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Critiques de Jacques Mailhos (231)
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Sauvage

Sauvage, Tracy l'est assurément. Cette jeune fille de 17 ans est passionnée par les courses de chiens de traîneaux et les forêts enneigées autour de sa maison en Alaska. Déscolarisée très tôt en raison de comportements violents, elle passe l'essentiel de son temps à s'occuper des tâches domestiques et à s'échapper dès qu'elle le peut, dans les bois environnants. Car Tracy a un secret. Elle aime goûter le sang des animaux. Mais pas des humains. Ca non jamais, sa mère aujourd'hui décédée lui a fait promettre qu'elle ne goûterait jamais le sang d'un humain. A 17 ans Tracy a su conserver sa promesse. Jusqu'à ce que Jesse, un garçon de son âge en quête de petits boulots vienne frapper à la porte de leur maison.

Un roman sauvage on peut le dire. Le récit est très rythmé, on ne s'ennuie pas.

La touche de fantastique est subtile et sert uniquement l'histoire. J'ai beaucoup apprécié la description des conditions de vie de ce peuple qui habite l'Alaska. Le climat est rude. La terre et les hommes aussi.

C'est un peu une existence en mode survie qui marque le quotidien des habitants, surtout lorsque l'hiver est là.

Je ne suis donc pas étonnée de leur passion pour les courses de traîneaux qui sont un bon moyen d'échapper à leur dure réalité. Dans le cas de Tracy, cela tourne à l'obsession et c'est très bien rendu par l'auteure.

Celle-ci nous dépeint les règles du jeu et de la meute de chiens. On sent presque le vent glacial fouetter notre visage lorsque les chiens s'élancent sur la piste.

La psychologie des personnages est très fouillée. Le récit offre des rebondissements intéressants.

Un bon moment de lecture.

Un roman à mi-chemin entre le fantastique et le nature-writing.
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Sauvage

Tracy est une jeune fille de 17 ans, dotée d’une capacité bien singulière héritée de sa mère. Dans une famille de mushers, vivre en Alaska ne procure pas seulement une joie intense des grands espaces blancs avalés en traineau avec son équipe de chiens, mais le goût de l’aventure et des découvertes en forêt. La chasse est omniprésente dans la vie de Tracy et recevoir un couteau en cadeau est une preuve du succès de son apprentissage. Sa mère morte il y a un an, Tracy survit tant bien que mal à cette perte ô combien douloureuse partagée par son père et son petit frère Scott.



La capacité si singulière de Tracy que je voudrais que vous découvriez relève du fantastique intimement lié à une nature vierge et sauvage. Très surprise d’abord, la répétition de cette particularité a finie par me lasser pour laisser place ensuite à un sentiment de malaise, dont je me disais qu’il ne pourrait rien en sortir de bon. Et à juste titre. Le sauvage a voilé la beauté des paysages. Quand deux nouveaux protagonistes apparaissent, la tension s’accentue en même temps qu’un faible espoir.

J’ai beaucoup aimé le père et Scott, deux âmes en peine qui tentent de se reconstruire et d’avancer. Mon ressenti est beaucoup plus mitigé pour Tracy, une fille intrépide, forte, très sensible mais qui mériterait des claques en même temps.



On avance très vite dans le livre, on ne veut pas le lâcher, on veut tenter de savoir comment cette histoire se terminera. Malheureusement, je n’ai pas bien saisi la fin. J’ai dû zapper quelque chose. Que devient Jesse ? Et Tracy pour finir ? C’est dommage parce que ce roman est étonnant, on y apprend beaucoup sur la vie d’un musher et de ses chiens, l’organisation d’une course, les descriptions du quotidien dans une région si froide, si dure et si blanche.

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Sauvage

SAUVAGE de Jamey Bradbury

Traduit par Jacques Mailhos



Éditions Gallmeister



********* C O U P D E C O E U R **********



Je dois dire que les 50 premières pages m'ont laissées perplexe... à chaque fois que je tournais une nouvelle page, je me demandais ce que c'était que ce livre... et puis, sans y prendre garde, il m'a obsédée et je n'ai plus pu le lâcher jusqu'à la fin.



Ce livre, c'est une voix unique, celle de Tracy... et Tracy va nous choquer, nous révulser par certaines de ses actions car le grand mystère de ce livre c'est sa sauvagerie...



De page en page, la tension monte jusqu'à une fin totalement inattendue et le dénouement est juste effroyable.



Mais le plus incroyable dans ce livre, c'est l'atmosphère qui s'en dégage malgré le peu de description, que ce soit sur les personnages ou le paysage. On est dans la tête de Tracy, un point c'est tout.



Et je ne sais pas si c'est dans l'air, le climat, la géographie ou dans l'eau de l'Alaska qu'il faut chercher ce qui donne naissance à des écrivains comme Jamey Bradbury ou David Vann, mais le même sang coule dans leur veine. Il y a peut-être juste un peu plus de subtilité féminine dans la plume de Jamey Bradbury ? Mais j'ai reçu le même coup de poing pour "Sauvage" que pour "Sukwan Island".



Jamey Bradbury est un écrivain incroyable et Jacques Mailhos l'a brillamment traduite.



Un ÉNORME coup de coeur pour ce livre !
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Sauvage

"Sauvage" est le cinquième roman des éditions Gallmeister que j'ai lu. Après "Dans la Forêt", "Lucy in the Sky", "My Absolute Darling" et "Une histoire des Loups", j'ai fait la découverte de Tracy, 17 ans, habitant au fin fond de l'Alaska avec son père et son jeune frère.

J'ai très rapidement été plongée dans l'univers ; l'écriture est fluide et agréable. L'auteur a réussi à capter mon attention jusqu'au bout avec son récit prenant et son héroïne sauvage dont j'ai grandement apprécié suivre le point de vue durant toute l'histoire. Tracy a un quelque chose qui m'a plu chez elle, et son don particulier ne la fait que rendre plus fascinante. J'ai adoré ce personnage et ai ressenti beaucoup d'empathie, de compassion et d'attachement à son égard, ainsi que de la peur ou encore de l'angoisse. Elle a su me faire vibrer au rythme de chaque page et à me transporter au cœur des paysages enneigés durant ma lecture du roman.

J'ai lu par le passé plusieurs livres centrés sur des chiens de traineaux et se passant dans le même cadre du Grand Nord, mais "Sauvage" était bien différent de toutes les lectures que j'ai pu faire jusqu'à là. Rempli de suspense jusqu'au bout, j'ai été curieuse tout le long de savoir comment ça allait se finir et je ne m'attendais clairement pas à cette fin ! De plus, c'était la première fois que je rencontrais une héroïne aussi peu banale que Tracy, dont je suis très heureuse d'avoir pu croiser le chemin :)



Ce n'est pas un coup de cœur mais je garderai un très bon souvenir de ce thriller, autant pour son récit haletant que pour son héroïne marquante. ♥
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Sauvage

Elle s'appelle Tracy, elle aura bientôt 18 ans, et elle n'est pas comme nous. Quelque chose d'autre coule dans ses veines, ce qui l'anime est différent.

Ses trucs à elle ?

Les bois enneigés d'Alaska, les courses de chiens de traineaux, et par dessus tout la chasse. Question de survie.

Écureuils, tamias, martes, castors et tétras : pour elle qui a "appris à lire la forêt avant d'apprendre à lire les livres", le petit gibier du grand Nord n'a aucun secret, pas plus que n'en ont l'immensité silencieuse qui cerne la modeste propriété familiale et les pistes méconnues qui s'y enfoncent.



Courir dans la poudreuse, apprivoiser le froid, tendre des pièges, vibrer au rythme de l'hiver et de la nature, raviver les instincts primaires, tuer.

Et puis boire, surtout, étancher sa soif à même la carotide d'une proie frissonnante, s'abreuver d'énergie vitale, capter et faire siennes les dernières étincelles d'une vie qui s'éteint.

C'est viscéral, Tracy en a besoin, et son histoire singulière nous immerge dans un univers à la fois hostile et envoûtant, plein de violence et de férocité, mais aussi de beauté brute et de descriptions superbes. Le tout agrémenté d'un zeste de suspense et de fantastique, pour un résultat proprement saisissant d'efficacité.



Sur fond d'Iditarod (la fameuse et dantesque course de chiens de traineaux annuelle de plus de 1700km !), "Sauvage" est un premier roman hors-norme.

L'intensité des tiraillements intérieurs de Tracy, son histoire familiale si particulière, la maman trop tôt disparue qui lui a transmis ses dons si spéciaux, le papa musher qui va cahin caha de drames en épreuves ("une vie pleine de tragédies, un truc qui tire sur les coutures qui font tenir Papa ensemble"), l'ambiguïté intrigante du personnage de Jessee : voilà les matériaux bruts et précieux dont est fait ce petit bijou de nature writting, qui sur un rythme pourtant lent et relativement contemplatif, vous tiendra en haleine jusqu'à ce dernier chapitre carrément somptueux.



Une fois encore, les éditions Gallmeister ne m'ont donc pas déçu !

"Évidemment, me souffle ma moitié, tu lis presque toujours la même chose !"

Je dois reconnaître que Jamey Bradbury marche plutôt franchement dans les pas de Jean Hegland, d'Emily Fridlund ou de Gabriel Tallent (dans la neige me direz-vous, les traces sont plus faciles à repérer et d'autres avant moi n'ont pas manqué de faire la comparaison !), mais à mes yeux son texte, original à plus d'un titre, exhale un vrai parfum de nouveauté !

A coup sûr, les aficionados de la "collection à la patte d'ours" ne manqueront pas de saluer cette nouvelle signature prometteuse !



Ami lecteur, avant de partir dans le sillage de Tracy, couvre toi bien, prépare toi aux aboiements de la meute et à la tension plutôt sanglante de cet étrange récit, et surtout n'oublie pas : "on ne peut pas fuir la sauvagerie qu'on a en soi".
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Sauvage



L’Alaska et ses grandes étendues blanches, ses courses de chiens de traîneau et ses forêts sombres me faisait de l’oeil depuis un moment. Je me suis donc glissé avec plaisir dans l’atmosphère inquiétante de ce thriller singulier, qui frise le fantastique et tutoie les légendes nordiques animistes.

Tracy est une jeune musher prometteuse. A 17 ans, elle ne rêve que de l’Iditarod, cette course mythique de chiens de traîneau courue en 15 jours sur un parcours d’un peu plus de 1700 km.

Mais Tracy cache également une part d’ombre. Orpheline de mère depuis peu, renvoyée du lycée pour des faits de violence, elle passe ses journées dans la forêt à chasser, et en revient maculée de sang.

Tracy taciturne, secrète, un peu rustre, laissera t’elle son côté sauvage prendre le dessus ? C’est cette question lancinante qui accompagne le lecteur tout le long de ce roman envoûtant.

Mais si l’ambiance angoissante m’a bien accroché sur les 3/4 du roman, j’ai trouvé la fin un peu longue et l’intrigue emberlificoté.

Mais peu importe, c’est un premier roman et l’autrice est très prometteuse, et puis pour ces étendues enneigées et sauvages, pour cette héroïne étrangement belle et pour ces passages vraiment fascinants sur le monde du mushing, je ne bouderai pas davantage mon plaisir.
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Sauvage

En Alaska, Tracy, 17 ans suit la voie tracée par son père, musher, en participant aux courses et espère bien en cette année de transition où elle va avoir 18 ans ,disputer à la fois la course Junior puis la fameuse Inrod mais la mort accidentelle de sa mère , a perturbé grandement l'organisation de la vie de Tracy, de son père Bill et de son jeune frère . Chacun réagit à sa façon et avance seul et il n'y a plus cette cohésion qui soudait la famille.



Pour Tracy, sa vie, ce sont les longues journées dans la forêt à poser ses pièges, traquer les animaux , un besoin essentiel et vital pour elle plus encore que d'entrainer ses chiens .



Au cours d'une de ses expéditions, elle blesse un homme qui voulait l'agresser, c'est ce qui va déclencher , accumulé au traumatisme et au manque lié à la disparition de sa mère , la résurgence de ses instincts sauvages , jamais vraiment enfouis et de pensées obsessionnelles qui ne peuvent qu'aboutir à un nouveau drame .



Je n'ai pas été aussi enthousiaste que beaucoup de lecteurs, je reconnais le talent de ce premier roman , j'ai beaucoup aimé les descriptions de cette nature magnifique mais facilement hostile , les sorties en traineau avec les chiens mais l'esprit perturbé et certaines des habitudes de Tracy m'ont dérangée, voir choquée. L'auteur laisse de nombreuses zones de flou et j'ai fini le roman avec une certaine frustration .
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Sauvage

Ray Bradbury nous entrainait dans les brasiers enflammant les livres (Fahrenheit 451) et Jamey Bradbury, elle, nous emmènera dans les blanches et froides étendues de l’Alaska.



Mettez vos moufles, sortez vos grosses chaussettes et n’oubliez pas votre cache-nez (et cache-tout-ce-que-vous-voulez) afin de ne pas prendre froid, car c’est un véritable apprentissage de la vie au grand air froid que vous allez faire.



Depuis toute petite, Tracy ne s’est jamais sentie bien qu’en courant dans la forêt ou en attelant des chiens de traineau. Son père est un musher et elle ne rêve que de suivre les traces de ses patins de traineau et de concourir à la Iditarod trail, une course pour musher longue et dure.



Ce roman, dans le style nature-writing, dégage une atmosphère bien particulière : un mélange de poudreuse, de jeune fille rebelle et des relents de fantastique car si Tony Chu (le détective cannibale) était un cybopathe (capable de retracer psychiquement la nature, l’origine, l’histoire, et même les émotions, de tout ce qu’il mangeait), Tracy, elle, c’est un autre don qu’elle possède…



La référence à Stephen King n’est pas usurpée, l’élément fantastique est bien là, c’est trash quand on y pense bien, mais le tout est très bien incorporé à l’histoire et passe sans aucun soucis, ajoutant même une autre dimension au récit.



Je peux même affirmer que sans cet élément, le roman n’aurait pas été aussi bien et nous serions parti sur une description des conditions de course avec des chiens de traineau (attention, j’aurais bien aimé en vivre une de l’intérieur, avec Tracy).



Tracy… Quelle jeune fille énigmatique, qui ne se livre que peu souvent, qui ne vit que pour la forêt, ses chasses, les animaux qu’elle trappe.



Petit à petit, l’auteur, de sa plus belle plume, déroule son récit en y incorporant tout doucement cet élément, en nous donnant des indices sans jamais trop forcer sur le trait et c’est avec un effroi certain que nous le comprenons dans son entièreté, non sans ressentir une dose de fascination au dégoût ou de dégoût à cette fascination (au choix).



D’ailleurs, une scène m’a tellement glacé les sangs que même si elle avait eu lieu sous le soleil des Caraïbes, j’aurais été transpercée par le froid. J’en suis restée avec la bouche ouverte et dans l’incapacité de poursuivre ma lecture durant quelques moments tant elle m’avait coupé les jambes.



Et malgré cela, je n’ai toujours pas réussi à être fâchée avec Tracy : à cause de son don (ou de sa malédiction, toujours au choix), elle avait fait une erreur terrible et malgré le froid qui m’a saisit, malgré mes mains tremblantes, je l’ai trouvée touchante jusqu’au bout, cette jeune fille dure comme le bois.



Un récit dur, âpre, magnifique, servi par une plume alerte qui sait bien décrire les émotions ou l’implacabilité, la rudesse de l’Alaska et la solidité des gens qui y vivent.



Des personnages magnifiques, qui me hanteront longtemps, un père veuf qui a fait tout ce qu’il pouvait mais qui n’avait pas compris sa fille puisque les non-dits sont aussi puissant qu’un blizzard, dans cette famille.



Un récit qui aurait encore pu continuer plus longtemps et une envie folle d’aller arpenter les bois de l’Alaska avec un traineau tiré par des chiens.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Sauvage

Soyons honnête : j’ai lu peut-être 40 % de ce livre vraiment, et j’ai parcouru le reste. Je me suis lancée dans cette lecture dans le cadre d’une lecture commune, et j’ai essayé de jouer le jeu, même si au vue du résumé du livre, c’est plutôt le type d’ouvrage que j’évite. Mais j’ai très vite décroché, et mon avis n’est sans doute pas très motivé, ni vraiment équitable pour un livre qui semble avoir trouvé son public. Ce n’est juste pas pour moi.



J’ai tout de suite été rebutée par l’écriture, très simple, très plate. Elle est censée être la voix d’une jeune fille de 17 ans qui n’a pas beaucoup fréquenté l’école, et toujours sous la contrainte, et donc de suivre sa façon de parler, très simple et familière, sans mots compliqués, des phrases courtes et descriptives. Tout cela m’a donné le sentiment d’être devant un ouvrage tourné vers les adolescentes, et m’a vraiment gênée, parce que recherche en littérature avant tout un style, une écriture.



Les personnages ne m’ont pas réellement intéressés et les péripéties du roman m’ont paru un peu artificielles. C’est comme si l’auteur avait décidé de cocher un certain nombre de cases dans les thèmes à la mode : la nature, les animaux (ici les chiens de traîneau ), une adolescente « rebelle », une pincée de fantastique, des attirances lesbiennes, un adolescent transgenre…. Sans vraiment fouiller aucun des thèmes à mon sens, ni en dire quelque chose d’essentiel.



C’est très négatif comme avis, sans doute aussi parce que je me suis un peu forcée à lire quelque chose qui ne m’attirait pas et ne me convenait pas. Je vais éviter à l’avenir l’auteur, et revenir vers des choses qui correspondent plus à mon idée de la littérature.
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Sauvage

Une adolescente un peu sauvageonne, un peu seule.

Des chiens de traîneaux.

Un père un peu perdu après la mort de sa femme.

La chasse au collet, courir dans les bois.

Revenir avec du sang sur soi.

Ne pas faire couler le sang humain.

Une adolescente survit chez elle, dans la forêt, au milieu des autres et cache son secret.

A la frontière du fantastique, juste un petit dérapage de réalité un peu plus sauvage et vous entrez dans ce magnifique roman sur la différence, le respect de la parole donnée, le rapport à l'environnement, la fratrie et la solitude.

Un drôle de roman qui donne envie de courir, de s'ébrouer et de ruer dans les brancards !
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Sauvage

Cher M. Bradbury,



Je ne peux le cacher : la couverture de votre roman m’a beaucoup séduite. À la lecture de ce résumé, je m’imaginais plein de choses. Je pensais que votre intrigue serait basée sur l’amour. Autant familial qu’envers les animaux. Je comptais également en découvrir davantage sur le mushing. Je pensais à de la cruauté, c’est vrai. Après tout, le titre de votre roman est sauvage … Mais je voyais des personnages bourrus qui étaient malgré tout remplis d’amour. C’est ce que votre couverture m’a laissé imaginer grâce à ses couleurs chatoyantes. Et votre couverture m’a littéralement trompée.



Elle s’est jouée de moi, car dans votre roman, jamais je n’ai ressenti d’amour. De vrai amour. Ni entre les personnages, ni envers les animaux. Toutefois, de la cruauté il y en a eu au-delà de ce que j’imaginais. Et je dois vous le dire, envisager ses pauvres petites bêtes chassées puis dépecées pour être ensuite mangées crues, c’est quelque chose qui m’a été insupportable. Votre roman, disons-le, ne dorera pas le blason des chasseurs. Grâce à vous, ils passeront encore plus pour des bêtes sanguinaires assoiffées de sang chaud.



Vous nous avez construit une héroïne bien atypique. C’est le personnage le plus inhumain qui soit. Elle est complètement déshumanisée. C’est un animal sauvage. Que dis-je, elle est pire qu’un animal sauvage … Elle a tué, dépecé et mangé son propre chat. Un animal auquel elle devait tenir un minimum. Je vous l’avoue, après ce passage, il m’a été impossible de l’apprécier. Dommage, car ce passage était situé au début du roman. Trace n’aimait personne. Elle les tolérait simplement près d’elle, ce qui a forcément engendré quelques accidents.



Je suis désolée de vous le dire ainsi, mais j’ai trouvé que vous n’alliez pas vraiment au bout de vos pensées et de vos convictions. Vous nous dîtes, presqu’à la fin du roman, que Jesse ne serait pas un garçon. Puis qu’en réalité, si « c’en était un ». Qu’en est-il ? Jamais la clarté ne sera faite sur ce point. On termine votre roman et on ne sait toujours pas qui était Jesse et quelle était son histoire. Sa vraie histoire, pas celle imaginée par Trace à partir de fragments de souvenirs. Tout est à demi-mots.



Vous savez, j’aime les romans éducatifs. J’estime que toutes les histoires peuvent s’y prêter. Votre intrigue aurait pu nous apprendre ce qu’était le mushing. Finalement, vous n’avez fait que l’effleurer, à mon grand regret. Pourtant, vous auriez pu. Votre œuvre m’a paru très lourde. Non pas à cause de l’ambiance instaurée, mais à cause de longs passages de narration qui n’étayaient pas spécialement l’histoire. Raccourcir ces passages et allonger ceux où l’on traite du mushing aurait pu alléger votre roman … et le rendre plus digeste.



J’adore les intrigues réalistes où sont mêlées des pointes de fantaisie. J’espérais beaucoup de votre roman, mais j’ai malheureusement été déçue. J’ai eu l’impression de me perdre dans une forêt d’incohérences. Oui, la couverture de votre roman ne correspond pas à ce qu’on y trouve. Votre écriture non plus, elle est trop douce et trop consensuelle. Cette histoire aurait du nous stresser, nous oppresser. Il n’en était rien. C’était un long (très long) fleuve tranquille. Et je le regrette.

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Sauvage

Le premier livre que j'abandonne en 2022.

Et pourtant, la quatrième de couverture avait tout pour me plaire.

Tracy est une enfant libre qui vit en Alaska. La forêt est son terrain de jeux. La pire punition que ses parents puissent lui infliger, c'est la priver de ses sorties en forêt avec ou sans les chiens de traineau de la famille.

Mais hélas, gros bémol, très gros bémol, Tracy éprouve physiquement le besoin irrépressible de chasser, de piéger. Cet instinct me faisant totalement défaut, j'ai beaucoup de mal à l'appréhender.

De plus, sa traque se rapproche plus du massacre que de la chasse, je vous passe les détails.

Je ne peux m'identifier à elle. Ce qu'elle fait me révulse.

Dommage, car j'aime l'écriture de l'auteur, une écriture tendre et douce, aux antipodes des faits. Mais le sujet, non merci.

Maintenant, l'auteur a sûrement son public, mais ce sera sans moi.

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Sauvage

« On ne peut pas fuir la sauvagerie qu'on a en soi. » (p. 256) À 17 ans, Tracey n'aime rien tant que courir dans la forêt, vivre de sa chasse et faire du traîneau avec ses chiens. Depuis la mort de sa mère, elle s'isole de plus en plus sur la piste damée, parfaitement immergée et intégrée dans la nature glaciale de l'Alaska. Contre l'avis de son père, elle se prépare à l'Iditarod, une course en solitaire de 1 500 km. Hélas, tout change quand Tracy fait couler le sang d'un homme : en transgressant une des règles imposées par sa mère, l'adolescente fait entrer le danger dans son monde, mais prend aussi conscience des pouvoirs que lui donne le sang. Désormais, un intrus rôde à proximité de la maison et Tracy est déterminée à ce que personne ne sache ce qu'elle fait en forêt. « Si je continuais juste comme ça, à marcher vers le Nord, sans jamais me retourner ? Les choses seraient plus simples si je pouvais vivre seule, sans plus rien à cacher. Sans plus aucun besoin de protéger les autres de la sauvagerie que je sentais à l'intérieur de moi, de l'impérieuse envie de m'abandonner à tout ce que contre quoi Maman m'avait mise en garde. » (p. 136)



Comme l'annonce le bandeau promotionnel, on flirte ici avec Stephen King et les sœurs Brontë : violence hors-norme, sentiments incontrôlables, terreurs infinies, soupçon de fantastique, tout est là et bien agencé. « Je me suis demandé combien de temps il allait hanter notre forêt avant de venir se montrer sur notre perron. » (p. 95) Les ellipses et les non-dits sont aussi éloquents que le texte lui-même : il faut chercher les indices, les débusquer, pour tout comprendre de cette histoire familiale particulière. « J'ai appris à l'école que le sang a une mémoire. Il porte les informations qui font qui vous êtes. C'est comme ça que mon frère et moi on s'est retrouvés avec tant de trucs en commun, on portait en nous les choses dont le sang de nos parents se souvenait. Partager ce qu'il y a dans le sang, y a pas moyen d'être plus proche d'une autre personne. » (p. 10) Sauvage est une excellente expression du courant littéraire nord-américain du nature writing. Comme l'héroïne, on suit la piste en courant avec les chiens, on relève des collets, on écoute le souffle des bêtes. Et on voudrait pouvoir se perdre derrière un mur de blizzard.
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Sauvage

Avec @Sauvage @Jamey Bradbury fait une entrée tonitruante dans la littérature américaine et se pose d'emblée en digne héritière de Jack London et de Stephen King.



Troublante, dérangeante, passionnante, voilà l'histoire de Tracy, 17 ans, son rêve : participer à l'Iditarod, la grande course de mushers dans l'immensité sauvage de l'Alaska. La forêt est son jardin, c'est là qu'elle part chasser, se ressourcer ou se calmer quand sa colère la submerge.



La grande force du roman est sans doute ce climat oppressant où @Jamey Bradbury emmène son lecteur.

Thriller, fantastique, horreur, nature writing : @Sauvage est un mélange réussi de tous ces genres mais c'est aussi un roman brillant sur le deuil, la solitude, la différence. Des personnages secondaires tous plus justes les uns que les autres et bien sûr son personnage principal, Tracy la sauvage capable de capturer des proies à mains nues. Tracy qui sait que la nature peut-être dangereuse, qu'il y a des prédateurs et des proies. Tracy qui boit la nature comme un nectar divin capable de lui montrer celle-ci du point de vue des animaux.



@Sauvage est également une déclaration d'amour à l'Alaska, ses forêts et ses montagnes immenses, ses habitants sylvestres bravant des conditions climatiques extrêmes, perpétuant des traditions séculaires.



Une très bonne lecture qui m'a donné des frissons et pas seulement à cause du froid !



Challenge USA

Challenge Multi-défis
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Sauvage

L’Alaska, l’immensité, le froid, la neige, la nature omniprésente et des êtres humains qui se fondent dans le décor, retrouvant parfois des instincts primaires, voir bestiaux comme pour Tracy, cette jeune fille de 17 ans qui vit avec son père Bill, musher, son jeune frère Scott et leurs chiens et qui possède des facultés peu ordinaires.



"J’ai senti quelque chose de sauvage monter en moi. Un puissant désir de courir aussi loin que je pouvais, jusqu’à ce que ma tête se vide intégralement et que ma peau s’arrête de bourdonner et que je sois capable de me concentrer suffisamment longtemps pour poser un collet et attendre qu’une petite bête se pointe, et alors là je pourrais m’abandonner complètement quelques instants, mes yeux et mes oreilles cesseraient de m’appartenir, ce seraient ceux d’une marte ou bien d’un écureuil.(p45)"



Tracy est mi-humaine mi-animale, à la fois sauvage, rebelle mais aussi sensible et instinctive. Oui c’est cela, instinctive, elle vit comme elle ressent et comment ressentir mieux qu’en buvant le liquide de vie afin de s’imprégner des pensées des autres, proies ou proches. Seule sa mère, Hannah, récemment décédée, connaissait ses besoins et arrivait à la canaliser en lui imposant quatre règles fondamentales qu’elle ne devait jamais outrepasser peut-être parce qu’elle-même avait connu les mêmes besoins.



Tracy Sue Petrikoff se raconte, jonglant avec les personnalités dont elle s’imprègne, allant jusqu’à les endosser pour mieux comprendre, apprendre, prévoir et anticiper. Comme un animal elle se fit à son instinct et va se rapprocher de Jesse, un jeune de son âge, après une période d’observation. Mais comme rien n’est ce qu’il paraît être dans ce roman, Jesse va se révéler différent. Lui aussi a ses secrets, son passé, ses souffrances. Elle va le flairer, se rapprocher, accepter la caresse de cette main tendue.



Mais ce dont a le plus besoin Tracy depuis son plus jeune âge outre ses courses en traîneau avec ses chiens dans la forêt, la pause de pièges où elle est passée maître et sa soif de chaleur qu’elle prélève sur ses proies mais aussi sur ceux qui l’entourent, c’est des réponses aux nombreuses questions qui la hantent.



C’est un roman d’aventure, de nature, d’apprentissage, frôlant avec le fantastique mais sans jamais aller au-delà du possible, l’auteure prenant le partie d’endosser le rôle de la narratrice, se laissant porter par ses réactions, sa sensibilité mais aussi ses instincts les plus primaires.



Avec habilité, Jamey Bradbury passe de la narration de Tracy aux pensées qui l’habitent quand elle est envahie par le mental des êtres dont elle s’abreuve sans difficulté et on ne peut définir si elle nous effraie ou si on l’aime.



C’est une écriture de grands espaces, de liberté, de sauvagerie mais sans jamais tomber dans le sanguinaire malgré le sujet. On est happé par cette jeune fille qui se dévoile peu à peu, très pudiquement, ne révélant sa vraie nature qu’au goutte à goutte, faisant monter la pression au fur et à mesure jusqu’à une fin dans la lignée du récit, juste, inévitable mais non prévisible.



C’est un roman d’apprentissage, d’amour, de sensations avec un guide en la personne de Jamey Bradbury dont c’est le premier roman, prometteur et de grande qualité que ce soit au niveau de l’écriture, de la construction mais aussi du sujet.



J’ai été plusieurs fois déstabilisée dans ma lecture, par le sujet, par la personnalité de Tracy, ne sachant pas où elle allait me mener, mais elle a tenue la route, elle m’a touchée par à la fois sa force mais aussi sa fragilité et c’est le genre de lecture qui laisse des traces une fois le roman achevé. J’ai beaucoup aimé justement parce que la construction et le style oscillent entre bestialité et humanité sans jamais franchir la frontière de l’insoutenable, frontière que je n’aime pas franchir.



"Ou en quoi les humains et les animaux étaient des choses si différentes, et comment elle le savait. (p209)"
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Sauvage

Tracy Petrikoff, la narratrice de Sauvage, est une jeune fille de dix-sept ans, passionnée par la chasse et les courses de traîneaux à chiens, cette dernière activité se trouvant cependant empêchée suite au décès de sa mère, du fait des difficultés financières avec lesquelles doit composer la famille. Rebelle, impétueuse et quelque peu immature, elle ressent fortement l’appel de la forêt, passant la porte de la maison dès qu’elle le peut pour aller y courir et relever ses pièges, lorsqu’elle n’est pas punie par son père qui tente de lui imposer un cadre. Elle porte en elle une sauvagerie, un don qu’elle partageait avec sa mère, auquel elle ne peut véritablement laisser libre cours ailleurs que dans les bois. Mais on peut y faire toutes sortes de rencontres et lorsqu’un homme soudainement la percute, alors qu’elle est distraite, c’est tout le cours de son existence qui va s’en trouver dramatiquement changé… C’est avec un sentiment partagé que je ressors de cette lecture qui explore le deuil, la différence et l’identité: autant j’ai apprécié le style de narration et la façon naturelle et fluide avec laquelle l’auteure arrive à fusionner les genres - roman d’apprentissage, nature writing, thriller et fantastique -, autant j’ai trouvé qu’il y avait des longueurs, au point d’avoir failli l’abandonner à plusieurs reprises. Au-delà de l’ennui que j’ai par moment ressenti, c’est la curiosité de savoir comment tout cela allait se terminer qui m’a motivée à le poursuivre et je ne l’ai pas regretté, la fin étant poétique et à l’image du roman qui porte en lui toute la tristesse du deuil. Comment vivre en société avec ses différences, tout en restant fidèle à sa nature profonde, voilà toute la question…
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Sauvage

“On ne peut pas fuir la sauvagerie que l'on a en soi” nous dit Tracy, dix-sept ans qui vit avec son père et son frère dans les grands espaces de l'Alaska. C'est dans l'univers des mushers que nous plonge ce roman. Tracy s'occupe de leurs 40 chiens de traineau, s'occupe de la maison mais ce qu'elle préfère par-dessus tout, c'est la pose et la relève de ses collets où elle capture du gibier nécessaire à la survie de la famille. Et à préparer l'Iditarod, la plus célèbre course de chiens de traineau. Tracy a développé un pouvoir qui lui permet de mettre tous ses sens en éveil au point de comprendre le comportement du gibier ou de lire dans les pensées de ses chiens. Sa connaissance de la nature est fascinante. Son côté animal se révèle particulièrement lorsqu'elle chasse et affronte les éléments. Passer quelques nuits dehors, sans abri dans l'hiver hostile de l'Alaska ne lui pose pas de problème, c'est même vital pour elle. Alors lorsque Tracy se fait agresser par un rôdeur ou lorsqu'un jeune locataire vient s'installer dans le cabanon près de la maison, elle va pouvoir exercer ses talents.

L'auteure, dans son premier roman très prometteur, parvient à nous immerger dans son pays avec tous nos sens : on ressent le froid glacial, on entend les craquements de la neige lorsque passe le traineau, on entend le bruit que fait le gibier et l'on a sur la langue, le goût du sang des oiseaux capturés aux pièges. Et s'éveille en nous ce côté sauvage que des siècles de bonne éducation ont enfoui dans notre ADN. J'ai aimé cette histoire, même si mon côté un peu trop cartésien m'a éloigné de l'aspect fantastique de certains passages.

Lorsque je randonnais à Yellowstone, mes copains américains m'apprenaient le vocabulaire de la faune sauvage et je me souviens de “chipmunk” que j'avais naïvement traduit par écureuil. Je découvre dans la lecture de Sauvage le mot tamia, je cherche dans le dictionnaire et tombe sur la photo du fameux “chipmunk”. Merci Madame Bradbury, vous m'avez permis de corriger cette erreur : le tamia n'est pas un écureuil !



Challenge Multi-Défis 2022

Challenge ABC 2022- 2023

Challenge Totem.

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Sauvage

Je viens de refermer Sauvage et de laisser « Trace » avec une pointe de nostalgie. Je me suis vraiment attachée à Tracy, j’ai ressenti beaucoup d’empathie et de tendresse pour elle, et éprouvée de la peur et de l’angoisse dans les moments de tension et de suspense.

Jamey Braddbury, pour ce premier roman, m’a embarquée dans son univers qui est très dense, car sous couvert d’un livre ‘wild-fantastico-suspense ’ (oui je vous l’accorde j’aurais pu trouver mieux pour qualifier ce roman…), elle aborde finalement beaucoup de sujets profonds : la mort, la vie après la perte d’un être cher, le deuil, le souvenir, la mémoire, la transmission, la connaissance de soi et des autres, la prédétermination mais aussi le passage de l’adolescence à l’adulte, les premiers amours, la différence, la communication entre les êtres…

Et tous ces thèmes se mélangent, ce qui a certains moments créer un peu de confusion, mais qui peut être également voulu car Tracy a un secret (un don ?) qui justement lui fait perdre, par moment, pied avec la réalité, comme une schizophrène qui ne sait plus si ce qu’elle vit est réel ou non. Elle nous entraîne avec elle dans cette confusion de souvenirs, de ressentis et d’illusions. Mais c’est aussi l’histoire d’une adolescente qui se cherche, qui cherche à comprendre sa vraie nature, qui cherche à trouver sa place dans ce monde, qui se construit avec ce qu’elle est au plus profond de ses gènes, avec ce que sa mère et son père lui ont léguée et transmis, ce qui en fait aussi un roman initiatique.

Dans Sauvage le personnage de Tracy incarne la nature, l’animalité, les instincts primaires, la spontanéité, Tracy a 17 ans (18 à la fin) et pourtant on a l’impression que l’histoire est racontée par une enfant. Mais, au fur et à mesure que l’histoire avançait je me suis dis que finalement ce n’était peut-être pas elle la plus sauvage de cette histoire mais plutôt celui qui a commis un acte brutal, un agresseur, un harceleur qui poursuit sa proie jusqu’en Alaska…

C’est un roman fort, haletant, vibrant, plein de suspense, angoissant, qui nous tient aux tripes jusqu’à la fin, le tout avec un rythme soutenu, qui est accentué par les courses de traîneaux, la chasse et la beauté de la nature. Plongez sans retenu dans ce roman.

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Sauvage

Le froid, Jamey Bradbury connaît bien.

Cette américaine de 40 ans vit en effet depuis près de quinze ans en Alaska en tant que secouriste et bénévole de la Croix Rouge.

Son premier roman, Sauvage, trouve le chemin des librairies françaises grâce aux excellentes éditions Gallmeister et à la non moins excellente traduction de Jacques Mailhos.

Si, comme beaucoup, vous aviez été bluffé par My Absolute Darling l’année dernière, installez-vous confortablement car Sauvage joue aussi dans la cour des grands.



Musher en Alaska

Dans les grandes étendues glacées de l’Alaska, la jeune Tracy Petrikoff rêve de participer à l’Iditarod, une course de chiens de traîneau de plus de 1700 km.

Cette passion, c’est son père qui lui a refilée mais celui-ci n’est plus que l’ombre de lui-même ces derniers temps après la mort de sa femme.

Hanté par cette disparition, Tracy passe son temps dans la forêt où elle excelle dans l’art de la chasse. À l’écart du monde, elle respecte pourtant scrupuleusement plusieurs règles édictées par sa mère dont la plus importante reste de ne jamais faire saigner d’humain.

Car Tracy possède un secret bien gardée qui la terrifie et lui vrille le ventre lorsqu’elle se tient trop longtemps à l’écart de la forêt.

C’est justement lors d’une de ces escapades que la jeune fille est attaquée par un vagabond qu’elle poignarde par réflexe. Affolée, elle regagne alors son domicile tandis que la culpabilité la ronge petit à petit.

Jusqu’au jour où l’inconnu qu’elle a blessé surgi dans la cour et saigne au milieu de la neige…

Jamey Bradbury nous emmène donc en Alaska dans un décor glacé et sauvage où le titre de son roman reflète à la fois la Nature alentour et les étranges penchants de sa jeune narratrice Tracy.

Fille de musher et elle-même passionnée par cette discipline, Tracy nous parle longuement de ce sport méconnu sous nos latitudes mais qui remplit pourtant sa vie à elle du matin au soir. De par sa nature, la course de chiens de traîneaux entraîne une proximité toute particulière avec les animaux et avec les conditions climatiques souvent difficiles de la compétition. Cet aspect fusionnel avec les chiens, Sauvage le retranscrit à merveille avant de se pencher sur le principal enjeu de son histoire : Tracy et son « don ».



Une lignée de femmes

« J’avais envie de te laisser vivre. » avouera la mère de Tracy à la jeune fille alors que celle-ci s’interroge sur l’éducation que lui a donné sa mère.

Tracy, c’est le point d’ancrage du lecteur dans cette histoire qui mêle fantastique, récit initiatique et nature-writing.

Âgée de dix-sept ans, l’adolescente cache un don très particulier (que l’on vous laissera découvrir vous-même) qui peut rapidement virer à la malédiction (on pense d’ailleurs souvent aux Meurtres de Molly Southborne de Tade Thompson).

Plutôt que d’en faire un élément horrifique, Jamey Brabury s’en sert comme d’une façon d’illustrer l’émancipation féminine grâce à ce secret partagé entre mère et fille.

La relation entre Tracy et sa mère, bouleversante de la première à la dernière page, raconte en filigrane le désir de changer la donne, de laisser vivre, d’être libre…malgré tout.

Car si Tracy doit respecter certaines règles, c’est aussi pour vivre dans un monde dangereux où l’homme constitue l’interdit suprême.

Comment, dès lors, trouver sa place de femme ?

En suivant les traces de son père ou en suivant son propre instinct ?

Petit à petit, Sauvage se met à parler de l’identité.

Avec l’arrivée de Jesse et le secret qu’il porte en lui, Jamey Bradbury dresse le portrait d’individus en quête d’eux-mêmes et qui cherchent à comprendre ce qu’ils sont vraiment.

Cette quête initiatique saupoudrée de courses et de rancœurs permet de capter l’essence même de l’adolescence, cette période charnière où l’adulte en devenir se cherche, pose ses limites et rêve à sa vie future.

Malheureusement, la vie réserve souvent des tournants imprévisibles…



Une Bête au paradis

Et ces tournants, Tracy va les subir de plein fouets, consumée à la fois par les souvenirs de sa mère, les attentes de son père, la différence d’un frère et l’amour inattendu d’un inconnu.

Tiraillé entre sa nature profonde et son envie de rester auprès des siens, l’adolescente souffre et endure. Jamey Bradbury décalque ses propres passions et guide le lecteur dans un endroit sur Terre qui pourrait être un Paradis vierge et plein de promesses.

Mais la vie ne sera pas aussi facile pour Tracy, bouffée par ses rêves de courses et de chasses, de grandes épopées et d’écrivains-aventuriers.

Finalement, Sauvage met en balance deux animalités, celle de l’homme capable de violer et de battre derrière une grange, et celle de l’animal buvant le sang de sa victime pour apprendre et survivre.

Mis face à face, ces deux paradigmes s’affrontent et servent de révélateurs, oubliant la tristesse de certains êtres humains brisés au milieu.

Le final, cruel et inattendu, prend le lecteur aux tripes et ne le lâche plus, l’emmenant loin dans le blizzard et le froid glacé, sur les traces d’une gamine qui a choisi d’être sans paraître.



Sauvage met le lecteur dans la peau d’une gamine aussi bestiale que diablement humaine.

Maîtrisé et poignant, le premier roman de Jamey Bradbury glace et réchauffe le cœur d’un même mouvement, communiquant passions et blessures au lecteur encore sous le coup de la majesté des vastes étendues qui l’entourent.

À consommer sans modération…
Lien : https://justaword.fr/sauvage..
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Sauvage

Voici un roman bouleversant sur la nature, sur notre humanité et sur les instincts qui nous habitent... Entre style oralisé et descriptions pures et poétiques des étendues alaskaines, Jamey Bradbury nous emporte dans des forêts sans fin, entre la blancheur de la neige et l'écarlate du sang, ménageant un suspense grisant (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2020/06/16/sauvage-jamey-bradbury/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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