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Citations de Isabel Allende (736)


”Pourquoi vivait-elle ainsi, alors qu'elle avait de l’argent de côté ? s’écrit Esteban.
- Parce qu’elle manquait de tout le reste”, lui répondit Clara d’une voix égale.
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L'avantage d'êtres des amants, c'est que nous devons veiller de près à notre relation, parce que tout concourt à nous séparer. La décision d'être ensemble doit être renouvelée jour après jour, cela nous maintient alertes.
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Elle ne pouvait comprendre cette guerre du pays contre lui-même, et que la guerre était précisément le chef-d'oeuvre de l'art militaire, l'aboutissement de tout leur entraînement, le couronnement de leur carrière. Ils n'étaient pas faits pour briller en temps de paix et le putsch leur avait donné l'occasion de mettre en pratique tout ce qu'on leur avait inculqué dans les casernes : l'obéissance aveugle, le maniement des armes, entre autres savoir-faire où tout soldat peut exceller à condition de faire taire les scrupules du coeur.
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Je ne trouve pas de faute en moi, sauf celle d’être femme, mais cela paraît être un crime suffisant. On rejette sur nous, les femmes, la culpabilité de la luxure des hommes, mais le péché n’appartient-il pas à celui qui le commet ?
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Alma riait sous cape en songeant aux réactions de la famille si jamais Seth, le dauphin des Belasco, épousait une immigrante qui gagnait sa vie en soignant des vieux et en lavant des chiens. Elle, au contraire, se plaisait à cette idée : Irina était bien plus intelligente que la plupart des athlétiques fiancées temporaires de Seth; mais c'était encore une pierre brute, il fallait la polir.
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Elle chercha à retrouver dans sa mémoire cette promenade automnale avec Miguel le long du littoral, bien avant que la tornade des évènements eût mis le monde cul par dessus tête, à l'époque où l'on appelait un chat un chat et où l'on ne faisait pas dire au mot une chose et son contraire, quand peuple, liberté, camarade ne voulaient dire que cela : le peuple, la liberté, un camarade, et n'étaient pas encore réduits à l'état de mots de passe. Elle s'évertua à revivre ce moment, la terre rouge et détrempée, l'intense parfum des forêts de pins et d'eucalyptus au pied desquels macérait le tapis d'aiguilles et de feuilles mortes après le long et torride été, et où la lumière cuivrée du soleil filtrait entre les cimes. Elle s'astreignit à se souvenir du froid et du silence qui régnaient, de cette sensation sans prix d'être les maîtres de la Terre, d'avoir vingt ans et toute la vie devant soi, de s'aimer en paix, grisés par l'odeur des bois et l'amour, sans passé, sans avenir à sonder, avec pour seule et extraordinaire richesse celle de l'instant présent où ils se contemplaient, se humaient, s'embrassaient, se découvraient l'un l'autre dans le murmure du vent parmi le branches et la proche rumeur des vagues déferlant contre les rochers au pied des falaises puis exposant dans un tonnerre d'écume odorante, elle et lui enlacés sous un même poncho comme deux siamois dans la même peau, riant et se jurant que ce serait pour toujours, convaincus d'âtre les seuls dans tout l'univers à avoir découvert l'amour.
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L’affection est comme la lumière de midi, elle n’a nul besoin de la présence de l’autre pour se manifester.
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En Californie plusieurs autres religieux, exerçant dans vingt-trois missions, étaient chargés de répandre la doctrine du Christ chez plusieurs milliers de gentils des tribus chumash, shoshone et autres, qui ne se prêtaient pas toujours de bonne grâce a la recevoir. Les natifs de la côte californienne avaient un réseau de troc et de commerce qui fonctionnait depuis des milliers d'années. Leur environnement, très riche en ressources naturelles, avait permis à chaque tribu de développer des spécialités différentes. Les Espagnols étaient impressionnés par l'économie chumash, si complexe qu'elle pouvait se comparer avec celle de la Chine. Les Indiens utilisaient des coquillages comme monnaie et organisaient régulièrement des foires où, en plus d’échanger des biens, on arrangeait les mariages.
Déconcertés par le mystère de l'homme torturé sur une croix que les Blancs adoraient, les Indiens ne voyaient pas l’intérêt de vivre mal en ce monde pour jouir d'un hypothétique bien-être dans l'au-delà. Au paradis chrétien, ils pourraient s'installer sur un nuage et jouer de la harpe avec les anges, mais la majorité d'entre eux préférait en réalité, après la mort, chasser l'ours avec leurs ancêtres sur les terres du Grand-Esprit. Ils ne comprenaient pas non plus pourquoi les étrangers plantaient un drapeau en terre, marquaient des lignes imaginaires, la déclaraient leur propriété et s'offensaient si quelqu'un y entrait en poursuivant un cerf. L'idée de posséder la terre leur paraissait aussi invraisemblable que celle de se partager la mer.
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En rentrant chez lui, ce midi, il fut surpris de voir la camionnette de son père, qui à cette heure travaillait toujours à la clinique. Il entra par la porte de la cuisine, jamais fermée à clé, avec l’intention de manger quelque chose, de prendre sa flûte et de repartir en courant à l’école. Il jeta un coup d’œil autour de lui et ne vit que les restes fossilisés de la pizza de la veille. Résigné à avoir faim, il se dirigea vers le frigidaire en quête d’un verre de lait. A cet instant, il entendit pleurer. Au début, il pensa que c’étaient les chatons de Nicole dans le garage, mais aussitôt il se rendit compte que le bruit venait de la chambre de ses parents. Sans avoir l’intention d’épier, de manière presque automatique, il s’approcha et, doucement, poussa la porte entrouverte. Ce qu’il vit le paralysa.

Au centre de la pièce se trouvait sa mère en chemise de nuit, pieds nus, assise sur un tabouret ; le visage dans les mains, elle pleurait. Debout derrière elle, son père tenait un vieux rasoir de barbier qui avait appartenu au grand-père. De longues mèches de cheveux noirs couvraient le sol et les frêles épaules de sa mère, tandis que son crâne tondu brillait comme du marbre dans la lumière pâle qui filtrait de la fenêtre.

Pendant quelques secondes, le garçon demeura figé de stupeur, sans comprendre la scène, sans savoir ce que signifiaient ces cheveux par terre, ce crâne rasé ou ce rasoir dans la main de son père, étincelant à quelques millimètres du cou incliné de sa mère. Lorsqu’il parvint à recouvrer ses esprits, un cri terrible monta de ses pieds et une grande vague de folie le secoua tout entier. Il se lança contre John Cold, le projetant au sol d’une seule poussée. Le rasoir décrivit un arc dans l’air, frôla son front, et la pointe alla se ficher dans le plancher. Sa mère se mit à l’appeler, l’agrippant par ses vêtements pour l’écarter de son père, tandis qu’il donnait des coups à l’aveuglette, sans voir où ils tombaient.

« Ça va, mon fils, calme-toi, ce n’est rien », suppliait Lisa Cold en le retenant de ses faibles forces, tandis que son père se protégeait la tête de ses bras.
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Clara passa son enfance et les débuts de sa jeunesse entre les murs de la maison, dans un univers d'histoires merveilleuses, de silences paisibles où le temps ne se décomptait pas sur les cadrans ou les calendriers et où les objets avaient leur vie à eux, où les revenants prenaient place à table et devisaient avec les vivants, où passé et futur étaient de la même étoffe, où la réalité présente était un kaléidoscope de miroirs sens dessus dessous, où tout pouvait survenir. C'est un régal pour moi de lire les cahiers de cette époque où se dépeint un monde magique désormais révolu. Clara habitait un univers conçu pour elle, qui la protégeait des rigueurs de la vie, où se mêlaient indissolublement la prosaïque vérité des choses tangibles et la séditieuse vérité des songes, où les lois de la physique ou de la logique n'avaient pas toujours cours. Clara vécut cette période toute à ses rêvasseries, dans la compagnie des esprits aériens, aquatiques et terrestres, si heureuse qu'en neuf ans elle n'éprouva pas le besoin de parler. Tout un chacun avait perdu l'espoir d'entendre à nouveau le son de sa voix quand, le jour de son anniversaire, après qu'elle eut soufflé les dix-neuf bougies de son gâteau au chocolat, elle étrenna une voix qui était restée remisée pendant tout ce temps-là et qui sonnait comme un instrument désaccordé…
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Elle entreprit de lui donner un vernis de culture, de l'emmener au concert et au musée, de lui donner à lire des livres pour adultes et non de ces histoires absurdes de mondes fantastiques et de créatures surnaturelles dont elle raffolait, et de lui apprendre les bonnes manières, comme l'usage adéquat des couverts.
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Il me parut précipité de répartir la terre et les propriétés que nous n’avions pas, surtout sans connaître la véritable étendue et la richesse du Chili, mais c’est ainsi que l’on fait toujours : on plante un drapeau, on prend possession avec de l’encre et du papier, puis vient le problème de convertir la lettre en biens, et pour cela il faut dépouiller les indigènes, et en plus les obliger à travailler pour les nouveaux propriétaires.
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Six mois plus tard, le 11 septembre, on commença le transfert des détenus par trains. Nul n'en savait la destination.
Après une journée et deux nuits dans des wagons déglingués, étouffants, manquant de sanitaires, sans éclairage la nuit, traversant des paysages désolés qu'ils ne reconnaissaient pas et que certains confondaient avec le Mexique, ils s'arrêtèrent dans la gare de Delta, au milieu de l'Utah. Puis des bus et des camions les conduisirent jusqu'à Topaz, la Perle du Désert, comme on avait appelé ce camp de concentration, et c'était peut-être sans intention ironique. Les japonais évacués étaient à moitié morts de fatigue, sales et tremblants, mais ils n'étaient pas morts de faim et de soif : on leur distribuait des sandwiches et, dans chaque wagon, il y avait des corbeilles de fruits.
NDL : je vous rappelle qu'il s'agit de citoyens américains...
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Ils voyaient les Américains comme des barbares couverts de peaux de buffle qui prenaient leur repas les bottes posées sur la table, totalement dépourvus de décence, de mesure et d'honneur. Et ne parlons même pas d'élégance! Les seules choses qui les intéressaient: parier, boire, se tirer dessus ou se frapper à coups de poing; ils étaient d'un désordre diabolique et, par-dessus le marché, protestants. En plus, ils ne parlaient pas le français. Eh bien ils allaient devoir l'apprendre, sinon, comment pensaient(ils vivre à la Nouvelles-Orléans? Toute la ville fut d'accord pour dire qu'appartenir aux Etats-Unis équivalait à la fin de la famille, de la culture et de la seule vraie religion.
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Réveillée un matin par le hennissement de son cheval et par la lumière de l'aube sur son visage, Eliza (...) fut alors envahie d'un bonheur jamais ressenti auparavant. Elle n'avait plus cette sensation de panique toujours tapie au creux de son estomac, comme une souris prête à la mordre. Les craintes s'étaient évanouies, diluées dans la grandiose immensité de ce territoire.
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"Notre Sainte Mère l'Eglise est de droite, mon fils, mais Jésus-Christ a toujours été de gauche", lui disait-il d'un air énigmatique entre deux gorgées de vin de messe qu'il sortait pour fêter les visites de Pedro III.
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J'étais à l'âge où on a besoin d'aide et de tendresse pour faire l'amour. J'étais devenu un vieux con, quoi.
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Ma petite-fille était entrée dans une phase écologique, elle avait une poupée qui s'appelait Sauvez-le-thon.
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...elle l'accueillit en ce monde par une cascade de paroles tendres dans un langage récemment inventé, l'embrassant, la reniflant comme le font toutes les femelles, puis elle la posa sur son sein. Le plus vieux geste de l'humanité.
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Il s'agissait d'une de ces longues pauses dans le sermon auxquelles le curé, bon connaisseur des effets d'un silence gênant, avait fréquemment recours. Ses yeux enflammés mettaient ces moments à profit pour passer en revue un à un ses paroissiens. (...)Et c'est à cet instant, comme s'en souviendrait encore Nivéa des années plus tard, au beau milieu de cette angoisse et de ce silence, qu'on entendit très distinctement la voix de sa petite Clara: "Pstt! Père Restrepo! Et si cette histoire d'enfer n'était q'un gros mensonge, on l'aurait tous dans le baba...".
L'index du jésuite, déjà dressé en l'air pour signaler de nouveaux supplices, resta suspendu comme un paratonnerre au-dessus de sa tête.
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