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Critiques de James Sallis (169)
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Drive

Ce livre est assez décevant, je trouve. Je m'attendais à un récit beaucoup plus glauque et noir, mais il n'en est rien. Les personnages sont à peine développés, pareil pour l'histoire, on dirait une esquisse de scénario, les évènements sont flous et la narration désynchronisée n'aide pas. C'est dommage, car la quatrième de couverture promettait un bon moment de lecture... Sinon, j'ai quand même apprécié les quelques passages de poursuites et de cascades, mais hélas, ils sont peu nombreux. Voilà, je suis un peu frustré par cette courte lecture, car j'adore les histoires noires et les bagnoles, mais je n'ai pas trouvé ce que je recherchais, c'est-à-dire : une histoire complexe, des personnages profonds ainsi que de la crédibilité ; mais là, nada ! Pourtant, le Chauffeur avait toutes les cartes en mains pour me plaire, mais il s'avère que lui et les autres protagonistes se sont montrés creux, ou plutôt, ils manquent cruellement de développement, même si le roman est très court.
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Sarah Jane

SARAH JANE de JAMES SALLIS

Sarah a grandi à Selmer aux confins du Tennessee et de l’Alabama. A dix ans sa mère a disparu du paysage, elle est restée avec Darnell son frère et son père. Elle quitte Selmer quand elle a seize ans et un an plus tard prend le bus direction St Louis pour une sorte de communauté à Cracker Barn. Plus tard, au tribunal on lui propose la prison ou l’armée, elle part, elle n’a pas hésité. En opération avec Oscar, il perd une jambe puis la vie, elle poignarde un gamin de treize ans, elle avait lancé le bras sans le voir. Elle travaille dans un hôtel, fracasse le crâne de Dan (copain, mari?), il n’était pas ce qu’il prétendait être. Partage un morceau de sa vie avec Yves qui crée des sociétés puis les revend, éclate la tête d’Adrian son associé, il effaçait des fichiers! Sarah reprend ses études, avant elle avait vécu avec Random, un flic qui l’avait arrêté pour un feu arrière défaillant, il sera abattu dans un contrôle de routine. La suite logique, elle postule pour un job de flic, Cal lui dit oui et plusieurs mois plus tard il disparaît.

Un livre difficile à qualifier qui traverse plusieurs genres polar ou thriller, quête d’identité ou road movie. La première partie est un kaléidoscope où se télescopent le temps et les personnages, rien n’est détaillé, des flashs d’informations des bribes de vie. Puis Sarah s’installe comme flic avec Cal comme shérif et on retrouve un récit plus linéaire et facile à suivre. Un roman très riche, qui se dévore, un auteur américain avec une écriture très originale et prenante. A découvrir.
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Bois mort

Ma rencontre avec James Sallis fut l’une des plus belles de l’année 2015. Je ne peux comparer ce coup de coeur qu’à ma découverte des romans de Ken Bruen. C’est dire.

Ce roman nous fait découvrir l’Amérique profonde, celle que l’on ne voit pas, ne montre pas, quasiment ignorée. Ne se passerait-il jamais rien ? Bien sûr que si. Les petites infractions côtoient les grands crimes, la comédie, les tragédies les plus sombres. La fatalité, chère aux tragiques grecques, n’est pas loin – et oui, même au fin fond du Tennessee.

Que faire de la dépression et de la folie quotidiennes ? Turner n’a pas la réponse. Il vit à leur côté, et parfois avec, depuis des années. Ancien flic, ancien détenu (pendant une dizaine d’années), ancien thérapeute, Turner devient shérif presque malgré lui, comme si seul un étranger pouvait s’y oser. Le passé de Turner nous est révélé au cours de retour en arrière clairement délimité – un passé aussi sombre que le présent. Qui parle encore de rêve américain ?

Bois mort m’avait été offert lors d’un swap. Excellent choix, et excellent début d’une trilogie qui ne peut, à mon avis, qu’être à la hauteur de ce premier tome.
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Cripple Creek

Pour une fois, je vais la faire courte : je voulais lire ce roman policier depuis longtemps et le plaisir n’a pas été au rendez-vous…



Bizarre, parce que l’adjoint au shérif qu’est John Turner avait tout pour me plaire : un ancien flic, ancien taulard aussi et thérapeute dans une vie antérieure ou entre celle de flic et de taulard…



Bref, j’avais entre mes mains un polar noir de noir, limite du hard-boiled, pas un truc pour les minettes en tutus qui lisent Hello Kitty.



Juste fait pour moi, donc…



Ajoutons au menu le Sud un peu profond, un bled paumé, des gens du cru bien typés, et un chauffard arrêté pour excès de vitesse, extrait de sa taule et les témoins de la scène au sol, blessés.



Violent… Tout ça pour un excès de vitesse ?? Ok, il y avait du fric dans le coffre et tout ça puait le gang à plein nez.



Où le bât a-t-il blessé ?



Dans les digressions de John Turner, sans aucun doute, dans le fait aussi que l’enquête est brouillonne, se résolvant en règlements de compte d’un côté en dans des tentatives de vengeance de l’autre, ce qui laissera un pile de cadavres pour le cimetière ou des éclopés pour les hôpitaux.



La sauce aurait dû prendre, mais sans doute le barbecue était-il trop chaud et j’ai eu l’impression que ma viande avait un goût de brûlé, que la sauce avait tourné et si je suis arrivée au bout de mon plat, c’est en sautant des passages et en m’endormant entre deux airs de folk.



Par contre, j’ai adoré Miss Emily, l’opossum qui squattait la maison de Turner… Comme quoi, on ressort du positif dans toute lecture.



Sans mentir, je n’ai pas fait qu’apprécier Miss Emily, j’ai aussi trouvé que le personnage de John Turner était bien campé, tourmenté, mais ce fut aussi le cas pour une partie des personnages qui gravitaient autour de Turner.



Mais malgré ça, pour le reste, je me suis un peu ennuyée et je ne pense pas réitérer la chose avec les autres romans consacrés à John Turner…



Un roman policier pur, dur, sombre comme un café fort et je n’ai pas réussi à tremper mon biscuit dedans. Ce qui est râlant, vu les bonnes critiques qu’il avait sur Babelio.



Au suivant !


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Le frelon noir

Peut on trouver un seul mauvais roman de Sallis ?

Il est à croire que cela est impossible

Cet opus fait parti de ces oeuvres les plus violentes .

On est loin quand méme du glauque de la scéne scandinave .

Sallis est dans la lignée des grands auteurs américains et le confirme encore avec ce thriller qui se lis d'une traite tellement l'urgence est présente dans ces lignes .

Il y a un style extraordinaire et une science du suspense chez Sallis .

Chaque page se déguste , l'intrigue est palpitante .

C'est encore un roman de trés grande classe de la part d'un auteur qui n'a pas la reconnaissance qu'il mérite !
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Sarah Jane

Sarah Jane est une jeune femme poursuivie par un passé compliqué, qui réussit à être engagée comme agent au poste de police de la petite ville de Farr. Cal, son chef, fait tout son possible pour l’aider à prendre ses marques, lorsque tout à coup, il disparaît. Est-il mort ou vivant ? Pour le savoir, Sarah va devoir creuser loin, très loin, ce qui la ramène à sa propre histoire.

Le style de James Sallis, déjà rencontré dans Willnot, c’est la concision et l’ellipse élevées au rang d’art, ce qui a un léger inconvénient, de laisser une impression plus fugace que des romans plus denses et plus bavards.

Mais quelle force, cette écriture qui jamais ne vous perd, mais dit tellement en peu de mots ! Les dialogues sont aussi chargés de sens que la narration elle-même, qui prend la forme d’un journal personnel de Sarah.

Ajoutons l’empathie de l’auteur envers ces personnages cabossés, et vous saurez que j’ai aimé cette lecture, que je ne peux que vous recommander.
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Driven

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DROWN PLUTOT

Qu’est ce que c’est que ce truc ? C’est rien. Il n’y a pas d’intrigue. Il n’y a pas d’ambiance. Il n’ y a pas de personnage. C’est rien. Autant j’avais aimé le premier qui avait belle consistance. Là, L’absence sidérale. Il a voulu ne pas faire quoi Sallis ?



Driven qu’il a appelé cela. Plutot Drown qu’il aurait du. Même dans le titre il ne s’est pas foulé.

Circulez il n’y a rien à voir.





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Bois mort

Turner ,un flic qui a raccroché depuis un bon moment, s'est isolé dans un recoin d'une petite ville du Tenessee . Le shérif du coin vient le solliciter pour un meurtre étrange.



L'enquête ne vaut pas grand chose, juste un fil conducteur. Les chapitres passant d'une époque à une autre ne sont pas ce que je préfère et là ça embrouille un peu . Que reste-t-il à ce roman ? Et bien une ambiance lourde, sombre, une galerie de personnages attachants qui déambulent dans la vie sans chichi, conscients de leurs limites , terriblement humains et la touche état du sud. Le tout fait que, malgré ses défauts, j'ai été séduite par le charme de ce livre.
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Cripple Creek

J'ai retrouvé avec plaisir Turner notre ex flic, ex taulard et nouvel adjoint au shériff.

Un épisode noir et très intriguant. J'aime beaucoup l'écriture de Sallis. Bizarrement en lisant bois mort j'avais déjà trouvé que la façon décrire de Sallis me faisait penser aux raisins de la colère de Steinbeck et j'ai retrouvé celà ici. C'est simple, sans frioritures exessives et ça sonne juste

Même si j'ai trouvé ce tome un poil en dessus des premières aventures de Turner j'ai beaucoup aimé
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Bois mort

Un homme est retrouvé mort, les bras liés au-dessus de la tête pris dans un treillage, un pieu fiché dans la poitrine. Dans ses poches des courriers adressés au maire de la ville.

Le shérif pour qui c'est le premier meurtre auquel il a à faire, demande l'aide de l'ex-inspecteur Turner qui vient de s'installer dans la région.



Une enquête peu développée, le trio d'enquêteurs passe plus de temps à de longues discussions qu'à la recherche d'indices et de pistes. C'est presque par hasard qu'ils vont découvrir le meurtrier.



De surcroît le récit alterne les chapitres entre le présent et le passé chargé de l'ex-inspecteur. Des chapitres qui créent des longueurs non nécessaires au développement de l'intrigue principale.



On est plus proche d'un roman noir moyen que d'un réel roman policier.
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Sarah Jane

Sarah Jane : c'est moi, c'est nous tous.

C'est le roman magistral d'une vie sur laquelle brille depuis toujours un "soleil noir" : celle d'une héroïne à qui il ne reste plus beaucoup de perspectives.

C'est sombre mais ça n'est jamais désespéré - étonnamment - grâce à une écriture qui manie à la perfection l'art de l'ellipse, de la digression et de la métaphore, venant toujours à point nommé pour apporter autant de silences et de respirations qu'il faut aux lecteurs pour garder la tête hors de l'eau.

C'est le puzzle des 1000 et unes vies d'une femme qui a cultivé jusque-là le goût de la fuite, sans retour possible (contrairement à sa mère) et qui va le payer cher à ce titre.
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Sarah Jane

"On a beau scruter attentivement les cartes et repérer l'itinéraire, il est rare qu'on rallie la destination qu'on pensait atteindre. Mais, parfois, des fragments épars de notre vie se regroupent, et c'est ainsi que mes années dans l'armée, ce diplôme universitaire que j'avais décroché sans raison particulière et ma découvert du travail de policier au contact de Ran se sont assemblés le jour où j'ai franchi la double porte donnant sur Hob Street et posé ma candidature pour un poste de flic."



James Sallis compose avec "Sarah Jane" une autobiographie fictionnelle qui nous fait pénétrer dans les pensées de sa protagoniste tellement atypique. La jeune femme écrit son journal, remonte le fil du temps, dispose les fragments épars de sa vie devant elle pour en faire émerger un sens, raconte une vie pleine d'accrocs, de douleurs, de lumière aussi et de confiance.

Dans une langue percutante et économe, Sallis fait le portrait d'une femme combattive et gourmande, généreuse et écorchée par l'existence, qui va se retrouver presque malgré elle shérif dans la ville de Farr.

J'ai été tellement décontenancée par cette narration elliptique, qui s'accomode des silences et des sous-entendus, qui laisse le soin à l'intelligence du lecteur, à la poésie de son personnage de recoller les pièces. Tellement décontenancée que ça m'a séduite. L'écriture de Sallis fait son chemin en vous et puis brusquement, elle vous saisit, vous émeut et puis c'est déjà fini. Ou presque. Parce que le génie de Sallis c'est nous donner à voir Sarah Jane et chacun des personnages en quelques traits, des esquisses, éloquentes pourtant, et qui restent ancrés dans notre imaginaire.



Je lirai encore James Sallis c'est certain, j'ai aimé sa "Sarah Jane" et aussi son idée de la littérature :

"Chaque roman, chaque poème, est la même histoire unique, qu'on raconte encore et encore. Comment on essaie de devenir véritablement humains, sans jamais y parvenir." 💙



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Cripple Creek

Livre lu d’une traite – et fort passionnant. Un an s’est écoulé depuis Bois mort, et il ne s’est pas passé grand chose dans cette petite ville perdue du fin fond du Tennessee. Ou plutôt, il ne s’est passé que des événements très ordinaires, la vie quotidienne dans une ville banale. Puis survient l’événement qui secoue tout le monde : une évasion ! Personne ne croyait que c’était possible, pas même John Turner. Ce qui frappe est réellement la brutalité des faits. Nous ne sommes pas dans une série télévisée, ni dans un film, rien n’est lisse, et la violence peut faire irruption, laisser de vastes dégâts,et s’en retourner plus loin.

Alors oui, John Turner est confronté à son passé….même si son enquête n’a rien à voir avec son passé. Passé bien vivant, passé mort, il ne s’agit pas de régler ses comptes avec lui mais de vivre avec lui, et avec tous les souvenirs qui envahissent John. Ses souvenirs, les souvenirs des autres, de l’époque où il était thérapeute, souvenirs qu’on lui raconte, et pour lesquels il doit vite passer le relais – le présent est déjà assez difficile sans que le passé n’interfère.

Dans cette Amérique profonde, vivre les armes à la main semble naturel. Se venger pour un oui pour un non, comme au bon vieux temps de la conquête de l’Ouest aussi. Combien de paumés, de laissez-pour-compte pourrait-on recenser ans ce roman ? Comment trouver un métier, le garder, quand on est confronter à beaucoup trop d’horreurs ? Reprendre la route est tentant parfois – tant qu’il y a quelque chose au bout de la route, une rencontre, un amour, bref, autre chose que la mort, véritablement inséparable de la vie dans ce second tome de la trilogie du Tennessee. Un roman à recommander à tous ceux qui veulent voir et lire l’Amérique autrement.
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Papillon de nuit

Ce qu'il y a de bien chez Sallis c'est que ces romans ne sont pas de simples objets en téte de gondole au supermarché .

Il y a une telle richesse dans l'écriture chez lui que l'on ne peut le voir comme un producteur frénétique .

Cet opus le confirme .

Cette plongée dans un passé difficile s'avére riche en émotions , sans jamais sombrer dans le glauque .

Il y a une profondeur psychologique rare dans cet opus qui surprend à l'époque du produit basique généralisé .

On découvre une nouvelle facette de Sallis , et cela fait du bien .

Il se renouvelle , tout en maintenant une qualité d'écriture indéniable .

Ce qu'il y a de bien avec lui c'est qu'on à la certitude de ne jamais étre décu par l'un de ces livres .

Celui ci plonge dans un passé douloureux , sans jamais tomber dans le glauque ou le sordide .

Il faut absolument que Sallis soit découvert par un plus grand nombre de lecteurs , il le mérite largement !
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Sarah Jane

Je découvre cet auteur par ce titre « Sarah Jane ».

Mêmes initiales entre le nom de l’auteur et celui de son double féminin, « Sarah Jane ».

Sarah nous parle à la première personne. Après s’être engagée dans l’armée pendant un an, elle revient à la vie civile. Elle devient l’adjointe du shérif dans une petite ville sans l’avoir vraiment voulu.

L’auteur trouve ainsi un prétexte pour dépeindre la société de cette bourgade : agissements du maire, projet immobilier monté par un entrepreneur, personnes âgées isolées, accidents de voiture, cambriolages…

Un autre thème parcourt le roman : le retour à la vie civile des vétérans de l’armée. Une citation est reprise plusieurs fois comme un slogan : « Pendant que vous discutiez de la dernière liposuccion d’une célébrité, 44 vétérans se sont suicidés ».

C’est un livre court et agréable à lire. Le récit est construit par flashs de vie entrecoupés d’ellipses mais reste facile à comprendre. L’auteur maitrise l’art de la métaphore. Le lecteur est actif et devient complice, c’est une lecture plaisir.

Cependant, l’intrigue est trop simple pour moi même si ce n’est pas certainement pas le plus important pour l’auteur. C’est un roman noir qui décrit la vie des gens ordinaires dans le Midwest.

J’en attendais davantage… Je vais lire son roman le plus connu, « Drive » pour me faire une opinion
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Papillon de nuit

Ce que j'apprécie dans l'oeuvre de James Sallis (oui, je parle d'oeuvre, et non simplement de romans), c'est que l'auteur a vraiment conçu les romans qui mettent en scène Lew Griffin comme un ensemble, et non comme un empilement de romans, utilisant le privé/garde du corps/romancier comme personnage principal.

Lew n'est plus le jeune homme bagarreur du Frelon noir, mais un romancier, un enseignant qui aime la littérature française et transmet sa passion à ses étudiants. Il est surtout un homme, avec un passé qu'il assume, des erreurs qu'il a commise, comme celle de perdre La Verne, qui fut l'amour de sa vie. Elle est morte, et ceux qui l'ont aimé la pleurent. Si nous étions dans un mélo, elle emporterait son secret dans sa tombe. Ce livre se veut au plus près du réel, et le lecteur découvre, comme Lew, qu'elle a eu une fille, Alouette. Pas de mélo, vous dis-je, mais la stricte réalité : avec beaucoup d'argent et d'avocat, on peut séparer définitivement une mère de son enfant. Et son cas ne semble pas isolé. Pas de leçon de morale non plus, juste, en filigrane, le fait que l'argent ne fait pas tout et que personne ne peut décider pour quelqu'un ce qui est bien, ou pas. Et Alouette de disparaître, laissant derrière elle un bébé prématuré. J'oubliai : Alouette est une junkie, et son bébé n'est qu'un enfant de plus dans ce qui devrait être un service de grand prématuré, mais se révèle être un mouroir pour ces bébés littéralement abandonnés par leurs parents.

Il en faut du talent pour ne pas verser dans la sensiblerie, dans la leçon de morale. James Sallis nous montre des parents dépassés, des enfants à la dérive, des couples qui ne savent pas ce qu'ils veulent et qui se rendent compte trop tard qu'ils ont fait les mauvais choix. La misère, qui n'est pas seulement matérielle, n'est jamais très loin, et Lew, qui n'hésite jamais à payer de sa personne, ne dira pas le contraire.

Après cette seconde lecture, je reste persuadée que James Sallis est un auteur à découvrir absolument.
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Le tueur se meurt

Que c'est bon un roman noir de ce niveau !

Cela se déguste comme un bon disque de blues .....

Des personnages magnifiques , avec une épaisseur concréte .

Une intrigue qui prend son temps , sns effet chocs , mais avec un souci trés agréable de mettre en place une tragédie contemporaine .

Un style magistral qui emporte le lecteur dans une histoire magnifique et addictive.

A l'opposé du glauque scandinave , les auteurs de genre américains proposent des oeuvres de caractére , tel ce somptueux roman ou l'on est pas loin du niveau de Thompson ...

Un chef d'oeuvre tout simplement .
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Le frelon noir

LE FRELON NOIR de JAMES SALLIS, une enquête de Lew Griffin

La nouvelle Orléans, Lew Griffin est un privé, noir, qui a commencé par faire du recouvrement de créances et s’est acquis dans ce domaine une certaine réputation. On est dans les années 60, et la ségrégation est très active. Un soir il traîne dans un bar que tient Bustor, un vieux guitariste de blues qui continue à gratter. Il croise une journaliste, Esme, sympathisent et decident d’aller dîner pas très loin. Dès la sortie, elle est abattue, un trou bien rond en plein milieu du front et rapidement c’est lui qui est mis en cause et arrêté, il est noir elle est blanche, affaire réglée. Heureusement il reçoit en prison très rapidement la visite de Slaughter, ex petit ami d’Esme, écrivain, journaliste et très ami avec un avocat, Frankie de Noux, qui va le faire sortir. La police ne s’intéresse plus à lui d’autant qu’il y a eu d’autres meurtres par un snipper. Lew va donc enquêter à ses risques et périls, contacter sa copine, Laverne, qui travaille dans un bar pour rencontrer son père qui a entraîné de nombreux mercenaires, ce qui pourrait être un début de piste.



Une enquête sur fond de tensions raciales et de ségrégation, des hommes ( et des femmes) qui picolent ferme, des mauvais coups qui pleuvent, des marginaux à tous les coins de rue, ce qui n’empêche pas de nombreuses références à l’étranger de Camus.

Un polar bien glauque, très plaisant à lire.
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Sarah Jane

On ne les compte plus, ces auteurs emblématiques qui hantent la collection Rivages/Noir et parmi lesquels figure James Sallis dont on retrouve également quelques ouvrages mythiques chez Gallimard pour la Série Noire et La Noire où figure notamment l'ensemble de la série Lew Griffin, ancien détective privé et agent du recouvrement plutôt porté sur la boisson et qui balance son mal de vivre au gré de six volumes marquant les esprits. Tout aussi marquant, on saluera Drive, roman culte adapté au cinéma par Nicolas Winding Refn et qui contribuera à la renommée du romancier avec ce personnage charismatique du chauffeur taciturne interprété par Ryan Gosling. Auteur d'une biographie sur Chester Himes, James Sallis a également publié des recueils de nouvelles et de poèmes avec un style foisonnant d'ellipses que l'on retrouve dans ses derniers romans noirs à l'instar de Sarah Jane dont le récit se focalise autour de cette femme au caractère envoûtant qui décline sa vie chaotique au gré d'un parcours désenchanté, illustration de cette Amérique des marges et de ses rêves échoués.



Sarah Jane Pullman, tout le monde la surnomme "Mignonne", ce qui ne lui semble pas forcément approprié. Ayant vécu au sein d'une famille dysfonctionnelle avec un père vivant reclus dans une caravane et une mère quittant régulièrement le domicile conjugal sans crier gare, la jeune femme, au terme de l'adolescence, entame une vie d'errance en parcourant le pays en car, ceci au gré des jobs qui se présentent à elle jusqu'à s'engager dans l'armée après s'être écartée du droit chemin. C'est dans la petite ville de Farr qu'elle tente de se reconstruire en se liant avec Calvin Phillips, le shérif, qui l'engage au sein de son service. Mais lorsque celui-ci disparaît sans laisser de trace, le monde de Sarah Jane s'écroule à nouveau. Elle s'interroge sur le parcours de son mentor, vétéran, tout comme elle, et qui semble avoir dissimulé certains aspects de sa vie. Une enquête qui lui permettra peut-être de mettre en lumière la part d'ombre de sa propre existence.



Bien souvent on évoque les textes des romanciers en faisant référence à une certaine musicalité, à un rythme, mais pour ce qui a trait à l'écriture de James Sallis, il faudrait la comparer aux peintres impressionnistes avec un récit imprégné de sensations, de fines allusions évanescentes et dont la structure narrative se construit par petites touches pour former un ensemble lumineux à l'image de Sarah Jane, personnage emblématique d'une Amérique en déshérence. Ce qui peut déconcerter le lecteur avec James Sallis, c'est l'absence de linéarité au gré d'une intrigue qui se focalise autour du parcours chaotique d'une femme qui se cherche à l'image d'ailleurs de tout son entourage et des rencontres qu'elle fait tout au long de son existence. Outre les difficultés qu'elle rencontre, on découvre les drames qui ont marqué Sarah Jane à l'instar des violences conjugales auxquelles elle a dû faire face ou à la mort qui l'a touchée de près lors de son engagement dans l'armée. L'autre partie du récit se concentre autour de la disparition du shérif Calvin Phillips, mentor de Sarah Jane qui semble, tout comme elle, avoir souffert des affres d'une guerre que James Sallis évoque par le prisme vagues allusions qui soulignent la désillusion et désarroi de ses protagonistes. Mais là aussi, James Sallis nous surprend avec une enquête qui se délite tandis que l'on découvre le quotidien de la police de la petite ville de Farr dont on découvre les contours au gré d'une intrigue qui prend la forme d'une main courante. En endossant ad intérim la fonction de son mentor en tant que shérif, Sarah Jane endosse des responsabilités qui semblent la dépasser en dépit de tous ses efforts. Doutes, incertitudes, c'est également l'occasion pour James Sallis de nous interpeller sur le sens de l'existence et de ses vicissitudes qui nous déstabilise.



Dépourvu d'illusions ou d'une quelconque force rédemptrice, Sarah Jane est un roman poignant qui vous serre le coeur à chaque instant au gré d'un portrait chargé d'une force émotionnelle exceptionnelle qui ne manquera pas de vous ébranler.





James Sallis : Sarah Jane (Sarah Jane). Editions Rivages/Noir 2021. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet.



A lire en écoutant : Go Walking Down There de Chris Isaak. Album : Forever Blue. 1995 Wicked Game and Primary Wave.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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Le frelon noir

a découverte d’un auteur peut provoquer un choc, et celui-ci en est un – pas autant que la découverte de l’oeuvre de Ken Bruen, mais presque. Avoir enchainé un roman de Ian Rankin et celui-ci prouve une chose : la lecture de deux bons romans à la suite ne nuit ni à l’un, ni à l’autre, bien au contraire.

Etre noir à la Nouvelle Orléans (ou dans tout autre état américain) en ce début des années soixante signifie ne pas avoir beaucoup de droit, sauf celui de se faire arrêter par la police sans véritable raison, et relâcher quand elle y aura pensé (ou si elle y pense). Bien sûr, certains militent activement pour l’égalité des droits, d’autres usent de la violence pour que rien ne change, comme ce sniper que la police ne parvient pas à arrêter.

L’enquête n’est pas vraiment le coeur de l’action, plutôt le portrait de cette Amérique des années 60 bien loin des jolies clichés polychrome. Pas de rock, pas de créatures de rêves en bikini, mais des hommes, des femmes, qui peinent à trouver du travail, à s’imposer dans une société qui n’en a rien à faire d’eux. Fait intéressant, on sent que le récit est rétrospectif, puisque le narrateur nous donne des indications sur son avenir, sur celui des personnages qui l’entourent et sur le contexte historique (s’il indique que le premier Kennedy a été assassiné, c’est qu’il sait déjà que le second le sera). C’est sans doute aussi pour cette raison que le ton est si désabusé, et non rempli d’espoir en des lendemains meilleurs. Ne croyez pas cependant que Lew soit un contemplatif, qui attend que les problèmes trouvent ou non leur solution. Il est plutôt du genre à aller au devant du danger – et des problèmes qui vont avec.
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