Citations de Jacques Lacan (1018)
Tout surgit de la structure du signifiant. Cette structure se fonde de ce que j'ai d'abord appelé la fonction de la coupure, et qui s'articule maintenant, dans le développement de mon discours, comme fonction topologique du bord.
La relation du sujet à l'Autre s'engendre tout entière dans un processus de béance. […] Ce processus est circulaire, mais, de sa nature, sans réciprocité. Pour être circulaire, il est dissymétrique.
[…] Le signifiant se produisant au champ de l'Autre fait surgir le sujet de sa signification. Mais il ne fonctionne comme signifiant qu'à réduire le sujet en instance à n'être plus qu'un signifiant, à le pétrifier du même mouvement où il l'appelle à fonctionner, à parler, comme sujet. Là est proprement la pulsation temporelle où s'institue ce qui est la caractéristique du départ de l'inconscient comme tel - la fermeture.
Ce n’est pas que je ne croie pas aux anges -chacun le sait, j’y crois inextrayablement et même inexteilhardement-, simplement, je ne crois pas qu’ils apportent le moindre message, et c’est en quoi ils sont vraiment signifiants.
Pour Platon, ces histoires d’amour, c’est simplement bouffon.
[Lire Wittgenstein] demande que vous sachiez vous contenter de vous déplacer dans un monde qui est strictement celui d’une cogitation, sans y chercher aucun fruit, ce qui est votre mauvaise habitude. Vous tenez beaucoup à cueillir des pommes sous un pommier, même à les ramasser par terre.
Il y a de l’émergence du discours analytique à chaque franchissement d’un discours à l’autre. […] L’amour, c’est le signe qu’on change de discours.
Chaque fois que se rompent les membranes de l’œuf d’où va sortir le fœtus en passe de devenir un nouveau-né, imaginez un instant que quelque chose s’en envole, qu’on peut faire avec un œuf aussi bien qu’un homme, à savoir l’hommelette, ou la lamelle.
La vérité est cachée, mais elle n’est peut-être qu’absente.
Cela arrangerait tout si c’était cela. On n’aurait qu’à bien savoir tout ce qu’il y a à savoir. Après tout, pourquoi pas ? Quand on dit quelque chose, il n’y a pas besoin d’ajouter que c’est vrai. […]
Seulement, qu’est-ce qui est vrai ? Mon Dieu, c’est ce qui s’est dit. Qu’est-ce qui s’est dit ? C’est la phrase. Mais la phrase, il n’y a pas moyen de la faire supporter d’autre chose que du signifiant, en tant qu’il ne concerne pas l’objet.
Il est démontré que se nourrir fait partie de la bêtise. Ai-je à en dire davantage devant cette salle où l’on est en somme au restaurant, et où l’on s’imagine qu’on se nourrit parce qu’on n’est pas au restaurant universitaire ? La dimension imaginative, c’est justement de ça qu’on se nourrit.
Dans la parole vraie, […] l’allocution est la réponse.
Qui est-ce qui parle ? Puisqu'il y a hallucination, c'est la réalité qui parle [soit petit a]. […] [Car] quand l'Autre avec un grand A parle, ce n'est pas purement et simplement la réalité devant laquelle vous êtes, à savoir l'individu qui articule. L'Autre est au-delà de cette réalité.
[…] En d'autres termes, quand une marionnette parle [ce qu'est tout individu, comme tel], ce n'est pas elle qui parle, c'est quelqu'un derrière.
[…] Que la parole s'exprime dans le réel veut dire qu'elle s'exprime dans la marionnette.
Si donc la pulsion génitale n’existe pas, elle n’a qu’à se faire f… façonner ailleurs, de l’autre côté que du côté où il y a la pulsion […].
L’analyste dit à celui qui va commencer – Allez-y, dites n’importe quoi, ce sera merveilleux. C’est lui que l’analyste institue comme sujet supposé savoir.
[…] Le transfert se fonde sur ceci, qu’il y a un type qui, à moi, pauvre con, me dit de me comporter comme si je savais de quoi il s’agissait. Je peux dire n’importe quoi, ça donnera toujours quelque chose.
La femme se définit d’une position que j’ai pointée du pas-tout à l’endroit de la jouissance phallique.
Qu’est-ce que ce désir que rien ne peut changer, ni fléchir, quand tout change ? Le manque d’oubli est la même chose que le manque à être, car être, ce n’est rien d’autre que d’oublier. L’amour de la vérité, c’est l’amour de cette faiblesse dont nous avons soulevé le voile, c’est l’amour de ceci que la vérité cache, et qui s’appelle la castration.
c’est seulement la dimension de l’entropie qui fait prendre corps à ceci, qu’il y a un plus-de-jouir à récupérer.
Au départ de la pulsion sado-masochiste, la douleur n'est pour rien. […] il s'agit d'une violence faite (...) à des fins de maîtrise, à lui-même. […]
[Quand alors seulement voyons-nous s'introduire la possibilité de la douleur ?] au moment où la boucle s'est refermée, (...) où l'autre est entré en jeu, où le sujet s'est pris pour terme, terminus de la pulsion. A ce moment-là, la douleur entre en jeu en tant que le sujet l'éprouve de l'autre [sinon elle n'a aucun intérêt !]. […] Ce dont il s'agit [par l'autre] dans la pulsion se révèle enfin ici - le chemin de la pulsion est la seule forme de transgression qui soit permise au sujet par rapport au principe du plaisir. […]
C'est pour autant que la pulsion témoigne du forçage du principe du plaisir qu'il nous est témoigné qu'au-delà du Real-Ich, une autre réalité intervient.
Encore, c’est le nom propre de cette faille d’où dans l’Autre part la demande d’amour.
Homme de désir, d’un désir qu’il a suivi contre son gré dans les chemins où il se mire dans le sentir, le dominer et le savoir, mais dont il a su dévoiler, lui seul, comme un initié aux défunts mystères, le signifiant sans pair : ce phallus dont le recevoir et le donner sont pour le névrosé également impossibles, soit qu’il sache que l’Autre ne l’a pas, ou bien qu’il l’a, parce que dans les deux cas son désir est ailleurs : c’est de l’être, et qu’il faut que l’homme, mâle ou femelle, accepte de l’avoir et de ne pas l’avoir, à partir de la découverte qu’il ne l’est pas.
Ici s’inscrit cette Spaltung dernière par où le sujet s’articule au Logos, et sur quoi Freud commençant d’écrire, nous donnait à la pointe ultime d’une œuvre aux dimensions de l’être, la solution de l’analyse « infinie », quand sa mort y mit le mot Rien.
L’objet d’intérêt humain, c’est l’objet du désir de l’autre.
Il n’y a rien de commun entre le sujet de la connaissance et le sujet du signifiant.