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Citations de Jacqueline de Romilly (323)


Elle parlait d'une déchirure. Elle employait même des comparaisons que je n'ai pas oubliées ; elle disait que c'était comme quand on ouvre une amande verte, d'un coup de couteau, et que d'une pression on fait claquer l'écorce : tout s'ouvre et on découvre au fond la petite amande blanche, vivante et luisante, jusque-là cachée au jour et brusquement offerte aux yeux de tous. "J'étais comme cela, écrivait-elle, enfin ouverte, comme par un coup de couteau, et découvrant tardivement ma propre vérité."

p.31
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Dans la vie, ce n’est pas comme cela, petite ! Il n’y a pas d’hommes neufs. On prend les trains en marche et les hommes en cours d’existence, avec leurs manies, leurs dettes et leurs dents réparées !
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– A.G. : - Avez-vous rencontré Giraudoux ?
– J. de R. : Oui ; il avait été camarade de promotion de mon père à l’École normale supérieure ; j'ai assisté à une conférence qu'il a faite rue d'Ulm, puis, quand il a été – fâcheusement d'ailleurs – ministre de l'Information, en 1940, j'ai été le voir et il m'a exposé ce qu'il voulait faire. Je l'ai donc approché à plusieurs reprises, mais je ne le connaissais pas personnellement. Cela dit, nous parlons de Giraudoux parce qu'effectivement, son œuvre a compté pour moi, mais ça ne veut pas dire cependant que je considère Giraudoux comme plus important que Proust !

2912 - [Le Livre de poche n° 30528, p. 290/1]
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J'ai ... la ferme conviction que, dans le cas de relations d'une personne à une autre, les mots ne suffisent pas, ne disent pas tout, doivent être dépassés. On ne dit jamais tout à fait ce qu'on voulait dire, et je suis même persuadée qu'il y a des malentendus qui peuvent durer toute une vie. D'autre part, un petit mot tout simple paraît ouvrir parfois des portes extraordinaires. Donc, du point de vue des relations humaines, je suis convaincue de cette insuffisance des mots. Du point de vue des écrivains, cela doit être vrai, mais beaucoup moins, et cela tient à l'art littéraire. Parce que l'art est de suggérer et qu'il ne faut pas tout dire. Il s'agit de dire ce qu'il y a autour – si je peux employer cette formule -, de façon à ce qu'un certain nombre de termes, de suggestions, fassent comprendre ce qui n'est pas dit.

2911 - [Le Livre de poche n° 30528, p. 288/9]
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Les iris sont fleurs du pays. A Pâques, même mon pauvre jardin les verra éclore en masse, violets et blancs, parfois panachés, puis céder leur place, quand les hautes hampes des derniers venus feront leur entrée, dressant en aristocrate leurs fleurs d'un mauve pâle.
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"les roses de la solitude ne sont pas des roses sans épines"
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J. de R. - (Les sophistes) La multiplicité de leurs talents était extraordinaire, mais, étant des hommes de la parole plus que de l'écrit, ils ont souffert du discrédit qu'a jeté sur eux Platon, qui les a caricaturés et qui leur reprochait de flatter le peuple et d'enseigner la conquête du pouvoir. En réalité, ils apprenaient à leurs éditeurs à dominer l'art de la parole et, de proche en proche, les uns imitant les autres, leur enseignement s'est répandu partout.

2085 - [Le Livre de poche n° 30528, p. 149]
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Vieillir était dur à supporter; mais vieillir était aussi un enrichissement immense et une force. Etre seule n'était pas gai; mais être seule était aussi sentir monter en soi les ressources, la disponibilité, l'équilibre que ne possédait pas la jeunesse.
p.50
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...Ce matin, comme tous les matins de septembre, j'ai été, moi aussi, voir mûrir la figue. J'ai d'ailleurs constaté que les oiseaux s'en étaient régalés avant moi. Mais c'était déjà merveille que le figuier existe, et les oiseaux.
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Car, s'il est une chose au monde en laquelle je crois, et sans réserve, c'est sans nul doute la littérature. Je crois aux joies et aux leçons qu'elle donne. Je crois aussi à l'aide qu'elle peut apporter dans les rapports entre les hommes et à l'importance qu'elle doit garder - avec la culture, dont elle fait partie - dans toute société humaine.
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Or un jardin suppose des liens personnels et durables, de possession et de travail, de soucis, de craintes, de ravissements renouvelés de saison en saison.
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Au reste sa drôlerie, qui lui est restée toute sa vie, n'était pas de la gaieté, mais une forme d'intelligence. Jeanne voyait les choses bien en face, sans idées toutes faites ; elle les remarquait ; et, avec une sorte de recul, elle en enregistrait les contradictions ou les bizarreries.
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Le sens de l'élégance comporte autant d'évidence que le désir de lumière, et autant de nécessité que l'action de la pesanteur. Du moins il les comportait pour Jeanne.
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Il arrive que l’on perçoive seulement à l’extrême fin de sa vie ce que l’on a instinctivement cherché tout au long des années : c’est mon cas, et c’est le sens de ce livre.
J’ai choisi, étant étudiante, de travailler sur Thucydide. « Pourquoi ? » m’ont demandé plus tard les journalistes. Parce que le hasard m’avait fait lire, un été, quelques pages de cet historien du Ve av. J.-C. et que j’avais trouvé cela beau. Voilà ce que j’ai dit et c’était la vérité. Mais pourquoi beau et en quoi ? Je ne le savais pas moi-même, alors. Je ne me rendais pas compte que j’étais éblouie et déroutée par le choc que me donnaient ces phrases, venues après vingt-cinq siècles me dire, avec un éclat de révélation, des choses de mon temps.
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Aujourd'hui, bien des oeuvres de la littérature s'inspirent de la Grèce. La Grèce, ses mythes, ses héros, sont encore à la mode...
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Cette absence d'analyse psychologique n'est pas pour nous surprendre : elle est, on l'a vu, une habitude chez Homère. Quand Achille permet à Patrocle de rejoindre le combat, c'est aussi un retournement important et il n'est pas non plus expliqué ni analysé : "Mais laissons le passé être le passé. Aussi bien, je le vois, n'est-il guère possible de garder dans le cœur un courroux obstiné..." L'acte, toujours, l'emporte sur la description des sentiments.
Peut-être ce caractère est-il d'autant plus intéressant pour nous que la littérature de notre temps, saturée d'analyse psychologique, tend à revenir à ce mode d'expression. L'acte doit suffire à suggérer l'explication. Et, s'il reste une marge d'incertitude, c'est tant mieux.
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L'Iliade est donc à la fois poème de la force, comme le disait Simone Weil, et poème de la pitié, comme j'ai tenté de le montrer. L'un et l'autre vont ensemble.

C'est sans doute là un cas rare dans la littérature. Et l'on ne peut qu'être frappé par le contraste avec nos attitudes modernes. L'écrivain est aujourd'hui, trop souvent, tout l'un ou tout l'autre – pessimiste ou optimiste, pour ou contre, en un mot : engagé. L'idéologie pèse sur les uns, la sentimentalité sur les autres. On a parfois envie de leur appliquer la formule où Homère enferme tant de pitié pour ceux qui ne savent pas : nèpioi, "pauvres aveugles".

La guerre a donc une double face, chez Homère. Elle est belle ; et elle est horrible. Surtout, elle est les deux ensemble. Car on parle quelquefois de "l'ambiguïté" de la guerre homérique : le mot me choque dans la mesure où il suggère un flottement, une complication quelque peu subtile, en fait, les deux traits se complètent, aussi francs l'un que l'autre, en une association naturelle, dont nous n'avons plus le pouvoir de sentir l'évidence.
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Rire de l’absurde est un plaisir ; mais c’est en même temps une invitation à le percevoir, à le critiquer, à s’en indigner. C’est jouer le même rôle que l’auteur des dessins comiques où est fustigé tel ou tel aspect de la politique. C’est, d’une certaine façon, réveiller l’attention des autres, et les stimuler. Le courage peut commencer avec la lucidité, qui elle-même peut commencer avec le rire.
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Trop souvent on vit à la va-vite ....
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Il est frappant de constater, par exemple, comment, à différentes époques, Thucydide a été lu et admiré par des gens qui y trouvaient un sujet de réflexion par rapport à ce qu'ils vivaient : on l'a vérifié pendant la Première Guerre mondiale, avec Thibaudet, et Thucydide est resté un auteur actuel pour les années 1939-1945 ; lors des autres conflits survenus, il a souvent guidé la réflexion de nos contemporains. On ne fait plus du tout la guerre de la même façon, et, pourtant, il y a un écho entre cette œuvre et nous.

2919 - [Le Livre de poche n° 30528, p. 335/6]
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