Citations de James Graham Ballard (254)
Il s’épuisait systématiquement à dresser un catalogue terrifiant d’accidents imaginaires et de folles blessures –poumons d’hommes âgés ponctionnés par des poignées de portière, poitrines de jeunes femmes empalées sur des colonnes de direction, joues de beaux adolescents déchirées par les chromes de l’éclairage intérieur. De telles blessures lui semblaient la clé d’une nouvelle sexualité, née d’une technologie perverse.
A travers Vaughan, j’ai découvert la signification véritable de l’accident automobile, le sens des chocs de plein fouet et des tonneaux, l’extase des collisions de front.
Son sujet, c’était l’interaction d’un individu, quel qu’il soit, et de son véhicule ; les transits de son corps sur les coussins de vinyle et la cellulose miroitante ; le profil de son visage sur les cadrans du tableau de bord.
La violence policière, notai-je, était directement proportionnelle à l'ennui des policiers, et nullement à l'éventuelle résistance offerte par les protestataires.
Respecter les lois n'a rien à voir avec être un bon citoyen. Ça signifie ne pas embêter la police.
Puis, à seize ans, je découvris Freud et les surréalistes, chapelet de bombes qui s'abattit juste devant moi, détruisant tous les ponts que j'hésitais à traverser.(...) J'avais la nette impression, je l'ai d'ailleurs toujours, que la psychanalyse et le surréalisme ouvraient les portes de la personnalité humaine et de la vérité de l'être, mais aussi mes portes personnelles.
Il est intéressant de noter que dans toute société industrielle, il y a d'habitude une révolution sociale par siècle, et que les révolutions successives reçoivent leur impulsion de niveaux sociaux de plus en plus élevés. Au XVIIIe siècles, ce fut le prolétariat urbain, au XIXe les artisans, et dans cette révolte-ci, ç'a été l'employé de bureau à col blanc, vivant dans un simili appartement moderne, minuscule, soutenant par le crédit pyramidal un système économique qui lui refusait toute liberté de choix et toute personnalité, et l'enchainait à un millier d'horloges...
On eût dit que son cadavre était en train de cristalliser, quittant enfin cette prison dimensionnelle étriquée pour un univers plus beau.
Nous croyons tous au triomphe des sentiments sur la raison.
Le monde commençait de s'épanouir en blessures.
Already I was convinced that there was no evil, and that even the most plainly evil impulses were merely crude attempts to accept the demands of a higher realm that existed within each. By accepting these perversions and obsessions I was opening the gates into the real world, where we could all fly together, transform ourselves at will into the fish and the birds, the flowers and the dust, unite ourselves once more within the great commonwealth of nature.
The last of the townspeople had walked home through the jungle streets. No one had noticed that I was naked, taking for granted that the pagan god of their suburbia, the presiding deity of these television sets and kitchen appliances, would be dressed in nothing but the costume of his skin.
From the door of a telephone booth the village policeman watched us with a look of deep suspicion, obviously debating whether to caution the whole town for a serious infringement of the by-laws, some medieval statuts against miscellaneous and indiscriminate flying. Then I heard him shout out, aware that he was alone in Shepperton. He threw away his bicycle and ran after us. Helmet in hand, he clambered on to the air and sailed along serenely at the rear of the procession like the guard of an aerial train.
Arm in arm, standing in the gondola of an invisible airship, we flew across the rooftops of this jungle town, I in the rags of my flying suit, Miriam in her resplendent wedding gown. Her eyes were open, but she seemed almost to be asleep, staring at me like a happy child excited by a strange dream in which she has glimpsed her first love. Holding her cold hands, I felt that she was now dead, that her body stood in the streets far below me, and that I was flying away with her soul.
Raising my bandaged fists, I stepped through them to the doors of the church, lifted the heavy knocker and struck three times. I was irritated by these timid people in their well-pressed suits and flowered dresses, with their polite religion. I was tempted to break down the doors and drive them into their pews, pen them there while I performed some kind of obsene act in the aisle - press the blood from my hands against their bleeding Christ, expose myself, urinate in the front, anything to shake them out of their timidity and teach them a fierce and violent dread.
I knew then that I would stay in this small town until I had mated with everyone there - the women, men and children, their dogs and cats, the cage-birds in their front parlours, the cattle in the water-meadow, the deer in the park, the flies in this bedroom - and fused us together into a new being.
But altough the townspeople have left, I can still feel their presence within my body. In the window of the appliance store I see my skin glow like an archangel's, lit by the dreams of these housewives and secretaries, film actors and bank cashiers as they sleep within me, safe in the dormitories of my bones.
On a soumis aux sujets divers types de morts et on leur a demandé de choisir celles qu'ils redoutaient pour eux-mêmes et les membres de leurs familles. Le suicide et le meurtre se sont avérés sans exception être les plus redoutés, suivis de la mort dans une catastrophe aérienne, l'électrocution et la noyade. La mort par accident d'automobile a été unanimement considérée comme la moins désagréable, en dépit des souffrances souvent longues avant le décès et des graves mutilations occasionnées.
Nader a été le premier de ces écolos puritains, qui prolifèrent aujourd'hui et qui sont convaincus que tout est mauvais pour nous. En réalité, bien trop peu de choses sont mauvaises pour nous, et l'on peut craindre un avenir indéfini empli de pieuses certitudes bourgeoises. Il est curieux que ces puritains trouvent un tel écho - il y a un profond malaise sous-jacent quant à la vitesse du changement social, mais peu de changement visible se produit réellement. La plupart des changements superficiels appartiennent au contexte du mot "nouveau", que l'on applique aussi bien au design d'un réfrigérateur qu'à celui d'une tondeuse à gazon. Les changements réels sont pour leur plus grande part invisibles, et les gens ont adopté les magnétoscopes, les télécopieurs, les traitements de texte sans la moindre réticence, dans la foulée des nouvelles moeurs sociales qui ont surgi autour d'eux.
Dans le monde entier, les plus grands musées se sont inclinés devant l'influence de Walt Disney et sont devenus eux aussi des sortes de parcs thématiques à leur manière. Le passé, qu'il s'agisse de la Renaissance italienne ou de l'ancienne Egypte, y est réassimilé et homogénéisé sous sa forme la plus digeste. Désespérément en quête de nouveauté, mais décontenancés par tout ce qui ne nous est pas familier, nous recolonisons à la fois le passé et le futur. On remarque la même tendance dans les relations personnelles, dans la manière dont les gens sont censés se "redimensionner", avec leurs émotions et leur sexualité, en des formes attirantes et instantanément séduisantes.