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EAN : 9782253059899
282 pages
Le Livre de Poche (15/03/2002)
3.74/5   17 notes
Résumé :
Lorsque sa fille Thérèse rencontre Carl, exilé de la Tchécoslovaquie encore communiste, la narratrice de ce roman sent vite que quelque chose va changer dans sa propre vie. Attachant et taciturne, Carl semble cacher un secret à tous, même à Thérèse. Inquiète pour sa fille autant que fascinée par l'homme que celle-ci a choisi, la mère va tenter de comprendre. Cette enquête à pas feutrés atteindra son but. Il y avait bien dans la vie de Carl un secret, qui va entraîne... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ouverture du coeur de Jacqueline de Romilly ( Editions de Fallois - 291 Pages )

Je me souviens de Jacqueline de Romilly lors d'une dédicace et surtout de son sourire quand elle m'a tendu son livre qui devenait mon livre où elle venait d'écrire quelques gentilles phrases.
J'ai réveillé grâce à un challenge de Babelio une magnifique et douce histoire écrite avec un immense talent.
Ce livre attendait ma lecture depuis des années. Eh oui ma maison déborde de bouquins ...
Lise, la mère de Thérèse raconte sa rencontre avec son futur gendre, Carl.
Carl est tchèque, meurtri par la vie va rentrer dans cette famille bourgeoise.
Evidemment il y aura des conflits car il y a un monde entre Carl et l'univers feutré de Thérèse et Lise.
Il faudra du temps et de la compréhension.
Mais Carl est exceptionnel malgré sa jeunesse malheureuse. La vie ne lui a guère fait de cadeau.
Orphelin de ses parents qu'il n'a pas connus, élevé par Ana une pauvre paysanne tchèque, il arrivera à traverser le rideau de fer.
On ne connait pas grand chose sa jeunesse .
Il a réussi à arriver à Paris et ouvrir un atelier de restauration de tableaux.
J'ai dégusté ce roman.
Je vous conseille d'écouter Lise raconter l'ouverture de son coeur.
Mireine




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Prenez bien garde au titre : « Ouverture à coeur » !
Aussi, si vous n'en possédez pas déjà un, ou si vous craignez qu'il soit emporté loin des rivages, renoncez à cette lecture et passez votre chemin.
Pour ma part le mien sort de ce roman d'une rare pureté, sinon élargi, mais sûrement avantageusement bousculé.
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Un livre magnifique plein de sensibilité et de retenue, magistralement écrit par une grande dame de la littérature française.
Et tout à fait d'actualité ! Quand on nous parle de la crise des migrants venus d'Afrique, il y a toujours eu des mouvements de population plus ou moins bien contrôlés. Un flux migratoire important a eu lieu lors de la deuxième guerre mondiale et après.
La narratrice nous raconte comment Carl Milstein, un étranger venu de l'Est (Tchécoslovaquie) est arrivé après bien des péripéties en France où il a trouvé une "famille" !
La narratrice est la mère de Thérèse, la jeune femme qu'il vient d'épouser.
Grâce à Carl, elle va ouvrir son coeur à l'inconnu, l'étranger et finalement l'amour de l'autre ! J'aurais aimé qu'il y ait une suite pour voir si son engagement à la fin va perdurer et si elle ne va pas regretter son choix.
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se lit comme un thriller mais littéraire O combien ! dans un style fluide ; des idées qui fourmillent, une petite pépite qui fait comprendre pourquoi Jacqueline de Romilly fut académicienne !
un excellent moment en sa compagnie !
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Il s'est assis devant le grand chevalet ; et, tout naturellement, il m'a montré ce qu'il faisait.
- C'est un petit Van Clutern, a-t-il dit. Les gens à qui il appartient ne se doutaient pas de ce que c'était. On en a très peu. Et ils l'ont laissé se salir, puis recevoir un grand coup. Voyez : ici...
Je n'ai aujourd'hui encore aucune idée de qui est Van Clutern, et j'aurais donc été comme les possesseurs du tableau. Je n'ai pas posé la question, pour ne pas interrompre Carl : enfin, il était à son affaire, et tout entier dans le présent.
Ce petit tableau représentait quelques maisons et un vieux pont, sur une rivière assez large, avec un bateau sombre amarré à la berge...
Pourquoi préciser ici ces détails ? Parce que ce fut de ce tableau et de cette rivière que Carl me parla, avec amour.
Il me montra le coin abîmé : c'était une partie de l'eau de la rivière, une surface bleutée, un peu changeante. Et il eut un geste si étonnant que je m'en souviendrai toujours : avec l'index et le médius, il caressait cette surface peinte, mais sans la toucher. Il la caressait en décrivant de petits cercles tendres, comme une sorte de passe magnétique ; et son geste était à la fois très discret et très sensuel.
- Voyez cette merveille, me dit-il. Voyez ce bleu ! on ne peut plus, aujourd'hui, trouver des couleurs si limpides. Et les reflets ! Voyez : ils sont tantôt bruns et tantôt gris... et discontinues ! Le vieux Van Clutern qui joue, à l'avance, les impressionnistes ! Mais en même temps ils sont longs, parce que l'eau est si tranquille... Tout à l'heure, je me suis apprêté à réparer ce coin, et je ne pouvais pas m'y mettre : je restais fasciné par ce calme ; et l'eau semblait bouger doucement. On entre dans le tableau.
Le tableau,, au début, ne me disait pas grand-chose : mais, à force d'entendre Carl et de regarder cette surface bleutée et nacrée, elle me semblait grandir, et devenir plus réelle qu'un vrai paysage. Il y eut un moment de paix et de plénitude un peu étrange - comme un arrêt du temps.
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Je sais bien : j’étais élégante, je voyageais, je travaillais ; et elle était sans coquetterie, avec des mèches grises et des galoches. Je venais de Paris, je fréquentais des écrivains, je prenais des avions ; elle ne voyait jamais personne, elle était loin de tout, elle ne lisait guère. Mais il me semblait que toute mon aisance citadine n’était plus qu’un puéril encombrement, à laisser au vestiaire, comme on laisse tous les mensonges en présence de la vérité.
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La grande photographie de Jean, dans le bureau, a retenu son regard, non pas parce qu'elle représentait le père de Thérèse, mais parce qu'elle affichait notre piété familiale. Dans les deux cas, on se rappelait alors que ces tendresses et ces souvenirs lui avaient été refusés. De même, quand il a vu, dans cette pièce, les livres montant jusqu'au plafond, avec leurs reliures patinées et leurs dos usés, ainsi que la lourde masse des dictionnaires à portée de la main, il était clair, à suivre son regard, qu'il n'avait pas vécu dans l'atmosphère amicale et intime des livres. Petit paysan tchèque, où les aurait-il connus ? Et plus tard, errant, instable, exilé, où les aurait-il acquis ? où les aurait-il mis ? Il regardait le bureau de Jean depuis un autre monde et une autre vie. Ses yeux parcouraient les objets d'un regard inquisiteur et semblaient prendre note de tout, avec la vigilance d'un animal qui pénètre dans un lieu inconnu et guette, sans trop en avoir l'air, les secrets du nouveau territoire. Nous l'intéressions. Nous l'étonnions un peu. Comment peut-on être persan ? Mais, habitué à la solitude, il se gardait de tout commentaire. Il était sur la réserve : étranger, là aussi. Il visitait.
Cela créait une distance. Manifestement, il n'était pas à sa place dans ce bureau intime et protégé : sa carrure même suggérait des espaces plus larges, des horizons plus ouverts. Mais en même temps, tout en comprenant ce qui lui avait manqué, je sentais aussi, en contrepartie, comme dans la brusque secousse d'un bateau qui quitte terre et se met à flotter, que peut-être, à nous aussi, il avait manqué quelque chose. Il nous avait manqué toute cette vie du dehors, dure et forte, qu'il avait connue. Il nous avait manqué l'espace et l'expérience directe des choses. Il nous avait manqué la douleur.
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Et j'ai imaginé le jeune garçon qu'il avait été. Je l'imagine encore - et si bien ! Un jour, il découvre, avec étonnement, qu'un tableau est beau, indépendamment de toute mode, de tout sujet, de toute idéologie. Il le comprend et c'est comme une petite révélation. Mais on lui montre d'autres images. On lui explique. Déjà il est choqué que nul ne lui ait enseigné cela en classe. Déjà il voudrait en parler aux autres. Mais on l'arrête bien vite : dans l'atmosphère d'alors, ce ne serait pas bien vu. Il découvre donc aussi qu'il y a des vérités très précieuses, qui ne sont pas bonnes à dire, et qu'il y a des trésors rares, que l'on doit garder pour soi.
Mais peut-être, dans ce cas, y a-t-il d'autres malentendus et d'autres affirmations suspectes dans les propos que tous répètent autour de lui ? L'esprit critique n'attend qu'un signe. La liberté de jugement est en train de poindre.
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- Attendez...
Et, fouillant ses affaires, il en a sorti une grande photographie en noir et blanc, qu'il m'a tendue, avec un zèle inquiet. Et ce fut le troisième saisissement de cette rencontre ; car la photographie était son oeuvre et elle était bouleversante. Elle représentait un vieil homme assis sur un banc, regardant au loin, avec des enfants jouant dans le ruisseau, à quelques mètres. C''était la vieillesse et l'enfance. C'était la solitude et le jeu. C'était la misère acceptée et familière. Dans le vide de l'avenue, où cette image avait été prise, le photographe avait su établir un fort contraste entre le flou des arbres et le relief de ce visage humain, d'une lassitude sereine. J'ai été surprise et émue ; et je l'ai dit. Je pensais lui faire plaisir, et cela d'autant plus qu'il m'avait montré son chef-d'oeuvre de lui-même. Mais il s'est rétracté aussitôt, marmottant seulement :
- C'est Carl qui m'a payé l'appareil.
Il n'empêche que nous nous étions trompées sur lui aussi. C'était décidément un bon jour pour désapprendre l'arrogance.
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Videos de Jacqueline de Romilly (38) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacqueline de Romilly
Affinités électives. Par Francesca Isidori - Avec Jacqueline de Romilly. Le 10 mai 2007, Francesca Isidori recevait la femme de lettres Jacqueline de Romilly pour l’émission “Affinités électives”, diffusée sur France Culture. Photographie : Jacqueline de Romilly © AFP Alexandre Fernandes. Née à Chartres, en 1913 (fille de Maxime David, professeur de philosophie, mort pour la France, et de Jeanne Malvoisin), elle a épousé en 1940 Michel Worms de Romilly. Elle a effectué sa scolarité à Paris : au lycée Molière (lauréate du Concours général, la première année où les filles pouvaient concourir), à Louis-le-Grand, à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm (1933), à la Sorbonne. Agrégée de lettres, docteur ès lettres, elle enseigne quelques années dans des lycées, puis devient professeur de langue et littérature grecques à l'université de Lille (1949-1957) et à la Sorbonne (1957-1973), avant d'être nommée professeur au Collège de France en 1973 (chaire : La Grèce et la formation de la pensée morale et politique). Du début à la fin, elle s'est consacrée à la littérature grecque ancienne, écrivant et enseignant soit sur les auteurs de l'époque classique (comme Thucydide et les tragiques) soit sur l'histoire des idées et leur analyse progressive dans la pensée grecque (ainsi la loi, la démocratie, la douceur, etc.). Elle a également écrit sur l'enseignement. Deux livres sortent de ce cadre professionnel ou humaniste : un livre sur la Provence, paru en 1987, et un roman, paru en 1990. Après avoir été la première femme professeur au Collège de France, Jacqueline de Romilly a été la première femme membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres (1975) et a présidé cette Académie pour l'année 1987. Elle est membre correspondant, ou étranger, de diverses académies : Académie du Danemark, British Academy, Académies de Vienne, d'Athènes, de Bavière, des Pays-Bas, de Naples, de Turin, de Gênes, American Academy of Arts and Sciences, ainsi que de plusieurs académies de province ; et docteur honoris causa des universités d'Oxford, d'Athènes, de Dublin, de Heidelberg, de Montréal et de Yale University ; elle appartient à l'ordre autrichien “Ehrenzeichen für Wissenschaft und Kunst” et a reçu, en 1995, la nationalité grecque et est nommée, en 2001, ambassadeur de l'Hellénisme. Elle a aussi reçu de nombreux prix : Prix Ambatiélos de l'Académie des inscriptions et belles-lettres(1948), prix Croiset de l'Institut de France (1969), prix Langlois de l'Académie française (1974), Grand prix d'Académie de l'Académie française (1984), prix Onassis (Athènes, 1995). Ella est élue à l'Académie française, le 24 novembre 1988, au fauteuil d'André Roussin (7e fauteuil). Son dernier ouvrage : “Tragédies Grecques au fil des ans” paraîtra en juin 2007 aux éditions des Belles Lettres. Il s'agit d'un recueil d'études sur la tragédie grecque du dernier tiers du Ve siècle av. J.-C. et ses rapports avec les mouvements intellectuels athéniens. Jacqueline Worms de Romilly, née Jacqueline David le 26 mars 1913 à Chartres et morte le 18 décembre 2010. Invitée : Jacqueline de Romilly Source : France Culture
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