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Critiques de Isabelle Jarry (63)
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J'ai nom sans bruit

J'ai nom sans bruit - Isabelle Jarry - Collectioçn Folio - Roman - lu en novembre 2023.



Ma seconde lecture sombre en ce mois de novembre, le temps sur la Belgique est de la même couleur et le ciel pleure tous les chagrins du monde.



Et des chagrins, il y en a dans cette histoire.



Marie poète, Philippe photographe et la petite Nisa vivent en symbiose, mais voilà, Philippe vient à décéder bien trop tôt et c'est la plongée en enfer pour Marie et Nisa.



Marie est en pleine détresse, elle ne parvient plus à s'assumer, à assumer Nisa, à payer ses factures et son loyer et Nisa est confiée "aux instances compétentes", c'est l'expulsion de son appartement, c'est la survie dans les rues de Paris. Marie a perdu tous ses repères.



Au bout du rouleau, elle décide de partir à la campagne dans la petite maison abandonnée dont elle devrait hériter de son mari Philippe quand les paperasseries administratives seraient terminées. Elle se lance dans ce périple en stop.



Marie, si diserte, si communicante, à force de solitude perd les mots, les sons ne sortent quasi plus de sa bouche, elle a appris à devenir invisible lors de son errance dans les rues de Paris. Marie est devenue farouche.



Elle doit se faire violence pour, lentement, avec les moyens du bord remettre le jardin et la maison en état dans l'espoir de pouvoir reprendre Nisa.



Sa solitude est immense, son unique but est de récupérer son petit soleil Nisa, de retrouver les mots perdus et d'avancer sur un chemin plus serein.



J'ai nom sans bruit est le titre parfait pour cette histoire et l'illustration de William Wilson "Chaise poète" est très parlante, j'aime beaucoup (illustration de la Collection Folio)



Isabelle Jarry avec J'ai nom sans bruit a su capter mon attention, avec ses mots plein de douceur malgré la dureté de l'histoire du long cheminement de Marie poète, Marie chagrin, Marie courage et enfin Marie sourire.



Quelques longueurs et répétitions, l'une ou l'autre situation un peu irréelle, mais ce fut une lecture enrichissante par son côté humain.







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Le Jardin Yamata

"Hanami" : c'est l'éphémère , la durée limitée des fleurs et l'instant magique qu'on passe avec les amis!

Pas seulement un pique nique sous les voûtes que forment les fleurs des "cerisiers Sakura" du Japon...





Ainsi le "miegakure" utilise la végétation, comme des lanternes, pour cacher et montrer des parties du jardin japonais, aux visiteurs qui se donnent la peine de regarder...





Jules, le grand père d'Agathe a créé un jardin japonais, "le jardin Yamaha" pour le général Yamata.

Agathe est perplexe, elle ne comprend rien à ce jardin. Assise, en compagnie de Miyazawa, le vieux jardiner qui a connu Jules, elle ne voit qu'une banale cascade, à travers les buissons denses.

-Qu'avait créé son grand père, ici, de spécial?





La mère d'Agathe prétendait ne se souvenir de rien, elle n'a laissé qu'une photo jaunie de Jules...

Ce n'est que grâce à Miyazawa, que la jeune femme comprend le "fusei".





Le " fusei": une image négative, ce dragon bleu qui plongeait dans les flots, " l'arête de son épine dorsale, les jointures de ses pattes attirés et sa queue puissante. Le dos, recouvert de mousses vertes et rousses, donnait le mouvement à son plongeon."





Seules, quelques pierres suggéraient le Dragon, avec justesse et force. Miyazawa n'avait rien montré et attendait patiemment que la jeune femme ouvre, enfin, ses yeux. Et Agathe ne lassait pas d'admirer le Dragon..





Mais, Miyazawa se taisait, à propos de la photo du grand père et d'Echizen, la ville portuaire notifiée derrière.

Il cachait quelque chose, visiblement...

-Savez vous ce qu'on dit du dragon bleu, mademoiselle Agathe?

-Non!

-Qu'il ne faut pas approcher son domaine de trop près !





Agathe vit enfin les " glycine, iris, azalées, nénuphars qui disaient la longévité, la purification et l'épanouissement personnel".

Les arbres, pruniers ou cerisiers, fleurissaient à l'équinoxe de Mars, mais ces floraisons ne duraient que quelques jours.

"Le vent emportait les fleurs, avant même qu'elles ne soient fanées..."





Miyazawa parle alors d'un Haïku:

Hatsu akari: c'est la lumière naissante, le renouveau qui va venir!

Agathe a trouvé comment aller à Echizen.

Que va-t-elle y trouver ?

Le " testament" de son grand père ou bien c'est elle-même qu'elle trouvera?

Une photo où Jules dévorait des yeux, une jeune japonaise en kimono traditionnel : Midori Naruse...

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Magique aujourd'hui

En France, en 2050. La planète semble avoir survécu à tous les malheurs annoncés, ceux prédits en 2015, et qui ne sont pas arrivés. Certes l’on découvrira en cours de récit quelques centrales nucléaires ont répandu leurs radiations mortelles mais globalement tout va bien. En particulier pour Tim, bien dans on temps, tirant profit de ce que la technologie lui offre de meilleur. Et le meilleur c’est Today, un androïde qui relègue à l’âge de pierre les PDA du vingtième siècle. Gestion du quotidien, organisation du travail, recherche dans les bases de données : c’est une relation fusionnelle qui unit Today et Tim

Oui mais voilà…les traces que l’on laisse un peu partout sur la toile ne passent pas inaperçues. Tim se retrouve captif d’une équipe qui lui veut du bien, dans un centre de déconnexion qui traite les dépendances aux objets connectés. Oubliés le Bphone, les tablettes et surtout le robot.



Certes l’ambiance ainsi décrite est incontestablement celle d’un roman d’anticipation. Mais :



ce futur est extrêmement proche. La technologie en oeuvre est déjà existante et on n’est pas déstabilisé par les performances, habitués que nous sommes aux prouesses exponentielles des outils numérique que l’on nous propose. D’ailleurs l’aspect technique fait rapidement place à un autre discours plus introspectif



Tim est brutalement projeté dans un ailleurs campagnard hors du temps, en lien forcé puis assumé avec la nature, les arbres, les travaux manuels, qui ne feraient pas offense à un récit d’initiation basique



Le récit du stage thérapeutique de Tim alterne avec l’épopée de Today, qui se retrouve livré à lui même ce que Tim n’avait pas prévu dans sa programmation. Et il est fort attachant ce petit robot naïf et prévisible, capable d’une réflexion profonde mais soumis aux aléas de circuits imprimés récalcitrants, impuissant face à la bêtise ambiante, alors que sa logique et ses capacités de raisonnement sont bien au delà de ce que sait faire un humain de base. Mais cette intelligence artificielle crée un simulacre de conscience de soi-même et l’aspect humanoïde est sans doute responsable de l’activation de nos neurones miroir, ceux de l’empathie, ceux qui renforce les liens entre êtres animés. Nous ne sommes pas loin de considérer nos machines comme des alter ego. Des expériences récentes ont montré que l’on est capable de s’infliger des brûlures pour éviter qu’un de nos robots culinaires ne subisse des dégâts en tombant sur un feu.



Isabelle Jarry ne prend pas vraiment parti : certes le retour aux sources forcé de Tim le confronte à ce qu’il ne reconnaît pas comme une addiction, ce qui est toujours le cas, quelle que soit l’addiction. mais il n’est pas certain que cette prise de conscience le fasse rejeter la technologie : on n’en sait rien en fait, parce que ce n’est pas le problème. Et Tim, qui ne peut que constater le bien que lui procurent les travaux physiques qu’on lui propose, continue à se soucier de ce que devient Today, comme il le ferait d’un ami humain. Est-ce cela que visait la cure? On ne le saura pas non plus.



La fin de l’histoire est laissée à l’imagination du lecteur, pas de happy end ou de retrouvailles à l ‘américaine…..C’est peut-être un peu dommage.



C’est le type de science-fiction qui peut convenir à tous ceux qui n’aiment pas la science fiction, puisque la technologie n’est qu’un support à une réflexion plus large sur notre mode de vie.


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Magique aujourd'hui

Nous sommes dans un futur proche.

Tim, l'un des héros de l'histoire, est un jeune homme sympathique, chercheur de son métier, et qui possède ce dont tout le monde rêve dans ce monde du futur : un robot humanoïde.



Today, c'est son nom, est l'autre protagoniste de « Magique aujourd'hui ». Habitué à satisfaire les besoins de son propriétaire, il est doté d'une intelligence artificielle qui fait de lui un compagnon idéal de tous les instants - prêt à discuter avec humour et facétie de tout et de rien.



Seulement voilà : l'histoire débute alors que Tim, repéré pour son addiction aux objets connectés (en l'occurrence le temps passé avec Today), et convoqué pour être sanctionné : il doit absolument faire une cure de désintoxication. Passé un premier temps dans une sorte d'hôpital pour personnes Addictes, où il rencontre une jeune adolescente fort sympathique, il est envoyé à la campagne pour une cure de quelques jours, sans avoir accès à aucun objet connecté – et surtout pas à son robot favori.



Commence alors pour Tim des journées de labeur, de travail physique (maçonner, puis désherber) qui sont censés lui passer le goût de la connexion.



De son côté Today vit sa vie de petit humanoïde. Pris au dépourvu par l'absence de son propriétaire, dont il ne comprend pas la désaffection, il s'aventure à l'extérieur où bien des pièges s'offrent à lui...



Sorte de Distopie sans en avoir l'air, Isabelle Jarry dresse un drôle de constat sur l'espère humaine, qui deviendrait de plus en plus solitaire, mais qui se relierait surtout d'abord aux assistants que constituent les Smartphones (la période que nous vivons) puis leur prolongement sous forme de robots dotés quasiment d'une pensée – voire d'une âme ?



On pense à Ian McEwan et son « Une machine comme moi » que j'avais beaucoup aimé lire. Ici Tim n'arrive pas vraiment à se déprendre de Today : la cohabitation avec sa logeuse Mme Hauvelle se passe mal, il faut dire qu'aucun des deux n'y met vraiment du sien, et il n'y a guère qu'un couple sympathique dans le village voisin pour égayer un peu les journées à la campagne. Tim reste seul, définitivement.



Dans un tout autre registre, Tim découvre (un peu) la beauté saisissante de la nature vierge qui s'offre à lui, guettant le cri des oiseaux, un peu à l'image du héros de « La langue du pic-vert », le roman de Chantal Dupuy- Dunier, qui arpentait les bois à la recherche de l'oiseau mythique.



Mais le troisième personnage important de l'histoire est celui qui est au coeur de la recherche que mène Tim en tant que scientifique : il s'agit d'un Japonais nonagénaire, habitant de la zone de Fukushima, et qui a résisté depuis 2011 à l'injonction de quitter la zone irradiée. Resté sur ses terres, il a réussi à se nourrir d'aliments non irradiés, et a poursuivi sa vie de solitaire malgré toutes les recommandations contraires.



Ce trio masculin – Tim, l'androïde Today et le Japonais Toshirô Izumi – forme les 3 angles d'un triangle étonnant qui nous pousse à la réflexion sur notre dépendance grandissante aux objets connectés, et sur la place que l'on laisse aux relations humaines et à la relation à la nature.

On sent bien qu'Isabelle Jarry penche pour le second côté, mais sans jamais être donneuse de leçons en nous laissant nous faire notre propre point de vue.



Le titre enfin doit son nom au récit que fait le Japonais de son existence dans une zone contaminée, et des haïkus qu'il écrit pour en rendre compte :



La voix du rossignol s'éloigne

La lumière s'éteint

Magique aujourd'hui



Tout un poème, pour restituer une réalité qui nous échappe et aucun robot, aussi puissant soit-il, ne sera capable de produire un tel condensé poétique et c'est une très bonne nouvelle.

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J'ai nom sans bruit

La narratrice, poète qui s’est déjà fait éditer, vient de perdre son mari.

Son deuil est une véritable descente aux enfers.

En attendant que la succession ait lieu, elle doit quitter son logement, placer momentanément sa fille. Après quelques mois d’errance dans les rues de Paris, elle part en stop dans une maison de campagne ayant appartenu à la famille de son mari.

C’est l’histoire d’une lente dégringolade.

Elle perd tout : son mari, sa fille, son logement.

Petit à petit, à force de vivre seule, elle va même perdre les mots, elle qui les aimait tant, puis la parole.

C’est bien écrit, avec sensibilité, la progression de la perte de repères est finement décrite, mais que c’est sombre !

Ce n’est pas le genre de livre à lire si on a le moral en berne.

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In paradisum

Ce récit narre quelques jours de la vie de Celiane, Camille, Pauline et Thomas, parisiens trentenaires plutôt nantis, après le décès brutal de leurs parents. Chacun va vivre le deuil différemment ; Celiane, elle, va vouloir comprendre cet acte horrible. L'auteure plonge avec brio dans l'intimité de ses personnages, les dévoile sans jamais les juger. La psychologie de chacun est particulièrement fouillée et l'écriture toujours fluide, d'une parfaite maîtrise. C'est un texte qui m'a beaucoup plu ; j'aurais juste aimé suivre les personnages sur une plus grande période.
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George Orwell : 100 ans d'anticipation

Isabelle Jarry, à la recherche, non pas de l'inspiration, mais de ce qui fait la substance et la matière des livres, a souhaité rendre hommage à George Orwell.

Parce que, dit-elle, il a voulu conserver la forme romanesque dans ses livres les plus engagés et donner à son combat politique toute la force dont est capable la littérature.

De ce fait, elle a voulu donner une certaine forme de fiction à la biographie qu'elle nous livre avec ce volume original.

Un peu déroutant, cet ouvrage est assez ambitieux. Il se propose de mieux connaître l'homme, l'écrivain et l’œuvre, composée en France par huit livres traduits.

Orwell a cette position, qu'il partage avec Jack London, de parler en connaissance de cause. Il va y voir pour dépeindre la misère et la crasse, il ne sombre jamais dans la condescendance, ni dans la compassion.

Son analyse de l'injustice et de l'inégalité est profondément juste.

Et pour cela son œuvre entière prend des accents tragiques de vérité.

C'est le propos d'Isabelle Jarry qui signe un livre intéressant et parfois édifiant, mais somme toute assez classique même si la forme en est un peu déroutante.
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Le Jardin Yamata

Fidèle à la mémoire de son grand-père, Agathe s'envole pour Kyoto afin de découvrir le mystère qui entoure ce fameux jardin Yamata dont il est le créateur, pour le compte du Général du même nom.

Que s'est-il passé pour que, dans les années 40, Jules s'affranchisse du monde et des événements dramatiques qui secouent le Japon et le monde en guerre et l'incite à concevoir cet extraordinaire jardin ?

Pour élucider cette énigme Agathe ne dispose que d'une photo et de quelques mots écrits au verso.

Miyazaki, le vieux jardinier gardien des traditions, Ayumi, symbole d'une jeunesse trépidante éprise de modernité et avec laquelle elle noue des liens d'amitié et Yoshio, le jeune amant de circonstance, tous trois l'accompagneront dans cette quête identitaire.

Mais c'est à travers les allées et les vallons, dans l'ombre des grands arbres, autour des massifs d'azalées en fleurs et des pièces d'eau qu'enjambe un pont, dans le secret d'un temple où le mutisme des statues lui parle d'autrefois, c'est encore à Echizen, le long des côtes de l'ouest où les îles s'égrènent comme des perles éparses, qu'Agathe va mettre son pas dans celui de son grand-père pour découvrir la passion qui a façonné le jardin.

Ce roman, c'est l'histoire d'un amour tragique sublimé par une écriture qui s'inspire de ce que la terre recèle de richesses, minérales, végétales, spirituelles. Un roman aux multiples splendeurs.

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Magique aujourd'hui

C'est le titre de ce roman qui d'abord m'a attirée lorsque je cherchais au hasard un bon livre pour mon temps personnel c'est à dire, à l'heure où je le cherchais, un livre qui puisse me divertir et m'enrichir sans me donner des idées noires.



Or, il faut arriver à la dernière page (p. 330) pour trouver d'où vient ce titre :



"La voix du rossignol s'éloigne



La lumière s'éteint



Magique aujourd'hui"



C'est un haïku écrit en marge d'une carte par Toshirô Izumi, un japonais nonagénaire qui vit depuis 2011 dans la zone contaminée de Fukushima. Ce haÏku est rapporté au jury de la thèse de Thimothée Bix par son assistant, Today, un androïde de type 10XF, en l'an 2047 !



Alors, pourquoi "Magique aujourd'hui" ? Et pourquoi cet assistant est-il nommé "Today" ? Peut-être parce que l'"instant t" impose "un avant et un après", alors que les "notions d'avant et d'après ne sont pas aussi pertinentes dans un processus lent et progressif comme" le serait "le réchauffement climatique" Alors, Today, l'androïde pour Tim, "Aujourd'hui" pour le japonais imposent à l'homme une adaptation qu'il choisit en partie et qu'il subit en partie.



Alors que son androïde expose sa thèse devant le jury, Tim, lui, est en train de traverser une forêt après s'être échappé de chez Mme Hauvelle où il a été envoyé en cure de déconnexion. Cette dame vit en zone blanche où aucun objet connecté n'existe. Peu amène, elle propose au jeune chercheur des tâches plutôt ingrates : construire un mur de soutènement pour retenir un talus qui menace de s'écrouler puis détruire une épaisse haie de bambous. Les pages de combat contre ces bambous sont particulièrement épiques, à faire lire au préalable par toute personne qui manifesterait une vélléité de planter des bambous ! (chap.17 p 170 à 176). Tim s'exécute, sans vraiment rechigner. Son séjour forcé à la campagne lui permet de se confronter aux forces de la nature, de s'émerveiller des paysages, du chant des oiseaux, de la vie animale et aussi de faire le point sur sa vie sentimentale. Mais cette dénonnexion forcée ne règle pas son besoin de retrouver Today. Revenir en arrière ne semble pas résoudre quoi que ce soit. "Aujour'd'hui", Today, impose une autre réalité, pas nécessairement mauvaise ou triste, juste différente. Il parvient en tous cas à séduire le jury de thèse en l'absence du jeune doctorant !



Bref, il y a peut-être quelques longueurs mais c'est un joii livre, amusant, poétique, philosophique et une philosophie qui me sied, particulièrement en ce jour, lendemain du 13 novembre 2015.
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In paradisum

Une fratrie : un frère, trois sœurs, adultes, perdent brutalement et dans des circonstances à la fois tragiques et incompréhensibles leurs parents. Chacun fait face à ce deuil à sa façon, en fonction de son caractère et de son chemin de vie. Isabelle Jarry nous parle d’espoir, de force, de faiblesses, de peur, de doutes et de rapports humains. Elle observe et détaille les sentiments, les réactions, les regrets et les petits bonheurs de chacun.

La confrontation à la mort de ses parents, la douleur, le vide ainsi créé font exploser certaines pudeurs mais referment dans le même temps une partie des émotions.

Ce livre est intéressant, c’est indubitable ! Et pourtant, je me suis un peu ennuyée, j’ai lu des pages entières en diagonale, j’avais l’impression de ne pas avancer… Il me semble que 300 pages auraient suffi… Mais peut-être, suis-je toujours un peu trop pressée ?

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Magique aujourd'hui

Nous sommes dans les années 2050. Tim est chercheur. Il travaille "sur les facultés d'adaptation en situations extrêmes", en particulier sur "le cas d'un Japonais qui vit depuis 2011 dans la zone interdite autour de Fukushima".

Tim est un hyper-connecté. Le puissant Mouvement de Deconne-x-ion surveille les addictions et dès qu'il estime que vous dépassez les limites, hop, il vous envoie direct en cure de déconnexion. Ces gens-là sont des obsessionnels : ils passent leur temps à "réduire eux-mêmes leur temps de connexion" et à "prôner un usage très limité des machines intelligentes". L'ironie de l'histoire, c'est que ces mêmes personnes ont été les premières à faire la queue des décennies auparavant le jour de la sortie d'une tablette, d'un ordinateur, d'un smartphone dernier cri...

Tim vit avec Today, un androïde qui l'aide aussi bien dans son travail que dans sa vie quotidienne. Il y est très attaché et entretient avec lui une relation fusionnelle. Hors de question pour le le Mouvement de Deconne-x-ion ! Voilà Tim mis en cure d'office. Today se retrouve livré à lui-même, pour la première fois de son existence.



Le lecteur suit alternativement les aventures de Tim Bix, mis au "vert" chez Mme Hauvelle (qui ressemble à une tatie Danielle) et celles de Today, enlevé par ex-cantatrice désabusée.



Les humains de ce récit sont bien peu sympathiques - mis à part Tim pour qui on se prend vite d'empathie et un couple de Néerlandais philantrope. Les deux femmes auxquelles sont confrontés Tim et Today sont pour le moins acariâtres, frustrées et elles ne font pas dans la dentelle. Le jeune homme se débat comme un beau diable avec les travaux ingrats que lui assigne Mme Hauvelle. En particulier celui d'arracher du bambou. Le bambou, la plante qui, par excellence cache bien son jeu : vous croyez en avoir fini avec elle, mais c'est une illusion. Le bambou c'est traître et sans fin. Tim s'en aperçoit rapidement. S'il réapprend aussi à profiter de la nature, à réfléchir sur lui-même, il ne peut cependant oublier son Today d'amour pour qui il se fait un sang d'encre, parce qu'il pense que lui-même se fait un sang d'encre ! Tous les moyens seront bons pour tenter de se connecter avec lui...



De son côté Today, désorienté par l'absence prolongée de Tim, sort de la maison. Pas de bol, il tombe sur Mirène, l'ex-cantatrice, dépressive et calculatrice, qui voudrait bien le faire travailler à sa place : il faut dire que le boulot actuel de cette femme est quelque peu frigorifiant et déprimant. Seulement, cette femme est tellement insupportable que la cohabitation avec Today tourne court. Un petit extrait de la manière dont elle lui parle :



"- Ben dis-donc ! Quelle sorte d'artiste es-tu, qui ne sait ni ranger ni jeter ?

- Que voulez-vous jeter ?

- Mais tout, petit abruti, tout ! Toute ma vie n'est qu'un déchet, une fumisterie monstrueuse."

"Tu as déjà été amoureux peut-être ? D'une friteuse programmée ?"

J'ai adoré les scènes entre Mirène et Today, qui sont "tordantes". Surtout quand le narrateur explique une chose (que n'a pas compris Mirène) qui a pour effet de déclencher une action de Today qui la rend dingue.



Vous l'aurez compris, on adore Today ! Il est gentil, serviable, perdu et a une patience d'ange. Mais... (hé! hé! ne comptez pas sur moi pour vous raconter la fin, sachez juste que j'ai failli en louper mon arrêt de bus - l'addiction n'est pas forcément là où l'on s'imagine qu'elle est!...).



Un roman malicieux, bourré d'humour, qui amène la réflexion sur le monde connecté, de manière ludique, avec finesse, justesse et philosophie.

Un Mouvement de Deconne-x-ion, s'il devait exister, aurait du souci à se faire...

Entre le bambou et le grille-pain, allez savoir lequel cache le mieux son jeu !







Un livre en lice pour le Prix Jean-Giono 2015.
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Emportez-moi sans me briser

C’est l’histoire d’un tueur à gage froid, déterminé, sans états d’âme, qui décide de raccrocher et, au même moment, rencontre l’amour fou, l’amour passion.

De longues, parfois très longues phrases, belles, vivantes, imagées, qu’il faut parfois relire parce qu’arrivé à la fin, on ne sait plus trop de quoi elles parlaient au début.

Une fiction intéressante, bien écrite, mais qui n’est pourtant pas un coup de cœur.

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Magique aujourd'hui

Chronique Explorateurs de la rentrée littéraire 2015



Dans un futur proche, un comité surveille la dépendance de tout un chacun aux objets connectés.

Leur but : rééduquer et définir les limites.



Après avoir été arrêté et emprisonné dans une sorte d'hôpital, Tim un jeune chercheur, est séparé de son robot androïde, Today avec qui il entretient une relation fusionnelle.

Ce que ne savent pas les censeurs c'est que Today est presque autonome ce qui est totalement INTERDIT.

L'aventure commence.

Tim a droit pour sa rééducation à un coach personnel qui l'emmène à la campagne, pendant ce temps Today met en application ce qu'il a intégré au contact de Tim.

Je n'en dirai pas plus. L'auteur ne s'attarde pas sur le fait que nous soyons traçables grâce à nos multiples connexions et aux conséquences sur notre vie qui est de moins en moins privée. Nous sommes tous responsables de cet état de fait.



L'axiome est seulement de savoir ce que provoque la séparation.

Un monde de connexions est-il aussi enchanteur que cela? Où est la magie?

D'un style alerte, poétique et plein d'humour, voire de cocasseries, l'auteur nous incite à revisiter notre univers.

Très bien documenté sur la robotique, et le savoir est partagé sans alourdir la narration.

Magique, qualificatif du titre peut être appliqué à l'écriture d'Isabelle Jarry qui nous plonge dans un univers qui nous rappellerait un monde hybride entre La Fontaine et Edgar Allan Poe.

La Fontaine pour la mise en scène joueuse de notre quotidien connecté même si la réflexion ne débouche pas sur une véritable intention moraliste.

Edgar Allan Poe pour l'ambiance d'anticipation mais surtout pour la poésie très visuelle du texte.

Je retrouve les saveurs de ce temps là: une écriture stylée car en amont le sujet a été très travaillé et bien digéré et le jeu permanent qui s'instaure avec le lecteur.

Un maintien en haleine jusqu'à un joli final.
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La voix des êtres aimés

Ce roman met en scène Céleste, et Paul. Quinze ans plus tôt, ils se sont aimés avec passion, elle jeune étudiante et lui professeur de philosophie. Aujourd’hui, Paul se sait condamné et appelle Céleste, qu’il n’a pas vue depuis 15 ans auprès de lui. Ils expérimentent un quotidien qu’ils n’ont jamais vécu ensemble.



Paul demande à Céleste de lui raconter une histoire d’amour, elle choisit celle qu’elle a vécu au Vietnam avec un pêcheur. Les deux histoires s’imbriquent, se rejoignent, et son émaillées de réflexion sur l’amour, la vie de couple, mais aussi sur la mort qui plane au-dessus d’eux.



Cette histoire ne m’a pas particulièrement emballée. La réflexion sur la mort est parfois pesante, même si elle est de qualité. Mais je dis cela uniquement en tant que lectrice cherchant à se détendre, car je pense que cela plaira au philosophe en herbe. De même, la conception de l’amour qu’a Céleste m’a empêchée de m’attacher au personnage, car trop éloignée de la réalité (du moins, de ma réalité personnelle), trop passionnelle. Bref, pour résumer, un peu trop de réflexion (mais une réflexion intéressante), mais pas assez d’action pour une jeune lectrice intrépide, et une vision de l’amour qui ne m’a pas vraiment parlé.



En revanche, j’ai apprécié le récit que fait Céleste de son aventure avec Hoang, le pêcheur vietnamien. Le ton est volontairement romanesque, et le fait que l’histoire soit coupée par la vie quotidienne de Céleste et Paul, a accentué mon intérêt : je voulais connaître la suite.



En résumé, c’est un roman que je recommande aux amoureux de réflexion philosophique, et que je déconseille pour la détente…
Lien : http://romans-entre-deux-mon..
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Le Jardin Yamata

Voyage initiatique au Japon, à la rencontre d'un aïeul aimé et secret, une écriture délicate et parfumée, une belle ode au jardin!
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La voix des êtres aimés

Paul était le professeur de philo de Céleste. Elle s'était jetée avec exaltation dans cet amour. Malgré la différence d'âge, leur amour était intense et passionnel. Paul est maintenant condamné, la maladie le fait souffrir énormément. Dans cette maison de campagne, les sentiments renaissent des cendres. Peut-on oublier à tout jamais la grand amour de sa vie? Paul demande à Céleste de lui raconter une histoire d'amour. Elle en invente une de toutes pièces. Cette histoire ponctue ce récit et chacun n'est dupe sur les sentiments réveillés. Les journées s'écoulent au rythme de la maladie de Paul. Le souvenirs remontent à la surface.

Dès le début de ma lecture, j'ai été chiffonnée... Quand Paul téléphone à Céleste, elle accepte et accourt à son chevet laissant ses enfants et son mari plusieurs jours sans sans aucune nouvelle. Or ce sont les vacances d'été. Bien entendu, elle va les appeler mais au bout au bout de plusieurs jours. Très vite, elle se pose des questions sur sa vie et son couple. Elle se sent prête à tout quitter pour Paul. Je n'ai pas été convaincue par le personnage de Céleste.



Le thème m' a rappelé le livre de Laurence Tardieu Puisque rien ne dure. Mais ici, je n'ai pas trouvé la même intensité ni les mêmes émotions.

Ce roman aurait gagné en profondeur sans des descriptions inutiles et en étant plus axé sur l'histoire d'amour de Paul et de Céleste. Par contre, la peur de la mort y est décrite toute en pudeur et avec force.

J'aurai voulu vraiment aimer ce livre mais l'étincelle ne s'est pas produite. Je ne reproche rien à l'écriture d'Isabelle Jarry mais je suis restée en dehors de ce récit...


Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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J'ai nom sans bruit

Belle lecture que ce roman d'Isabelle Jarry, première découverte de cet écrivain et la "magie" a opéré : j'ai été séduite tant par le récit que la narration elle-même.





Tout y est juste : pas d'apitoiement, pas de grandiloquence : Marie a tout perdu, le deuil dévore son coeur, sa fille est placée en institution et elle-même vit dehors d'abord à Paris puis à la campagne. Et voici que les mots la quittent, elle, la poète....





Marie, malgré le chagrin et la difficulté de son existence, ne voit pas ses jugements s'émousser : la perception qu'elle a des rues de son quartier, des paysages de la campagne - beaucoup de très belles lignes sur la nature - reste clairvoyante, ainsi que le regard qu'elle porte sur "les autres" - ceux qui vivent dans la rue ou ceux qu'elle croise - .

Elle est juste le témoin invisible - puisque personne ne la remarque, ni ne lui parle - de la société qui l'entoure.





On partage aussi le deuil qui la ronge, et la "relation" qu'elle entretient avec celui-ci : beaucoup de belles images des souvenirs , l'importance de nos "greniers" dans la tête ou réels...





J'ai eu beaucoup de mal à quitter Marie mais elle a son étoile, sa fille Nisa...

Je ne peux pas tout vous raconter : j'espère juste vous donner l'envie d'aller cheminer avec Marie et de l'écouter.
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J'ai nom sans bruit

L'auteur part à la campagne, elle a tout perdu son mari, on lui a enlevé sa fille Nisa de cinq ans. Elle n'a plus de maison, elle est devenue SDF. Puis elle décide de se réfugier à la campagne dans la maison de la famille de Philippe. Son mari était photographe elle poète. Il vivait de peu façon bohème. Tout bascule et elle reprend goût à la vie grâce à sa fille Nisa.Elle lui donne le goût de vivre. C'est magnifique, Nisa apporte à sa mère la joie de vivre c'est merveilleux. Ce livre est une réflexion sur la vie.

J'ai beaucoup aimé, un passage particulièrement, elle se refuge dans le grenier de sa maison, elle y trouve des trésors des photos, l'enfance de son mari, des vêtements. Dans ce grenier, elle oublie sa pauvreté, sa condition.

C'est un roman qui pourrait être cérébral, mais pas du tout , le style est fluide et l'auteur terriblement attachant.En un mot c'est un livre terriblement attachant, fort à lire d'urgence.Il change de regard sur le monde qui nous entoure. Le seul reproche que je peux lui faire c'est le titre pas accrocheur du tout mais bon.
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La voix des êtres aimés

Ce livre m’a d’emblée portée vers celui de Laurence Tardieu : Puisque rien ne dure; par son sujet et cette même prière à l’amante de concéder à une dernière volonté. J’ai beaucoup aimé le tissage des deux histoires celle de leurs amours et celle que Céleste conte à Paul. Tout se mire dans les sentiments des uns et des autres, les blessures refont surface, l’amertume mais aussi ces grands moments de bonheur partagés.



La plume est douce, mais manque cette poésie à laquelle je m’attendais avec cette auteure, une petite déception sur ce point.



J’ai beaucoup aimé l’histoire de Hoàng et de Céleste, cet amour puissant qui se passe de paroles, et comment Paul superpose cette passion à celle qu’il a perdue quand Céleste a décidé de le quitter. C’est un jeu de miroir, où parfois les images et les souvenirs se mêlent bizarrement aux désirs inassouvis, aux regrets d’un acte manqué, d’un choix irrévocable… cette impuissance à retenir le cours de la vie, et à la fois ce besoin cruel de lui échapper…



La partie “maladie” et ce chemin de vie qui s’achève, sont emplis de réflexions intéressantes par le biais des confidences que Paul livre à son kiné : la peur de mourir par exemple, la souffrance au quotidien, cette fragilité du corps alors que l’esprit reste sain, devenir un être à la merci de cette maladie et devoir accepter cette forme d’humiliation…Savoir combattre la maladie, et l’accepter avec philosophie. Beaucoup de sujets abordés mine de rien, avec délicatesse ou en murmure.



Un beau roman qui nous laisse dans une certaine interrogation sur la vie elle-même, nos choix d’un jour sont-ils à regretter, ou doit-on laisser le destin faire son œuvre sans jamais regretter quoi que ce soit ? Finesse et délicatesse pour cette romance d’Isabelle Jarry que j’ai appréciée pour sa douceur et les sujets traités chargés d’émotion.




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In paradisum

Multipliant les personnages secondaires, qui parviennent tous en quelques phrases à prendre vie dans l’esprit des lecteurs/trices, le roman constitue une fresque nuancée, comme les compositions florales de Pauline. J’admire vraiment les écrivain(e)s qui arrivent à animer une galaxie aussi précise et importante de personnages sans qu’aucun ne soit réduit à l’état d’esquisse. Il faut un sens aigu du portrait et, je crois, une empathie peu commune, pour nous faire entrer dans les pensées de tant de personnes différentes (et sans jamais les juger).



Sans déflorer le suspens, je dois avouer que la fin du livre m’a un peu prise au dépourvue. J’avais vraiment envie de suivre encore les chemins des frère et sœurs, de les voir évoluer pendant plusieurs semaines, plusieurs mois, de savoir quelles décisions il et elles allaient prendre concernant chaque aspect de leur vie. Je comprends bien que le livre les saisisse dans un moment dont l’horreur bouleverse tout, mais j’aimerais bien les retrouver plus tard pour savoir ce qu’ils sont devenus, un peu comme de vieux amis.



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