeons jour après jour, la vie est un flux continuel. Nous évoluons sans cesse. La seule différence est qu'à présent nous sommes un peu plus près de la mort. Et qu'y a-t-il de mal à cela ? L'amour et l'amitié ne vieillissent pas.
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Je me répétai que tant que nous pourrions tenir notre langue, c’était comme si rien ne s’était passé, ce qu’on ne nomme pas n’a pas d’existence, le silence se charge d’estomper jusqu’à le faire disparaître.
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Au cours des trois ans qui ont passé depuis la mort de mon grand-père, j'ai très rarement parlé de lui. Cela m'a crée plus d'un problème avec les psychologues de l'Orégon qui voulaient m'obliger a "résoudre mon deuil", ou une banalité de ce genre. Il y a des gens qui croient que tous les deuils se ressemblent et qu'il existe des formules et des délais pour les surmonter. La philosophie stoïcienne de ma Nini est plus appropriée dans ces cas : "Il faut souffrir, serrons les dents", disait-elle Une douleur comme celle-la, une douleur de l’âme, ne passe pas avec des remèdes, des thérapies ou des vacances ; une douleur comme celle-la, on l'a subit simplement, jusqu'au bout, sans rien pour l’atténuer, comme il se doit.
[...] Ma tristesse est ma compagne et je ne voulais pas m'en guérir comme un simple rhume. Je ne voulais ps non plus partager mes souvenirs avec ces thérapeutes bien intentionnés, parce que tout ce que j'aurais pu leur dire de mon grand-père était banal.
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On dissertait partout sur cette société d'abondance, ce miracle économique, sur les capitaux étrangers attirés en masse par les prodigalités du régime. Les mécontents ne pouvaient être qualifiés que d'antipatriotes, puisque le bonheur était obligatoire. Aux termes d'une loi de ségrégation non écrite, mais parfaitement connue de tous, deux pays vivaient sur le même territoire national : celui d'une élite puissante et dorée, et l'autre, d'une masse marginalisée, réduite au silence. C'est le coût social à payer, décrétaient les fringants économistes de la nouvelle école, et ainsi allaient le rabâchant les médias.
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Juan était l’un de ces hommes beaux et joyeux auxquels aucune femme ne résiste au début ; mais toutes regrettent ensuite qu’une autre ne les ait pas pris, parce qu’ils sont la cause de beaucoup de souffrance.
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Dans l'île, la mort était partout à l'affût. Il n'y avait pas un seul endroit sûr, mais continuer à vivre séparés était pire que la peur et la guerre.
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Esteban ôta le couvre-lit de damas effiloché et découvrit les jambes de sa mère. C'étaient deux colonnes violacées, éléphantiasiques, couvertes de plaies où les vers et les larves de mouches avaient fait leurs nids et creusé des galeries, deux jambes pourrissant toutes vives, avec d'énormes pieds d'un bleu blême, privés d'ongles aux orteils, gorgés à en crever de pus, de sang noirâtre, de cette faune abominable qui se repaissait de ta chair, de ta chair à toi, maman, Dieu, de ma propre chair.
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