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Critiques de Jacques Perret (67)
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Belle lurette

Les quelques premiers chapitres de ce livre se lisent avec plaisir, s'attrapent à la régalade.

Mais que Dieu me savonne, et que Gotlib me pardonne !

Il y a loin du gai Luron à la belle Lurette ...

Car ici très vite Jacques perret se prend les pieds dans le tapis de son style, qui pourtant a souvent fait tout l'intérêt de nombre de ces livres.

C'est que le style de l'écriture de Jacques Perret est très pittoresque, imagé en diable même.

Mais ici l'auteur en rajoute, tartine, en fait des caisses.

Et le récit finit par s'y empêtrer, jusqu'à y perdre sa lectrice, son lecteur.

D'autant que les souvenirs de Perret, vagabondages de jeunesse en compagnie plus ou moins épisodique de l'ami Paul, manquent vraiment d'intérêt et d'originalité.

Ce qu'il avait assez bien réussi, en 1957, dans "rôle de plaisance, et beaucoup moins bien, en 1969, dans "la compagnie des eaux" n'est ici qu'essai brouillon et manqué.

"Belle lurette" est un livre de souvenirs, paru en 1982.

La "grande affaire" du livre est la Guyane, "le traquenard de l'exploration cupide et l'espace privilégié de l'aventure gratuite"..

La Guyane qui, aux dires de l'auteur, est une aventure au dessus de ses moyens.

Et Perret, à partir de ce fil rouge, va dérouler ses souvenirs.

Ceux-ci, à l'épreuve de l'écriture, vont perdre le respect de l'ordre chronologique, et parfois même seront librement inspirés.

La prose est amusée.

Perret joue avec ses lecteurs, dialogue même et leur prête - intérêt et principal - quelques réflexions et autres réactions.

Pipe aux dents et plume en main, Jacques Perret se perd dans des finasseries d'écriture.

Et, il faut bien l'avouer, quelques tâches d'encre et d'opinions, viennent parfois salir la page.

Je ne suis un lecteur ni fictif, ni imaginaire, et je ne suis pas plus susceptible que cela, mais tapi au coin de la page 84 il me semble avoir entendu murmurer qu'un général français, réfugié à Londres, aurait dirigé le tir de soldats français contre d'autres soldats français.

Et un peu plus loin, que le même général aurait préparé l'installation dans notre si belle France d'un régime communiste.

Que Dieu me savonne, et que Georges Marchais me pardonne !

On n'est pas loin ici de l'incartade.

J'eusse pu là, et ailleurs dans le récit en claquer la porte et corner la page car belle plume, maîtrise du mot, du latin et de la conjugaison ne font pas forcément le bon livre.

Preuve ici en est donnée ...





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Mutinerie à bord

Quand Jacques Perret s'attaque au récit d'une mutinerie en mer, on devine tout de suite qu'il ne sera pas question d'une nouvelle variation sur le thème des Révoltés de la Bounty. En clair, on ne trouvera pas de malheureux équipage persécuté par une odieuse brute galonnée : Mutinerie à bord raconte tout au contraire comment les officiers d'un trois-mâts se retrouvent victimes d'un équipage ramassé parmi les « vauriens de basse mer, pirates à youyou et raclures de poulaines » qui traînent leurs savates et leur ivrognerie dans le port de Cette en 1864.

Si l'âge a quelque peu émoussé sa volonté, le capitaine est d'une grande rectitude morale. Quant à son second, il est le portrait même du héros positif : valeureux, dynamique, loyal et bâti comme un hercule.

Sommés par les autorités impériales de convoyer une cargaison de vins destinée aux zouaves partis guerroyer au Mexique, M. Richebourg et son second Aubert se trouvent ainsi contraints de recruter à la hâte l'équipage qui mènera le navire à la tragédie. Cet équipage, vivant portrait de la lie humaine, n'est composé que de fainéants, voleurs, menteurs, fourbes, lâches, abrutis, etc, toutes qualités que le pinard embarqué va porter au pinacle. Le ton est ainsi donné dès les toutes premières pages, et il est difficile de s'étonner complètement de ce parti pris quand on connaît un peu la biographie et les opinions de Jacques Perret. A partir d'une histoire vraie assez bien connue, j'ai même parfois eu l'impression qu'il nous proposait en quelque sorte une parabole à sa façon gouailleuse sur la Révolution et la fin de la société d'Ancien Régime : une autorité défaillante, qui abandonne des élites à leur impuissance et les laisse affronter seules une horde de gueux écumants, lesquels s'emparent du pouvoir par la violence et se révèlent aussitôt incapables d'en faire quoique ce soit.

Simple impression de ma part, à vrai dire, car j'ignore si c'est bien le projet que l'auteur avait en tête. Ce point n'a de toutes façons aucune importance dans le cas présent, et on pourrait aussi bien voir dans ce roman un plaidoyer contre les ravages de l'alcool sur les esprits faibles. Pour ma part, et comme toujours quand je lis Perret, j'étais d'excellente composition, ravi de me laisser emporter par une histoire bien troussée, son ironie à la fois légère et vacharde, et cette langue toujours aussi savoureuse. En un mot, la lecture de vacances dans sa plus grande noblesse, tandis qu'on laisse paisiblement dériver sa bouée licorne sur la houle facétieuse.
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Bande à part

En toute logique, je ne devrais pas aimer Jacques Perret : monarchiste, catholique traditionaliste, accointances avec l'extrême-droite, partisan de l'Algérie française, défenseur du GUD, etc. Autant de raisons qui devraient agir comme de vigoureux repoussoirs quand je croise un de ses livres.

Et pourtant j'ai aimé Le Caporal épinglé et Du Vent dans les voiles. Et je n'ai pas hésité un instant lorsque j'ai aperçu, dans la boîte à bouquins qui se trouve en haut de ma plage préférée, cette vieille édition toute jaunie et écornée du Livre de Poche (impression 1963, avec l'une de ces couvertures magnifiques de l'époque).

Bande à part, prix Interallié 1951, situe son action à la fin de l'Occupation et s'attache à un groupe de maquisards perché sur les contreforts des Alpes, au moment où commence la retraite de l'armée allemande vers le nord. Perret ne tente même pas de se dissimuler sous les traits de son narrateur, et son livre ne se propose que de revisiter son propre engagement dans la Résistance. Assez vite, le véritable but du roman se dessine : rendre hommage à ceux avec qui il a combattu, en une galerie de portraits hauts en couleurs qui gravitent tous autour de la fascinante et insaisissable figure de Ramos.

C'est peu dire que la Résistance n'est pas ici mise en scène dans les trompettes de la gloire ni de l'héroïsme patriotard. Les réseaux armés y sont un joyeux foutoir d'obédiences diverses ou même concurrentes, dont les motivations parfois obscures paraissent assez éloignées les unes des autres. Personne dans ces montagnes ne semble jamais avoir entendu parler du CNR. Le ton est décapant, l'ironie mordante, la dérision partout et le nom du général de Gaulle nulle part. La langue est drue, picaresque, réjouissante d'invention, aux antipodes de la grandiloquence compassée d'un Malraux. Impossible bien sûr de voir ce roman comme un témoignage historique. Ce serait plutôt une bonne bouffée d'anarchisme de droite, un de ces plaisirs un peu coupables à la Audiard, qui rappelle néanmoins avec beaucoup de talent que la guerre rassemble des hommes très différents pour en faire d'indéfectibles compagnons.
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Le caporal épinglé

Cinq étoiles... quel hommage dérisoire. Comment peut-on prendre au sérieux un monde où les stériles et les obscurs sans-goût peuvent s'arroger le droit d'"évaluer l'art" au moyen de croix, de barres, d'étoiles ou de motifs de n'importe quel genre? Tout ça, comme disait Jean Dutourd, ce sont des "conneries américaines". Or quoi de plus français, donc d'anti-américain, que ce stupéfiant chef-d'oeuvre de Jacques Perret qui renoue sous l'effet d'un invicible élan vital avec la grande tradition picaresque et baroque du Francion de Charles Sorel et du Roman comique de Scarron? Un cortège de personnages truculents et d'événements hauts en couleur traverse de ses éclairs la grisaille physique et le désarroi moral d'un prisonnier de guerre transféré à Berlin par la "Grosse Rèche". C'est un roman proprement cataclysmique: dans le bouleversement tellurique du vieux monde, on entend rire un colosse, et ce colosse, c'est Perret.



Nimier avait été écoeuré qu'on ait accordé le Goncourt 1948 à Curtis plutôt qu'à Perret. Cela signait pour lui la mort de cette "farce de chez Drouant". Résigné et philosophe, il avait conclu que la "luxuriance" de Perret "s'accordait mieux avec une époque de création qu'avec une période d'inventaire prudent".



De minimalisme en minimalisme, on est passé entre 1950 et 2010 de de Gaulle à Hollande et de Jacques Perret à Pierre Perret (celui-ci - immortel auteur du "Zizi" - ayant eu, par rapport à l'autre, l'honneur et l'avantage de donner son nom à des établissements de l'Instruction publique). Quant au grand Jacques, je ne sais pas ce qui est le plus consternant: que ce soit la lamentable adaptation de Renoir qui fasse l'objet d'un article sur Wikipedia plutôt que le livre ou bien la présentation qu'en font les éditions Gallimard... Enfin, paraît que c'est l'progrès.
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La compagnie des eaux

"La compagnie des eaux" est une suite.

En 1956 ou 1957, Jacques Perret avait projeté, dans "Rôle de plaisance", quelques vacances littéraires et une croisière vers Santander avec son ami Collot.

Mais il n'avait pas pu doubler le cap du 1er volume ...

Plus de dix ans ont passé, il s'agissait ici, entre bolées de cidre et canons de gros plant, de reprendre, là où il avait fini, ce cabotin petit cabotage.

Jacques Perret a repris sa plume d'antan, a souqué dessus.

Collot veille à la manoeuvre.

Matelot, votre sac est-il fait ?

Car le "Matam" est mouillé entre la plume et l'encrier.

Le bateau avait été abandonné, quelque part en Manche, dans un brouillard de saison, peut-être à Barfleur, entre deux beaux coups de noroît.

Le capitaine, son matelot, la Manche et l'Atlantique avait quinze ans de moins.

Mais la guerre d'Algérie est passée par là.

Le coup de sang a viré en eau de boudin.

Une liste de noms propres, à bord, sont interdits.

Et si certains événements tentaient de s'y introduire, ils seraient chassés à coups d'avirons.

Pourtant malgré ces attentives précautions, le livre s'ouvre sur une "parenthèse" inqualifiable qui fait tourner le vent, transforme le sourire en grimace et décourage le lecteur, s'il ne fait pas partie du dernier carré des admirateurs.

Par son propos, Jacques Perret se déconsidère, ce qui fait que je ne serai pas de ce vagabondage-là, que j'ai débarqué et abandonné cette lecture pourtant entamée avec appétit.

Elle risquait de s'échouer sur les rives dangereuses de l'agacement et de l'ennui.

Et ce naufrage-là vraiment aurait été trop triste ...

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Bâtons dans les roues

Jacques Perret, l'homme du "Caporal épinglé", d'"Histoires sous le vent" et de "Trois pièces" était un romancier, un nouvelliste et même occasionnellement un auteur dramatique surdoué.

Mais il était aussi un redoutable et talentueux chroniqueur.

"Bâtons dans les roues" est le premier volume d'une série de quatre recueils, indépendants les uns des autres, mais véhiculant, à l'élégante lettre près, le même esprit :

- "Bâtons dans les roues", "Cheveux sur la soupe", "Salades de saison" et "le vilain temps".

Dès les premières lignes, le style de l'écriture en impose, parfois même jusqu'à ce que le propos en devienne presque convainquant.

Mais Jacques Perret, s'il n'est pas de ceux qui confondent caractère et mauvais caractère, ne craint pas l'impopularité.

Le don de l'impopularité est le sujet d'une de ses chroniques.

Indubitablement, il le possède.

Il aime être rétrograde souvent même jusqu'à la provocation, parfois jusqu' à en devenir réactionnaire.

Quelle est la part de sincérité, de provocation, d'humour, de plaisir, d'ironie et même de cynisme dans ce qu'il écrit ?

Ce vagabondage littéraire donne un vrai sens au mot dissertation.

Jacques Perret, citant les genres qui entraient dans la cuisine de son ouvrage, l'a défini comme un mélange d'essai, de boniment, de chronique, de pièce, de morceau, de baratin, de libelle, d'anecdote et de journal intime.

Cette lecture est édifiante, agréable, utile, agaçante et amusante.

Malheureusement elle souffre de sa forme dans la construction du recueil, d'un manque de découpage des paragraphes, d'un manque d'aération de la ligne.

Le propos est vivant, rapide, presque virevoltant, mais ne semble jamais s'arrêter et, au fil des pages, l'attention, l'intérêt s'amenuisent, puis viennent parfois à manquer ...







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Cheveux sur la soupe

Avez-vous remarqué ? Tout s'en va ! Tout fout le camp !

Jacques Perret avait donné le ton dans "Bâtons dans les roues", un premier volume de chroniques vagabondes.

Comme Vercingétorix voulant mettre ses braies dans le lit des romaines, et ses cheveux dans la "choupe" de "chéjar", il ne se gêne pas pour tirer, une fois de plus, sur la ficelle.

Mais Jacques Perret, s'il s'en amuse, n'est pas dupe des mots.

S'il les fait virevolter dans d'étourdissantes expressions, il n'est pas le jouet de leur musique.

Ce deuxième opus est plus enlevé, plus inspiré.

Il souffre moins de son découpage et du format de son texte.

Jacques Perret, tentant de se rendre insupportable, est incorrigible.

S'il accepte une invitation à la chasse, ce n'est pas pour prendre l'air, ni pour casser une croûte joyeuse ou se faire des relations.

C'est pour ravager un peu les récoltes des paysans, histoire de marquer le coup et d'honorer la coutume de ses aïeux.

Car "bon sang ne saurait mentir", Jacques Perret est de la joyeuse "Réaction".

Il guette le renouveau mérovingien ... attendu par tous les hommes de coeur et annoncé par un petit nombre d'esprits distingués !

Son parti-pris est celui de l'humour.

Il ironise.

souvent sarcastique, son propos n'est pourtant pas dénué de poésie, ni de tendresse.

Il jongle avec les mots avec une divertissante mauvaise foi.

Mais il a le compas dans l’œil et l’œil en face des trous et observe que livré aux avaleurs de brouillard, aux rhéteurs exotiques, la langue française n'a plus besoin de fonctionner comme un langage clair.

Jacques Perret revendique, in extrémis et à contrecœur, une petite place dans la littérature engagée :

"Quand on aura réduit la surface de la terre à celle d'une bille, il est à prévoir que surgiront de nouveaux et délicats problèmes, sans parler des anciens qui, par compression, auront pris une densité alarmante.

L'homme n'est jamais tant pressé que pour faire des conneries !" ...

"Cheveux sur la soupe" est, au final, une lecture réjouissante et salutaire.

La plume de Jacques Perret y fait merveille ...

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Histoires sous le vent

"Histoires sous le vent" est un recueil de nouvelles. Il souffle sur ces histoires un vent du sud, venu des Amériques et empli d'effluves de sueur, de révolution et d'aventures.

La conviction de l'auteur est faite que l'affaire ne regarde que lui, mais que si il la raconte, aujourd’hui, c'est sous le manteau de la littérature.

"Un général qui passe" est le plus long de ces récits.

Le général révolutionnaire Tacna Y Léon, torse puissant et fier à bras, est en fuite, poursuivi par les troupes gouvernementales. Soutenu par la population, il trouve refuge chez mama Rosa et pour tromper sa peur de la solitude, il fait venir auprès de lui, Gastenet, un médecin français.

Le diagnostique sonne comme un verdict. Le cœur du général est à bout de souffle mais celui-ci se refuse à mourir d'une vulgaire embolie.

Le médecin, imprésario magnifique d'une fin programmée, va donc scruter dans l'Histoire, convoquer d'illustres personnages, puisant au hasard dans tous les panthéons de Rome, de Bysance, du monde médiéval et chevaleresque afin de proposer à son client une fin glorieuse et originale.

Mais le général ne se décide toujours pas et les troupes du dictateur en place encerclent déjà la pauvre masure où il a trouvé refuge.......

Jacques Perret nous offre avec ce recueil atypique une petite dizaine d'histoires toutes fameuses. Certaines sont contées sous le signe, peut-être malicieux, du souvenir. L'auteur y mêle avec talent un brin de poésie, de l'humour, de l'aventure et même une pincée de fantastique.

L'action se situe en Amérique du Sud. Et même s'il ne s'agit pas là de littérature maritime, la mer y est omniprésente.

Le capitaine Bacon, ce vieux blond aux joues mal rasées et au cou tout fripé, n'est que le premier d'une savoureuse galerie de personnages hauts en couleur. Il sera suivi par de nombreux autres dont une belle et ruisselante figure de proue qui surgit, un jour, dans la cabine du capitaine Amador, de Mr Pépin Pastoret, un aventurier pantouflard en faux col qui pourtant avait traversé le pays de l'Atlantique au Pacifique sur un cheval pomponné, de Maxime un libéré de vieille date du bagne, lepidoptérophile passionné qui faisait commerce des superbes papillons guyanais et de bien d'autres.....

Trois des nouvelles de ce recueil seront reprises, dans un recueil, composé en hommage posthume, publié en 1995 et intitulé "Un général qui passe".

Il s'agit de "Le mégot", "Une belle figure qui s'en va" et du récit choisi en titre du nouvel ouvrage.

"Histoire sous le vent" est peut-être le meilleur, en tous cas sûrement le plus abouti des recueils de nouvelles de Jacques Perret et son écriture fine et élégante y fait merveille.



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L'oiseau rare

Deux nouvelles constituent ce livre, deux histoires pleines d’imagination et de pittoresque que complètent à merveille les dessins de Gus Bofa. Ces eaux fortes sont sombres et les personnages indécis comme dans le récit

Sur le pont du « Messager de Pluton » s’est échoué un drôle d’oiseaux à tête presque humaine et qui semble apprécier le rhum. Les marins s’interrogent sur ce curieux volatile tandis que des évènements étranges se déroulent sur le bateau. Le fantastique n’est jamais bien loin ni les légendes maritimes.

L’auteur emploie des mots de son invention, ce qui nous plonge davantage dans l’étrangeté du récit. Et, comme l’affirme le vieux matelot Mangebrouillard « Glémure pecteuse, houigne ! ».



La seconde nouvelle est plus réaliste avec des effets comiques. En effet, on y rencontre un paysan de Touraine qui est embauché avec son compagnon, français également, comme moissonneur chez un fermier Quaker de l’Amérique du Nord. On assiste à la confrontation de deux cultures.



J’ai aimé découvrir un auteur et son écriture pleine de fantaisie et d’humour. « L’oiseau rare, la première des nouvelles, n’est pas facile à lire avec tous ces mots sortis de l’imagination de son auteur, mais cela vaut le coup de persévérer dans sa lecture pour découvrir une histoire savoureuse et étonnante.

Je remercie Masse Critique de Babelio et les éditions Locus Solus pour cette lecture intéressante.



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Belle lurette

Ô Perret!

J'ai bien peur,

Que les lecteurs,

Horreur!

T'aient oublié.
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Le Machin, nouvelles : Le Machin ; Le Vélo ; ..

Si il est un écrivain dont on peut dire que l'écriture est une fine horlogerie dont le tic-tac, toujours régulier, soit réjouissant, c'est bien Jacques Perret.

S'il excelle dans le roman, il nous ravit plus encore dans la nouvelle.

"Le machin" est un recueil de cinq textes de longueurs assez inégales.



"Le machin" est aussi le titre du premier texte.

Marcel Ledieu, concierge au n° 3 de la rue Belle-Venette, a recueilli de l'héritage d'une vieille tante, une voiture à bras chargée de camelote et Fifine, une petite chienne obèse qui trottine derrière la carriole.

Le sort de Fifine est vite réglé.

Elle sera adoptée par la teinturière, de l'autre côté de la rue.

Mais un objet est extirpé du bric à brac, un objet dont personne ne semble connaître ni la nature, ni la raison d'être.

Il n'est pas dévoiler le ressort de l'intrigue que de révéler qu'il s'agit d'un "vistemboir"....



Si vous n'avez pour "le vélo" ni vraie sympathie, ni curiosité, passez outre le deuxième texte et essayez de la nouvelle suivante, car Jacques Perret ne traite jamais un sujet en bluette.

Il vous prévient de l'existence de passages un peu rudes qui ne toucheront que les amateurs.

Après avoir suivi, assez docilement je dois dire, ce conseil de l'auteur, je suis revenu en tapinois dès la dernière page du recueil refermée vers ce deuxième texte, petite digression si originale, qu'il serait dommage d'en manquer une ligne.



"Le pique-nique" est une aventure familiale et sylvestre.

Jacques Perret nous conte l'histoire, à la fois simple et extraordinaire, d'Émile, ce polisson, qui a vu, conséquence de ses deux forfaits, tomber sans crier gare, sur sa pauvre tête, une punition qu'il ne trouve pas si terrible :

il sera exclu du grand pique-nique annuel familial.

Il devra en profiter pour tenir compagnie à la vieille tante Mathilde.

Mais c'est sans compter sans la mansuétude de l'oncléon...et sans la bête noire, un sanglier bourru et mal élevé....



"La virée" n'est pas un conte philosophique.

L'auteur prévient qu'il ne veut pas rater ce qu'il n'a pas entrepris.

Quatre matelots du "Baracouda", un cargo de trois mille tonnes bien pesées, vont s'embarquer pour cette histoire.

Accompagnés de l'auteur, il y a Patrick, l'irlandais ; Pablo, un vieil espagnol et John, américain de Virginie et clochard de bonne famille.

Le cargo se trouvait mouillé, le soir du 24 décembre 1924 devant Michucaco, port Caraïbe.

Michucaco vaut le déplacement. La nuit de Noël s'annonçait assez bien.

Lorsque l'interdiction d'aller à terre est signifiée à l'équipage au début du repas avec le plat de tomate aux oeufs durs.

Une virée, qui semblait pourtant bien en mains, va se fourvoyer alors dans un cirage pas banal.

Et Jacques perret nous fait le récit d'une muflée, d'une cuite à quatre qui est un véritable bijou d'ironie, de fantaisie et d'humour....



"Le cartable" est un instant de nostalgie. C'est un inventaire de souvenirs, un petit texte que l'auteur aurait voulu terminer sur une note un peu futile et enjouée mais en fouillant, une dernière fois, dans sa besace il n'y a trouvé qu'un vieux préjugé d'écolier pour qui la rédaction passable est toujours améliorée par une fin triste.



Lorsque j'ai refermé, avec regret, ce recueil de nouvelles, je me suis dit qu'il était assurément le meilleur livre de Jacques Perret.

Mais parvenu au terme de chacun de ses ouvrages, je me fait cette même réflexion.

Peut-être que Jacques Perret n'a écrit que des "meilleurs livres" ou alors j'ai une chance insolente !

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Bande à part

En deux temps trois mouvements Jacques Perret précise son objectif, très loin de l'hagiographie ou du plaidoyer pro domo . D'abord, explique-t-il, son livre est la chronique "d'un maquis courtois" (au sens chevaleresque du terme) dans lequel "soufflait un esprit de mansuétude et d'inintelligence politique, assez subversif". Et par ailleurs, selon le résistant désabusé, on y trouvait "un mélange traditionnel d'idéal et de rapine, sans oublier les délicats plaisirs du hors-la-loi avec les merveilleuses latitudes du bandit d'honneur". Mais l'essentiel, c'est évidemment la camaraderie de garçons lancés dans une aventure qui les dépasse et parfois les sublime. Ce livre précieux, cet hymne à la liberté, c'est avant tout les copains d'abord.

Voilà qui est clair : n'y cherchez nulle odyssée héroïque, nulle mise en exergue de comportements inouïs. Non, l'aventure maquisarde à la mode Perret se veut modeste, œuvre de "sacripants", de "prétoriens suspects" répondant à "l'appel de la rébellion que tout homme normal entend au moins une fois dans sa vie". Ce groupe disparate, suivi dans son quotidien, est formé d'hommes ordinaires engagés dans un combat hors normes qu'ils mènent en toute simplicité sans en attendre ni reconnaissance, ni fierté. Tout juste cette aventure parviendra-t-elle (peut-être) à les révéler à eux-mêmes. Et on l'aime cette bande de bras cassés qui évolue en dehors des chemins balisés.

Voilà pour l'histoire. Mais comment pourrait-on occulter cette plus-value littéraire qu'est le style fluide, ciselé par Jacques Perret qui façonne la langue comme un ébéniste travaille le bois, la chantournant, l'égayant par la magie d'un vocabulaire choisi avec minutie et utilisé avec grâce, la pimentant d'un humour espiègle. Pour le plaisir, ce passage magnifique décrivant un parachutage d'armes : "l'apparition féerique des armes tombant du ciel dans une fantastique éclosion de trois cent vingt sept soyeuses méduses balancées dans la brise. Il pleut des hallebardes sous un nuage de nylon."

On ne peut s'empêcher de rapprocher le Perret de "Bande à part" du Gary des "Cerfs-volants", lui aussi un bel enchanteur de la langue et un beau rêveur, sans illusions, par temps de guerre. Et il y a aussi d'évidence une parenté avec Blondin. D'ailleurs, l'auteur de "L'Europe buissonnière" ne cachait pas son admiration pour "Bande à part", qu'il qualifiait de "recueil exquis d'aventures quotidiennes, modestes, domestiques, vécues par un groupe de plein vent." On ne saurait mieux dire...



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Articles de sport

Ce livre est fait d'articles parus dans différents journaux dont les plus connus sont "Le Journal" et "L'Equipe". Des articles sur le Tour de France cycliste des années 1937 et 38 pour le premier et 1952, 54, 58 pour le second.

Mais pas seulement (malgré l'illustration de couverture de l'édition de chez Julliard qui peut porter à confusion) car il est aussi question de baskets, de rugby, de football, de tennis et de bien d'autres sports.

C'est d'ailleurs dommage de n'avoir pas en référence du texte le numéro du journal et sa date de parution exacte. Les chineurs auraient été contents.

C'est un livre qui se picore. On peut y trouver sa lecture au hasard.

Ce qui est pratique en période de vacances quand les activités sont nombreuses.

Jacques Perret fait étalage de toute sa verve empreint d'un certain humour. Il y a des bons mots, des trouvailles de journaliste, mais aussi parfois la flèche passe à coté de la cible et tombe à l'eau...

Vous comprendrez que c'est inégal et j'ai regardé l'auteur faire son numéro de jonglerie avec un sourire de commisération.

Je me souviendrai des citations que j'ai relevé pour les glisser dans Babelio. Pour le reste, je crains que cela ne disparaisse rapidement de ma mémoire.
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Jacques Perret. Nouvelles : . La Bête Mahouss..

Non, Jacques Perret, votre dernier lecteur ne s'est pas esquivé discrètement, et vous n'êtes pas seul, comme vous le craignez dans l'une de ces nouvelles.

Mais comment n'êtes-vous pas plus connu? Comment peut-on vous confondre avec Pierre Perret ou avec le poète Benjamin Péret ? Comment, au mieux, n'a-t-on lu de vous que "Le Caporal épinglé" ou "Bande à part" ?

Ces nouvelles sont un délice, un délicat et subtil mélange de poésie, d'humour, de fantaisie, de réalisme, de diversité et de richesse linguistique.

Qu'il s'agisse de l'éloge jubilatoire de la pédale ("l'aile du pied" ou "le pied ailé"), de l'inventaire d'un cartable d'écolier, d'un voyage sur le dos de la bête Mahousse ou de l'épopée burlesque du remorquage d'un vélo, on voudrait que ces textes, où rien ne pèse ni ne pose, ne prennent jamais fin...
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Le caporal épinglé

Parus en 1947, ces mémoires d'un prisonnier de guerre constituent un petit pavé : 504 pages en petits caractères au Livre de Poche. Le style est très particulier, qui mélange les imparfaits du subjonctif aux termes argotiques, mais il demeure allègre et emporte sans faiblesse le lecteur de la défaite de juin 1940 à l'évasion enfin réussie en 1943.


Ceux qui connaissent la série américaine "Stalag 13", rebaptisée en français "Papa Schulz", peuvent déjà se faire une première idée du livre de Jacques Perret. Les situations y sont évidemment bien moins comiques que dans le feuilleton américain mais on y rencontre bel et bien le même type de personnages et avant tout des prisonniers français dont le sens quasi inné de la fainéantise organisée met au désespoir des sentinelles allemandes atterrées par un tel mépris du travail et de la discipline.


Il y a d'abord le héros-narrateur, le caporal du titre, Jacques Perret lui-même, qui, du premier camp de la débâcle, encore en territoire français, jusqu'à celui de "travaux volontaires" du côté de Berlin, nous dresse un impressionnant tableau de l'époque et de ses protagonistes : l'amertume de la défaite d'abord, la haine générale moins envers l'envahisseur qu'envers les généraux qui, tel Gamelin, ont permis une telle déroute, le système D qui renaît aussitôt des cendres de 40 comme un bouclier protecteur, la méfiance instinctive envers les Anglais, l'amusement et l'ironie avec laquelle sont regardés ces Allemands qui n'arrêtent pas de répéter : "Krieg gross malhêur !", l'intérêt naissant pour un certain général réfugié à Londres (entouré d'Anglais, il est bien à plaindre) et l'expectative avec laquelle ces prisonniers expatriés contre leur gré envisagent Pétain et son gouvernement.


Aux "bouteillons" (= rumeurs) selon lesquelles ils seront bientôt libérés, succède pour les prisonniers la montée dans un train blindé qui les amène ... en Allemagne, dans un camp où ils seront tenus de travailler pour "la grosse Rèche" (= le Grand Reich). A partir de là, tous bien sûr ne rêvent plus que d'évasion et, à l'image de Steve Mc Queen dans l'inoubliable "Grande évasion", certains en feront même une obsession. Toujours repris mais jamais vaincus, ces "frühstige" remettront cela sans cesse jusqu'à ce que cèdent les "coups idiots" (= les échecs) et triomphe la réussite.


Et le lecteur s'attache à cet acharnement, à cette quête de la liberté pour la liberté. Il les suit tous, Pater le râleur, Ballochet l'incisif, Ryswick le comédien, Reuter "l'enfant du siècle", Lourmel le Breton et tous les autres, dans l'espoir que, tôt ou tard, le Destin leur sourira.


La route est longue et pleine d'embûches, avec des moments parfois superbes comme ce réveillon auquel les prisonniers récidivistes, enfermés dans un camp surnommé "La Discipline", sont invités un à un (et en cachette des hautes autorités) par une sentinelle borgne qui a connu la Grande guerre ("Das war Krieg !") et qui finira par demander sa mutation sur le front de l'Est ou ces promeneurs allemands qui s'arrangent pour faire passer aux prisonniers casse-croûtes et menues douceurs.


Le mérite de Jacques Perret est de montrer la guerre et ses conséquences sans le manichéisme outrancier qui est trop souvent de mise. Au demeurant - je l'avais lu dans un autre ouvrage - il évoque rarement "les Nazis" mais parle des "Allemands", des "Boches", des "Shleuhs", des "Frisés", etc ... C'est l'esprit germanique qu'il tourne en ridicule ou encore - ça lui arrive - qu'il admire pour telle ou telle capacité ignorée du Français. Contrairement à nous et de façon très paradoxale, ni lui ni ses camarades ne pensent en termes politiques : où se trouve la politique d'ailleurs en ce temps-là puisque c'est le chaos ? Les seules pointes idéologiques jaillissent ici et là, dans la bouche de certains Allemands trop zélés et dans celle des planqués comme M. Mercadier, mais les prisonniers n'y portent guère attention. Ce n'est que Gare du Nord - soit à la 500ème page - que Perret se rend compte que, désormais, il lui faudra compter avec Vichy, ses collabos et ses dénonciateurs. Jusque là, les difficultés de son entreprise son bien trop grandes et bien trop nombreuses pour qu'il y songe.


Un livre passionnant, à découvrir ou à redécouvrir et qui, avec ses descriptions de chambrée et ses discussions typiquement masculines, devrait plaire particulièrement aux Notabenistes du sexe dit fort. ;o)
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Le caporal épinglé

Dés juin 1940, le caporal Jacques Perret, avec son escouade, a été fait prisonnier par les Allemands et cette expérience, deux ans en tant que prisonnier de guerre, il nous la rapporte scrupuleusement, prenant son temps, n'épargnant aucun détail.



Passé le choc de l'humiliation, passé l'hiver rigoureux, et bien qu'il commence à ressentir sa" piaule" avec les copains comme un deuxième chez-soi, Jacques Perret, en grand sceptique, a vite compris que leur sort n'intéresse personne et que pour la quille, il faudra repasser. Il en a un peu marre d'entendre les Allemands répéter "Ach! Krieg, gross malheûr" sur un ton compatissant ou vengeur.



Saboter le travail obligatoire ne lui suffit plus : l'idée de l'évasion le taraude, se construit, puis se reconstruit après l'échec, dans une belle obstination.



Dans la boue, la faim, le froid, il y a des hommes dont Jacques Perret dresse des portraits attentifs, exigeants, nuancés, drôles. Il sait faire entendre leur espoir, qui a sérieusement besoin de l'étayage de la solidarité, de l'humour, de l'irrévérence pour ne pas sombrer. Ces hommes échangent mégots et bons tuyaux, errent entre ennui et nostalgie, travail et rébellion, courageux, malins, solidaires.



720 pages compactes me direz-vous? Oui, il s'agit bien d'une espèce d'encyclopédie exhaustive de la condition du prisonnier de guerre, livrée en 93 chapitres dans une écriture serrée, et on pourrait redouter l'opus étouffe-chrétien. Mais il n'en est rien tant la prose est foisonnante et inventive, alternativement gouailleuse ou emportée, le propos tout à la fois critique et magnanime. La pertinence, associée à l'impertinence de l'observation et de la réflexion, élèvent l'intensité de la lecture et la rendent fascinante, jamais fastidieuse.



J'ai lu, l'émotion au bord du coeur, le rire au bord des lèvres, comme je regarderais un numéro de cirque : quelque chose de scrupuleusement travaillé, longuement élaboré, totalement affûté, qui, dans un habit scintillant, allie le consciencieux et l'inventif, l'épopée et la précision, l'humour et le romantisme, l'application quotidienne et l'envolée extraordinaire.



il faut lire ce livre festif d'intelligence et de verve, ne pas s'effrayer de son effervescente monstruosité, se repaître de sa noirceur et de sa drôlerie. On y fera connaissance de Jacques Perret, un homme que certains éléments biographiques et trois pages sur les Juifs ne devraient pas forcément nous rendre sympathique. Mais il incarne, comme son livre, l'ampleur de la complexité humaine : c’est un aventurier poète, un combattant incessant, un ami fidèle, un observateur humaniste.











pour attraper de bon fou rire aux enterrements il faut avoir grandi dans le respect des choses de la mort

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Le caporal épinglé

« Un coeur chouan brodé sur sa vareuse, un tromblon à l'épaule, Perret entra donc en Résistance en sifflotant une chanson royaliste accompagné de " quelque ombre choisie comme Pharamond, Charette, Louis le Gros ou Gaston de Foix ", comme il le raconte dans Bande à part. » C'est en lisant cette phrase dans un long article fourre-tout sur l'anarchisme de droite que je découvrais l'existence de Jacques Perret. Cette petite phrase m'avait interpelé : j'aime les originaux, je décidais donc de lire ce Caporal épinglé. Ironie, légèreté, lucidité, absence de tragique, sens de l'observation, fantaisie, gaîté, raffinement du ton et gouaille populaire mélangés... Le tout baigné dans un grand bain d'autodérision : ce fut une grande découverte, comme on en fait peu dans une vie de lecteur.



Jacques Perret est, pour moi, l'esprit français par excellence et le caporal épinglé peut-être son meilleur livre.
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Histoires sous le vent

Après mon gros livre sur les manœuvres militaires italiennes pendant la seconde guerre mondiale, j’avais besoin d’un livre qui me fasse respirer, et c’est ce petit opus que j’ai tiré de mes étagères. Jacques Perret n’est pas un auteur très connu de nos jours. J’ai découvert son existence au détour d’une critique publiée par un lecteur féru de livres pleins d’aventures et d’eau salée. J’avais déjà découvert [[Edouard Peisson]] grâce à lui, donc ça ne pouvait pas être un mauvais conseil, mais j’ai peiné à trouver un livre de ce monsieur, et ce n’est qu’il y a quelques mois que j’ai trouvé ce exemplaire, un peu caché sur les étals du marché aux livres d’occasion mensuel dans le village voisin du mien. La critique que j’avais lue datant d’il y a un bon moment, je n’avais pas trop d’idée de ce dans quoi je m’embarquais, et c’est après quelques pages que je me suis aperçue qu’il s’agissait d’un recueil de nouvelles.

Et je me suis aussi aperçue, au fil des pages, que ce livre est une petite pépite. Certes, il correspondait exactement à ce que je voulais lire au moment où je l’ai pris, mais ce n’est pas seulement cela. Les nouvelles se tiennent par l’atmosphère qu’elles dégagent, une atmosphère un peu pesante d’aventures âpres, mais dans le même temps, une atmosphère d’incertitude, on ne sait jamais vraiment de quoi sera fait le prochain paragraphe. S’il y a une certaine unité dans les nouvelles, une unité de lieu mais aussi, comment dire, une unité d’atmosphère, il y a aussi une grande diversité dans les thèmes abordés. Il est souvent question de chercheurs d’or et d’aventure le long des grands cours d’eau de la Guyane, mais dont la vie est à chaque fois appréhendée sous des angles différents. Chaque nouvelle est une découverte, une surprise que rien ne laissait prévoir.

Et pour ne rien gâcher, l’écriture est soignée, les descriptions font mouche, et les premières phrases de chaque nouvelle m’ont à chaque fois accrochée, ne me laissant pas le choix, je devais lire cette nouvelle, puis la suivante, et encore la suivante.

Une superbe découverte, donc. Assez inattendue, je ne savais pas que j’avais une telle pépite sur mes étagères. J’ai hâte de lire d’autres ouvrages de Jacques Perret, il faudra que je sois vigilante en arpentant les rayons de mes libraires préférés, en neuf et surtout en occasion car Jacques Perret ne semble pas avoir la faveur des rééditions.
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Le caporal épinglé

Un des livres qui permet de rire de situations dramatiques, à l'époque où je l'ai lu, je ne me posais pas trop de questions, d'autant que dans le même temps, mon grand oncle qui avait été prisonnier de guerre (KG) nous racontait des histoires assez proches.

Ce livre fait apparaître les prisonniers français comme de joyeux drilles qui essayaient de se débrouiller au minimum pour manger, au mieux pour se faire la belle. Toutes les astuces, tirées de la réalité, sont racontées comme des sketches et c'est assez savoureux, d'autant que le style gouailleur (maintenant un peu daté) en rajoute, dans la dérision des allemands disciplinés et lourdauds face aux français débrouillards. C'est un peu la même veine que le film la 7ème compagnie, en plus réaliste quand même.

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Le vent dans les voiles

Gaston Le Torch est retraité de l'infanterie coloniale, il se consacre à reconstituer à la bibliothèque nationale le passé héroïque de ses ancêtres qui ont tous été marins.

Au hasard de ses recherches il découvre qu'Eugène Le Torch, en 1697, commandant la frégate "La Doulce" a fui devant les anglais.

Un soir, peut-être à cause du petit vin blanc qu'il affectionne, il se retrouve à bord de la frégate en présence de son aïeul.

Alors commence une formidable et étrange histoire maritime dans laquelle il ne manque même pas la dame d'une grande beauté qui sera le prix d'un combat épique.

Assurément un des meilleurs romans de Jacques Perret, qui déploie ici tout son énorme talent d'écrivain pour nous faire sentir l'air du grand large à bord de "la Doulce".
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