Citations de Isabel Allende (732)
Elle avait quelque chose du poisson et si elle avait été dotée d’une queue écaillée, c’eût été manifestement une sirène, mais ses deux jambes la campaient sur une frontière imprécise entre la créature humaine et l’être mythologique.
L'Amazone est le plus large et le plus long fleuve de la terre, cinq fois plus grand qu'aucun autre. Seuls les astronautes en route pour la Lune ont pu le voir dans sa totalité depuis cette altitude, lut Alex dans le guide touristique que sa grand-mère lui avait acheté à Rio de Janeiro. Il ne disait ps que cette immense région, dernier paradis sur terre, était systématiquement détruite par la convoitise d'hommes d'affaires et d'aventuriers, comme il l'avait appris à l'école. On construisait une route, une entaille ouverte en pleine forêt, par laquelle arrivaient des foules de colons et sortaient des tonnes de bois et de minéraux.
Il leur fut impossible aussi de retrouver Mama Fresia pour l'interroger, et c'est alors qu'ils durent se rendre à l'évidence : cette femme avait travaillé dix-huit ans pour eux et ils ne connaissaient pas son nom de famille. Ils ne lui avaient jamais demandé d'où elle venait ou si elle avait de la famille. Mama Fresia, comme les autres serviteurs, appartenaient aux limbes imprécis des fantômes utiles.
Le 14 août 1945, le Japon capitulait et l'on commençait à fermer les camps de concentration. Les Fukuda reçurent vingt-cinq dollars et un billet de train pour l'Arizona.
Comme l'ensemble des évacués, ils ne devaient jamais mentionner en public ces années d'humiliation, où leur loyauté, leur patriotisme avaient été mis en doute.
[...] Il avait l'impression d'avoir une dette envers cet officier, qui ayant eu six mois pour séduire Eulalia s'en était abstenu. Il lui en attribuait entièrement le mérite, car il considérait que si l'on peut parfois se fier à la loyauté d'un homme, il ne faut jamais se fier à celle des femmes, êtres velléitaires par nature, inaptes à la fidélité.
Là (Sacramento), ils se trouvaient finalement près de l'endroit où la première paillette d'or avait été trouvée. Ce morceau insignifiant,grand comme un ongle de femme, avait provoqué une invasion incontrôlable, changeant la physionomie de la Californie et l'âme de la nation américaine, comme l'écrirait plus tard JacobTodd, devenu journaliste. "Les Etats-Unis furent fondés par des pèlerins, des pionniers et de modestes émigrants qui avaient pour éthique le travail acharné et le courage devant l'adversité. L'or a mis en évidence ce qu'il y a de pire dans le caractère américain : la cupidité et la violence."
Je devais affronter les questions de mon âme, qui n'était pas absente, comme je le croyais [...], mais tuméfiée, rabougrie, effrayée.
_ Le temps s'est arrêté pour vous, madame, vous n'avez pas changé.
_ Ne m'offensez pas, je me trouve beaucoup mieux, dit-elle avec un sourire.
//----Dédicace : ----//
Voici l’histoire d’une femme et
d’un homme qui s’aimèrent pleinement,
échappant ainsi à une existence commune.
Je l’ai portée dans ma mémoire avec soin,
pour lui éviter les atteintes du temps,
et ce n’est qu’aujourd’hui,
par les soirs paisibles de cet endroit du monde,
que je puis finalement la conter.
Je vais le faire pour eux, et pour d’autres
qui me confièrent leurs vies en me disant :
Tiens et écris, afin que le vent
ne l’emporte.
I.A.
//---- Titre original : De amor y de sombra----//
//---- Structure et Citations d'ouverture ----//
-- [Première Partie : UN NOUVEAU PRINTEMPS] --
Il n’est que l’amour avec sa science
pour nous rendre à une telle innocence.
VIOLETA PARA
-- [Deuxième Partie : LES OMBRES] --
La terre tiède encore garde les derniers secrets.
VICENTE HUIDOBRO
-- [Troisième Partie : DOUCE PATRIE] –
Je voyage avec notre sol et elles
continuent de vivre là-bas au loin
avec moi, les longitudinales essences
de ma patrie.
PABLO NERUDA
Les paysans devaient s'adapter à leur tour à l'économie de marché.
La terre et ses produits étaient entrés dans le jeu de la libre concurrence,
chacun prospérait en fonction de son rendement,
de son sens de l'initiative,
de son efficacité entrepreneuriale,
y compris les Indiens illettrés soumis au même sort,
avec cet énorme avantage pour ceux qui possédaient de l'argent
qu'ils pouvaient acheter pour une bouchée de pain
ou louer sur quatre-vingt-dix-neuf ans
les terres de paysans pauvres comme les Ranquileo.
Mais elle-même ne souhaitait pas quitter les lieux qui l'avaient vue naître
et où elle avait élevé ses enfants
pour aller habiter un de ces hameaux agricoles d'un nouveau genre.
Là, les propriétaires venaient ramasser chaque matin
la main-d’œuvre nécessaire, s'épargnant ainsi tous les problèmes
avec des employés à demeure.
Cela faisait comme un îlot de pauvreté à l'intérieur de la pauvreté.
La nuit suivant les funérailles, ils déterraient le cadavre changé en zombie et le ressuscitaient par une raclée monumentale. "Je suppose que tu ne crois pas à ces balivernes !" dit Valmorain en riant un jour qu'ils parlaient de cela. "Croire, non, monsieur ; mais les zombis existent, c'est sûr", répondit le gérant.
L'instant joyeux de la conception d'un enfant, la patience qu'exige sa gestation, le courage nécessaire pour l'amener à la vie et le sentiment d'étonnement qui couronne le tout ne peuvent, à mon avis, être comparés qu'à la création d'un livre.
J'écris, elle écrivit que la mémoire est fragile et que le cours d'une vie est on ne peut plus bref et que tout se passe si vite que nous ne parvenons pas à saisir les relations entre les événements, nous sommes impuissants à mesurer les conséquences de chaque acte, nous ajoutons foi à la fiction du temps, au présent, au passé comme à l'avenir, alors que peut-être tout arrive aussi bien simultanément, comme le disaient les trois soeurs Mora, capables d'entrevoir dans l'espace les esprits de toutes les époques.
Vois-tu, ma petite fille, dans la plupart des familles il y a toujours un fou ou un idiot, lui certifia Clara en s'absorbant dans son tricot, car malgré tant d'années elle ne savait toujours pas tricoter sans regarder les mailles. Parfois on ne les remarque pas, parce que les gens les cachent comme quelque chose de honteux. Ou les enferment dans les pièces les plus reculées afin que les visiteurs ne les voient pas. En vérité, il n'y a pas de quoi avoir honte, car eux aussi sont l'oeuvre de Dieu.
– Mais grand-mère, il n'y en a aucun chez nous, répliqua Alba.
– Non. Ici le grain de folie est réparti entre tous et il n'y en a plus de reste pour que nous ayons notre idiot de la famille.
Commençons par le commencement, un événement sans lequel Diego de la Vega n'aurait pas vu le jour. Il a eu lieu en Haute-Californie, à la mission de San Gabriel, en l'an 1790 de Notre Seigneur. En ce temps-là, la mission était dirigée par le père Mendoza, un franciscain aux épaules de bûcheron qui ne faisait pas ses quarante ans bien vécus, énergique et autoritaire, pour qui le plus difficile, dans son ministère, était d'imiter l'humilité et la douceur de Saint François d'Assise.
Allende s'est battu toute sa vie pour que la définition même de démocratie, "gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple", s'inscrive dans la réalité quotidienne des chiliens et des Chiliennes. Et c'est cela qui était insupportable à Nixon et sa clique d'assassins milliardaires qui considéraient le Chili comme leur caisse au trésor, aux bourgeois petits et grands qui s'épouvantaient de son programme social de redistribution des richesses, d'expropriations des terres au profit des plus pauvres et de nationalisation des ressources du pays.
Gérard Mordillat
Un homme fait ce qu’il peut, une femme fait ce que l’homme ne peut pas.
L'existence d'un gentilhomme créole se déroulait dans l'oisiveté, le travail étant le vice des protestants en général et des Américains en particulier.
Personne ne s'est présenté au tribunal pour faire opposition: le 30 novembre 1800, le juge a signé ma liberté et m'a remis Rosette. Seul le père Antoine était là, parce que Don Sancho et le docteur Parmentier, qui m'avaient promis de venir, avaient oublié. Le juge m'a demandé sous quel nom je voulais être inscrite et le saint m'a autorisé à utiliser le sien. Zarité Sedella, trente ans, mulâtresse, libre.
p.460
" En mourant, tout comme à l'instant de venir au monde, nous avons peur de l'inconnu. Mais la peur est quelque chose d'intérieur à nous-mêmes, qui n'a rien à voir avec la réalité. Ainsi mourir est comme naître : un simple changement. ", lui avait dit Clara.