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Citations de Ivo Andric (202)


L'adjudant se contenta d'écarter les bras, de hausser les épaules, de serrer les lèvres et de fermer les yeux, et son visage prit une expression rusé et polie, figée, aveugle et sourde, comme seuls peuvent en prendre les gens qui ont longtemps travaillé dans de vieilles administrations vermoulues où la discrétion a depuis longtemps dégénéré en indifférence et l'obéissance en lâcheté. Une feuille de papier blanc est très éloquente comparée à la prudence muette de ce visage.
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Seulement, la solitude d'un homme sur un portrait est plus grande que la solitude d'un squelette dans la terre.
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Chaque génération a ses illusions par rapport à la civilisation; les uns pensent qu'ils contribuent à son essor, les autres qu'ils sont les témoins de son déclin.
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L’entrée solennelle et officielle des troupes autrichiennes n’eut lieu que le lendemain.
De mémoire d’homme, jamais un tel silence n’avait régné sur la ville. Les magasins n’ouvrirent pas. Les portes et les fenêtres des maisons restèrent closes, bien que ce fût une journée ensoleillée et chaude de la fin d’août. Les rues étaient vides, les cours et les jardins comme abandonnés. Dans les maisons musulmanes, c’était l’accablement et le désarroi, chez les chrétiens, la prudence et la perplexité. Mais partout et chez tous, la peur régnait. Les Autrichiens qui faisaient leur entrée avaient peur des embuscades. Les musulmans avaient peur des Autrichiens, les Serbes des Autrichiens et des Musulmans. Les Juifs craignaient tout le monde car, surtout en temps de guerre, tout le monde est plus fort qu’eux.
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C'était un homme d'âge indéterminé, d'origine, de nationalité et de race indéterminées, de croyances et de convictions indéterminées, et de savoir et d'expérience tout aussi indéterminés. Il restait peu de choses dans le personnage que l'on pût plus clairement définir.
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Le ciel de Belgrade est haut et vaste, changeant mais toujours beau(...)
Toujours beau et riche, comme pour dédommager cette ville étrange de tout ce qui lui manque et la consoler de ce qui ne devrait pas s'y trouver.
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On commença à percevoir dans la ville une action et une pression grandissante des autorités, tout d’abord civiles puis militaires . Et ce sous une forme tout à fait nouvelle : auparavant, on tenait compte de ce que chacun faisait et de la façon dont il se comportait, désormais on posait des questions sur ce que les gens pensaient et sur ce qu’ils disaient.
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Pendant les sécheresses d'été qui anéantissaient souvent toute la moisson, le pope Jovan conduisait régulièrement a procession et disait en vain des prières pour la pluie, après quoi s'ensuivait en général une sécheresse encore plus grande sous un soleil implacable. Et lorsque après un tel été de sécheresse, la Drina, un automne, se mit à grossir et que menaça l'inondation, le pope Jovan se rendit sur la berge, réunit ses paroissiens et se mit à lire une prière pour que la pluie cesse et que l'eau redescende. C'est alors qu'un certain Jokic, ivrogne et fainéant, considérant que le bon Dieu envoyait en général le contraire de ce que le pope Jovan demandait dans sa prière, lança à haute voix : "Pas cette prière, mon père, celle de l'été, pour la pluie. Sûr qu'elle fera baisser l'eau.
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A l'extrémité du plateau verdoyant s'élevaient les hautes ruines de Dobrun; un léger voile de chaleur bleu frémissait au-dessus de leurs arêtes découpées.

" L'excursion"
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L'oubli guérit tout, et chanter est le meilleur moyen d'oublier, car dans une chanson l'homme ne se souvient que de ce qu'il aime.
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En effet, ceux qui gouvernent et doivent opprimer les autres pour gouverner sont condamnés à agir selon la raison ; mais si, emportés par leur passion ou contraints par leurs adversaires, ils dépassent les limites des actes raisonnables, ils s’engagent sur une pente glissante et déterminent ainsi eux-mêmes le début de leur chute. P 91
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Le nouveau pouvoir, après les malentendus et les conflits du début, donnait aux gens une impression de stabilité et de pérennité. Il était lui-même victime de cette illusion, sans laquelle il n'y a pas d'autorité durable et efficace.
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Personne n'avait le temps de réfléchir à ce que représentait et signifiait le pont victorieux, mais en vaquant à leurs affaires, dans cette ville infortunée où l'eau avait tout abîmé, ou du moins transformé, tous savaient qu'il y avait dans leur vie quelque chose qui résistait aux éléments et qui, grâce à l'insaisissable harmonie de ses formes et à la force invisible et sage de ses fondations, sortait de chaque épreuve intact et inchangé.
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C'était une de ces chaudes journées dont il était agréable de passer le long crépuscule sur la kapia, à l'heure où les musulmans de la ville remplissaient les deux terrasses au-dessus de l'eau. Par des jours pareils, on faisait venir les melons par paniers. Melons et pastèques bien mûrs étaient mis au frais toute la journée, et le soir les promeneurs les achetaient et les mangeaient sur les bancs. Il se trouvait toujours deux compères pour parier que la pastèque serait soit rouge soit blanche à l'intérieur. Alors ils la coupaient, celui qui avait perdu payait, et tout le monde mangeait en conversant et en plaisantant bruyamment.
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Je ne sais par quelle illusion des sens, ou quelle insondable logique j'ai toujours eu l'impression que les vergers escaladent les hauteurs et que les cimetières les descendent.
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Les désirs sont comme le vent, ils déplacent la poussière d'un endroit à un autre, obscurcissant parfois l'horizon, mais finissent par se calmer et par retomber, laissant derrière eux l'éternelle et immuable image du monde.
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Car la solution, elle était dans la ruse, et la ruse va de pair avec la richesse, ruse et richesse ne font qu'un et ne feront qu'un jusqu'à la fin des temps.
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En tout cas, une chose est sûre : entre la vie des gens de Višegrad et ce pont existe un lien étroit, séculaire. Leurs destinées sont si mêlées qu’elles sont inconcevables l’une sans l’autre et qu’on ne peut les raconter séparément. C’est pourquoi l’histoire de la construction et du destin du pont est en même temps l’histoire de la ville et de ses habitants, de génération en génération, de même que dans tous les récits qui parlent de la ville se profile la silhouette du pont de pierre sur ses onze arches, avec la kapia, telle une couronne, en son milieu.
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Il me parut soudain évident qu'il ne faut point trop éviter les rencontres et les conversations avec ceux qui en ont besoin, si insensés et déplaisants qu'ils nous paraissent. Cela n'est ni bien ni raisonnable car si, par égoïsme et pour notre propre confort, nous évitons d'écouter quelqu'un, nous devrons, honteux, le faire plus tard, peut-être à l'occasion d'un souvenir importun ou d'un rêve, ce qui rend la chose plus difficile et plus désagréable encore.
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Qu’est-ce qu’un livre, aussi beau soit-il, quand on sait qu’il y en a tant de centaines, tant de milliers d’autres ?
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