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Critiques de Isabelle Autissier (582)
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Oublier Klara

Iouri est informé que son père, Rubin, est hospitalisé et que ses jours sont comptés. Un sentiment étrange l'empare, lui qui a quitté depuis plus de 20 ans sa ville natale de Mourmansk en coupant les ponts avec sa famille.

Il se rend pourtant à son chevet. Rubin a une requête à lui formuler : celle de retrouver ce qu'il est arrivé à sa mère, Klara qui a été arrêtée par la police stalinienne quand il était petit. Tiraillé entre ses souvenirs, la mauvaise relation avec son père et le souhait de connaître un peu mieux sa famille, Iouri accepte et démarre les recherches.

Et là...déception pour moi, je pensais vraiment que l'histoire partirait dans ce sens. Mais non, on découvre l'enfance de Iouri, puis celle de son père, son amour pour la mer, la pêche et la patrie..et là j'ai trouvé le temps long... Certes il y a beaucoup de détails qui permettent de bien visualiser la vie à bord d'un bateau usine, mais ça traine en longueur à mon goût. Et même la dernière partie, qui aborde, enfin la vie de la grand mère m'a laissé sur ma faim.

Pour moi on s'est éloigné du but qui était de retrouver ce qu'est devenue Klara et le pourquoi de son arrestation.. pas assez de certitudes à mon sens, et trop de flou.

Certes on comprend pourquoi Rubin a été violent avec Iouri, il a reproduit la violence dans laquelle il a grandit, la douleur de ne pas savoir où était sa mère.. mais je suis passée à coté, je n'ai pas ressenti grand chose.. dommage!
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Soudain, seuls

Je souhaite remercier Milllie lectrice de Babelio qui a sélectionné ce roman dans ma PAL pour le Challenge Multi-défis. C'est un choix judicieux et je partage son enthousiasme pour "Soudain, seuls" d'Isabelle Autissier.

Pourtant c'est un roman assez effrayant puisqu'il s'agit du naufrage d'un jeune couple parti à l'aventure qui se retrouve en mode survie sur une île alors que personne n'est au courant et qu'ils n'ont aucun moyen de communiquer. C'est assez anxiogène car on peut s'identifier à Louise et Ludovic perdus au bout du monde et se demander comment cela peut arriver aujourd'hui. Et pourtant, l'histoire est crédible grâce à la précision des détails.

Ils sont jeunes et sportifs tous les deux mais leur condition physique ne va pas être suffisante pour ne pas souffrir de froid et de faim.

Ces Robinsons en milieu hostile vont devoir se nourrir de manchots ou d'otaries en les tuant avec ce qu'ils ont sous la main et la description est surprenante de réalisme.

Il faut dire qu'Isabelle Autissier a une grande connaissance des milieux naturels et une l'expérience de la mer et de la montagne. J'en profite pour rappeler qu'elle a été la première femme à avoir fait le tour du monde à la voile en solitaire.

Mais au-delà de l'organisation de leur survie, le jeune couple va vite se déchirer. Alors qu'ils s'adoraient, ils vont se détester en se renvoyant la faute de leur situation désespérée notamment quand ils aperçoivent un cargos au loin, ils ne réussiront pas à se mettre d'accord sur la façon de se signaler.

C'est donc un regard sur le couple que j'ai trouvé assez cruel mais l'intérêt du roman est l'analyse psychologique de ces deux êtres humains. Isabelle Autissier montre que l'instinct de survie est supérieur à tous les autres.

Et puis, il y a une fin à laquelle on ne s'attend pas.





Challenge Entre-deux 2023

Challenge Coeur d'artichaut 2023

Challenge Plumes féminines 2023

Challenge Multi-défis 2023

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Soudain, seuls

Un couple de trentenaires parti faire le tour du monde échoue sur une île déserte en plein Atlantique Sud. Une nature rêvée, sauvage… qui vire au cauchemar ! Ils se retrouvent, soudain, seuls.

Comment survivre ?

Comment revenir chez les hommes après une telle épreuve ?



Avis :

Un roman où l’on voyage dans des conditions extrêmes, où l’on frissonne pour ces deux Robinson modernes. Une histoire bouleversante.



Retrouvez la vie de navigatrice d’Isabelle Autissier en 5 épisodes de 30 minutes sur France Culture.
Lien : https://delicesdelivres.go.y..
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Oublier Klara

Après avoir lu ´soudain seuls ´ j ai voulu poursuivre avec Isabelle Autissier et le hasard m a porte vers ´oublier Klara ´, c est une très très belle surprise , très émouvant , très interessant , je suis impressionnée par le travail du détail , je me suis régalée à lire cette histoire pourtant bien sombre mais Isabelle m’a totalement embarquée dans cette histoire et dans ce pan d histoire , la bas du côté de Mourmansk , des conditions extrêmes pour l’âme et pour le corps , j’ ai hâte de découvrir d’autres livres de cet auteur
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Le naufrage de Venise

C'est la première fois que je lisais cette auteure.

J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans le livre, je n'étais pas trop motivée par le début. Pourtant je l'ai pris car le sujet est très intéressant....il manque comment dire...un fil rouge...Puis ça se développe on va dire. Finalement il n'est pas si mal !!mais pas sur que je relise de ses livres.

Je n'ai pas aimé la façon d'écrire, manque de dialogue...en conclusion je dirais mitigée !
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Le naufrage de Venise

« Venise va mourir un jour

Venise va mourir

Je ne peux pas imaginer

Sans un soupir

Qu'un jour Venise au fond de l'eau

Verra passer tous les bateaux"



 Ce texte chanté par Frida Boccara ne date pas d'hier mais de 1977. Près de cinquante ans plus tard, qu'a -t-on fait pour sauver Venise de l'engloutissement, les « acqua alta » se succèdent, de plus en plus proches, de plus en plus fortes. La cité majestueuse s'enfonce doucement, l'accélération du mouvement s'intensifie de manière effarante depuis les cent dernières années. Tel est le constat que font les scientifiques, observés et commentés par les médias, vaguement pris en compte par les politiques locaux, froidement ignorés par les entreprises, hommes d'affaires et faiseurs d'argent en développant un tourisme échevelé, inconscient, qui déverse chaque année des millions de croisiéristes dans les rues de la Sérénissime qui n'a jamais plus mal porté son surnom.Ce livre n'est pas un document, une thèse, un article de presse, quoique il soit tout cela aussi. C'est un roman qui met en scène des personnages passionnés ou résignés. Une famille vénitienne, dont le mari et père, Guido, « fait » de l'argent, beaucoup d'argent, dans l'exploitation des ressources touristiques de Venise, dans l'immobilier et les grands projets ; à ses côtés, sa discrète et très retenue épouse, Maria Alba, fille d'une aristocratie en fin de règne qui a trouvé le moyen de redorer un peu son blason, et, comme une synthèse, Léa, leur fille, ardente amoureuse de sa ville, étudiante en arts et techniques artistiques, engagés dans un amour sans espoir avec son prof de fac, Scherzi, et farouchement engagée dans la lutte contre les projets insensés de son père. Avec ses amis, telle une Greta Thunberg, elle se transforme en lanceuse d'alerte, occupant l'île depuis longtemps abandonnée, de Poveglia, où subsistent des vestiges d'anciens hôpitaux. Et les idées fleurissent d'une société nouvelle, responsable, citoyenne, solidaire, intelligente.



Qui va gagner, le père et ses rêves de Veniseland ou la fille et son idéal ?



Bien entendu, il s'agit ici d'une « fantaisie » sur le devenir d'une ville emblématique des capacités de destruction de la société moderne, face aux espoirs et à l'ardeur de défenseurs d'un autre monde, avec d'autres valeurs. Idée naïve peut-être, et sans aucun doute déjà cent fois mise en oeuvre dans d'autres romans. Ici ce n'est pas tellement le thème, bien connu, qui suscite l'attention et le plaisir de lecture. C'est l'omniprésence de Venise, décrite, scannée, observée comme un être de vie et de beauté, avec ses laideurs, ses pourrissements, ses recoins sombres et rongés. A vous donner envie de partir une fois encore là-bas, mais surtout pas en cruise ship, ces monstres flottants qui tuent Venise, matériellement et psychologiquement. On a l'impression de ne rien avoir vraiment VU, l'auteure restitue de façon précise et poétique à la fois la double réalité vénitienne, entre émerveillement et désolation.



Et surtout, elle écrit en style à la fois précis, quasi technique, et merveilleusement pictural et poétique. Pour tout dire, de son roman, ce ne sont ni Léa ni Guido, les personnages, qui nous retiennent, c'est Venise, éternelle, peut-être.Un coup de coeur, à la fois pour l'engagement personnel et l'excellence de l'écriture.
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Le naufrage de Venise

Un roman les pieds dans l’eau.

Un peu surprise, une œuvre très romancé moins écologique qu’attendu mais finalement un roman, très bien écrit, agréable et qui fait réfléchir.

Tout commence par un futur proche peut être, l’effondrement de Venise. Puis on suit les deux personnages principaux qui s’affrontent aux sujets des forces et des faiblesses de ce décor magnifique.

Est-ce vraiment une fiction ? On suit les réflexions, les arguments de chaque camp. On touche du doigt une urgence écologique, environnemental.

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L'invention du voyage

L'invention du voyage

coordination éditoriale et propos recueillis par

Anne Bécel

Pocket, Le Passeur éditeur, 200p, 2016



Un titre de recueil que j'aime bien, mais je ne suis pas sûre que les réponses se centrent sur l'invention, elles renvoient au voyage principalement, même si en voyageant on invente son voyage, comme le disait Machado du passant qui fait le chemin.

Beaucoup d'auteurs que je lis et que j'aime bien, Tesson, Bobin, qui n'a jamais arpenté que sa rue et encore pas dans toute sa longueur, Le Breton -dont j'ai particulièrement aimé le texte, Autissier, Doucey, le regretté Lapouge,

contribuent à ce recueil. Tous réfutent le voyage organisé, qui n'est pas un voyage, puisqu'il n'est pas préparé, pensé, et qu'il n'invite pas à la vigilance ni à l'adaptibilité.

Anne Bécel est plus préoccupée de voyage immobile. Son livre est un antimanuel du voyage. Elle s'intéresse au voyage intérieur, à la méditation vers lesquels se tournent ceux qui sont portés à la spiritualité, comme certains jacquets. On se déprend de soi, on s'ouvre aux autres et à ce qu'on voit, on grandit. Il vaut mieux voyager seul, c'est plus propice à la rencontre. Pour la plupart des auteurs, le voyage est mouvement, c'est donc le contraire de l'immobilité, c'est aussi partir loin. Mais c'est aussi revenir, sinon c'est du nomadisme. Le retour permet de se poser, mais à certains moments et l'âge venant, on a besoin de s'ancrer, de réfléchir au voyage, et de constater qu'il nous a transformés.

J'ai bien aimé la remarque de Pierre Rabhi né dans une oasis, qui a trouvé son paradis en Ardèche, y cultive la terre, est entouré de beauté, pourquoi s'en irait-il donc de là, sur la place du féminin, extrêmement petite chez les peuples nomades, mais en Occident aussi il est bon de réfléchir sur la place des femmes, puisque ces dernières sont liées à la vie, ce qu'il a pu voir particulièrement au Burkina Faso.

J'ai retenu aussi la constatation de Alexis Jenni qui dit qu'on ne sait jamais la qualité de ce que l'on écrit.

Bernard Ollivier, dont l'entretien est parfois abrupt, a créé l'association Seuils qui aide de jeunes délinquants à se réadapter à la société par une longue marche, au moins trois mois ; cette marche coûte moins cher qu'un séjour en prison et a des résultats.

J'irai découvrir les chemins du Tro Breiz.

C'est un livre qui ne nous apprend rien qu'on ne savait déjà mais dont la lecture est facile et très agréable.

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Le naufrage de Venise

lu dans le cadre du thème "Nature" de notre club de lecture avec un peu de retard, je ne m'attendais pas à grand'chose, ayant eu des échos mitigés de lecteurs autour de moi.

j'en ressors ni déçue ni emballée. Je m'attendais à un roman autour de la ville-même, voire qu'elle soit la narratrice par exemple. Au lieu de quoi j'ai eu plutôt l'impression de lire l'histoire d'une famille dont les membres incarnent les diverses tendances autour de la question de l'avenir de la ville : la mère incarne un passé magnifié mais passif et dépassé, le mari est le capitaliste jusqu'au-boutiste ne croyant qu'en l'argent via les touristes, tandis que la fille incarne la gauche écologiste extrémiste avec tout l'enthousiasme de l'adolescence et de la très jeune adulte.

le roman s'ouvre sur la disparition de Venise ravagée par un tsunami. et puis flash-back dans l'histoire de cette famille pour comprendre le comment et le pourquoi.

je me suis un peu ennuyée: la narration est parfois lente, les personnages étant assez caricaturaux, il n'y a pas d'évolution ni de surprise.

Le message autour de l'urgence climatique et la question de la survie vénitienne sont essentiels mais le traitement de la question m'a semblé manquer son objectif.

donc : oui mais bof.

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Oublier Klara

Iouri est un russe exilé aux États-Unis. Il reçoit un message d'une voisine de son père lui disant que celui-ci est mourrant et qu'il voudrait lui parler. Iouri rentre donc à Mourmansk,sa ville natale , pour voir son père avec lequel il n'a pas gardé beaucoup de liens car c'était un père violent et peu aimant . Rubin, le père ,parle à Iouri de sa grand-mère Klara et lui demande de retrouver sa trace. Iouri est surpris car on lui avait dit qu'elle était morte jeune de la tuberculose. Klara et son mari étaient des géologues de renom ,klara était directrice de département. Une nuit des hommes de la police de Staline sont venus et l'ont arrêtée et on ne l'a jamais revue .Iouri va entreprendre des recherches pour essayer de trouver une trace de Klara.

L'auteure revient sur la jeunesse de Rubin puis de Iouri.Partant de rien avec une force de caractère extraordinaire ,Rubin a réussi à se faire une place en devenant patron d'un bateau de pêche.

Le recit s'oriente ensuite sur la vie de Klara et l'auteure fait la lumière sur ce qui s'est passé.

Un récit tres intéressant,extrêmement bien documenté sur les conditions de vie des pêcheurs ,on y découvre (même si on le savait déjà )la monstruosité du régime stalinien ,les déportations au goulag .la bureaucratie invraisemblable comme dans un roman de Kafka .

Ce roman comme les autres romans d'Isabelle Autissier que j'ai lu "seuls au monde ""l'amant de Patagonie "et "le naufrage de Venise "m'a beaucoup plu .
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Le naufrage de Venise

Ce roman d’Isabelle Autissier qui mêle passé et présent est aussi un récit d’anticipation. Dès les premières pages, elle nous plonge dans l’effondrement de Venise après un cataclysme effroyable

« Guido doit slalomer autour des gravats qui obstruent progressivement le grand Canal, au fur et à mesure qu’il s’y engage. Des pans entiers de s palais centenaires, le Tiepolo, le Genovese, le Vernier, ne valent pas plus que les modestes immeubles de briques, tous réduits à l’état d’obstacles à la navigation. »

Cette fiction qui décrit une splendeur déchue est aussi un cri d’alarme sur l’inconséquence des hommes et les impacts négatifs du tourisme de masse.

C’est par le biais du personnage de Léa, jeune étudiante militante et rebelle, que le combat écologique et le maintien des habitants dans leur ville nous est décrit. Son père, avec lequel elle prend ses distances, est tout l’opposé. Conseiller aux affaires économiques de la ville, il œuvre en faveur d’une accélération du développement touristique tout en faisant confiance au barrage du MOSE pour protéger Venise des inondations de la mer Adriatique. Quant à la mère de Léa, Maria Alba, descendante d’une lignée aristocratique sans fortune, elle se réfugie dans la splendeur passée et l’histoire de sa ville.



On s’intéresse au parcours des trois personnages antagonistes mais, ce qui fait l’intérêt de ce roman, c’est l’émouvante fragilité de cette ville qui vit les pieds dans l’eau et son avenir incertain. Que ce soit l’exploitation à outrance de ses sous-sols avec l’assèchement des nappes phréatiques ou bien le passage des navires de croisière qui transitent par le canal de la Giudecca, tous ces méfaits ont dégradé les fondations et les constructions de Venise. Et l’autrice nous offre, par le truchement de ses personnages, différentes prises de position et la difficulté à accorder les vénitiens sur la sauvegarde de leur ville. Par le biais de l’art pictural, elle nous montre la sape des fondations de Venise et les méfaits de l’acqua alta.

Ancienne présidente du WWF, Isabelle Autissier est une écologiste engagée qui sait très bien sensibiliser le lecteur aux enjeux environnementaux et à la biodiversité de la lagune.

Efficace et fluide, l’écriture d’Isabelle Autissier devient poétique lorsqu’il s’agit de peindre la lagune à laquelle elle redonne toute son importance.

« La lagune protectrice et nourricière a été modelée en permanence par les fleuves, les marées et le travail des hommes. Des générations ont veillé sur ce subtil équilibre de terres et d’eaux. Puis tout a changé et on a cessé de regarder la lagune comme un être vivant avec lequel demeurer en symbiose ».





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Le naufrage de Venise

Venise s'est effondrée. Les trois principaux personnages d'une même famille, le père, la mère, la fille, nous racontent et expliquent leur Venise et la vision de ce qu'il en espère.

Le drame a déjà eu lieu mais on découvre selon les protagonistes les atouts et les problèmes de Venise, son évolution depuis des siècles et le futur devant le risque d'engloutissement. Pas éblouissant mais intéressant.
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Le naufrage de Venise

Le naufrage de Venise par Isabelle Autissier est une très belle surprise pour moi. J'en avais entendu beaucoup de bien à la radio mais je n'ai du tout été déçue, bien au contraire. Le style est fluide, très agréable et captivant. Je l'ai lu en deux jours et j'ai eu du mal à le lâcher.

Dès le premier chapitre, on sait comment tout va se terminer : la destruction de Venise. Le roman va revenir sur l'enchainement successif événements qui ont conduit à cette catastrophe. Pour ce faire, on va suivre l'histoire des 3 membres d'une famille vénitienne qui vont illustrer les différents comportements que l'on peut adopter dans pareil contexte.

Le père, promoteur ambitieux, maire délégué à l'économie de la ville et sourds aux avertissements des scientifiques sur le danger de la surexploitation de la ville. C'est l'archétype du personnage qui s'accroche dur à l'espoir que la technologie nous sauvera forcément et qui ne pense qu'au présent, sans jamais imaginer les impacts du futurs. C'est celui qui pense s'enrichir en vendant les bijoux de famille.

La mère, héritière d'une grande famille vénitienne, fait le lien avec le passé sans jamais vraiment interroger le présent. Elle sera toujours dans l'entre deux, incapable de choisir entre son mari et sa fille. A défaut de choisir, elle les soutiendra tous les deux et va mourir dans la destruction de la ville qui représente la destruction de son monde.

La fille, 19 ans, va progressivement être sensibilisée aux enjeux écologiques jusqu'à la prise de conscience douloureuse de la perte future et irrémédiable de cette ville qu'elle aime. C'est cette prise de conscience qui va créer chez elle une colère et un besoin d'agir. Face à la destruction de son monde, comment rester inactif ? Elle va entrer dans des mouvements de rébellion et de désobéissance citoyenne qui n'auront d'autre effet que de la confronter encore plus à son impuissance. La tâche est trop lourde pour ses épaules, comme le conclu Isabelle Autissier, "comprendre avant les autres n'a pas suffi). Telle Cassandre, elle hurle dans le vide face à des gens qui refusent ou qui ne peuvent pas voir la réalité en face.

En parallèle de ce dernier personnage, on va croiser son professeur, celui qui va l'initier et lui ouvrir les yeux. Il représente une autre facette du militantisme, un militantisme plus raisonné, moins dominé par ses émotions, qui veut persuader et non contraindre. C'est le scientifique qui tente de faire comprendre aux politiques aveuglés par les enjeux immédiats les conséquences de leurs actes, celui qui tente pas la politique de faire changer le monde, sans effet pour l'instant. Ce dernier militantisme est rejeté par le premier car il est jugé lent et inefficace, pas assez radical par rapport à l'urgence.



Si I'autrice a choisi Venise pour son symbole, ce n'est qu'une version miniature du combat écologique et des enjeux qui menacent notre monde. J'ai aimé cette façon de ne juger personne, d'exposer calmement leur point de vu. A la fin, de toute façon, ce n'est pas l'action d'un seul homme qui peut changer les choses mais c'est bien le résultat de l'héritage d'une confrontation entre des courants de pensées sur des décennies.

C'est un livre très réussi, même si finalement, il laisse une note amère dans la bouche, quoi qu'on fasse, la machine est en marche et plus personne ne sait l'arrêter.
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Le naufrage de Venise

Je découvre avec ce titre l'écriture d'Isabelle Autissier. Je ne savais pas que sillonner les océans en solitaire pouvait conduire à manier la plume avec talent.



Les premières pages de ce roman offrent au lecteur une image d'apocalypse. Depuis le temps qu'on le craignait, le pire est arrivé : une vague meurtrière a détruit Venise. Seul sur sa barque, Guido Malegatti qui a survécu par miracle, contemple les décombres. Cet entrepreneur ambitieux, conseiller aux affaires économiques de la ville, croyait pouvoir compter sur le fameux dispositif MOSE, qui, installé au centre de la lagune, devait bloquer les eaux de l'Adriatique en cas de risque d'inondations. La nature a repris ses droits...

Dans cette dystopie, l'auteure ne s'attache pas à décrire l'après, elle retrace l'avant-catastrophe et transporte le dilemme qui déchire la Sérénissime au sein d'une famille vénitienne. Chez les Malegatti, il y a donc le père, fils de paysan qui a réussi dans les affaires et en politique et qui ne voit dans cette ville touristique que ce qu'elle peut rapporter financièrement. Il y a son épouse, Maria Alba, issue de la noblesse locale, qui refuse de voir la réalité et essaie de maintenir l'héritage du monde d'où elle vient. Et enfin, il y a la fille Léa, 18 ans, par qui le scandale arrive. En totale opposition avec son père, elle fréquente un groupe d'écologistes activistes pour sauver sa ville des eaux et des hommes.



Cette première lecture de 2023 frôle le coup de coeur. J'ai beaucoup aimé l'écriture d'Isabelle Autissier. Elle nous met face à ce qui nous attend si nous continuons à fermer les yeux devant l'urgence environnementale. J'ai pu, par le passé, moi aussi, tomber sous le charme de cette ville étonnante et la découvrir anéantie par les flots m'a fait un choc. La partie romanesque, avec notamment le caractère de chacun des personnages, est admirablement ciselée. De la lagune, elle fait un intervenant vivant et passe habilement de la poésie aux termes plus techniques pour décrire son enlisement. En même temps que le drame familial qui se joue, le lecteur parcourt toute l'histoire passée de Venise avec ses périodes de gloire et ses descentes aux enfers, mais aussi ses maux d'aujourd'hui aggravés par la montée des eaux et le tourisme de masse. Mon seul regret réside dans la fin qui arrive trop brutalement. J'aurais tellement en savoir plus mais l'auteure a préféré laisser au lecteur le choix d'imaginer la suite.

Un 19/20 pour cette belle lecture qui frôle la perfection. Je suis simplement étonnée par le peu de lecteurs de ce titre sur Babelio et vous invite donc à le découvrir.
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Kerguelen : Le voyageur du pays de l'ombre

Quatrième livre lu d’Isabelle Autissier, avec toujours le même plaisir des mots au service de bonnes vraies histoires, des romans historiques. Ou d’Histoire romancée.

Mais il ne s’agit pas ici de faire l’éloge d’un héros qui aura laissé sa trace dans la grande histoire de l’humanité. Il s’agit plutôt d’un grand désastre, raconté dans le détail.

On ne peut qu’être fasciné par le récit des épreuves traversées pour découvrir (et conquérir) le monde ; beaucoup n’en revenaient pas, et les autres bien mal en point.

On comprend également les motivations de tous, du roi jusqu’aux navigateurs, en passant par les scientifiques et les financiers, les intrigues et trafics d’influence.

Bref, Isabelle Autissier a encore visé juste !

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L'amant de Patagonie

Ce billet date de novembre 2020, il est court, mais dit tout ce que je pensais, ressentais en lisant ce superbe livre...

Isabelle Autissier. L'écriture de cette auteure me séduit, sa façon magnifique de peindre les couleurs de la nature, que ce soient celles des vallées écossaises, de la steppe russes, des glaciers, des rivières, des forêts, des lacs cristallins de la Patagonie, ces images que je vois danser au fil des mots, des pages me reposent. Chacun des livres de cette auteure m'a tiré quelques larmes, des sourires, de la tristesse et de la joie pour les personnages qu'elle modèle avec une habilité singulière. C'est une personne qui aime ses semblables tout en sachant de quoi ils sont capables, elle les observe et son intérêt pour chacun d'entre eux font d'elle un véritable caméléon, se glissant dans la peau et faisant parler ses personnages, les rendant vivants et passionnants et réels, devenant tour à tour russe, américain(e)s, français(e), écossais(e) ou indien(ne)s! Ce livre est le premier roman non autobiographique de l'auteure, le troisième de ses romans que je lis et certainement pas le dernier. Je ne saurais vous dire par lequel commencer tant ils m'ont plus tous les trois! J'attends avec impatience le prochain, en attendant, d'autres auteurs, d'autres histoires m'attendent...
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Le naufrage de Venise

Bof ! Cela se lit très vite mais je n'ai pas été touchée par ce récit de la disparition de Venise. L'écriture d'I. Autissier me laisse indifférente ; je n'ai pas ressenti de véritable émotion, que ce soit pour la protection de Venise et plus largement pour la nature, ou que ce soit par rapport au délitement des relations entre les membres de la famille Malegatti.
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Le naufrage de Venise

Par le biais de Guido et de sa famille où chacun défend un intérêt et un point de vue différent, l'auteure met en scène la catastrophe qui menace Venise, un anéantissement crédible et effrayant… à peine de la science-fiction !

Même si je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages, un peu trop « placés » dans leurs positions pour les besoins de l'argumentation, j'ai apprécié ce côté romancé et vivant qui allège les passages techniques.

Un scénario efficace, très documenté, qui m'a éclairée sur l'extrême fragilité de Venise et les ravages du tourisme de masse.

Voilà un lieu merveilleux qu'il faudrait visiter au compte-goutte et sur la toute pointe de nos pieds…

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Soudain, seuls

Bon, et bien on peut dire que je ne m'attendais pas à ça. J'étais parti sur un échouage en règle sur une île déserte, certes, mais quel style!

Louise et Ludovic se prennent une année sabbatique pour découvrir le monde en bateau. Lui est à l'aise partout, séducteur, grand, beau, d'une famille cool et aisée. Elle est une fonctionnaire des impôts car ses parents lui ont opposés une fin de non recevoir pour son projet de guide de haute montagne alors "la petite" suit les directives familiales. Elle est celle qu'on ne voit pas et qu'un homme comme Ludovic s'intéresse à elle est incroyable. Mais c'est un couple complémentaire, elle aime les montagnes et lui fait découvrir sa passion et lui aime tout et surtout avec un enthousiaste débordant à chaque fois, ou une insouciance irréfléchie parfois.

Ces deux-là s'aiment et à la suite d'une insouciance de trop de la part de Ludovic, les voilà soudain seuls sur une île où ils ne devraient pas être et coupés du monde.

Les personnages sont fouillés, disséqués et leurs actes tout autant. C'est une sacrée réflexion sur notre monde, comment nous l'habitons et comment nous le subissons finalement. Se retrouver sans rien du jour au lendemain, sans moyen de communication, sans nourriture, sans confort, sans eau ni électricité, comment fait-on?

Après le choc, après la peur, après la colère, comment fait-on?

C'est vraiment très bien écrit et décrit, parfois très cru mais nécessaire et ce roman implique une réflexion intéressante je trouve sur ce qui est moral et ne l'est pas. Comment le déterminer? Devant une telle situation, qu'aurait-on fait?

Beaucoup plus qu'un roman d'aventure, un roman initiatique je trouve.
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Le naufrage de Venise

Pour le moment, une très heureuse surprise ! Je n'avais rien lu d'isabelle Autissier et j'étais plutôt dans la posture commode du critique qui n'a jamais rien lu, sceptique ironique ! Il a fallu quelques pages pour changer de point de vue et comme on dit en Suisse, je suis déçu en bien ! C'est un récit bien mené qui ne peut qu'angoisser les amoureux de Venise car on pourrait craindre qu'un jour cela se passe comme ça. Le père, plébéien et entrepreneur, la mère aristocrate et leur fille écologiste sont bien dans leurs rôles. Trop bien pourrait-on dire et ce sera probablement ce qui fait la différence avec un écrivain chevronné qui aurait été plus imprévisible. Mais le message passe, on ne s'ennuie jamais et on ressent parfaitement le drame de cette ville improbable qui depuis dix siècles nargue les éléments, mais qui pourrait un jour ne plus en trouver la force.
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