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Critiques de James Morrow (114)
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Utopiales 2011 : Anthologie

Le Radeau du Titanic – James Morrow (50p) *****



Dans une ligne historique parallèle – une uchronie – le Titanic fait naufrage... façon « la Méduse » ! Par journal de bord interposé, voici le récit des survivants, d'avril 1912 à novembre 1914.

Quelle agréable surprise d'entamer ce recueil d'aussi belle manière ! Après un démarrage un tantinet laborieux du fait des nombreux personnages et d'une chronologie peu claire – défauts qui s'estompent rapidement, la lecture devient rapidement plaisir, soutenue par un style à l'ancienne irréprochable, parfaitement adapté à l'époque ciblée. Les évènements s'enchainent au rythme fluide des pages du journal. Progressivement, le récit d'aventures classique fait place au récit de survie glauque, qui lui-même se mue en récit décalé et comique où l'ironie, la satire et l'absurde font merveille.

D'une façon étonnamment similaire à ce que propose José Saramago dans L'Aveuglement, l'auteur exploite une situation chaotique artificielle pour donner libre cours à sa critique des mœurs humaines. C'est drôle et dérangeant à la fois.

Note : un récit très, très anglo-saxon. Dans le style, les personnages, les références, la culture. Je ne suis pas un expert, mais je pense que cette nouvelle vaut le détour rien que pour cela.

Thèmes abordés : uchronie, naufrage, roman d'aventures maritimes, guerre mondiale, survie, critique de la société, lutte des classes, politique, pouvoir, humour.



Le Train de la réalité (fragment) – Roland C. Wagner (40p) *



Note : le texte est présenté comme un « spin off » du roman « Rêve de Gloire ».

« Ceuc qui t'disent queul' la casbah dans les soixante c'était l'pied d'acier, y z'en rajoutent tous un sacret paquet, genre cadeau d'Noël mais en p'us gros, tu vois ? »

Bon, c'est comme ça 40 pages...

Pour donner une idée, on est tout à fait dans le type de récit et le style des films biographiques sur les groupes ou les stars de la musique. C'est donc du pur récit, des tranches de vie qui de succèdent, remplies d'anecdotes croustillantes, de confessions. Il y a souvent de nombreuses pointes d'humour (les scénaristes y veillent pour maintenir l'intérêt).

Ce texte est le récit – par l'un de ses survivants – d'un des rares groupes de rock français du réseau underground qui réussit à traverser toute la décennie des années 60.

Au contraire des films du genre que j'ai pu voir, j'ai trouvé ce récit plat, sans humour, finalement peu intéressant et surtout pénible.

Enfin, je n'ai pas compris le choix de ce texte dans une collection consacrée aux littératures de l'imaginaire...

Thèmes abordés : rock français, 60s, sexe, drogue, musique, circuit underground.



L'Invention du hasard – Norbert Merjagnan (40p) ***



Dans un avenir relativement proche où le capitalisme atteint des sommets, une jeune fille accepte la proposition d'un vieillard immensément riche d'échanger leurs corps et... leur vie.

Du bon et du mauvais.

L'écriture est singulière. Évocatrice et puissante. Un style prononcé que j'ai trouvé parfois excessif. De la recherche dans les images, mais au prix d'une lecture alourdie.

L'atmosphère futuriste est très bien rendue.

Par contre j'ai trouvé que le message se perdait dans les divers thèmes explorés. La chute n'améliore pas ce problème.

Thèmes abordés : biotechnologie, critique de la société, capitalisme, lutte des classes



Lignes parallèles – Tim Powers (20p) ***



Deux vieilles femmes, jumelles. L'une meurt, mais persiste à communiquer avec les vivants.

Une petite nouvelle sans prétention, mais correctement construite, avec une chute qui fonctionne.

On nage dans le fantastique ici, avec un thème ultra-classique et des ressorts tout aussi classiques.

Thèmes abordés : fantastique, gémellité, phénomènes paranormaux, communication avec les morts, domination



K**l me, I'm famous ! – Eric Holstein (10p) ****



Décidément, un recueil très rock !

Cette fois-ci, nous voilà plongés dans les années 70, et c'est le récit d'un journaliste de la presse spécialisée qui nous est conté.

Véritable antithèse du texte «  Le Train de la réalité », on a le droit ici à une nouvelle de très bonne facture. Courte et agréable à lire, croustillante, avec une chute sympathique. Une touche de fantastique.

Thèmes abordés : rock, 70s, sexe, drogue, dépendance, musique, fantastique.



Salvador – Lucius Shepard (40p) ***



Une unité combattante américaine se retrouve engluée dans la jungle du Salvador.

Je connais trop peu l'histoire de cette région du monde pour savoir si la nouvelle ici contée s'inscrit dans une réalité historique.

Quoiqu'il en soit, l'auteur a été correspondant de guerre au Vietnam, et il semble avoir beaucoup à dire de ce type de guerre. Et il en parle bien.

Ce qui frappe dans ce texte, au-delà de l'écriture agréable et fluide, c'est la qualité d'immersion. On s'y croirait, à la place de ces jeunes guerriers américains.

Pour ce qui est de l'histoire, j'ai apprécié l'intrigue et les thèmes, mais je n'ai pas été tout à fait convaincu par le traitement global, ni par la chute.

Thèmes abordés : guerre du Salvador, drogue de guerre, hallucinations, chamanisme, antimilitarisme



Pragmata – David Calvo (10p) **



Un jeune homme – un cas social – raconte son quotidien sur une très courte période, façon journal intime.

Sur le thème de la procrastination, l'auteur brode un court texte qui fait très improvisation. Le style est fluide, agréable et très moderne. On se reconnaitra... ou pas dans le personnage-narrateur.

C'est un style qui me fait penser aux Bridget Jones autres romances (en plus cru), auxquelles on aurait jeté la part romance pour ne conserver que la part réflexion/monologue.

Un texte détente sympathique, avec pas mal d'humour qui fonctionne, mais qui me paraît trop éloigné de la forme de la nouvelle pour figurer dans ce recueil, sans parler du fait qu'il n'incorpore aucun élément de littérature de l'imaginaire...

Thèmes abordés : procrastination, dépendances, cas social, humour.
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Lazare attend

⭐️⭐️⭐️.5/5



Lazare, ami de Jésus n'a jamais été ressuscité. Il s'agit juste d'un quiproquo ! Et ça, il va essayer de le défendre jusqu'au bout. Comme il va essayer de défendre le fait qu'il est malgré tout bien le vrai Lazare, et que les trois Marie sont bien les Marie proches de Jésus, et ce, des siècles plus tard. Car oui, Lazare va voyager dans le temps, grâce à un navire magique et son commandant un crocodile bionique. Étrange comme résumé non ? Il est vrai, c'est pour le moins déroutant. Mais c'est ce qui donne le cachet à ce roman !



Chrétiens convaincus et fermés d'esprits, passez votre chemin, car l'auteur ne prend pas de pinces avec la religion et cela risque de vous faire grincer des dents pour blasphème. Entre épisodes et personnages bibliques repris à sa propre sauce, et les remarques satiriques, cela m'a personnellement fait rire et j'ai trouvé cette vision du christianisme assez rafraîchissante. L'auteur a une plume bien à lui, et nous sentons qu'il s'y connaît sur le sujet, mais sait rendre intéressante toute cette histoire burlesque et déroutante à travers des personnages attachants qui ont beaucoup d'humour. Beaucoup de thèmes et de questionnements sont donc amenés : la stupidité de la haine chrétienne contre les Juifs, la panoplie d'ordres chrétiens et les guerres qui s'y jouent entre eux sur l'interprétation des textes, Jésus serait-il plus homme de chair et de sang que divin ? Ainsi que le grand but qui régit Lazare : Le Concile de Nicée et le questionnement sur la Trinitée et la nature divine de Jésus. S'enchaînent ainsi voyages temporels des années 60 à l'Antiquité et géographiques, de New-York à Constantinople, pour permettre à Lazare de sauver les opprimés.



Lazare m'a fait plusieurs fois rire par sa nonchalance et sa crédulité touchante. Il sera secondé par les trois Marie : Marie de Nazareth, mère de Dieu, mais surtout charpentière et fière de l'être qui ne comprend pas le statut divin de son fils ; Marie Salomé, la princesse et danseuse et Marie-Madeleine, la (fausse) prophétesse. Sans compter Sobek, le capitaine crocodile, fidèle guerrier ! Une panoplie de personnages hauts en couleurs, tous attachants, et au final très humains ! J'ai trouvé qu'ils faisaient toute la saveur du roman et de sa lecture.



En bref, une bonne petite lecture divertissante, rocambolesque mais très appréciable et drôle à lire grâce à ses personnages.



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Cité de vérité

Ce roman m'a laissée une peu déroutée. Je l'ai lu dans une collection pour la jeunesse mais je ne l'ai pas trouvé facile pour ce public à cause des références culturelles et de l'implicite du texte.

Dans une société où le mensonge n'existe plus (parce que la population se fait "brûler le cerveau" à 12 ans), Jack exerce le métier de déconstructeur, une sorte de critique d'art qui consiste à détruire tout ce qui diffère de la réalité. Le lecteur découvre une société de consommation modérée par des propos objectifs peu publicitaires ("sandwich à la vache morte à un prix raisonnable") où les adultes conditionnés tiennent des conversations assez surréalistes en s'échangeant froidement des vacheries.

Mais le jour où il apprend que son fils est atteint d'une maladie incurable, le héros est prêt à accepter l'illusion pour tenter de prolonger la vie de ce dernier...

Cela invite à une réflexion intéressante sur le pouvoir des mots et l'usage de la parole et du savoir-vivre en société.
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La Trilogie de Jéhovah

Trois romans pour le prix d'un, hop ! Mais pas n'importe quels romans, puisque le personnage qui donne corps à toute l'histoire, c'est Dieu en personne, himself, lui-même ! James Morrow imagine, dans "La trilogie Jehovah", qu'un beau jour le corps de Dieu tombe dans l'Océan. Il est mort, tout ce qu'il y a de plus raide, kaputt. Mais on ne peut pas laisser le corps de Dieu, long de plusieurs kilomètres, flotter comme un vulgaire déchet dans l'eau salée. Et s'il pourrissait ? Il faut donc le remorquer vers les pôles, en attendant de savoir ce qu'on va bien pouvoir faire de ce cadavre encombrant, en attendant que les autorités religieuses de tout poil - sacrément sonnées par l'incident - se remettent de leur émotion et prennent une décision. Et tout le monde embarque sur le remorqueur, pour la dernière croisière du divin barbu ...
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Notre mère qui êtes aux cieux

Murray Katz est juif, donneur de sperme, gardien d'un phare éteint, et passablement perturbé. Nuit et jour il veille sur un bocal à harengs qu'il a sauvé d'un attentat , qu'il a installé dans un berceau, et dans lequel germe ...

Oh et puis vous n'avez qu'à le lire, voilà.
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Cité de vérité

Soyons d’accord, je ne suis pas bien sûr d’avoir saisi la morale, s’il y en a une… La vérité à tout prix, c’est mieux que la possibilité de mentir ? Pouvoir mentir, c’est avoir la liberté de vivre ? Le mensonge est un mensonge ?

La fin m’a laissé un peu sur la mienne pour ça…

Pour le reste, tout se déroule on ne peut mieux, l’écriture est fluide, on ne s’embête pas trop de détails ou descriptions matériels inutiles pour laisser place à la réflexion…

Une sorte de conte philosophique propre à se poser des questions…

Avec une première partie légèrement déstabilisante quand on n’a pas lu le 4ème, à se demander comment il va tenir tout un livre avec ça ; quelques scènes bien amusantes avec cette vérité à tout prix, une histoire qui se pose de façon intéressante…

J’aurais été encore plus emballé si la fin m’était apparue plus claire avec aussi, peut-être, un peu plus de rebondissements où de problèmes dans cette histoire qui se déroule bien, mais tranquillement, sans obstacles, la rendant un poil moins trippante et plus intellectuelle…

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Lazare attend





Une manière amusante de se replonger dans les Écritures et l'histoire.

Pauvre Lazare, ressuscité (même s'il ne veut pas que ce soit dit...) et qui ayant la chance (?) de voyager dans le temps et l'espace décide de peser dans le cours de l'histoire et de la Chrétienté avec l'aide de Sobek, magnifique crocodile mécanique et des trois Marie.

Au travers de son roman, l'auteur nous permet de replonger dans l'histoire et de vérifier nos connaissances en la matière.

Son écriture est fluide, jamais ennuyeuse.

On termine ce roman en rêvant de monter à bord du Neithotep.
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Lazare attend

Cette fantaisie historique nous emmène sur les traces de Lazare, qui survit à Jésus, et erre, pèlerin sans destination, à Carthage, puis au 4e siècle, à la cour de l'empereur Constantin et au concile de Nicée avec pour destination finale le Manhattan des années 60. Car, oui, grâce à un vaisseau spatio-temporel conduit par Sobek, un robot à tête de crocodile, créé par les anciens dieux, on voyage dans le temps dans ce récit où le burlesque et la christologie se mêlent aux références cinématographiques, à l'épicurisme, l'arianisme, le marcionisme et la gnostique. Et Lazare n'est pas seule, ils croisent les trois Marie qu'ils emmènent dans ses mésaventures théologiques.
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L'apprentie du philosophe

Dans les monstres célèbres de la Science-Fiction, on trouve des mecs faits de bric et de broc, des créatures extraterrestres, des Vénus mécaniques. Mais James Morrow a décidé de changer tout cela, en nous livrant un clone humain doté de mensurations de rêve, d'une chevelure de feu, d'un regard à faire pâlir Ava Gardner. Le tout sur une île paradisiaque, parce qu'il ne faut pas déconner, c'est quand même plus chouette qu'un cimetière est-allemand, ou je ne sais quoi du même genre.

Et comme si cela ne suffisait pas, il a réitéré l'opération, si bien que ce sont trois drôles de dames qu'on rencontre sur ces rivages tropicaux, trois "sœurs" nées du cerveau dérangé d'une même scientifique, laquelle a le bon goût de mourir en laissant le héros dans le pétrin quelques pages après le début.

Le héros, parlons-en. Mason Ambrose, étudiant en philosophie, spécialisé dans les questions éthiques, qui a eu la mauvaise idée de contrarier son directeur d'études le jour de sa soutenance de thèse. Bref, sans emploi et sans espoir d'avenir, Mason accepte un emploi fructueux, qui consiste à doter une jeune fille inconnue d'un embryon de morale. La jeune fille, vous l'avez deviné, est l'une des trois sœurs, née vierge de toute émotion et de tout sens éthique dans un corps de jeune femme. Mason se rend compte assez rapidement que sa mission de la difficulté de sa tâche, de l'existence des autres sœurs, de la folie de leur génitrice. Mais il fait de son mieux, du moins le croit-il. Les autres précepteurs se résignent eux aussi à leur sort, et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Amen.

Après la mort de leur mère, les trois jeunes filles suivent des destins séparés: la plus jeune reste sur l'île , tirant ses enseignements de la nature environnante et de l'amour de ses tuteurs; l'adolescente part pour l'université de médecine, et l'aînée se retrouve sans directeur de conscience lorsque Mason décide de retourner à une vie tranquille , sa nouvelle vie de bouquiniste .

Bien sûr, il y a des contrariétés. La petite amie de Mason doit avorter suite à un gros souci de santé, mais leur couple s'en remet . La boutique de livres d'occasion connaît un certain succès malgré des débuts difficiles. Finalement, Mason trouve une certaine quiétude.

Jusqu'au jour où un clochard handicapé vient le trouver. Il se nomme John Snow, présente une grande ressemblance physique avec Mason et prétend être son fils, celui-là même qu'il n'a jamais eu, suite à l'avortement de sa femme ...

Je vous l'accorde, cette histoire abracadabrante est quelque peu difficile à suivre. Et je vous épargne la suite, de plus en plus délirante. Mais c'est du grand Morrow, un auteur qui sait évoquer des sujets complexes de philosophie et de religion comme d'autres beurrent une tartine, un auteur qui ne tombe jamais dans la morale à deux sous grâce à l'humour, un auteur qui a le bon goût de laisser le lecteur libre de ses opinions. Et c'est tellement rare que l'aventure vaut la peine d'être vécue, lue, savourée. Tout l'art de ce roman, c'est qu'on peut à la fois le lire comme une histoire rocambolesque, un drame antique ou une parabole religieuse. Les trois sœurs, comme les trois Marie de l’Évangile, incarnent différentes époques de la pensée, différentes options de vie, et si les plus érudits s'amuseront à dénicher les mille références culturelles dissimulées dans l'ouvrage, tout le monde s'amusera bien.

Bref, à offrir d'urgence à votre tonton réac, à votre tatie Mao, à votre neveu féru d'aventure: à tout le monde !

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L'arche de Darwin

Très agréable découverte avec ce roman pioché un peu au hasard dans ma bibliothèque où il dormait oublié depuis deux ans, et pour lequel je ne nourrissais pas de fortes attentes. Je ne connaissais pas cet auteur, mais je suis maintenant curieuse de lire d'autres œuvres de sa part.



En 1848, Chloe Bathurst, actrice au chômage dont le père est couvert de dettes, entend parler d’un concours offrant un prix de 10 000 £ à qui prouvera (ou réfutera) scientifiquement l’existence de Dieu. Elle dérobe alors à Charles Darwin le manuscrit prototype de L’Origine des espèces afin de le présenter au jury. C’est le début d’une expédition rocambolesque vers les îles Galapagos pour en ramener des spécimens qui prouveront cette fameuse théorie.



Cet ovni littéraire de 600 pages forme un mélange inattendu et harmonieux entre un roman d’aventures bourré de rebondissements loufoques et une satire politico-religieuse concentrée au vitriol. Le tout est servi par une plume jubilatoire, pastiche des romans victoriens au style pompeux et aux dialogues délicieusement irréalistes (bravo à l’auteur ainsi qu’à la traductrice). Nul souci de vraisemblance, on est ici dans le grotesque assumé : selon les gouts littéraires, ça passera ou ça cassera, mais dans tous les cas, les premières pages donnent directement le ton. Les personnages sont aussi caricaturaux que colorés, on les suit avec plaisir même si on ne s’y attache pas vraiment (sauf peut-être à Darwin dont le portrait est très touchant).



Les débats théologiques sont passionnants, on suit avec curiosité les bouleversements religieux provoqués par la théorie de Darwin. On explore sous toutes les coutures les rapports souvent houleux (mais pas toujours) entre la religion et la science. C’est très documenté, bourré de références diverses qu’on peut s’amuser à repérer. Cela donne du corps à une œuvre qui serait sans cela un roman d’aventures fun mais vite oublié.



Seul petit reproche, 600 pages sur ce ton-là peuvent donner l’impression que l’histoire s’étire en longueur. Je conseillerais d’étaler la lecture sur plusieurs semaines pour ne pas saturer.
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Notre mère qui êtes aux cieux

J'ai trouvé ce roman drôle et irrévérencieux comme du Bukowski.

La moquerie athée prend la place de la moquerie graveleuse.

L'auteur tient le rythme sur tout le roman.

J'ai envie d'en lire plus de lui.

La trame est simple et efficace. Une fille née d'un utérus mécanique et d'un don de sperme a des pouvoir magique. La philosophie sous-jacente peut être résumé à des questionnements sur l'origine du Mal.
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Le vin de la violence

Un roman court de James Morrow, c'est assez rare. Et un mauvais roman de James Morrow, ça n'existe pas.

Pourtant, j'avoue avoir douté à la lecture des premières pages: en gros, ça ressemblait à un épisode de Star Trek classique. Une mission scientifique dans l'espace (ah !) qui soudain voit disparaître sa planète d'origine sur les écrans de contrôle (oh!) pour s'apercevoir finalement que c'est un autre corps céleste qui fait de l'ombre (ouah !) . Une planète qu'on ne connaissait que de nom, toujours cachée aux yeux des humains, et qui s'avère peuplée.

Doublement peuplée.

Comme dans "la Machine à explorer le temps", si vous voulez. D'un côté des êtres admirables en tout point, qui ont dépassé le problème de la violence, qui vivent en harmonie loin de toute technologie, qui sont la sagesse incarnée. Incapables du moindre sursaut d'humeur, tout ça.

Et qui vivent à l'abri d'un rempart. Pour les protéger des autres, les méchants. Les Neurovores. Ainsi nommés parce qu'ils boulottent les cerveaux des premiers. Qui se font boulotter gaiement, puisqu'ils sont non-violents et ne peuvent se défendre.

Enfin bref, les deux survivants de l'expédition scientifique finissent par se mettre à l'abri chez les gentils (les Quetzaliens) et le livre raconte comment ils font leur chemin, l'un essayant de sauver les "gentils" habitants malgré eux, l'autre captivé par une femme du coin, éperdument amoureux et - subséquemment - incapable de prendre des décisions logiques.

Bref, tout semblait réuni pour le plus grand des ratages, la tarte à la crème cosmique, le poncif astral.

Et c'est là que le grand talent de James Morrow entre en action. Parce que ce roman est tout sauf classique, en réalité. On y retrouve l'obsession de l'auteur pour le thème des religions absurdes, des traits d'esprit tout à fait bienvenus quand l'intrigue se fait pesante, et surtout une réflexion profonde sur le libre arbitre, l'essence de l'Humanité, la remise en question de la non-violence comme principe souverain d'une vie sociale .

Comme souvent, donc, l'auteur nous livre un cours de philo intelligent. Et comme toujours, je suis enchantée .





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Lazare attend

Lazare – celui des Evangiles, prétendument ramené à la vie par Jésus (ce que Lazare nie catégoriquement 😆 ) – débarque dans le New York des années 60, où il se lie d’amitié avec les propriétaires d’un cinéma porno. A qui il va raconter comment un crocodile mécanique et son bateau temporel lui ont permis de voyager dans le temps avec Marie, la mère de Jésus, Marie-Madeleine et Salomé.



Attention, ce livre est un ovni 😆 Dans un top du n’importe nawak, Lazare attend serait haut placé et je dois dire que j’ai beaucoup rigolé tout au long de ma lecture. Il y a un tas d’idées plus barrées les unes que les autres et de situations complètement improbables.



Malgré tout, l’auteur nous offre une intrigue qui tient la route, basée sur une solide connaissance des questions religieuses et historiques qui sont le fondement de l’histoire. Je ne suis pas une spécialiste, mais j’en savais suffisamment sur certains sujets pour être admirative du tour de force que ça représente. Rien de mieux que quelqu’un qui connaît à fond son sujet pour être capable d’en faire rire sans trahir ledit sujet. Alexandre Astier l’avait prouvé avec Kaamelott, James Morrow enfonce le clou avec ce roman complètement déjanté, mais pourtant bourré d’idées et de réflexions intéressantes. Il est notamment beaucoup question d’intolérance et de l’absurdité de certains détours de l’Histoire.



Avoir quelques bases de mythologie judéo-chrétienne avant de se lancer dans cette lecture est un plus, mais n’est absolument pas indispensable pour l’apprécier. En tant que comédie d’aventures spatio-temporelles, ça fonctionne très bien aussi.



Très bonne lecture, qui m’a fait mourir de rire tout en maintenant mon intérêt jusqu’à la fin, malgré quelques longueurs dans la dernière partie.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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En remorquant Jéhovah

Fantasque à défaut d’être fantastique, un roman qui interroge sur la religion, le pardon et la tolérance. Le pitch tient ses promesses jusqu’au bout et c’est suffisamment rare lorsqu’il est aussi tiré par les cheveux pour le souligner. Mené avec de l’humour, souvent noir et pince sans rire, une certaine tendresse et une bonne rasade de sarcasmes, le roman prend aussi le temps de dépeindre rapidement des personnages attachants qui s’intègrent tous plutôt bien dans l’histoire. Il n’y a pas grand chose d’inutile ou de futile même si en terme de rythme un petit creux durant le 3e quart laisse retomber un soufflet qui était jusque là bien monté et que j’aurais apprécié des réflexions parfois plus abouties. A force de vouloir prendre tout à la légère, l’auteur en oublie en effet que parfois, certains thèmes méritent qu’on s’y attarde.
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Lazare attend

Lazare, pas du tout ressuscité mais juste tiré d’une angine, rencontre le dieu égyptien Sobek sous la forme d’un robot, conduisant un vaisseau qui permet le voyage temporel. À l’aide de ces alliés de poids, Lazare va tenter de modifier le cours de l’Histoire, en intervenant au concile de Nicée pour sauver son amoureuse, adepte de l’arianisme.

Résumé comme ça, ça pourrait être alléchant.

Et pourtant, j’ai trouvé ce roman un petit peu décevant au regard du talent de James Morrow.

Le talent est bien là, dans l’intrigue pleine de rebondissements, dans les personnages hauts en couleur, dans les inventions loufoques : un vrai roman d’aventures, se baladant entre la Méditerranée antique et le New-York des années 1960.

Mais ce roman historique très érudit nous perd un peu, justement, par trop d’érudition. À moins d’être au taquet sur l’arianisme, la transsubstantiation et le concile de Nicée, justement, on se lasse au bout d’un moment de ce qui a, visiblement, enthousiasmé l’auteur. La seconde partie m’a semblé interminable : Morrow s’est laissé emporter par sa passion historique, on va dire…

Traduction pas terrible de Sara Doke.

LC thématique d’octobre 2022 : "Le verbe haut !"
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Hiroshima n'aura pas lieu

Année 1945, l'affrontement entre les États-Unis et le Japon fait ravage. Afin d'éviter d'avoir recours à l'arme nucléaire qui mettrai fin à cette guerre, les américains veulent effrayer les nippons avec des iguanes géants cracheur de feu génétiquement modifiés. Avant de lâcher ces terrifiants et dangereux monstres qui pourraient aussi détruire San Francisco, s’ils n'arrivent pas à les contrôler , l'armée décide de créer un film d'intimidation.

Syms Thornley, acteur de film d'horreur et spécialiste des monstres de toutes sortes est contacté avec d'autre célébrités hollywoodiennes par l'armée américaine pour réaliser cette mission top secrète.

Le titre est vraiment accrocheur c'est ce qui m'a donné envie d'acheter et de lire ce livre. Cependant j'ai eu du mal à me mettre dedans. L'histoire est vraiment originale mais l'auteur fait beaucoup de référence cinématographique hollywoodien et le fait de ne pas connaître toutes ces références ont un peu ralenti ma lecture.

À défaut de ne pas avoir accroché à l'univers loufoque de l'auteur j'ai aimé son discours sur la bombe atomique ainsi que sur les victimes d'Hiroshima et de Nagasaki.





Voir post insta : https://www.instagram.com/p/CFXSsOPKeBC/?utm_source=ig_web_copy_link
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Lazare attend

Avec "Lazare attend", l'auteur revisite (et critique) l'histoire de la civilisation occidentale avec humour, passion et philosophie.

Laissez-vous emporter par ce texte sublime, à lire absolument !

Petit plus : La dédicace à son épouse est de toute beauté ❤️
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En remorquant Jéhovah

Premier tome d’une trilogie déjantée, En remorquant Jéhovah de James Morrow est à la fois un grand roman d’aventures et une magnifique satire qui n’épargne rien ni personne. En tirant à balles réelles sur tout ce qui bouge, il nous invite, à dose de bonnes tranches de rire, à nous montrer bienveillant envers l’Autre, à essayer de comprendre les motivations de notre prochain, aussi différentes soient-elles.
Lien : https://syfantasy.fr/critiqu..
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En remorquant Jéhovah

Dieu est mort ! Nietzsche l’avait annoncé un peu prématurément, mais cette fois-ci on en est sûr : son corps flotte dans l’Océan Atlantique ! Un ange charge Anthony Van Horne de tracter le cadavre dans un cercueil creusé dans la glace de l’Arctique. Ce dernier, ex-capitaine de super-tanker, est hanté par la plus grosse marée noire de l’histoire, causée par son absence du pont au moment critique. L’occasion idéale de reprendre son bateau maudit et de mener à bien une mission de rédemption.



Pendant ce temps-là cependant, la mort de Dieu ne laisse personne indifférent. Les catholiques se demandent qu’en faire. Certes, ils reçoivent une preuve irréfutable qu’ils étaient les seuls à être dans le vrai depuis le départ, et après tout ils ont un Dieu qui a déjà ressuscité, mais cette fois-ci la mort semble bien définitive ; les athées enragent d’avoir eu tort depuis des siècles et de recevoir un cinglant démenti de leur rationalisme ; les féministes ne veulent pas accepter l’idée d’un dieu mâle, comme le prouve incontestablement la paire de testicules qu’arbore fièrement le cadavre géant. De là à vouloir se débarrasser du corps pour protéger ses convictions, il n’y a qu’un pas que beaucoup sont prêts à franchir.



Derrière son apparent enchaînement de situations burlesques et hautement blasphématoires, En remorquant Jéhovah aborde de nombreuses questions philosophiques : les religions, basées sur la foi et le doute, sont-elles compatibles avec une preuve beaucoup trop matérielle de leur véracité ? Si Dieu est mort, est-ce que tout est permis ? D’ailleurs, est-ce que le Paradis, l’Enfer, existent encore ? Et puis, voulait-on vraiment d’un Dieu à ce point à notre image ?



Le livre se moque surtout des fanatiques de tout bord, prêts à tout pour sauver leur croyance. Si les faits contredisent la théorie, changez les faits ! D’autant que derrière les grands principes se cachent des motivations plus terre-à-terre : le luxe, la position sociale et la possibilité d’impressionner la jolie militante pèsent finalement plus lourd que les convictions intimes.



Pourvu qu’on n’ait pas un sens du sacré trop développé, on passera un bon moment avec ce livre, qui vient, avec son hypothèse d’un Dieu mort, bousculer tout l’équilibre de notre monde.
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Lazare attend

Enfin la véritable histoire du Lazare biblique, de ses amies et de ses amis, à travers quelques siècles, de l’Église des premiers temps au New York bariolé de 1962. Un grand moment farceur et fou de vertige philosophique et historique.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/10/19/note-de-lecture-lazare-attend-william-morrow/



Comment conter la véritable histoire de Lazare, activiste juif palestinien sous la férule de l’Empire romain, contraint de fuir en catastrophe sa terre natale pour échapper à l’arrestation et vraisemblablement à la crucifixion qui guette le plus souvent les rebelles comme lui, en compagnie de Marie, la mère de son ami d’enfance Jésus (qui, lui, n’a pas pu échapper à la police de Ponce Pilate), de Salomé aux réputés talents de danseuse et de Madeleine, ex-compagne dudit Jésus, qui se pique de divination et de sorcellerie ? Comment prendre en compte leur rencontre à point nommé avec un androïde égyptien, mécanique à tête remarquable de crocodile sacré, construite par des visiteurs venus d’un lointain futur, et par là même gardien d’un fier navire déchronologique ? Et comment faire entrer cette étonnante histoire en résonance avec l’humour juif new-yorkais des années 1960, avec la production de films classés X à vocation religieuse, avec la destinée de l’empereur Constantin et avec le concile de Nicée devant trancher dans le vif ce qu’il fut plus ou moins convenu d’appeler la querelle de l’arianisme ? Voici exactement le genre de défis qu’aime à relever, pour notre plus grand plaisir, le grand James Morrow, qui n’a jusqu’ici jamais reculé devant les vertiges théologiques et philosophiques assortis de l’impérieuse nécessité de mêler étroitement la farce somptueuse, l’humour pince-sans-rire et le vertige de la pensée spéculative : après notamment le parcours détaillé des conséquences de la mort de Dieu, et de la lourde chute de son cadavre de sept kilomètres de long dans le golfe de Guinée (« La trilogie de Jéhovah« , 1994-1999), l’équation curieuse de l’obscurantisme et des Lumières à travers les ultimes soubresauts d’une profession un peu particulière (« Le dernier chasseur de sorcières« , 2003), la découverte d’un programme américain d’étonnantes armes de destruction massive, amphibies et cracheuses de feu, alternatives à la bombe atomique, dans les derniers mois de la deuxième guerre mondiale (« Hiroshima n’aura pas lieu« , 2009) ou encore la conception en roman d’aventures haut en couleurs de la quête de l’origine des espèces (« L’Arche de Darwin« , 2015), voici donc le magnifique « Lazare attend », publié en 2020 et traduit en 2021 par Sara Doke chez Au Diable Vauvert.



Il y a un savoureux vertige à éprouver lorsque l’on se penche, avec les historiens et avec les philosophes, sur les moments de naissance des religions, lorsque le récit se mythifie et s’arme d’un clergé, quelle que soit la nature exacte de celui-ci. Un profond sentiment de doute raisonné et d’émerveillement quelque peu tragique peut aisément nous étreindre face à ces myriades de petites causes aux grandes conséquences, à ces vacillements dans lesquels le hasard semble prendre une place surabondante, à ces storytellings décomplexés qui engendreront (ou non), plus tard, des millions de fidèles ou bien davantage. Marc Paillet, à côté de ses huit superbes enquêtes « policières » conduites par deux missi dominici de Charlemagne, nous avait brillamment offert en 1997 son « Remords de Dieu », roman fantastique qui revisitait justement l’Église des premiers temps chère au professeur et cardinal jésuite Jean Daniélou, presque vingt ans avant « Le Royaume » d’Emmanuel Carrère, et l’on connaît la tragique destinée des « Versets sataniques » (1988) de Salman Rushdie, qui se penchait avec une gouaille irrévérencieuse sur les premiers temps de l’Islam.



Mêlant avec un brio incroyable le détail historique minutieux et l’inventivité débridée du stand-up, James Morrow inscrit soigneusement son récit dans le registre de la farce à géométrie variable, multipliant les sauts de langage, les surprises issues de l’oralité, les coqs-à-l’âne apparents, les rapprochements révélateurs et les démonstrations par l’absurde, en une langue spécifique que la traduction de Sara Doke rapproche parfois joliment de ces autres vertiges que l’on doit à Pierre Senges (« Cendres – Des hommes et des bulletins« , 2016), pour forcer en nous, entre tragédie et comédie, une réflexion indispensable sur la manière tortueuse dont les « grands récits » idéologiques et politiques, religieux et économiques, sous couvert le plus souvent de tout autre chose, bataillent pour s’imposer au monde.
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