Citations de Jack London (2549)
- Vous vous croyez donc supérieur aux critiques musicaux?
- Non, non, certes pas. Mais j'ai le droit d'avoir une appréciation personnelle. (...) Les critiques musicaux ont peut-être raison. Mais je suis moi et je ne subordonne pas mes goûts à ceux de la majorité. Quand je n'aime pas quelque chose, je ne l'aime pas, c'est tout. Je ne vois pas pourquoi je devrais calquer mes goûts sur ceux des autres. Je ne fais pas semblant et je suis indifférent aux modes.
[Loup Larsen] se tut et son regard absent alla se perdre, loin de nous, sur la mer infinie. La vieille et ancestrale mélancolie reprit sur lui son emprise. Il vibrait sous ses accords. Il s’était persuadé de s’abandonner au blues, et d’ici quelques heures on verrait le diable renaître en lui.
J'aime mieux être un météore superbe, chacun de mes atomes rayonnant d'un magnifique éclat plutôt qu'une planète endormie. La fonction de l'homme est de vivre non d'exister. Je ne gâcherai pas mes jours à tenter de prolonger ma vie, je veux brûler tout mon temps.
Le monde entier est une grande maison de fous, et je dois moi aussi être fou.
Je le suivis jusqu’à son campement. Là je fis connaissance avec sa femme.
Voilà surtout qui était stupéfiant et pitoyable ! Je reconnus cette femme. C’était Vesta van Warden, l’ancienne jeune épouse du banquier John van Warden. Oui, elle-même, qui, vêtue de haillons et pleine de cicatrices, les mains calleuses, déformées par les plus durs travaux, était penchée au-dessus du feu du campement et cuisinait le dîner comme un simple marmiton ! Vesta van Warden, née dans la pompe opulente du plus puissant baron de la finance que le monde eût jamais connu !
D' autres chiens arrivaient en grand nombre, les uns dociles et joyeux, les autres furieux comme lui-même; mais chacun à son tour apprenait la leçon. Et chaque fois que se renouvelait sous ses yeux la scène brutale de sa propre arrivée, cette leçon
pénétrait plus profondément dans son coeur : sans aucun doute possible, il fallait
obéir à la loi du plus fort .
J’ai vécu d’innombrables existences tout au long de temps infinis. L’homme, individuellement, n’a fait aucun progrès moral depuis les dix derniers milliers d’années, je l’affirme solennellement. La seule différence entre le poulain sauvage et le cheval de trait patient n’est qu’une différence de dressage. L’éducation est la seule différence morale qui existe entre l’homme d’aujourd’hui et celui d’il y a dix mille ans. Sous le faible vernis de moralité dont il a enduit sa peau, il est resté le même sauvage qu’il était il y a cent siècles. La moralité est une création sociale, qui s’est agglomérée au cours des âges. Mais le nourrisson deviendra un sauvage si on ne l’éduque, si on ne lui donne un certain vernis de cette moralité abstraite qui s’est accumulée le long des siècles.
Buck passa le jour entier à errer autour de l'étang ,poussant des gémissements lugubres ou des hurlements désolés .La disparition de son maître adoré creusait en son cœur un vide profond , impossible à combler .Seule , la vue de ses victimes portait quelque adoucissement à sa peine .Fier
d'avoir tué des hommes ,le plus noble des gibiers ,il reniflait curieusement les cadavres , surpris d'avoir triomphé si facilement de ceux qui savaient se rendre redoutables à l'occasion .
Désormais il ne connaîtrait plus la crainte de l' homme .
{dystopie, 1907}
L’oligarchie voulait la guerre avec l’Allemagne pour une douzaine de raisons. Elle avait beaucoup à gagner à la jonglerie d’événements que susciterait une mêlée pareille, au rebattage des cartes internationales et à la conclusion de nouveaux traités et alliances. En outre, la période d’hostilités devait consommer une masse d’excédents nationaux, réduire les armées de chômeurs qui menaçaient tous les pays, et donner à l’oligarchie le temps de respirer, de mûrir ses plans et de les réaliser. Un conflit de ce genre la mettrait virtuellement en possession d’un marché mondial. Elle lui fournirait une vaste armée permanente qu’il ne serait plus nécessaire de licencier désormais. Enfin, dans l’esprit du peuple, la devise "Amérique contre Allemagne" remplacerait celle de "Socialisme contre Oligarchie".
Un étrange calme régnait. Pas un souffle ne faisait bruire la forêt gainée de givre. Le froid et le silence du cosmos avaient glacé le cœur de la nature et figé ses lèvres frémissantes.
Quatre-vingt-dix neuf pour cent des rédacteurs sont des ratés, qui n'ont pas réussi comme écrivains. Ne croyez pas qu'ils préfèrent leur corvée bureaucratique, leur asservissement au public et aux commanditaires, à la joie d'écrire. Ils ont essayé d'écrire et ils n'ont pas pu. Et voilà justement le paradoxe idiot de la chose: toutes les portes de la littérature sont gardées par des cerbères: les ratés de la littérature.
Leur pauvre cerveau est aussi fortement frappé par les idées conventionnelles que l'est le mouton par la marque du troupeau. Et leur fonction consiste à mettre le grappin sur tous les jeunes universitaires, à en chasser soigneusement tout ce qu'ils peuvent avoir d'original dans le cerveau et à les marquer du sceau des valeurs établies.
Il devait dominer ou être dominé; toute manifestation de pitié était signe de faiblesse. Dans la vie des origines, la pitié n'existait pas. On la prenait par erreur pour de la crainte, et de tels malentendus menaient à la mort. Tuer ou se faire tuer, manger ou se faire manger : telle était la loi; et il obéissait à ce commandement issu des profondeurs du Temps.
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J’en reviens à mon accusation. Si le pouvoir de production de l’homme moderne est mille fois supérieur à celui de l’homme des cavernes, pourquoi y a-t-il donc actuellement aux Etats-Unis quinze millions de gens qui ne sont pas nourris et logés convenablement, et trois millions d’enfants qui travaillent ? C’est une accusation sérieuse. La classe capitaliste s’est rendue coupable de mauvaise administration. En présence de ce fait, de ce double fait, que l’homme moderne vit plus misérablement que son ancêtre sauvage alors que son pouvoir producteur est mille fois plus grand, aucune autre conclusion est possible sinon que la classe capitaliste a mal gouverné, que vous êtes de mauvais administrateurs, de mauvais maîtres, et que votre mauvaise gestion est un crime imputable à votre égoïsme . Et sur ce point, ici, ce soir, face à face, vous ne pouvez pas me répondre à moi, pas plus que votre classe entière ne peut répondre aux quinze cent milles révolutionnaire des Etats-Unis.
« Tu ne tueras point », quelle blague ! On va me tuer demain matin.
« Tu ne tueras point », quelle blague, encore ! Dans tous les arsenaux des pays civilisés, on construit aujourd’hui des cuirassés et des croiseurs.
Pour moi, l'état n'est rien. J'attends l'homme fort, le Chevalier sans peur qui viendra sauver l'Etat de ce néant fangeux. Nietzsche avait raison (...) le monde appartient aux forts, à ceux qui allient la force à la noblesse d'âme, qui ne se vautrent pas dans les mares croupies des compromissions, des pots de vin et les affaires plus ou moins véreuses.
Martin Eden
Wall Street : Nom d’une rue de l’ancien New York, où était située la Bourse, et où l’absurde organisation de la société permettait la manipulation en sous-main de toutes les industries du pays.
Il aurait volontiers dormi, mais la faim le tenaillait, et la nature bruissait si fort autour de lui qu'il ne parvenait pas à trouver le repos. Depuis plusieurs jours, le soleil d'avril avait retrouvé une vraie chaleur, et toute la terre du Grand Nord vibrait sous ses rayons, comme répondant à un irrésistible appel: la vie sourdait de toutes parts; l'air avait l'odeur, la saveur du printemps, un goût de fête, une qualité particulière, indéfinissable, qui annonçait la fin de l'hiver, le réveil de la vie qui s'était tapie pendant de longs mois sous la neige, la montée irrésistible de la sève dans les arbres, l'éclatement des bourgeons sous les écorces gelées.
Le mouvement répugne au Wild et la vie lui est une offense. Il congèle l'eau pour l'empêcher de courir à la mer; il glace la sève sous l'écorce puissante des arbres jusqu'à ce qu'ils en meurent et, plus férocement encore, plus implacablement, il s'acharne sur l'homme pour le soumettre à lui et l'écraser.
- Quand on y songe, quelle occasion magnifique ! disait-il. Un pays neuf, ayant des océans pour frontières, situé sous la meilleure des latitudes, possédant un terrain plus riche et des ressources plus vastes qu'aucune contrée au monde, où venaient s'établir des émigrants qui avaient rejeté toutes les ficelles de l'Ancien Monde et se sentaient animés d'intentions démocratiques. Une seule chose pouvait les empêcher de perfectionner cette démocratie dont ils entreprenaient l'instaurations : c'était leur avidité.